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LA CHATIÈRE : TERRE ET MAISONS NOBLES EN LA PAROISSE DE SAINT-SYMPHORIENPRÈS DE HÉDÉ |
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LA CHATIÈRE.
En 1415, la Chatière appartient à la dame de Guitté. Quelle était cette dame de Guitté ? Était-ce la femme de messire Robert, chevalier de grand renom, qui fut tué avec beaucoup d'autres dans la bataille contre les Anglais sous les murs de Pontorson ? Était-ce sa mère ? Nous l'ignorons. Mais quelques années plus tard, la terre n'est plus à elle ; elle est à Jean Chuynart, mort vers 1422, laissant une veuve, Denise Cheminart, qui y habitait encore en 1444. Les Cheminart, originaires de l'évêché de Nantes, portaient : d'argent à trois fusées de sable en fasces, ou d'argent à trois feuilles de chêne de gueules. Onze ans plus tard, en 1455, la dame de la Chatière est morte ou a quitté le pays, et nous trouvons à sa place une autre famille, la famille Robert. « Jean Robert tient à foi et rachat l'hosteil, terre et domaine de la Chatière [Note : Réformation du domaine royal en 1455], en la paroisse de Saint-Symphorien, contenant environ trente-deux journaux de terre entre l'étang de Hédé d'un côté et la terre de Jan de la Hingrais d'autre côté, et le placis des Restières d'un bout, dont il dit qu'il y a environ quinze journaux, et ledit hosteil tenu en juveigneurerie de Julien de la Hingrais, auquel il paie 5 deniers de taille en août qu'il reçoit d'Alain André…. et viennent au Chatelain de Hédé par Thomas Chassant…. et le... dudit lieu de la Chatière tient du duc nuement. ».
Comment la Chatière advint-elle aux Robert ? Jean Robert déclare la posséder en juveigneurerie de Julien de la Hingueraye ; or, les la Hingueraye eux mêmes étaient juveigneurs des Bintin, seigneurs de Bazouges, et à ce titre possesseurs des deux terres nobles la Tuvelière et la Bretèche, qui touchaient immédiatement la Chatière. Il y a donc tout lieu de croire que cette dernière, dépendant probablement aussi de Bazouges, aurait passé à Jean Robert, dont nous ne connaissons point la femme, par un mariage avec une sœur de Julien de la Hingueraye.
Nous ne dirons que peu de chose des nouveaux seigneurs de la Chatière, que nous retrouverons à l'appendice généalogique ; nous les nommerons seulement dans l'ordre où ils se succèdent pendant les quatre-vingts ans qu'ils y restent. A Jean Robert succède un autre Jean dit le jeune, puis Richard, qui vit en 1477, et enfin Tanguy en 1513, qui a ajouté à sa terre la maison roturière de la Corvairie [Note : Le fief de la Corvairie appartenait, en 1455, à messire Ollivier de la Feuillée]. Celui ci laissa de sa femme, Bertrande Grignart, une fille, Briande, et un fils dont le nom nous est inconnu. Ce fut Briande qui hérita de la Chatière et la porta dans une maison nouvelle, par son mariage, avant 1520, avec écuyer Joachim Le Roux [Note : En même temps que le nouveau seigneur, arrivait à la Chatière un autre personnage, son frère ou son oncle, Dom Guillaume, sieur de Tresainte, qui y a laissé son souvenir dans le nom du pont Guillaume Le Roux, traversant la route de Rennes, sur le cours d'eau qui sort de la Chatière pour se jeter dans l'étang de Hédé]. De cette union sortirent deux filles, nées en 1520 et 1521. Les registres de la paroisse [Note : Les registres de la paroisse des Iffs, où sont nées ces filles, ne donnent pas pour cette époque le nom des enfants ; ils se contentent de dire : un fils ou une fille à ...] des Iffs, où elles furent baptisées, ne nous donnent pas leur nom et ne parlent d'aucun fils. Cependant, en 1559, le nouveau seigneur s'appelle Julien, et, quoiqu'il y ait eu un Julien né en 1524, aussi aux Iffs de Jehan Le Roux, sieur de la Menardière, et de demoiselle Honorée le Bart, nous croyons plutôt que le successeur de Joachim est bien son fils, avec un autre Ollivier, sieur de la Corvairie, mort à Saint-Symphorien en 1586, sans alliance, et dont nous n'avons pas trouvé les actes de baptême.
