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LA SALLE : TERRE ET MAISONS NOBLES EN LA PAROISSE DE SAINT-SYMPHORIEN

PRÈS DE HÉDÉ

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LA SALLE.

Ce nom de La Salle semble indiquer pour cette terre une grande antiquité et une origine romaine (cella) ; toutefois, nous n'en connaissons rien jusqu'à la fin du XIVème siècle, où nous trouvons Raoul Boschier ou Boscher, Seigneur de la Salle, rendant aveu en 1394 et 1405 [Note : Arch. départ. d'Ille-et-Vilaine, E, 93] à Messire Bertrand de Bintin, Seigneur de Bazouges, pour terres tenues de lui en Saint-Symphorien. En 1408, Raoul est mort, et c'est sa femme, Alix Renne ou Ragnée, qui représente Jehan, son fils mineur. Celui-ci est mentionné dans les Montres de l'Évêché de Rennes, de 1427 et 1444, comme tenant l'hôtel de la Salle.

Nous ne savons à quelle famille rattacher les Seigneurs de la Salle. A celle sans doute des Boschier, d'ancienne extraction, de l'Évêché de Saint-Brieuc, qui portait : d'azur à une fleur de lys au pied nourri d'or, deux fleurs de lys au naturel sortant d'entre ses branches, plutôt qu'à celle des Boscher, au diocèse de Vannes, dont les armoiries étaient : de sinople au cerf saillant d'or, au chef de même. Peut-être aussi était-ce une famille distincte, éteinte maintenant depuis longtemps ; du moins il est bien certain qu'elle habitait le pays dès le XIVème siècle et qu'elle possédait dans la paroisse de Saint-Brieuc-des-Iffs, limitrophe de celle de Saint-Symphorien, la terre noble de la Boscheraye, qui portait son nom et où vivait, en 1428, Geoffroy Boscher, un des Commissaires départis en 1444 pour reviser les Montres de la paroisse, et après lui, en 1478 et 1483, Jehan Boscher. Les Seigneurs de la Salle devaient être une branche cadette. Parmi ceux-ci, Jehan, le fils de Raoul, paraît en 1420 au nombre des gens d'armes de la Montre du Sire de Rieux pour le recouvrement du Duc ; en 1426, il est Écuyer dans celle de Guy, Sieur du Gavre, de Montfort et de la Roche, et, en 1437, prête serment parmi les Nobles de l'Évêché de Saint-Malo.

En 1478, « Jehan Bouetard, homme de bas état, est possesseur de la Salle, moitié par sa femme qui est noble et moitié par acquêt de gens nobles, et veut se faire exempter des fouages » [Note : Montres de Saint-Symphorien (1478)]. La femme de Jehan Bouetard est, sans aucun doute, cette demoiselle Jehanne Boscher, veuve en 1498, qui fut la dernière dame de la Salle de son nom.

La terre passe au commencement du XVIème siècle dans la famille de Champagné, représentée alors à Saint-Symphorien par Jehan de Champagné et N. Touchart, sa femme. Tous deux sont morts avant 1507 et remplacés par leur fils, Arthur, marié à demoiselle Françoise Bouessel, dame de la Simonière. Celle-ci était veuve lorsqu'elle rendait aveu au Seigneur de Bazouges en 1520, en son nom et comme tutrice de son fils mineur, André, aîné et héritier principal et noble de son père. André vécut peu de temps; nous ne connaissons pas sa femme, mais il n'existe plus en 1541, lorsque « Jehan de Champagné, Sieur de la Salle, jeune homme de l'âge de dix-neuf à vingt ans, se présente en Robe et de pied, et remontre ne tenir ni posséder en fiefs nobles que 20 liv. de rente..., quel revenu n'est suffisant pour fournir un archer ni homme à pied ; supplie être adjoint et promet obeir » [Note : Montres de 1541. Bibliothèque municipale de Rennes].

