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LA BRETÈCHE : TERRE ET MAISON NOBLES EN LA PAROISSE DE SAINT-SYMPHORIENPRÈS DE HÉDÉ |
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LA BRETÈCHE.
Le nom de Bretèche, que l'on retrouve assez fréquemment parmi ceux de terres ou de châteaux, semblerait indiquer que là se trouvait, à une époque, ancienne, un petit établissement militaire, une de ces fortifications en bois, élevées sur une motte, telles qu'on en construisait aux IXème et Xème siècles. Cela n'aurait rien d'étonnant si l'on considère la position du manoir, à l'intersection des deux routes passant par Hédé, l'une venant de Rennes et allant vers le Nord, Aleth et Saint-Malo ; l'autre, transversale rejoignant entre elles les deux voies romaines, de Rennes à Corseul et de Rennes à Valognes.
A l'épôque la plus lointaine à laquelle nous pouvons remonter, la seigneurie de la Bretèche appartient à la famille de Bintin, seigneurs de Bazouges. De 1394 à 1410, nous trouvons des aveux rendus à Bertrand de Bintin pour terres dépendant du grand bailliage de Saint-Symphorien, puis, après lui, à Pierre, seigneur de Bazouges et de la Bretèche, que nous rencontrons en 1421.
En 1427, une Montre de la paroisse de Saint-Symphorien nous apprend que le Manoir de la Bretesche appartient au sieur de Bazouges et l'Hostel de la Bretesche à Jan de la Hingueraye, qui y demeure. C'est ce que l'on appellera la Grande et la Petite-Bretèche.
Nous nous occuperons d'abord de la première, pour revenir plus tard à la seconde, lorsqu'elles seront réunies dans les mains d'un même propriétaire.
Voici l'état de ce qui constituait la Grande-Bretèche en 1455 et des devoirs et redevances envers le Domaine ducal :
« Pierre de Bintin, seigneur de Bazouges, tient prochement du Duc, à foi et rachat les Maison, terres et appartenances de la Bretesche, situées en la paroisse de Saint-Symphorien, contenant environ soixante journaux de terre, et aussi le moulin dudit lieu de la Bretesche.
Item semble au Grand Bailliage de Saint-Symphorien, environ 25 liv. de rente par deniers, dix-sept bouesseaux d'avoine menue, neuf gelines, huit corvées. A cause de quoi il doit de taille par an; suivant les anciens rentiers, 3 sous 6 deniers de rente ô l'obeissance.
Ledit Bintin tient en la paroisse de Saint-Symphorien plusieurs rentes et revenus pour cause des Hulotieres, qui furent attentées du domaine dudit lieu de la Bretesche, comme il dit, montant environ 7 livres, dont il doit par an, au terme d'aout, de taille, outre foy et rachat quand le cas y eschet, 10 sous de rente ô l'obeissance.
Pierre de Bintin tient ès paroisses de Sainte Symphorien et Vignoc, savoir : aux bailliages du Chesnay et de la Crozille, environ 9 liv. de rente par deniers, cinq bouesseaux aveine menue et trois gelines, sur quoi il doit par an, au terme d'aout, et dit-on que c'est du fief de la Crozille, mais il ne le confesse pas, 16 sols 6 deniers de rente, taille à compte » [Note : Réformation du domaine royal à Hédé en 1455].
Le seigneur de Bazouges n'était pas le seul de sa famille qui possédât des terres en Saint-Symphorien; à côté de lui, messire Geffroy de Bintin, chevalier, sieur de la Corbonnaye, son frère ou son fils, tenait le fief de la Gremillière. «« Messire Geffroy de Bintin tient le fief de la Gremilliere..... et en doit chacun an, taille à compte au terme d'aout, doze deniers de rente qui sont payés au Chastelain de Hédé par la main du seigneur du Bois Maigné » [Note : Raoul de Québriac].
Pierre de Bintin est encore à la Bretèche en 1478 ; mais un aveu de 1494 nous fait voir à sa place messire Geffroy, qui lui-même n'y est plus en 1498 et est remplacé par son fils Jehan. Jehan de Bintin, marié à demoiselle Jeanne de la Ferrière [Note : Damoiselle Jeanne de la Ferrière, de Tixue, de Champalaune et de la Boullaye-Ferrière, était fille de Jean de la Ferrière et de Jeanne, fille et héritière de messire Noël de Tixue, qui avait été Capitaine de Hédé en 1407], en eut trois enfants : deux fils du nom de René et une fille, Jeanne. Le premier René était mort jeune; le second présentait un minu le 13 janvier 1534, après le décès de son père, mais mourut jeune aussi, sans laisser d'enfants de sa femme Françoise de Tournemine, fille de Raoul et de Marguerite Caillon, issue de noble homme Jean. Caillon, seigneur de Bellejoie, la Leotardière, Chabreuille, Chedauc, Nitoac et de Jeanne de Mareulh, fille de Joachim, seigneur de Mareulh, Villebois, Brossac, Vibrac, Augeac et autres seigneuries en Angoumois Périgord et Saintonge. Elle était sœur de messire Charles de Tournemine, seigneur de la Guerche, Protonotaire apostolique, Prieur commandataire de Hédé.
Messire Christophe de la Motte, sieur de Vauclair, en épousant Jeanne, était devenu possesseur de tout l'héritage des Bintin. Il semble n'avoir survécu que peu d'années à son beau-frère ; il laissait trois fils, que nous voyons passer successivement à Bazouges et à la Bretèche. Messire Laurent revoit aveu en 1551 pour terres en Saint-Symphorien [Note : Messire Laurent avait épousé Catherine Tournemine, fille de René, seigneur de la Guerche, de Jacson, Mallenoë, Rouault, et de Françoise Hingant, dame du Hac, de Cicé et de Bintin. Elle mourut le jour Sainte-Marthe, en 1580 ou 1584, et fut inhumée dans le chœur de l'église de Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, à Rennes] ; en 1556, c'est Haut et Puissant Messire Joseph de la Motte, Protonotaire du Saint-Siège apostolique, Prieur du prieuré de Saint-Michel de Moncontour, et qui décéda dans le cours de cette même année. Enfin, l'année suivante, nous voyons un autre aveu rendu à Messire Jehan de la Motte. Ce dernier ne garda point longtemps ses terres en Bazouges et en Saint-Symphorien, car c'est François du Plessix, sieur de la Touche-Mesleart, qui fait hommage pour elles le 16 octobre 1559, et lui-même, peu de temps après, les vend à Messire Mathurin Gedouin, seigneur de la Dobiays, qui mourut peu après l'acquisition. En 1577, un Julien Ruaulx se reconnaît « sujet de noble homme Jacques de la Lande, sieur du Lou, au nom et comme curateur de hault et puissant Claude Gedouin, seigneur de Bazouges, la Dobiays, la Bretesche... ». Claude Gedouin avait deux sœurs, Anne et Gillette, avec lesquelles il partagea à sa majorité l'héritage paternel. Anne eut pour sa part la Bretèche, qu'elle apporta en dot lorsqu'elle épousa vers 1588 ou 1589 messire Jacques de Brehant [Note : « Les gens des comptes du Roy notre Sire en Bretaigne aux Senechal, Alloué, Lieutenant, Procureur et Receveur dudit Seigneur en la jurisdiction de Hédé, scavoir faisons que escuyer Jacques de Brehant, sieur de la Roche Saint-Eloy, mary et procureur de droit de damoiselle Anne Gedouin, sa femme, a, ce jour, fait la foy et hommage qu'il debvait et estait tenu de faire à Sa Majesté pour raison du lieu, maison et metairye, boys et appartenances de la Bretèche, moulin, fiefs, juridictions dud lieu, sittuez en la paroisse de Sainct-Siphorien, advenues et eschues à lad. Gedouin par la succession de feu Mathurin Gedouin et damoiselle Jeanne de la Moussaye, ses père et mère. » (Acte de réception d'aveu de 1599, Arch. de la Bretèche)], seigneur de la Roche Saint-Éloy, et où elle vint habiter aussitôt après son mariage.
Dès qu'il fut entré en possession de la Bretèche, Jacques de Brehant, le nouveau seigneur, travailla à l’agrandir : nous avons des actes d'acquêt connus dès 1591. Mais ce qu'il convoitait surtout, c'était la terre de la Petite-Bretèche, dont les bâtiments étaient mêlés à ceux de son manoir. Il parvint à son but en 1595, comme .nous le verrons, et dès lors les deux Bretèches ne furent plus séparées. Nous allons donc maintenant, avant d'aller plus loin, revenir sur nos pas pour rechercher ce qu'étaient et la Petite-Bretèche et ses possesseurs.
En 1427, Jan de la Hingueraye tient l'hostel de la Bretèche et y demeure ; en 1444, c'est Guillaume de la Hingueraye [Note : Montres de 1427 et 1444 pour Saint-Symphorien, évêché de Rennes]. En 1455, « Julien de la Hingrais tient de Pierre de Bintin comme juveigneur d'aîné et en ligence du Duc, à foi et rachat, le lieu, terre, domaine et appartenances de la Bretesche, contenant environ quarante-cinq journaux de terre ». Il possède de plus dans la paroisse de Vignoc, « à foi et rachat, le fief de la Trotilière, auquel il est dû de plusieurs hommes et détenteurs d'icelui environ 4 liv. 10 sous de rente, dont il doit par an de taille au terme d'aout, 8 sous 6 deniers, et au terme de Nouel, de Manger à l'Abbesse 6 deniers ô l'obeissauce » [Note : Réformation du domaine royal à Hédé en 1455]. Ceci nous montre que la raison de la division de la Bretèche en deux parties indépendantes doit être sans doute une alliance entre une fille de la maison de Bintin et un la Hingueraye. Après Julien, c'est Guillaume, en 1478, qui y habite encore en 1513. Ce fut le dernier.