Julien Le Roux se maria plus tard, et des deux femmes qu'il épousa il n'eut aucun enfant mâle. La première, demoiselle Hélène de Lescu, lui donna une fille, qui fut nommée Lorande dans l'église de Hédé, le 23 août 1563 ; et la seconde, demoiselle Bastienne du Han, douze ans plus tard, une autre fille, Gilette, née et baptisée le 24 mars 1575. Dame Bastienne du Han mourut en 1588, et Julien Le Roux en 1597. Tous deux furent inhumés dans leur enfeu, en l'église Notre-Dame de Hédé.
Ce fut la fille aînée qui recueillit la Chatière dans l'héritage de ses parents. A l'âge de trente-deux ans, elle épousa, vers 1595, écuyer. Gilles du Bouays, sieur de Couesbouc, qui venait de perdre sa première femme, demoiselle Thomasse de la Hingueraye, et mourut le 26 juillet 1597, puis, à la fin de cette même année, elle prit en secondes noces écuyer Jean Beschart, sieur de la Chaponière, Procureur du Roi à Hédé, veuf lui-même de demoiselle Jeanne Chastel, qui lui avait donné quatre enfants, et dont elle eut à son tour trois fils et une fille, Vincent, Péronnelle, Tristan, nés tous les trois à Langouët en 1598, 1600 et 1601, qui durent mourir en bas-âge, et Jacques, né à Hédé le 10 septembre 1606.
Voici ce que nous dit de la Chatière la Réformation du domaine en 1601 : « La maison, metairie, ois de haute futaie, terres arables, prées et prairies de la Chatière, à présent possédée par écuyer Jehan Beschart et demoiselle Rolande Le Roux, sa femme, à cause d'elle, contenant trente-quatre journaux de terre ou environ, estimés valoir six vingt-quatre livres de rente. Le droit de rachat prisé 4 livres tournois de rente.
La maison et terre de la Corvairie, appartenant auxdits Beschart et femme, contenant seize journaux ou environ, estimés valoir 62 livres de rente. Le rachat d'icelle prisé 40 sous tournois de rente.
Un dixmereau dépendant dudit lieu de la Chatière, qui se lève sur lesdites terres de la Corvairie et autres circonvoisines, qui a droit de prendre les deux tiers ès dîmes de toué fruits avec le Curé de Saint-Symphorien, qui prend l'autre tiers, qu'avons estimé valoir commun an, selon l'atestation desdits Beschart et femme, la somme de 7 livres 15 sous tournois de rente. Le rachat dudit dixmereau prisé 5 sous tournois de rente.
Les terres et héritages des Commolous (?), des Grandes et Petites-Brosses, auxdits sieur et dame de la Chatière appartenant, contenant environ vingt-six journaux de terre estimés 93 livres de rente. Le droit de rachat desdites terres estimé 60 sous ».
De Gilles du Bouays, seigneur de Couesbouc, son premier mari, étaient nés à Lorande Le Roux, un fils, Julien, et peut-être une fille, Julienne, et lorsque la dame de la Chatière, de la Corvairie, de la Chaponière, douairière de Couesbouc, alla rejoindre, le 20 août 1621, Jean Beschart, mort avant 1617, dans leur enfeu en la chapelle Saint-Nicolas de l'église de Hédé, ce fut ce Julien du Bouays, seigneur de Couesbouc, son fils aîné, qui reçut en partage la terre de la Chatière, et la laissa ensuite, après son décès en 1627, à Pierre du Bouays, l'aîné des fils issus de son mariage avec demoiselle Marguerite de Brehant [Note : Dame de Bintin, fille de messire Jacques de Brehant, seigneur de la Roche-Saint-Éloy et de la Bretèche, et de damoiselle Anne Gedouin. (Voir La Bretèche)]. Celui-ci resta possesseur de la maison et seigneurie de la Chatière jusqu'en 1643, année où, par contrat en date du 14 avril, il les cédait à écuyer Jacques Beschart, sieur de la Corvairie, son demi-frère, qui les garda jusqu'au jour de sa mort, le 25 avril 1663.
