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L'ÉCOLE DE HÉDÉ AVANT LA RÉVOLUTION

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ÉCOLES A HÉDÉ AVANT LA RÉVOLUTION.

I

On a beaucoup dit et répété que, avant la Révolution, l'instruction était nulle dans les campagnes en France et particulièrement en Bretagne où les seigneurs et le clergé, afin de maintenir leurs vassaux et leurs ouailles dans un état d'infériorité intellectuelle et les retenir plus facilement sous leur dépendance et leur domination, gardant pour eux la supériorité de l'intelligence, refusaient à ceux-ci les moyens d'acquérir les connaissances même les plus élémentaires et les laissaient croupir dans une ignorance absolue.

Avant de nous occuper spécialement des écoles de Hédé, nous croyons bon de dire quelques mots pour démontrer combien cette affirmation était erronée.

Nous n'avons point à parler ici des gens riches, des gens de ville dont les enfants destinés, soit par la fortune, soit par leur naissance, à occuper, dans le grand commerce, dans la magistrature, dans l'armée, des situations importantes, avaient besoin d'une éducation plus complète et plus particulière qu'ils trouvaient facilement dans les collèges créés par les congrégations religieuses : Jésuites, Dominicains, etc. Ceux qui nous intéressent ici, ce sont les enfants des humbles, des gens de la campagne et des petites villes dont les besoins intellectuels sont moindres, sans doute, mais n'en existent pas moins et pour la satisfaction desquels suffisait largement l'instruction dite primaire, acquise dans ce qu'on appelle « les petites écoles ».

Voyons donc s'il est vrai que cet enseignement et les écoles où il devait se donner n'existaient point.

« Quant à l'instruction primaire et secondaire, nous dit M. Antonin Dupuy, professeur d'histoire au Lycée de Brest, dans une étude sur les écoles et les médecins en Bretagne, au XVème siècle [Note : Bulletin de la Société Académique de Brest, t. IV, deuxième série, p. 330], elle était moins, répandue au XVème qu'au XIXème. siècle. Il ne faut pas croire cependant qu'elle fut négligée. Le seigneur pour administrer ses domaines, le marchand pour tenir ses comptes, le gentilhomme pauvre et le bourgeois ambitieux pour exercer quelques fonctions dans le notariat ou la judicature, avaient besoin de s'instruire. Les notables de chaque paroisse pouvaient devenir fabriqueurs et trésoriers. Ils avaient des recettes à noter, des dépenses à enregistrer. Il leur était nécessaire d'apprendre à écrire. Aussi, les illettrés sont rares dans la noblesse, la bourgeoisie et parmi les paysans qui possèdent quelque aisance ».

M. Dupuy a raison, il pourrait même ajouter, comme nous allons le voir, aux paysans riches, les paysans et les artisans pauvres.

Il y avait trop d'intérêts qui nécessitaient une instruction, au moins sommaire, pour qu'on ne trouvât pas le moyen de se la procurer.

Si le propriétaire, noble ou bourgeois, vivait sur ses terres, il avait besoin pour les gérer de ne pas être ignorant comme son valet de ferme ; s'il les quittait ou qu'il en possédait plus qu'il n'en pouvait exploiter par lui-même, il lui fallait un châtelain pour le remplacer et recueillir ses rentes.

Dans les paroisses, il fallait bien des hommes capables pour faire exécuter les ordres du général dans l'intérêt de tous et tenir les comptes de recettes et de dépenses de la Fabrique.

Le clergé, possesseur de grands biens, devait avoir pour les administrer et les faire valoir avec profit de nombreux représentants. Il était donc d'un intérêt général de former des hommes aptes à remplir ces divers emplois, comme aussi les fonctions de sergents et autres des petites juridictions, et, pour cela, de les mettre en mesure d'en acquérir les moyens, c'est-à-dire de s'instruire et, comme conséquence, d'avoir des écoles.

Il y en avait, en effet, et leur création remontait assez loin, puisque « Robert Mahé, de la paroisse de Pléboulle, aasgé de cinquante-cinq ans, comme il dit, tesmoing juré, purgé et enquis, recorde par serment qu'il vit et cognut dame Téphaine Du Glesquin, qui fut femme espouse de feu messire Pierre de Tournemine et les vit demourer à Monbrun ou temps que ce tesmoing estoit jeune enfant et qu'il alloit à l'escolle » [Note : Seigneurie de Monbran. — Enquête faite en 1443, pour la dame de Largentaye, contre le sire de la Hunaudaye. (Arch. du château de Craffault, publiées par M. R. du Cleuziou. Société d'Emulation des Côtes-du-Nord, tome XXXIX, p. 84).

Cela nous reporte jusqu'à la fin du XIVème siècle, puisque c'est en 1443 que ce témoin nous fait connaître cette particularité de sa vie, et qu'il reconnaît avoir alors quarante-cinq ans.

En voici même une autre encore plus ancienne. Au milieu du XIVème siècle, Robin du Fou déclare dans une enquête que, vers 1351, « allant en classe, il fréquentait l’escolle de la ville de Saint-Aulbin-du-Cormier » [Note : Pouillé historique de l'Archevêché de Rennes, par l'abbé Guillotin de Corson, t. III, p. 47. Nota. — Comme il sera question ici tout particulièrement des écoles dans le département d'Ille-et-Vilaine, c'est-à-dire dans les paroisses des diocèses de Rennes, de Dol et de Saint-Malo, afin de ne pas encombrer le bas des pages par des renvois trop nombreux, je profite de l'occasion pour dire, une fois pour toutes, qu'un bon nombre des éléments qui m'ont servi pour cette partie de mon travail ont été puisés dans ce Pouillé].

Cette nécessité des écoles était si bien reconnue que tous, à l'envie, s'efforçaient d'en créer.

Les nobles, loin de s'y opposer et dans leur intérêt même, regardaient comme une de leurs prérogatives, et un de leurs devoirs de procurer des maîtres d'école à leurs vassaux.

Messire Henri-Albert de Cossé, duc de Brissac, seigneur de Fontenay, en la paroisse de Chartres, près Rennes, déclare, en 1682, « qu'il a le droit de mettre et instituer un maistre d'escholle en ladite paroisse ».

En 1678, Charles Denyau, devenu seigneur de Châteaubourg, par son mariage, revendique le droit d'y nommer le maître d'école.

Messire René de Montbourcher, seigneur du Bordage, reconnaît qu'il doit un maître d'école à Ercé, près Liffré, à cause du Grand Bailliage qu'il y possède dans cette paroisse, etc., etc.

La conséquence de ce privilège de désigner des maîtres était le devoir de les entretenir et, pour cela, ils établissent des fondations, soit de leur vivant, soit par testament tantôt en affectant les revenus de certaines terres, tantôt en versant une somme capable de produire une rente suffisante.

Isaac Loaizel, seigneur marquis de Brie, laisse à sa mort, en 1632, une rente de 475 livres, « pour la nourriture, l'entretien et l'instruction de six enfants de chacune des paroisses de Brie, de Nouvoitou et de Saint-Armel dont il est seigneur, choisis parmi les plus pauvres le Vendredi-Saint, par trois prêtres désignés par le seigneur, lesquels seront obligés de nourrir, coucher et entretenir d'habits et instruire lesdits enfants, depuis l'âge de huit à neuf ans, et les garder pendant quatre ans ».

Le possesseur de la petite seigneurie de Carefour, François Le Souldoyer, lègue 30 livres de rente « pour un prêtre choisi par le recteur et les prêtres de la paroisse, avec l’advis des trésoriers et marguillers », pour faire gratuitement l'école à tous les enfants pauvres de La Bouexière.

Nous nous contenterons de ces exemples, tout en ajoutant que les fondations se continuèrent dans les siècles suivants, devenant de plus en plus nombreuses, surtout pendant le XVIIIème siècle.

Les nobles n'étaient pas les seuls à s'occuper des écoles. Les recteurs des paroisses, dans l'intérêt de leurs ouailles, y veillaient avec soin et, en cela, ils ne faisaient qu'obéir aux ordres de leurs évêques qui, dans leurs Statuts, ne manquaient jamais de leur rappeler ce qu'ils considéraient comme un devoir de charité envers les humbles et d'exciter leur zèle.

« Dans toutes les paroisses, dit, en 1720, l’Evêque de Rennes, Mgr Christophe Turpin de Crissé de Sanzay, les recteurs feront établir de petites écoles pour les garçons et pour les filles ; l'école des garçons sera faite par un prêtre ou par un laïque de probité et de capacité reconnues ; celle des filles par une veuve ou une fille âgée, de vertu certaine ». Mais ces écoles étaient exclusives à chaque catégorie d'élèves avec défense, sous peine d'ex-communication, de faire dés écoles mixtes. Les évêques de Dol et de Saint-Malo tenaient à leur clergé le même langage.

D'autre part, les prêtres qui étaient chargés d'enseigner aux garçons, les femmes qui s'occupaient des filles, prenant cœur leur mission de dévouement et aussi les personnes pieuses et aisées des paroisses, ne restaient point en arrière et n'hésitaient point à faire de grands sacrifices. Les unes laissaient des sommes importantes pour la création et le soutien des écoles, d'autres offraient des maisons pour loger le maître et abriter les classes, et le nombre des généreux donateurs, progressant toujours, devint tel que nous n'en finirions pas d'énumérer seulement ceux que nous connaissons.

En outre, les Ordres religieux, établis dans les diocèses de Rennes, de Dol et de Saint-Malo, avaient charge d'installer des écoles dant toutes les paroisses et prieurés dépendants de leurs Abbayes, de fournir de bons maîtres capables et de moralité reconnue, de surveiller leurs travaux et leur bonne conduite et n'oubliaient point de remplir ce devoir.

Le Prieur de Bécherel, de l'Abbaye des Bénédictins de Marmoutiers, nommait et surveillait les maîtres de cette paroisse et de celles de Saint-Thual, Trévérien, Miniac, Médréac, Evran, Le Quiou, Tréfumel, Plouasne, Longaulnay, Landujan, Saint-Penn, etc.

C'était à la Prieure de Tinténiac, représentant l'Abbaye de Saint-Georges, qu'incombait la nomination et la surveillance de celui de la paroisse, tandis que le Prieur de Saint-Jacques de Montfort s'occupait de ceux des écoles de Montfort, Bédée, Breteil.

En ce qui concerne le Prieuré de Hédé, un aveu rendu le 4 mai 1683, au roi, par devant les notaires royaux Bodin et Breillu, par Dom Claude Du Fresne, religieux Bénédictin de Saint-Melaine, lors de sa prise de possession du Prieuré auquel il a été nommé, le seul que nous connaissions, mais qui n'est que la reproduction des autres plus anciens, déclare « que lui appartient la direction des escolles dudit Hédé, Bâzouges et Pleumeleuq » [Note : Arch. dép. d'Ille-et-Vil., H, 30].

Lorsque, par hasard, une paroisse était trop pauvre et ne possédait aucune fondation charitable pour soutenir une école, les paroissiens n'étaient point privés d'instruction pour cela, car, en tel cas, il était ordonné aux recteurs de s'occuper par eux-mêmes des garçons et, quant aux filles, elles étaient reçues gratuitement aux écoles des paroisses voisines. C'est ainsi que cela se pratiquait aux Iffs, à Cardroc, à Trimer, à La Chapelle-Chaussée, à Saint-Domineuc ; l'école de Miniac-Morvan recevait les filles de Baguer.

En outre de ces maîtres attachés aux paroisses et y demeurant, il en existait une autre catégorie, sans résidence attitrée, ambulants pour ainsi dire, allant porter leur science, tantôt dans un château, tantôt dans une paroisse, partout où l'on avait besoin d'eux et où on les appelait.

En 1558, François Grignart, fils de Jean, seigneur de Champsavoy, alors âgé de 7 ans : « commancza a aller à l'escolle à la Chapelle-Evesques ou mestre Jean Bougauld la tenoit, se tenant pour lors ledit Jan au Pontharouard, pour l'instruction des enfans du Fougeray qui se tenoint audit lieu de Pontharouard » [Note : Journal de François Grignart, publié par M. R. du Cleuzion. Société d'Emulation des C.-d.-N., t. XXXVII, pages 46 et suiv.].

En 1561, François Grignart change de maître et « est mips en pansion avec François Ferron, fils du Sgr de la Ferronnaye, chez mestre Jan de Léon à Cardreuc où ils furent ung an avecques beaucoup d'enfans de bonnes maisons et autres ; » puis, deux ans plus tard, il revient chez son père où il retrouve Jan Bougaud : « qui se tenoit à ladicte maison de Champsavoy, tenant l'escolle à la chapelle dudit lieu ». Mais Jan Bougaud n'y reste pas et, au mois d'août, il va au château de la Roche, en Lancieux, ou le jeune Grignart le suit et s'y trouve avec le jeune fils du Menehic, appelé Menils [Note : Vraisemblablement Gilles Piedevache, né en 1555, fils d'Ecuyer Guillaume Piedevache, S. du Mesnil, des Jarzeaux, Launay-Mallier,... etc.], puis revient tenir son école à Saint-Léonard des Coudrelles, auprès du manoir des Grignart. Après cette époque, il n’est plus question de lui et c'est avec mestre Guillaume Chapon, qui, en 1567, « tenoit l'escolle en ceste année en la Chapelle Evesques » [Note : Chapelle du manoir de Champsavoy], que François Grignart continue son éducation jusqu'au moment, en 1571, alors âgé de seize ans, où il se marie.

Il ne faut pas croire que ces maîtres qui vont, dans les châteaux, porter l'instruction aux jeunes nobles, n'étaient que des précepteurs particuliers à ceux-ci et s'occupant d'eux exclusivement. Ils ont, en réalité, une école ouverte à tous. C'est François Grignart, lui-même, qui nous le dit. Jan Bougault tenait son école à La Chapelle-Evesques, d'où il allait donner ses leçons aux enfants du seigneur, puis plus tard à Saint-Léonard des Coudrelles ; Jan de Léon tient école à Cardroc, pour enfants de bonnes maisons et autres ; Guillaume Chapon tient son école en La Chapelle-Evesques, comme Jan Bougault. Seulement, l'instruction que donnaient ces maîtres était-elle peut-être moins rudimentaire que celle des écoles des paroisses ?

Qu'étaient ces maîtres ? D'où provenaient-ils et quel était leur enseignement ?

Les maîtres d'école étaient de deux sortes : Clercs ou Laïcs.

En outre des prêtres, chargés particulièrement du ministère dans les paroisses, il en existait presque toujours d'autres qui, sous les noms de curés, subcurés, prêtres habitués, nés dans le pays et résidant dans leur famille, tout en leur venant en aide, avaient encore des loisirs.

Il y avait là une pépinière abondante et toute indiquée de sujets qui, en raison de leur caractère religieux et de leur science, semblaient tout particulièrement aptes à donner aux enfants une bonne instruction en même temps qu'une saine éducation. Aussi sont-ils nombreux les maîtres que nous connaissons.

C'est à Rhetiers, Pierre Planchais, qui dit sa premère messe le 25 juin 1585, et est maître de l'école jusqu'à sa mort, le 3 novembre 1617 ; missire Jan Le Franc, dit maître d'école en 1601, Paul Grimault, en 1611 [Note : Reg. par. de Rhetiers] ; à La Boussac, missire Jan Faisant, en 1577 [Note : Reg. par. de La Boussac] ; missire Julien Chauvière, à La Bâzouge-du-Désert, en 1650 et en 1672 [Note : Reg. par. de La Bâzouge-du-Désert]. Nous nous arrêtons ici parce que la liste serait trop longue. Cependant nous ne voulons pas terminer sans citer encore un prêtre de la paroisse de Montreuil-le-Gast, Michel Vauléon, qui n'a pas voulu que son nom tombât dans l'oubli et qui a tenu à nous le faire connaître dans une pièce de vers insérée dans le registre des naissances de cette paroisse et dans laquelle il nous donne quelques renseignements sur son église et les bienfaits de son seigneur.

Ecoutez ce qu'il veut bien nous apprendre :

« Le présant papier fut jadis achapté - Par Jan Mouton de Crâne, l'un des trésoriers - De Monstreuil le Gast, et pour enregistrer - Les enfans de bas aage qui estoinct régénérez - En la saincte picine ou sont enluminez - Sur les fors de baptesme les enfans baptisez, - Pour lors estoict recteur dom Pierre Le Lardeux [Note : Inhumé dans sa paroisse, en 1586], - Né de la paroisse, luy et tous ses ayeulx, - Qui avoict comme Curé pour regir son trouppeau - Rachaté du pur sang de Jesus, vroy aigneau - Dom Gilles Cormier, l'un de ses paroissiens, - Pour gouverner l'eglise ainsain qu'il appartient, - Lequel avoict entré en cure pastoralle - A la feste de Dieu, qu'on appelle le Sacre, - L'an du salut donné par le Dieu tout puissant - Aux hommes qui avoinct, par plus de cinq mille ans, - Attendu le Mesie avecques pleurs et larmes. - Qui devoict s'incarner en la Vierge Pucelle. - L'année qu'on contoict mille cinq cens quattre vingtz seix, - Fut par led. Cormier, commencé cet escript. - En ce temps-là vivoict homme de grand scavoir, - Hault et puissant seigneur et Conseiller du Roy, - Eustache du Han, duquel l'église ornée - A esté grandement et très bien policée ; - Le maistre autel d'icelle en randra tesmoignage, - Lequel a ses despans fist mettre en équipage ; - Aussy sont les deux bans qui sont collatéraulx - Des deux murs de l'église qui sont très bons et baulx ; - Et par ledict seigneur fut très bien disposé - Le lieu ouquel on garde Jesus, le roy du Ciel, - Appelé le Sacrère, ouquel il fault garder - Toujours pour les mallades, le pain célestiel. - En ce temps-là estoict Dom Michel Vaulléon, - Lequel tenoict l'escolle, à Monstreul, dans le bourg, - Quel, apprès avoir faict les carmes que voyez, - Les fist mettre au pappier, c'est pour le temps noter, - Puis les fist transcripre à Maistre Denis Hochart, - Notaire et Tabellion, homme de bonne part. - Prions tous de bon cœur Jesus, le roy de gloire - Nous donner Paradis, de nous avoir memoyre » [Note : Registre paroissial de Montreuil-le-Gast, de 1586 à 1621].

L'auteur de ces vers était jeune lorsqu'il les écrivait. Plus tard, il quitta son école pour devenir recteur de Vignoc. Nous ne savons en quelle année eut lieu ce changement, mais il est cité en cette qualité en 1619, dans l'acte de baptême d'un enfant de Mathurin Vauléon, sans doute son frère, et de Julienne Ridard, auquel il donne son nom. Il meurt ou résigne son rectorat en 1634.

A défaut de clercs disposés à se charger d'une école, on s'adressait à un laïc.

A Noyal-sur-Seiche, au XVIème siècle, à côté de trois maîtres d'école prêtres, on trouve à deux reprises, en 1500 et en 1538, un Pierre Doaye ou Douaye qui est marié ; Georges Savinel, maître d'école à Saint-Aubin-du-Cormier, épouse en 1680 Barbe Etienne [Note : Reg. par. de Saint-Aubin-du-Cormier]. En 1633, à Châteaubourg, meurt maître Bertrand Galon [Note : Reg. par. de Châteaubourg] ; Macé Roger, mort en 1636 à Argentré [Note : Reg. par. d'Argentré] ; en 1588, à Etrelles, c'est maître Gilles Gourgeon [Note : Reg. par. d'Etrelles] ; Jacques Delavigne, en 1640, à Vergeal [Note : Reg. par. de Vergéal] ; Georges Tirel, notaire et maître d'école à Torcé [Note : Reg. par. de Torcé] ; à Tinténiac, Georges Le Roy, maître d'école, a de Julienne Perdriel, sa femme, un fils baptisé en 1751, etc. Nous en verrons aussi à Hédé.

Les écoles étaient ouvertes à tous. Riches et pauvres s'asseyaient sur les mêmes bancs. La plupart du temps, elles étaient entièrement gratuites. Mais lorsque les fondations n'étaient pas suffisantes pour que le maître y trouvât la rémunération de son travail et qu'il était obligé de demander à ses élèves riches un supplément qui lui permit de vivre, il y avait toujours exception pour ceux que la fortune n'avait pas favorisés.

