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HÉDÉ : LA SEIGNEURIE ET SA JURIDICTION.

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JURIDICTION.

Nous avons dit, en commençant, que « le premier privilège du chef du Plou (le seigneur) était la puissance judiciaire dans toute l'étendue de sa terre et sur tous ses habitants ».

Ce n'était pas seulement un privilège : c'était un devoir.

Le seigneur avait à faire respecter les droits qu'il possédait dans l'intérêt général, comme dans son intérêt personnel, sur les membres de la grande famille qu'il dirigeait et dont il avait la responsabilité, mais aussi les droits de ceux-ci de vivre en paix, d'être protégés, non seulement contre l'ennemi extérieur, mais encore contre les divisions, les querelles intestines, la tyrannie du fort contre le faible, qui pourraient s'élever entre eux, d'obtenir, enfin, le calme et l'union, sans lesquels il n'y a pas d'existence possible.

Dans les débuts, le Chef n'ayant sous sa main qu'un petit territoire et des hommes ou serviteurs peu nombreux put facilement suffire à ses obligations et il en fut longtemps ainsi [Note : On en trouve encore des exemples sous Nominoë et même jusqu'au XIème siècle]. Mais, lorsque les seigneuries s'agrandirent, que le nombre des vassaux augmenta, il n'en fut plus de même et le seigneur, détourné par d'autres affaires, luttes entre voisins, occupations devenant de plus en plus nombreuses et graves, application de lois nouvelles, eut bientôt renoncer à s'occuper directement de la police et en laisser le soin à des remplaçants. Et si l'on nous montre encore au XIIIème siècle Saint Louis tenant ses assises sous un chêne de la forêt de Vincennes, ce ne fut qu'à titre exceptionnel, et vraisernblablemen, pour une affaire particulière.

La mesure fut générale. Cinq Sénéchaux furent créés au XIème siècle, entre lesquels fut divisée la Bretagne, par le duc Alain Fergent pour lui venir en aide.

Mais ce ne fut qu'un palliatif. Ces Sénéchaux, agent mandataires du souverain, hommes de guerre commandant aux armées, et par conséquent nobles, ayant aussi la main, dans l'administration des finances et de la justice, avaient eu-mêmes trop de soucis pour suffire à leur tâche.

Ils avaient bien assez à faire de connaître des causes importantes et graves, d'ordre général, et quant aux petites affaires, plus fréquentes, courantes, l’on peut dire journalières, résultat du contact constant et force du seigneur avec ses vassaux, ainsi que des vassaux entre eux, comme il était nécessaire qu'elles fussent jugées et réglées, les seigneurs, intéressés, durent, pour y parvenir, instituer des tribunaux particuliers dans leurs terres.

Tous ces tribunaux étaient, eu principe, constitués sur le même modèle. Ils étaient composés de juges présidés par un Sénéchal, du Procureur représentant le Seigneur, Duc ou Roi, ou seigneur inférieur, notaires, greffiers et autres officiers pour le service de la justice.

Ces tribunaux se divisaient en trois catégories, selon l'importance de leurs attributions :

1° Haute justice, qui pouvait connaître de toutes les affaires civiles et criminelles, à l'exception des cas royaux. Ceux-ci, jugés par des Baillis spéciaux, avaient été multipliés de plus en plus au détriment des justices seigneuriales [Note : Ces cas royaux sont ainsi déterminés et énumérés dans l'Ordonnance de 1670 : hérésie, blasphèmes, idolâtrie, sacrilège, révolte contre le roi, port d'armes contrairement aux défenses, assemblées illicites, sédition, altération des monnaies, malversations des officiers royaux, rapt, usure, banqueroute frauduleuse, attaques sur les grands chemins, adultère, inceste, mariages clandestins, duels, vols, péculat, simonie, etc.].

2° Moyenne justice, à qui étaient attribuées toutes les affaires civiles afférentes à la seigneurie : reddition d'aveux, tutelles, décrets de mariage, etc., et les affaires de police dont la pénalité ne dépassait pas 65 sols.

3° Basse justice, mêmes attributions, sauf que, pour les délits de police, la pénalité ne dépassait pas 15 sols.

Ces deux degrés de la justice étaient, on le voit, sensiblement les mêmes et représentaient à peu de chose près les justices de paix de nos jours.

Ce pouvoir pour. le seigneur d'établir un tribunal pour rendre la justice chez lui était ce qu'on appelait son droit de juridiction.

Si les juridictions en moyenne et basse justices seigneuriales ou inférieures étaient nombreuses en Bretagne, et particulièrement dans la Haute, il n’en était pas de même des hautes qui, en outre des juridictions ducales, étaient le privilège de ces grands fiefs provenant du partage du domaine ducal, possédés par les descendants des anciens Comtes souverains : le Porhoët, le Goëllo, le Penthièvre, le Kintin, etc., etc., des évêques dans, leur ville épiscopale, des villes closes, des terres de Bannerets et même de quelques-unes de ces chatellenies à qui ce droit avait été conféré, telles que, autour de nous, dans le ressort même de Hédé, les terres de Montmuran, en Tinténiac, le Chatelier, en la Chapelle-Chaussée, et Bon Espoir, Bazouges, Langan, érigée en chatellenie en 1674-76, le Chesnay Piguelais, en Guipel, en partie, le Han, en Montreuil-le-Gast, chatellenie en 1746, etc., etc.

Le Prieuré de Notre-Dame de Hédé avait possédé lui-même, dit-on, une haute justice, qui se changea, toutefois, de bonne heure, en moyenne.

Toutes ces juridictions diverses, quoi qu'elles appartinssent à des particuliers, n'étaient point complètement indépendantes ; elles avaient un point commun. Le seigneur n'était point le maître absolu sur sa terre et tout tenancier qui se croyait lésé pouvait réclamer.

La justice était régulièrement organisé pour donner toutes garanties au plaignant. Elle avait des tribunaux de divers degrés auquel il pouvait s'adresser.

Le condamné seigneurial pouvait faire appel à la juridiction royale et celle-ci au Parlement.

En 1451 est jugé par le Parlement un procès entre Pierre de la Marzelière, Capitaine de Hédé, représenté par Bertrand Piedevache, seigneur des Mesnils, contre les habitants de Janzé, pour droit de guet [Note : D. Morice, Pr., II, p. 1576].

Plus tard, comme le Parlement, qui ne siégeait que vingt-huit jours par an, n'avait pas le temps de s'occuper de ces affaires de revision, la création en 1533, par François Ier, de trois Présidiaux, à Rennes, Nantes et Vannes, tribunaux à compétence plus étendue que les Hautes Justices, et, en même temps, nouvelle Cour d'Appel, vint ajouter une facilité de plus aux réclamations en dernier ressort.

En 1565, la Sénéchaussée de Hédé fut, avec celle de Saint-Aubin-du-Cormier, rattachée par Charles lX [Note : D. Morice, Pr., III, col. 1347. Edit de Charles IX sur la réunion de plusieurs juridictions royales de Bretagne] à la Sénéchaussée ou Présidial de Rennes, c'est-à-dire que c'est là que durent être portés les appels de sa Cour.

Il est bien entendu que tout cet ensemble d'officiers divers, que nous avons énumérés plus haut, n'existait en réalité que dans les Hautes Justices des seigneuries très importantes et celles dépendant du domaine royal. Quant aux petits seigneurs qui n'avaient souvent qu'un nombre infime de tenanciers, s'ils tenaient beaucoup à leur prérogative de justiciers, quoique bien souvent plus onéreuse qu'utile pour eux, du moins, cherchaient-ils à en diminuer les frais en restreignant autant que possible le nombre de leurs officiers, ne gardant que le strict nécessaire : le Sénéchal, le Procureur Syndic, le greffier et les notaires.

La juridiction de Hédé était juridiction ducale et par conséquent jugeant en Haute Justice.

Dans une ordonnance de l'Hôtel du duc de Bretagne Jean V, rendue de 1413 à 1420, nous relevons l'existence d'officiers de la couronne à Hédé : Capitaine, Sénéchal, Procureur et Receveur [Note : D. Morice, Pr., II, p. 900].

Le Capitaine, nous le connaissons ; nous avons dit ce qu'il était [Note : Voir Hédé, le Château, par A. Anne Duportal] ; le Receveur est un officier particulier du seigneur, chargé de percevoir les revenus de la terre, dont nous n'avons point à nous occuper ici.

Restent le Sénéchal et le Procureur du Duc ; mais, il y en avait bien d'autres. Hédé possédait la série complète de tous les magistrats et de tous les offices qui constituaient la Cour.

Elle comptait comme juges : le Sénéchal, l’Alloué, le Lieutenant, le Procureur ducal, représentant le souverain ; le greffier civil et criminel, quatre notaires, sept procureurs, plusieurs avocats, trois huissiers, audiencier et autres, arpenteurs jurés, sergents, etc., tous résidant à Hédé [Note : Délibération de la Communauté de Hédé du 31 août 1768].

Tous ces offices de judicature étaient à la nomination du seigneur, dans l'espèce, à Hédé, le Duc, comme seigneur propriétaire de la terre, ou ses ayants-droits, quand il l'avait aliénée, et entretenus et payés par eux, responsables du bon fonctionnement de la justice [Note : Voir ci-dessus la vente de la seigneurie à Messire François du Breil].

Une fois faite, la nomination était irrévocable. L'élu jouissait de son office, sans pouvoir cependant le transmettre à des héritiers mais, tant qu'il vivait, il ne pouvait être destitué ou remplacé, « sinon par mort, résignation ou forfaiture » [Note : Voir ci-dessus la vente de la seigneurie à Messire François du Breil].

Les cinq Sénéchaux dont nous avons parlé qui, par suite de leur ingérence trop grande et importune dans les affaires, avaient fini par devenir, pour l'autorité ducale, une gêne et un embarras que ne justifiaient pas les services qu'ils rendaient, ne furent point supprimés. Ils continuèrent à exister, mais leur autorité fut considérablement diminuée.

En ce qui concernait l'armée, ils durent se contenter du commandement du Ban et de l'arrière-Ban ; virent disparaître leur action sur les finances, ne gardant que la justice, et le nom passa à tous les présidents des tribunaux, soit ducaux, soit seigneuriaux. Leur nombre ne fut plus limité et devint nécessairement considérable, puisqu'il y en avait autant que de juridictions.

Nous ne parlerons que des Sénéchaux des juridictions ducales et royales et particulièrement de celle de Hédé.

Le mandat du juge délégué par le seigneur pour le remplacer dans l'exercice de la justice était regardé par celui-ci comme d'une telle importance et si délicat qu'il ne voulut le confier qu'à sa noblesse. Tous les Sénéchaux des juridictions royales, au moins jusqu'au XVIIème siècle où leur office passa entre les mains de Bourgeois notables, furent nobles.

Les Notaires eux-mêmes, ou Passes, par devant lesquels se passaient toutes les transactions, tous les actes de la vie civile et administrative, et qui devaient être, par conséquent, des gens capables et de toute confiance, à cette époque où l’instruction était encore si peu répandue, s'ils n'étaient pas obligatoirement nobles, l'étaient cependant, pour la plupart, et c’est ainsi que nous pouvons citer : de la Hinguerais en 1410, de Lesnouen, 1452, Piedevache, de la Maison des Mesnils, 1498, Olivier Hattes, des seigneurs de la Crozille, Jehan et Guillaume Robert, seigneurs de Saint-Gondran [Note : Passes dans l'arrêt rendu en 1459 à la Cour de Hédé entre le Sire de Montauban et Tanguy de Bretagne, pour la seigneurie de la Behardière], N. Piedelou, Sr de Lessichère, Guillaume de Hirel, Sr de la Couasplaie, Guillaume de Hédé, Passe signant le 4 novembre 1537 dans l'accord entre la reine Anne et le vicomte de Rohan, etc., etc...

Dans les juridictions seigneuriales inférieures, c'étaient bien souvent les cadets de la famille qui remplissaient ces fonctions de Juges et de Passes.

Cependant les Sénéchaux, quelque grave qu'avait été la diminution subie par leurs attributions, ne les avaient pas entièrement perdues, et si absorbante que fut leur mission de « Sénéchal et seul juge civil et criminel », ainsi qu'ils se qualifiaient ordinairement, il leur restait encore, pour le service de la Province, des pouvoirs variés et importants.

En mai 1522, Mandement est donné aux Sénéchaux de Bretagne de contraindre les habitants à conduire dans les ports de mer les munitions de guerre et les pièces nécessaires à leur défense [Note : Arch. Départementales de la Loire-Inférieure. B. 1189].

C'est en raison de ce devoir et pour remplir ces obligations, que Messire Guillaume Ginguené, Sénéchal de Hédé, en 1595, pendant la guerre de la Ligue, réquisitionne les paroisses de Bazouges, de Saint-Symphorien et de Saint-Brieuc, et leur ordonne d'apporter tous les objets et toutes les denrées nécessaires pour l'entretien des soldats royaux du Capitaine Dupré qui tiennent garnison au château ; que, en 1622, sons successeur, écuyer Pierre Louys, sieur de la Communais ; convoque, par son Ordonnance du 23 octobre, transmise par Jean Beschart, Procureur du roi, les habitants de Gevezé à apporter des bois pour les réparations des Halles de Hédé, et, en 1626, pour charroyer jusqu'à Langouët un canon destiné au château d'Auray.

Les Sénéchaux avaient aussi le droit ou privilège de présider les Assemblées des Bourgeois lorsque ceux-ci se réunissaient pour délibérer sur les affaires de la ville. Avaient-ils le droit de les convoquer ? Y avaient-ils voix délibérative ? Nous l'ignorons. En tout cas, ce droit ou ce privilège aurait été, après la création des Offices de Maire, singulièrement réduit par l'édit du Roi, donné à Compiègne en août 1764, qui dit : « Article premier : Le premier Officier de nos sièges et nos Procureurs seront toujours appellés aux Assemblées des Notables..., sans toutefois que nosdits Officiers puissent présider auxdites Assemblées, si ce n'est que tous les Officiers municipaux en exercice se trouvassent absents ».