Un vieux registre conservé au bureau de l'enregistrement à Hédé, donnant, avec la désignation des terres nobles dépendant de la Châtellenie, les noms d'un certain nombre de leurs propriétaires, nous apprend qu'en 1540 la Petite-Bretèche est aux mains du sieur et de la dame du Margat, puis, en 1543, dans celles de Jean Levesque et de Bertranne de Mauny, sa femme.
A Gévezé, non loin de Saint-Symphorien, existait une famille du Margat, dont le représentant en 1513 est Guyon, sieur de la Provostais. Est-ce lui, est-ce son fils qui posséda la Petite-Bretèche, et comment advint-elle à cette famille ? Nous n'en savons rien. Peut-être la dame du Margat était-elle une fille de Guillaume de la Hingueraye. Ce qui est certain, c'est que trois ans plus tard, en 1543, nous trouvons à la Petite-Bretèche Jean Levesque et Bertranne de Mauny, femme, qui l'ont acquise sans doute à prix d'argent. Jean Levesque, fils probablement de Gilles, sieur de Bon-Espoir, en Bazouges-sous-Hédé, mourut à cette époque, et sa veuve est l'année suivante remariée à François du Fournet [Note : Arch. de la Loire-Inférieure]. Joseph Levesque, fils du premier mariage, rend aveu quelques années après, mais meurt jeune à son tour et sans descendance, car la terre a passé à Gilette de Mauny, nièce probablement de Bertranne, et qui, veuve alors de Charles Gicquel, sieur du Fournet, fait aveu au roi en 1551 [Note : Sentence de réformation du domaine en 1681]. Du mariage de Gilette de Mauny étaient nés deux enfants, Jehan Gicquel, sieur du Fournet, et une fille, Jacquemine, qui eut en partage la Bretèche. Toutes ces familles appartiennent à des paroisses voisines de celle de Saint-Symphorien, et nous voyons celles des Gicquel et des Mauny vivre à côté l'une de l'autre pendant tout le XVème siècle et une partie du XVIème siècle.
La demoiselle Jacquemine Gicquel ne garda point longtemps son héritage et le vendit à messire Antoine Josses, prieur de Notre-Dame de Montreuil, en Montauban [Note : Antoine Josses avait d'abord été recteur de Quédillac de 1555 à 1568, puis il changea pour aller à Montauban, qu'il abandonna encore lorsque son oncle, autre Antoine Josses, résigna en sa faveur le prieuré ; de N.-D. de Montreuil, dont il prit possession le 21 novembre 1573. Il était en outre Chanoine, Chantre de l'église cathédrale de Rennes et Protonotaire apostolique. C'était un personnage de grand mérite : il assistait aux États de 1571 et était délégué pour « l'estat, de l'Église avec M. François Thomé, abbé de la Vieux-ville. Toussaint de Laval, grand-vicaire de Dol, et Jean d'Argentré, Official de Rennes, afin de s'entendre avec les autres délégués de la noblesse et du tiers... pour conclure et délibérer des affaires et faire rapport à l'assemblée et congrégation » (Registres des États de Bretagne). Il mourut à Rennes vers 1578 et fut inhumé dans le chœur de la cathédrale], de la famille des Seigneurs de la Morinaye, dans la paroisse d'Iffendic, qui portait : d'argent au chevron de gueules accompagné de trois coquilles d'azur.
Nous ne savons pas exactement la date de la vente, mais nous voyons figurer dans les registres de l'église de Hédé, en 1564, noble homme Antoine Josses, protonotaire de la Marinais, à titre de parrain avec Françoise Huchet, dame de Campeneuc, au baptême de demoiselle Antoinette Piedevache, fille d'écuyer Thomas Piedevache, sieur de la Gorière, et de dame Françoise Masuel. Nous trouvons encore une demoiselle Peronnelle Josses, dame du Pont, présente, en 1565, au baptême de Peronnelle Hervoche et, en 1575, à celui de demoiselle Peronnelle Hattes, fille d'écuyer Jean et de Guillemette Berthault, qui doit être une sœur du Prieur de Montreuil.
Missire Antoine Josses garda la Petite-Bretèche presque jusqu'à sa mort, c'est-à-dire jusqu'au 16 septembre 1577, où un acte passé devant les notaires royaux de Rennes nous apprend que « noble et discret Missire Anthoine Josses, Prieur de Monstereul, Sieur de la Petitte Bretaische, residant à Rennes... vend, cède et quitte sans reservation aucune... à noble homme Vincent de Lines, sieur de l'Estang [Note : Terre en Bazouges-sous-Hédé et voisine de la Petite-Bretèche, qu'il venait d'acquérir dans le démembrement de la terre de Bazouges], y residant parouasse de Bazouges, près Hédé... scavoir est les Maison, mestarye, mazieres de salles et granges, taicteryes courtz, jardins, deportz, puiz, pourprins, herbregement et appartenances quelconques dudict lieu de la Petitte Bretaische, sittuée en la parouasse de Sainct-Siphorien, contenant le tout par fons environ ung journal de terre, » plus un certain nombre de pièces de terre, parmi lesquelles les Tertres-Hinguerais, qui tiraient leur nom des anciens possesseurs, contenant trois journaux, « joignant d'un costé et bout le chemin et pièce de terre de la Roche-Raoul et d'aultre endroict le chemin conduisant du Perray audict Sainct-Siphorien..... Item un fieff et bailliage s'étendant en ladicte parouesse, appellé le fieff et bailliage de la Bretaische, aultrement le bailliage de la Cavretiere... que ledict Prieur a dict valloyr par deniers environ 70 soulz monnaie, rente propre, et par avoyne deux bouexeaulx et demy avoyne mynue, mesure de Hédé, poulles, corvées et aultres appartenances quelconques comme le tout desdictes... sont et se poursuyvent avecques le tout des foings, pailles, marneix, engreix et avoirs... prééminences d'église, enffeuz et toutes aultres appartenances... par luy acquis de damoyselle Jacquemine Gicquel…… tenus prochement et noblement de la Court de Rennes au Bailliage de Hédé, à la charge de foy, homaige, rachapt et oultre à la charge d'une paire de gans de cuir blanc neuffs au Sieur de Bazouges pour ung passaige prins au travers du bouays et rabines de la Grande-Bretaische, et oultre, sur le Clos au Priour, tenu de la Court de Sainct-Mellaine, 14 deniers monnaie, rente et obeissance... La vente faite à gré entre partyes à la somme de 4,000 liv. tournois, net et quitte..., payée comptant ».
Le 8 novembre, Jean Ruaulx-Tribonière, procureur spécial du vendeur, mit l'acquéreur en réelle possession, lui fit faire « atournance des hommes et subiectz de la juridiction d'icelle, fiefs et bailliage… » en présence de Robert de Lines, son fils. Vincent de Lines prenait en même temps possession de deux autres pièces de terre, la Tombe et la Posterne, précédemment acquises de Jean Gicquel, sieur du Fournet, frère de Jacquemine. L'acte fut dressé par devant Mes Jehan Picot et Macé Mouazon, notaires royaux à Hédé [Note : Arch. de la Bretèche].
Noble homme Vincent de Lines était fils d'écuyer Gilles, sieur du Breilmarin, dans la paroisse de Saint-Brieuc-des-Iffs, et de l'Étang, et de demoiselle Jacquemine Ginguené. Les armes de sa famille étaient : de gueules à trois channes ou marmittes d'or, à la bande d'azur chargée de trois lozanges d'argent brochant. Il avait épousé demoiselle Jehanne Le Roux, fille de Pierre, sieur de la Rivaudaye, dont il eut plusieurs enfants. Il mourut en 1577, et Gilles, son fils et héritier principal, ayant plus tard besoin d'argent pour payer quelques dettes, se décida à vendre la Petite-Bretèche, dont les bâtiments comme les terres étaient entremêlés avec ceux de la Grande-Bretèche, au possesseur de celle-ci, messire Jacques de Brehant, seigneur de la Roche Saint-Eloy, et à dame Jeanne Gedouin, sa femme. Le contrat est du 21 avril 1595. Le sieur de l'Étang vend « la maison, mestayrie noble, terres arables et non arables, bouays anciens et de revenus de la Petite-Bretesche..., comme le tout se compose..., fors et reservé le bailliage en dépendant, contenant le tout ensemble trente deux journaux de terre..., tenu prochement et noblement du roy, notre Sire, soubz sa jurisdiction de Hédé, à foy et rachapt, francq et quitte de touttes rentes, charges et debvoirs, sauf obéissance à l'usement du fieff. » ..... « La vante est faicte à gré des partyes pour la somme et nombre de 1,200 escuz solleil en principal et 50 escuz solleil en vins et commissions..., lesdictz vins et commissions paiés présentement aulx mains dudict vandeur, qui en a disposé comme bon luy a semblé... et ladicte somme de 1,200 escuz pour ledict principal, payables..., en acquit dudict Sieur de l'Estang, au Sieur de la Chattière dedans le jour et feste de Sainct Michel Montgargaine ». Cette obligation fut remplie le 16 octobre et quittance fut donnée à Jacques de Brehant de la somme de 1,200 écus soleil, payée en espèces de quarts d'écus, francs et demi-francs, et réaulx doubles et simples en argent.