Jehan vécut jusqu'en 1583, où il fut inhumé, le 26 décembre, dans l'église de Saint-Symphorien, laissant de damoiselle Charlotte de la Haye, sa femme, deux fils : Gilles, l'aîné, qui lui succède à la Salle, et Charles, Sieur de la Grandinais et de la Testerie. Gilles ne survécut que peu d'années à son père ; le 9 février 1594, il disparaissait à son tour, sans alliance, laissant son héritage à son frère cadet, qui ne le garda que peu de temps et le vendit à noble homme Jean Couppé, Sieur de Vignette. « La Maison, Métairie, terres et héritages de la Salle, appartenant à Jehan Couppé, Sieur de la Salle, contenant dix-huit journaux de terre ou environ, estimés valoir 69 liv. 15 sous. Le rachat de ladite Métairie prisé 45 sous de rente » [Note : Réformation du Domaine royal (1601)].

C'est tout ce que nous dit de la terre la Réformation du Domaine ; elle ne parle point des fiefs ou bailliages qui pouvaient en dépendre.

Noble homme Jean Couppé eut de sa femme, demoiselle Jeanne de Tremaudan, trois enfants, nés à Saint-Symphorien : Guillaume, Françoise, dame du Quilliou, et Renée, mariée en 1621 à Écuyer Vincent du Cambout, Sieur du Plessis. Nous n'avons point la date du décès de Jean Couppé, mais il eut lieu avant 1627, car à cette époque son fils est Seigneur de la Salle. Sa veuve mourut en 1637 et fut inhumée dans l'église de Saint-Symphorien, devant l'autel de Saint-Etienne, le 20 novembre. Guillaume Couppé résida, comme son père, pendant toute sa vie à Saint-Symphorien; mais comme son Manoir était vieux, il ne s'y trouvait pas bien et se décida à le rebâtir. Pour cela, il fallait beaucoup d'argent; il se vit contraint de faire des emprunts qu'il ne put payer et fut ainsi cause de la ruine d'un de ses gendres, Pierre de Bréal, Sieur de l'Étang, mari de sa fille Françoise, qui l'avait cautionné et qui vit tous ses biens saisis et vendus pour payer les dettes de son beau-père.

De demoiselle Guillemette Michel, sa femme, le Seigneur de la Salle avait eu dix enfants, baptisés dans l'église de Saint-Symphorien, huit filles et deux garçons : Jean, l'aîné, et Guy, Sieur du Quilliou, qui se fit prêtre. Il fut enterré dans l'enfeu de la Seigneurie de la Salle le 5 janvier 1663. Jean, son héritier, tout jeune à la mort de son père, épousa demoiselle Marie Huart. Nous leur connaissons une fille, née en 1676 à Saint-Symphorien. Soit que le séjour de Saint-Symphorien ne plût point au nouveau Seigneur, soit que les mauvaises affaires de son père et de son beau-frère l'eussent placé dans une position difficile vis-à-vis des voisins et que des créanciers soient intervenus, soit enfin que la vie de gentilhomme fermier ne lui convint point et qu'il préférât des fonctions à remplir dans une ville, toujours est-il qu'il résolut de se défaire de la Salle. Le 5 avril 1678, une vente judicielle fut faite en l'Auditoire de Hédé par devant Me Charles Hardy, avocat au Parlement, faisant fonction de Sénéchal à la place de noble homme Jan des Fougerais, décédé le 15 novembre 1677 et qui n'avait point encore de successeur.

L'acte de vente, à défaut d'aveux que nous ne possédons pas, va nous dire ce qu'était la Seigneurie de la Salle :

« N. H. Jan Couppé, Sieur de la Salle, fils et héritier de N. H. Guillaume et demoiselle Guillemette Michel, époux de demoiselle Marye Huart, vend à Me Olivier Collet, Procureur de Christophe de Saint Georges, Sieur de Grandmaison : la Maison et Métairie nobles de la Salle, situées en Saint-Symphorien, consistant en salles, cuisines, chambres, entichambres, greniers et caves, celliers et estables, escuryes, tours, pavillons, fuyes, pressoir, four, fournils, puits, cour et deport, jardin au derrière de ladite maison avec ses vergers et herbregements, boys de haulte fustaye, rabines et advenues d'icelle maison, le tout contenant deux journaux et demy ou environ ; la pièce de terre labourable du Clos derrière, contenant un journal ou environ ; la Vaerye, contenant un journal trente-sept cordes ; le Clos neuf, trois journaux trente-sept cordes ; le Pré de la Salle, deux journaux et demy ; autre maison dépendant dudit lieu de la Salle, son jardin derrière et deux pièces de terre adjacentes, le tout nommé le Cours Ferron, contenant ensemble deux journaux ; le Clos au Maître avec le boys y joignant, contenant trois journaux environ ; la pièce des Garennes, contenant trois journaux ; les Longues Noës, cinq journaux ; le Clos d'en haut, un journal et demy ; les Bruyères, deux journaux ; le Champ du bout, cinq journaux ; le Grand Pré, un journal et demy ; le. Clos Jannier, un journal ; le Champ Journel, un journal ; le Clos du Chesne, trois journaux ; la Prée de Montriou ou de Launay, deux journaux et demy.

