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LA TUVELIÈRE : TERRE ET MAISONS NOBLES EN LA PAROISSE DE SAINT-SYMPHORIENPRÈS DE HÉDÉ |
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LA TUVELIÈRE.
Dans la première partie du XVème siécle, la Tuvelière appartient comme la Bretèche, sa voisine, aux Seigneurs de Bazouges, les Bintin. En 1427 et même en 1444, c’est un cadet de cette maison, Messire Alain, qui la possède ; mais onze ans plus tard (1455), elle est aux mains d’une autre famille, les La Hingueraye.
« Jan Robert tien à foi et rachat l’hosteil de la Chatière…, d’un côté à la terre de Jan de la Hingueraye ». Cette terre de Jan de la Hingueraye qui touche à la Chatière est la Tuvelière ; c’est tout ce que nous en dit la Réformation du Domaine en 1455.
Nous avons vu par ailleurs (la Bretèche) que Julien de la Hingueraye tenait, à titre de Juveigneur d’aîné de Pierre de Bintin, la terre de la Petite-Bretèche ; il est à penser qu’il en fût de même pour la Tuvelière et que, après le décès d’Alain de Bintin, le frére de Julien, Jan, l’a recue en Juveigneurerie. Il la possédait encore en 1478. Nous retrouvons en 1513 un autre Jehan, mais cette fois mineur, sous la tutelle de Pierre de la Hingueraye, frére, sans doute, de son père, et qui ne peut être que le petit-fils du précédent. En 1517, il est majeur, Seigneur de la Tuvelière, et se présente aux Montres en 1541, déclarant qu’il possède 70 liv. de revenu noble. Il est mort avant 1554, alors que son fils, Julien, se reconnaît homme et sujet de la Seigneurie de Hédé pour la Tuvelière. Julien épouse demoiselle Francoise Piedevache, unique héritière de N… Piedevache, Sieur de Langouet et du Coudray [Note : Le 19 janvier 1566 il rend aveu au Roi par sa Barre royale de Hédé pour les fiefs de Pouancé et de la Moignerais, dépendant du Coudray. (Arch. départ. d’Ille-et-Vilaine, B, 493)], dont il eut une fille, Jehanne, dame du Coudray, mariée deux fois : la première à René de Champagné, Sieur de Tail, et, en secondes noces, à Écuyer Gilles du Bouays, Sieur de Couesbouc, Elle mourut en 1595.
En outre de cette Jehanne, il semblerait qu’il y aurait eu un fils, dont nous ignorons le nom, qui aurait eu une alliance avec une autre demoiselle Piedevache, demoiselle de Launay, fille probablement de Francois, Sieur des Mesnils, de Launay-Geffroy, Launay-Mallier, etc., de la paroisse de Gévezé, et de demoiselle Francoise de Romelin, et qui serait mort avant 1601. A cette date, en effet, nous trouvons une demoiselle Jeanne Piedevache, dame de la Tuvelière, dont nous ne pouvons expliquer la présence d’une autre facon, qui « tient la Maison, terres et héritages de la Tuvelière, contenant ensemble quarante-cinq journaux de terre, estimés valoir sept vingt quinze livres de rente. Le droit de rachat prisé 100 sols ». Elle vécut jusqu’en 1614 et fut inhumée dans le Chanceau de l’église de Saint-Symphorien, par commandement de Messire Jacques de Bréhant, Seigneur de la Bretèche et la Roche Saint-Eloy.
Avant sa mort étaient venus de Normandie s'établir à Saint-Symphorien et peut-être même à la Tuvelière, Pierre Broc, Écuyer, Sieur de la Meilleraye, et Marie, sa sœur, enfants de Jean, Sieur de la Siennerie et de Jacquemine Chaton, de l’élection de Coutances, nobles, dont les armes étaient : d’azur au chevron d’or accompagné de trois croissants de même.
Quelle raison avait attiré ces étrangers dans ce pays ? Nous l’ignorons, mais ils s’y marièrent tous deux. Le 19 octobre 1606, Marie épousait, dans l’église de Saint-Symphorien, Noble Homme Guy de Eslech, Sieur de Estinct (?), en présence de la Dame de la Tuvelière, Jeanne Piedevache, témoin, et dix ans plus tard, en septembre 1616, son frère prenait pour femme demoiselle Olive de Bazouges.
Quand devinrent-ils Seigneurs de la Tuvelière ? Pierre, en 1617, lors de la naissance de son fils Jacques, ne s’appelle encore que Sieur de la Meilleraye. Ce n’est qu’en 1638 que nous voyons un autre Pierre, fils du précédent, prenant la qualité de Seigneur de la Tuvelière au baptême de son premier enfant. Entre les annés 1643 et 1648, il rend aveu pour les terres de la Tuvelière et de la Haye Porcon [Note : Arch. de la Loire-Inférieure], cette dernière qu’il tenait de l’héritage de sa mère.