Remarquons que Gilles de Lines ne vend ici que les maisons et les terres et que le fief est formellement réservé, et que tous les droits seigneuriaux de juridiction, prééminences d'église, enfeus, vendus autrefois par Antoine Josses comme attachés au bailliage de la Cavretière, sont restés en la possession du seigneur de l'Étang [Note : Cet état de choses a duré jusqu'à la Révolution, car une note attachée à un projet d'aveu de la fin du XVIIIème siècle, par le Procureur chargé de le préparer, est ainsi conçue : « Il faut savoir si le lieu de la Petite-Bretèche faisait partie du bailliage ; si elle n'en faisait pas partie, M. de Bréal n'a pu donner à Féage, car il faut avoir principe de fief pour pouvoir afféager, autrement ce n'est qu'une pure vente censive, quelqu'expression de féage qui fût employée au contrat »]. Le seigneur de la Roche Saint-Éloy et de la Bretèche se fit induire en réelle possession le 26 avril suivant et s'appela, à partir de cette époque, seigneur des Bretèches.
La description de l'acquisition faite par Jacques de Brehant, au moins en ce qui concerne l'habitation, nous présente un triste tableau : « Une maison partye coupverte de tuiles et l'aultre partye coupverte de genets, contenant quarante-neuf pieds en tout avec les vieilles mazures et chacune des estables dudict lieu, four, court et deports devant les-dictes maisons et mazures et jardin derriere, le tout contenant dix-sept sillons et deux rayons ». Il est vraisemblable que tous ces bâtiments avaient été abandonnés et inhabités par les propriétaires depuis le départ des La Hingueraye. Nous savons par un arrêt de la Cour des Comptes de Bretagne que Messire Jacques de Brehant rendit aveu au roi pour sa terre en 1599. A défaut de cet acte, qui nous serait si utile, nous avons des renseignements suffisants sur la composition et l’mportance de la Seigneurie à cette époque, au moins pour tout ce qui relevait du domaine royal, c'est-à-dire à peu près la totalité.
« La maison, métairie, jardins, terres arables, prés, prairies de la Grande-Bretéche, contenant ensemble soixante-quatorze journaux de terre ou environ, compris quelques acquêts faits par lesdits sieur et dame de la Roche, joints à ladite metairie, estimés 200 liv. tournois de rente.
La métairie de la Petite-Bretèche, auxdits sieur et dame de la Roche, par acquêt qu'ils ont fait d'avec defunt Gilles de Lines, sieur de l'Etang Bremarin, contenant tant en jardins, terre, prairie, trente-cinq journaux de terre ou environ, estimés 100 liv. tournois de rente. Le droit de rachat de ladite métairie prisé 65 sous tournois de rente.
Le moulin à eau proche dudit lieu de la Petite-Bretèche [Note : Le moulin de Bintin], le quart rabattu, estimé 31 liv. de rente. Le devoir de rachat dû sur ledit moulin prisé 20 sous tournois de rente.
Autre moulin à eau appartenant auxdits sieur et dame de la Bretèche, appelé le moulin du Perray, situé sur le cours de l'eau venant du grand étang dudit Hédé, avec sa reserve et retenue d'eau, le tiers rabattu, estimé 200 liv. tournois de rente. Le devoir de rachat sur ledit moulin prisé 6 liv. 9 sous tournois de rente.
Fiefs et bailliages dépendant de ladite maison de la Bretesche, scavoir :
Le Grand Bailliage s'étendant ès paroisses de Saint-Symphorien, Tinténiac et…., compris le fief de la Chalotière, valant par deniers 32 liv. monnaie, qui est à tournois 38 liv. 8 sous ; dix-sept boisseaux d'avoine menue, mesure de Hédé, comblée, foulée et refoulée, à raison de 6 sous le boisseau, valant 102 sous ; neuf gelines, à 3 sous chacune, valant 27 sous ; huit corvées, à 3 sous chacune, valant 24 sous ; le revenu duquel bailliage monte ensemble à 46 liv. 1 sou. Le rachat duquel bailliage prisé 30 sous tournois de rente.
Autre bailliage appelé la Brosse [Note : Le bailliage de la Brosse ou de la Broce était situé sur les limites des paroisses de Saint-Symphorien et de Saint-Gondran. Il ne resta pas longtemps attaché à la Bretèche et fut porté par demoiselle Marguerite de Brehant dans la famille Beschart lors de son mariage en deuxièmes noces avec Pierre Beschart, sieur du Coudray (1632)], appartenant audit Sieur, vaut par deniers 65 sous monnaie, revenant à tournois 78 sous ; deux boisseaux avoine menue, prédite mesure, étant à ladite raison de 5 sous chacun, valant 10 sous ; une geline, 3 sous tournois. Le devoir de rachat d'icelui bailliage prisé 2 sols 11 deniers tournois de rente.
Item, autre bailliage appelé le fief Mouaizon ou Mouason, valant par deniers 14 sous monnaie, réduit à tournois 16 sous 8 deniers ; un boisseau d'avoine menue, dite mesure, valant 5 sous. Le revenu duquel bailliage monte à 21 sous 8 deniers. Le devoir de rachat prisé 9 deniers.
Autre bailliage appelé le bailliage de la Corvairie [Note : En 1455, le bailliage est tenu par messire Jacques de la Feillée. « Il tient en la paroisse de Saint-Symphorien et de La Chapelle-Chaussée le fief de la Merceraie et de la Corvairie, qui montent environ 8 liv. de rente..., sur quoi il doit au terme d'août 2 sous de taille à compte ô l'obeissance ». Porté dans la maison de Couesbouc par le mariage de Marguerite de Brehant (1619) avec Julien du Bouays, il est revendu par son fils, Jacques du Bouays, sieur de Langouet, en 1649, à écuyer Jacques Beschart, sieur de la Chatière], montant par deniers 53 sous 8 deniers monnaie, qui est à tournois 3 liv. 4 sous ; huit boisseaux avoine menue, prédite mesure de Hédé, raison de 5 sous chacun boisseau, valant 40 sous ; trois corvées, 9 sous tournois ; deux gelines, 6 sous ; le tout duquel bailliage vaut 119 sous 4 deniers. Le droit de rachat prisé 3 sous 6 deniers de rente.
Autre bailliage appelé le bailliage du Chesnay, vaut par deniers 8 liv. 2 sous 6 deniers monnaie, qui est à tournois 9 liv. 15 sous ; trois gelines, 9 sous ; trois. corvées, 9 sous ; six boisseaux avoine menue, dite mesure, à 5 sous chacun, valant 30 sous. Le tout du revenu du bailliage vaut 12 liv. 3 sous. Le droit de rachat prisé 7 sous 10 deniers de rente.
Le bailliage de la Thébaudais [Note : Le fief de la Thébandais appartenait en 1455 à noble homme Pierre Chasteigner, seigneur de la Chasteigneraie, en La Mézière], montant par deniers 11 liv. 17 sous 10 deniers monnaie, qui est à tournois 14 liv. 15 sous ; douze boisseaux avoine menue, dite mesure, à 5 sous, valant 60 sous ; une corvée et demie, 4 sous 6 deniers ; deux gelines, 6 sous. Le tout duquel bailliage vaut ensemble 18 liv. 8 sous tournois. Le droit de rachat prisé 11 sous 7 deniers maille de rente.
Le bailliage de l'Escoublère [Note : Le bailliage de l'Escoublère était tenu en 1539 par noble homme maître Jullian Robert, écuyer, sieur de Saint-Gondran ; mais il est retourné vers cette époque à la seigneurie de Bazouges, ainsi qu'il résulte d'un autre aveu rendu en 1556 à haut et puissant messire Joseph de la Motte, Prieur du prieuré de Saint-Michel de Moncontour, seigneur de Bazouges] vaut par deniers 6 liv. 6 sous monnaie, qui est à tournois 7 liv. 11 sous 2 deniers. Le droit de rachat prisé 4 sous 10 deniers tournois de rente.
Le bailliage de la Gremillière vaut par deniers 11 sols monnaie, qui est à tournois 13 sous 3 deniers ; trois boisseaux d'avoine menue, prisés 15 sous. Ledit bailliage vaut 28 sols 3 deniers. Le droit de rachat prisé 10 deniers tournois de rente.
Le bailliage de la Simonière vaut par deniers 20 sous monnaie, qui est à tournois 24 sous. Le droit de rachat prisé 8 deniers tournois de rente.
Le bailliage de la Palfraire, situé dans la paroisse de Bazouges-sous-Hédé, valant par deniers 30 sous monnaie, qui est à tournois 36 sous ; une geline, prisée 3 sous ; demi-corvée, 18 deniers. Le tout dudit bailliage vaut 40 sous 6 deniers. Le droit de rachat prisé 14 deniers de rente » [Note : Réformation du domaine royal à Hédé en 1601].