Dans les premiers temps, alors que les Sénéchaux n'étaient pas absolument réduits à l'exercice de la justice et possédaient encore quelques parcelles de leur ancien pouvoir, auquel obéissait Messire Guillaume Ginguené, qui prenaient une partie de leur temps, que, d'autre part, leur qualité de nobles, peu versés, peut-être, dans la science juridique, pouvait leur rendre quelquefois difficile l'exercice de leurs fonctions de juges, il devint nécessaire de chercher à côté deux « quelque homme de robe » au courant de « la coutume et des loix, pour les aider et les remplacer au besoin ».

De là, la création des Offices d'Alloués et de Lieutenants.

L’Alloué était le premier juge après le Sénéchal, son bras droit, si l'on peut dire, le remplaçant au besoin. Il ne semble pas qu'on exigeât la noblesse pour cet officier, sauf, peut-être, dans les grandes Sénéchausées comme celle de Rennes, où nous trouvons Messire Pierre Beschard, seigneur de la Chaponière et du Coudray, Alloué et Lieutenant civil et criminel en 1674. Nous n'en connaissons pas à Hédé, parmi ceux dont nous avons trouvé les noms. Du. reste, ceux-ci sont assez rares, ne prenant le plus souvent que la qualité de juge.

Le Lieutenant, soit qu'il fut dit civil ou criminel, était un second suppléant s'occupant plus généralement de la police.

Le Procureur du duc ou du roi, aussi Office noble, en était, comme le Sénéchal, le représentant direct. C'est à lui qu'était confiée la charge de défendre devant les juges les intérêts du souverain et de poursuivre les criminels. C'était le ministère public, faisant les fonctions du Procureur de la République actuel. Il veillait, en outre, à l'exécution des Ordonnances du Tribunal. C'est encore un autre Beschard, Messire Pierre, qui, en qualité de Procureur du Roi, comme son prédécesseur Jean, appelle à nouveau les habitants de Gévezé et du ressort à venir parachever la démolition du château de Hédé [Note : Reg. de la paroisse de Gévezé].

Depuis l'époque lointaine de la fondation de la Sénéchaussée de Hédé, jusqu'en 1790, où elle fut supprimée, divers changements et un certain nombre de modifications durent forcément se produire.

Les rois de France avaient toujours besoin d'argent et, par tous les moyens, cherchaient à s'en procurer. Nous les avons vus aliéner leurs terres, nous avons vu celle de Hédé, entre autres, engagée à différents seigneurs, mais c'était, il est vrai, momentanément et à condition de rachat. Mais ces Offices de judicature dont les Ducs avaient tenu si jalousement à se réserver la propriété et la nomination, les rois les abandonnèrent comme le reste.

Ils les mirent en vente, à l'encan, à la disposition de tous ceux qui voudraient les acheter, quels qu'ils fussent, même de traitants intermédiaires chargés de la revente, et, quand ils ne trouvaient pas d'acquéreurs, les imposaient soit aux Etats de la Province, soit aux Communautés des Villes.

C'était l'abandon complet par le vendeur, sauf, peut-être, un droit de surveillance lors de la nomination, des droits de propriété et, par conséquent, des droits d'hérédité qui passaient à l'acheteur et dont il pouvait disposer à son gré.

On fit plus, on inventait même d'autres Offices inutiles afin de pouvoir les vendre aussi.

Ainsi les Offices de Conseillers Substituts des Procureurs généraux et des Procureurs du roi dans les juridictions inférieures par rapport aux grandes Sénéchaussées de Rennes, etc... (Sénéchaussée de Hédé) créés une première fois « par Henri III, par ses édits de may 1586, à titre d'Office formé pour faire les fonctions desdits Procureurs en leur absence, négligence ou empêchement et estre adjoint aux juges en tous actes de justice où il est accoutumé de prendre adjoint » dont la plus grande partie « après avoir été levés sont devenus vacans », Louis XIV, par un édit d'avril 1696, les crée à nouveau, les érigeant en « Offices formés et héréditaires ».

Trois ans plus tard, en octobre 1699, a lieu l'établissement d'un Office de Lieutenant général de police dans toutes les villes où il y a sénéchaussée.

L'évaluation des charges aux parties casuelles, suivant le dépouillement qui en a été fait sur les registres (en 1729) est :

Pour le Sénéchal : 3.200 livres ;

Pour l'Alloué : 2.000 livres ;

Pour le Lieutenant : 1.333 l. 6 s. 8 d. ;

Pour le Procureur du roi : 1.333 l. 6 s. 8 d. [Note : Arch. Départementales d'Ille-et-Vilaine. C. 1831].

Les actes de la Cour de Hédé, ainsi qu'il résulte des minutes de son Greffe déposées aux Archives Départementales, consistent surtout en : réceptions d'aveus et minus, décrets de mariage, contrats de mariage [Note : Entre écuyer Marc de Saint-Jean et dlle Marguerite Mériaye, etc.], tutelles [Note : Tutelle des enfants de feu Messire Gabriel de Boisbaudry, etc., etc.], inventaires et procès-verbaux, règlements et contraventions de police [Note : Appel d'écuyer Jean de Caradeuc, sieur de Launay, d'une sentence de la juridiction du Chesnay, etc.], appositions de scellés, autorisations de plaider, appels devant la cour [Note : D. Morice, Pr., t. II, c. 1742], etc.

Un acte plus ancien que ceux que pouvaient nous fournir ces minutes nous a été conserve par Dom Morice.

« Arrêt rendu à la Court de Hédé en 1459 entre le Sire de Montauban et Tanguy, Batard de Bretagne (fils de Jean V et seigneur ou capitaine de Hédé) pour la terre de la Behardière ». Le jugement est signé de Jehan Robert et Guillaume Robert, Passes, outre les sceaux ou seings manuels des parties [Note : D. Morice, Pr., t. II, c. 1742].

Quant aux jugements au criminel que la Cour avait à rendre, puisqu'elle était Haute Justice, est-ce parce que les crimes étaient rares, est-ce parce qu'ils figuraient dans des minutes à part, est-ce pour autre raison ?. Nous n'en avons pas trouvé traces dans les papiers du greffe que nous avons pu vérifier.

La Cour avait, cependant, non seulement ses prisons, mais aussi ses Posts ou potences, emblème de son droit, élevés, non pas, certes, dans la ville où il n'y aurait pas eu de place et où, du reste, ce spectacle n'eût pas été tolérable, mais aussi près et dans le lieu le plus en vue possible, sur le bord même du chemin qui menait à Rennes, dans un endroit qui s’apelle encore « la Justice », afin de servir d'exemple et d'épouvantail aux malfaiteurs.

Elle possédait même son bourreau que le seigneur de la Bretêche était obligé de lui fournir « lorsqu’il en sera besoin pour l'exécution de ses arrêts contre les criminels condamnés par elle, en échange de certains privilèges ».

Nous ne savons si le seigneur de la Bretêche eut souvent l'occasion de remplir ce devoir. Nous voulons espérer que non.

Deux faits seulement sont venus, par hasard, à notre connaissance, trouvés dans les registres de l'église de Hédé (de 1558 à 1598) et inscrits en marge par un Curé qui, à cause sans doute de leur gravité et de leur nature, toute particulière et toute exceptionnelle, n'a pas voulu les passer sous silence.

Nous nous bornerons à reproduire ces notes sans commentaires.

« Le mardi 8 mai 1617 Julien Lorgereux, fils de…, fut condamné d'estre brûlé vif pour avoir été accusé et convaincu d'avoir abusé d'une quevalle, dont il fut appelant, et, le 8 juin audit an, a été bruslé sur les .... avecq la jument ».

« Le 4 février 1622 Michelle ...... fut trouvée, pendue à une cheville dans son lit avec son filet et, le 9 du mois, fut pendue par les pieds à la potence à Hédé ».

Peut-être ces exécutions furent-elles les dernières qui eurent lieu à Hédé, car si M. Hervagault, Sénéchal, écrivant en 1718 à Monseigneur l'Intendant de Bretagne, avoue que les Magistrats ont eu encore des criminels à juger, il déclare, en même temps, que depuis plus de trente ans le bourreau n’avait point eu lieu d'exercer son office, tous ceux qui ont été « condamnés à mort ont été exécutés à Rennes aux fins de leur appellation ».

Le sceau de la juridiction de Hédé, puisque toute cour devait en avoir un pour garantir l'authenticité de ses actes, portait naturellement, la Cour étant ducale, les armes de Bretagne « d'hermines plein » avec, au contre sceau, un écusson aussi d'hermines, plus petit.

Ce sceau servit pendant de longues années encore après la réunion de la Province à la France et nous le retrouvons le 24 juillet 1515 et 17 mai 1532 (légende illisible) sur des Aveux rendus à noble homme Jehan Ginguené, seigneur de la Chevalleraye, au rapport de Jan Le Breton et Mallier, Passes [Note : Archives du château de Couësbouc], et il est à croire que l'usage s'en continua encore longtemps, jusqu'au moment où, vers 1680, le généalogiste officiel, d’Hozier, imposa à toutes les Cours royales les fleurs de lys de France, mais à la Cour seulement et non pas à la ville qui avait ses antiques et authentiques armoiries que nous avons eu la bonne fortune de retrouver sur les cachets que la Communauté de Ville avait fait graver pour elle en 1786 [Note : Armoiries de la ville de Hédé. A. Anne Duportal].

Avant d'en finir avec les juges en rapportant les quelques notes que nous avons pu recueillir sur chacun d'eux, il est bon de s'occuper aussi un peu de ceux qui, dans une position secondaire, n'en étaient pas moins des auxiliaires indispensables, les greffiers, notaires, etc. que, du reste, nous retrouverons plus tard.

Ces officiers étaient, ainsi que nous l'avons dit précédemment et comme nous l'avons vu dans l'acte d'acquêt de la seigneurie par François du Breil, à la nomination du seigneur.

En 1594, nous en avons un autre exemple. Le 30 septembre est mommé Notaire royal n. h. Gilles Piedelou, sieur de Lessichère, par dame Anne de la Ronce, veuve de Messire N. de la Moussaye, dame, c’est-à-dire seigneur de Hédé [Note : Reg. du Greffe de la Sénéchaussée de Hédé. B. 67].

Leur office leur appartenait pendant toute leur vie, mais le bénéfice de leur nomination s'éteignait avec le bénéficiaire sans qu'il put le transmettre.

Ce n'est que lorsque les rois se décidèrent à vendre ces Offices qu'ils devinrent héréditaires et que leurs acquéreurs purent en disposer comme de leur propriété et ce n'est que le troisième successeur de n. h. Gilles Piedelou, maître Jan Beziel, qui devient Notaire héréditaire pour avoir acquis son office le 10 septembre 1625, des « Commissaires du Roi députés pour la revente des Offices de Notaires, tabellions et gardes-notes royaux héréditaires dans le ressort et étendue du Parlement de Bretagne » [Note : Reg. du Greffe de la Sénéchaussée de Hédé. B. 67].

Un des résultats de cette aliénation des charges judiciaires fut une évolution très accentuée dans le recrutement de la Magistrature.

La noblesse, sauf peut-être celle dont les membres y avaient fait leur carrière pendant de longues années, renonça, en général, à continuer et les charges en furent acquises par des hommes du Tiers-Etat qui s'y étaient préparés par l'étude de la législation et du droit.

En outre, quelques-uns de ces Offices, tels que ceux d’Alloué et de Lieutenant, quoiqu'ils existassent toujours en droit, puisque la Communauté de Ville s'était vue dans l'obligation de les acheter et sur le prix desquels elle devait encore, le 6 août 1706, un reliquat de 104 livres, avaient disparu en fait, accaparés par les Sénéchaux qui, demeurant sur les lieux, n’ayant qu’une besogne modérée et ne sentant pas le besoin de leur aide, préféraient se les attacher et garder pour eux seuls les bénéfices qui en provenaient ; d'où la conséquence que, en 1671, par exemple, écuyer Julien Louis, Sr du Vivier, pouvait se dire « Sénéchal, Alloué et Lieutenant général et particulier de Hédé » [Note : Arch. Départementales d'Ille-et-Vilaine], comme dix ans plus tard, en 1681, son successeur, écuyer. Pierre du Brueuil, Sr de Caleuvre, prenait le titre de « Sénéchal, Alloué, Lieutenant et seul juge ordinaire au Siège de Hédé » [Note : Reg. des Insinuations du domaine royal, au Bureau de l'Enregistrement de Hédé], c’est-à-dire toutes les fonctions du Tribunal réunies dans un seul et même personnage.

Il arrivait alors de cette situation particulière d'un tribunal trop simplifié que, si le Sénéchal, pour une cause quelconque, ne pouvait siéger, le cours de la justice se trouvait arrêté ou bien qu'il fallait recourir à un Avocat pour le remplacer.

C'est ainsi qu'en 1634, le Sénéchal, Mr Louis Le Lièvre, étant partie en la cause, il fallut faire appel à n. h. Julien de la Chatière, ancien Avocat, Substitut du Procureur du Roi, pour siéger à sa place ; et qu'en 1687, M. Henri Calliope Hervagault, empêché, est obligé, pour recevoir l'Aveu de Louis Bréal, seigneur de la Bretêche, de s'adresser à Maître Julien Venice, ancien Avocat en la Cour.

Messire François Bréal étant mort en 1662 et n'étant pas encore remplacé le 7 juin 1663, M. Le Géant, avocat au siège, est dit « faisant fonction de juge aux causes d'office et crimes pour la vacance de l'office de feu M. le Sénéchal » [Note : Reg. du Greffe de la Sénéchaussée].

En 1721, l'office de Sénéchal étant devenu vacant par le décès, le 29 février, de n. maître Henri Calliope Hervagault, et son fils qui devait lui succéder n'ayant pas l'âge légal, l'intérim est rempli par Maître Jacques de la Mare, Conseiller du Roi et son Procureur au Siège royal.

