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DOM MAUDEZ-RENE LE COZANNET A GURUNHUEL

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Nous avons tout lieu de croire que Monsieur Maudez-René Le Cozannet (fils d'Yvon Le Cozannet et de Françoise Bodiou), né à Langoat le 8 décembre 1666, vint à Gurunhuel à la fin de 1708, et qu’il y resta jusqu’à 1712. Mort en odeur de sainteté le 25 juillet 1720 à Quemperven, de nombreuses guérisons lui sont attribuées.

La paroisse de Gurunhuel était depuis quelque temps en souffrance. M. Turgot, le recteur, avait, à peine installé, renoncé à ce bénéfice ; il s’était retiré, en juillet 1708, laissant la paroisse aux soins du vicaire François Le Corre. Celui-ci, à son tour, devait quitter Gurunhuel avant la fin de cette même année. Il est vrai que le successeur de M. Turgot, Yves Conan, précédemment vicaire de Louargat, était arrivé à Gurunhuel comme recteur à la fin de novembre 1708 ; mais, la paroisse qui avait habituellement deux messes matinales au moins, et quelquefois trois, l’une au bourg, les autres à deux chapelles situées dans des quartiers très éloignés, allait, par le départ de M. Le Corre, se trouver réduite à n’avoir qu’un seul prêtre. Le nouveau recteur ne trouvant pas dans les environs de confrère qui pût l’aider, recourut à l’administration diocésaine. De Tréguier on lui indiqua Dom Maudez Le Cozannet, et on l’invita à conclure un arrangement avec lui. Le saint prêtre, sollicité à la fois par sa charité et par le désir de son Evêque, n’hésita pas à quitter son pays de Langoat pour se transporter à l’extrémité opposée du diocèse, dans la froide contrée de Gurunhuel.

Ville de Gurunhuel - Bretagne

Gurunhuel, qui fait aujourd’hui partie du doyenné de Belle-Isle-en-Terre, porte un nom celtique d’origine populaire qu’il tient évidemment de sa situation géographique [Note : Voici l’étymologie qui paraît la plus naturelle, et partant, la plus probable. Avant l’érection définitive de ce territoire en paroisse, au Xème ou XIème siècle, selon toute vraisemblance, il y avait là une chapelle de village dédiée à la Sainte Vierge, restée dans la suite patronne de la paroisse. Cette chapelle était située à la place de l’église actuelle sur le point culminant du haut plateau formé à cet endroit par une ondulation des montagnes d'Arrez. Ce plateau ou colline s’appelait dans le pays le run huel, le plateau élevé, que l’on a traduit ailleurs par Plaine-Haute ; et il portait ce nom pour le distinguer d’autres plateaux moins élevés qui l’environnaient, comme le run erv (run derv) actuel. D’autre part, le mot gour ou gorré est encore aujourd’hui communément usité dans le pays pour désigner la partie supérieure de n’importe quel objet. Itron Varia Gour-run-huel veut donc dire : Notre-Dame située au sommet du run-huel. Par suite d’une allitération réclamée par les u de run et de huel, gour est naturellement devenu gur, d’ou Gur-run-huel]. Le territoire de cette paroisse formé de ramifications des montagnes d'Arrez occupe quelques-uns des points les plus élevés du département des Côtes-d’Armor. Aussi, des endroits découverts qui entourent l’église et le presbytère, jouit-on d’un des horizons les plus étendus et les plus beaux qu’il soit possible d’admirer en Bretagne.

L’âme méditative de Dom Maudez trouvait sans doute un charme particulier à contempler cette longue suite de collines et de vallées qui s’étendent à perte de vue comme une gigantesque couronne de verdure fleurie çà et là de coquets villages à demi cachés dans les replis du terrain.

Bien des fois, comme tous les pèlerins des environs, il dut s’arrêter à l’endroit où a été élevée depuis la croix « Salut Bulat », et de là, agenouillé en face de Notre-Dame de Bulat dont le clocher, — alors pourtant sans flèche, — s’apercevait déjà dans le lointain, il dut envoyer à la Bonne Mère du Ciel une de ces prières ardentes dont son coeur avait le secret. Il nous semble le voir, les soirs d’été, devant l’immensité de la mer que révélaient au loin les faibles reflets des phares de la côte, élevant son âme vers Dieu et redisant l’hymne des Psaumes : « Bénissez le Seigneur, montagnes et collines, et vous, fleuves et mers, bénissez le Seigneur ».