Après l'achat de la Petite-Bretèche, Jacques de Brehant continua pendant toute sa vie d'arrondir son domaine. Il y fut aidé par sa femme, par son gendre, Pierre Le Valloys, par ses filles, Ysabeau et Marguerite, aux noms desquels nous trouvons de nombreux actes d'acquêts jusqu'en 1627. En 1612, il échange avec la demoiselle Bienvenue Lezot, veuve de noble homme Valentin Bregel, le moulin du Peray et son étang, situé aux vallons de Hédé, appartenant à sa femme par héritage, « avec les droits de mouture et autres terres tenues prochement et noblement du roy à Hédé, à charge de foi, hommage et chambellenage, quand le cas y eschet, pour toutes rentes, charges et devoirs fors obeissance à l’uzement du fief de la juridiction royale de Hédé, » contre le moulin de l'Alleu, en La Chapelle-Chaussée, fort ruineux et indigent, etc., et une soulte de 600 liv. payées à compte et 100 liv. pour les vins et commissions portés au contrat.
Toutes les acquisitions que firent le seigneur de la Bretèche et sa famille ne leur profitèrent guère. Elles avaient coûté cher et il avait fallu pour les payer emprunter à des parents ou à des amis l'argent qu'on n'avait pas. Dès 1612, Jacques de Brehant doit à messire Jacques du Cambout, mari de Gilette Gedouin, sa belle-sœur, 3,180 liv. ; en 1620 et 1621, trois autres mille livres à messire Jacques de la Lande, sieur de Trégomain. Ces créanciers, et bien d'autres encore que nous ne nommons point, ne pouvant se faire rembourser de leur argent, ni même en toucher les intérêts, se virent dans la nécessité d'intenter une action judiciaire. Un jugement fut obtenu le 28 août 1628, et en 1630 fut ordonnée la vente de « la maison principale de la Bretèche, moulins, métairies, bois de haulte fustaye, attache de coulombier, fiefs, juridictions, rachatz, sous rachatz, prééminences d'église et autres droits seigneuriaux, prés, prairies, galloyes, terres arables ou non arables, tant en la paroisse de Saint-Symphorien qu'aultres paroisses..., appartenant auxdits sieur et dame de la Roche et de Sereac (Jacques de Valoys et sa femme s'étant rendus solidaires de l'emprunt fait au Sieur de Trégomain) sans nulle ny aucune réservation » [Note : Arch. de la Bretèche]. Ces biens, saisis et mis en vente, se composaient du Manoir, des rabines et châtaigneraies, du moulin de Bintin, du grand bailliage de Saint-Symphorien, des bailliages de l'Escoublère, de la Hormoulière, de feu Mouazon, du Chesnay, de la Bodinière, en Vignoc ; de la métairie de la Croix de la Bretèche, de Launay, de pièces de terre relevant de l'abbaye de Saint-Melaine au bailliage de Saint-Symphorien, et des maisons, métairie et terres de la Simonière, dépendant de la juridiction de l'Étang par le bailliage de la Bertière, etc. [Note : Il y a là deux nouveaux fiefs, ceux de la Hormoulière et de la Bodinière, qui ont dû être acquis depuis l'année 1601 ; en revanche, on ne parle pas de ceux de la Broce et de la Corvairie, qui ont servi de dot à Suzanne de Brehant ; de celui de la Thébaudais, que l'on trouve quelques années plus tard à la Chatière ; de la Gremillère, qui sera joint à la Salle, ni enfin de la Palfraire]. C'était, semble-t-il, à peu près toute la fortune de Jacques de Brehant. La vente eut lieu en 1630, et noble homme Louis Bréal, Conseiller, Notaire et Secrétaire du Roi en la Chancellerie de Bretagne, seigneur du Plessix de Couesmes, devint acquéreur pour la somme de 22,600 liv., savoir : 20,700 liv. pour ce qui est tenu prochement du roi, 1,300 liv. pour ce qui dépend de la juridiction de Saint-Melaine, et enfin 600 liv. pour ce qui ressort de la seigneurie de l'Étang. De plus, Louis Bréal devra aumôner à l'hôpital de Saint-Yves de Rennes 16 liv. tournois et 8 aux Cordeliers [Note : Aussitôt la vente terminée, les créanciers se présenteront pour le partage, Voici les principaux : Messire Jacques de la Lande, messire Jan de Francheville, dame Françoise Frotet, veuve de Julien Gedouin, sieur de la Dobiays, Conseiller du roi, Président en la Cour, neveu de la dame de la Bretèche ; dame Françoise de Lafayette, abbesse de Saint-Georges, et damoyselle Ysabeau Lamballais, religieuse, pour remboursement de cinq années d'arrérages de 60 liv. de rente promises et 40 liv. pour l'entretien de cette dernière dans son couvent, plus une autre rente annuelle pour le même objet ; noble homme Pierre Beschart, sieur de la Chaponière, qui devait épouser plus tard Marguerite de Brehant ; le prieur et les religieuses de Saint-Melaine ; Suzanne du Bino, veuve d'un Jacques de Brehant, sieur de Saint-Éloy (dont le seigneur des Bretèches semble avoir hérité), et alors femme de Georges de Mezuillac, sieur de Kerdréan ; Pierre Jouault « sera payé et remboursé des sommes de 3,975 liv. 3 sous 6 deniers et 21 liv. 5 sous par deffunt Me Henry Bonnier, son curateur, payées à M° Jean Bonnier, Senechal de Rennes, comme ayant esté le père dudict Jouault cauption desdicts sieur et dame de la Roche Saint Eloy, et ce, au moien des indempnitez des 3e et 19e jours de febvrier 1611, sauf le recours desdicts sieur et dame de la Roche vers les herittiers du sieur de Saint Eloy et lad. du Bino, ainsin qu'ils voisront l'avoir affaire ; » Suzanne de Brehant, tutrice des enfants de son mariage avec Julien du Bouays, sieur de Couesbouc... ; Pierre Bréal, sieur des Cours, et ses consorts, héritiers de Pierre Bréal, sieur du Patys, fermier général de la terre et seigneurie de Hédé ; enfin Jacques de Brehant et Anne Gedouin, Pierre Le Valloys et Suzanne de Brehant, qui voudraient bien conserver quelque chose de leur avoir, mais probablement sans succès, si l'on considère le nombre des créanciers et la somme à partager].
Jacques de Brehant fut-il obligé de quitter son manoir ? Nous ne savons de façon certaine. Dans, tous les cas, il ne put supporter longtemps le malheur qui le frappait, et le 24 septembre. 1631, il était inhumé dans l'église de Saint-Symphorien, dans l'enfeu de son ancienne seigneurie, au tombeau devant l'autel de la Vierge, sous la pierre armoyée de ses armes qu'il avait fait placer lui-même pour lui et ses enfants. Sa veuve se retira à Hédé, dans la maison du Bas-Manoir (ancien fief de Brenazé), qui lui, appartenait, mais elle ne survécut guère à son mari, et le 16 avril 1633 elle allait le rejoindre dans sa dernière demeure.
En 1634, le nouveau seigneur de la Bretèche rend aveu au roi pour sa seigneurie. Il tient, dit-il, « prochement et noblement du roi soubz la barre et chastelenye de Hédé, à debvoir de foy, hommaige et rachapt, quand le cas y echest..., la Maison et Manoir des Bretesches..., près la ville de Hédé, consistant en deux grands corps de logeix, une chapelle, portail, escuryes, grande court au devant cloze et fermée de murs de pierre, les deports, jardins, vergers, le bois de haulte fustaye, la rabine devant la porte, conduisant au bourg de Sainct-Simphorion, la rabine de Bintin avec le palmail, levée, canaux, la pré et bié du moulin de Bintin ; le tout s'entreignant et adjacent.; une pièce de terre nommée les Poternes.., la mestairye de la Porte, le domaine appelé les Hulotières..., la mestairye de Launay..., les prés appelés... la Roche Raoul et la Motte Tardif, la mestairye de la Simoniere.., quantité de maison au village de la Cavretiere, plus le moulin de Bintin. avecq le droict et debvoir de moute audict moulin sur les hommes et subjects desdictes seigneuries des Bretesches, droict de fuie et coulombier pigeons.
« ...... Un bié et sault de moulin, sittué aux Vallons de Hédé, entre le moulin Suzain et celuy à drap dudict Hédé, avec une autre attache de chaussée, size entre le Suzain à présent ruisneux et le moulin du Peray, joignant d'un costé au bas des tertres du Puymorel, d'autre costé las terres du Chasteau dudict Hédé…
Item, la Vaerrye de Hédé et à luy appartenir pour cause d'icelle le debvoir de desgrain es moulins de Hédé, comme aussi à luy et à ses gentz à mouldré son bled francq de mouture au moulin Souzain dudict Hédé, le prochain apprès celluy qui sera engrené dans la trémée. Oultre qu’il luy est deub et appartient le Havaige sur les marchandises qui seront exposées et vendues en lad. Ville de Hédé aux jours de foires et marchés ; la cognoissance des mesures et deffaulx d'icelles tant de bledz auxd, moulins que de vingtz, cildres et aultres breuvaiges qui se débitent par détail en lad. ville et autres endroicts du terroir dudict Hédé.