Les donateurs y veillaient avec grand soin ; souvent même ils mettaient comme condition que les pauvres seraient nourris et logés. Nous avons vu le seigneur de Brie ordonner aux prêtres chargés de l'instruction dans ses seigneuries de nourrir, coucher et entretenir six enfants de six à neuf ans choisis parmi les plus pauvres des trois paroisses où elles étaient situées et de les garder pendant quatre ans.

Le seigneur de Carefour ne fait, en 1592, sa fondation qu'afin que l'école soit gratuite pour tous les enfants pauvres de La Bouëxière.

A Availles, le vicaire, s'il faisait payer les élèves plus aisés, recevait gratuitement les pauvres ; à Guignen, une fondation de 100 livres est faite, dont moitié pour l'entretien d'une école « pour enseigner à lire et à écrire à la pauvre jeunesse du village des Freux, en Guignen. Le maître de Louvigné devait faire l'école gratuitement aux pauvres de la paroisse. A Parigné, le recteur reconnaît l'existence d'une fondation de 135 liv. pour l'enseignement des petites écoles aux pauvres de la paroisse. A Longaulnay, le maître est autorisé à se faire payer par ceux qui en ont le moyen, mais il doit instruire gratis les pauvres. Il en était de même à Louvigné-de-Bais. A Noyal, le maître d'école touchait une rente de 18 l. 15 s. pour enseigner et instruire les enfants pauvres de la paroisse.

Nous pourrions multiplier indéfiniment nos exemples, mais nous croyons que c'est inutile et en avoir assez montré pour justifier notre affirmation.

L'instruction qui se donnait dans ces écoles était simple. Elle consistait, nous dit une fondation de Saint-Briac en 1768, dans l'enseignement « des principes de la religion, c’est-à-dire du catéchisme, de la lecture, de l'écriture et du chiffre ».

Ce programme restreint n'était point exclusif à la Bretagne ; il était le même dans toute la France. Dans le pays d'Artois où les écoles primaires étaient très répandues et d'origine très ancienne, l'enseignement qui y était donné au XVIème siècle, nous dit M. Ch. Hirschauer, d'après les documents qu'il a retrouvés et publiés, comprenait seulement « la lecture, l'écriture, un peu de calcul, les répons de la messe et les principales prières » [Note : Société des Antiquaires de la Morinie. Bulletin, t. XII (1909). Textes intéressant l'histoire de l'Enseignement à Saint-Omer. Aire et Hesdin].

C'était peu sans doute, mais c'était le nécessaire. On ne jugeait pas encore qu'il fut utile d'enseigner aux enfants des campagnes les sciences physiques et morales, philosophiques ou sociales ; on se contentait des notions les plus indispensables tant au point de vue matériel que spirituel pour la vie à laquelle ils étaient destinés.

Cependant si cette instruction sommaire était la règle, elle s'élevait quelquefois à un degré supérieur.

Les prêtres qui dirigeaient les écoles étaient des gens instruits, sans parler de ce Michel Vauléon dont nous avons apprécié les vers, qui avaient fait pour parvenir à la prêtrise des études sérieuse. Ils pouvaient et devaient même, dans certaines paroisses, donner à leurs élèves qui voulaient se préparer, soit à la prêtrise, soit aux fonctions de judicature dans les petites juridictions, aux enfants des gentilshommes trop jeunes encore pour aller dans les collèges des villes, une instruction plus élevée.

A Saint-Briac, le maître d'école devait enseigner les principes du latin ; à Saint-Jean-sur-Couesnon, le maître, en outre de l'instruction gratuite pour les pauvres, était tenu de donner aussi des leçons de latin à deux jeunes gens et de les rendre capables d'entrer en quatrième au collège de Rennes. A Parigné, le général de la paroisse déclare que « tous les garçons pauvres seront instruits gratuitement, même dans la langue latine, lorsque le recteur le jugera à propos et jusqu'à la troisième exclusivement ; les curés pourront exiger des garçons aisés 10 sols par mois pour apprendre à lire et à écrire et 20 sols de ceux qui apprennent le latin ».

Vers 1580, à Saint-Thurial, le maître d'école enseignait « les études de la grammaire et autres humanités ». A Châteaugiron, il devait être capable non seulement d'enseigner à lire, écrire et l'arithmétique, mais encore le latin et mettre les enfants en état d'entrer en philosophie.

Donc écoles partout ; ce n'est pas discutable, mais quel était le résultat de l'instruction qu'on y recevait ?

Ce résultat, il faut l'avouer, était bien mince, et cela pour plusieurs causes.

D'abord, l'éloignement de l'école, la difficulté pour de jeunes enfants de s'y rendre plusieurs fois par jour, par tous les temps, à travers les sentiers et les cloaques, seuls moyens de communication dans les campagnes et dont on a peine à se faire une idée aujourd'hui ; puis la nécessité d'apporter à leurs parents, dans la mesure de leurs forces, un peu d'aide pour les travaux de la terre, en retenaient un grand nombre au logis.

Quant à ceux, plus heureux, qui pouvaient aller écouter les leçons du maître, si désireux qu'ils fussent d'en profiter, il y avait des circonstances indépendantes de leur volonté, mais fatales, qui les en empêchaient.

Les occasions étaient rares pour eux de se servir de leur science. Sauf le livre de messe, la Vie des Saints et le Catéchisme, il n'y avait guère d'autres livres dans les campagnes ; la fatigue d'une journée bien remplie, l’insuffisance de la lumière produite par cette chandelle faite avec de la résine et fixée dans les parois de l’âtre, dont la flamme fumeuse ne projetait qu'une lueur vague et incertaine, faisaient les soirées courtes. Le dimanche seul laissait un peu de loisirs pour faire une lecture, mais ces livres, toujours les mêmes, étaient bientôt sus par cœur et, le soir, quand la famille, en attendant l'heure d'aller chercher dans les lits clos le repos avec un sommeil réparateur, afin de reprendre plus alertement les travaux du lendemain, se réunissait autour du foyer, elle préférait entendre raconter les souvenirs des vieux parents ou les histoires des voisins venus pour partager la veillée.

D'autre part, les occasions de correspondre entre les membres de familles vivant dans le même cercle sans s'en éloigner étaient peu fréquentes. Les communications avec des pays un peu éloignés n'avaient guère de raisons d'être et étaient impossibles. D'où la conséquence qu'au bout d'un temps relativement assez court, ces connaissances pourtant si utiles de la lecture et de l'écriture, qu'on avait passé plusieurs années à acquérir, étaient, par suite du manque d'usage, complètement oubliées et c'est ce qui a permis à certaines gens de dire que, dans un but inavouable, on refusait, l'instruction en Bretagne aux enfants des campagnes et qu'on les laissait de parti pris croupir dans l'ignorance.

Nous avons vu que cela était faux. Quant à la façon dont les enfants profitaient de l'instruction, les mêmes causes produisant les mêmes effets, aujourd'hui que les écoles abondent, qu'il y en a non seulement au centre de la commune, mais dans tous les hameaux importants, que fréquentation de l'école est obligatoire, que les occasions de lecture sont facilitées par la profusion des journaux et de romans qui pénètrent dans les villages les plus reculés, que la dispersion des familles, la fréquence des voyages, les nécessités du commerce nécessitent des correspondances suivies, n'en est-il pas de même et ne se plaint-on pas toujours de la grande quantité de jeunes gens, aussi bien des villes que des campagnes, n'ayant jamais appris ou ayant complèrement oublié vingt ans les éléments de l'instruction la plus simple et la plus élémentaire.

De tout ce que nous venons de voir, nous tirons cette conclusion : qu'il y avait des petites écoles dans toutes les paroisses à l'ombre du clocher et même, pour la plus grande commodité des enfants éloignés, lorsque l'agglomération était peu importante ou peu centrale, dans un gros village plus commode, comme à Saint-Brieuc-des-Iffs, au village de la Tieriais, au village de Benard, en Maxent, au village du Bignon, en Romillé, etc. ; que ces écoles étaient ouvertes à tous et particulièrement instituées pour les enfants pauvres ; que si l'instruction donnée ne profitait pas mieux, cela n'était de la faute de personne et tenait à la force des choses et nous n'hésitons pas à dire que tout ce qu'il était possible de faire à cette époque avait été fait et que c'est une véritable calomnie de prétendre qu'on refusait systématiquement aux enfants des paysans en Bretagne l'instruction élémentaire.

Je m'arrête ici. Je n'ai nullement l'intention ni la prétention de faire l'histoire des écoles dans nos campagnes. Je n'ai pas les éléments nécessaires pour un tel travail qui serait considérable ; mon but est beaucoup plus modeste. J'ai voulu tout simplement, avant de m'occuper des écoles de Hédé, essayer de démontrer, par quelques détails préliminaires, sorte de préface que l'on trouvera peut-être bien longue, l'existence des petites écoles dans les campagnes et de donner, d'une façon générale, une idée sommaire de ce qu'elles pouvaient être.

Les renseignements que nous avons trouvés relatifs aux écoles de Hédé sont très peu nombreux et ne remontent qu'au XVIIème siècle, mais si les documents antérieurs à cette époque nous manquent, si les archives départementales ou communales ne nous apprennent rien à leur sujet, faut-il en conclure nécessairement qu'elles n'existaient point ? Non, certes.

Lorsque nous avons vu qu'il n'y avait point de paroisses, si infimes qu'elles fussent, qui n'eussent leur école, qu'on en trouve même, comme à Pléboulle et ailleurs, dès le XIVème siècle, il serait bien étonnant que, dans une petite ville comme Hédé, siège d'une juridiction ducale, puis royale, possédant un nombre relativement considérable d'hommes de lois, juges, avocats et notaires, officiers de nombreuses juridictions secondaires, une population, par conséquent, intelligente, il n'y ait pas eu de tous temps un maître pour donner aux jeunes gens l'instruction nécessaire dont ils avaient besoin pour les charges et fonctions qu'ils pourraient être, plus tard, appelés à remplir, soit en les acquérant, soit en succédant à leurs parents.

On connaît l'importance que, dès le XIIème siècle, au moins, donnait à Hédé la puissance de son château.

Possédée d'abord par la famille de Hédé, puis par les puissants seigneurs de la maison de Montfort entre les mains desquels elle était passée par alliance, ensuite par le duc de Bretagne qui la donnait en apanage à ses enfants et accordait à ses habitants de nombreuses franchises y instituant une juridiction étendue dont, en 1268, le sénéchal Olivier de Rédorède, ne pouvant suivre son souverain, le duc Jean Le Roux, à la croisade que celui-ci entreprenait contre les infidèles, tenait au moins à y participer en apportant son offrande pour les frais de l'expédition, la petite ville de Hédé n'aurait pas eu d'écoles pour ses enfants. Ce n'est pas admissible. Un document précédemment cité nous a fait connaître l'existence, en 1351, d'une école à Saint-Aubin-du-Cormier et dont la création remontait sans doute beaucoup plus loin. Pourquoi Hédé, forteresse importante et sénéchaussée comme Saint-Aubin-du-Cormier et, par conséquent, dans les mêmes conditions, eut-elle été moins favorisée que cette dernière ville et eut-elle été dépourvue d'écoles ?

On ne voit aucune raison.

Mais alors, s'il y avait des écoles à Hédé, quel en aurait été le créateur ?

Seraient-ce les anciens seigneurs du nom de Hédé qui possédèrent la terre jusqu'à la fin du XIème siècle ? Serait-ce Raoul II de Montfort, leur héritier par son mariage avec Havoise de Hédé, dernière représentante de la branche aînée de cette maison, dont Geffroy, leur petit-fils, remettait le château, en 1165, entre les mains de Eudon, comte de Penthièvre et vicomte de Porhoet, compétiteur à la couronne de Bretagne, pendant la lutte que celui-ci soutenait contre Conan et son allié, le roi d'Angleterre ? Nous l'ignorons.

Toutefois, il est à croire que, lorsqu'ils autorisèrent au XIIème siècle les Bénédictins de Saint-Melaine à transformer l'église de Hédé en Prieuré, dont ils se déclaraient fondateurs — à cause de quoi le Prieur devait dire trois messes par semaine pour leur âme et celle de leurs successeurs — les ducs de Bretagne mirent pour condition que, en échange du bénéfice qui leur était accordé, les moines se chargeraient de l'instruction de leurs vassaux, créeraient des écoles pour eux, fourniraient et entretiendraient des maîtres, et nous avons pu constater la réalité du fait dans cet aveu rendu par le Prieur Dom Claude Du Fresne cité plus haut, dans lequel il reconnaît que c'est à lui qu'appartient la direction des écoles de Hédé et de Bâzouges et même de celle de Pleumeleuc. C'était, du reste, un devoir imposé à toutes les abbayes et nous verrons plus tard que les Prieurs de Hédé ne faillirent pas à ce devoir.

Cela, du reste, leur était d'autant plus facile que, parmi les prêtres desservant les églises de Hédé et de Bâzouges, qui ne faisaient qu'une seule paroisse, et y habitant — et ils étaient nombreux puisque, le 23 mars 1560, nous en comptons dix présents à la cérémonie du baptême d'une cloche de l'église — ils pouvaient trouver sans peine les maîtres nécessaires.

Le premier document authentique qui nous parle des écoles de Hédé ne remonte, comme nous l'avons dit, qu'au milieu du XVIIème siècle. C'est un compte que demoiselle Renée de Bois-Adam, veuve de n. h. François de Bâzouges, sieur de Cramou, et tutrice de son fils, rend ses cohéritiers des dépenses qu'elle a faites pour les funérailles de n. h. Gilles de Bâzouges, sieur de Brignerault, leur père, mort en 1651. Dans ce compte, il est dit que « aux escolliers et pauvres qui se seroient rencontrez lors dudict service et entherrement leur fut a chacun, par ladicte du Bois-Adam, comptable, poyé et délivré six deniers affin de les obliger à prier Dieu pour le repos dudict deffunt sieur de Brignerault » [Note : Greffe de la juridiction de Hédé (Arch. départ. d'Ille-et-Vil.)].

Cet acte n'est pour nous qu'une simple constatation qu'en 1651, il y avait des écoliers et, par conséquent, des écoles. Cependant, il nous fait connaître, en outre, deux faits intéressants, à savoir qu'on avait déjà à cette époque, comme on le fait encore de nos jours, l'habitude de conduire les écoliers aux grands enterrements et, d'autre part, que ces écoliers n'étaient point riches puisque, pour les indemniser de leur déplacement, on leur faisait la même part qu'aux mendiants.

Quelques années plus tard, nous trouvons un prêtre nommé missire Guillaume Mahé, qui remplissait en 1653 les fonctions de subeuré à Hédé, où il vivait tranquillement avec sa sœur Hélène, qui mourut en 1658. Originaire du pays, vraisemblablement ce Guillaume Mahé, baptisé à Hédé le 30 novembre 1624, subcuré en l'église, homme actif et entreprenant, s'apercevant que beaucoup de familles de la bourgeoisie désiraient pour leurs enfants une meilleure instruction que celle qu'ils auraient pu trouver aux petites écoles, voyant que ses fonctions que, du reste, il abandonna provisoirement un peu plus tard, lui laissaient des loisirs, eut l'idée, pour les occupier, de créer lui-même cette école dont il sentait l'utilité et le besoin.

Aussitôt l'école ouverte, les élèves accoururent. C'est missire Guillaume Mahé lui-même qui va nous le dire.

Homme d'initiative, avons-nous dit, et, semble-t-il, aussi très expansif, il avait l'habitude d'insérer dans les registres de baptême, de décès ou de mariage, de l'église de Notre-Dame de Hédé, dont il était chargé, soit en marge, soit même entre les actes, des notes concernant les diverses affaires qui l'intéressaient personnellement. C'est ainsi qu'il nous donne la liste suivante des enfants qui vinrent écouter ses leçons :

« Guy Couppé [Note : Né à Saint-Symphorien en 1648, fils de n. h. Guillaume Couppé, sieur de la Salle, et de Guillemette Michel, devint prêtre, sans être attaché à aucune paroisse et vécut sur sa terre du Quilliou, dont il prit le nom. Il y mourut le 28 mai 1719], fils de M. de la Salle, vint demeurer chez moi le lundi quatrième jour de juin 1657.

Jean Beschart [Note : Fils d'écuyer Jean Beschart, seigneur de la Gonzée, conseiller du Roi et son Procureur au Siège de Hédé, et de demoiselle Laurence Trémaudan, baptisé à Hédé, le 1er août 1647. Devenu sieur de la Brosse, il épousa en 1675 demoiselle Françoise Gillot, de Noyal-sur-Vilaine, et mourut à Brécé, en 1711, sans héritier mâle], fils de M. le Procureur du Roy, vint chez moi le 14 juin.

Luc Beschard [Note : Sieur des Faveryes, fils cadet d'Ec. Gilles Beschart, sieur de la Chaponnière, et de Gratienne Loriot, marié en 1695 à demoiselle Anne Beschart, sa cousine, mourut à Bécherel, sans enfants, en 1724], à la Toussaint de l'an 1657 vint demeurer chez moi, pensionnaire ».

Un peu plus loin, il ajoute :

« Sont venus chez moi : Pierre Depail. François Morel. Mathurin Denise. Gilles Buan. Ecuyer Jean Ricard, 25 octobre 1662 [Note : Fils d'écuyer Pierre Ricard, sieur de la Cervatte et du Basmanoir, et de demoiselle Jeanne des Fougerais, baptisé à Hédé en 1656, quitta le pays après la mort de son père, arrivée en 1604]. Jean André [Note : Né en 1654, fils de maître Julien André, sieur des Préaux, Notaire Royal, Avocat et Procureur à la Cour de Hédé, et de dlle Gilette Truet]. Philippe Rebillart [Note : Fils d'h. h. Thomas Rebillart, de Saint-Symphorien, et de dlle Denoual]. Jeanne Rufflé. Renée Chotart. Julien Halloche 3 novembre. Guillaume Simon, le lundi 13 novembre 1662. Etienne Depail [Note : D'une famille de Guipel, probablement frère du Pierre Depail ci-dessus] est venu chez moi le jour de saint Denis, 9ème jour d'octobre 1662. Gilles Boursin [Note : Né en 1655 à Hédé, fils de maître Nicolas et de Guyonne Brechard, mari de Jeanne Doucin], 29ème jour d'octobre 1664. Anne-Françoise et Marie Le Rouget [Note : Anne-Françoise, née en 1655, et Marie, en 1658, filles de n. h. René Rouget, sieur des Rochers, Greffier de Hédé, Sindic de la Communauté de ville, Sénéchal de la juridiction de Bâzouges, et de dlle Ambroise Bastard], enfants du sieur des Rochers, 29 octobre 1664. César Rabasté, novembre 1664. Isabelle Courtin [Note : Née en 1656 de n. h. Julien Courtin, sieur des Ruisseaux, un des nobles Bourgeois de Hédé, Procureur Sindic de la Communauté de Ville, Notaire Royal, et de dlle Mathurine Geffroy]. Laurence Godineau [Note : Fille de maître Jacques Godineau, sieur de la Mettrie, Chirurgien à Hédé, et de dlle Cyprienne Boursin, née en 1657], 15 novembre. Jean Bréal [Note : Jean Bréal, sieur des Bretèches, né en 1657 et baptisé à Saint-Symphorien, fils d'écuyer messire Pierre Bréal, sieur de l'Etang, et de dlle Françoise Couppé, était en 1687 lieutenant au régiment d'Anjou], 13 avril 1665. Michel Bidoche [Note : Fils de François Bidoche et de Guillemette Geffroy, né en 1657]. Jean Rué. Julien Busnel, avril 1665 ».

A cette liste il faut encore ajouter la suivante que nous trouvons à une autre page :
« François Rouget [Note : François-Sébastien, né en 1659, frère de Anne-Françoise, et Marie Rouget, ci-dessus], le 4ème jour d'octobre 1667. Alain-Christophe, Gilles et François Lepage, du 2 janvier 1669. François Ruaulx, 2 janvier 1669. Jean Thébault, 2 janvier 1669. Maury Mouaizon, 2 janvier 1668. Julien et François André [Note : Julien, né en 1660, et François, 1663, frères de Jean André, ci-dessus], 2 janvier 1668. Robert Louvel, 1er janvier 1668. Julien Chotart, 1er janvier 1668. Gilles Nobilet, 26 avril 1667. Antoine Chardé, pensionnaire, 11 avril 1668. Jean André [Note : Vraisemblablement fils de Thomas et de Roberde Lorant, baptisé à Saint-Symphorien en 1661], pensionnaire. François Rufflé, le 2 mai. Michel-Martin, depuis Pâques. Jacques. Godineau [Note : Né en 1662, frère de Laurence, ci-dessus], 2ème jour de juin 1668. Ollivier Garnier et Gilles Thébault, juin 1668. François Feron, du 25 juin 1668 ».