Au cimetière il y a un fort ancien et très remarquable Calvaire.

« Ce calvaire, lisons-nous dans le cahier de paroisse, écrit en 1844 par M. Jacques Thomas, recteur, est un chef-d’oeuvre assez bien conservé qui n’a peut-être pas son pareil dans tout le diocèse. Sa partie supérieure est composée de diverses scènes que l'oeil embrasse d’une seule vue : Notre-Seigneur crucifié, quatre anges qui reçoivent dans des coupes le sang de ses plaies, la Madeleine et Saint Jean, l’un du côté gauche, l’autre du côté droit de la croix. Sur le revers de la croix, adossées aux personnages précédents, s’aperçoivent la Très Sainte Vierge recevant sur ses genoux le corps inanimé de son divin Fils, et deux autres saintes femmes.

A la partie inférieure, sur le piédestal de la croix, Notre-Seigneur assis, garrotté et lié à un bout de pilier ; Saint Pierre et Saint Paul ; et enfin Notre-Seigneur faisant son entrée à Jérusalem monté sur un âne. Le piédestal, de forme quadrangulaire, a deux mètres et quelques centimètres de haut.

Des deux côtés de la croix de Notre Seigneur s’élèvent celles des deux larrons dont les pieds ne sont point cloués. Ils sont représentés avec les jambes brisées, et simplement garrottés. Les bons anges, groupés au haut de la croix, emportent au ciel l’âme du bon larron, et les démons, représentés de la même manière, emportent, pour la précipiter en enfer, celle du mauvais larron.

Au pied de la croix de Notre-Seigneur, du côté de l’est, est placé Saint Michel ayant un dragon sous les pieds ; mais cette statue, ainsi que l’âne sur lequel est monté Notre-Seigneur ont été horriblement mutilés pendant la période de la Terreur révolutionnaire ».

L’église paroissiale, sauf de légers changements, est restée ce qu’elle était au temps de Dom Maudez.

« C’est une croix latine, écrit encore M. Thomas dans le cahier de paroisse. La nef très vieille peut bien appartenir au XIème ou XIIème siècle. On ne saurait guère faire remonter le reste au-delà du XVème siècle. La nef n’a qu’un seul bas-côté dont elle est séparée par des piliers ronds, d’architecture romane, soutenant des arcades en plein cintre un peu massives.

Dans la profondeur du mur du croisillon sud, on remarque un enfeu appartenant à M. de Kérisac, par sa dame qui était une demoiselle Maurille de Kerdaniel.

Le grand vitrail, masqué en grande partie par le rétable du maître-autel, est orné de rosaces, et portait autrefois des vitraux peints dont on conserve encore quelques restes, et sur lesquels on lisait : Ave Regina, Ave Maria.

Le clocher, comme le montre l’inscription placée sur la tour, fut rebâti en 1594 [Note : Il a été, en 1913, élégamment restauré par les soins de M. May, recteur].

En dehors, l’édifice ne présente rien de curieux, à l’exception d’un écusson placé au-dessus de la maîtresse vitre, où se trouvaient sculptées les armes du seigneur fondateur de l’église, le pieux et charitable seigneur de Trobodec. Ces armes ont été martelées et presque entièrement détruites pendant la Terreur révolutionnaire.

La statue de Notre-Dame de Gurunhuel est un chef-d’oeuvre d’une remarquable beauté. Elle est appuyée sur un croissant, et sous ses pieds sont étendus un serpent (que le marteau révolutionnaire n’a pas épargné), et notre premier père Adam, sûr désormais d’un Rédempteur ».

Au temps de Dom Maudez et même « jusqu’en 1842, cette statue était renfermée dans une espèce d’armoire vitrée dont les battants s’ouvraient à volonté, et sur lesquels on avait sculpté quelques-uns des mystères de la vie de Notre-Seigneur et de la Très Sainte Vierge, entre autres l'Annonciation, la Visite à sainte Elisabeth, la Nativité de Notre-Seigneur dans la crèche de Bethléem, l’annonce de la Nativité faite par l’ange aux bergers, l’adoration des Mages, et la Présentation au temple ».