Jacques Beschart se maria deux fois : d'abord, vers 1624, avec demoiselle Marguerite Fourel, qui vécut jusqu'en 1636, et après la mort de celle-ci, en 1641, le 15 juillet, avec date Jeanne Nouail ou Noual, dame douairière de la Chapelle, veuve de écuyer François Ginguené, Conseiller au Présidial de Rennes. Il ne semble pas avoir, comme son père, rempli de fonctions auprès de la Cour de Hédé ; il se contenta d'administrer ses domaines et compléta son Manoir, aussitôt qu'il fut devenu seigneur de la Chatière, en faisant élever une chapelle, qui y manquait. Le 12 juin 1644, le Recteur de Saint-Symphorien, missire Guillaume Rouxel, vint en bénir solennellement la première pierre, puis, cinq ans plus tard, lorsque l'édifice fut terminé, il fallut obtenir l'autorisation d'y célébrer la messe. Le 24 mai 1649, « Jacques Beschart, escuyer, seigneur de la Corvairie, de la Chatière et de la Broce, y demeurant, et dame Jeanne Nouail, ayant fait construire une chapelle aux environs desdites maisons, dans la paroisse de Saint-Symphorien, sous l'invocation de MMrs saint Jean et saint Jacques, appelés dans l'Écriture Boanergès... demandent » à l'Évêque, Mgr de la Mothe-Houdancourt, « qu'il y soit célébré trois messes par semaine, savoir, le Dimanche et les deux autres aux fêtes commandées de l'Église qui se rencontreraient dans ladite semaine, sinon chaque jour de Mercredi et Vendredi, par le prêtre ou chapelain ordinaire, duquel lesdits fondateurs réservent à leurs successeurs, Seigneurs desdites maisons, la nomination... veulent et entendent que le plus proche parent... de Beschart, ou en tous cas de sa famille, soit préféré... en étant capable et approuvé par mondit Seigneur ».
Jacques Beschart donne pour le service de la chapellenie « le revenu des droits de dixmes lui appartenant au terroir de la Corvairie et en outre une pièce de terre appelée la Petite-Pierre, au terroir de la Broce, touchant le domaine des Grandes-Pierres... le tout pouvant valoir au moins 80 livres de rente ». Il demande que l'Évêque veuille bien ériger sa fondation en titre de Chapellenie perpétuelle, avec le droit pour le Chapelain « de jouir et recueillir les grains, filasse et autres oblations... sans autre condition que led. Chapelain entretiendra ladite chapelle en bon état de couverture ».
Le 19 juillet fut présenté à Mgr de la Mothe-Houdancourt « Nicolas Aubry, clerc tonsuré, idoine et capable de posséder ladite Chapellenie ; » quatre jours après, le 23, l'évêque de Rennes approuvait la fondation, acceptait le Chapelain qui devait la desservir [Note : Arch. de la mairie de Saint-Symphorien], et l'année suivante on célébrait un mariage dans la chapelle.
Aujourd'hui, cette chapelle n'existe plus depuis longtemps ; il n'en reste même plus de traces.
C'est sans doute aussi ces pieux personnages qui élevèrent dans la prairie qui va du Manoir de la Chatière à la route de Rennes à Hédé, ancienne queue de l'étang que Pierre Le Roux, sieur de la Rivaudaye, afféageait du domaine royal en 1554, une croix à fût hexagonal, qui se dresse à quelques pas seulement du pont Guillaume Le Roux. Cette croix, bien conservée, vient d'être relevée ; malheureusement, l'écusson placé sous les pieds du Christ, qui pourrait nous donner une indication précise, ne porte aucun blason.
Jacques Beschart vécut jusqu'en 1663 et fut inhumé à côté de son père, dans l'église Notre-Dame de Hédé. Sa seconde femme ne lui avait point donné d'enfants, mais Marguerite Fourel avait laissé trois fils. En 1663, deux n'étaient déjà plus. Pierre était mort à dix-neuf ans, en 1644, et Gilles, sieur de la Broce, en 1658, tous les deux sans enfants, et il ne restait plus que Julien pour recueillir l'héritage paternel.