On remarque dans ces élèves deux catégories : les pensionnaires et les externes. Ce qui avait rendu posible l'existence de cette première catégorie, c'est la présence auprès de Guillaume Mahé de sa soeur Hélène Mahé, qui vivait avec lui et tenait sa maison et assurait à ces enfants dont l'aîné n'avait pas dix ans, les soins indispensables que réclamait leur jeune âge et qui eussent été impossibles si celui-ci avait vécu seul. Du reste, le nombre n'en pouvait être que très limité, car les maisons de Hédé n'étaient pas bien grandes et celle du subcuré qui abritait déjà deux personnes n'était point faite pour un pensionnat et ne pouvait fournir qu'un nombre de places des plus restreints. Aussi, n'en voyons-nous au début que trois, et ceux que nous trouverons dans la seconde liste ne viendront que pour remplacer ceux qui seront partis.

Quant aux externes le nombre pouvait en être plus considérable. Il était proportionnel, sans doute, aux dimensions de l'appartement qui servait de classe.

On peut remarquer que, parmi ces externes, il n'y avait pas que des garçons et que, malgré la défense faite par les évêques, sous peine d'excommunication, d'ouvrir des écoles mixtes et dont il fut, sans doute, relevé, soit à cause de la situation des familles, soit à cause de l'âge des enfants, (un d'eux avait à peine cinq ans), on y rencontre quelques jeunes filles, sœurs ou parentes.

L'école de M. Mahé n'était point une école savante ; on n'y apprenait ni le latin, ni les humanités. On peut en juger par la composition des élèves, mélange de garçons et de filles, et par la moyenne de leur âge ne dépassant pas sept à huit ans. C'était vraisemblablement le même enseignement que dans les écoles publiques, mais dans un établissement privé et pour des élèves choisis dans un milieu tout particulier.

En créant son école, M. l'abbé Mahé avait rendu aux Bourgeois de la ville qui étaient riches un grand service et il était tout naturel qu'il en reçut une juste rémunération de ses soins.

Que demandait-il aux externes ? Nous l'ignorons. Quant à ses pensionnaires qu'il fallait loger, coucher, nourrir, le prix paraît varier un peu suivant la situation des parents. Tantôt il se fera payer en argent, tantôt en nature, tantôt des deux façons.

En ce qui regarde Guy Couppé, « il accorde, nous dit-il, entre le sieur de la Salle et moy à 20 l. et une charretée de gros bois rendue à Hédé et quelques présents à ma sœur pour en avoir soin. Reçu du sieur de la Salle 20, 10, 10, 10, 3, 8 l. en seigle, un manteau noir, une barrique de citre, un boisseau de blé noir, un demeau de blé noir ».

En ce qui concerne les Beschard, le fils du Procureur du roi donnera « 80 l. et quelques présents à sa sœur, » mais son cousin Luc ne paiera que 80 l. plus tard, en 1668, il fixera pour Antoine Chardé le prix à 100 l. ; pour Jan André, ce ne sera que 60, mais, en « deux chartées de bois tant gros que menu, une barrique de citre, le tout rendu chez moy et fournist son lict et faict blanchir son linge ».

Combien de temps vécut l'école de missire Guillaume Mahé ? Peut-être jusque vers 1670, mais, sans doute, pas jusqu'à sa mort, car il avait accepté à Hédé chez les Dames Ursulines les fonctions d'aumônier qui devaient lui prendre une grande partie de son temps.

A côté de cette école du subcuré réservée aux Bourgeois et aux riches, n'y avait-il pas aussi de ces petites écoles qui existaient partout pour donner l'instruction aux moins fortunés, aux enfants des petits commercants, des ouvriers, des laboureurs, etc.

Certes, il y en avait et ces écoliers que, à l'enterrement de Gilles de Bâzouges, héritiers assimilaient aux mendiants dans le partage de leurs largesses, n'étaient certainement pas les mêmes que ceux qui pouvaient fréquenter l'école de Guillaume Mahé. Ceux-là étaient les enfants des petites écoles gratuites.

Mais voici, du reste, une preuve formelle de l'existence des petites écoles à Hédé concurremment avec celle du subcuré ; c'est M. Jan Ollivier, recteur de Bâzouges et Hédé, qui nous la fournit.

En 1678, l'année même du décès de missire Guillaume Mahé, en réponse à une demande de Mgr de Beaumanoir de Lavardin, évêque de Rennes, ce recteur, représentant du Prieur, atteste qu'il y avait « en la ville de Hédé un maistre d'escole pour les garçons, de bonne vie et mœurs » et que « les filles vont aux Religieuses et les garçons au maistre d'école » [Note : Arch. d'Ille-et-Vil. G, 470].

Quel est ce maître d'école dont nous parle missire Jan Ollivier ? Il ne nous le nomme pas, mais nous pouvons croire que c'est un certain Louis Le Long qui mourut à Hédé en 1710, âgé de 70 à 72 ans, et qui eut eu, par conséquent, à cette époque 38 à 40 ans.

Après lui vint Guillaume Suavec, qui vécut jusqu'en 1717 et fut remplacé par maître Charles de la Motte. Celui-ci était marié. Il remplit ses fonctions pendant treize ans, jusqu'en 1730, niais, à cette époque, à la suite du décès de Perrine Le Gras, sa femme, morte en couches avec les deux jumeaux qu'elle venait de lui donner, il semble qu'il dut quitter Hédé, car nous n'entendons plus parler de lui et nous ne trouvons pas dans les registres de l'église son acte d'inhumation.

Celui qui lui succéda alors fut maître Jan Villandre, sieur de Champellan, qui alla se marier à Tinténiac, le 13 février 1733, avec dlle Jeanne Haguet, dont il eut un fils, Jean-Baptiste, baptisé à Hédé en 1736. Que devint-il ensuite ? Nous l'ignorons.

Après lui, nous trouvons pour diriger les petites écoles un nommé Jean Morel. Celui-ci semble être resté célibataire. Du moins, les registres des naissances sont muets à son égard. On ne connaît de son existence que la date de sa mort. C'est le 5 mars 1786 qu'il fut inhumé au cimetière de Hédé après avoir rempli pendant longtemps, on peut le croire, sa tâche pénible et difficile et vu passer sur les bancs de son école de nombreuses générations, car il avait alors 70 ans.

Il est remarquer que tous ces maîtres d'école semblent être venus du dehors et portent des noms étrangers au pays qui ne se rencontrent ni à Hédé, ni à Bâzouges, ni dans les paroisses voisines. Maître Jan Morel est le dernier que nous connaissons avant la Révolution. Par qui fut-il remplacé et fut-il même remplacé ?

La Révolution, en faisant table rase des institutions de la Monarchie, enleva à la petite ville de Hédé, par la suppression de sa juridiction royale et des Etats où elle députait, toute son importance pour en faire un chef-lieu de canton rural. Il lui fallut longtemps pour se remettre de sa chute, mais si nous ne savons ce qui se passa à Hédé pendant la période révolutionnaire où la ville était devenue une sorte de place de guerre, nous savons que les habitants ne s'étaient point désintéressés de l'instruction de leurs enfants. Malheureusement, ils étaient pauvres et, le 11 floréal an XI (25 mars 1803), tout en témoignant de leur grand désir d'avoir, en conformité de la loi du 10 floréal, un instituteur, ils étaient obligés d'avouer au Préfet que, par suite du mauvais état des finances de la ville dont les dépenses dépassaient de beaucoup les recettes entièrement engagées pour des besoins et des travaux urgents et de toutes nécessités, il leur était matériellement imposible de faire aux bâtiments du vieux Prieuré (presbytère actuel) que, le 11 germinal an VII, ils avaient réservé pour le logement d'un instituteur public, les réparations même les plus indispensables. Du reste, ils avaient trouvé un prêtre du pays, de bonne volonté, M. l'abbé Boursin [Note : Missire Pierre-Laurent Boursin, vicaire de Hédé, né en 1747, fils de Maître Julien Boursin, sieur de Grandmaison, Procureur et Notaire au Siège Royal, Receveur des Consignations et Correspondant, de la Commission intermédiaire, et de demoiselle Laurence Faisant. Mort cette même année 1809, âgé de 62 ans], qui avait bien voulu se charger de diriger l'école des garçons et à leur satisfaction, puisque le Conseil Municipal, dans sa séance du 10 juillet 1809, déclare « lui continuer, eu égard aux services qu'il rend à la commune comme instituteur, son traitement annuel de 400 fr., sans déduction de la rente qu'il reçoit du gouvernement ».

Après lui, ce fut M. l'abbé Regnault, prêtre libre, qui vint s'établir à Hédé comme vicaire.

Leur instituteurs qui leur succédèrent furent des laïques. Leur situation était misérable. Le Conseil Municipal, dans sa délibération du 12 mars 1833, déclare « qu'il ne peut lui donner que 50 fr. Qu'il ait vingt élèves payant 1 fr. 50 par mois pendant dix mois ; c'est une rétribution de 300 fr ». C'est donc avec cette somme de 350. fr. « que cet instituteur qui est sans fortune doit payer son loyer, se nourrir et pourvoir aux nécessités de sa famille, composée d'une femme et de cinq enfants, Cet homme manque du nécessaire ». Le Conseil prie M. le Préfet de le comprendre « au moins pour 150 fr. sur le tableau des secours promis par le gouvernement aux instituteurs primaires qui sont dans le besoin ».

Cet appel fut-il entendu ? je ne le crois pas, et le malheureux dut se voir obligé de quitter la ville pour ne pas mourir de faim, car l'année suivante le Conseil faisait affaire avec un jeune homme, M. Gaultier, élève de l'École Normale, qui consentit à accepter les offres plus que modestes qu'il pouvait lui faire, à savoir le logement, une subvention provisoire de 50 fr. pouvant augmenter suivant l'état des finances, « la rétribution mensuelle de 1 fr. 50 payée par l'élève qui écrit et de 1 fr. par celui qui n'écrit pas encore, » et, enfin, il faut l'espérer, l'indemnité sollicitée du gouvernement par la commune, si le Préfet veut bien l'accorder. On était loin alors du traitement des instituteurs actuels.

Je veux ajouter que, malgré cette situation si véritablement misérable, M. Gaultier, qui fut mon premier maître, n'a jamais failli à son devoir et, pendant toute la durée d'une existence qui fut longue, ne cessa de remplir ses pénibles fonctions avec le plus grand zèle et le plus grand dévouement.

 

II.

LES DAMES RELIGIEUSES.

L'organisation du Monastère des Dames religieuses de Hédé était la même que celle des autres Ursulines et même de tous les couvents de femmes. C'était tout d'abord la Supérieure ou Prieure, puis la Sous-Prieure, la Préfète, la Discrète, les Religieuses Conseillères ou Vocales dont la réunion constituait le Chapitre qui délibérait sur toutes les affaires, puis les autres religieuses, les Novices et les sœurs Converses.

Lorsqu'un jeune fille manifestait le désir de se consacrer à Dieu, il lui fallait tout d'abord faire un stage de un an à titre de Postulante, puis, au bout de ce temps, si la vocation persistait, si aucun empêchement de famille ou autre ne venait faire obstacle, elle était admise à prononcer ses vœux.

Nous n'avons aucun registre de l'ancien couvent pour nous renseigner. sur les cérémonies qui accompagnaient la prise de voile, mais nous avons les registres de professions du Monastère de Tréguier, qui remplaceront ceux de Hédé. Tous les procès-verbaux y sont inscrits et tous se ressemblent. La formule de la prononciation des vœux et de la renonciation au monde était uniforme et exactement la même pour toutes ; les noms seuls des religieuses la différenciait. Il y a donc lieu de croire que cette formule générale devait servir également à tous les couvents sortis de cette maison. Voici celle que prononça Mme de Keruzec, qui devait être la dernière Supérieure de Hédé :

« Mon Dieu, père, fils et Saint-Esprit, je, Sœur Louise Pétronille de Kéruzec, dite du Cœur de Marie, vostre très indigne servante, me confiant en vostre miséricorde et bonté infinie et, en l'assistance de la Sacrée Vierge, de nostre père Saint-Augustin, et de sainte Ursule, ma patronne, vous fais vœu de pauvreté, de chasteté et d'obéissance perpétuelle selon la Règle de saint Augustin soubs le nom et invocation de sainte Ursule ; et promaits à vostre divine Majesté de ne me départir de l'observance de ces miens vœux. Je demande à vostre bonté infinie, avec une profonde humilité, la persévérance jusques à la fin de mes jours par les mérites de mon Sauveur et Rédempteur Jésus-Christ et par l'intercession de la Vierge immaculée, de nostre père saint Augustin et de sainte Ursule, ma patronne, de mon bon ange et de tous les saints, lesquels je suplie m'assister. Sœur Louise Pétronille de Kéruzec, dite du Cœur de Mairie » [Note : Arch. dép. des Côtes-du-Nord. Fonds des Ursulines de Tréguier].

Les Supérieures étaient nommées pour six années consécutives seulement, et reprenaient leur place parmi leurs compagnes, ne pouvant être réélues qu'après un intervalle de six ans, au moins, ou quittant le couvent. Exception semble, cependant, avoir été faite, sans doute à cause de la difficulté des temps, pour Madame de Kéruzec, nommée en 1783, et qui l'est encore en 1792, au moment de la fermeture du Couvent.

Les Supérieures n'étaient pas choisies nécessairement parmi les Religieuses de Hédé. Beaucoup appartenaient à des familles nobles étrangères au pays et la plupart, même, furent appelées de la communauté de Tréguier, soit que celle-ci eut plusieurs religieuses intelligentes à placer, soit qu'elle tint à garder la haute main sur les maisons qui sortaient de chez elle.

Les Postulantes accouraient en grand nombre. Riches ou pauvres, roturières ou nobles, elles étaient accueillies avec empressement lorsqu'on croyait reconnaître en elles ces qualités de piété et de dévouement nécessaires pour la tâche qu'elles étaient destinées à remplir.

De toutes les Dames qui composèrent le monastère de Hédé, nous ne savons que fort peu de choses. A peine si nous connaissons le nom de quelques-unes.

La cause de cette ignorance tient à la disparition des Archives du Couvent. Dans toutes les Communautés religieuses existaient deux registres. Dans le premier, registre des Vêtures, étaient insérées les entrées de toutes les Novices et Postulantes et les procès-verbaux des prises de voile ; l'autre était l'Obituaire ou registre des décès.

Lorsque une religieuse cloîtrée venait à mourir, toutes les cérémonies funéraires, ayant un caractère absolument privé, se célébraient derrière des grilles et, l'inhumation faite par le Chapelain à l'intérieur d'un enclos dans lequel personne ne pouvait pénétrer, le décès était inscrit sur le livre du Couvent, sans qu'on se préoccupât d'en faire aucune mention sur les registres de la paroisse, les religieuses ne comptant plus dans le monde depuis le jour de leur profession.

Hédé avait comme les autres Couvents son livre de Vêture et son Obituaire. Là, on aurait pu trouver tous les renseignements utiles : familles, dates de naissance, de profession, de décès. Malheureusement, les registres abandonnés comme biens de la Nation par les Ursulines, lorsqu'elles durent quitter leur Maison, n'ayant le droit d'emporter que leurs effets personnels, y furent brûlés en 1793.

Malgré l'absence de ces documents, qui nous auraient été si précieux, nous avons pu retrouver de côté et d'autre [Note : Les principales sources où nous avons puisé sont Arch. dép. d'Ille-et-Vilaine, 1 H. 30 et 2 H. 80 ; Arch. dép. des Côtes-du-Nord, Fonds des Ursulines de Tréguier ; Notice d'une Religieuse anonyme de Montfort ; Registres de la Communauté de Ville de Hédé ; Minutes de Boursin, de Robiou, de Du Pont, Notaires ; Actes divers, etc.] les noms de quelques-unes de ces religieuses, soixante-quinze environ, chiffre peu considérable, sans doute, si nous nous rappelons que, rien qu'en 1735, le Couvent renfermait, sans compter les pensionnaires et les domestiques, soixante Ursulines, mais suffisant, cependant, pour nous faire apprécier de quels éléments se composait la Communauté.

Commençons par les Supérieures :

1° Dame Françoise de Tavignon : 1666-1667
N ......... : 1667-1673
N ......... : 1673-1679
2° Dame Catherine de Trolong : 1679-1685
N ......... : 1685-1691
N ......... : 1691-1697
N ......... : 1697-1703
3° Dame Isabelle de la Bouexière, S.-Prieure en 1685 : 1703-1709
4° Dame Anne-Françoise Pinart de Codoalan, S. de la Nativité : 1709-1715
N ......... : 1715-1721
N ......... : 1721-1727
N ......... : 1727-1733
5° Dame Anne Rabasté, S. de S.-Augustin, Conseillère, 1711 : 1733-1739
6° Dame Jeanne-Marie Hervagault, Conseillère, 1739 : 1739-1745
7° Sœur Sainte-Bernard Godeau, Procureuse en 1752 : 1745-1751
8° Sœur Rose Estin, Sous-Prieure, 1759 : 1751-1757
bis Sœur Sainte-Bernard Godeau, Procureuse, 1752. Discrète, 1765 : 1757-1763
bis Sœur Rose Estin, de l'Ange Gardien : 1763-1768
9° Dame Sylvie Visdelou de Saint-Joseph, Préfète en 1765-78 : 1768-1775
10° Dame Marie-Anne Le Mintier, dame Marie Céleste : 1775-1777
11° Dame Marie des Anges du Quelenec de Locmaria : 1777-1783
12° Madame de Keruzec : 1783-1792.