Il en fut de même de tous ces autres Offices de Greffiers... etc., qui créés, puis supprimés, puis créés à nou veau pour être vendus, ainsi que nous le verrons par la suite, étaient devenus tous héréditaires avant la fin du XVIIème siècle ; mais il était bien entendu que tous les acquéreurs, avant de bénéficier de leur acquisition, devaient présenter, comme autrefois, au seigneur (alors le roi), pour maintenir son droit de nomination, une requête, en lui fournissant tout d'abord, en même temps qu'un certificat de moralité, de bonne vie et mœurs, par un examen préalable, la garantie de leur capacité, afin d'obtenir l'autorisation d'être admis à remplir les fonctions sollicitées. Et, afin d'augmenter encore les frais et ses bénéfices, le roi voulut faire de ces Offices, sinon des Corporations ou des Confréries, comme les corporations de marchands et les Confréries dans les grandes villes, du moins les réunir sous une direction et une surveillance communes et il institua des Sindics. Il y eut donc des Sindics des Notaires, des Huissiers... etc... comme il y a actuellement des Bâtonniers des Avocats, des Chambres des Notaires, dont il fallut, bien entendu, acheter les charges.

La Magistrature, représentant la Justice, avait à ce titre une situation toute particulière dans l'Administration. Composée de personnages éminents tant par leur science, leurs talents, leur naissance même, elle formait un Corps fermé dans l'Etat ayant son costume spécial, ses institutions propres et ses privilèges.

Le Roi qui tenait les Membres de ses Cours en haute estime et en grande considération tant à cause de leurs mérites personnels que des services qu'ils rendaient au pays, voulant qu'ils gardassent aux yeux de tous le prestige qui leur était dû, y veillait par lui-même et, par son arrêt donné à Versailles en avril 1684, ordonna que « les Présidents, Conseillers et autres Officiers de notre Cour de Parlement porteront leurs robbes fermez au Palais, aux Assemblées publiques et dans toutes les fonctions de leurs charges soit dedans, soit dehors de leurs maisons ; que, dans les lieux particuliers, ils pourront porter des habits noirs avec des manteaux et des collets et qu’ils seront invitez à se dispenser de se trouver dans des lieux où ils ne peuvent être vus sans diminution de leur dignité ». Mais ce n'est pas seulement aux grands Magistrats du Parlement qu’il s’adresse, c'est à tous : « Voullons aussi et entendons que les Officiers des Présidiaux et principaux Sièges royaux observent à leur égard ce qui est prescrit pour notre Cour ». Edit du Roi réglant les habillements des Officiers de judicature de la Province de Bretagne [Note : Arch. Départementales des Côtes-du-Nord. B. Tome I., p. 387].

Donc il en était ainsi à Hédé et non seulement les juges lorsqu'ils siégeaient et dans l'exercice de leurs fonctions portaient la robe longue fermée, toque ou « mortier », comme les magistrats de nos jours qui leur ont succédé le font encore, mais aussi les autres Officiers de la Juridiction, Greffiers, Avocats, etc.... [Note : Dans une enquête faite après le décès de Maître Jacques Le Pelletier, Avocat et Procureur, son fils vient témoigner que le Greffier lui à promis la robe de son père pour en faire un habit (Greffe, 23 juillet 1681). Min. du Greffe)].

Il voulut même que les juges de ses petites cours eussent des armoiries qu'il leur fit donner par son généalogiste d'Hozier et qu'il leur fit enregistrer et payer.

Celles des Officiers de la juridiction portaient : « de gueules à un sautoir cannelé d'argent accompagné de quatre besans de même chargés chacun d'une moucheture d'hermine ».

Les Sénéchaux.

C'est seulement à partir du XVIème siécle que nous pouvons suivre la série des Sénéchaux de Hédé ; jusqu'à cette époque, nous n'avons pu en rencontrer qu'un seul, qui remonte au milieu du XIIIème siècle.

1° Olivier de Rédorède se trouve mentionné dans un extrait des comptes rendus au duc Jehan Le Roux par son trésorier en 1268. «Olivarius de Redoredi, senesc. de Hédé » [Note : D. Morice, Pr., I, col. 1007].

Ce nom de Redorède ou Retoret (en vieux breton Ritworet ou Rethworet) [Note : Annales de Bretagne, XVIII, 1er fasc., p. 145], depuis longtemps éteint, était celui d'une famille noble originaire de l'évêché de Vannes où nous trouvons au IXème siècle, vers 840, Riworet, Missus (délégué) de Nominoë pour juger le litige entre les moines de Redon et ceux de Ballon, sur la perception du droit de Tonlieu dans le petit port de Balrit, sur l'Oust [Note : Association Bretonne, t. XVIII. Ballon, par La Borderie, p. 262] ; en 1420 Louis de Redoret rendant aveu pour divers héritages en la paroisse de Nostang [Note : Arch. de la Loire-Inférieure. B. n° 1572] ; autre Louis possédant, en 1448, le manoir de Kerouzereth, en Meudon, et Guillaume, en 1536, celui de Coetquenaud en Sarzeau [Note : Montres de 1448 et de 1536] ; Henri de Redoret, recteur de Brech (1451-1473) et en même temps chanoine de Vannes et recteur de Plœmel [Note : Abbé Luco : Les paroisses de l'évêché de Vannes. Société polymathique du Morbihan, 1876 et 1880, pp, 92 et 39].

Le duc Jehan Le Roux s'apprêtait à accompagner le roi Louis IX qui allait partir pour sa croisade en Afrique et demandait à tous ses sujets de se joindre à lui, dans cette campagne contre les Sarrazins dont celui-ci ne devait pas revenir vivant.

Pour quelle raison le Sénéchal de Hédé ne pût-il répondre à l'appel de son suzerain ? Nous l'ignorons, mais soit qu'il fut retenu par son âge peut-être, soit par ses fonctions, il ne pouvait rester indifférent à la sainte cause et, à défaut de, son bras, il voulut, au moins, y participer selon ses moyens en versant au trésorier du duc une somme en argent pour contribuer aux frais de l'expédition.

2° Messire Nicolas Perault ou Peraud devait appartenir à la famille des seigneurs d’Andouillé, « de gueules à trois têtes de béliers d'or ».

Cette seigneurie formée vers le milieu du XVème siècle par les ducs de Bretagne en faveur de Dom Raoul Bouquet, leur secrétaire, passa, après le décès de celui-ci, en 1480, à Nicolas Perault.

Le Sénéchal était vraisemblablement le fils de ce Nicolas, sieur de la Maguerais, et de Bertranne Lothodé, frère de Helenus, sr de la Magueraie, dit, en 1586, âgé de 50 ans, et oncle de Jeanne, dame d'Andouillé, mariée à Noël du Fail, seigneur de la Herissaie, auteur des Contes d'Eutrapel, qui rendait aveu en 1580.

C'est lui aussi que nous trouvons en 1540 seigneur de la Piedevachais, en Langouët par sa femme, fille de Guillaume Piedevache.

Tout ce que nous savons de sa vie, c'est que, en 1539, il est appelé, avec Dom Jehan Le Sénéchal, Prieur Commandataire du Prieuré de Hédé, à faire partie de la Commissionn réunie à Nantes pour la « Réformation et publication de la Vieille Coutume du pays et duché de Bretagne ».

3° Guillaume Ginguené, d’une famille de noblesse ancienne des environs de Hédé, ayant des représentants dans les Montres de 1427 à 1513 aux paroisse de Langan, de la Chapelle-Chaussée, Romillé .... « de gueules à trois coquilles d'argent ».

Guillaume Ginguené, écuyer, seigneur de la Chevaleraie, appartenait à la branche de la Chapelle ; fils d'autre Guillaume et frère de Robert, sieur de la Fontaine, il semble n'avoir eu de Catherine Levesque, sa femme, qu'une fille, Françoise, (ou Jeanne), épouse, vers 1560, de écuyer Pierre Beschard.

Nous n'avons aucun détail sur ce personnage. Nous ne le connaissons, lui et sa qualité de Sénéchal, que par l'Edit de Charles IX donné à Châteaubriand en septembre 1565 au sujet de la réunion de diverses Sénéchaussées royales, entre autres celles de Hédé, de Saint-Aubin-du-Cormier et du Fief, dit de Fougères, en la ville de Rennes, où il figure parmi les requérants à titre de « cy-devant Sénéchal de Hédé » [Note : Registre des Offices de France. — Bibliothèque municipale de Saint-Brieuc, A, XI, 41, T. 1er, p. 562].

Donc à cette époque il n'était plus Sénéchal de Hédé, mais à quel moment avait-il cessé de l’être et quand mourut-il ? Nous l'ignorons, les registres des décès, aussi bien de la Chapelle-Chaussée que ceux de Hédé, nous faisant défaut.

Autre Guillaume Ginguené.
Nous avons dit que Guillaume Ginguené, le premier Sénéchal, n'avait laissé qu'une fille, mais qu’il avait un frère, Robert, Sr de la Fontaine, en Langan et du Rocher qui, en 1555, avait acheté de n. h. Guillaume Garel des terres dépendant de la seigneurie de la Chapelle-Chaussée et avait eu deux fils, Joachim, sieur du Bourg, et Guillaume, sieur de la Fontaine.

En 1577, un autre Guillaume Garel, fils du précédent et époux de dlle Françoise de Fleurville, vend à ceux-ci, non plus des terres en la Chapelle-Chaussée, mais la terre elle-même avec le Manoir, tous les fiefs qui en dépendent et toutes autres appartenances ; puis en 1583 par suite d'un échange entre les deux frères, Joachim, sieur du Bourg, devient sieur de la Fontaine, et Guillaume prend le nom de Seigneur de la Chapelle, qu’il portera désormais.

En quelle année naquit Guillaume Ginguené et quel était le nom de sa mère ? Nous l'ignorons. Fut-il le successeur immédiat de son oncle ? Nous ne le savons pas davantage, mais c'est peu probable. C'est en 1586 que nous le rencontrons pour la première fois, puisque c'est en cette année, et à titre de Sénéchal de Hédé, qu'il récoit les comptes de la fabrique de l’église de Saint-Gondran [Note : Reg. de la Fabrique de Saint-Gondran].

A la fin du XVIème siècle, la guerre était partout en Bretagne et Hédé, qui tenait pour le parti royal, avait tout particulièrement à souffrir du voisinage de Québriac et des soldats pillards qui y tenaient garnison pour la Ligue [Note : Voir Un Episode de la vie dans les campagnes à la fin du XVIème siècle, par A. Anne Duportal, — Société Archéologique d'Ille-et-Vilaine, — t. XXXVIII, 1909]. Le Sénéchal avait alors beaucoup à faire pour le service du roi et de son armée [Note : Voir Hédé. Histoire d'une petite ville : le Château, par A. Anne Duportal. (Association Bretonne, 1899)].

Le Sénéchal avait épousé vers 1584 demoiselle Gilette Becdelièvre, dont il eut trois enfants, nés et baptisés à la Chapelle-Chaussée : François, le 11 juin 1585, tenu sur les fonts par escuyer Franczoys du Plessis, Seigneur de Hédé (époux de dlle Jeanne Ginguené, dame de la Chapelle, sœur de Guillaume ?), thesmoings, écuyer Gilles Ginguené, Sr de la Morinaye, et damoyselle Franczoyse Becdeliepvre, marié le 10 mai 1612 à Vitré avec dlle Jeanne Nouail, Conseiller au Présidial, qui continue la lignée ; Françoise, 28 août 1588, nommée par n. h. François de Saint-Pern, en présence de nobles damoiselles Bertranne de Vaucouleurs et Guillemette Julienne, épouse, en 1612, à la Chapelle-Chaussée, de Pierre de Lessart ; Jacquemine, 16 juin nommée par écuyer Jehan Ginguené, Sr de la Noë-Mahé et de la Motte-Ginguené, et dlle Jacquemine de Foulenay, dame de Lesnouen, et Louise de Champaigné.

Nous n'avons pas trouvé la date de son décès. Il vivait encore en 1600, mais en 1603 était remplacé comme Sénéchal.

Dame Gilette Becdelièvre, sa veuve, lui survécut au moins jusqu'en 1618.

5° Pierre Louys : famille originaire de Normandie, fixée en Bretagne par le mariage, en 1568, de Jean Louis, Sr de la Communais, avec demoiselle Julienne Bégasse ; « d'azur à la croix pleine d'argent cantonnée de quatre aigles de même » ; maintenue et confirmée en septembre 1699 par Lettres de Louis XIV enregistrées au Parlement de Bretagne en 1701 avec le droit de s'appeler « de Louis », comme la branche dont ils tiraient leur origine.

Pierre, Sr de la Communais, leur fils, Conseiller du Roi, qui fut Sénéchal de Hédé en 1603, succédant à Guillaume Ginguené, Sr de la Chapelle, se maria à dlle Hélène Le Jambu, dont il eut plusieurs enfants nés à Hédé : François, baptisé le 16 septembre 1603, nommé par dlle Jeanne Le Jambu, dame du Haut-Chemin, et honnête fille Raoullette Louys, et mort en 1605 ; Alain, 6 août 1606, mort en 1607 ; Guillemette, 16 février 1608, tenue sur les fonts par n. h. Guillaume Louys, Sr de la Villejean ; Jeanne, 13 février 1613, vivant en 1648, épouse de Messire Gervais Huart, Seigneur de la Grande-Rivière, Conseiller au Parlement, de la paroisse de Carentoir, et Thomase, 10 avril 1616. Il dut encore avoir un autre enfant; Jean, sieur du Vivier, né nous ne savons où, ni en quelle année, peut-être avant 1603, dont nous trouvons la trace.

Pierre Louys resta à Hédé jusqu'en 1618 [Note : Arch. Deslandes, à Hédé], mais, à partir de cette époque, il abandonne ses fonctions et quitte la ville pour aller habiter Rennes.

6° Jean Busnel, Sr de la Clarté, appartenait à la branche des Busnel, seigneur de la Touche, en Louvigné-de-Bais ; « d’argent à l'épervier au naturel, longé, grilleté et becqué d'or, perché sur un écot de sable ».