L'Aulnaige des draps et marques des aulnes, poidz et mesures, avecq le ratelis des foings qui croissent chacun an en la prée dudict Hédé [Note : « La prée dépendant de la seigneurie de Hédé, appelée la Prée au Duc (aujourd'hui les Rivières), située au-dessous du château, vers Tinténiac, contenant douze journaux et quart de journal, quatre cordes de terre, compris le chemin qui sert de passage pour aller à ladite prée ; l'herbe de laquelle prée est chacun an fauchée, fanée et amulonée par les habitants de la ville de Hédé à leurs frais et sans leur être dus aucuns dépens, mais à la charge que lesdits habitants, occupés à l'abiennement de l'herbe de ladite prée, jouissent du regain et seconde herbe. Prisée avec ses charges et considérations la somme de 72 liv. de rente. NOTE. Les demeurans en la ville de Hédé, au fief du duc, savoir : chacun qui tient fumée en ladite ville doit la corvée à lever les foins de la Prée au Duc et les mettre en mulons en la manière accoutumée, et s'ils sont en défaut, on les peut condamner à l’amende de 12 deniers chacun. Et n'est tenu le Receveur ni le Fermier de ladite prée faire auxdits demeurans aucunes dépenses, ni rien leur bailler durant le temps qu'ils feront ladite corvée » (Réformation du domaine ducal en 1455). Les habitants de Hédé ont joui de ce droit jusqu'à l'époque où les propriétaires l'ont racheté, il y a environ vingt-cinq ou trente ans] apprès que les foings ont esté fauchés, cueillis et levés avec la fourche sans rateau [Note : Le droit de ratelis est affermé par le seigneur des Bretèches 8 liv. en 1759 et 10 liv. en 1769. (Actes passés devant Me Boursin, notaire royal à Hédé)]. Aussy que luy appartient pur luy et ses officiers la cognoissance des crimes qui se commettent aux jours de foire ès fins et mettes de lad. ville, selon l’uzement accoustumé, et ung pot par chaque pippe de vin, cildre et autre breuvaige qui se trouvera en perse auxd. jours de foire en lad. ville. Recognoist ledict Sieur que, par cause desdictz debvoirs cy dessus, il doibt et est tenu fournir l'exécuteur de la Haulte Justice, toutte fois et quantes que requis est, pour l'exécution des sentences et jugements qui se donnent contre les criminels convaincus de crimes en ladicte Ville et terroir de Hédé, à la requête et poursuitte du Procureur du Roi audict Hédé, à la continuation et servitude de quoy sont hypothequés lad. voirye et droictz cy dessus seulement ».
« Davantage confesse tenir... noblement à foy et rachapt un autre moulin, sittué aux Vallons de Hédé, vulgairement appelé le moulin du Chesnay [Note : En 1601, ce moulin appartenait à François de la Piguelais, vicomte du Chenay, en Guipel. « Est dû 100 liv. de rente tournois à la seigneurie de Hédé par le seigneur de la Piguelais pour l'afféagement et prise qu'il a faite d’un emplacement de moulin, qui anciennement se nommait moulin à seigle, situé au-dessous du château de Hédé, sur le cours de l'eau fluant de l'étang, à présent à la Recette de Rennes, à raison que ladite terre de Hédé était, lors de l'afféagement, comme elle est encore à présent, possédée par autres que par le Roi, icelle rente multipliée, suivant la coutume, comme rente féodale en matière de haute justice, prisée 200 liv. tournois de rente. Et outre pour le droit de rachat dudit moulin à mutations d'hommes sur l'autre, plus du revenu d'icelui moulin par dessus lad. rente, prisé 4 liv. 6 sous tournois de rente » (Réformation du domaine)]..., sur lequel est deub de rente, par chacun an, la somme de 100 liv., payable au Receveur ou Fermier de Hédé en deux termes.
Fiefs et juridictions dépendant de ladite maison des Bretèches.
« Ung fieff et bailliage appellé le Grand Bailliage de Sainct Syphorien, divisé en dix huit petits fieffs (1° de la Saubouchère, 2° du Grand Malaunay, 3° du Petit Malaunay, 4° de la Ville Mâle, 5° Eveillot et Baranton, 6° de la Grande Gremillère, 7° de la Petite Gremillère, 8° Denieul, 9° Feu Moizon, 10° du Bois de Malaunay, 11° d'En Haut, 12° des Rues, 13° de la Tribonière, 14° des Hulotières, 15° du Pavé, 16° Jus, 17° du Quilliou, et enfin 18° Thébault) ayant cours au bourg et en lad. paroisse de Sainct Syphorien, de nature solidaire et revenchable, se montant par deniers 27 liv. 10 sols maillé et obole monnoye, vingt et deux boisseaux avoine menue, mesure de Hédé, comblée, foullée et recomblée, onze gelines et douze corvées, dont sont hommes et subiects : Missire Guillaume Rouxel, Recteur de Sainct Siphorien, à cause de son benefice..., etc.
… Le bailliage de l'Escoublère..., montant à la somme de 6 liv. 5 sols monnoye de rente...
… Le bailliage du Chesnay, s'attendant aux paroisses de Sainct Syphorien et Vignoc, montant par denier la somme de 8 liv. 14 sols 1 denier monnoye, par avoine menue, mesure de Hédé, neuf bouexeaux, quatre gelines, quart et huitiesme de geline, quatre corvées et huitiesme de corvée..., sur lequel bailliage il confesse debvoir à sondit Seigneur Roi, de rente nommée taille à compte, la somme de 5 sols 11 deniers, payables par la main de son Sergent au Receveur dudict Hédé.
.... Le bailliage de la Fontaine, ayant cours en... Vignoc, montant à la somme de 30 sols 2 deniers monnoye...
Lesquelles choses appartiennent audit sieur des Bretesches par... acquest... fait à la Barre de la Cour de Hédé, icelles saizies sur Escuyer Jacques de Brehant et demoiselle Anne Gedouin, sa compagne, sieur et dame de la Roche, et Escuyer Pierre Le Vallois et demoïselle Suzanne de Brehant, son épouse, sieur et clame de Sereac.... ».
« Une quantité de maison au village de la Cavretière ».
« Le bailliage de la Limonière, s'extendant en la paroisse de Sainct Simphorien, naguère dépendant de la juridiction et seigneurie de la Crozille, par luy acquis d’Escuyer Gilles de France et demoiselle Hellaine Le Vicompte, sa compaigne, sieur et dame de la Crozille aux mêmes debvoirs de foy, hommaige, rachapt et chambellenaige que dessus. Le sommaire duquel monte la somme de 55 sols 8 deniers obolle monnoye par argent, huict bouexeaux troys carts et sixiesme de bouexeau d'avoine menue, sans foullée, tiers et sixiesme de geline, et sixiesme de corvée d’aougt à sayer ou battre. Et le moulin du Chesnay…, par contrat d'acquet par luy faict, avecq messire Guy de la Piguelaye du Chesnay… ».
« Sur et par cause de laquelle Seigneurie des Bretesches ledict Sieur a droict d'enfeu, sépulture et deux pierres tombales prohibitives à tous autres en la nef de l'esglize de Sainct Syphorien, au devant de l'autel où est l'imaige et représentation de la Vierge, lesd. pierres tombales armoiées des armes de lad. Maison et de Bazouges, avecq tout droict de Moyenne et Basse justice, création d'officiers, scavoir : un Senechal, Alloué, Lieutenant, Procureur, Greffier, Notaires, Sergents generaux et autres ; d'avoir papiers et registres, sceaux des contractz et actes, confections d'inventaires, bannyes et appropriements de contractz, debvoirs, ventes, lods, taux, amandes et de receptes payables à ses mains ou de ses fermiers et recebveurs, et de 2 sols monnoye par chacun heritier des décedés, incontinant apprès le déceds arrivé, et de contraindre ses hommes et subiectz de porter leur bled moulure à ses moulins suivant a coustume ».
« … Faict à Rennes, en la maison et demeurance dudict Breal, sittuée prés la rue aux Foulons, le vingt et neufviesme jour d'avril mil six cent trente et quatres ... ».
La Bretèche n'avait point d'auditoire particulier pour l'exercice de sa juridiction. Ses officiers tenaient leurs séances dans l'Auditoire de la Sénéchaussée de Hédé et se servaient aussi de ses prisons pour renfermer leurs condamnés.
Nous rencontrons dans cet aveu un droit et un devoir qui méritent que nous nous arrêtions un instant. Le seigneur des Bretèches déclare posséder le droit de Voirie, c'est-à-dire le droit de police dans la ville de Hédé les jours de foire contre ceux qui troubleraient l'ordre public, le contrôle des mesures tant des blés et autres céréales que des boissons, des draps et étoffes qui y sont apportés, enfin le droit de Havage et Bouteillage sur tous les breuvages, vins et cidres 1, qui y sont mis en vente [Note : Ces droits du seigneur de la Bretèche sur les marchandises mises en foire, quoiqu'ils ne fussent pas d'un très grand produit pour lui, étaient pour les habitants de Hédé d'autant plus désagréables que c'était un impôt éminemment vexatoire et que, d'autre part, leurs foires avaient été dés le XIVème siècle affranchies de tous droits envers les ducs et les rois leurs successeurs. Aussi le Sénéchal de Hédé, maître Henry Calliope Hervagault, se fait-il, dans une lettre qu'il écrit à l'Intendant en 1718, l'écho de leurs plaintes. « Quoique les foires soient franches pour l'intérest du roi cependant le propriétaire de la Bretesche... y fait lever un droit de havage et de bouteillage qui consiste en un pot de vin par chaque cabaretier à vin et un pot de cidre par chaque cabaretier à cidre, un sol par chaque étallier, une escuellée de blé, blanc ou noir, et d'avoine par chaque bouesseau, un van à vanner de la bluterye une fois pour toutes les foires et 2 sols par chaque charge de pots à buée. Nous n'avons point vu les titres de ce droit de havage. Il nous est seulement revenu que ce droit est attribué au propriétaire de la terre de la Bretesphe à condition qu'il fournira le bourreau lorsqu'il en serait besoin à Hédé, ce que je n'ai point vu pratiquer depuis plus de trente ans, parce que les gens que nous avons condamnés à mort ont été exécutés à Rennes aux fins de leur appellation. » (Arch. départ. d’Ille-et-Vilaine, C. 1570). Cette protestation n'eut, du reste, aucun résultat, car en 1759 messire Armand-Éléonor de Bréal affermait au prix de 25 liv. par an et de 50 liv. en 1769 ces mêmes droits de havage et de bouteillage] ; en revanche, il est obligé de fourni, à la juridiction royale l'exécuteur des sentences de la haute justice, le bourreau. Ceux à qui incombaient cette charge de fournir les exécuteurs des hautes œuvres aux justices des ducs, des rois et des grands seigneurs, de diriger et de surveiller les exécutions, étaient les Sergents ou Prévôts Féodés. Ils avaient encore dans leurs attributions la cueillette des revenus de la seigneurie [Note : Le seigneur de la Bretèche ne parle pas de ce devoir, parce que le duc, le roi ou celui à qui il avait aliéné la terre avaient leurs Châtelains et Receveurs qui percevaient dans toute la seigneurie et n'avaient pas besoin de recourir aux sergents féodés]. Comme compensation à cette charge, ils recevaient à titre de rémunération un gage (feodum), une terre franche de tout impôt roturier, plus tard le septième des amendes qu'ils percevaient sur les condamnés, et en outre les droits de Havage sur les objets mis en vente dans les foires et quelquefois même d'autres droits supplémentaires.