Les Religieuses [Note : Nous les inscrivons suivant l'ordre dans lequel nous les rencontrons] :
13° Sœur Angélique, qui prend le voile le : 27 août 1668
14° Gillette Courtin, Sœur de la Conception : 28 août 1668
15° Sœur Catherine, nièce de M. de la Maisonneuve Collin : 24 juin 1669
16° Sœur Thérèse : Janvier 1671
17° Sœur Jeanne Rouget, Sous-Prieure en : 1683
18° Damoiselle Charlotte Urvoy, Sœur de tous les Saints, entrée : 29 avril 1695
19° Demoiselle Olive Collichet, Conseillère en 1685 : 1683
20° Dame Sébastienne Guézille, dame de la Gonzée : 1685
21° Marguerite Rossignol, Conseillère en 1704 : 1695
22° Yvonne Leveillé, Sœur de la Nativité, Procureuse, 1704. Discrète en : 1711
23° Révérende Mère Guillemette-Charlotte de la Corbière, entrée en : 1705
24° Sœur Jeanne Lardoux, S. de Saint-Jean, Procureuse en : 1711
25° Elisabeth Robiou, Sœur Sainte-Angèle, Conseillère : 1711
26° Julienne Haslou, Novice en : 1712
27° Mère Sainte-Anne, tenant la pharmacie en : 1719
28° Mademoiselle Du Bouays de Couasbouc, Sœur : 1713
29° Sœur Anne Faisant de Saint-Paul, Préfète : 1739
30° Sœur Marie-Thérèse Porée de Sainte-Colombe, Conseillère : 1739
31° Sœur Jeanne Le Mascrier de Saint-Charles, Conseillère : 1739
32° Sœur Gertrude de Launay, Procureuse : 1742
33° Sœur Jeanne Le Drezenec, du Saint-Sacrement : 1765
34° Dlle Françoise-Louise Gallais : 1735
35° Révérende Mère Laurence Le Roy, Sœur Sainte-Madeleine, Conseillère : 1711
36° Sœur Marie Le Gonidec de Linadec, Sœur Sainte-Pacifique, Procureuse, 1739-1765. Conseillère en 1768, 75 ans : 1713
37° Renée Lesné, Sœur du Saint-Esprit, Préfète en 1768, 70 ans, Procureuse, 1769 ; tient la pharmacie après la Sœur Anne.
38° Jeanne Du Chatel, Soeur Sainte-Angélique, née en 1695, Religieuse en : 1717
39° Sœur Anne Godier, Sœur Sainte-Claude, née en 1695, Discrète en 1768, 72 ans, Religieuse en : 1713
40° Claude Clavier, Sœur de Saint-Jean, Conseillère en 1768, 72 ans.
41° Sœur Rose Potard, Sœur de Sainte-Geneviève, née en 1695, 73 ans en 1768, Religieuse en : 1718
42° Sœur Thérèse Lorant, Sœur de Sainte-Victoire, née en 1700, Religieuse en : 1718
43° Sœur Laurence Mac-Mahon, Sœur Sainte-Séraphique, née en 1696, Religieuse en : 1720
44° Sœur Françoise Vatar, Sœur Sainte-Céleste : 1768
45° Sœur Agathe Brechu, Sœur de Sainte-Reine : 1768
46° Marie-Elisabeth, Guynot, Religieuse en : 1772
47° Sœur Perrine Farcy, Sœur de Sainte-Angélique, Conseillère en 1780 : 1774
48° Sœur Jeanne Guillou, de Sainte-Rosalie, Conseillère en 1789 : 1789
49° Sœur Perrine Carré, Sœur Saint-Charles, Conseillère en 1789 : 1774
50° Sœur Françoise Ollivart, Sœur Sainte-Françoise, Religieuse en : 1772
51° Perrine Ollivart, Sœur de Sainte-Reine, Religieuse en : 1773
52° Soœur Charlotte Baziran, Sœur de Sainte-Marie.
53° Sœur Jeanne-Marie Nolais, Novice en 1769, Religieuse en 1770, Préfète en 1785-89, Supérieure à Montfort en 1807.
54° Marie-Jeanne Collet, Mère Saint-Augustin, Procureuse en 1774, Discrète en : 1789
55° Françoise Nicolle, Mère Sainte-Ahne de Jésus, Conseillère : 1774
56° Renée Ruault, Mère Sainte-Ursule, Conseillère : 1774
57° Marie-Anne Aubry, Mère Sainte-Angèle : 1785
58° N... Du Patty, Mère Sainte-Marie-Madeleine : 1785
59° N... Bordier, Mère Sainte-Marie-Claire : 1785
60° N... Rufflet, Mère Sainte-Aimée de Jésus : 1785
61° Gilette Monnier, Sœur Sainte-Marthe : 1774
62° Jacquemine Pihan Sœur Sainte-Félicité. Entrée au couvent le 4 avril 1776. Procureuse en : 1789
63° Anne-Marie Monnier, Mère Marie de Jésus. Religieuse le 28 avril 1773, Conseillère : 1789
64° Angélique Le Carmur, Sœur Saint-Xavier : 11 septembre 1774
65° Angélique Louis, Sœur Sainte-Agnès : 10 mars 1776
66° Etiennette Haye-Durand, Mère Sainte-Marie des Anges, Conseillère en 1789, Religieuse : 24 mars 1775
67° Marie Briand, Mère Sainte-Pélagie, 7 mars 1779 : 1789
68° Aimée Boisson, Sœur Marie-Claire, 17 août 1780. : 1789
69° Marie Gernigon, Soeur Sainte-Geneviève, novembre 1780 : 1789
70° Dlle Jeanne-Marie Guynot, Novice le 10 mars 1787.

Sœurs Converses :
71° Sœur Anne Vannier, Tourière, morte en 1723, environ 48 ans, inhumée dans le cimetière de Hédé.
72° Sœur Gabrielle Poullain, Tourière, inhumée au cimetière de Hédé en 1713.
73° Olive Callix : 1772.
74° Perrine Thomasson, Cuisinière et Tourière : 1777.
75° Claudine Poupin, fille de Pierre Poupin et de Gilette Morin, originaire de la paroisse de Saint-Marc, évêché de Rennes, Tourière du couvent, morte le 11 décembre 1760, âgée d'environ 42 ans, inhumée le 12 dans l'église de Hédé.
76° Jeanne Polinas, morte en 1755, inhumée le 6 janvier au cimetière de Hédé.

Cette liste de noms aurait besoin, pour être plus intéressante, d'être accompagnée d'une petite notice biographique pour chaque personne. Cela est presque impossible. Cependant, nous allons l'essayer, au moins pour quelques-unes.

1. Mme Françoise de Tavignon appartenait à une famille noble de l'évêché de Tréguier, aujourd'hui éteinte. Née vers 1711, elle était fille de écuyer Jacques de Tavignon, seigneur de Kerrichard, et de dlle Jeanne Mainguy, demeurant à la maison du Clos, paroisse de Quemper-Guézennec. Ses armoiries, « de sable à la croix pleine d'argent cantonnée, au premier, d'un trèfle de même », avec la devise « In hoc signo vinces », semblaient avoir été composées exprès pour exprimer les sentiments religieux de ses ancêtres et les siens. Elle ne fut pas la seule de sa famille à vouloir se consacrer à la vie religieuse, car, lorsque, le 29 juillet 1733, elle se présentait avec le consentement de sa mère, veuve, pour être admise en qualité de Sœur de Chœur et Religieuse aux Ursulines de Tréguier, elle n'était pas seule. Sa sœur, Mlle Péronnelle de Tavignon, l’ascompagnait et demandait, comme elle, à prononcer ses vœux, promettant toutes deux de fournir 3.200 livres tournois pour leur dot, 100 livres pour des ornements d'église et 300 livres de rente annuelle pour leur pension. Une autre personne du même nom, Sœur Marie-Marthe de Tavignon, était, en 1744, Supérieure au Couvent des Dames de la Visitation de Rennes.

2. Dame Catherine de Trolong était fille aînée et première juveigneure de noble écuyer François de Trolong et de dlle Marie Le Merdy, Sr et dame de Coadalan. Kervelguet, Lochou, etc., demeurant en leur maison noble de Kervelguet, paroisse de Mantallot, qui portaient « écartelé au premier et quatre d'argent à cinq tourteaux de sable en sautoir, au 2e et 3e d'azur au château d'argent », avec la devise « Rak-tal » (sur-le-champ).

Elevée au Couvent de Tréguier, de pensionnaire elle y devint le 28 février 1748, avec le consentement de ses parents, Novice, en payant 1.200 livres de dot et une rente annuelle de 120 livres.

Ses vœux prononcés, le 1er mars 1650 elle était Préfète.

De 1683 et jusqu'en 1689, elle remplit les fonctions de Supérieure à Hédé. Y était-elle venue avec Mme de Tavignon et lui succéda-t-elle immédiatement ? C'est peu probable, car il y a un intervalle trop long entre 1669 et 1683. Il est plutôt à croire que Hédé n'ayant encore que des sujets trop jeunes et trop peu expérimentés pour faire prospérer une maison nouvelle, Tréguier dut en envoyer qui nous sont inconnues pour remplacer la défunte.

Par acte des 10 et 27 juin, la Communauté de Hédé fait des réclamations, à sa poursuite, à l'occasion de la vente d'une prée, le Prat Coz, pour essayer de recouvrer une certaine somme qui faisait probablement partie de sa dot. Après 1689, nous n'en entendons plus parler à Hédé. Elle retourne à Tréguier, où en 1700 et 1702 nous la retrouvons avec le titre de Préfète.

3. Dame Isabelle de la Bouexière. — Il y a plusieurs familles portant le nom de la Bouexière. Il est difficile de dire à laquelle notre Supérieure appartenait. Cependant nous pouvons croire que, comme aussi la dame Marie-Anne-Modeste de la Bouexière, religieuse au couvent de Tréguier, sous le nom de Sœur de Tous les Saints, morte le 1er mars 1774, âgée de 78 ans, elle était de celle des seigneurs de la Bouexière et de la Fontaine-plate, de Restolles et de Kerguilly, de Coatouroux, etc., de l'évêché de Tréguier, qui portaient : de gueules à 7 merlettes d'or, 3. 1. 3., avec la devise : tout en paix.

4. Mme Anne-Françoise Pinart de Coadalan, Sœur de la Nativité, aussi originaire du diocèse de Tréguier. Ses armes étaient « Fascé ondé de six pièces d'or et d'azur au chef de gueules chargé d'une pomme de pin d'or ». Citée comme Supérieure le 3 juillet et le 3 août 1711, elle, était aussi, vraisemblablement, du monastère de Tréguier.

5. Dame Anne de Rabasté appartenait à une famille noble du pays (d'argent à trois chauves-souris de sable) qui avait de nombreux représentants dans les paroisses de Montreuil-sur-Ille, Guipel, La Baussaine, Tinténiac, Notre-Dame de Dol, etc. Elle était fille de Guy Rabasté, Sr de Pontfily, et de dame Anne de Bregel. Elle naquit au château de la Besnelaye, en Tinténiac, le 23 décembre 1672 et fut baptisée le 10 janvier suivant. Elle eut pour parrain Messire François de la Bélinaye, Sr du Plessis, et pour marraine dame Anne de Rollée, fille de Messire Antoine, Sr de la Moinerie, et épouse d'écuyer Roch de Bregel, Sr de la Couespelaye, en présence d'écuyer Charles de Rabasté, Sr de la Besnelaye, son oncle, et de dlle Jeanne de Bregel, dame de la Couespelaye.

6. Dame Jeanne-Marie Hervagault, ou Anne-Marie, naquit à Hédé de Mr maître Henry Calliope Hervagault, Sr du Péray, Conseiller du Roi, Sénéchal et seul Juge de la Cour et Siège royal, et de dame Françoise Guybert ; elle fut baptisée le 8 novembre 1691 et tenue sur les fonts, attendu que ses parrain et marraine choisis « étaient absents, par deux petits pauvres, sçavoir Jean Dagoret et Guillemette David ». Conseillère en 1739, puis Supérieure en 1742.

9. Dame Sylvie de Visdelou, Sœur de Saint-Joseph, « d'argent à trois têtes de loup arrachées de sable », née vers 1696, fait profession en 1716. Préfète en 1765, elle avait 72 ans lorsqu'en 1768 elle acceptait, comme Supérieure, au nom de la Communauté, l'héritage des Catherinettes de Rennes. En 1777, elle vivait encore, redevenue Préfète.

10. Dame Marie-Anne Le Mintier, dame Marie-Céleste : de gueules à la croix engreslée d'argent. Nous ne savons à quelle branche elle peut appartenir. Elle venait sans doute aussi de Tréguier. Elle ne semble avoir été supérieure que deux ans, de 1775 à 1777, et être norte dans cette dernière année.

11. Dame Marie des Anges du Quelenec de Locmaria. Les Quelenec, ramage d'Avaugour, avaient pour armoiries : d'hermines au chef de gueules chargé de trois fleurs de lys d'or, avec la devise : en Dieu m'attends. Supérieure en 1777 et 1778 ; venue de Tréguier, elle y retourna après avoir cessé ses fonctions.

12. Mme Louise Pétronille de Keruzec était encore une religieuse envoyée de la maison mère de Tréguier. Nous avons donné le procès-verbal de la prononciation de ses vœux que nous avons retrouvé dans un acte signé de sa main, mais sans date, les registres de profession du Couvent de Tréguier conservés aux Archives départementales des Côtes-du-Nord (Côtes-d'Armor) ne commençant qu'en 1746 et qui ne nous donne pas sa filiation. Les armes de Keruzec étaient : de sable à dix billettes d'argent (alias d'or). C'est en 1783 qu'elle prit possession de l'administration du Monastère de Hédé, qu'elle garda jusqu'au moment où la Révolution vint l'en chasser.

14. Mlle Gilette Courtin, originaire de la ville de Hédé où elle naquit en 1650. Fille de n. maître Julien Courtin, sieur des Ruisseaux, Notaire royal, Procureur Syndic des Bourgeois et Député de la Communauté de Ville aux Etats tenus à Nantes en 1651 et de dame Mathurine Geffroy, elle était sous-Prieure en 1704 et Préfète en 1711.

17. Sœur Jeanne ou Anne Rouget, fille de maître René Rouget, sieur des Rochers de la juridiction de Bazouges, Greffier de Hédé en 1652, Syndic de la Communauté de Ville en 1655, et de dlle Ambroise Bastard. Elle était née à Hédé en 1655.

18. Dlle Charlotte Urvoy, le 29 avril 1695 prononçait ses vœux au monastère de Hédé sous le nom de Sœur de Tous les Saints. Elle était le septième enfant de Gilles Urvoy, sieur de la Touche Bréhaut et de la Motte aux Rochers, et de dame Péronnelle Le Gascoing. « D'argent à trois chouettes de sable, membrées et becquées de sable ». Née au château de la Motte aux Rochers, en Québriac, le 12 mai 1678, et baptisée le dit jour « à cause du péril », elle ne fut nommée que le 25 et eut, pour parrain, Ecuyer Charles Urvoy, sieur de la Boche Closmadeuc, et, pour marraine, damoiselle Olive Fournier, dame de Saint-Trimoal. Son père avait donné pour sa dot la jouissance de la Métairie noble de Noyant, dans la paroisse de Dingé, mais, après la mort de celui-ci, son fils aîné, Gilles, sieur de Saint-Bédan, regrettant cette maison dans laquelle précisément il était né, désira en reprendre possession et signa, le 9 février 1703, par devant Maître Boursin, Notaire, avec les Dames Religieuses, un arrangement par lequel il reprenait la pleine possession de la Métairie et de son revenu, s'engageant à donner en échange une somme de 2.000 livres tournois ou plutôt le revenu à 5%, soit 200 livres tournois, payables chaque année au jour de Noël.

Elle était tante de dlle Marguerite Urvoy, dame de Noyant, fille de Messire Gilles Urvoy, Sr de Saint-Bédan, la Touché, Noyant, etc., son frère, et de dlle Claude-Olive de Keremar, aussi Religieuse Ursuline, mais au Couvent de Tréguier où elle était reçue le 5 mars 1721 sous le nom de Sœur Sainte-Angèle en payant une pension de 75 livres garantie par son frère, messire Annibal-Marin Urvoy de Saint-Bédan et Supérieure de 1766 à 1771.

Il y avait encore au couvent de Tréguier deux autres religieuses du nom d'Urvoy, filles d'écuyer Gilles-Jacques Urvoy, seigneur de Kerstainguy, et de dame Gilette de la Chapelle, demeurant à Lamballe : Mathurine-Anne, née en 1646, novice 13 septembre 1671, qui prend le voile en 1672, et Françoise-Renée, qui, sous le nom de Sainte-Scholastique, prend le voile le 1er juillet 1670.

19. Dlle Olive Collichet était née à Saint-Malo, le 15 mai 1647, de noble homme François Collichet, Sr du Portail, et de dame Hélène Trémaudan, mais descendait d'une très ancienne famille de Hédé que nous y rencontrons à la fin du XVIème siècle dans la personne de Maître Jean Collichet, époux de dlle le Artuze… qui meurt en 1615 et est inhumé dans l'église, le 24 juin.

Un de ses parents, oncle ou grand'père, Maître Jan Collichet, Sieur du Portail, donnait au mois de juin 1643 à l'église de Hédé « l'imaige du Crucifix qui a coûté 200 livres » ; le 2 juillet 1652, « l'imaige de la Vierge et de saint Jean aux costés du Crucifix » ; enfin, en 1657, une image en marbre cristallin [Note : Registre des naissances de l'église de Hédé. (Notes en marge)] (de la Vierge) encore aujourd'hui dans l'église ou gardée au presbytère.

Nous n'avons point la date du décès du donateur, mais la pierre qui recouvrait son corps se voit toujours dans le pavage au bas de l'église.

On peut lire autour : « NOBLE HOMME. lAN. COLLICHET. SIEVR : DV : PORTAIL ».

Une croix avec le monogramme IHS entre les bras. Au-dessous, un écusson : à la bande senestre chargée de 3 croix de Saint-André et accostée, à droite, d'un goupillon (?), et, à gauche, d'un croissant.

C'était une famille de riche bourgeoisie dont dlle Jacquemine Collichet, fille très vraisemblablement de Maître Jan et dlle Artuze ci-dessus, épousait vers 1616 messire Thomas de Lanjamet de Vaucouleurs, seigneur de la Boulaye-Ferrière et de la Ville-André, en la paroisse de Dingé, et y fut inhumée en mai 1641 dans l'église sous la tombe proche l’arcade de la Ville-André [Note : Registres paroissiaux de Dingé].

21. Dlle Sébastienne Guézille, d'une famille noble dont les rameaux nombreux s'étendaient sur plusieurs paroisses des environs de Hédé (d'argent à la haye de sable).

Nous n'avons point le lieu ni la date précise de sa naissance, mais nous avons tout lieu de croire qu'elle était née à la Chapelle-Chaussée vers 1634 de écuyer Bertrand Guézille, Sr du Basbourg, et de dlle Jeanne Beschart. Vers 1651 elle épousa son cousin germain, écuyer Jean Beschart, Sr de la Gonzée, Procureur du Roi à Hédé, veuf de dlle Laurence Trémaudan. Le mariage dura trente ans et ne donna que deux enfants qui moururent en naissant.

Quand elle devint veuve en 1681, la dame de la Gonzée se trouva seule et isolée dans la vie. Le Couvent des Ursulines offrait un refuge aux personnes dans sa position. Elle y entra d'abord en qualité de pensionnaire puis ensuite comme Postulante. Elle vendit, en 1684, la maison qu'elle avait habitée sur la place de l’Eglise, tranporta au Couvent les meubles qui lui étaient nécessaires et, lorsque le temps prescrit par la Règle fut écoulé, elle demanda à prononcer ses vœux. Elle remontra, devant les Religieuses « assemblées capitulairement après le son des cloches », que « le désir de vivre et mourir dans le Saint Nom de Dieu et Monastère des Religieuses l'y avait fait entrer pour être leur Sœur et Religieuse de Chœur ; que, depuis qu'elle y est, sa vocation a tellement augmenté que... elle a résolu d'y passer le reste de ses jours et qu'elle supplye les Dames Religieuses de la y vouloir définitivement recevoir pour qu'elle y reste après l'expiration de son noviciat,... pour y vivre en closture perpétuelle dans l'observation des Règles de leur Ordre et y être, comme les autres... gardée et soignée saine où malade ». Elle donne « pour la substance de sa dot la propriété, seigneurie et jouissance d'une pièce de terre en pré, nommée le Pré en Bas... estimée 800 livres tournois », en y ajoutant « les meubles et effets qu'elle avait apportés tant pour satisfaire au surplus de sa dot que pour son ameublement, paiement de sa pension en attendant sa profession, pour frais des habits et pour rétribution des messes qui ont été célébrées à la Chapelle aux frais de la Communauté, d'autres prières y faictes depuis le décès du sieur de la Gonzée et autres encore qu'elles feront, en attendant, pour la conservation de sa personne pendant son vivant et, après son décès, pour le repos de son âme, dudit feu Sr de la Gonzée, de ses père et mère et de ses autres amis décédés » [Note : Minutes de Marc Robiou, Notaire Royal].

23. Guillemette-Charlotte de la Corbière, originaire du Mans, fille puisnée de Messire Claude de la Corbière, Chevalier, Sr de Javigné, Conseiller au Parlement, et de dame Marie du Pourpon. « D'argent au lion de sable, armé, lampassé et couronné de gueules », était déjà depuis longtemps pensionnaire aux Ursulines, lorsqu'en 1705, après la mort de ses parents, elle se décida à prononcer ses vœux.

Elle fit alors un arrangement avec sa famille, Mme Marguerite-Françoise de la Monneraye, veuve de son frère aîné, Messire Charles-Guillaume de la Corbière, Sr de Juvigné, et Messire Mathurin-Claude de la Corbière, Sr de Benischère et du Feu, son autre frère.

Par acte devant Maîtres Boursin et Robiou, Notaires royaux à Hédé, le 6 octobre 1685, Mlle de la Corbière déclare que, « infirme, sujette à de griefves maladies » qui l'empêchent de gérer ses biens temporels et, pour plus facilement vacquer à son salut éternel, ... elle abandonne à la dame de Juvigné et au seigneur de la Corbière la gestion de ses biens à condition d'une rente viagère de 200 livres tournois par an, payable aux deux termes de Noël et de la Saint-Jean, puis, pour l'ameublement de sa chambre 100 livres tournois et pour, après son dècès, les frais funéraires, honoraires des services et messes qui seront célébrés à son intention et à celle de ses père et mère et amis défunts, la somme de 200 livres. Les Religieuses réunies en assemblée capitulaire, acceptent de « nourrir, entretenir, soigner et faire médicamenter la dite damoiselle de la Corbière en leur maison, moyennant le paiement de la dite rente, pendant ses jours jusqu'à son décès, même la recevoir à faire vœu de closture perpétuelle dans ledit jour de Noël prochain » [Note : Minutes de Boursin, Notaire Royal].