Plus un fief et bailliage, le fieff et bailliage de la Salle, ayant cours en ladite paroisse de Saint-Symphorien et environs, montant par deniers 19 sous 8 deniers, un bouesseau avoine menue et deux gants blancs, amandables chacun an, le Dimanche des Rameaux, lorsque l'on est à l'adoration de la Croix Bouesse [Note : Croix Bouesse, Bouessée ou Buissée : la Croix du Cimetiére garnie et ornée de guirlandes de buis le jour de la fête de Pâques fleurie ou des Rameaux], avec proclamation.

Autre fieff, nommé le bailliage de la Chauffetaye [Note : Le Bailliage est possédé en 1601 par les héritiers de demoiselle Anne Le Roux ; « il vaut par deniers 28 sous 9 deniers monnaie, qui est à tournois 34 sous 6 deniers ; demi-boisseau avoine menue, estimé 2 sous 6 deniers ; deux gelines et demi-corvée ; le tout duquel Bailliage vaut 4 sous de rente. Le droit de rachat prisé 1 sol 4 deniers de rente. » (Réf. du Domaine en 1601)], s'étend en la paroisse de Tinténiac et Saint-Brieuc, montant 51 sous 3 deniers maille monnoie, un boisseau et un quart de boisseau et vingt-quatrième de boisseau avoine menue, mesure de Hédé, une génille…, corvée et tiers de corvée d'aout, plus le fieff de l'Escoublère [Note : Le Bailliage appartient en 1601 aux enfants de Guillaume Denoual, héritiers de demoiselle Anne Le Roux. Il « vaut par deniers 21 sous, qui est à tournois 25 sous 2 deniers ; deux boisseaux d'avoine menue, mesure de Hédé, à la raison de 5 sous le boisseau, valent 10 sous. Le revenu dudit Bailliage vaut 35 sous 2 deniers. Le droit de rachat prisé 1 sol 10 deniers de rente. » (Réf. du Domaine en 1601)], s'étendant en la paroisse de Saint-Symphorien, montant 25 sous 2 deniers maille monnoye, et par avoine deux boisseaux, comblés, foullés à la main, puis refoullés. Fieff appelé le fieff de la Grémillère, ayant cours en Saint-Symphorien, vallant par argent 33 sols 11 deniers, trois quarts et vingt-quatrième de boisseau avoine menue, comblée et foullée ; une poule, trois quarts et vingtième de poule, une corvée et demy et vingtième de corvée d'aout ; plus le fieff et bailliage de la Théaudière, ayant cours en ladite paroisse de Saint-Symphorien, valant par argent 10 sous monnaie, trois demeaux seize d'avoine grosse, le tout mesure de Hédé ; Droit de Juridiction tel qu'il appartient auxdits Fieffs et Droit d'enfeu prohibitif en ladite église de Saint-Symphorien, dans la Chapelle de Saint-Jan et de Saint-Étienne ; droit de présentation de ladite chapelle, terres et maisons en dépendant….. ; le tout de ladite Maison et Métairye de la Salle, comme elle se poursuit et compete tant en fiefs que domaines, avec tous droits... qui pourraient appartenir au vendeur, le tout sans reservation, baillées, prisées, prochement et noblement tenues, savoir : les Maison, cour et jardins, herbregements, boys, avenues, prééminences et droits honorifiques, présentation à la Chapellenie, lesdites pièces du Clos derrière, de la Vaerye, le Clos neuf, le Pré de la Salle, et lesdits fiefs et juridiction, du Roy, notre Sire et Souverain Seigneur, soubs son Domaine de Hédé, à devoir de Foy, Hommage, Rachapt et Chambellenage quand le cas y echet ; ledit lieu des Cours Ferron, le Clos au Maître, de la Juridiction de Saint-Melaine, à la charge des devoirs si aucuns sont deubs ; les pièces des Garennes, des Longues Noës, Clos d'en haut, des Bruyères, Champ du bout, le Grand Pré, Clos des Chesnes et Pré de Montriou ou de Launay, de la Juridiction du Bois Orcan, à charge de devois si aucuns y sont, sur ce, dus, aux fins des aveus dont ledit vendeur saisira l’acquéreur.