Le Sergent Féodé de Rennes avait la terre d'Espinay et le septième des amendes ; celui de l'évêque de Saint-Brieuc avait pour gage la terre du Bois-Boissel et en outre levait par les mains du Receveur de l'Évêque les deux tiers de 5 deniers pour le devoir de Coutume sur les drapiers le jour de la Foire Fleurie, la moitié du droit sur les poissonniers, les deux tiers de la valeur des faucilles vendues à la foire de la Madeleine, la huitième partie de 12 deniers sur les cordonniers, etc... Le droit de Voirie imposait aussi les mêmes devoirs, comme le montre l'aveu rendu au roi le 16 août 1679 par le baron de Malestroit, sergent féodé de Ploërmel : « Droit de patibulaire à six posts près lad. ville de Malestroit à devoir de Voyer lorsque quelque criminel condamné par lad. juridiction doibt y estre exécuté, auquel dit devoir sont sujets les sieurs du Coetdic, du Clio et de Lieuze et les autres vassaux, et sont tenus et les peut-on contraindre de leurs personnes ou procureurs, gens nobles, d'assister le criminel à cheval, aiant chacun une baguette blanche à la main, et ainsi le préceder accompagnant les officiers depuis la sortie des prisons de Malestroit jusques au lieu du Chesne au noyer ». Par cet aveu on voit que Voyer, Prévost ou Sergent féodé sont même chose [Note : Société d'Émulation des Côtes-du-Nord. Prévôts et Sergents féodés (manuscrit inédit d'Hercule de Lescouet)] …
Il est donc à croire que les seigneurs de Bazouges, à qui appartenaient autrefois la Bretèche, avaient été les Sergents Féodés et Voyers de la juridiction ducale de Hédé, que la Bretèche leur avait été concédée à fief pour cette raison, et, qu'après la division de la seigneurie, leurs successeurs ont recueilli avec le gage les devoirs de la sergenterie. Toutefois, le seigneur de la Bretèche n'avouant comme gage et hypothèque de ses obligations que les droits de Voirie et de Havage, on peut croire qu'il les remplit plutôt à titre de Voyer que de Sergent Féodé. Il est regrettable que nous ne possédions pas d'aveux antérieurs au XVIIème siècle, qui seraient sans doute plus explicites à ce sujet.
Louis de Bréal, Conseiller Secretaire en la Chancellerie en 1596, remplit ses fonctions jusqu'en 1630 ; où il reçut ses lettres d'honneur. Il mourut en 1647, probablement à Rennes, à l'âge d'environ soixante dix ans, laisant neuf enfants vivants sur les onze que lui avait donnés demoiselle Jeanne Durand [Note : Fille de messire François Durand, seigneur des Provostais, en Gévezé, et de demoiselle Macée Marot. Elle était sœur de Sébastien Durand, « noble et fameux avocat, » procureur syndic de la Communauté de ville de Rennes en 1622, qui mourut à Rennes en 1642 et fut inhumé chez les Jacobins, au couvent de Bonne-Nouvelle. De sa femme Jeanne Le Roy, décédée après lui (1650), étaient sortis Juliane, morte à Gévezé en 1635 ; Jacquette, née en Saint-Jan de Rennes en 1629, et noble homme François Durand, époux en 1649 de demoiselle Francois de Biliais, qui lui donna un fils et une fille, Gilles et Anne, nés à Gévezé en 1649 et 1650], sa femme, tous nés à Rennes et baptisés dans la paroisse de Saint-Jan : Guy, Louis, Jean, Pierre, Jacquette, François, René, Marie et Julien. Les deux qui n’existaient plus en 1644 étaient Claude et Charles.
Guy, l'aîné, devint seigneur du Plessix de Couesmes, et la veuve cle Louis de Bréal garda la terre des Provostais, qui lui appartenait en propre, et rendit aveu en son nom et en celui de son fils en 1665 pour la seigneurie de la Bretèche. Le partage de la Bretagne ne se fit qu'après le décès de la Dame douairière. Le second fils, Louis, Sieur de la Bretonnière, Recteur de Vignoc, eut le principal Manoir, les fiefs et bailliages de la Simonière, de l'Escoublère, du Chesnay… en même temps que la moitié des prééminences et des droits seigneuriaux dans l'église de Saint-Symphorien ; Jean, Sieur de Bintin, qui tire sen nom de prairie ou du moulin de Bintin, n'eut comme sieur René, sieur de Launay, que des terres sans bailliages ; Pierre, sieur de l'Étang (du moulin de Bintin), reçut l'autre partie des bâtiments de la Bretèche et probablement le Grand Bailliage ; nous ne savons ce qu'eut Jean, Sieur du Peray. François était mort en 1662, avant sa mère ; dans tous les actes où il paraît, son nom est suivi du titre de Sieur des Bretèches, mais ce n'était sans doute qu'un titre de courtoisie, car le seigneur était son père, et nous ne croyons point qu'après le décès de celui-ci il ait rien possédé de la seigneurie. Il avait acheté en 1644, de Louis Lelièvre, sieur du Meslay et de la Boscheraye, mari d'Olive Bréal, sa tante, l'office de Sénéchal de Hédé ; il avait alors trente ans. Le prix de sa charge peut être considéré vraisemblablement comme sa part d'héritage. Les filles, Jacquette, femme de Charles de Vaucouleurs, morte avant sa mère, sans enfants, et Marie, épouse de René de Couespelle, seule du Verger Carheil, n'avaient eu que des métairies.
L'héritage que Louis de Bréal et Jeanne Durand s'étaient donné tant de peine à constituer, divisé en tant de lots, ne semble pas avoir porté bonheur à leurs enfants. Presque tous font de mauvaises affaires et voient leurs biens saisis et vendus, Louis, le recteur de Vignoc, dès l’année qui suit le partage, veut échanger sa part avec son beau-frère, René de Couespelle ; le contrat est signé le 4 mars 1664 par devant Mes Amaury Dupont et Bodin, notaires royaux à Hédé, mais ne semble point avoir eu d'effet, car à la mort du vendeur (1669) les créanciers firent saisir et mettre en vente tous ses biens, qui furent adjugés une première fois à son neveu Louis, sieur du Plessix de Couesmes, fils de son frère Guy, pour la somme de 1,200 liv. et 1,000 liv. à valoir sur son dû. Guy, sieur du Plessix, avocat au Parlement, était mort en 1651, après s'être marié deux fois et avoir eu de sa première femme, Françoise Rouxau, un fils, Louis, et trois filles, et de sa seconde, Julienne de Russanges, deux fils et deux filles. Les créanciers avaient protesté ; une nouvelle adjudication eut lieu, qui se termina le 23 janvier 1675, au profit de Jean Bréal, sieur du Peray, pour la somme de 2,400 liv., plus 4 écus pour la frairye de Saint-Yves. C'est le commencement de la reconstitution de la Bretèche que nous allons suivre jusqu'au moment où, revenue tout entière dans la même main, elle y reste jusqu'à la Révolution. La Réformation du domaine, en 1681, va nous montrer quels progrès avait faits cette reconstitution à cette époque.
De tous les enfants de Louis de Bréal, il n'y a plus que quatre. Le sieur de la Bretonnière est décédé en 1674 ; Jacquette, nous ne savons à quelle époque ; François en 1662 ; le sieur de Launay, en 1662, sans enfants. Pierre, sieur de l'Étang, Julien, sieur de Bintin, Jean, sieur du Peray, et leur sœur, la dame de Couespelle, restent seuls.
Le sieur de Bintin déclare qu'il ne possède que des terres, entre autres la Simonière, mais sans le bailliage. Cette métairie, du reste, il ne l'a même plus, il l'a vendue dès 1664.