25. Mlle Elisabeth ou Isabelle Robiou était fille de Maître Jean Robiou, Sr des Planches, Avocat au Siège royal, Sénéchal de la Juridiction du Chesnay en la paroisse de Guipel, Syndic de la Communauté de ville, et de dame Jeanne Hervoches. Elle fut baptisée en 1672, mais devait être née beaucoup plus tôt, car son père s'était mariée en 1659 et elle devait avoir environ vingt-deux ans lorsque celui-ci, par acte du 27 février 1682, passé devant Maître Michel Bodin, Notaire royal, « pour la dot de sa fille Isabelle, Postulante, cède et bâille aux Religieuses à perpétuité un bien qui relève tant du roy, nostre sire et souverain seigneur par son domaine de Hédé, que d'autres seigneuries indivis et non party avec Anne Robiou, son autre fille (née en 1668) » [Note : Reg. du Greffe de la Sénéchaussée de Hédé, Arch. dép. d'Ille-et-Vilaine].

26. Julienne Haslou, novice, vend aux religieuses de Hédé, par contrat du 7 juin 1912 au rapport de Maître Gaisnel, Notaire Royal, une maison dépendant de son héritage.

28. Mlle de Couasbouc. C'est un testament de Mlle Jeanne du Bouays [Note : Jeanne-Françoise du Bouays, fille de Pierre, Sr de Couasbouc, et de dame Pétronille du Perrier, et sœur de Guy, Sr de Saint-Gondran, Couasbouc etc.], demoiselle de Saint-Gondran, en date du 13 mars 1713, qui nous fait connaître son existence au Couvent, mais sans nous donner son prénom. Mlle Jeanne de Bouays donne 300 livres tournois en messes à l'église de Saint-Gondran ; 100 livres tournois à son filleul Louis du Boys, fils .de M. du Rocher ; à Jacques du Boys, sr de la Rabine, son lit ; à Jeanne Françoise du Boys, 8 livres 4 sols de rente et à Mlle de Couasbouc, Religieuse à Hédé, 10 livres.

Il n'y a aucun doute que cette religieuse ne soit Anne-Mathurine, fille d'écuyer Guy, Sr de Saint-Gondran, Couasbouc, etc., et de dlle Jeanne Beschard, née en 1675, mais nominée seulement le 13 octobre 1682, en l'église de Saint-Gondran, où elle avait eu pour parrain messire Mathurin Barrin, Chevalier, Seigneur du Chalonges, la Hauteville, etc., et, pour marraine, dame Anne de Robien, épouse d'écuyer Pierre Beschart (de sable à la fasce d'argent bordée de gueules), et c'est à titre de nièce qu'elle est appelée à hériter de la soeur de son père, qui, lui-même, mort le 13, dix jours avant sa sœur, donne, par son testament, 500 livres pour prier Dieu aux paroisses de Saint-Gondran, Laugouet, Saint-Symphorien, la Chapelle-Chaussée et de même aux prêtres des religieuses Ursulines de Hédé.

29. Sœur Anne Faisant de Saint-Paul, née à Hédé en 1705, fille de n. g. Toussaint Faisant, sieur de Champchesnel, et de dlle Anne Courtin.

34. Dlle Louise-Françoise Gallais, fille de n. h. Jean-Joseph Gallais, Seigneur du Vivier, était novice en 1735 au Couvent des Ursulines, mais pour des raisons que nous de connaissons pas, sa profession était retardée. Il en résulta que, pour faire finir cet état de chose, son père fit faire « Sommations aux Religieuses d'avoir à lui remettre, sur le champ sa fille, novice, ou de lui restituer la somme de 1.000 livres tournois qu'il avait donnée pour la dot, plus 60 livres tournois pour le repas de la Communauté lors de la profession que sa fille devait faire, 18 livres pour le luminaire qui devait être employé à la solennité et des étoffes de la valeur de 60 livres tournois qu'il a données, tant pour l'habit que sa fille devait porter le jour de sa profession que pour la garniture de son lit, ou bien faire prononcer dans les huit jours les vœux définitifs à la novice comme elles s'étaient obligées de le faire ». Nous ne connaisons pas le résultat et si Mlle Gallais, dont nous ne retrouvons pas le nom, au moins parmi les religieuses portant un titre quelconque, put faire profession.

36. Sœur Marie Le Gonidec de Linadec, vraisemblablement petite-fille de Messire Yves Le Gonidec de Linadec, maintenu à la Réformation de 1668, et de dame Anne du Breil (d'argent à trois bandes d'azur ; devise : Ioul Doué (à la volonté de Dieu) ou avec un jeu de mot sur les armes : Fond d'argent n'est pas sans traverses). Née en 1693, elle prononça ses vœux en 1713.

37. Renée Lesné, Sœur du Saint-Esprit, pourrait être Renée-Jeanne Laisné, fille de noble homme Alain, avocat en la Cour, et de dlle Gilonne Le Gondier, née le 3 novembre 1690, en la paroisse de Toussaints de Rennes. Religieuse vers 1720.

38. Dlle Jeanne du Chastel, Sœur Sainte-Angélique, dont nous ne connaissons que le nom, était vraisemblablement de la même famille que les deux dlles Renée et Marguerite du Chastel, soeurs germaines et filles puînées de Jean du Chastel, Sr de Coetangars et de Breuillac, et de dame Marie du Cosquaer, religieuses novices à Tréguier, qui y prononcèrent leurs vœux le 25 octobre 1640.

40. Claude-Françoise-Anne Clavier, née à Québriac le 23 février 1696 de Maître Joseph Clavier, Sr des Closerayes, et de dlle Thomasse Lardoux. Elle eut pour parrain noble et discret Missire Jacques de Montalembert, Sr Recteur de Saint-Domineuc, et pour marraine dame Claude-Françoise Daen, épouse de Messire François-Gabriel de Derval, Seigneur de Vaucouleurs, qui lui donna ses noms. Elle prit le voile en 1717.

43. Sœur Laurence Mac-Mahon. Il y avait beaucoup de Mac-Mahon en Bretagne, venus en France à la suite de Jacques II, le roi d'Angleterre fugitif. On en trouve à Nantes dont un apothicaire, dans le Morbihan, à Saint-Malo, dlle Pélagie Mac-Mahon, morte vers 1726, épouse de Maître Etienne Presselin, Notaire et Procureur, dlle Marguerite Mac-Mahon, morte aussi à Saint-Malo, le 26 août 1725, 53 ans, épouse de François Coquelin, Sr de la Tiolais, etc.

44. Sœur Françoise Vatar, de la famille des Imprimeurs de Rennes, née vers 1699, prononce ses vœux en 1721.

45. Mlle Agathe-Jeanne-Ursule Bréchu, fille de Messire François Bréchu, seigneur du Chesnay en Guipel par sa première femme dlle Jeanne-Marie de la Piguelaye, Conseiller au Parlement, et de dame Marie de Kergorlay, née en 1700, fut baptisée le 11 mars, en l'église de Saint-Pierre en Saint-Georges de Rennes, où fut inhumé son père en 1721, et nommée par dlle Jeanne-Françoise-Renée Bréchu, sa sœur aînée.

Outre cette sœur aînée, mariée le 2 juillet 1715 à Messire Gabriel Le Métayer, Seigneur de Kerdaniel, Mle Agathe Bréchu en avait encore eu deux autres, religieuses comme elle, mais au Monastère des Bénédictines de Saint-Sulpice. Mme de Kergorlay Bréchu, après son veuvage, s'y retira elle-même pour finir ses jours, appelant même, en outre, du couvent de Hédé sa fille Agathe pour la soigner. En reconnaissance, sa mère fit, en 1742, donation à sa fille, « dame Agathe Bréchu, dame de Sainte-Reine, religieuse aux Ursulines de Hédé, d'une rente viagère de 100 livres tournois, outre celle de 50 livres qui lui avait été faite lors de sa profession » et, de plus, après sa mort, « un habit complet de religieuse, vu l'indigence et pauvreté des Ursulines de Hédé où elle a fait sa profession, estant obligée en conscience de lui donner cette pension pour luy assurer du pain dans une autre Communauté, pour les bons soins qu'elle m'a rendus pendant ma dernière maladie que j'aie eu en l'abbaye de Saint-Sulpice, ayant été obligée de sortir exprès de son couvent, mes deux autres filles religieuses à Saint-Sulpice étant dans le même temps malades et hors d'état de me rendre aucun service » [Note : Minutes de Boursin, Notaire Royal].

Après le décès de sa mère, en 1745, la Sœur Sainte Reine ne revint pas reprendre sa place parmi ses Sœurs de Hédé mais, tout en comptant toujours parmi les religieuses du Couvent, elle obtint des lettres d'obédience qui lui permirent de se retirer au couvent de Sainte-Madeleine de la Fougereuse en Anjou, dépendant de l'abbaye royale de Saint-Sulpice. Nous ne connaissons point l'époque de sa mort, mais nous savons qu'elle vivait encore en 1768.

46. Dlle Marie-Elisabeth Guynot, née à Hédé en 1751, de Sébastien Guynot, Sr de Bremard, Maître Chirurgien Royal, et de dlle Jeanne-Marie Garnier.

Après le décès, en 1769, de sa mère, déjà veuve, et se trouvant orpheline et seule, elle entra novice au couvent et, « le 15 décembre 1772, après avoir mûrement réfléchi, dit-elle, sur son état, elle désirait rester religieuse à la Communauté de Hédé » et, pour faire sa dot, elle vend, avec l'autorisation de Maître François Robiou, Notaire Royal, son curateur, à dlle Vincente Guynot, veuve Maillart, demeurant à Bécherel... différents biens... entre autre le clos de la Cherrue, au terroir d'entre le Chesmoy et la Ville aux Asnes, venus des héritages de ses feus père et mère... pour la somme de 2.000 livres tournois que les Religieuses déclarent accepter pour tenir lieu de dot [Note : Minutes de Boursin, Notaire Royal].

Sœur de Joseph-Julien Guynot-Brémard, elle était, par conséquent, tante propre de Jeanne-Marie Guynot, qui devait plus tard rétablir la Communauté à Montfort.

50. Françoise Ollivard était fille de Julien Ollivard et de Jeanne Royer, de Miniac-sous-Bécherel. En 1772, novice chez les religieuses de Hédé, mais encore mineure sous l'autorité de Messire Joseph Bouttier, prêtre, son curateur, elle déclare « qu'elle désire faire profession dans cette communauté et offre, sur ce qu'elle peut avoir de biens, une rente annuelle de 24 livres tournois, garantie par Malo Ollivart, son frère, demeurant à Miniac, répondant pour lui et pour Hélène, Marie-Jeanne et les enfants de Perrine 0llivart, ses sœurs [Note : Minutes de Robiou du Pont, Notaire Royal].

51. Sœur Perrine Ollivart, de Saint-Pierre, n'était pas la sœur de Françoise ci-dessous, mais une parente, de la paroisse d'Irodouër, toute voisine de celle de Miniac. C'est le 7 février 1773 que, majeure, après avoir terminé son noviciat, « après avoir réfléchi sur son état, elle demande, pour sa tranquillité et son bien-estre, à rester Sœur en la communauté et, pour cet effet, offre aux Dames religieuses une somme de 20 livres tournois de pension viagère pour lui tenir lieu de ses menus besoins », somme que Jean Ollivart, demeurant à la Haute-Poulenais, en Irodouër, agissant pour lui et ses frères et sœurs, s'oblige sur hypothèque à payer chaque année [Note : Minutes de Robiou du Pont, Notaire Royal].

57. Dlle Marie-Anne Aubry était la quatrième des huit enfants que noble homme Maître Alexis Aubry, greffier, originaire de Landujan, fils lui-même de Joseph et Péronnelle Clément, eut de dlle Marguerite Gallot, qu'il avait épousée le 8 mai 1742. Elle fut baptisée à Bécherel le 22 août 1750. Une sœur aînée, Marie Aubry, née le 15 janvier 1749, épousa, le 24 novembre 1769, Maître Nicolas Briand, sr des Ferrières, Sénéchal, Procureur et Notaire de plusieurs juridictions, demeurant à Bécherel, et ce furent eux qui, le noviciat de leur sœur fini, s'engagèrent au moment de son entrée en religion, à payer au Couvent des Ursulines 600 livres pour sa dot [Note : Minutes de Boursin, Notaire Royal].

70. Dlle Jeanne-Marie Guynot. Nous en avons parlé plus haut.

72. Sœur Gabrielle Poullain, Tourière, vend, le 31 janvier 1713, des terres lui appartenant au terroir de Boisorquant.

73. Olive Callix demande à entrer comme Servante perpétuelle à la Communauté en 1777. Elle donne au couvent pour cela ses meubles et effets, qu'elle estime valoir 45 livres, plus une somme de 600 livres, mais elle met pour condition « que sa nourriture sera pareille à celle des Dames Religieuses, sans qu'elle soit tenue de prendre ses repas à la boulangerie [Note : Lieu où mangeaient les domestiques], ny de servir aux bestiaux, qu'elle aura une chopine de cidre par jour, lorsqu'il y en aura provision ordinaire, qu'elle sera blanchie et entretenue de souliers, qu'elle sera, après son décez, enterrée dans la chapelle de sépulture, qu'elle aura un service de huitaine et un anniversaire gratis, qu'il sera dit pour le repos de son âme, un De Profundis tous les jours pendant un an » [Note : Minutes de Boursin, Notaire Royal].

74. Perrine Thomasson, de Bécherel, désirant entrer comme Cuisinière et Tourière au Couvent, donne, en 1777, son mobilier, dont la valeur s'élève à 150 livres, pour être « entretenue, nourrie et soignée pendant sa vie, un service de huitaine et anniversaire dans la Chapelle de la Communauté et part aux autres prières... En cas que ladite Thomasson voudrait sortir de ladite Communauté et se retirer ailleurs, tous ses effets resteront et tourneront au profit de ladite Communauté » [Note : Minutes de Boursin, Notaire Royal].

75. Jeanne Palinas, de la paroisse de Montreuil-sur-Ille, domestique chez les Ursulines, fut enterrée le 6 janvier 1755 dans le cimetière de Hédé, âgée de 70 ans.

La Communauté ne renfermait pas seulement des Religieuses, il y avait encore les Pensionnaires, grandes ou élèves. Nous en connaissons quelques-unes :

1. Dlle Jeanne de Gouvello, « d'argent au fer de mulet de gueules accompagné de trois molettes de même », fut enterrée le 3 avril 1703 « dans le cloître du Couvent ».

2. Dlle Magdeleine Besnard, âgée d'environ 46 ans, morte le 2 octobre 1712 chez les Ursulines, y fut enterrée le 4, par permission du recteur de Bazouges et Hédé, « sans déroger aux arrêts et règlements tant du Conseil que de la Cour et à la Coutume qui se pratique actuellement à Rennes ».

3. Dlle Michelle de Foix, dame du Pré, mourut au Couvent, mais son corps fut porté le 7 février 1713 au cimetière de Hédé. Elle avait été marraine, à Saint-Malo, le 14 juillet 1669, de Bertrand-Pierre Le Mineur, et appartenait, vraisemblablement, à la famille de René-Charles de Foix, de la paroisse de Saint-James, époux de dlle Rose de Boisbaudry, crioù vint Françoise-Constance de Foix, morte à Dol le 27 novembre 1772, âgée de 33 ans, épouse de François-Louis Desrieux.

4. Honorable fille Renée de la Bouëxière, âgée de 26 ans, au service de Mlle La Rouaudais, morte au Couvent en 1719, et inhumée en l'église de Hédé.

5. Dlle Bernardine Gauret, âgée d'environ 76 ans, inhumée dans l'église de Hédé le 7 août 1719.

6. Dlle Henriette-Hyacinthe de Boislève de Chamballant, âgée de 17 ans, morte le 11 février 1725, inhumée le lendemain, dans l'église de Hédé. On peut croire qu'elle était fille de messire Joseph-François-Marie Boislève de Chamballant, Conseiller au Parleement, en 1701.

7. Dlle Josseline Hue, âgée de 76 ans, inhumée le 26 janvier, par permission du recteur de Bazouges et Hédé, dans la chapelle des Dames religieuses, où elle était pensionnaire.

8. Dlle Jeanne Le Maignant, dlle de la Fontaine, âgée d'environ 84 ans, morte le 18 août 1729, fut inhumée le lendemain dans l'église Hédé. Cette Jeanne Le Meignan ne serait-elle pas la dlle de la Rouaudais, au service de laquelle était Renée de la Bouëxière ? Il y avait en effet un Pierre Le Maignant, Sr de la Rouaudais, Greffier de la juridiction royale de Saint-Brieuc, qui y mourut en 1690, âgé de 60 ans, et qui pourrait être son frère ou son père.

9. Le corps de dlle Julienne-Michelle Frelot, native de Saint-Servan, proche Saint-Malo, pensionnaire, a été déposé le 27 mars 1730, dans l'église de Hédé ; elle n'était âgée que de 17 ans.

10. Mlle Marie Chaperon, dlle des Landes, veuve de M. Jean Adam, Sr des Landes, marchand magasinier à Saint-Malo, morte et lut inhumée dans de Hédé, le 10 mars 1732. Elle était originaire de Morlaix, où elle épousa en 1690 Jean ou Michel Adam, originaire de Bricqueville, veuf de Jeanne Bourdon, qui mourut le 30 octobre 1717, âgé de 63 ans, et n'eut qu'un fils, Jean, mort à son tour, à l'âge de 28 ans, le 20 août 1723. C'est à la suite de ce décès qu'elle était venue se réfugier chez les Ursulines.

11. Mlle Marthe-Gabrielle-Alexis de Léon, dlle de Kerprigent — d'or au lion de sable armé, lampassé et couronné de gueules — originaire de Tréguier, élève pensionnaire chez les Dames Ursulines, y mourut le 20 décembre 1732, dans sa quinzième année, et fut déposée dans l'église de Hédé.

12. Dlle Françoise-Thérèse ou Françoise-Julienne Du Bois, comme le porte son acte de baptême, fille de n. h. Francois du Bois, Sr de la Bouëxière, originaire de Romillé, et de dlle Julienne-Françoise Robiou, fille elle-même de n. h. François-Hyacinthe Robiou, Sr des Forges, Sénéchal de Tinténiac et Montmuran, était née le 15 octobre 1732 et baptisée le lendemain, en l'église de Tinténiac. Elle était orpheline quand elle fut inhumée le 8 octobre 1739, âgée seulement de sept ans, dans l'église de Hédé, en présence de Mlle de la Daviais Du Bois et de M. Robiou, Sr de la Haye, ses parents étant morts tous les deux au commencement de cette année, et c'est sans doute pour cette cause qu'on l'avait confiée si jeune aux Dames Ursulines.

13. Dlle Suzanne Le Maistre, veuve de M. de Krunkampoz Perrée, âgée de 80 ans fut enterrée dans l'église de Hédé le 4 janvier 1743. Sa mort donna lieu à quelques difficultés entre les Religieuses et sa famille.

Suzanne Le Maistre était fille de Christophe Le Maître, Sr de Portman, et de dlle Péronnelle Henry. Françoise Henry, la sœur de sa mère, épousa écuyer Jacques Henry, Sr du Coudray, d'ou vint Perrine, mariée à un autre Henry, écuyer Guy, Sr de Bréteil, qui se trouvait cousin germain de Suzanne Le Maistre. Or, c'était ce seigneur de Breteil qui payait ordinairement la pension de Suzanne, et était mort avant celle-ci, laissant plusieurs années impayées. Les Religieuses durent s'adresser à la justice, réclamant « à dame Perrine Henry, veuve de feu écuyer Guy Henry, Sr de Breteil, héritière dans la succession bénéficiaire de Suzanne Le Maistre, 818 livres 10 sous, avec les intérêts et frais, pour restant des pension et nourriture de ladite dlle Suzanne Le Maistre, à raison de 300 livres par an (payés par le feu Sr de Breteil des trois années et huit jours jusqu'à son décès, arrivé le 3 janvier 1743 ». Le Tribunal décida « que les Religieuses Ursulines recevront la somme de 720 livres, à raison de 240 livres de pension par an, plus 46 livres 9 sous 9 deniers, pour intérêts, et 33 livres pour leurs frais, mais reconnaîtront avoir reçu de la dame de Breteil 18 livres pour les frais funéraires de ladite Le Maistre » [Note : Greffe de la Sénéchaussée de Hédé, Arch. dép. d'Ille-et-Vilaine, n° 137].