Le 9 février 1606, il acquiert la seigneurie de la Clarté, en Cornillé, dont il prit le nom, et des Roncerais, en Vignoc, par sa femme. Nous le trouvons Sénéchal de Hédé en 1621 mais il est à croire qu'il avait obtenu son Office plus tôt ; aussitôt le départ du Sieur de la Communais, si nous pensons que dlle Gilette Busnel, dame de l’Etang, marraine en 1618 à Hédé de dlle Gilette des Fougerais et que nous retrouverons marraine aussi en 1631 de son second enfant, était sa sœur. Il devait être frère, semble-t-il, de n. h. René, écuyer, Sr de la Touche Grippée, Conseiller du Roi et Grand Prévôt de Bretagne, parrain, en 1620, de son premier enfant.

Il se maria vers 1618 avec demoiselle Julienne de Beaurepaire, fille de écuyer Thomas, sieur des Roncerais, qui y était mort en 1618 et avait été inhumé dans l'église de Vignoc, et de dlle Gilette Boterel, qui fut enterrée le 1er mars 1624 au couvent des dames Ursules de Rennes.

De ce mariage sortirent plusieurs enfants, trois, au moins, nés aux Roncerais et baptisés à Vignoc : Renée, le 4 décembre 1620, nommée par n. gens René Busnel, sieur de la Touche Grippée, et dlle Gilette Boterel, sa grand'mère ; Jean, 12 juin 1631, qui eut pour marraine dlle Gilette Busnel, inhumé le 17 octobre en l'enfeu des Roncerais, et entre les deux, un fils François, en 1621, né et mort le 7 juillet. Il y dut y en avoir encore une autre, dont nous ignorons la date de naissance, demoiselle Perrine, que nous trouvons en 1672 dame de Saint-Mahé, Trégaret, les Roncerais, Maurignon, résidant en son manoir des Roncerais [Note : Reg. des Insinuations du domaine royal, Bureau de l'Enregistrement de Hédé].

Jean Busnel, continua ses fonctions de Sénéchal de Hédé jusqu'en 1624, qu'il fut templacé par Louis Le Lièvre (ou Le Liepvre) et se retira à son manoir des Roncerais, où il eut son dernier enfant. Il avait délaissé sa terre de la Clarté à René Busnel, le grand Prévôt de France, qui devait, être son héritier, et qui la vendit en 1625 à des marchands de Vitré.

7° Louis Le Lièvre, écuyer, sieur de Martigné, en Bazouges-la-Pérouze, du Chatel, de la Grande Rivière et du Chesnay ; de Beauregard, en Baguer-Morvan, de la Boscheraye, en Saint-Brieuc-de-Iffs. «D'azur à une tête de lièvre d'argent en fasce accompagnée de trois têtes de chiens de même ».

Les Le Lièvre étaient originaires de Bazouges-la-Pérouze. Malheureusement, les registres de la paroisse ne remontent qu'en 1607 et, d'autre part, ils ne produisirent pas à la Réformation de 1668. Nous ne connaissons donc pas les noms de ses père et mère, mais, du moins, savons-nous qu'il avait plusieurs frères et sœurs : Jean, chanoine régulier de l'Abbaye de Rillé, Prieur Recteur de Bazouges-la-Pérouze de 1627 à 1663 ; Christophe, sieur du Bois-Morin ; Amaurye, mariée à Jean Anger, Sr de la Biossaye, et Jeanne, épouse de Raoul Gautier, Sr de la Bouchardière.

Louis Le Lièvre, sieur du Meslay, puis de la Boscheraye, par acquêt, était Sénéchal de Hédé en 1624 et cette même année épousait dlle Olive Bréal, fille de Messire Louis, Conseiller du Roi, Notaire et Secrétaire en la Chancellerie de Bretagne, Sr des Bretêches, et de dlle Jeanne Durand, et en eut douze enfants, dont les onze premiers furent baptisés dans l'église de Hédé, et le douzième, Françoise, à Saint-Brieuc-des-Iffs, née au manoir de la Boscheraye, qu'il avait acheté, le 18 avril 1636, de Messire Gaspard de Colligny, Sr de Chatillon, Tinténiac et Montmuran, avec, entre autres droits, « celui d'avoir un banc et un enfeu dans la chapelle côté Midi de l'église des Iffs, pour lui servir à entendre le service divin à lui et à ses successeurs, seigneurs de la Boscheraye, et à être inhumé sous ledit enfeu à rez-de-terre, à condition qu'il relevera de la seigneurie de Tinténiac et rendra aveu » [Note : Arch. Départementales d’Ille-et-Vilaine, 9 G. 21].

De tous ces enfants, dont la plupart moururent jeunes, nous ne retiendrons que François, né le 25 octobre 1626, nommé par Messire François Becdelièvre, Conseiller du Roi, et dame Renée Gay, dame du Plessis, qui se dit tard plus tard fils unique, seigneur de la Boscheraye, et qui fut Sénéchal de Dinan.

Le seigneur du Meslay et de la Boscheraye, qui, avait été élu député de la Communauté de Ville de Hédé pour la représenter aux Etats tenus à Vannes en 1643, resta Sénéchal de Hédé pendant dix-neuf ans, jusqu'en 1643, qu'il céda son Office à son neveu, François Bréal, et se retira en son manoir de la Boscheraye, où mourut, le 26 août 1650, dame Olive Bréal, sa femme, qui ne voulut point être enterrée aux Iffs et dont le corps fut porté à Dinan et déposé dans l'église des religieuses de Sainte-Claire, du Tiers-Ordre de Saint-François.

Après ce décès, Louis Le Lièvre quitta les Iffs et se retira à Dinan auprès de son fils et là se remaria, épousant en secondes noces dlle Hélène de Serizay, fille de n. h. Pierre, Sr de la Gastinaye, Alloué et Lieutenant de Dinan, et de dlle Françoise Lernée.

Nous ne savons où il mourut. Les registres des Iffs et de Hédé ne faisant aucune mention de son décès, c'est qu'il ne voulut point profiter ni de son enfeu de la Boscheraye, ni de celui qu'il possédait dans l'église de Hédé, en la Chapelle Saint-Nicolas, sous la Pierre où il avait fait cependant sculpter ses armoiries, un peu différentes de celles des autres branches de la famille : « de gueules à la tête de lièvre d'or accompagnée de deux étoiles ». En tout cas, le 24 août 1674, la dame Hélène de Serizay, marraine à Dinan, est dite douairière de Boscheraye.

8° Ecuyer François Bréal, Seigneur des Bretêches. Bréal, famille anoblie par les charges en la personne de Louis Bréal, sieur du Plessis de Couësmes, puis de la Bretêche, en Saint-Symphorien, Notaire et Secrétaire en la Chancellerie de Bretagne. « D'argent à trois colombes de sable, becquées et membrées de gueules ».

Francois Bréal, sieur des Bretêches, qui suçcéda à n. h. Louis Le Lièvre, son beau-frère, mari de sa sœur Olive, dans son Office de Sénéchal en 1643, était le septième enfant de Louis et dame Jeanne Durand, né le 29 juillet 1613 et nommé en Saint Jan de Rennes par Messire François de Kerlech, sieur du Plessix.

Marié vers 1635 à demoiselle Françoise Augrye, il en eut cinq enfants, tous nés à Rennes, puis, après le décès de celle-ci, inhumée « le 23 janvier 1654, dans l'église Notre Dame de Hédé, au-dessous du banc de son mari, en l'un des enfeus marqués de pierres tombales proche l’autel Saint-Nicolas, du costé de l'épitre », il épousa, en secondes noces, dlle Françoise Des Nos, sœur ou tante de Messire René Des Nos, chevalier seigneur du Pontouraude, le Bonnay, la Garaye, de la paroisse de Pleurtuit, fils de Christophe, seigneur de la Mare-Coëtquen, et de Renée de Neuville, chevalier, seigneur du Pontouraude, le Bonnay, la Garaye, et qui devait épouser, quatre ans plus tard, en 1650, sa propre fille du premier lit, demoiselle Perrine Bréal, déjà veuve de n. h. Jan Pellicot, sieur du Chesne.

De ce second mariage vinrent encore quatre enfants, nés et baptisés à Hédé.

De ces nombreuses naissances, peu réussirent : tous ces enfants moururent jeunes ou sans alliances. Deux filles seulement survécurent : Perrine, l'épouse de Messire René Des Nos, et qui vivait encore, veuve, en 1682, et Jacquette, née en 1658 du second mariage, mariée, croyons-nous, en 1691, en Saint-Jan de Rennes, à n. h. Amaury Humphry, sieur du Clos, de la paroisse de Plouër.

Trois fois le seigneur de la Bretêche fut chargé de représenter les intérêts de la Ville aux Etats : en 1645, à Rennes ; à Fougères, en 1653, et, en 1655, à Vitré avec n. h. René Rouget, Procureur sindic de la Communauté.

François Bréal, ne se contentait pas de son Office de Sénéchal de Hédé, et ne dédaignait pas d'y joindre les fonctions de Sénéchal de juridictions inférieures Le 15 mai 1659, il reçoit, à titre de Sénéchal de la juridiction du Bois-Maigné, une requête adressée par n. h. Jean Hattes, sieur de la Noë, et Guillemette Hattes, femme de Jean Dauphin, pour obtenir main-levée sur la succession de Jean de Caradeuc, leur neveu décédé.

François Bréal ne survécut pas longtemps à la naissance de son dernier enfant et, le 17 décembre 1662, allait rejoindre sa première femme dans l'église de Hédé, prés l'autel Saint-Nicolas, sous, le tombeau au-devant de son banc.

9° N. h. Julien Louys, avocat au Parlement, sieur du Vivier, en la paroisse de Saint-Grégoire, près de Rennes, où il possédait un manoir et une chapelle, était le petit-fils de Pierre, Sr de la Communais, précédent Sénéchal de Hédé, et de dlle Le Jambu, par Jean Louys, Sr du Vivier, et dlle Marguerite Cochet, dame du Margat, née en Saint-Sauveur de Rennes le 30 janvier 1619, fille de maître Julien, seigneur, de Couësmes, et de dlle Marie Henry, dont étaient sortis, avec Julien, plusieurs autres enfants, baptisés en l'église de Toussaints, dont : Perrine, 13 avril 1636, mariée le 4 mars 1658 au grand jurisconsulte rennais Pierre Hévin ; Marguerite, 5 juillet 1642, épouse, le 22 octobre 1669, de Jean Monneraye, écuyer, sieur de la Maillardière ; Jean-Joseph, 29 septembre 1645, qui fut le premier Maire de Rennes [Note : Pierre Hévin et sa famille, par F. Saulnier, Société Archéologique d'Ille-et-Vilaine, t. XIV, p. 287] ; enfin une autre fille, dont nous ignorons le nom, mais pour laquelle dame Catherine Cochet, sa mère, alors veuve, s'engage, le 19 septembre 1657, à payer aux Ursulines de Tréguier, lorsqu'elle prendra le voile, 2.400 livres tournois une fois payées, pour sa dot, plus 150 livres de pension annuelle et viagère [Note : Arch. Départementales des Côtes-du-Nord. Fonds des Ursulines de Tréguier] ; enfin, Julien fut baptisé, en l'église de Saint-Germain, le 21 juillet 1641.

Sénéchal de Hédé après le décès de François Bréal, il épouse vers 1664 dlle Laurence Foullain, fille de maître Julien, Procureur au siège royal de Rennes, sieur de Couësme, et de dame Perrine Henry, dont il eut deux filles : Angélique-Marie, en 1665, nommée par écuyer Gilles Foullain, sieur de la Crouerie, et dame Marguerite Cochet, dame de Bintin, sa grand'mère, remariée alors à n. h. Julien Bréal, Sr de Bintin ; et Gabrielle, en 1666, tenue sur les fonts par écuyer Pierre Hévin, et dame Gabrielle Foullain, épouse d'écuyer Eusèbe Martin, sieur des Rivières (?).

Il occupa son Office jusqu'en 1671, habitant, jusqu'en 1669, la maison de Monplaisir, dans la rue de la Fonderie, acquise ensuite par les Religieuses Ursulines.

Trois fois il fut Député de Hédé aux Etats : en 1665, à Vitré, aveu n. h. Jean Ruault, Sr de la Tribonière, Procureur Sindic des Bourgeois ; à Vannes, en 1667, et, en 1671, de nouveau à Vitré. C'est à cette époque, 1671, qu'ayant perdu en même temps sa fille aînée, Marguerite, et Laurence Foullain, sa femme, inhumées dans l'église de Hédé, qu'il quitta Hédé pour aller habiter Rennes et y acheter la charge de Conseiller au Présidial. Il ne fut pas inconsolable, du reste, et se remaria avec dlle Marie-Louise Fabroni.

Messire Julien Louis, qui habitait sur la Place des Lices, y mourut en 1713, le 1er août, à l'âge de 72 ans, et fut inhumé en l'église du Couvent des Cordeliers.

10° Jean des Fougerais, d'une bonne famille bourgeoise du pays, dont les membres habitant Hédé et les paroisses voisines y occupaient pour la plupart une situation très honorable dans les juridictions royale ou seigneuriales et qui même se prétendaient nobles, mais furent déboutés en 1668, en la personne de Julien des Fougerais, Sr de Ponteniac, et de Jean, Sr de Beauregard, acquit son Office à la suite du décès de Julien Louis ; mais trop jeune encore, et n'ayant pas l'âge de 25 ans exigé pour être admis à en remplir les fonctions, il dut attendre quelque temps.

Fils, vraisemblablement, de n. h. Jean des Fougerais, sieur de Penabat, et de dlle Marie Cormier, dlle de Beauregard, né en 1644 à Vignoc, et petit-fils de n. h. Jan et de dlle Bertranne Morel, Avocat, Notaire et Procureur au Siège royal de Hédé, dit lui-même Sr de la Bretonnière, de Beauregard, en Vignoc, et de la Ville Allée, Jean des Fougerais ne nous apparaît comme Sénéchal qu'en 1673. L'intérim avait été fait par « Maître René Hervoches, Avocat en la Cour, reconnu par acte d'icelle apte à exercer la charge de Sénéchal et seul juge au Siège royal (à cause de la minorité de Jan des Fougerais) » [Note : Minutes du Greffe de la Sénéchaussée de Hédé, 1673].