Demoiselle Gilette des Fougerais, sa première femme, lui donna neuf enfants ; nous lui en connaissons sept de sa seconde, demoiselle Élisabeth ou Ysabeau de la Villéon. Il abandonna Saint-Symphorien pour aller habiter Rennes, dans la paroisse de Toussaints, où furent baptisés trois enfants, dont Françoise-Julienne, née en 1665, nommée par noble homme Julien Chevrier, Sieur du Verger, Doyen des Conseillers, Échevin de la Ville de Rennes. C’est vers cette époque que, ne voulant plus quitter la ville, il vendit la Tuvelière au parrain de sa fille. Son fils aîné du premier lit, Pierre, qui s’appela alors Sieur des Moulins, à cause de celui qu’il possédait dans les Vallons de Hédé [Note : Ce moulin se nomme encore les Deux-Moulins], vint demeurer à Hédé, dans la Maison noble de Brenazé ou du Bas-Manoir, qui avait appartenu à sa mère.
Lorsque le Seigneur du Verger fut décédé, ses filles et héritières, demoiselle Julienne Chevrier, épouse de Messire Louis de la Bouëxière, demoiselle Claude, épouse de Messire Claude Pajot, Sieur de la Forest, Maréchal des logis des Gens d’armes de la garde du Roi, et dame Jacquemine-Agnès Chevrier, femme de Messire Barthélemy-Louis de Lesquen, Sieur de Lesquen, qui avaient à partager la succession paternelle, consentirent à revendre la Tuvelière au Sieur des Moulins, « avec ses appartenances et dépendances…, de la même manière que noble homme Julien Chevrier, Sieur du Verger, leur père, époux de demoiselle Julienne Bougret, l’avait acquis de défunt Écuyer Pierre Broc, père de l’acquéreur…, tenue prochement du Roi, sous sa baronnie de Hédé, à charge d’acquitter pour l’avenir les rentes et charge de devoirs féodaux…por le prix de 5,000 liv. » [Note : Registres des Insinuations de Hédé].
Voici donc la Tuvelière rentrée en la possesion de la famille de Broc ; elle y restera jusque dans le XIXème siècle.
Les Seigneurs de la Tuvelière se succédèrent régulièrement en filiation directe.
Après Pierre, Sieur des Moulins et de la Tuvelière et demoiselle Marguerite Mouezy, sa femme, vint Louis-Pierre, marié à demoiselle Jeanne-Françoise Henry, d’où Joseph-Pierre-Madeleine-Chevalier de Saint-Louis, Capitaine de Grenadiers au Régiment de Lionnais, qui rend aveu en 1775 [Note : Arch. de la Loire-Inférieure]. Il se maria deux fois : d’abord avec demoiselle Marie-Anne Rabinaud de Suzaraine (?), morte le 26 janvier 1769, et plus tard (1772) avec demoiselle Marie-Colette Guinement de Keralio. Du second mariage naquirent trois enfants, dont Aimé-Pierre-Marie-Colette Guinement de Keralio. Du second mariage naquirent trois enfants, dont Aimé-Pierre-Marie, qui fut le dernier Seigneur de la Tuvelière. Il était veuf de dame Marie-Jeanne du Fournet lorsqu’il mourut à Hédé, le 4 avril 1837, dans sa maison, sur la place du Parquet, où il demeurait.
C’est la famille Broc qui avait fait rebâtir le Manoir de la Tuvelière, grand bâtiment sans style, qui n’offrait rien de remarquable et dont on a détruit l’étage et les chambres en abaissant le toit pour en faire des greniers de ferme. Un escalier en chêne, large et commode, rappelle seul qu’il n’avait pas été construit pour servir à des métayers. Quant à la Chapelle qui y avait été jointe, il n’en reste plus aucune trace.
Nous n’avons point vu les aveux rendus par Pierre et par Joseph-Pierre Broc pour la Tuvelière, mais nous savons que cette terre ne possédait pas de juridiction. Sans avoir de prééminences dans l’église de Saint-symphorien, elles paraît, du moins, y avoir eu un enfeu où furent inhumées en 1657 Janneton Broc, fille d’Ecuyer Pierre Broc et Ysabeau de la Villéon [Note : « Jeanneton Broc, fille d’Écuyer Pierre Broc et de Dame Ysabeau de la Villéon, Sieur et dame de la Tuvelière, fut inhumée dans l’enfeu de la Tuvelière, à vis l’autel Saint-Jacques et Saint-Étienne, le 8 octobre 1657 » (Registre de l'Eglise de Saint-Symphorien)], en 1671 Marguerite sa sœur, en 1687 Marie-Anne-Julienne Pajot, fille de Messire Claude Pajot de la Forest, Sieur du Trembly, et de dame Claude de Chevrier, fille et gendre du Seigneur de la Tuvelière, et d’autres encore.
(Anne du Portal).
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