Le 19 novembre eut lieu une vente de la garde-robe, très modeste, de la pensionnaire, trouvée au couvent, à savoir : une robe de chambre, 2 livres 11 sols 9 deniers ; une méchante cape, 5 sols 3 deniers ; une jupe et une camisole, 2 livres 5 sols ; une paire de bas, 8 sols ; une chemise et une cape, 16 sols ; deux autres paires de bas, à 26 sols, 1 livre 6 sols 3 deniers ; trois autres chemises, à 25 sols 6 deniers, 1 livre 5 sols 6 deniers ; trois autres coeffes et deux bonnets, 6 sols 3 deniers ; en tout : 9 livres 1 sol 3 deniers.

14. Dlle Léonarde La Perrière Le Breton, âgée d'environ 50 ans, pensionnaire, fut inhumée dans l'église de Hédé, le 5 janvier 1743. Elle doit appartenir à une famille de la paroisse de Toussaints, de Rennes, où l'on trouve à cette époque un M. La Perrière, Le Breton, marchand de drap et soye, l'un des nobles Bourgeois et Echevins de la ville, et ancien Trésorier de la paroisse.

15. Dlle Françoise-Suzanne du Boberil de Cherville (d'argent à trois ancolies d'azur, la tige en haut) était marraine, le 4 mai 1742, dans l'église de Moigné, de René-Joseph-Marie du Boberil de Cherville, fils de Messire René et de dame Marie Boterel. Pensionnaire au couvent, elle y mourut le 9 juin 1743. Elle était âgée environ de 26 ans. Par la permission de missire Julien Rageul, recteur de Bazouges et Hédé, qui fit les cérémonies funèbres, assisté de tous ses prêtres, son corps fut déposé le lendemain la chapelle des Religieuses.

16. Honorable fille Anne Thébault, née vers 1734, fille de Julien et de Sébastienne Monnier, mise pensionnaire au couvent après le décès de ses père et mère, demande, le 20 mars 1748, n'ayant alors que 14 ans, aux juges de la déclarer majeure, pour qu'elle puisse « jouir de ses biens, meubles et immeubles ». Deux ans plus tard, en 1751, elle épouse à Hédé me Mathurin Cochery, fils de Mathurin et de dlle Marguerite Callouet, Notaire, Procureur et Greffier de plusieurs juridictions. Elle meurt vers 1756 [Note : Greffe de la Sénéchaussée de Hédé, n° 137 ; Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine].

17. Dame Julienne de Lisle, épouse de Jean-Marie Robert, Sr du Tertre, Connétable de Rennes, âgée d'environ 46 ans, pensionnaire et morte chez les Ursulines, fut inhumée dans l'église de Hédé le 16 janvier 1649, « en présence de plusieurs habitants de cette ville ». Elle était fille, vraisemblablement, de Me Guillaume de Lisle, marchand de drap et soie, et de dlle Jeanne Raisin, baptisée, le 10 novembre 1706 à Saint-Sauveur de Rennes. Nous ignorons la cause qui l'avait fait quitter Rennes pour se réfugier à Hédé, car elle n'était pas veuve. Son mari, en effet, qui avait été Connétable dès 1729, l'était encore en 1756, sept ans après la mort de sa femme, et c'est lui qui, avec un nommé de Troncq, fut le dernier titulaire de ces fonctions.

18. Mlle Olive-Jeanne Gentil, originaire de Saint-Malo, mourut le 6 juillet 1752 à l'âge de 30 ans et le inhumée le lendemain en l'église de Hédé, en l'allée du Rosaire.

19. Dame Marie de Miniac de la Beaudais, veuve de feu écuyer......... guet, Sr du Teil, grande pensionnaire, décédée le 8 avril 1759, à l'âge de 60 ans, fut inhumée le lendemain dans le cimetière de Hédé « en présence des pensionnaires qui assistent aux obsèques » [Note : Il était interdit alors, par arrêt du ..., d'inhumer dans les églises toute autre personne que les possesseurs d'enfeu].

20. Dlle Julienne Du Gué, native de Saint-Malo, âgée d'environ 78 ans, pensionnaire au Couvent depuis de longues années, y mourut le 17 janvier 1753, et son corps déposé le lendemain dans le cimetière de Hédé.

21. Mlle Marie-Thérèse Le Gaudu, sœur de n. me Jean-Baptiste-Claude Le Gaudu, Sr du Chef du Bois, Procureur au Parlement de Bretagne, époux de dame Pauline-Françoise Vallet, entre en 1756 comme pensionnaire au Couvent des Ursulines [Note : Minutes de Maître Boursin, Notaire Royal].

22. Dame Marie Le Clair, veuve (?) de feu écuyer.... du Moulinet (ou Montlinot ?), grande pensionnaire, mourut le 16 avril 1763, à l'âge d'environ 72 ans, et fut inhumée dans le cimetière, en présence de plusieurs prêtres et de « toutes les pensionnaires, qui ont assisté à l'enterrement en corps politique ». Peut-être était-elle sœur de écuyer Charles Le Clerc, de Montlinot, Sr en partie de Maisonfort et de la Bruère, parrain le 28 septembre 1723, à Saint-Malo, de Charlotte Le Clerc, fils de Joseph, écuyer, Sr de Bicourt, et de Guyonne Grout.

23. Dame Marie-Laurence Raoul, veuve de M. Chaillou Kerennès, avocat au siège royal de Morlaix, âgée de 53 ans, pensionnaire, fut inhumée le 4 janvier 1765, par permission du recteur de Bazouges et Hédé, dans la chapelle de l'enclos, en présence de toute la communauté.

Elle était parente par son mariage de dlle Marie Chaillou, dame de Kermanan qui demande le 4 janvier 1654, avec l'approbation de écuyer Laurent Chaillou, Sr de Kerennes et de écuyer François du Louet, son beau-frère, époux de dlle Jeanne Chaillou, sa sœur, à faire profession au monastère de Tréguier.

On trouve Chaillou de Querennès, administrateur de l'Hospice, en 1732, cité dans l'histoire de Morlaix [Note : Répertoire général de Bio-bibliographie bretonne, par P. Kerviller].

Pierre-Louis, né à Morlaix en 1740, pourrait être fils de Marie-Laurence Raoul. Docteur en droit, avocat à Rennes, choisi par le Parlement pour succéder à du Parc-Poullain, dans la rédaction du journal des Audiences de la Cour [Note : Oger, Bibliographie bretonne, t. II, p. 77 et 779], Président du Canton de Lannion, il mourut à Lannion, en Saint-Jean-du-Doigt, le 3 septembre 1806 [Note : Répertoire général de Bio-Bibliographie bretonne, par P. Kerviller].

24. Dame Thérèse Tanqueray, veuve de messire Jean Urvoy, Sr de la Motte-aux-Rochers, en la paroisse de Québriac, pensionnaire chez les Ursulines, y mourut à l'âge d'environ 62 ans, le 22 mars 1746, et fut inhumée le lendemain dans la chapelle intérieure de la Communauté. Messire Jean-Michel Urvoy, qu'elle avait épousé vers 1725, né en 1705, fils de René et de dame Françoise Chevalier, était frère lui-même de cette Charlotte Urvoy, Sœur de Tous les Saints, que nous avons précédemment rencontrée, et c'est sans doute en souvenir de sa grande-tante par alliance que dame Thérèse Tanqueray vint, après la mort de son mari, eu 1745, se retirer et mourir à Hédé.

25. Marguerite Gérard, originaire de Cancale, âgée d'environ 70 ans, est inhumée le 18 octobre 1770 dans le cimetière de Hédé.

26. Françoise Hardy, jeune élève, de la paroisse de Gevezé, fut inhumée au cimetière de Hédé, le 31 décembre 1771, et les cérémonies furent faites par M. Du Liepvre, recteur de la paroisse de Gévezé, Grand Directeur des Ursulines de Hédé.

27. Mlle Julienne Savary, fille d'un boulanger, native de Rennes, âgée d'environ 35 ans, pensionnaire, mourut le 2 mars 1772. Trois jours avant son décès, elle avait fait, par devant Me Cochery, Notaire Royal à Hédé [Note : Minutes de Cochery, Notaire Royal], un testament dans lequel elle demandait à « être enterrée dans l'enclos du Monastère » et pour cela elle offrait à la Communauté, « pour faire prier Dieu pour son âme », toutes ses hardes, estimées 30 livres. Cette donation était faite en présence de dame Renée Visdelou, Supérieure, de dame Renée Ruault, mère Sainte-Ursule, sa parente, Procureuse, dlle Jeanne Le Chaponier de Maugoir et Julienne Le Roux. Pourquoi son dernier souhait ne fut-il pas exaucé ? Nous l'ignorons, mais le 24 mai son corps fut inhumé dans l'église de Hédé, inhumation exceptionnelle et la dernière que nous trouverons désormais.

28. Julienne Guyhard (Guihard), de Betton, âgée de 25 ans, pensionnaire depuis un an, fut enterrée au cimetière de Hédé le ………… 1772.

29. Dlle Cèleste du Fournet, dlle du Portal pensionnaire dès avant 1768, aux Ursulines, fille de messire Pierre-Hyacinthe et dame Marie-Mélanie de Farcy, cède en 1770, à écuyer Messire Annibal-François-Pierre du Fournet, son frère, pour la somme annuelle de 300 livres, tout ce qu'elle peut prétendre dans la succession de ses père et mère, encore vivants, et dans celle de dame Françoise-Henriette je Lanjagu, indivises entre elle, le seigneur du Fournet et dlles Mélanie, Julie et Olympe du Fournet, ses sœurs puînées [Note : Minutes de Boursin, Notaire Royal].

30. Dame Catherine-Hélène Loison, veuve du Sr Nicolas Duval, pensionnaire depuis plusieurs années, mourut à l'âge de 60 ans et inhumée dans le cimetière de Hédé, le 4 novembre 1774. Catherine Loizon était la neuvième des onze enfants de Thomas Loyson, Sr de la Rondinière, natif de Saint-Sulpice de Paris, fils de Jacques et Gilette Barbier, et de dlle Perrine Outressant, fille de Pierre et Josseline Duverger, et déjà veuve de Luc Philippe, qu'il avait épousée le 22 février 1705. Le Sr de la Rondinière, Thomas Loyson, mourut à Paramé en 1736, âgé de 70 ans. Née à Saint-Malo le 31 mai 1715, c'est là aussi qu'elle avait épousé, le 10 mars 1739, n. h. Nicolas Duval, Sr du Menehit.

C'est sa sœur, dlle Pétronille-Marie Loyson, née le 28 décembre 1736, qui épouse, en avril 1757, René-Yves Foucaud, de Lorient [Note : Archives départementales du Morbihan, série G, n° 325].

31. Dlle Jeanne-Angélique Duguen, âgée d'environ 80 ans, pensionnaire, fut inhumée au cimetière de Hédé, le 28 juin 1779. Avant de mourir, elle avait voulu faire son testament et donnait « 250 livres pour prier Dieu pour elle et pour habiller deux petites filles pour la première communion, et 24 livres pour soulager les pauvres malades ». Cette somme sera prise sur la valeur de son argenterie, qui consiste « en cinq cuillers et cinq fourchettes, d'argent, deux tasses, un goblet, une salière et un paire de boucles d'argent, qu'elle évalue à ladite somme de 150 livres et même plus ». En outre, elle laisse aux Dames Religieuses Ursulines « tant en acte de reconnaissance que à la charge de faire célébrer pour le repos de son âme un service le lendemain de sa sépulture et un le septième jour, et de payer à la nommée Olive, sa gardienne, la somme de 12 livres, tout ce qu'elle peut avoir d'autres effets » [Note : Minutes de Boursin, Notaire Royal].

32. Dlle Françoise Rabasté, épouse de n. h. Julien Blanchet, capitaine de vaisseaux, demeurant ordinairement à Saint-Malo, était, vraisemblablement, de la famille de la Mère Saint-Augustin, Supérieure en 1733, peut-être une sœur, mais nous ne pouvons la rattacher sûrement. C'est, sans doute, pendant les absences de son mari à la mer, qu'elle vient s'établir à Hédé, et pour cette raison que celui-ci « donne à ladite demoiselle, à présent au couvent des Ursulines, pouvoir pour, en son nom, faire, agir, vendre, acquérir » [Note : Minutes de Boursin, Notaire Royal].

33. Mlle Françoise Vatar, âgée d'environ 11 ans, mourut chez les Ursulines le 21 octobre 1779, et inhumée en présence des pensionnaires. Elle devait être une petite-nièce de Françoise Vatar qui, sous le nom de Sœur Céleste, faisait partie de la Communauté en 1768, et peut-être fille ou petite-fille de ce Guillaume Vatar, Imprimeur à Rennes, demeurant en 1742 à la Palme d'Or, près du Palais.

34. Noble dame Anne-Thérèse de Lezenet du Haut-briais, pensionnaire, mourut en 1779, âgée d'environ soixante-quinze ans.

35. Le corps de jeune demoiselle Marie-Raphaël-Alexine Du Pin, morte le 7 février 1780, fut inhumé le lendemain au cimetière de Hédé.

36. Dlle Hélène Cœuru, fille de Pierre et Jeanne Ballay, demeurant au Marais de Saint-Malo, sous l'autorité de Julien Ballay, son tuteur, le 4 octobre 1777, « désirant entrer en la communauté de Hédé afin d'estre au lieu de faire son salut..., s'oblige de payer à lad. Communauté une somme de 800 livres tournois, ce qu'elle fait présentement. En conséquence, les dames Supérieure, Procureuse, Préfète s'obligent au nom de la Communauté de nourrir, entretenir, blanchir, soigner saine et malade ladite Cœuru pendant son vivant... s'oblige outre la Communauté de fournir une demi-chopine de cidre par repas. Convenu entre parties qu'au cas où ladite Cœuru vienderoit à se dégouster et vouderoit s'en aller, la dite somme de huit cents livres restera à ladite Communauté » [Note : Minutes de Boursin, Notaire Royal].

37. Damoiselle Jacqueline-Rose-Françoise Gaesdon, fille d'écuyer Michel et dlle Marie-Rose Crosnier, Sr et dame du Vaumarquer et de Lessichère (d'argent à la tête de lévrier arrachée de gueules accompagnée de trois gresliers de sable, 2 et 1) naquit en 1711., à la maison noble de Lessichère, dans la paroisse de Saint-Brieuc-des-Iffs, et fut tenue sur les fonts par écuyer François Le Lièvre, Sr de la Boscheraye, capitaine au Régiment de Frouslay, et dame Jacquemine de Vaucouleurs, en présence de demoiselles Thérèse, Françoise et Claude de Québriac. Elle épousa le 23 juillet 1733, dans la chapelle de Saint-Jean-Baptiste de son manoir de Lessichère, écuyer Toussaint-Charles-François Le Vayer, officier au Régiment de Bretagne, Bataillon de Vannes, de la paroisse de Bois-Gervilly.

De ce mariage sortit un fils, René-Toussaint, baptisé à Saint-Brieuc-des-Iffs le 30 mai 1738, et dont les parrain et marraine furent Messire Julien-Joseph-François de la Corbinaye, Chevalier, Comte de Bourgon, Conseiller au Parlement, et dame Renée Bonnier de la Cocquerie, épouse de Messire Jean-François Rabasté, Sr de la Besnelaye.

Toussaint-Charles Le Vayer mourut le 24 juin 1758, à l'âge de soixante ans, dans sa maison de la Tizonnais, et fut inhumé en l'église de Saint-Brieuc dans l'enfeu de Lessichère. C'est alors que sa veuve, restant seule avec un fils de vingt ans qui allait, sans doute, la quitter bientôt pour se faire un avenir, voyant arriver la vieillese, entra pensionnaire au Couvent des Ursulines, où elles mourut le 2 juin 1781 et fut enterrée le lendemain au cimetière de Hédé en présence de toutes les pensionnaires.

38. Noble dame Marie-Jacquette Larcher, veuve d'écuyer Louis Thoumas de la Haye, seigneur de Changée, pensionnaire aux Ursulines y mourut à l'âge de soixante-trois ans et fut inhumée dans le cimetière de Hédé, le 21 décembre 1742, en présence d'un grand nombre de pensionnaires.

39. Dlle Claude ou Claire Riallan, demoiselle du Closneuf, pensionnaire dès avant 1750, fut inhumée dans le cimetière le 17 juin 1783, âgée de soixante-quinze ans. Elle semble originaire de Dinan. En 1750 elle vend à noble homme François Riallan, sr de la Haute-Chambre, son frère, demeurant à Dinan, paroisse de Saint-Sauveur, une grange située à Taden.

Après le décès de dlle Claire Riallan son héritier, alors Jean-Marie Riallan, demeurant à Dinan, rue du Marchix, vint recueillir l'héritage de ses effets mobiliers qui se composaient de 6 draps de lit, 22 chemises, 4 tabliers de coton, 5 jupes de coton, Bazin et étoffe blanche, étoffe brune, laine blanche, 7 robes dont une d'étamine, un mantelet de guinée, un mantelet de camelot, 4 capes et mantelet, 8 paires de bas laine et fil, 9 vieux torchons et serviettes, une belle couverture d'indienne piquée, quelques mauvais mouchoirs, quelques mauvaises coeffes, quelques vieilles boites, une couette et deux oreillers de plumes d'oie, 5 livres de piété. En fait d'argenterie il y avait une paire de boucles et un couvert. Le tout fut vendu le 27 septembre 1783 et rapporta 119 livres tournois [Note : Minutes de Denoual, Notaire de Tinténiac].

40. Dlle Anne-Françoise-Paul-Joseph Le Forestier, fille de Messire René-Charles, Sr de la Villehue, et de dlle Marie Rabasté, dame de Pontphily, née le 25 janvier 1726 à la Chapelle-Chaussée, perdit, le 24 mai 1730, sa mère que son père dût suivre peu d'années après. On dût en conséquence, établir une tutelle et Maître Antoine Joseph Hérisson, Sr de Lourme, demeurant à Hédé, fut nommé tuteur onéraire. En 1739, ses oncles, écuyer Joseph Bonaventure Le Forestier, Sr du Boisfroger, François-Hyacinthe Le Forestier, Sr de l'Aumosne, demeurant à la maison noble de la Houssaye, et écuyer Sébastien-Ange-Thomas de la Caulnelaye, époux de dlle Anne Le Forestier, vinrent à Hédé où ils descendirent à l'auberge « où pend pour enseigne le Soleil d'Or » afin de s'entendre avec le tuteur, et c'est sans doute à la suite de ce conseil de famille que, personne ne voulant se charger d'un enfant de treize ans, elle fut mise au couvent des Ursulines où nous la retrouvons encore en 1752, mais en 1770 elle n'y est plus et est allée s'établir chez les Dames de la Charité de Montbareil à Tréguier [Note : Minutes de Cochery, Notaire Royal].

41. Dlle Aimée Belletier, dlle de Lisle, morte phtisique chez les Ursulines, âgée d'environ vingt-quatre ans, fut inhumée dans le cimetière, le 1er mai 1786. Nous n'avons point son acte de baptême, mais nous croyons qu'elle devait être fille de noble maître Jean-François-René Belletier, Sr de l'Etang, Avocat au Parlement, Maire en exercice de Hédé en 1758, Commissaire des Etats de Bretagne, mort à Rennes en son hôtel de la rue de Pezé, paroisse de Saint-Sauveur, le 7 novembre 1761 et inhumé en l'église de Hédé, et de dlle Françoise-Mathurine Delamare.

42. Dame Françoise Morice, veuve de M. Duguen, pensionnaire, fut inhumée dans le cimetière, le 23 février 1787, âgée de soixante-six ans.

43. Dlle Anne-Jeanne Plaine, veuve de Pierre Denais et de Jacques Orève, mourut le 21 septembre 1789.

44. Dlle Marie Gaillard, veuve de Jean-Yves-Brigaud et de Jean-Baptiste Cordelier, fut enterrée le 14 février 1790.

45. Dlle Thérèse Grivier, épouse du Sr... Rouget, mourut à l'âge de cinquante-quatre ans, le 20 juin 1790. Elle était née à Rennes de Pierre Grivier et Anne Coedroc, et fut tenue sur les fonts de l'église de Toussaints, le 2 octobre 1736, par Guillaume Grivier et Julienne Coedroc.

46. Mlle Marie Georget du Plessix, née à Vannes de Jean Georget, Sr du Plessix, et de dlle Françoise-Angélique Joubin, à qui sa naissance coûta la vie, y fut baptisée le 7 juin 1716, en l'église Saint-Patern [Note : Arch. dép. du Morbihan].