Julien, seigneur de la Chatière et de la Corvairie, avait pris femme du vivant de son père. Le 30 juin 1659, il avait épousé, dans l'église de Dingé, demoiselle Louise de la Haye, demoiselle des Vaux, fille de Nicolas de la Haye, seigneur du Plessix au Chapt, des Vaux et de la Coudraye, chevalier de l'Ordre de Saint-Michel, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, et de dame Renée Hay, fille de Siméon, seigneur de la Bouessière, et de Madeleine de Boisjean, dame de Coueslan.
Le 28 avril 1680, pour satisfaire aux ordonnances royales « publiées aux prosnes des grands messes et marchés de Hédé, » il fait et présente au roi, par devant Me Jean Fleury, seigneur du Poncel, commissaire départi pour la réformation du domaine, et M. Pierre-Anne du Brueil, Sénéchal de Hédé, « la déclaration et dénombrement des maisons, terres et héritages qu'il possède prochement et noblement du Roi, notre Sire et Souverain Seigneur, sous son domaine et sa juridiction de Hédé, à debvoir de foy, hommage, rachapt et chambellenage quand le cas y eschet..., lesquelles maisons et héritages consistent :
Scavoir est :
La maison noble de la Chattière, sittuée en la pacaisse de Saint-Symphorien, évesché de Rennes, consistant en un grand corps de logix, advisaigé à soleil levant, contenant de longueur quatre vingt pieds ou environ, avec un autre corps de logis servant à boullangerie ; le tout construit de murs de pierres et couvert d'ardoises et tuilles rouges, plus deux autres corps de logix, bastis en Pavillons aux deux costés du Portal et entrée de ladite maison, s'entrejoignant, enclos et entourés de douves et d'un estang servant au moulin ci-après mentionné ; le tout contenant par fond un journal de terre ou environ.
Un courtil appelé le Courtil du Coulombier, contenant deux seillons de terre ou environ, où est à, présent la fuye et coullombier de lad. maison..., couvert d'ardoises.
Le moulin à eau dud. lieu et sa maison couverte de glé, la chaussée, estang, biez, denais, cours d'eau et distraits ordinaires y deubs et accoustumés.
La Chapelle, bastie dans une pièce de terre nommée le Champ Long, couverte d'ardoises, fondée d'un dixmereau s'extendant au terrouer de la Corvairie.
La metairie de la Porte……
La Chesnaye, bois de haulte fustaye de derrière..., proche la pièce de la Fontaine.
Les fiefs de lad. maison de la Chattière, consistant en trois bailliages l'un, appellé le bailliage de la Thebaudaye, se, mouvant par deniers 10 liv. monnaie, deux bouexeaux, tiers de bouexeau et deux godets, et la quatriesme partye d'un demy quart de bouexeau avoinne menue, mesure de Hédé, comblée et foullée une fois, puis recomblée ; une geline et quart de corvée d'aoust par chacun an, duquel bailliage relèvent les villages de la Thebaudais, de la Tiaudière et du Poncel, en la paroisse de Saint-Symphorien, et en sont hommes et subjects Me François Nouricel, Me Guill. Coullombel, les héritiers de Julienne Geffroy, lors veuve de Pierre Mouaizon ; Julien Gautier, Suzanne Besnart, les héritiers de Gilles Beillet, la veuve et héritiers de Me Jean Bodin, Étienne Cornée, escuyer Pierre Bréal, sieur de l'Étang ; Jeanne Rebillart, Gabriel Laurent et femme, Françoise Volant, Vincent Rebillart, Julienne Fixot, Guillaume Bidoche, les enfants d'0llivier Hannier et autres.
Le bailliage de la Brosse, se montant par deniers 52 sols 5 deniers et 2 mailles monnaie, et par avoinne deux bouexeaux et un godet, mesure de Hédé, comblée, foulée et recomblée, duquel sont hommes et subjects escuyer Jan Beschart, sieur de la Gonzée ; escuyer Pierre du Bouays, sieur du Mottay ; Mes Guillaume et Gilles Morel, Mathurine Chesnot, veuve de Julien Barbe ; Mathurin Duval, Pierre Éven et autres.
Autre bailliage, appelé le fieff de la Corvairie, se montant par deniers 15 sols monnoie, duquel sont subjects le sieur proprietaire, à cause de trais pièces de terre dépendant de la metairye de la Corvairye ; Julien Gaucher, Lotis Morel et autres.