Marie, la dame du Verger-Carheil, possède la métairie noble de la Bretèche. Pierre, sieur de l'Étang, tient la partie du Manoir suivante : un grand corps de logis, situé en la cour, vers Orient et Midi, avec la chapelle au bout oriental ; le portail et chambre au-dessus..., la grande levée, la rabine de sapins et de chênes de devant la maison, conduisant au Grand Chemin de Hédé, avec la rabine de châtaigniers conduisant au moulin de Bintin, le moulin de Bintin, etc. C'est la Petite-Bretèche. En outre, le Grand Bailliage, s'étendant aux paroisses de Saint-Symphorien, Saint-Gondran, Tinténiac et Saint-Brieuc-des-Iffs, de nature solidaire et revengeable..., montant de rentes par deniers 27 liv. 10 sous 10 deniers. obolle monnoie, vingt-deux boisseaux d'avoine menue..., onze gelines et douze corvées..., dont sont hommes.... missire Guy Couppé, prêtre, sieur du Quilliou, à cause de sa maison du Tehel... ; Me Charles Hardy, sieur du Chêne-Gaudin..., à cause de sa maison de la rue de la Fonderie, située dans la ville de Hédé.
Le bailliage de la Limonière, en Saint-Symphorien et Langouet, montant à 43 sous 8 deniers monnoie et par avoine huit bouesseaux trois quarts et sixiesme de bouesseau, quart et deux sixiesmes de geline, deux sixiesmes de geline et deux sixiesmes de corvée d'aout.
Le fief de la Fontaine, en la paroisse de Vignoc, etc.
Il possède la Voirie de Hédé, le droit de Havage, le ratelis des foins de la prairie du roy, et pour cela doit fournir l'exécuteur de la haute justice de Hédé toutes les fois qu'il en est requis.
Jean, sieur du Peray, possède tout le reste du Manoir de la Bretèche, le grand verger, le verger des Moutelets, la levée avec le grand canal, etc.
Plus le bailliage du Chesnay, aux paroisses de Saint-Symphorien et Vignoc, montant par argent 8 liv. 14 sous 1 denier monnoie, neuf boisseaux d'avoine menue, mesure de Hédé, quatre gelines, quart et huitième de geline, quatre corvées, quart et huitième de corvée, pour lequel il réconnaît devoir au roi de rente taille à compte 5 sous 9 deniers, payables par la main de son sergent au Receveur de Hédé.
Le bailliage de l'Escoublère, en Saint-Symphorien, qui se monte en argent à 6 liv. 5 sous.
Enfin, le fief de la Simonière, aux paroisses de Saint-Symphorien et Langouet, se montant en argent à 43 sous 8 deniers monnoie, huit boisseaux et trois quarts de boisseau, sixième de boisseau d'avoine menue, mesure de Hédé, comblée, foullée, puis recomblée, quart et deux sixièmes de geline, et deux sixièmes de corvée.
A cause de ces fiefs et bailliages, les Sieurs de l’Étang et du Peray ont le droit de Moyenne et Basse justice, nomination d'officiers ; etc., mais conjointement et non séparément, de même que tous les autres droits honorifiques et de prééminences dans l'église de Saint-Symphorien, « scavoir : une chapelle prohibitive dans la nef au costé de l'Évangile, fermée d'une balustrade, dans laquelle est l'autel de Notre-Dame ; trois tombes prohibitives tant au dedans qu'au dehors de ladite chapelle, passant sous ladite balustrade, armoyéés d’anciens écussons de ladite maison et seigneurie (Bintin, Brehant, Bréal), et un banc à queue ».
Pierre Bréal réside toute sa vie, qui fut longue, au Manoir de la Bretèche, où il mourut le 20 mai 1686, âgé de soixante-quinze ans. De sa femme Françoise Couppé, demoiselle de la Salle, fille de Guillaume Couppé, sieur de la Salle, et de Guillemette Michel, ses voisins, il avait eu quinze enfants. Quelque modeste que fût la vie qu'il menât, il fit, comme ses frères Louis et Francois, de mauvaises affaires. Pour venir en aide à son beau-père, il avait garanti sur tous ses biens un emprunt de 16.000 liv. fait par celui-ci à messire Claude de Guerry, sieur de Saint-Aubin, et lorsque le sieur de la Salle mourut, en 1663, sans pouvoir se libérer, il resta seul chargé de toute la dette. Plus tard, lorsque lui-même fut décédé, le créancier, qui ne touchait plus ni intérêts, ni capital, obtint, malgré les protestations du fils aîné Jean, qui avait pris le titre de Sieur de la Bretèche, et de Jeanne-Jacquette, sa sœur, tous deux se portant à la succession de leur père, un arrêt de saisie et un ordre de vente. Les enchères commencèrent le 20 avril 1687 devant la Cour de Hédé pour se terminer seulement le 13 janvier 1688. Le sieur du Peray, qui s’était d’abord présenté comme acquéreur, était mort dans cet intervalle, et ce fut son fils, Raoul, qui, au nom de sa mère, dame Renné Le Maczon, devin adjudicataire au prix de 6.600 liv., plus 12 liv. au profit du Couvent des Dames Ursulines de Hédé.
A la mort de sa mère (1699), Raoul possédait la seigneurie du Plessix de Couesmes, en Noyal, comme héritier de son neveu Louis Bréal, les Hautes et Basses-Provostais, en Gévezé, et la seigneurie de la Bretèche, c'est-à-dire tout ce qu'avaient possédé Louis de Bréal et Jeanne Durand, ses grand-père et grand-mère.
Raoul
Bréal mourut sans alliances le 13 janvier 1704, à
l’âge de soixante ans, laissant son héritage à son frère Pierre, sieur des
Chapelles. Ce dernier [Note : Conseiller, Notaire et Secrétaire du roi en la
Chancellerie de Bretagne, comme son grand-père et comme son père] présenta le 10 février 1705 un minu des
terres qui lui étaient ainsi advenues et des biens tombés en rachat par le
décès, en 1700, de sa sœur Renée, « sauf à déduire la portion des cadets
auxquels le partage est deub, » c'est-à-dire sa sœur.
Renée-Jeanne, et son
frère Gabriel-Julien [Note : Gabriel-Julien, prêtre, chapelain de Saint-Thomas,
en la paroisse de Saint-Coulomb, chanoine théologal de Dol le 18 mars 1683,
recteur du Crucifix de Dol en 1690, résigna la théologale en 1698
pour devenir archidiacre. En 1691, il fut député aux États, à Vannes. Il fonda
un obit dans la cathédrale de Dol, mourut à Rennes le 29 mars 1710 et fut inhumé
dan l'église des Cordeliers. (Abbé Guillotin de Corson, Pouillé historique de
l'Archevêché de Rennes)]. Le Seigneur de la Bretèche, qui n'était déjà plus jeune
quand il avait hérité de son frère, ne lui survécut, pas longtemps; il mourut en
1708 et fut inhumé dans l'église Saint-Jan de Rennes. De dame
Jacquemine-Carisse Anger il avait eu cinq enfants : Francois-Mathurin,
Armand-Éléonor, et trois filles François-Mathurin fait le 13 juin 1709 la
déclaration des maisons, terres nobles, fiefs et seigneuries, droit honorifiques
tombés en rachat par le décès de son père. Il ne paie que 160 liv., c’est-à-dire
les deux tiers du droit; le troisième, afférent au douaire de la dame des
Chapelles, sa belle-sœur, ne devant être payé qu'au décès de celle-ci [Note :
Nous retrouvons dans cet aveu le moulin du Chesnay, qui avait été saisi sur dame
Renée Drouet, veuve de Louis Bréal, sieur du Plessix, et racheté en 1705 d'avec
dame Marie Crosnier, veuve d'écuyer François Lelièvre, sieur de la Boscherayc,
et de ses enfants, par Pierre Bréal, alors sieur des Chapelles, pour la somme de
400 liv. Il relevait prochement et noblement du roi, sous son domaine de Hédé, à
foy, hommage et rachat. Il devait remplacer le moulin de Bintin, moulin de la
seigneurie, alors en ruines].
François-Mathurin Bréal des Chapelles, Chevalier, Seigneur de la Bretèche et autres lieux, Commandant un Bataillon d'Infanterie, avait épousé dame Perrine Castel, dame de la Rivaudière, dont il eut une fille ; Sainte-Françoise, née à Rennes le 20 novembre 1728, et un fils, Jacques-François ou Jacques-Mathurin, dont nous n'avons pas l'acte de baptême, et qui succéda à son père en 1734.
A cette époque, le Manoir de la Bretèche était bien vieux ; il avait été abandonné depuis de longues années par tous ses propriétaires, que leurs fonctions appelaient à Rennes, et lorsqu'en 1735, Perrine Castel essaya de remédier au mal, maîtres Barbou, maçon, Robert, charpentier, et Pierre Aubert, couvreur, lui déclarèrent que tout s'en allait en ruines et que, pour faire seulement les réparations les plus urgentes, tous les matériaux fournis et amenés à pied d'œuvre, il en coûterait encore au moins 620 liv.
La veuve de François de Bréal trouva qu'il serait plus simple de faire construire une habitation neuve, plus confortable et plus en rapport avec la fortune, les goûts et les besoins des possesseurs actuels.