Pensionnaire chez les Ursulines, où elle vivait depuis un an, elle épousa à Hédé, en 1745 [Note : Reg. de l’égl. de N.-D. de Hédé], noble François-Pierre-Vincent Chaignart, Sr de la Gaudinais, Avocat au Parlement, appartenant à la bonne Bourgeoisie de Robe de la Province, âgé de vingt-cinq ans, originaire de Malestroit et domicilié alors de la paroisse de Toussaints de Rennes, où il ne resta pas. En effet, quelques années plus tard, nous le retrouvons à Malestroit remplissant l'office de Maire ancien qu'il avait acheté en 1756.

47. Dlle Catherine de Saint-Gilles est dite pensionnaire des Ursulines en 1789. D'une branche cadette de la famille de Saint-Gilles qui portait « d' azur semé de fleur de lys d'argent », nous ignorons quels furent ses père et mère. Nous savons seulementqu'elle était sœur de Renée, épouse d'écuyer Elie du Bouays, Sr du Rocher, et d'écuyer Alexis de Saint-Gilles, religieux capucin, dont elle était héritière pour un quart et qu'elle vendait en 1789, par devant Maître Robiou, notaire, sa part dans une maison à Hédé venant de cette succession et indivise entre elle et une autre de ses sœurs, dlle Jacqueline, femme de Maître Jean-Baptiste Briot, de la paroisse de Trimer.

Peut-être pourrait-on encore ajouter à, cette liste quelques autres personnes que nous trouvons à Hédé sans connaître les raisons qui ont pu les y amener, entre autres dame Arme-Madeleine du Houx, dame de la Gacilly, mariée en 1693 à Hédé par Messire Jean Kerancoz Directeur des Dames Ursulines, à écuyer Georgy-Robert de la Haye, Chevalier, Sr de Bellenoé, originaire de la paroisse d'Epiniac, et, plus tard Mlle Angélique Françoise. Raoul de la Bégasse, fille de feu noble Maître Pierre Raoul de la Bégasse, Lieutenant de la juridiction du marquisat de Chateauneuf, et de dame Louise Guichard, mariée à Hédé, en 1763, à Maître Mathurin Poirier, Chirurgien, de Bréhand-Loudéac, mais domicilié à Hédé, fils de Joseph et Mathurine Le Frioust.

Nous ne connaissons à ces demoiselles aucune attache aux familles du pays. Il y a tout lieu de croire que, comme la demoiselle Georget du Plessix, elles étaient pensionnaires chez les dames Ursulines où leurs maris étaient venus les chercher.

Parmi les personnes qui faisaient partie du monastère, il faut encore compter les Directeurs et Chapelains. Nous les connaissons presque tous, mais, la plupart étant d'origine étrangère, nous n'aurons pas grand'eliose à en dire.

Tous n'ayant pas au couvent une occupation et des appointements suffisants pour vivre étaient en même temps prêtres habitués en l'église de Hédé.

Le premier Directeur et Chapelain fut, ainsi que nous l'avons vu, Missire Guillaume Mahé. Nous avons dit précédemment ce qu'il était, nous n'y reviendrons pas ; nous ajouterons seulement qu'il mourut en 1778.

Ici se produit une lacune que nous croyons pouvoir combler par le nom de Missire Henri Le Breton, chapelain de Bon-Espoir, c'est-à-dire du manoir de la famille Le Mintier qui avait fait venir les Ursulines, et qui vécut jusqu'en 1683, où il fut inhumé en l'église de Hédé dans un tombeau près l'autel de saint Nicolas.

A partir de ce moment les prêtres ne manquent plus à la Communauté. Nous en trouvons trois en même temps : Missire Jean Kerancoz ou Querancoz, Directeur Chapelain ; Charles Mac Carthy et Michel Amyot, prêtres habitués, confesseurs des Religieuses.

De quel pays breton venait Missire Jean Kerancoz ? Appartenait-il à une famille de Callac où l'on trouve Maître Antoine, époux de dlle le Isabelle Le Moal, dont il eût, le 15 septembre 1622, Vincent Kerancoz, fils aîné, qui, marié à son tour vers 1649 à hon. femme Jeanne Le Comte, eut, comme second fils, Jean Kerancoz, nommé le 26 juillet 1752 par noble homme Bonaventure, Roussel, Procureur fiscal de Callac, et dlle Jeanne Boullaye, dame de Bruno [Note : Registres paroissiaux de l'église de Callac], ou plutôt à celle de n. h. Joseph Querancoz, Sr de la Villeheri, tuteur en 1769 des enfants mineurs de Maître Julien-René Hérisson, Sr de Vaution, et de dame Olive de Querancoz pour vendre une pièce de terre en la paroisse de Tinténiac relevant de la seigneurie de la Guéhardière, au bailliage de la Touche [Note : Minutes de Boursin, Notaire Royal à Hédé]. Il mourut en 1728 et, les cérémonies faites dans l'église et « la messe chantée dans la chapelle des Dames religieuses par noble et discret Missire François-Anne de Larlan, doyen de la paroisse de Dingé, fut inhumé dans l'église, le 25 octobre, en présence de MM. les Recteurs et prêtres de Tinténiac, Québriac, Saint-Brieuc, Gévezé, La Baussaine, Quardroc, Saint-Symphorien, la Chapelle-Chanssée, Bazouges et Hédé et autres ».

Missire Charles Mac Carthy : nous le connaissons pour avoir raconté les conditions émouvantes de son inhumation.

Missire Michel Amyot, prêtre habitué de Hédé, pourrait être originaire de Bazouges. Il est dit Confesseur des Ursulines, vers 1712, mourut en sa maison de la Pulirais âgé de soixante-deux ans, et fut inhumé dans l'église de Hédé le 27 septembre 1739.

Missire Pierre-Augustin Pinsart le remplaça, et fut Directeur de la Communauté jusqu'à sa mort en 1742. Il avait quarante-quatre ans. Nous ignorons son origine. Peut-être venait-il de Québriac où existait une famille de ce nom dont : Thomasse Pinsart épouse en 1684 Guillaume Saliot, en présence de dites Marguerite et Julienne de Québriac et d'écuyer Louis-Hercule Le Blanc, prêtre, mais nous n'avons point trouvé son acte de baptême. Il fut inhumé sur sa demande et avec l'autorisation du Recteur de Bazouges, dans la chapelle de la communauté le 16 avril.

Missire Jean Ollivier lui succéda en 1742 et resta chapelain des Ursulines jusqu'en 1750 qu'il quitta Hédé. Missire Jean-Marie Mancel est Directeur des Ursulines en même temps que Curé de l'église de Hédé jusqu'en 1763 où nous le trouvons encore le 18 janvier, mais il n'y est plus l'année suivante.

Missire Jean-Baptiste Boursin fut Directeur des Ursulines après lui. C'était un prêtre du pays. Il était né à Hédé en 1733 de Maître Jean Boursin, Sr de Grand-maison, Notaire Royal et Procureur, et de dlle Laurence Faisant, demoiselle de Saint-Juvat. Il reçut le baptême dans l'église de Hédé et son parrain, Révérend Père Faisant, Religieux Dominicain, lui donna les noms de Jean-Baptiste-Sébastien-François. Il ne fit pour ainsi dire qu'un intérim car, le 15 octobre de cette même année 1764, il fut pourvu de la cure de Saint-Symphorien qu'il administra jusqu'à sa mort en 1784.

Missire ... Moulin, nous ignorons le prénom, succéda à Missire Jean-Baptiste Boursin. Peut-être serait-il originaire de Guipel qui a fourni, vers cette époque, un autre prêtre du même nom, Missire François-Marie Moulin, recteur du Ferré de 1748 jusqu'à sa mort, le 9 février 1767, âgé de soixante-quinze ans. Missire Pierre Delamarre, jeune prêtre de la paroisse de Bruc, vint prendre sa place, mais ne l'occupa pas longtemps, car, le 24 août 1780, il décéda dans le logement qu'il occupait au Monastère, à peine âgé de trente deux ans, et fut inhumé le lendemain dans la chapelle des Ursulines.

Missire Guillaume-André Le Roux lui succéda et, le 27 mars 1781, passait avec les Religieuses le contrat suivant : « Nous, Supérieure, Préfette, Discrète, Conseillères et autres religieuses vocales de la Communauté, a été arrêté que Monsieur Le Roux, directeur de notre Communauté, aura de retribution à commencer du 15 octobre 1780, la somme de 200 livres tournois par an et on lui paiera toutes les messes qui seront à la quitte de la Communauté, excepté une qu'il dira sans rétribution, les quelles conditions ont été acceptées par le dit Sieur Le Roux. Fait et arresté le 27 mars 1781. G.-A. LE ROUX, prêtre ».

Missire Guillaume Le Roux resta à Hédé jusqu'en 1786. En 1803 il reparut et devint recteur de la paroisse de Coësmes qu'il gouverna jusqu'en 1813.

Missire Gilles-Ange Couella fut le dernier directeur des Ursulines et ne les quitta que lorsque la porte du couvent se referma derrière elles. Il était, croyons-nous, originaire de Rennes où un M. Couella, son père ou son frère, habitant la paroisse de Toussaints, remplissait les fonctions de greffier en chef criminel au Présidial.

Ayant refusé de prêter le serment, il dut se cacher pendant la Révolution, mais, lors de la réouverture des églises, il reparut et, en 1803, il fut nommé recteur d'Ossé pour n'y rester qu'un an seulement et disparaître en 1804.

 

III.

LE MONASTERE.

Le Monastère n'existe plus. Des bâtiments de la maison conventuelle, il n'y a plus rien. Peu de temps après la dispersion de ses habitantes elle a disparu entièrement, détruite par l'incendie.

Mise en vente comme bien national, elle n'avait pas trouvé d'acquéreur sérieux et, en attendant qu'il s'en présentât, une partie fut louée à des particuliers, une autre fut employée comme greniers et magasins pour les vivres de la 13ème division militaire et comme caserne pour les troupes de passage. Ce fut la cause de sa perte.

En 1793 les soldats du général Cefer, après la déroute de Pontorson, y furent cantonnés. Ils y restèrent huit jours, pillant et vexant les habitants et laissant à la population le plus triste souvenir [Note : Délibération du Conseil municipal de Hédé, du... 1811] de leur passage et, pour comble, à leur départ, mirent volontairement ou involontairement le feu au couvent. Tous les bâtiments, ainsi que le mobilier, qui avaient été retenus comme bien national, les papiers et archives de la Communauté laissés par les Religieuses furent entièrement détruits;

Les quelques procès-verbaux de l'état des lieux, dressés par la suite, par les agents du District et les gens de l'Etat pour arriver à l'aliénation des biens, ne mentionnent que des ruines. il nous serait donc impossible de décrire le Monastère si, heureusement, il ne nous restait le compte rendu d'une visite faite en 1768 à la maison de Hédé par les délégués de l'Evêque à l'occasion de l'attribution des biens des Catherinettes de Rennes, ordonnée par le roi au profit de nos Ursulines.

Cette enquête, à laquelle il fut procédé avec soin par Messire Pierre-Jean Hay de Bouteville, Chanoine de la Cathédrale et Grand-Vicaire, et Messire Joseph Razeau de Beauvais, aussi Chanoine, dura trois jours, et le procès-verbal rédigé par Me Joseph Métayer, Greffier du Tribunal des Regaires, qui les accompagnait, est assez détaillé pour nous donner une idée aussi complète que possible de ce qu'était le Monastère.

La visite des bâtiments commença le 26 mai, à deux heures de l'après-midi. Nous n'avons qu'à suivre les enquêteurs.

« Nous avons commencé, disent-ils, par faire mesurer la façade du bâtiment sur la rue et place des Halles, et avons trouvé de longueur, avec les maisons au Midy et au Nord d'icelui faisant partie de l'intérieur de la maison, même celles affermées à différents particuliers,... 37 toises [Note : 73 m. 08] ou environ, y compris quatre pieds de la ruelle qui conduit en retour vers Orient à la chambre occupée en cet endroit par Me le Chapelain, à laquelle on monte par un escalier de pierres, ladite ruelle ayant de fonds depuis la rue deux cordes de longueur [Note : 15 m. 60].

Dans ladite façade se trouvent la porte principale d'entrée de la Communauté, ayant de largeur 15 pieds et demi [Note : 5 mètres], laquelle ouvre sur une ruelle qui conduit à la chapelle ».

Cette porte formait une entrée monumentale ; elle était en plein cintre, bâtie en belles pierres de taille ; de chaque côté avait été pratiquée une grande niche et une troisième était placée au-dessus, dans le tympan [Note : Souvenirs d'anciens habitants de Hédé].

« Au nord de la porte principale est une porte à treillis, en dehors, ouvrant sur la buanderie, par laquelle les externes entrent aux classes, lesquelles sont distribuées en trois petites chambres, dans chacune desquelles il y a une chaire pour la maîtresse et des bancs. Et, de l'autre côté du même portail, est une autre porte à trois marches, sous un pavillon attenant une tour ou tourelle ; ladite porte, condamnée, ainsi que deux autres vers la maison affermée [Note : En 1790, cette porte, à deux battants, est rouverte et donne entrée dans la maison, alors occupée par François Ernault, perruquier].

Entrant par la porte principale, nous avons trouvé une ruelle qui conduit à la chapelle, et, au bas de la dite ruelle, à droite, une porte ouvrant sur le tour et les parloirs, et, plus haut, en remontant vers la chapelle, une autre porte ouvrant sur le vestibule d'entre le Chœur des Dames et le grand escalier qui monte aux dortoirs, et, à la gauche de ladite ruelle, des latrines fermées pour le service de M. le Chapelain ; ladite ruelle contenant de largeur 10 pieds et demi et 96 pieds de longueur » [Note : 8 m. 40 et 31 m. 10].

La Chapelle.

« Entrés dans la chapelle, nous avons trouvé qu'elle avait de largeur de dedans en dedans, 24 pieds et demi [Note : 7 m. 95], et, de longueur, aussi en dedans, jusqu'à la porte de la sacristie, 37 pieds et demi [Note : 12 m. 15]. Ladite chapelle garnie de bancs, marchepieds et dossiers à hauteur d'appui ; au bas de la chapelle est un confessionnal en face du grand autel. Elle est éclairée de deux croisées à l'Orient et d'une au Nord ; le lambris d'icelle en anse de panier, et représentant divers mystères ; le sanctuaire fermé par un balustre en bois attenant aux deux murs de côté, dans l'intérieur duquel est une chaire, portative.

Le grand autel a trois marches, ayant de longueur, y compris les deux colonnes en bois marbré de chaque côté, 16 pieds et demi [Note : 5 m. 35], non compris les deux portes à droite et à gauche, sur lesquelles sont placées deux statues, l'une de saint Augustin, l'autre de sainte Ursule. Le Retable du grand autel, en menuiserie de bois, sculpté et doré, tabernacle au milieu, éclairé d'une lampe de cuivre jaune toujours ardente, et surmonté d'un tableau représentant la Sainte Famille.

Du côté de l'Epitre est la grille du Chœur des Religieuses, ayant 9 pieds et demi de large [Note : 3.m. 07], finissant par en haut en cintre et ayant de hauteur, jusqu'à la naissance du cintre, environ 9 pieds ; au-dessus d'icelle, une grille pareillement en cintre, d'où l'on peut entendre la messe.

Du côté de l'Évangile, vis-à-vis de la grille, est une chapelle en saillie, éclairée d'une fenêtre de chaque côté, avec un autel assez propre avec une statue de chaque côté, l'une de saint Joachim, et l'autre de sainte Anne ; ladite chapelle, bâtie en cintre, a, de largeur, 11 pieds en dedans, et 6 pieds environ de profondeur [Note : 3 m. 55 et 1 m. 95] ; le lambris de bois peint, en façon de culdefour. Au derrière du Grand-Autel sont deux sacristies, l'une pour les Messieurs prêtres et l'autre pour les religieuses Sacristines ; les deux sacristies séparées par un tour et une grille, où le Directeur de la maison entend les confessions des Religieuses ».

L'inventaire de la chapelle terminé, on continue la visite.

« Sortant de la chapelle et descendant la ruelle, jusqu'à vis-à-vis la porte principale, nous avons trouvé à gauche une porte ouvrant sur un embas assez grand, ayant à la gauche une grille et un tour, et, en face, une porte ouvrant sur le salon où mange M. le Chapelain ; à droite, un escalier conduisant d'abord, et sur la droite, à un parloir où sont deux grilles et un tour; au-dessous de la plus grande et à côté de l'autre grille, une petite fenêtre par où les pauvres malades se font soigner au besoin, le tout donnant sur la pharmacie, auquel parloir se rendent ceux et celles qui ont besoin de remèdes et de consultations. En remontant ledit escalier, se trouvent au premier étage deux parloirs et un tour dans le même salon ; au second étage, de même, et, de plus, un petit parloir au bout et en haut en face de l'escalier où M. le Chapelain se retire à sa commodité.

Entrés dans la maison par la porte Conventuelle située au midi de ladite ruelle, et, de là dans la cour principale, nous l'avons fait mesurer et avons trouvé qu'elle a de long, à partir du bâtiment en face du grand jardin, remontant jusqu'audit jardin, 6 cordes 17 pieds et demi, de large vers l'Occident, une corde 21 pieds 6 pouces [Note : 52 m. 80 et 14 m. 70] ; au milieu, est un puits couvert de charpente avec une pompe qui conduit l'eau à la cuisine ; au Nord de ladite cour, et en bas d'icelle, est une porte cintrée, surmontée d'un vitraille ouvrant sur un vestibule, lequel conduit au réfectoire des Religieuses, celui-ci ayant 29 pieds de longueur et 19 de largeur [Note : 9 m. 40 et 6 m. 15], le tout de dedans en dedans, au-dessous duquel, et à même grandeur, est une cave, dont l'entrée est en face du tour.

Au-dessus de ladite cour, vers Orient, sont cinq arcades en pierres de grain non remplies, ayant chacune 8 pieds d'ouverture. Entre lesdites arcades, le réfectoire et le chœur est un Cloître, lequel a de longueur 2 cordes 1 pied, et de largeur, de dedans en dedans, non compris l'épaisseur des piliers, 10 pieds [Note : 15 m. 90 et 3 m. 25]. Au dessous desdites arcades, en remontant vers Orient, s'en trouve une sixième de front remplie d'un vitraille servant de clôture à la grande sacristie.

Au milieu dudit cloître est une grande porte cintrée ouvrant sur un vestibule à gauche duquel est le grand escalier qui monte aux dortoirs, lequel est adossé audit réfectoire, et, à droite, sont deux portes s'ouvrant sur le Chœur des Religieuses, lequel a 29 pieds de longueur et 19 pieds et demi de largeur [Note : 9 m. 70 et 3 m. 95] ; dans le fond, onze stalles hautes et huit stalles basses du côté du Midi, et du côté Nord, treize stalles hautes et onze basses, et deux petits oratoires à chaque côté de la grille.

Le grand escalier en bois, dont est ci-devant fait mention, est à quatre volées, dont deux pour le premier étage où se trouve un dortoir éclairé seulement au bout Occident par une fenêtre à deux croisées donnant sur la place, et, à l'autre bout, est une tribune donnant sur la chapelle, et, à l'autre, un oratoire dit de Sainte-Barbe.

Au bout occidental dudit dortoir, du côté Nord, sont deux parloirs et trois cellules jusqu'à l'escalier, et, depuis le même escalier jusqu'à la tribune, trois autres cellules.

Du côté du Midi du même dortoir huit autres cellules, et, au bout occidental, une porte de communication au bâtiment en retour.

Au second étage est un autre dortoir planché et éclairé comme le précédent, fors qu'il a de plus une grande fenêtre au bout Orient.

Au bout occidental du même dortoir, du côté Nord est une cellule donnant sur la place, à côté de laquelle cellule vers Orient est une petite allée conduisant à la chambre dite Lingerie ; depuis la même allée jusqu'à l'escalier il y a cinq cellules ; depuis ledit escalier, trois autres cellules et, à la suite de la dernière, est la chambre du Noviciat, qui est sur la chapelles, laquelle chambre a cinq croisées, savoir deux à l'Orient, deux à l'Occident et une au Nord, et un oratoire en menuiserie au bout Midi où est un tableau de la Sainte Vierge.