Il épousa dlle Anne Fouquet, fille (?) de Maître Jan Fouquet, Procureur au Parlement de Bretagne, inhumé en, 1698, à l'âge de 80 ans, en l'église de Vignoc, en présence de MM. de la Chatière, le Sénéchal de Hédé, M. du Chesne-Gaudin et autres, dont nous ne lui connaissons qu'une fille, Anne, baptisée à Saint-Etienne de Rennes, le 15 octobre 1671, en présence de dlle Guillemette Fouquet, son aïeule (?).

Député aux Etats à Dinan en 1675, il vécut encore deux ans et mourut le 15 novembre 1677 et fut inhumé le 17, sous l'un des tombeaux dépendant de la Ville-Allée.

11° Anne-Pierre du Brueil, seigneur de Caleuvre, « d'azur au chevron d'or, accompagné de trois croissants de même ».

De la famille du nouveau Sénéchal, nous ne savons à peu près rien. Tout ce que nous en connaissons nous est fourni par un acte de tutelle rédigé le 24 décembre 1681, pour son enfant mineur et déposé au Greffe de la Cour de Hédé.

Dans cet acte, on nous montre : « François du Brueil, Sr des Salles, Procureur au Parlement, Sindic des Procureurs, ancien Echevin de Rennes, demeurant à Vannes en la paroisse Sainte-Croix, rue Saint-François, époux de dlle Françoise Guillard, fille de Maître Luc, Sr de la Mulonais, Sindic des Procureurs au Présidial de Rennes, y demeurant, sur le Champ-Jacquet, paroisse de Saint-Aubin, grand-père et grand'mère de l'enfant ; Guillaume du Brueil, Sr de la Dauphinaie, Avocat au Parlement, demeurant aussi en la ville de Vannes, paroisse de Sainte-Croix, oncle ; dlle Perrine Boulanger, dame de la Porte, née du Brueil, sœur ; Jacquemine, autre sœur, épouse de François de la Boissière, chevalier, Sr de la Ville-Péan ; puis Anne-Pierre lui-même et sa femme Anne-Gabrielle Fouquet et leur jeune fils Anne-François ».

D'autre part, nous rencontrons encore à la même époque un certain nombre de personnages du nom de du Brueil, disséminés dans différentes paroisses de Rennes, Saint-Sauveur, Saint-Etienne, Toussaints, etc. C'est Georges-François, Avocat en la Cour du Parlement, époux de Renée-Césaire de Sepvaux, qui a des enfants en 1691 et 1692, dont l'un, François, est nommé par Guillaume du Brueil, Avocat en la Cour. De cet ensemble de faits et à la suite de la lecture de cet acte si peu complet et si peu fourni qu'il soit de détails, nous pouvons du moins arriver à connaître suffisamment la filiation et la parenté proche de notre Sénéchal.

Maître Anne-Pierre du Brueil, qui se disait « Sénéchal seul juge, Lieutenant général et particulier de la juridiction de Hédé », après le décès de Jean des Fougerais, avait épousé la sœur de la femme de son prédécesseur, Jeanne-Gabrielle Fouquet, fille de Maître Jan, Procureur au Parlement, et dlle Guillemette Bain, malgré l'opposition de celui-ci. Il n'en eut qu'un enfant posthume, né et baptisé le 24 août 1681 à Hédé, tenu sur les fonts par Maître Georges-François du Brueil, Avocat au Parlement, et dlle Perrine Boulanger, dame de la Porte. Le Sénéchal n'avait point vu l'arrivée de son fils ; il était mort quelques mois auparavant, et sa veuve se remariait quelques années après à n. h. Pierre Cordonnier, Sr de la Bouessière, Procureur du Roi à Fougères.

12° Maître Henri Calliope Hervagault. Les successeurs de Pierre-Anne du Brueil nous viennent de Vitré. Henri Calliope, fils de Maître Jacques, sieur du Fougeray, Huissier à la Chancellerie du Parlement de Bretagne, et de dame Marie Goupil, sa femme, qu'il avait épousée le 4 février 1652, naquit à Vitré le 6 janvier 1654 et fut tenu sur les fonts en l'église de Sainte-Croix, le 7 février 1655, par h. et p. Henri de Bourgneuf, Premier Président au Parlement, et dame Calliope d'Argentré, son épouse, qui lui donnèrent leur nom.

Maître Henri Calliope Hervagault, Sr du Perray, le nouveau Sénéchal, Avocat en la Cour, prit, sans doute, possession de son Office immédiatement après le décès de son prédécesseur, mais nous ne le trouvons, cependant, mentionné pour la première fois avec son titre qu'en 1683, dans un acte de baptême. Il venait d'épouser dlle Françoise Guibert, dont il eut, au moins, sept enfants, nés à Hédé et à Rennes : Marie-Thérèse, née et morte en 1684 ; Jeanne-Marie, dame de la Lardais, qui vivait en 1710 ; Pierre-Jean-Baptiste, né à Rennes, baptisé à Hédé en 1688, où il eut pour parrain n. h. Pierre Guybert, sieur de la Reynais, probablement son grand-père maternel, et dlle Marie Goupil, sa grand-mère ; Marie-Anne, 1691, baptisée le 8 novembre et tenue sur les fonts, en l'absence des parrain et marraine attendus, « par deux petits pauvres, scavoir Jan Dagoret et Guillemette Davy, du faubourg de la Forge, en présence de dlle Marye Goupil, grand'mère » ; Pierre-Joseph, mort en 1707, âgé de 13 ou 14 ans ; Henri-François, 1698, que nous allons retrouver, et enfin Marie-Madeleine Calliope, 22 juillet 1701, qui ne vécut que quinze jours.

En 1687, il donne quittance à Jean Cherouvrier des Grossières de 120 livres qu'il touche pour son traitement de Sénéchal, mais il ne se contente pas de ses fonctions judiciaires et il acquiert l'Office de Maire, pour lequel il reçoit de Barthélemy Mouffle, Receveur du Domaine en Bretagne, 100 livres pour ses appointements [Note : Arch. Départementales de la Loire-Inférieure, B. 2667 et 2686], et, plus tard, il y ajoutera encore l'Office de Subdélégué de l'Intendant qu'il occupe en 1713.

Le Sénéchal vécut jusqu'en 1721 : « Monsieur Maître Henri Calliope Hervagault, Sr du Perray, Conseiller du Roy, Sénéchal au siège royal de cette ville, décédé d'hier, a été inhumé le 19 février mil sept cent vingt un par moy recteur soubsigné, dans ce cimetière en présence des Srs recteurs de Saint-Symphorien et prêtres de cette paroisse. J. Rageul, prêtre-recteur » [Note : Reg. des décès de l'église de Hédé].

Sa veuve lui survécut et ce n'est qu'en 1733 que « le corps de dame Françoise Guibert, en son vivant dame veufve le Sénéchal de Hédé, a été inhumée sous le chapiteau de cette église par Missire Thomas Cosson, Recteur de Saint-Symphorien, en présence de M. le Recteur de Bazouges, des messieurs prêtres de Bazouges, Saint-Symphorien et Hédé, le 26 mars 1733. Cosson, Recteur de Saint-Symphorien. Jos. Aougstin, Curé de Hédé » [Note : Reg. des décès de l'église de Hédé].

A côté de ces Hervagault, nous en trouvons d'autres, les Hervagault de la Haulle, dont certains membres habitent l'évêché de Nantes, ayant peut- être même origine, sans que nous puissions les rattacher. Ainsi Jacques, Sr de la Haulle, époux de N..., a un fils, Hilarion, nommé à Ancenis le 27 juillet 1697 par Jean-Baptiste Becdelièvre, sieur de la Busnelais, Chevalier, Président en la Chambre des Comptes de Bretagne, et Renée de Sesmaisons ; en 1735, dlle Marie-Angélique Hervagault de la Haulle, de la paroisse de Saint-Nicolas de Nantes, obtient dispenses de bans pour épouser n. h. Joseph- Guillaume Monnier, de la paroisse d'Ambon [Note : Arch. Départementales du Morbihan. G, n° 321].

13° Henri-François Hervagault, Sr de la Lardrais, qui vient après Henri Calliope, n'était point né à Hédé, ou, du moins, nous n'avons pu rencontrer son acte de baptême. Si nous en croyons l'âge qui lui est donné à son décès, il dut venir au monde en 1698.

Licencié en droit, mais n'ayant point encore 25 ans lors du décès de son père, il dut attendre quelque-temps, pendant lequel l'intérim fut fait par Maître Jacques De la Mare, Conseiller du Roi et son Procureur au Siège royal, avant de pouvoir lui succéder et ce n'est qu'en 1723 que nous le voyons avec son titre de Sénéchal.

Il était déjà marié à cette époque et avait épousé vers 1722 dlle Françoise de Cornillé, aussi toute jeune, dont il eut deux enfants, baptisés à Hédé : Jean-Baptiste-François, 1723, mort en 1724, et Gilles-Guillaume-Marie, en 1724, nommé par écuyer Gilles Henry, sieur de la Heuzelaie ; mais, sa femme étant morte l'année suivante, à l'âge de 20 ans, et inhumée dans l'église le 19 juin 1725, « dans l'enfeu de Messieurs les juges », il se remaria dès l'année suivante à dlle Anne-Marie Jourdain, qui lui donna à son tour trois enfants, nés et baptisés à Hédé : Jeanne-Marie, 1727, morte en 1728 ; Julien-François, 12 février 1729, nommé le 7 juin, et Rose-Mélanie, 1731, qui eut pour parrain jeune monsieur (Gilles-Guillaume) Henri Hervagault, son frère.

Elu Député de la Communauté aux Etats en 1732, il le fut encore une dernière fois le 11 novembre 1736.

En 1733, deux malheurs vinrent s'abattre sur lui coup sur coup : sa femme ne survécut pas longtemps à la naissance de son dernier enfant. Le 3 mars, « le corps de dame Anne-Marie Jourdain, âgée de 30 ans, épouse de M. Maître Henri Hervagault, Sr de la Lardrais, Conseiller du Roi, son Sénéchal et seul juge au Siège royal de Hédé, a été inhumé en l'église Notre-Dame par M. le Recteur de la Chapelle-Chaussée, assisté de MM. les recteurs de Québriac, Vignoc, Langouet, Saint-Gondran et de M. l'abbé de Tinténiac et de plusieurs prêtres des paroisses voisines, le 3e jour de mars 1733. — Jos. Aougstin, curé » [Note : Reg. des décès de l'église de Hédé].

Quinze jours plus tard, le 26, c'était la dame Françoise Guibert, vivant dame veufve le Sénéchal, qui venait reposer sous le chapiteau de l'église.

Profondément ému par ces deuils qui le frappaient et quoiqu'il lui restât encore trois enfants, dont l'un, Gilles-Guillaume-Henri, devait plus tard suivre son exemple et se faire prêtre, ordonné en 1748, l'autre, Julien-François, devenir Conseiller au Présidial, et, comme son père, Député aux États, mais pour représenter la ville de Rennes, et une fille en bas-âge, il résolut d'abandonner sa carrière, avec tous les avantages qu'elle pouvait encore lui présenter et de se tourner vers Dieu.

Il se prépara à entrer dans les Ordres et commença ses études ecclésiastiques. Il fut ordonné prêtre en 1736 [Note : Arch. Départementales du Morbihan. G. 143, 2] et commença par exercer à Hédé même, provisoirement, le ministère, tout en y continuant encore ses fonctions au Tribunal. Nous le voyons, en effet, en 1736, dans un acte de décès, signer encore Hervagault, prêtre et Sénéchal de Hédé [Note : Décès de Julienne Guyard. Reg. de la paroisse de Saint-Symphorien]. Mais, lorsque six ans plus tard, le 16 juin 1742, il sera pourvu du prieuré de Saint-Symphorien, dans l'acte de prise de possession de son bénéfice, le 20 du même mois, il n'est plus dit que « Vénérable et Discret prêtre Fr.-H. Hervagault, avant le sacerdoce ancien Sénéchal et seul juge au Siège royal de Hédé » [Note : Reg. de l'église de Saint-Symphorien]. Il a résigné définitivement son Office.

Il resta quelques années, de 1742 à 1749, recteur de Saint-Symphorien, mais, le 9 septembre, il fut appelé au rectorat de la paroisse de Saint-Hélier, près de Rennes, où il ne fit que passer et résigna l'année suivante, 1750.

Sa grande intelligence, les études qu'il avait dû faire pour entrer dans la magistrature, son titre de Licencié en droit, devaient lui faire obtenir bientôt dans l'Eglise une situation plus en rapport avec ses mérites.

En 1755, en effet, le 24 mars, il est élu Chanoine en la Cathédrale et Grand Pénitencier du diocèse, puis ensuite Sindic du Clergé. Il mourut le 28 décembre 1764 à l'âge de 66 ans et fut inhumé dans le caveau de Saint-Pierre.

14° Maître Joseph-Antoine Hérisson, Sieur de l'Ourme, originaire du pays, était fils de Maître Jan Hérisson, Avocat et Procureur en la Cour et juridiction de Tinténiac, et de dlle Renée Fresnel, veuve de François Denoual, Sr de l'Ourme.

Né le 30 juin 1700, en la paroisse des Iffs, au ressort de Hédé, il y fut baptisé le 1er juillet, tenu sur les fonts par écuyer Antoine-Joseph de Relosc (?), Sr dudit nom, et dlle Marie-Henriette Ravart, dame de la Forest, en présence d'écuyer Charles Ferron, Sr de la Forest, et dlle Jeanne-Catherine Plumier, dame de Relosc, Maître Charles Beaucé et plusieurs autres.