Plus la Maison noble de Saint-Symphorien, que nous retrouverons plus tard quand nous nous occuperons de cette terre ».

Le tout était vendu pour la somme de 9.000 liv., plus 10 liv. pour la Confraire de Saint-Yves.

La juridiction, Basse ou Moyenne justice, qui s’exercait sans doute à Saint-Symphorien, n’avait pas de prisons et se servait de celles de Hédé.

La Chapelle, fondée en 1636 par Jean Couppé [Note : « Noble homme Jan Couppé, sieur des Vignettes, âgé de quatre-vingts ans, reconnaît avoir recu de la Toute puissante vierge Marie et bonté de Dieu, par l’intercession de la Bienheureuse et Immaculée Vierge Marie, sa mère, dame de Miséricorde et de toutes Aides, le délivrement sans aucuns siens mérites d’une infinité de tribulations, de hazards, nonobstant la gravité de ses péchés et offenses …, a désiré que par le présent acte … une Messe annuelle pour jamais et à perpétuité être dite et célébrée en la paroisse de Saint-Symphorien chacun jour de Samedy pour la prospérité spirituelles et corporelle dudit fondateur, et ses parents et amys vivant et trépassés, à laquelle messe il sera fait par le prêtre .... les prières pour ledit fondateur et ses hoirs vivants et trépassés …, et pour le payement de ladite fondation a hypothéqué … un logis et aistre de maison, situé au bourg, vulgairement appelé la Chambre de Dom Geffroy, avec court, déport une huisserie en pierres de taille, deux fenêtres …, une chambre au-dessus garnie d’une cheminée et grenier …, que le fondateur garnira d’ustensiles de bois, comme de tables, escabaults, lict et autres meubles …, plus quatre sillon de terre au proche ledit bourg, une autre pièce de terre nommée les Champs nouveaux, tenue de la … Seigneurie de la Talmachère… Ledit fondateur nomme pour jouir de la fondation Missire Julien l’Advocat, prétre natif de La Boussac …, 28 novembre 1636. » (Arch. départ. d’Ille-et-Vilaine, G, 564)], Sieur des Vignettes, sous l’invocation de saint Jean-Baptiste, fut desservie tout d’abord par Missire Julien Ladvocat, présenté par le fondateur le 28 novembre. Missire Jean Thebaut est nommé le 11 janvier 1659 ; enfin, nous voyons Missire Yves Élye reconnaissant en 1682 qu’elle dotée « d’une aistre de maison à Saint-Symphorien, servant de demeure principale, contenant de face vers Midy quartorze pieds et demy et sur la longueur vingt et un pieds, cour au devant, relevant de la Seigneurie de la Bretèche par le fief de l’Escoublère et payant de rente 10 deniers monnoie ».

Pourquoi cet acte de vente très régulier ne fut il pas suivi d’effet ? Nous ne savons, mais il est certain que quelques années plus tard la seigneurie appartient encore à la famille Couppé.

Outre la fille que nous avons vu naître à Saint-Symphorien, Jan Couppé et Marie Huart eurent d’autres enfants, nés nous ne savons où, probablement à Dinan, où ils semble s’être retirés, entre autres Messire Jean-Baptiste Couppé, que nous voyons revenir à Saint-Symphorien pour y faire constater, tant en son Manoir qu’à l’église, la présence de ses armoiries, comme il appert du Procès-Verbal suivant :

« Procès-Verbal fait par ordre de Messire Baptiste Couppé, Seigneur de la Salle, Saint-Symphorien et les Essarts, Chevalier de l’ordre Royal et Militaire de Saint-Louis, Capitaine de Dragons au Régiment de la Reine, ancien gouverneur de Moncontour ».