Du côté du Midi du même dortoir, à commencer du bout d'Orient, est d'abord une chambre, dite la Roberie, et ensuite huit cellules ; d'après se trouve un grand vestibule faisant partie du bâtiment, en retour, et, du côté d'Occident du même vestibule, est une autre cellule, éclairée du côté de ladite place, laquelle dernière cellule fait partie du même bâtiment et se trouve ici comprise parce que le mur de refend a été coupé.

Au-dessus dudit second dortoir, sont des greniers en charpente, dans laquelle est le clocher dudit couvent, où il y a une cloche fendue.

En retour dudit bâtiment est un autre bâtiment moins élevé faisant face à la cour et contient, en dehors le tour, le salon à manger du Chapelain, une petite cuisine, au-dessus de laquelle sont un parloir, la chambre de la pharmacie, même une chambre au premier étage, se servant par un escalier de bois.

Le corps dudit bâtiment comprend au rez-de-chaussée une grande cuisine, sous laquelle et au bout d'icelle sont deux caves et une chambre d'Assemblée au-dessus de ladite cuisine.

Dans la cour est un escalier de pierre en perron, conduisant à deux chambres se joignant servant d'infirmerie, lesquelles sont éclairées du côté de la place ; à côté de ladite cuisine, vers Occident, est une petite décharge de laquelle on passe dans une petite tourelle où est un escalier de bois à noyau où il y a une porte communiquant à l'infirmerie, un petit cabinet donnant sur la place, une autre porte servant à la chambre d'Assemblée, un autre petit cabinet au-dessus du précédent et, au bout dudit escalier à noyau, s'en trouve un autre servant à un petit appartement dit le Magasin, et, un peu au-dessus, deux chambres pratiquées dans la couverture, lesquelles sont éclairées vers Orient et Occident et, à l'égard des greniers au-dessus, ils sont de toute inutilité.

Au rez-de-chaussée, au bout de la cave, est un petit embas très obscur, où il y a cheminée, lequel n'est éclairé que par une petite fenêtre donnant sur la place.

En retour vers Orient est un autre corps de bâtiment de plus nouvelle construction que le précédent, lequel a, de long, 41 pieds, et, de large, de dehors en dehors, 30 pieds [Note : 13 m. 50 et 9 mètres], y compris le cloître au Nord, lequel a trois arcades en bois ; ledit corps de bâtiment consistant en deux salles à cheminée, chaque avec deux croisées au Midi, dont l'une est le Grand Pensionnaire, et l'autre salle est divisée par une cloison de bois, vers Orient, et le tout se servant par trois portes ouvrant sur ledit cloître,; caves au-dessous du tout.

Au-dessus dudit Cloître et desdites salles sont, au premier étage, un dortoir tuilé, au côté duquel il y a cinq chambres, dont deux à cheminée et, de plus, un petit cabinet donnant sur le palier de l'escalier et un petit bûcher, et un second dortoir au-dessus du précédent, éclairé par les deux bouts d'Orient et Occident, où sont quatre chambres du côté Midi, deux du côté du Nord, et une seule sur le palier de l'escalier.

Au bout du dernier bâtiment est un plus ancien, nommé le Pensionnaire, s'avançant en saillie plus que le précédent dans la cour, lequel a 22 pieds de laize de dehors en dehors, et 29 pieds pareillement de longueur. Ledit bâtiment consiste dans la salle à manger, au rez-de-chaussée où il y a cheminée, deux portes, l'une au Nord et l'autre à l'Orient, et aux deux côtés de la dernière, deux fenêtres vitrées.

Près la porte vers Nord de ladite salle et en dehors d'icelle est un escalier de pierre en perron, servant à la chambre au-dessus de la même salle, laquelle chambre, outre sa porte au Nord, a trois croisées vers Orient et Nord.

Au bout d'Orient dudit Pensionnaire est un vieil appentif adossé contre un mur, servant pour le manger des domestiques et ouvriers.

Et, à peu de distance du puits, vers l'Ouest, sont deux vieux bâtiments, d'inégale élévation servant de Boulangerie et de Fournil, contenant 48 pieds de long et, de largeur, 17 pieds et demi ; à côté duquel vers Nord est un escalier de pierres en perron servant à une chambre sur le four et sur une allée conduisant aux latrines des religieuses, lesquelles joignent vers Orient à d'autres latrines pour les pensionnaires. Au bout de ces deux derniers bâtiments vers Ouest, est un petit terrain, enclos de murs de pierres, dans lequel sont trois poulaillers en appentis, adossés aux murs vers Orient et Nord, dont deux sous mêmes faits et l'autre séparé.

Au Nord dudit Couvent, dans la partie au côté de la ruelle d'entrée et de la chapelle, à 11 pieds de distance de la buanderie à compter du porche, est une étable aux vaches, près la porte de laquelle est un puits mitoyen, contenant ladite étable 26 pieds de long, non compris l'allée au Midi et, de laise, 18 pieds et demi.

A vis le grand vitraille au Nord et en dehors de la chapelle est un autre bâtiment en joignant du mur de clôture lequel contenant 21 pieds de long sur 14 pieds de laize sert de retraites à porcs, distribuées en deux êtres ; un charbonnier au-dessus, se servant par un perron du côté Midi.

A peu de distance du dernier bâtiment est pratiqué et existe dans le mur, vers Nord du grand jardin, donnant sur la ruelle conduisant aux douves de la ville et sur laquelle se trouve le logement du jardinier consistant dans une cave, un embas avec cheminée et une chambre au-dessus, un grand portail pour l'entrée des provisions, dit " Porte Charetière " ».

La visite, terminée à huit heures du soir, recommence le lendemain à huit heures du matin.

Cette fois, il s'agit de l'extérieur du monastère et du grand jardin dans lequel se trouve le fruitier, composé d'un embas à cheminée, se desservant par un escalier extérieur en pierres. Au coin Orient et Midi était la chapelle funéraire, construite pour servir de cimetière aux religieuses.

Cette chapelle, « lambrissée dans son plafond supérieur, sous comble d'ardoises, son aire pavée en carraux de terre cuite », avait de longueur, en dedans, 46 pieds et 25 de largeur ; elle contenait « un autel en bois commun, une quarrée sans tableau et deux statues représentant l'une saint Pierre, et l'autre sainte Hélène [Note : Après la Révolution, lorsque les églises furent rendues au culte on transporta ces statues dans l'église de Hédé dont elles ornèrent le maître-autel. Saint Pierre est encore sur son piédestal, mais, malheureusement, il y a quelques années un saint Joseph en plâtre couvert de peintures brillantes et d'or fait vivement regretter la simplicité d'ornements et la naïveté du travail de sainte Hélène dont il est venu prendre la place], une balustrade et des bancs alentour, avec leurs dossiers de menuiserie et leur marchepied de bois. Deux portes y donnaient entrée au Nord et à l'Occident et elle était éclairée par cinq vitraux ».

Dans le mur qui séparait le grand jardin de la cour des métiers existait une grande porte ouvrant sur un verger planté d'arbres fruitiers, d'une contenance de 4 cordes 23 pouces en haut, joignant le grand jardin, 4 c. 8 p ; sur le côté Midi 8 c. 4 p ; et du côté de la bassecour 8 c. 13 p.

Ce document présente pour nous ce grand intérêt qu'il s'applique tout particulièrement à la Maison Conventuelle, interdite au public entièrement anéantie dans l'incendie de 1793, décrivant l'intérieur comme l'extérieur, nous permettant ainsi de glisser un léger et rapide coup d'oeil à travers les grilles de nos récluses. Mais, s'il est exact, ce document est nécessairement incomplet.

En effet, depuis l'époque (1768) à laquelle il avait été rédigé, de grands changements se sont produits dans le couvent. Il avait bien fallu trouver un emploi à l'héritage des Catherinettes, si inopinément et si heureusement venu.

Nous avons dit précédemment que cette fortune avait servi à l'agrandissement du Monastère, non pas de la partie occupée par les religieuses, qui était suffisante pour leurs besoins, mais à la construction de maisons de rapport pour augmenter les revenus du Couvent.

Ces maisons, dites « Maisons neuves des Ursulines », pour les connaître et savoir ce qu'elles étaient, nous nous adresserons au « grand prisage, mesurage et estimation », qui furent faits en 1790, 1793 et an IV de la République (1796), par les Experts désignés par la Municipalité et le district de Rennes pour l'évaluation de la valeur des biens des Religieuses, en vue de leur aliénation. Nous y trouverons d'abord la description des nouveaux bâtiments et aussi de nombreuses dépendances affectées au service de l'établissement.

Afin de faciliter la vente, les experts avaient divisé les biens en trois parties ou lots correspondant aux trois cours qui se trouvaient renfermées dans la clôture.

Dans la première cour il n'y a plus rien. Voici ce que nous en dit, en février 1793, Charles-Paul Maugé, expert nommé par le Directoire du District de Rennes [Note : Arch. dép. d'Ille-et-Vilaine, 1 A. 405] : « Le grand corps de bâtiment servant de demeure aux ci-devant religieuses, construit en pierres, couvert en ardoises, composé d'un rez-de-chaussée et de deux étages, et contenant les Parloirs, Réfectoire, le Cloître, le Chœur et les chambres d'habitation desdites religieuses, le Tour et un des escaliers..., plus un bâtiment pareillement construit, joignant vers Midi le précédent et servant d'infirmerie  ».

Cela, nous le connaissons ; les enquêteurs de l'Evêque nous l'ont décrit. Mais trois ans plus tard, le 14 messidor an IV de la République, le tableau est changé.

« Cette Maison Conventuelle, nous disent les citoyens Deslandes et Julien-François Pinczon, experts, consiste maintenant, dans sa partie occidentale, dans les debris d'un corps de bâtiment, avec aussi les débris d'une ancienne tourelle se prolongeant côté occidental, vers la place de Hédé, dont, aujourd'hui, il n'existe plus que des parties de murs de pierres, des cheminées, différentes ouvertures et quelques légères parties de doublages... En retour du bâtiment ci-dessus et de ses débris, au bout Nord d'iceux, existent aussi les débris d'une portion de ladite maison, consistante actuellement en sept voûtes de cloistres, dont les cintres et piliers sont en pierre de taille, la partie du mur au midy annonçant plusieurs cellules ; les autres parties sont dégradées et semblent annoncer plusieurs autres appartements. Une chapelle à l'Orient, en ruines ».

Tel était devenu l'état de la Maison Conventuelle après le passage des soldats du général Cefer.

« A l'Orient et Midi de ces mazures est un puits avec collet en pierres de taille ; lesdits bâtiments et cour contenant par fond 28 cordes, joignant d'Occident la rue à vis la place de Hédé, du Midi autre bastiment et cour, d'Orient au mur du Grand Jardin, du Nord, à maison du citoyen Gersin, et maison et terre du citoyen Trotoux, le tout ensemble était estimé 70 livres de rente et en capital, 1.260 livres ».

Le second lot consistait dans la cour dite « des Métiers », renfermant le Grand et le Petit Pensionnaire, et les bâtiments de service, Cordonnerie, Boulangerie avec son four, Poulaillerie, etc., que nous connaissons, limité d'Occident par les maisons neuves, du Nord à la cour et aux ruines ci-dessus, du Midi par la cour et maisons de Tannoy ou Tannoir, contenait par fond, y compris la ruelle de servitude qui communiquait au Midi par un portail à la Grande-Rue de Hédé 7 cordes 21 pieds. Cette ruelle était le reste de l'ancienne « Rue de la Fonderie », qui, autrefois, suivait les Douves qui entouraient la Ville, alors disparues englobées dans le monastère.

Au Midi de ce lot, et en faisant partie, était située la cour de Tanouarn, Tannoir, Tannoy, avec les bâtiments qui s'y trouvaient : maison de la Tissanderie, galeries sur poteaux et autres, qui contenait par fond 10 cordes et demie, joignant du Midi au Petit Jardin, ci-après, d'Orient au Grand Jardin, d'Occident à l'écurie des héritiers Hervoches, et à terre et bâtiment du citoyen Huet, est estimée le tout 197 livres de rente et de capital au denier 18, 3.646 livres.

Le troisième lot comprenait les maisons dites « Maisons neuves des Ursulines ».

Ces maisons, quoique contiguës à la Maison Conventuelle, en étaient cependant absolument indépendantes.

Elevées en bordure de rue et destinées à être habitées par des étrangers, elles formaient, au contraire, une barrière de plus, interposée entre le Monde et les Religieuses.

Partant d'un ancien bâtiment joignant à la grande porte du couvent, mais en dehors et complètement isolé du Monastère, loué à des étrangers, entre autres, en 1752, à Mlle Guinot et, en 1770, au sieur François Esnault, Maître Perruquier, qui y demeure encore en 1790, consistant en un embas ouvrant sur la place par une porte à deux battants, avec fenêtres du même côté à petits vitrages et surmonté d'un premier étage, les nouvelles maisons étaient au nombre de deux, séparées par un mur de refend.

Construites « de murs de pierres de taille et de maçonnail, avisagées à l'Occident et situées près la grande place de Hédé, et partie à vis la Grande-Rue, elles se développaient sur une longueur de 80 pieds 6 pouces (26 m. 08 c.) et avaient de profondeur au pignon Nord, 22 pieds 6 pouces (7 m. 75), et au pignon Midi 22 pieds (7 m. 55). Bâties sur un plan identique, chacune d'elle avait deux boutiques au rez-de-chaussée élevé sur caves, avec un perron de pierres de taille, puis un premier et un second étage, avec deux chambres et un cabinet, éclairés, dans la maison la plus au Nord, au premier, par cinq grandes fenêtres, avec balcon en fer forgé, et, au deuxième étage, par cinq fenêtres ordinaires ; l'autre ne présentait que quatre ouvertures à chaque étage, sans portes-fenêtres ni balcons. Tous les appartements étaient desservis par un escalier à deux volées sur lequel ils s'ouvraient.

Les caves étaient grandes ; il semblerait même que dans la première maison deux fussent superposées, si l'on en croit le rapport de l'expert, disant que « sous la cave du Midy existe une autre cave, prenant jour à l'Occident par un soupirail ».

C'est dans cette première maison, au premier étage, que la Municipalité de Hédé, n'en ayant plus à sa disposition, dans l'Auditoire depuis longtemps ruiné, la salle où, jusqu'alors, elle avait tenu ses séances, vint chercher un local convenable pour la remplacer.

Au second étage existait « à l'angle Occident et Nord une porte donnant sur un très petit corridor, lequel avait communication à la Communauté des Dames Ursulines..., et dans lequel il y avait eu ci-devant un Tour, mais, aujourd'hui (1790), le Tour est supprimé et remplacé par une maçonnerie en pierres ; au centre du pignon oriental d'icelle, il y a une porte qui donnait ci-devant entrée de ce côté sur le Pensionnaire de ladite Communauté, mais, aujourd'hui, cette porte est condamnée et cette chambre est occupée par le Chapelain et Directeur desdites Dames ».

Ces « maisons joignant du Nord à une mazure de Tour, car-devant dépendant des Ursulines et aussi, à partie des bâtiments incendiés, d'Occident à la rue de Hédé étant, à vis le grand puits, d'Orient au ci-devant Grand Pensionnaire, se montent de revenu à la somme de 160 livres tournois, laquelle somme, multipliée au denier 18, donne le capital de 2,880 livres tournois ».

A l'extrémité Midi de ces Maisons neuves existait un petit jardin commençant du côté de la rue, avis le Grand Puits, contournant l'auberge de la « Maison Rouge » pour rejoindre la rue de la Fonderie, à l'intérieur du Couvent.

C'est dans ce jardin que l'on éleva le « Bâtiment des Classes ». Cet édifice, construit en maçonnerie et pans de bois, se composait : au rez-de-chaussée d'une salle basse avec deux croisées vitrées avec volets, ouvrant à l'Orient, porte à l'Occident sur le corridor et autre porte Nord sur la cour, et d'une chambre au-dessus avec cabinets éclairés au Nord et à l'Orient, et, au-dessus d'un grenier auquel on accédait par l'escalier Midi de la « Maison Neuve ». Ce bâtiment se desservait par une ruelle partant de la grande Rue de Hédé et ayant quatre pieds de largeur sur trente-quatre pieds de longueur qui le séparait de la Maison Rouge et au fond de laquelle se trouvait une porte qui permettait l'entrée de l'école aux jeunes élèves venant de l'extérieur.

Il ne reste plus, pour terminer, qu'à dire un mot du jardin de la Communauté que l'on avait acquis autrefois avec tant de difficultés de trop nombreux possesseurs.

Ce jardin entouré de hautes murailles, qui servait de promenoir aux Religieuses cloîtrées et dans lequel les pensionnaires et les élèves pouvaient prendre à l'aise l'exercice nécessaire à leur santé, était vaste et commode. Il contenait trois journaux et renfeinait quelques petits bâtiments : la maison du jardinier, la chapelle funéraire, un petit pavillon servant d'étable et de fruitier, etc...

Le mur de clôture qui formait ses limites, partant des bâtiments claustraux, remontait vers l'Est, jusqu'à une petite ruelle sur laquelle s'ouvrait une porte cochère pour le service et rencontrait à l'angle Nord-Est les anciennes Douves de la Ville [Note : Ces douves qui, partant des Vallons des Guibarets, passant derrière les maisons de la rue du Chauchix, entraient dans le jardin du Couvent pour en sortir sous l'auberge « de la Maison Rouge » et rejoindre le Château, constituant ainsi une première ligne de défense pour la ville qu'elles entouraient, n'existaient plus. La partie située dans le jardin des Ursulines était comblée et en culture ; la Maison Rouge, la rue de Hédé, d'autres maisons encore en couvraient une autre. Quant à celle qui partait des Guibarets, elle avait aussi disparu par l'afféagement fait en 1765 « au sr Mathurin Cochery et à ses associés, noble maître Joseph-Antoine Hérisson de Lourme, avocat au Parlement ; Jean Jugon, Jacques Brageul et Jean Perou, d'environ 25 cordes ou 6 sillons de terre à prendre dans les douves de Hédé, tenant au levant au Clos de pierre au Sr Hérisson, au couchant au jardin du Sr Cochery, Jean Jugon, Jacques Brageul et Jean Perou et au midi au surplus de la douve et passage conduisant derrière le jardin des Ursulines ». Arch dép. d'Ille-et-Vilaine, C. 1921].

Ce surplus des douves, non afféagé, seul et dernier vestige. avec les ruines du château, a survécu encore plus de cent quarante ans et n'a été comblé qu'il y a à peine deux ou trois ans.

De là, il se dirigeait à l'Est en suivant le Chemin Horain, rencontrait à l'angle Est-Sud la çhapelle funéraire, descendait vers l'Ouest le long de la Ruelle des Courtillets, jusqu'au Pavillon fruitier, remontait au Nord pour rejoindre la Grande Rue, en contournant les jardins et terres des citoyens Le Marchand et Huet.

L'établissement des Ursulines, bâtiments et jardins, à lui seul couvrait une superficie de 2 hectares, le douzième de toute la ville, qui ne comprend que 25 hectares.

Du procès-verbal des experts il résulte que le « total général de tous les biens qui y sont mentionnés, s'élève dans l'état où ils se trouvent, en revenus à la somme de 995 livres, et, en capital calculé tant au denier 18 et au denier 22, suivant qu'il s'agit de bâtiments ou de terres, à 19.102 livres ». L'estimation était modeste.

La vente eut lieu quelques jours après l'estimation, le 2 thermidor an IV. Le citoyen Louis-François Aubrée, juge de paix du canton, acquiert la maison et jardin des Classes, les Pensionnaires, la partie Midi de la Maison Neuve, la Cour de Tanouart et les jardins qui lui font suite, pour la somme de 15.232 livres. Le citoyen Michel Deslandes, maire, achète les jardins, comprenant la chapelle funéraire, jusqu'à la rue. Quelques bâtiments de service, restant dans la partie incendiée, sont vendus à Sébastien Trotoux. Quant à la Municipalité de Hédé, qui ne cessait de réclamer qu'on lui laissât ou qu'on lui vendit, pour servir de Mairie, qui lui manquait, la partie de la Maison Neuve, où elle avait dû, après la démolition de l'Auditoire qui lui servait d'Hôtel de Ville, chercher, comme locataire, un refuge pour abriter ses séances, elle ne put rien obtenir, malgré toutes ses réclamations, et dut attendre plus d'un demi-siècle avant de pouvoir se payer une Mairie.

Après cette date du 2 thermidor an IV, et à la suite de cette vente, le monastère, ainsi dépecé, n'existait plus, même de nom.

(A. Anne Duportal).

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