Comme lesdits bailliages sont avec leurs hommes et subjects, seigneurye et obeissance, suivant et au desir des antiens rooles et cahiers d'iceux, s'extendant et aiant cours aux paroisses de Saint-Symphorien et de Saint-Gondran, à cause desquels fieffs led. sieur de la Chattière a droict de faire contraindre chacun des subjects de faire l'office de sergentyse et autres debvoirs, tant de receptes que ventes, lods et octroys... et aussy de pouvoir contraindre les hommes et estagers du distroit à aller à son moulin porter à mouldre leurs bleds, au dezir de la cous-a tume.
Lesquels fiefs et bailliages furent acquis par feu escuyer Jacques Beschart, sieur de la Corvairye, par contrat d'échange du vingt-troisiesme avril mil six cent quarante-neuff.
A cause de laquelle Maison de la Chattière, led. sieur de la Chattière a droit de bancq et enfeu prohibitif, armoié de trois bêches my-partys (?) d'un posteau et demi dans l'église Notre-Dame de Hédé, advis le grand autel, au costé de l'Épistre, sous la voulte où est présent l'imaige du Crucifix.
Laquelle maison et héritaiges et fieffs ci-devant spécifiés et mentionnés, avinrent à deffunt escuyer Jacques Beschart, sieur de la Corvairie, par agrandissement de partage que lui fist escuyer Pierre du Bouays, sieur de Couasbouc, par contrat du quatorzième avril mil six cent quarante-trois, au raport de Briand et... notaires royaux à Rennes, laquelle ledit sieur de la Chattière aurait du depuis vendu à écuyer Jacques du Bouays, seigneur de Langouet, aussi par contrat du septième jour d'aoust mil six cent soixante et unze, au raport de Breillu et Beillet notaires royaux à Hédé.
Confesse outre led. sieur de la Chattière tenir de son souverain Seigneur Roi sous led. Hédé, aux debvoirs cy-devant employés, la Maison et metairye nobles de Corvairye, sittuées en la paroisse de Saint-Symphorien, consistant en deux aistres de maison, advisagées à soleil levant, contenant de longueur cinquante et cinq pieds, le tout couvert de tuiles, et le jardin et herbregernent au derrière, plus escuryes, estables et fournil, fond, cour et deport, la chesnaye et rabine de lad. Maison, avec un petit vivier et cave à poisson auprès led. bois, le tout contenant environ un journal et demy de terre...
La prée du distraict de Bintin, tirée de la queue de l'étang de Hédé, contenant, trois journaux ou environ, à charge de 27 sols monnoie de rente, outre le rachapt, suivant l'acte d'afféagement fait en l’an mil six cent vingt-six [Note : C'est en 1656 et non en 1626 que fut fait l'afféagement par messire François du Breil et des Hommeaux, seigneur de Hédé, au nom du Roi, à Pierre Le Roux, seigneur de la Rivaudaye, de cette queue de l'étang de Hédé, où se trouve la croix dont nous avons parlé plus haut, et de la pièce du Haut-Aulnay], déclarant led. sieur de la Chattière que la pièce du Haut-Aulnay, contenant sept journaux vingt et un seillons en la coullée de Nidecor, est à présent possédée par les héritiers de feu écuyer René Ginguené, sieur de la Hinguerais..., etc...
Laquelle Maison de la Corvairye et heritaiges en dependants, cy-devant emploiés, est... et advenu aud. sieur de la Chattière de la succession de deffunts escuyer Jacques Beschart et demoiselle Marguerite Fourel, en leur vivant sieur et dame de la Corvairye, ses père et mère, et le tout de ce que dessus, sans autres debvoirs que ceux cy-devant employés » [Note : Arch. du château de Couasbouc].
Dans cet aveu, il est question de certains droits dans l'église de Hédé attachés à la seigneurie, de l'enfeu, dont la pierre armoriée, qui existe encore, ne recouvre plus les corps qu'elle devait protéger et a été transportée à l'entrée de l'église, mais on ne parle pas de droits de juridiction ; cependant il y en avait certainement une, probablement seulement basse justice, car nous connaissons nombre de notaires de la Cour de la Chatière, et en outre le subdélégué de l'intendance à Hédé, M. Ruaulx de la Tribonière, dans une réponse à une demande de renseignements de la Généralité de Rennes, nous fait connaître que la juridiction de la Chatière, n'ayant pas de prisons, envoyait ses condamnés aux prisons de Hédé [Note : Arch. départ. d'Ille-et-Vilaine, C. 110].