« Transportés dans la Sacristie de Saint-Symphorien, le Recteur nous a présenté les ornements ; avons vu sur le bas du dos d’une chasuble de taffetas vert un écusson en broderie d’or et d’argent représentant six hermines, trois en fasces, deux au-dessus et une autre en bas, entouré d’un petit cordon de soie noire et au-dessus est un casque, soutenu par les deux côtés de son panache ».

« Dans le vitrage de l’autel des Agonisants, avons remarqué un carreau de vitrage au bas, cassé et rogné, où sont encore les formes d’armes, et ledit Sieur Couppé déclare qu’il y avait un écusson à ses armes pareil à celui de la chasuble ».

« Au Manoir de la Salle, sur le manteau de la cheminée, deux écussons aux deux côtes : le premier vers la porte d’entrée, de quatre doigts de largeur et de six de hauteur, entouré d’une riette en forme de cordon noir, contient quatre hermines, deux en fasces et deux en suite, et que, par la moitié dudit écusson, il y a une riette en forme de cordon noir, et au côté droit, dans le même, il y a une croix, et au bas une lance rouge, le tout sur sable blanc, au haut duquel écusson est une peinture de casque soutenu par les deux côtés de son panache ; de plus, avons aussi remarqué que sur un côté de la cheminée, vers la cour, il y autre écusson de même longueur et largeur, le fond duqel est de sable blanc, dans lequel il y a dix hermines, 4, 3, 2, 1, aussi ceinturé d’une raie noire en forme de cordon, et au-dessus il y a une peinture de casque et panache ».

« Ensuite Charles Sevegrand, fils Sébastien, demeurant à la Métaire de la Salle, déclare avoir vu, il y a ving-quatre à vingt-cinq ans, dans les vitrages qui étaient aux fenêtres de la petite chambre…, vers le jardin, les mêmes armes et écussons que celles dessus la cheminée, et outre, avoir vu, dans le même temps, pareilles armes que celles qui sont sur la chasuble verte, au bas de l’autel des Agonisants, que ledit Couppé déclare avoir appartenu à ses auteurs ».

L’écuson d’alliance est parti de Couppé, qui est d’argent, à six hermines de sable, 3, 2, 1, et doit être, pour l’autre parti, de Michel. Michel, en effet, blasonne : écartelé au premier et quatrième lozangé d’argent et de sable ; au deuxième et troisième trois croix pattées. Nous avons là les deuxième et quatrième cantons, et l’expert, peu fort en blason, comme on peut le voir, aura pris le lozangé pour un fer de lance.

Si Messire Jean-Baptiste Couppé avait jugé nécessaire de faire dresser ce procès-verbal, c’est qu’il avait cru, sans doute, que ses prééminences d’église, auxquelles il tenait, étaient menacées. Ces droits, que les Seigneurs de la Salle déclaraient leur appartenir, étaient vraisemblablement une dépendance de la Maison de Saint-Symphorien, apportée avec elle lorsque les deux terres avaient été réunies, et, comme ils les réclamaient au nom de leur Seigneurie de la Salle principalement, on n’admettait leurs prétentions qu’avec d’autant plus de réserves que le roi, Seigneur fondateur et Supérieur de la paroisse, avait fait don de tous ses droits de fondation et de supériorité au Seigneur de la Crozille. Aussi vayons-nous, quelques années plus tard (1750), une contestation s’élever entre le Général de la paroisse et Me Francois Clavier, le Sieur de la Salle d’alors, au sujet de changements que celui-ci voulait faire, dans la Chapelle de Saint-Jan et Saint-Etienne ou des Agonisants, où il possédait son enfeu, de sa pierre tombale et de son banc, changement qui nécessitait l’enlèvement provisoire de la balustrade de l’autel et de la chaire. Cette affaire dura presque deux ans, et le banc ne put être rétabli que du consentement du Seigneur Fondateur, Messire de Blossac.