Maître Antoine-Joseph Hérisson, qui avait pris le nom de Sieur de l'Ourme ou de Lourme, de la terre de ce nom aux Iffs qui appartenait à sa mère et dont elle avait hérité de son premier mari, François Denoual, Avocat au Parlement, vint s'établir à Hédé pour y remplir ces fonctions au siège royal, en attendant une autre situation.

Maître Antoine-Joseph Hérisson venait de se marier. Il avait épousé vers 1725 dlle Louise-Françoise Beaucé, fille de n. h. Pierre Beaucé, Sr de la Chesnaye, Miseur de la Ville, et de dlle Anne Rebillard, née à Hédé en 1703, où elle eut pour parrain et marraine écuyer Louis-Pierre Broc, Sr de la Tuvelière, et Anonyme Henry, dlle de Beauchamp, et déjà, veuve de n. h. Joseph Garnier, Sr de la Baudronière, Avocat en la Cour, de la paroisse de Combourg.

Trois enfants naquirent de ce mariage : Jean-François de Paule, en 1729, nommé par son grand-père, Maître Jean Hérisson ; François-René, 1730, mort, et Antoine-Anne, en 1733, qui ne vécut que deux mois.

Le fils aîné, Jean-François de Paule, seul vécut et nous le retrouverons plus tard Maire de Hédé.

C'est après 1736 que Maître Antoine Hérisson succède à Maître Henri Hervagault, démissionnaire, et en 1739 que nous le trouvons pour la première fois signant à titre de Sénéchal les registres des paroisses.

Le 30 août 1740, Maître Antoine-Joseph Hérisson de L'Ourme fut délégué par la Communauté de Ville pour la représenter comme Député aux Etats à Rennes et neuf ans plus tard, le 30 septembre 1749, son mandat lui fut renouvelé pour la session extraordinaire qui se tint dans la même ville.

Monsieur Hérisson de Lourme garda son Office de Sénéchal pendant 19 ans, jusqu'en 1757 qu'il se retira.

Dlle Louise-Françoise Beaucé mourut en 1766 et fut inhumée dans l'église de Hédé « dans l'enfeu de la dame du Matz (Renée Collichet), en présence de Messieurs les Juges, Maire, Echevins, etc. ». Lui-même trois ans plus tard alla rejoindre son épouse : « Le corps de noble Maître Antoine-Joseph Hérisson, Sr de Lourme, en son vivant, Avocat au Parlement et ancien Sénéchal du Siège royal de cette, ville, décédé le 29 juillet 1770, a été inhumé dans cette église le lendemain 30 desd. mois et an par M. Patin, recteur de la paroisse de Saint-Gondran, assisté de MM. les Curés des Iffs, Saint-Brieuc-des-Iffs, Saint-Gondran, Bazouges et Hédé et de MM. Rebillard, Bréchard, Moulin, prêtres de ces paroisses, en présence de moi soussigné : De la Mare ».

15° Monsieur David-Charles Morel des Vallons. Si nous ignorons l'origine de M. David-Charles Morel, nous avons tout lieu de croire qu'il venait de Vitré ou des environs, où nous trouvons, d'une part, n. h. René Morel, sieur des Vallons, marié 1° le 12 novembre 1665 à dlle Marie Berthois, puis le 22 février 1683, en secondes noces, à Marie Ronceray, et mort le 27 mai 1705, à l'âge de 85 ans, et qui avait eu neuf enfants, dont : François, nommé le 23 décembre 1666 par François Morel, sieur de la Guerpinaie, de Champeaux [Note : Reg. paroissiaux de Vitré] ; puis d'autre part, un autre Morel, Pierre-Jacques, sieur des Vallons, capitaine des grenadiers de Monsieur, Chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis, né le 31 mars 1726, aussi à Champeaux, et demeurant en la ville de Hédé en 1781 [Note : Minutes de Du Clos, notaire royal à Hédé] et 1782.

Si parmi les neuf enfants de René Morel aucun ne porte le nom de David-Charles, rien n'empêche de croire qu'ils soient de sa famille et peut-être ses grands-parents, et que Pierre-Jacques et son père soient frères.

M. Morel des Vallons succéda à M. Hérisson de Lourme à la suite de la résignation de celui-ci, mais nous ne savons pas exactement en quelle année.

La première fois que nous entendons parler de lui, c'est en 1762, à l'occasion de son mariage. Le 3 octobre, la Communauté de ville prenait, à cette occasion, la délibération suivante : « Eté remontré que M. le Sénéchal était sur le point de s'établir, il convient que la Communauté fasse, en cette occasion, témoigner sa joye et lui donner les mêmes témoignages de réjouissance qu'elle a cy-devant donnés lors du mariage des magistrats. Sut quoy, la Communauté a prié M. Hervoches, Capitaine de la Milice bourgeoise de cette ville, de faire prendre les armes à sa Compagnie, le mardi 12 du présent mois pour aller recevoir M. le Sénéchal et sa nouvelle épouse et donner toutes les marques de réjouissance en pareil cas accoutumées, et M. Du Pont Robiou de convoquer, de la part de ladite Communauté, les principaux Bourgeois et habitants pour monter avec lui à cheval et aller au-devant de M. le Sénéchal et de sa nouvelle épouse et leur témoigner par là la joie qu'a la Communauté de son établissement » [Note : Registre des délibérations de la Communauté de la ville de Hédé].

La nouvelle épouse qu'amenait le Sénéchal et au-devant de laquelle allaient et la Milice et les Bourgeois était Mlle Anne-Françoise Guyon, fille peut-être ou tout au moins parente de ce n. h. Pierre Guyon, Sr de la Pommeraie, qui mourait à Hédé en 1768, âgé de 75 ans.

Nous ne connaissons pas d'enfants au Sénéchal dans les registres de Hédé avant 1770, mais à partir de cette époque nous en trouvons sept, nés et baptisés à Hédé : Marie-Anne-Françoise-Perrine, 1770, morte en 1778 ; David-René, 1772 ; Anne-Victoire, 1774 ; David, 1776 ; Catherine-Charlotte-Jeanne, 1777 ; Rosalie-Victoire, 1778, nommée par Anne-Victoire, sa sœur ; Pierre-René, 1785, nommé par Catherine-Charlotte-Jeanne, sa sœur.

Peu de temps après son mariage, le Sénéchal acquit de M. de Champgiron Du Val, le 22 novembre 1763, pour la somme de 1.200 livres, celle des deux charges de Maire titulaire qu'il possédait, l'autre ayant été achetée par la Ville. Mais cette acquisition ayant été faite en contradiction de l'arrêt du Conseil d'Etat du 11 juin [Note : Cet arrêt du Conseil du 11 juin 1763 avait été rendu à l'occasion des plaintes et des protestations des Etats contre le droit inhérent à leur office accordé aux maires titulaires d'être les députés de leurs villes aux Etats, ce droit mettant des entraves à la liberté des élections et les Etats ayant toujours désiré que les Membres du Tiers dans leurs Assemblées fussent, en effet, les Députés des Villes dont ils sont les représentants et ne tinssent leur mandat que des suffrages libres de leurs concitoyens. (Etats de Bretagne, t. XX, p. 837)] sur la nomination des Maires fut cassée par M. Vedier, Commissaire des guerres, et M. Morel des Vallons, assistant à la délibération de la Communauté de Ville suivante, ne signe plus qu'avec la restriction : « D. Morel, Sénéchal de Hédé, qui ne signe que comme étant obligé d'assister aux délibérations pour les droits du roi » [Note : Reg. des délibérations de la Communauté de Ville].

Quoique n'ayant pu obtenir ses lettres de provisions, M. Morel des Vallons garda cette charge de Maire pendant vingt ans et ce n'est qu'en 1783 qu'il la revendit à Maître Jan-François de Paule Hérisson de L'Ourme, fils de M. Hérisson de L'Ourme, son prédécesseur Sénéchal.

Pendant le cours des vingt années qu'il occupa ses fonctions de Sénéchal, la confiance des habitants lui fit obtenir trois fois la mission, de les représenter aux Etats de la Province, la première, le 18 septembre 1764 à Nantes ; puis le 31 janvier 1768, pour assister à l'assemblée extraordinaire qui allait s'ouvrir à Saint-Brieuc ; et enfin le 27 août 1770, pour ceux qui doivent se tenir à Rennes le mois suivant.

En 1764, le Sénéchal de Hédé écrit pour annoncer qu'en l'absence du Sénéchal de Rennes il vient d'être nommé Président de l'Ordre du Tiers et la Communauté s'empresse de l'en féliciter. Il semble étonnant qu'un Sénéchal d'une juridiction de moyenne importance ait pu être appelé à une situation si distinguée. Cela, cependant, n'a rien de surprenant. En effet, par arrêt donné en son Conseil, le 31 août 1619, le roi avait décidé « que les Sénéchaux des Présidiaux de Rennes, de Nantes, de Vannes et de Quimper présideraient dorénavant dans les villes de leur ressort où les Etats seraient assemblés et qu'en leur absence ce droit appartiendrait au plus ancien des Sénéchaux Députés aux Etats ».

Or, le Sénéchal de Rennes ne pouvant présider et M. David Morel se trouvant le plus ancien Sénéchal d'une Cour royale Député, il était tout naturel que ce fut à lui qu'échût la Présidence de l'Ordre du Tiers.

Quelques jours plus tard, il était délégué par les Etats pour aller, de concert avec les autres Députés du Tiers de Rennes, la Guerche, Fougères, Vitré et le Croisic, et plusieurs représentants du Clergé et de la Noblesse, offrir à Mgr l'Evêque de Rennes, malade, les félicitations des Etats à l'occasion de son rétablissement.

En 1768, à Saint-Brieuc, le même fait se reproduit. M. Borie, Sénéchal de Vannes, du ressort duquel dépendait Saint-Brieuc pour la tenue des Etats, ayant été dans l'impossibilité d'assister aux séances, la Présidence de l'Ordre du Tiers fut de nouveau dévolue à M. Morel des Vallons. Celui-ci fut tellement heureux de l'honneur qui, deux fois de suite, lui advenait, qu'il ne voulut pas le regarder simplement comme une bonne chance, mais comme un droit inhérent au Sénéchal de Hédé et que, depuis cette époque, il se dit « écuyer Sr des Vallons, Sénéchal de la Sénéchaussée et Siège royal de Hédé, Président né aux Etats de cette province au défaut des Sénéchaux des Présidiaux, ayant présidé en cette qualité aux Etats de 1764 et 1770 » [Note : Acte de baptême de son fils David en 1776. (Reg. des baptêmes de l'église de Hédé)].

La Révolution était venue et le décret du 14 août 1789 qui abolit, avec les droits féodaux, toutes les juridictions royales et autres pour en faire les tribunaux de nos jours, fut pour Hédé la déchéance et la ruine complètes. Auparavant, plus que Sous-Préfecture, avec son Subdélégué de l'Intendance, Cour royale civile et criminelle, prenant une part active à l'administration de la Province par le moyen de ses Députés élus, possédant une magistrature intelligente et de nombreux officiers ministériels et municipaux qui formaient le quart de sa population, un passé historique brillant, Hédé vit tout cela disparaître d'un seul coup, pour n'être plus qu'un simple et banal chef-lieu de canton et une petite justice de paix.

M. Morel des Vallons ne fut pas toutefois immédiatement dépossédé de son tribunal et de ses fonctions, et on le trouve encore, le 29 juillet 1790, présidant comme Sénéchal une Assemblée tenue dans l'église de Hédé. Bien plus, lorsque l'éviction fut terminée, le dernier Sénéchal ne quitta pas encore Hédé tout de suite. Il devint alors le citoyen David Morel et accepta même quelques fonctions dans la Municipalité.

Nommé Colonel de la Milice Nationale, il reçoit, le 24 mai 1790, de la Municipalité, quatorze fusils qu'elle a fait venir sur sa demande, assiste le 14 juillet à la fête de la bénédiction des Drapeaux, célébrée dans l'église, et est délégué, en 1790, à la Fédération générale pour représenter la Ville.

Le 20 messidor an II de la République (8 juillet 1794), le citoyen David Morel fait partie des douze notables qui doivent constituer la nouvelle Municipalité et, en outre, accepte de remplir les fonctions d'Officier municipal pour la tenue des registres de l'état-civil à la place de Missire Olliviero, ancien curé de Hédé, obligé de s'expatrier. C'est la dernière fois que nous entendons parler de M. Morel des Vallons à Hédé, de sa femme et de ses enfants. Il n'était plus jeune et dut se retirer peu de temps après.

 

Procureurs du Roi - Substituts du Procureur général et Substituts du Procureur du Roi.

Les Substituts du Procureur Général avaient été institués, tout d'abord, par les Edits de Mai 1583 de Henri III « en titre d'Office formé dans les Cours et ceux de Procureurs du Roi dans les Cours inférieures pour faire toutes les fonctions des Procureurs en leur absence, négligence et empêchement et pour assister et estre adjoints aux juges en tous actes de justice où il est accoutumé de prendre adjoint ».

En 1696, par son Arrêt d'avril, le roi Louis XIV, rappelant l'Edit de Henri III, déclare à son tour : « Ces Offices n'ayant pu être établis en plusieurs sièges inférieurs et la plus grande partie de ceux qui avaient été levés étant vacans, les mêmes abus continuant dans les parquets de ces Sièges... à ces causes... créer et ériger à titre d'Office formé et héréditaire... en chacune des... Sénéchaussées... le nombre de nos Conseillers Substituts de nos Procureurs esdits Sièges » [Note : Arch. Départementales des Côtes-du-Nord. Arrêts et Règlements, t. I, p. 783].

Les Substituts du Procureur Général et les Substituts du Procureur du Roi n'étant, en somme, que les adjoints du Procureurs du Roi, ayant les mêmes attributions et les remplaçant souvent, nous avons cru naturel de ne pas les séparer et de les faire figurer dans le même tableau.

1° Jan Le Compte, Procureur du Duc à Hédé, vivant 1455 [Note : Rentier du domaine ducal], fils, ou tout au moins de la famille de cet André Le Compte, noble, dont « l’hostel (à la Mézière), est tellement choist et en ruyne qu'il n'y a que les murailles » [Note : Réformation de 1455. La Mézière] ; peut-être ce Jehan, qui, en 1427 et en 1444, possède le manoir de la Maudetaye, en Gévezé, qu'il a vendu en 1513 [Note : Montres de Gévezé].