Sans faire tout à fait nôtres les éloges, parfois peut-être exagérés, de M. Thomas, nous avons tenu à reproduire son texte, à raison de la connaissance sérieuse qu’il dénote du caractère artistique des lieux et des objets qu’il décrit. Nous ajouterons seulement qu’il existe dans l’église d’autres statues anciennes, dignes d’attention. A côté de ces beautés de la nature et de l’art, la paroisse de Gurunhuel présentait d’autres aspects moins attrayants pour le prêtre qui devait y exercer le saint ministère. Au témoignage des anciens registres paroissiaux, le vaste plateau de Gurunhuel n’était, sur une partie de son versant nord, qu’une prolongation de la forêt de Coat-an-Noz. Là habitait, dans de pauvres cabanes, une nombreuse population de bûcherons et de sabotiers, dont le prêtre n’approchait que par des chemins difficiles et escarpés. Une autre partie du territoire consistait en landes. De sorte que la moitié à peine de l’étendue de la paroisse était laissée à la culture.

De plus, la terre labourable, légère et de médiocre qualité, ne produisait que très peu de froment et donnait surtout du seigle, de l’avoine et du sarrazin.

Cet aspect un peu rude du pays n’était pas de nature à décourager notre saint prêtre si attaché à la pauvreté et au sacrifice. Il trouva d’ailleurs une bien douce compensa­tion dans la foi simple de ces travailleurs à qui leurs moeurs austères rendaient plus familière la pensée du ciel.

Aujourd’hui que de belles routes existent presque partout dans le pays, on ne se figure pas les difficultés qu’offrait le saint ministère dans cette paroisse très étendue à travers des chemins défoncés et des sentiers abrupts. M. Collen, dernier recteur de Gurunhuel avant la Révolution, nous apprend que les dangers étaient tels que, lorsqu’il avait à visiter de nuit des malades, il ne le pouvait qu’accompagné d’un domestique.

A côté de la population généralement peu aisée, la divine Providence avait cependant placé, à Gurunhuel, de charitables bienfaiteurs qui se dévouaient à l’adoucissement des misères et des souffrances qui s’y rencontraient. De ce nombre étaient, sans nul doute, la plupart des familles nobles de la paroisse. La coutume, le rôle et l’esprit ordinairement très chrétien de la noblesse d’alors résidant dans nos campagnes. nous permettent de l’avancer.

Le plus important château, il est vrai, de la région, celui des seigneurs de Trobodec, n’était plus habité. Ruiné sous Louis XIII, il avait été transformé en un convenant qui portait le nom de Trobodec vras, tandis qu’un autre convenant voisin, ayant appartenu au même domaine, s’appelait Trobodec vian. Mais d’autres familles, très vraisemblablement apparentées aux Trobodec, restaient toujours à Gurunhuel. Au manoir de Kerdaniel demeurait messire Louis Maurille de Kerdaniel, dont l’enfeu se voit encore à l’église paroissiale, au fond du croisillon droit ; au manoir de Kerbol, un des fils de ce dernier, Raymond de Kerdaniel marié à « Damoiselle Marguerite de Kermen » ; au manoir de Kerambellec, Robert Fallegant et sa femme née Marie-Jeanne Le Lay, fille de Jacques-Yves Le Lay, seigneur du Favennou ; enfin, au manoir de Lanverc'h, « escuyer Vincent de Kermarquer ».

Avec ces diverses familles, comme d’ailleurs avec tous les paroissiens de Gurunhuel, Dom Maudez eut des relations de ministère, de charité et de bienséance.

Parmi les relations de ministère, nous en connaissons deux. C’est lui qui, le 4 mai 1709, baptisa Claudine-Julienne-Louise de Keranterf, fille de Charles de Keranterf, sieur dudit lieu et de Calvezy, et de « Damoiselle » Catherine Le Dourguy, dame de Keranterf, dont les parrain et marraine furent Louis Maurille de Kerdaniel et Claudine-Julienne Le Bossec, dame de Jouvin.

C’est lui aussi qui, en juin suivant, bénit le mariage de Vincent de Kermarquer, avec « Damoiselle Louise Le Henaff », fille de maître Michel Le Hénaff, riche notaire de la localité.

Les relations de charité, nous les déduisons de son caractère si attentif aux moindres misères et des besoins qui devaient se faire sentir fréquemment dans une population dont l’ensemble était plutôt pauvre. Quant aux relations de bienséance, elles étaient commandées chez lui par cette habitude du respect, cette délicatesse du coeur, ce soin de la reconnaissance dont nous avons souvent déjà recueilli ou deviné de multiples preuves.

C’est, croyons-nous, au presbytère, avec le recteur, qu’il demeura jusqu’aux derniers jours de 1709. Nous avons de sérieuses raisons de croire qu’à Gurunhuel, comme il l’avait fait la première année de son séjour à Cavan, il prêcha lui-même la station de Carême.