Jean Baptiste Couppé, que ses fonctions militaires tenaient éloigné de Saint-Symphorien, qui d’ailleurs, avair acquis la terre de Carmené et le Château des Essarts, paroisse de Langast, où il résidait quand il était libre, avait moins de raison encore que son père de garder la Salle. Il trouva acquéreur en 1715, et 23 juillet, par devant Me Boursin, Notaire Royal à Hédé, il vendait à Me Julien Hervoches, Sieur de l’Étang, Procureur en la Cour, demeurant à Rennes, Rue Neuve, et à demoiselle Thomasse Clavier, son épouse, « la Maison, terre et dépendances de la Salle…, fiefs, bailliages, rentes et droits seigneuriaux en dépendant, prééminences, droits honorifiques dans l’église de Saint-Symphorien : la Maison, terres et héritages, situé au bourg de Saint-Symphorien (la Maison de Saint-Symphorien ou du Tehel), dont jouit actuellement Missire Guy Couppé (son oncle, frère de son père, Jehan Couppé), baillée, tenue d’où les héritages se trouveront relever … pour lasomme de 12,500 liv. ».

Julien Hervoches, Avocat à la Cour de Hédé, Procureur au Parlement, fils de noble homme Sébastien, Sieur du Petitboug, Syndic de la Communauté de ville et des Habitants de Hédé, et de demoiselle Anne du Meurier, était né 1683. En 1710, il épousait à Québriac demoiselle Thomasse Clavier, fille de Me Joseph, Sieur des Closerayes, et de demoiselle Thomasse Le Lardeux, mais mourut en 1716. Sa veuve se remaria l’année suivante (15 avril 1717) à un autre personnage du nom de Couppé, et probablement de la même famille que celle des anciens possesseurs de la Salle, peut-être un frère cadet ou un neveu de Messire Jean-Baptiste, noble homme Jean-Anne, Sieur des Fougerais, Greffier en chef de la Juridiction royale de Dinan, puis Sénéchal et Lieutenant de police.

En 1729, le Sieur de la Salle est Capitaine dans le Bataillon de Milice de Grénédan. Ce titre de Capitaine nous embarrasse un peu, car nous ne savons si les fonctions de Greffier en chef à la Cour de Dinan, que remplit noble homme Jean Couppé, lui permettaient de commandar dans la Milice. S’il en était autrement, nous ne saurions à qui l’attribuer ; les Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, à qui nous empruntons ce renseignement, disant simplement : « Messire de la Salle de Saint-Symphorien, Capitaine dans le Bataillon de Milice de Grénédan ».

Quoiqu’il y eût des héritiers du premier mariage, cependant, en 1745, la Salle appartient à noble homme François-Olivier Clavier, Avocat en Parlement, Sénéchal de Tinténiac, frère de demoiselle Thomasse, marié à demoiselle Perinne-Charlotte Le Moyne, demoiselle de Beauvais. Les deux époux habitèrent leur Manoir, où, en 1763, ils se firent donation réciproque de tous leurs bien. Ils durent mourir peu de temps après, la demoiselle Le Moyne la première, car l'héritage échoit à une autre sœur de François, demoiselle Marie-Anne, femme, le 30 novembre 1726, de noble Maître Jacques-Guillaume de la Croix, Sieur de la Chottais, Avocat en Parlement et Ancien Bâtonnier, qui habitaient Québriac. Ils étaient déjà très vieux quand ils devinrent Seigneurs de la Salle, puisque Marie-Anne était née en 1698, aussi ne voulurent-ils point quitter leur maison à Québriac et ils mouraient tous deux, Guillaume de la Croix le 5 mai 1782, à l’âge de quatre-vingt-huit ans, et sa femme un peu plus tard, à quatre-vingt-six ans, le 12 avril 1784. Leurs corps furent apportés à Saint-Symphorien et déposés dans leur enfeu. Le nouveau Seigneur de la Salle fut après aux noble Missire Jean-Anne de la Croix, prêtre licencié en Sorbonne, Chanoine de l'Église Cathédrale de Rennes, frère de Guillaume, qui vivait encore en 1790. Leurs successeurs furent les demoiselles de Sesmaisons, filles d’une demoiselle de la Croix, leur sœur.

(Anne du Portal).

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