Ce vieux Manoir, qui allait disparaître, formait trois côtés d'un carré dont le quatrième, celui de l'Ouest, était fermé par un mur. La Petite-Bretèche, composée « d'un grand corps de logis, » ouvrant au Midi, sur le jardin et non sur la cour ; au côté Nord, aspecté au Midi, se trouvait le Manoir de la Grande-Bretèche, ayant soixante pieds de long, avec salle basse, cuisine et celliers au rez-de-chaussée ; au dessus, des chambres hautes, puis des greniers. Entre les deux Bretèches et les reliant se trouvait la partie de l'entrée, formant le côté Levant. Elle comprenait un pavillon, dit la Maison du Portal, servant d'entrée par une grande porte et un portillon, avec chambre d'habitation au-dessus. Au bout Nord de ce portail étaient placés une grange et un pressoir ; au Sud, des écuries avec greniers au-dessus. Le tout avait, comme le Manoir principal, soixante pieds de long. Au bout de ces écuries et joignant la Petite-Bretèche se trouvait la chapelle. Derrière la Grande-Bretèche existait une seconde cour, terminée au Nord par un bâtiment de service en « demi-croix » et au centre un puits. Nous avons parlé des trois rabines qui partaient en trois sens différents de la porte d'entrée, et du Mail, situé à l'Ouest, qui existent encore.
Le fils de dame Perrine Castel, Jacques-François Bréal, ne vit point terminer le nouveau manoir ; il mourut en 1746, n'ayant pas encore vingt ans, et laissant son héritage à son frère Armand-Éléonor, qui acheva les travaux.
Le nouveau château, qu'il inaugurait en 1747, avait été construit un peu plus au Nord, partie dans l'ancien verger, partie dans l'ancienne cour, permettant de conserver ainsi les vieux bâtiments pour servir de communs [Note : Ces vieux bâtiments étaient encore debout en 1777]. Il était aspecté à l'Orient, contenait de face soixante pieds, de profondeur trente-deux, avec deux pavillons aux deux bouts moins élevés que le corps de logis, écurie au Nord, cour audevant et avant-cour où est la chapelle [Note : La construction de cette chapelle, bâtiment d'ailleurs sans style, située à l'extrémité Nord-Est du jardin actuel, pour remplacer l'ancienne, était d'autant plus nécessaire que des fondations avaient été attachées à celle-ci que des messes qui devaient être dites dans celle des Provostais, alors en ruines, pour le salut de l’âme des ancêtres de demoiselle Jeanne Durand, femme de messire Louis de Bréal, y avaient, été reportées, et que pour cela on prenait sur le revenu des Hautes et Basses-Provostais une somme de 50 liv. En outre, on prenait sur la Bretèche le revenu du champ de l'église ou de la Chapellenie, estimé 30, liv. On y avait encore ajouté le produit pris sur la terre noble de la Rivière-Tixue, en Gévezé, achetée par Pierre Bréal, sieur des Chapelles, le 5 octobre 1707, pour la somme de 4,000 liv., des dîmes levées pour l'entretien d'une chapelle qui n'existait plus, estimées valoir 40 liv., le tout représentant au denier vide un capital de 2,400 liv. Cette chapelle de la Bretèche fut dotée et entretenue dès avant le XVème siècle ; elle était desservie, puisqu'une seule des fondations, sans compter les deux autres qui y ont été jointes plus tard, était de trois messes par semaine. On y faisait aussi quelquefois des mariages, par exemple celui de François Monsallié et de Bonne-Angélique Barbo, béni en 1760 par vénérable et discret missire Pierre Sevegrand, obitier de la paroisse de La Chapelle-Chaussée. C'est là aussi qu'épousèrent les deux filles d'Armand-Éléonor de Bréal : la première, Agathe-Noelle, le 8 août 1774, messire Louis-Gahriel-César-Eurymedon Blanchart, sieur de la Buharaye, fils de messire Gabriel-Arthur Blanchart, chevalier, seigneur de la Buharaye, et de dame Jeanne-Françoise-Élisabeth de la Cornilière ; et la seconde, Jeanne-Éléonore-Victoire, messire Jean-Baptiste-Félicité de Kermarec, chevalier des Tronchais, officier au régiment de Cambraisis, fils mineur de messire Claude-Joseph de Kermarec, chevalier, seigneur comte de Trauvoux, conseiller honoraire au Parlement de Bretagne, et de dame Françoise-Marie Bertho de la Cornilière. Quels prêtres acquittaient les fondations de la chapelle de la Bretèche et en touchaient les revenus ? Sans doute un prêtre libre de Saint-Symphorien ou un prêtre libre de Hédé. Peut-être tantôt l'un, tantôt l'autre, car il ne semble pas qu'il y eut un chapelain en titre attaché à cette chapellenie, du moins nous n'avons pu connaître le nom d'aucun. A la place de cette chapelle, tombée à son tour, s'élève aujourd'hui un élégant, édifice ogival, qui tient lieu pour les nouveaux propriétaires de l'ancien enfeu de la seigneurie dans l'église de Saint-Symphorien], au coin oriental et méridional ; la fuye au coin du Nord et bout orientai de la cour ; un parterre, des bosquets à l'Occident et proche la maison [Note : Malgré toutes les adjonctions et les embellissements faits par les propriétaires actuels, on reconnait encore parfaitement l'ordonnance des constructions de Mme de Bréal].
Le seigneur de la Bretèche, né vers 1697, Capitaine de Dragons au Régiment Dauphin, Chevalier de Saint-Louis, avait quarante-neuf ans lorsqu'il épousa, en 1746, à Saint-Aubin de Rennes, Jeanne-Félicité Arnaud des Chapelles. Il en eut cinq enfants : trois fils et deux filles. Il vint à la fin de sa vie habiter son château, où il vit mourir successivement deux de ses fils : Marie-Armand en 1764, à l'âge de quinze ans, et François-Xavier, âgé de dix-sept ans, élève à l'École militaire, en 1770. Lui-même, âgé de soixante-dix-huit ans, les suivait bientôt, et le 29 août 1775, allait les rejoindre dans le tombeau de la Seigneurie, en l'église de Saint-Symphorien. C'était le premier qui, depuis la mort de Pierre Bréal, sieur de l'Étang, usait de ses droits d'enfeu.
Messire François-Placide-Éléonor-Monique de Bréal était fort jeune quand il succéda à son père ; peut-être était-il le dernier enfant de Messire Armand-Éléonor, puisqu'en 1782, lorsqu'on fit le partage des biens de la succession, il était encore sous la curatelle de sa mère. Ce partage eut lieu le 3 janvier, entre lui, ses sœurs, Agathe-Noelle, mariée à Messire Louis-Gabriel de la Buharaye, Jeanne-Éléonor-Victoire, qui devait épouser quelques mois plus tard Messire Jean-Baptiste-Félicité de Kermarec, et la dame douairière. Armand-Éléonor avait pour sa part, à titre de Seigneur du lieu, le château de la Bretèche avec tous les fiefs et bailliages qui en dépendaient en Saint-Symphorien et Vignoc, le champ de la Chapelle, dont le revenu était consacré à l'acquit de la fondation de la chapellenie, les Tertres de Hédé, tous les droits seigneuriaux, les Hautes et Basses-Provostais, la Rivière-Tixue, la métairie de Tramehel, c'est-à-dire toutes les terres nobles. Les deux sœurs étaient fondées pour un tiers dans les biens nobles et pour deux tiers dans les biens roturiers ; la Douairière ne recevait qu'une pension de 1,200 liv., payée par ses enfants.
Le seigneur de la Bretèche, Capitaine aux Dragons de la Roche-Foucault, Gouverneur de Hédé, vécut quelques années tranquille dans son château. Vint la Révolution; le 15 août 1789, il écrivit à la Communauté de Ville de Hédé pour lui faire savoir qu'à partir de ce jour il abandonnait tous ses droits de perception sur les foires de Hédé et renonçait, en outre, à sa juridiction et à toutes les rentes qu'il percevait sur ses vassaux possédant moins de 100 liv. C'était la fin de la Seigneurie.
M. de Bréal resta encore quelque temps à la Bretèche, puis alla habiter Rennes. Le 22 fructidor an IX, il vendit la terre, le château et toutes ses dépendances au citoyen Sévère-Marie-Joseph Le Mintier et à dame Marianne-Cécile-Adélaïde de Forsanz de Kernicot, qui vinrent y habiter [Note : Le 4 vendémiaire an XI (1803) eut lieu en la mison commune de Saint-Symphorien le mariage de Pierre-Charles-Armand Pinot du Petitbois, fils de feu Jean-Anne Pinot du Petitbois et de Anne-Marc de la Chenardaye, avec Louise-Angélique Le Mintier, fille de feu Gabriel-Marie-Joseph Le Mintier et de Marie-Louise Olive du Bouëxic], mais n'y restèrent pas longtemps, et trois ans plus tard, le 16 thermidor an XII (4 août 1804), ils la cédaient à M. Lecoq de l'Écotay, ancien Capitaine au 16ème Régiment d'infanterie, Chevalier de Saint-Louis, et dame Suzanne Victoire Radegonde de la Chevrière, sa femme, demeurant à Langon, au prix de 59,259 fr. 25, valant 60,000 liv. tournois. Depuis ce temps, la Bretèche est passée par héritage dans la famille Hay des Nétumières, dont les descendants, qui l'habitent encore à la fin du XIXème siècle, après avoir racheté toutes les terres qui en dépendaient autrefois, ont considérablement amélioré et embelli le Château.
En terminant, qu'il me soit permis d'adresser à la propriétaire actuelle, Mme la vicomtesse de la Combe, tous mes remerciements pour la bienveillance avec laquelle elle a facilité ma tâche en m'ouvrant si gracieusement les Archives de la Bretèche.
(Anne du Portal).
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