La pratique de la prédication, jointe à l’influence de sa vertu, durent produire les plus heureux résultats parmi ces âmes disposées à l’écouter avec docilité.

Le Recteur tomba malade peu après les fêtes de Pâques [Note : Pâques était cette année-là le 31 mars]. Dom Maudez commence à le remplacer dès le 15 avril ; à partir du 26, il parait prendre lui-même toute la charge du ministère. Il la garde jusqu’au 21 juillet.

Entre temps, le 10 mai, a lieu la visite épiscopale, pas à Gurunhuel, mais à Loc-Envel. Dom Maudez s’applique, avec toute l’ardeur de son zèle, à préparer les enfants à la première Communion et à la Confirmation. Au jour fixé, il se rend, accompagné d’un grand nombre de paroissiens, à Loc-Envel. De cette visite nous ne possédons d’autre détail se rapportant à Gurunhuel qu’une observation écrite de la main même de l'Evêque sur le registre paroissial. Il y est dit : « Veü au cours de nostre Visite à Loquenvel, 10 may 1709 : ordonné que les signatures omises fol. 3 verso, et 9 recto, soient remplies et que le présent registre et celuy de 1708 Nous seront présentés lors de nostre prochaine Visite. Olivier, Ev. et Comte de Tréguier ».

Ces défectuosités dues à la maladie du recteur disparurent sans retard. A partir du 21 juillet, M. Conan intervient quelquefois dans l’administration de la paroisse : il en assume totalement la direction au début de septembre. Le dernier acte, en effet, que signe Dom Maudez, porte la date du 2 de ce mois. Nous ne voyons pas cependant le serviteur de Dieu se retirer dès lors de Gurunhuel. Il y continue les fonctions de vicaire jusqu’à la fin de l’année.

Au début de 1710 le recteur lui trouve un remplaçant, en la personne de Yves Guerniou, à qui succède, peu de mois après, Yves Auffret, lequel reste jusqu’à la fin de 1712. Vient alors Yves Bouget, nommé, à la fin de 1714, curé de Moustérus. Ce dernier eut pour successeur Etienne Le Jan qui demeura à Gurunhuel, dont il était originaire, plus de trente ans, tantôt avec le titre de curé, tantôt comme simple servant in divinis [Note : Le cahier de paroisse est manifestement dans l’erreur quand il écrit : « Il (Dom Maudez) fut remplacé comme vicaire à Gurunhuel par M. Yves Pierre qui occupa cette place pendant de longues années ». Deux Yves Pierre, l’oncle et le neveu, ont desservi Gurunhuel, en qualité de recteur ou de vicaire. L’oncle mourut en 1757 à l’âge de 49 ans, et n’avait que trois ou quatre ans en 1712. Quant au neveu, il mourut en 1782, à l’âge de 56 ans].

Au cours de ces divers changements que devenait Monsieur Le Cozannet ?

M. Thomas écrit dans le cahier de paroisse : « Le successeur de M. Le Corre, au 28 avril 1709, fut M. Maudé-René Le Cozannet, seulement pour trois ans, un mois et quelques jours... ».

Selon lui le serviteur de Dieu serait resté à Gurunhuel jusqu’en juin 1712.

Malheureusement il s’est glissé une erreur au point de départ de cette chronologie. Ce n’est pas le 28 avril 1709 que M. Le Cozannet a succédé à M. Le Corre, puisqu’il signe au registre paroissial dès le 15. Il faudrait donc avancer la date de son arrivée à Gurunhuel, et, d’autant, celle de son départ.

Mais comme les dires de M. Thomas sont puisés à des sources très sérieuses parmi lesquelles il cite : « Un sommier (livre de comptes) et quelques titres de fondations et autres rentes qui n’ont point été vendues pendant les jours de la Terreur », il convient de ne s’écarter de ses affirmations que dans la mesure où les faits y obligent. Nous croirions donc avec lui que M. Le Cozannet serait demeuré à Gurunhuel « trois ans, un mois, et quelques jours » ; mais nous reporterions la date de son départ à la fin de janvier 1712. La mère du saint prêtre mourut à Langoat le 29 janvier de cette année-là. Il assista à ses derniers moments. De plus, sa présence à Gurunhuel n’était aucunement nécessaire. Depuis 1711 il y avait, outre le recteur et lui, trois autres prêtres capables de faire le ministère : Jean Savéan, chapelain depuis 1710 et qui le resta jusqu’à sa mort, février 1730 ; Yves Bouget, enfant de la paroisse, lequel ordonné prêtre à Noël 1710 préparait son examen dans le but d’être approuvé pour les confessions ; et enfin le curé, Yves Auffret.