En 1478, autre « Jehan Le Compte, Procureur de Hédé, quel est d'extraction partable, tient en la paroisse de Miniac (sous Bécherel) une métairie nommée la Hingueraye, qui fut à Jamet Grandin, monnoyeur » [Note : Réformation de 1478. La Chapelle-Chaussée]. En tout cas, il semblerait appartenir à cette famille Le Compte qui fut déboutée en 1668 et qui avait pour armoiries « d'azur à la couronne de Comte d'or perlée d'argent en chef, accompagnée de 3 cœurs d'argent, 2 et 1 ; une étoile d'or en abîme ».

Ces deux Jehan Le Compte sont-ils les mêmes ou sont-ils deux Procureurs, père et fils, se succédant ? Nous l'ignorons.

2° François Robert, Seigneur de Saint-Gondran, Procureur du Roi, vivant 1556 [Note : Prise de possession de la Seigneurie de Hédé par Messire François du Breil], des seigneurs de Saint-Gondran et de la Chatière, « d'azur à cinq roquets d'argent », qui eurent à Hédé une certaine importance et où nous trouvons, en 1449, Jehan, servant comme homme d'armes au Château ; Jehan et Guillaume Robert, Passes ou Notaires nobles en la Cour en 1459 ; Jean, Châtelain et Receveur du domaine en 1554 [Note : D. Morice, Pr., III. c. 144].

François Robert était fils, vraisemblablement, de n. h. Olivier, écuyer, seigneur de Saint-Gondran, qui paraît aux Montres en 1541. Il épousa noble dlle Françoise Brunet, de la paroisse de Gévezé, fille, sans doute, de n. h. Gilles, Sr de la Plesse, et dlle Françoise du Breil. Le mariage fut fécond, car, alors que, en 1569, il réclame le remboursement des sommes qu'il a dû avancer au roi, à titre de seigneur de Saint-Gondran, pour les fouages de la paroisse, il fait valoir qu'il est père de nombreux enfants, dont nous connaissons quatre seulement, baptisés à Gévezé de 1551 à 1555.

Nous ignorons la date du décès de n. h. François Robert, mais la famille avait encore des représentants dans le pays au commencement du XVIIIème siècle.

3° 1556. N. h. Julien Généreau, Substitut du Procureur du Roi [Note : Arch. du Château de la Bretêche], à Hédé. Père ou frère ou tout au moins parent de Jehan Généreau, Receveur de Hédé à cette époque, et de Ramonet Généreau. Il y mourut le 17 janvier 1565. Sa famille y resta encore après lui et s'éteignit par le décès de Perrine Généreau, inhumée en 1608 dans l'église.

4° N. h. Jean Beschard, ou Beschart, Procureur du Roi, d'une famille noble, originaire de Miniac-sous-Bécherel [Note : Terres et Maisons nobles en Saint-Symphorien. Généalogies, par A. Anne Duportal. (Mém. de la Société Archéologique d'Ille-et-Vilaine)], « d'azur à trois bêches d'argent en pal », dont nous allons trouver, à différentes reprises, des membres en possession de l'Office de Procureur du Roi.

N. h. Jean Beschard, écuyer, sieur de la Chaponière, fils de Pierre et de dlle Françoise Ginguené, était Procureur du Roi avant 1595, signant avec le Sénéchal de Hédé, Guillaume Ginguené, seigneur de la Chapelle, son oncle (?), des réquisitions pour le service de l'armée royale. De ses mariages, d'abord avec dlle Jeanne Chatel, puis, en secondes noces, avec dlle Laurande Le Roux, il eut huit enfants, parmi lesquels Jean et Pierre, que nous retrouverons.

Il mourut en 1629 après avoir cédé, en 1608, son Office de Procureur du Roi à son fils Jean.

5° Jean Beschard, écuyer, sieur de la Ville-Allaire, puis du Coudray, puis de la Chaponière, était le fils aîné du précédent et naquit vers 1582. Successeur de son père, il fut, comme lui, marié deux fois : d'abord vers 1602, à dlle Phéline Maussifrotte, puis, secondement, avec dlle Louise Uguet. Il eut douze enfants de sa première femme dont peu semblent avoir vécu.

Il mourut en 1625 avant son père et fut inhumé, en l'église de Hédé, dans la chapelle Saint-Sébastien, sous une pierre tombale armoiée de ses armes, sous le banc particulier de la famille.

6° N. Bouillard, Procureur du Roi. Nous ne connaissons de ce personnage que son nom qui nous est fourni dans l'acte de vente, en 1630, de la terre de la Bretêche [Note : Arch. du Château de la Bretêche] par écuyer Jacques de Bréhant à n. h. Louis Bréal, sr du Plessix de Couesmes.

7° N. h. François de Bien, Sr de Lavau, d'une famille d'origine italienne (d'El Bene), mais établie alors en Poitou, vint en Bretagne au commencement du XVIIème siècle, fils peut-être de Jean de Bien (ou d'El Bene), écuyer, Sr de Lavau et des Ormes, Sr Martin et de dame Renée Barrin du Bois Geffroy, « d'azur à deux bâtons fleurdelysés d'argent, racinés par le bas, posés en sautoir ».

Procureur du Roi après N. Bouillard en 1631, il fut marié quatre fois. Le 2 mars 1631, il épousait, à Trévérien, dlle Suzanne Busnel, fille de n. h. Henry, Sr de Lessart, et de dame Renée d'Ingrande, dont il eut quatre enfants : Gilles, en 1632, nommé à Hédé par Gilles Huchet, Sr de la Bourdonnaye, Conseiller du Roi, et son Procureur général en Bretagne, et dlle Guyonne Geslin, femme et compagne de n. h. écuyer Busnel, Sr de Lessart, mari de dlle Catherine Allain, prit le nom de Sgr du Tertre-Guy ; deux autres : René et Antoinette, nés à Trévérien, et enfin Marie, épouse de Louis de Charnières, Sr de Launay et de la Chapelais, marraine en 1649 d'une demi-sœur.

Suzanne Busnel inhumée le 29 juin 1636 aux Carmes de Dol, François de Bien se remarie l'année suivante à Saint-Pierre de Plesguen à dlle Louise Le Mignot, qui vécut à peine deux ans, jusqu'au 14 avril 1639, puis quelques mois après avec dlle Jeanne Ferron, née le 15 août 1616, fille de Bertrand Ferron, Sgr de la Sauvagère, et de dame Servanne de Launay et veuve d'écuyer Abel Thébault, Sr de la Guiondaix..., dont il eut quatre enfants : Claude, né le 16 septembre 1647 à Saint-Pierre de Plesguen, qui continue la lignée ; Anne, 1649 ; Jean-André, 1654, et François-André, 1655.

Jeanne Ferron, morte en 1672 et inhumée en l'église de Saint-Pierre de Plesguen le 9 avril, dix-huit mois plus tard, le 16 novembre 1673, François de Bien prenait une quatrième femme, dlle Marie Guitton.

Il vécut encore cinq ans et mourut le 7 juin 1678 [Note : Voir Généalogie de la Maison Ferron, par le vicomte Général Ferron].

A la Réformation de 1668, il avait dû se désister de ses prétentions à la noblesse, faute de pouvoir produire ses preuves. Depuis longtemps, il avait quitté Hédé où il était remplacé dès 1635.

8° Messire Pierre Beschard, seigneur du Bourgueuf, puis de la Chaponière, deuxième fils de Jean, Sr de la Chaponière, et de Jeanne Châtel, et frère cadet de Jean, époux de Phéline Maussifrotte, tous deux précédemment Procureurs du Roi avant lui, naquit en 1584, le 2 octobre, à Langouët.

Avocat, à la Cour, il succéda à François de Bien en 1635 et fut installé dans son Office le 9 octobre. Il se maria deux fois, d'abord à la Mézière, vers 1610, à Olive Fourel, de cette paroisse, puis, en 1632, à Hédé, à dlle Marguerite de Bréhant, veuve d'écuyer Julien du Bouays, Sgr de Couesbouc.

Des cinq enfants qu'il dut avoir d'Olive Fourel et des deux de Marguerite de Bréhant, la plupart moururent jeunes ou sans alliance. Il ne resta, semble-t-il, qu'une fille, Péronnelle, mariée à écuyer N. de Sevedavy et Jean, sr de la Gonzée, que nous retrouverons.

Pierre Beschard mourut vers 1660.

9° Jean Beschard, Sr de la Gonzée et du Coudray, Procureur du Roi. Nous n'avons point trouvé la date de sa naissance, mais il avait succédé à son père dans son Office vers 1647 puisque, à cette époque, il était élu Député aux Etats tenus à Nantes. Il épousa, vers 1643, dlle Laurence Tremaudan qui lui donna six enfants nés à Hédé, dont : Jean, Sr de la Broce, qui continua la lignée ; puis, après le décès de celle-ci, arrivé en 1649 à la suite de la naissance de sa dernière fille, il épousa, en secondes noces, dlle Sébastienne Guézille, morte sans enfants vivants.

Une seconde fois, en 1673, il avait encore été choisi par les habitants pour leur Député aux Etats réunis à Vitré. Il était encore Procureur du Roi et mourut en 1681, inhumé dans l'église.

10° Maître Julien Courtin, Sr des Ruisseaux, Avocat en la Cour, Notaire Royal, Procureur Sindic des habitants, un des nobles Bourgeois, dit « Substitut du Procureur du Roi, sauf opposition de Maître Jan des Fougerais, » ancien, Avocat [Note : Reg. du Greffe de la Sénéchaussée de Hédé. (Réception de Maître Olivier Berthelot en l'office de Sergent général et d'armes)], époux de dlle Mathurine Geffroy, mort en 1673 et inhumé en l'église.

11° Maître Jan Le Moulnier, Sr de la Pulirais, dit en 1673 Substitut du Procureur du Roi, époux de dlle Gilette Courtin, morts tous les deux en 1680 et inhumes dans l'église [Note : Reg. du Greffe de la Sénéchaussée royale].

12° N. homme Julien Ruffaut, Sr du Val, Substitut du Procureur général au Parlement, vivant en 1685, époux de dame Françoise des Aulnays [Note : Reg. de la sénéchaussée, n° 87]. C'est tout ce que nous connaissons de son existence.

13° Maître Pierre Beillet, Sr de la Cotardaie, Procureur et Avocat au Siège de Hédé, époux de dlle Charlotte Le Géant, dit Substitut du Procureur du Roi, par la vacance de la charge, le 30 juin 1681, mort en 1682 [Note : Reg. du greffe].

14° 1683, 20 février, Maître Julien Fouillole, Sr de la Beaubouchère, Procureur au Parlement, époux de dlle Jeanne Gaultier, Substitut du Procureur du Roi à Hédé, mort en 1688 [Note : Reg. de l'église de Hédé].

15° N. h. Charles Rouxin, Sr des Champs, puis de la Tenue, Avocat en la Cour, Alloué de Tinténiac, Substitut du Procureur général à Hédé, fils de N... et dlle Julienne Tremaudan, époux en 1677 de dlle Thomasse Foullain, fut inhumé le 22 avril 1694 en l'église de Tinténiac, encore en possession de son office [Note : Reg. de l'église de Tinténiac].

16° Maître Pierre Beaucé, Substitut du Procureur général, Sr de la Chesnaie, Avocat et Procureur en la Cour et Siège royal de Hédé, avait acheté après le décès de Maître Charles Rouxin son office de Substitut, qu'il garda jusqu'en 1698 seulement. Miseur de la Communauté de Ville en 1706 et époux de dlle Anne Rébillart, d'où plusieurs enfants, dont dlle Françoise-Louise, née en 1703, qui devint plus tard la femme de Maître Joseph-Antoine Hérisson, Sénéchal de Hédé.

17° Maître Gilles Jugant, Substitut de M. le Procureur du Roi à Hédé, vivant 1626-1627 [Note : Arch. du Château de la Bretêche]. Notaire royal en 1602, il avait cédé en 1604, le 26 juillet, sa charge à Maître Jean Beziel.

18° Maître Jean Robiou, Sr du Champbrunet, Substitut du Procureur général du Roi à Hédé dès 1700 né en 1655, fils de Maître Jan Robiou, Sr des Planches, et de dlle Anne Hervoches, d'abord Greffier de Hédé, 1698-1712 [Note : Reg. de l'église de Hédé (naissances)], épouse dlle Elisabeth Johier, et meurt après avoir démissionné de son Office de Substitut en faveur de Maître Louis Gaisnel.

19° Maître Louis Gaisnel, Substitut du Procureur général, à Hédé par la démission de Maître Jean Robiou, 15 octobre (1713-1718), Sieur des Mesnils, Avocat, Notaire et Procureur au Siège royal de Hédé, Sénéchal de la juridiction et vicomté du Chesnay-Peguelaie, époux de dlle Janne Guinart.

20° N. h. Jacques-Augustin De la Mare, Sr du Val, Conseiller du Roi et son Procureur au Siège royal de Hédé, Avocat en la Cour, venu de Bécherel où il remplissait l'Office d'Alloué, Sénéchal de plusieurs juridictions, s'établit à Hédé en 1716, par son mariage avec dlle Laurence Hervoches, née en 1684, fille de Maître Sébastien, Sieur du Petit bourg, et de dlle Anne du Murier. Il remplit son Office de 1718 jusqu'à sa mort, faisant, en 1721, fonction de Sénéchal attendu la vacance.

De son mariage vinrent huit enfants nés à Hédé : François-Jacques-Anne, 1717 ; Joseph-Augustin, 1719 ; Jan-François-Judith, 1721 ; Françoise-Mathurine, 1723 ; Louis-Gabriel, 1728, nommé par Messire Louis-Gabriel de la Bourdonnaye, Président à Mortier au Parlement, et dame Louise-Modeste de la Bourdonnaye, dame comtesse du Han ; Sébastien-Augustin., 1729 ; Marie-Anne, 1732, morte en 1737, dont nous retrouverons quelques-uns.