De l'union de Julien Beschart et Louise de la Haye ne sortirent que quatre filles : Renée, qui mourut en naissant, en 1661 ; Marie ou Marquise, née à Saint-Symphorien en 1664 ; Anne et Perrine, jumelles, baptisées à Vignoc le 6 février 1668. Perrine, demoiselle de la Corvairie mourut sans alliance, en 1724, Marie et Anne épousèrent, la première messire Jacques-Philippe Le Normand, seigneur de Noyal, et la seconde messire Louis-Hyacinthe Visdeloup, sieur de la Villethéard. Lors du mariage de leur fille aînée, qui eut lieu vers 1683, les seigneur et dame de la Chatière n'étaient déjà plus jeunes ; Julien Beschart avait cinquante-huit ans et sa femme cinquante-sept ; de plus, ils étaient souffrants. Aussi, pour se débarrasser de tous soucis, ils résolurent de se décharger de l'administration de leurs terres sur leur gendre. Ils firent dresser un acte par lequel, « en raison de leur grand âge et incommodité qui les empêche d'agir et vaquer à leurs affaires, » ils déclarent en leur nom et au nom de demoiselle Anne Beschart, demoiselle de la Chatière, et Perrine Beschart, demoiselle de la Corvairie, leurs filles puinées, demeurant avec eux, « céder à écuyer Jacques-Philippe Le Normand, sieur de Noyal, et à sa femme, Marye Beschart, leur fille ainée, sieur et dame de la Chatière, la propriété, possession et jouissance de tous et chacuns leurs biens, qui consistent dans les maisons et logements du manoir noble de la Chatière, ancienne retenue, courts et advenues, fieffs, coullombiers, droits honorifiques, moulins, étangs, domaines, etc..., rentes et revenus certains et casuels ; la métairie de la Chatière et ses dépendances..., la métairie de la Corvairie, maison, logement, terres arables, etc… ; portion de métairie des Landelles, en Dingé ».
Ils se réservent seulement pour eux et leurs deux filles, pour en jouir et y habiter leur vie durant, la métairie de la Corvairie. En outre, le seigneur de Noyal paiera leurs créanciers et donnera à chacune de ses belles-sœurs la somme de 2,000 liv., soit 4,000 liv., faisant 200 liv. de rente.
Leurs affaires ainsi réglées et n'ayant plus aucune préoccupation, les deux époux vécurent encore de longues années et s'éteignirent, Julien Beschart en 1710 et sa femme en 1722, à l'âge de quatre-vingt-quinze ans.
Messire Jacques Le Normand et sa femme, devenus seigneurs de la Chatière par suite du contrat précédent, eurent de leur mariage quatre filles et un fils : Pétronille, Marquise-Marguerite, Anne-Guyonne, René-François-Fleuriant et Marie. Cette dernière épousa messire Alexis-Gordien du Bouays, sieur de Couesbouc, et René-François-Fleuriant, demoiselle Angélique de Rochefort, dont il eût deux fils et deux filles : Angélique-Renée et François- Joseph, baptisés à Hédé en 1731 et 1733 ; Jeanne-Thérèse et Floriant-Louis, nommés à Saint-Symphorien en 1734 et 1135. Jeanne-Thérèse épousa vers 1753 M. Eugène Chatton, seigneur des Morandais. Elle eut en partage de l'héritage de ses parents la terre et seigneurie de la Chatière, qui passa ainsi par son mariage dans une nouvelle maison. Les Chatton furent seigneurs de la Chatière tant qu'il y eut une seigneurie, puis restèrent propriétaires de la terre pendant longtemps encore, jusqu'au moment où le dernier héritier vint mourir misérablement noyé dans l'étang de Bazouges-sous-Hédé pendant une partie de plaisir. La Chatière vendue peu de temps après ce triste évènement, appartient fin XIXème siècle à la famille Binard.
De la Chatière, il ne reste plus que la maison d'habitation, qui ne présente absolument rien d'intéressant. La Porte, avec ses deux Pavillons, le Colombier, la Chapelle ont été détruits vers le milieu du XIXème siècle et l'emplacement converti en un très beau parc.
(Anne du Portal).
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