Il dut donc obtenir sans difficulté l’autorisation de reprendre désormais son entière liberté.

Mais que fit-il à Gurunhuel de 1710 à 1712. D’abord il dut missionner puisque c’était ce but qui l’empêchait de se lier définitivement au service d’une paroisse. Tout porte à croire qu’il s’établit à proximité de l’une des chapelles, pour y procurer, quand il le pourrait, la messe matinale. La paroisse, en effet, en possédait trois : Saint-Fiacre, Saint-Jean Le Martyr, et Saint-Nicodème. Les deux premières avaient habituellement un chapelain. La maison de celui de Saint-Fiacre est encore debout et facilement reconnaissable aux vieilles inscriptions de la façade.

La chapelle de Saint-Jean n’a rien de remarquable. « Celle de Saint-Fiacre, écrit M. Thomas, dépendait autrefois du célèbre château de Trobodec et appartenait aux seigneurs de cette maison. Au moment de sa destruction, sous Louis XIII, elle passa à la maison de Lanverc'h, qui était une juvénilité (branche cadette) de Trobodec, et plus tard à celle de Goasmorvan, en Louargat, qui était devenue la maison principale du seigneur de Trobodec, M. de Goësbriant. Longtemps avant les jours désastreux de la Révolution, la famille de Goësbriant ne s’intéressait guère à cette belle chapelle. Elle était entièrement abandonnée à la bonne volonté du recteur de Gurunhuel qui y plaçait des gouverneurs ou trésoriers, et qui l’entretenait soigneusement ».

Suit une description de l’état de la chapelle qui correspond exactement à ce qu’elle est aujourd’hui. Nous la citons tout entière, à raison de l’intérêt qu’elle présente :

« Elle possède plusieurs beaux morceaux d’architecture. La longueur de l’autel au portail est de 18 mètres et sa largeur, d’une extrémité d’un croisillon à l’autre, de 16 mètres. Elle a un bas-côté et de superbes piliers ronds très élancés, soutenant des arcades en plein ceintre très bien confectionnées. Elle est éclairée par six fenêtres dont trois ogivales et trois en plein ceintre, mais toutes à rosaces lancéolées et tréflées. Elles avaient autrefois toutes des vitraux coloriés. Celui du maître-autel, surtout, était de toute beauté. C’était vraiment un chef-d’oeuvre. Mais, hélas ! la rage révolutionnaire de 1793 l’a totalement anéanti. Il ne reste aujourd’hui de toutes ces merveilles que quelques faibles lambeaux. Son clocher est en pierres et surmonté d’une bien jolie flèche également en pierres. Toutes les parties de cet édifice ne sont point du même temps. Il a l’architecture du XIVème et XVème siècle ». [Note : Si quelqu’un s’étonnait que M. Le Cozannet ait pu rester plusieurs années à Gurunhuel sans jamais signer aux registres, nous le prierions de remarquer qu’à la même époque et dans la même paroisse, M. Jean Savéan présente un fait de même genre plus surprenant encore. Ce dernier, qui était à Gurunhuel depuis 1710, en qualité de prêtre habitué, n’est pas une seule fois mentionné aux registres avant 1716. Il y paraît à un baptême qu’il fait le 28 août de cette année, et disparaît de nouveau jusqu’en 1724. C’est qu’il demeurait comme Dom Maudez très loin du bourg, auprès d’une des chapelles qu’il desservait, et n’avait guère, dès lors, l’occasion de faire des baptêmes, des mariages ou des enterrements ; vu surtout qu’il y avait par ailleurs dans la paroisse un recteur et un vicaire attitrés, qui s’absentaient sans doute rarement tous deux en même temps].

Dom Maudez ne dut pas quitter Gurunhuel où il s’était si généreusement dévoué, sans un serrement de coeur. La population, à son tour, ressentit certainement une grande peine de son départ. Mais, selon son habitude, l’homme de Dieu, s’efforçant de se faire oublier, et d’écarter de sa personne toute popularité encombrante, s’éloigna sans bruit pour aller porter ailleurs cette douce et bienfaisante influence qu’il répandait à son insu, par ses prières et son esprit de pénitence, non moins que par ses exhortations intimes, et ses ardentes prédications.

(F. M. Henry).

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