Elu Député le 5 novembre 1730 pour représenter les habitants aux Etats à Saint-Brieuc, il mourut en 1736 et fut inhumé, le 9 août, dans l'église Notre-Dame de Hédé en l'enfeu de la Ville-Allée en présence de tous les prêtres des environs.

21° N. Maître Jean-Ollivier Ruault ou Ruaulx, Sr de la Tribonière, Procureur du Roi après Maître Jacques-Augustin. De la Mare, Avocat au Parlement, Sénéchal de plusieurs juridictions, fils de Jean, Sr de la Tribonière, Sindic de la ville et juge de plusieurs juridictions, et de Anne Collet, sa seconde femme, né à Hédé en 1694, succède à Maître Jacques-Augustin De la Mare en 1737 dans son Office de Procureur qu’il garde jusqu'en 1741.

Il se maria deux fois, 1° le 23 octobre 1731 à dlle Anne Pirois, morte en 1748 ; 2° en 1749, à Hédé, à dlle Elisabeth-Françoise Robiou de la Haye.

De sa première femme il avait eu huit enfants, baptisés à Hédé de 1734 à 1745, dont six, semble-t-il, vécurent : Jean-Nicolas, Françoise-Julienne, Pierre-Laurent-Félix, Antoine-François-Marie, Jacques-Marie et Joseph-Louis-Anne.

Subdélégué de l'intendant en 1737, Sindic, puis Maire de Hédé en 1766 ; Député deux fois, le 4 octobre 1738 et le 18 octobre 1766 aux Etats de la Province réunis à Rennes, il mourut à Hédé en 1769 et fut inhumé dans l'église Notre-Dame à l'âge de 72 ans.

22° Monsieur Maître Jean-François Judith De la Mare, Procureur du Roi, troisième fils de maître Jacques-Augustin, sieur de la Ville-Allée, et de dlle Laurence-Françoise Hervoches, né à Hédé eh 1721. Avocat au Parlement, licencié en droit civil et canonique, il acquit le 18 juin 1742 [Note : Minutes Boursin, Notaire royal], de Maître Jean-Ollivier Ruaulx de la Tribonière, cet Office qu'avait déjà occupé précédemment son père et, quelques jours après, le 6 mai 1742, fut élu, par les Bourgeois de Hédé, Député chargé de les représenter aux Etats de la Province qui allaient s'ouvrir le 19 août.

Peu de temps après et malgré ces fonctions qu'il venait d'obtenir dans la Magistrature, il entra dans les Ordres et se fit prêtre.

Diacre en 1746, il célèbre sa première messe en 1747 et est Curé de Saint-Germain de Rennes en 1748, mais, bientôt il revint au pays. Le 2 février 1749, en effet, il prenait possession du bénéfice de Bâzouges-sous-Hédé dont il venait d'être pourvu et qu'il occupa jusqu'à sa mort.

Les devoirs de son ministère ecclésiastique ne l'empêchèrerit pas, du reste, de remplir, avec l'aide de son Substitut, les obligations de sa charge de Procureur du Roi et même d'autres encore, comme celle de Maire de la ville, à laquelle il est nommé le 15 mai 1759. Le 22 août 1762, il est envoyé par la Communauté de Ville pour assister aux Etats à Rennes. Il meurt le 22 janvier 1777 « Echevin, ancien Maire » et est enterré le 23 dans le cimetière de Hédé par le recteur de Gévezé.

23° N. Maître Jean-François-René Belletier, Substitut de M. le Procureur général au siège de Hédé, écuyer, sieur de l'Etang, de la paroisse de Saint-Sauveur de Rennes, fils d'écuyer Jan-Hyacinthe Belletier, sieur de l'Etang, scelleur à la Chancellerie près le Parlement de Bretagne.

Avocat en la Cour, Sénéchal de plusieurs juridictions, il épouse en 1746, à Hédé, dlle Anne-Françoise-Mathurine. De la Mare, de la Ville-Allée, fille de Jean-Francois-Judith de la Ville-Allée, ancien Procureur du Roi, d'où vinrent plusieurs enfants, nés à Hédé, de 1744 à 1758, dont n. h. Jean-François-Judith, que nous retrouverons plus tard.

Il acquiert l'Office de Substitut du Procureur général à Hédé, où nous le trouvons en fonctions de 1747 à 1755.

Maire alternatif de 1749 à 1758, Commissaire des Etats en 1758, Député de la Communauté de Ville aux Etats le 1er septembre 1752 à Rennes, le 30 novembre 1756 à Rennes ; le 10 décembre 1758 à Saint-Brieuc et le 10 août 1760 à Nantes, il meurt eu 1771, le 7 novembre, en son hôtel, rue de Pezé, à
l'âge de 47 ans, et son corps fut inhumé en l'église de Hédé.

24° N. h. Jean-François-Judith Belletier, écuyer, Sr de l'Etang, Substitut du Procureur du Roi. Fils de M. Maître Jean-François-René, écuyer, Sr de l'Etang, ci-dessus, né à Hédé en 1750 et nommé par vén. et disc. Missire Jean-Marie Belletier de la Paviais, son oncle, né en 1682 ; fils de Sébastien, Sr de la Paviais, et dlle Michelle Harand, prêtre Gardien de l'Hôpital de Rennes, en présence de vén. et disc. Messire Jean-François-Judith De la Mare, prêtre de Bâzouges et Procureur du Roi ci-dessus, son oncle, qu'il remplaça vers 1782 comme Substitut du Procureur général à Hédé. Avocat au Parlement et en même temps Sénéchal de plusieurs juridictions, il épousa dame Marie-Anne-Renée-Guillemette Loysel, fille de noble Claude Loysel, Secrétaire de Monseigneur le Premier Président du Parlement de Bretagne, dont une fille Marie-Anne-Angélique-Claudine, née à Rennes, paroisse de Saint-Etienne, le 28 février 1788 et baptisée à Hédé, où elle eut pour parrain son grand-père, Claude Loysel. Nommé Maire en 1782 par la Communauté de la Ville et, en même temps, le 25 octobre, son Député aux Etats qui allaient s'ouvrir, nous ne savons plus rien de lui. Nous pensons qu'après la Révolution il se retira à Rennes, où il mourut.

Famille éteinte au milieu du XVIIIème siècle par le décès à Hédé de deux filles de n. h. Jacques-Bonaventure Toussaint Belletier, sieur du Breil-Marin, et de dame Marie-Jacquemine-Guillemette Deslandes : Marie-Jeanne-Laurence, née en 1787, morte veuve de N. Martin, Conducteur des Ponts et Chaussées, sans enfants, et Eugénie-Marie-Félicité, 1791, morte sans alliance.

25° Noble Monsieur Maître Sébastien-Augustin De la Mare, sieur de la Ville-Allée, Substitut du Procureur général à Hédé. Né en 1729, septième enfant de n. h. Jacques-Augustin, Sr du Val, et frère cadet de Jean François Judith, tous deux Procureurs du Roi, Avocat au Parlernent, Sénéchal des Juridictions de Guipel, Québriac, la Chapelle-aux-Filtz-Méen, le Bordage, la Villouyère, la Rochette, les Roncerais, la Huardais, etc., Maître Sébastien-Augustin de la Mare est dit Conseiller du Roi et son Procureur au Siège royal de Hédé dès 1760 [Note : Les Bourgeois de Hédé lui donnent le titre de « Procureur du Roi, quoiqu'il ne soit que Substitut, le Procureur du Roi étant M. le Recteur de Bazouge et Hédé, Maître Jean-François-Judith, Sr de la Ville-Allée, qui en fait souvent les fonctions au civil ». (Reg. de la Communauté de Ville. Délibération du 1er novembre 1770)].

Nommé Maire en exercice en 1760 jusqu'en 1768, élu le 29 septembre de cette même année Député aux Etats à Saint-Brieuc, M. De la Mare venait d'épouser dlle Marie-Toussainte Salmon, dont plusieurs enfants de 1769 à 1782.

Echevin de la Ville et Communauté, il fut nommé, lors de la réorganisation de celle-ci, le 15 novembre 1781, Capitaine de la Milice Bourgeoise, et mourut l'année suivante, le 15 août.

26° N. Maître Barthélemy-Pierre-Joseph Pollet, né au château de Bon Espoir, en la paroisse de Bazouges, en 1756, fils aîné de n. Maître Pierre-Marie Pollet, Avocat en Parlement, Procureur fiscal du Chatelier, la Crozille, Bon Espoir, Bazouges, et Receveur de M. le Comte de Blossac, et de dame Perrine Hersard, nommé à Hédé par Jean-François Pollet et dlle Anne-Josèphe Hersard de la Villebriand, ses cousin et tante, en présence de n. h. Clément Pollet, son aïeul, Avocat au Parlement comme son père, épouse, le 6 septembre 1786, dlle Marie-Hélène-Judith-Sébastienne De la Mare, fille mineure, née en 1769, de n. Maître Sébastien-Augustin, Sr de la Ville-Allée, ci-dessus, et de dame Marie-Toussainte Salmon.

A la mort de son beau-père, il lui succède dans son Office de Substitut du Procureur général, mais ce ne fut pas pour longtemps, puisque la Sénéchaussée va disparaître, et il fera, sans doute, comme elle, car à partir de 1789, il n'est plus question de lui à Hédé.

Alloués, Lieutenants, Juges.

Après les Sénéchaux, c'est le tour de leurs adjoints : Alloués, Lieutenants et Juges. Ils seront peu nombreux, car nous savons que leurs Offices avaient été presque constamment absorbés par les Sénéchaux et ce n'est que très exceptionnellement que nous avons pu en retrouver quelques noms, dont aucun avant le XVIème siècle.

Alloué. — Maître Charles Faisant, premier connu, croyons-nous, de la famille des Faisant de Champchenel, prête serment le 12 août 1566 devant la Grande-Chambre du Parlement pour être admis à exercer les fonctions d'Alloué au Siège royal de Hédé. Sa descendance ne reparaît à Hédé qu'au XVIIIème siècle, avec Toussaint Faisant Champchenel, époux, en 1696, de dlle Anne Courtin, dont Laurence, née en 1712, est mariée, en 1732, à Maître Julien Boursin, Sr de Grandmaison, Notaire et Procureur au Siège royal, Receveur des Consignations et Directeur des Postes aux lettres.

Lieutenant. — Michel Robinault, seigneur de Montineuc, en la paroisse de Guipel, de la famille noble des Robinault, qui portent : « de sable à l’aigle éployée d'argent, becquée et membrée d'or ». Lieutenant en la Sénéchaussée royale de Hédé en 1556 [Note : Afféagement par Messire François du Breil, seigneur de Hédé, à n. h. Pierre Le Roux, de terres à la queue de l'étang]. Dans cet acte, il est représenté comme tuteur de René Le Chanoine, fils de Jehan, petit-fils de Macé, fils de Thébault, tous seigneurs de la Jaudière, en la paroisse de Montreuil-le-Gast, pour lequel il fait aveu. Il ne semble pas y avoir fait souche.

Juge. — Ecuyer Noël Hattes, Seigneur de la Besnelaye, de la maison de la Crozille, fils de François Hattes et de dlle Marguerite de Melesse, fille elle-même de Allain, Sr de la Besnelaye, en avait hérité de cette terre dont il prit le nom et pour laquelle il rendait aveu en 1554 [Note : Prise de possession de la Terre de Hédé par Messire François du Breil].

Noël Hattes épousa damoiselle Jeanne Cochery, dont deux enfants: François, né aux Iffs, et mort jeune, et Laurande ou Rollandie, dame de la Besnelaye, mariée d'abord, en 1569, à n. h. Jan Geslin, Sr de la Bourbansaye, dont enfants, puis, en secondes noces, à n. h. Pierre Chouart, Sr de la Motte.

Juge. — Maître Jehan Le Géant, Sr du Puis, Notaire royal, fils de Maître Julien et Perrine Guynemer, « Avocat et Greffier en la Cour et juge en icelle », 1639 [Note : Baptême de Françoise de Baudron, fille de Jan et Thomasse. Le Géant, sa sœur. Reg. de l'église de Hédé], épouse, vers 1631, dlle Catherine Collichet, d'une très ancienne famille de Hédé, dont plusieurs enfants, et meurt en 1651, inhumé dans l'églige.

Juge. — Autre Maître Jehan Le Géant, fils du précédent, né en 1641, Avocat au Siège, vivant en 1663, le 7 avril « faisant fonction de juge aux Causes d'office et crimes, par la vacance de feu M. le Sénéchal » (François de Bréal) [Note : Reg. du Greffe de la Sénéchaussée de Hédé], ne semble pas avoir eu d’alliance.

Juge. — Maître Charles Hardy, Sr du Chesne Gaudin, Avocat gradué en la Cour de Parlement, Sénéchal du Comté de Tinténiac, Sindic en 1667 de la Communauté de Ville de Hédé, fils de Maître Pierre, sieur du Chesne Gaudin, Notaire royal, et de Françoise Ruaulx, né en 1647, paraphe, en 1676, les registres des naissances, mariages et décès de l'église de Tinténiac, « en l'absence du Sénéchal de Hédé » ; fait de nouveau fonction de Sénéchal provisoire en vertu d'un arrêt de la Cour, après le décès, en 1681, de Maître Pierre-Anne du Brueil, et meurt eu 1685, époux de Marguerite Fouillole.

Juge. — Maître François Bihan, l'un des anciens Avocats postulant au barreau et Siège royal de Hédé, signe, le 31 janvier 1679, les registres paroissiaux de Vignoc, à cause de la vacance de l'Office de Sénéchal, par suite du décès arrivé aud. Sénéchal (n. h. Jan des Fougerais).

Juge. — Maître Jean-François de Paule Hérisson de L'Ourme, Avocat au Parlement, Sénéchal de la Juridiction de la Guerche au membre de Hédé, ancien Maire, fils de l'ancien Sénéchal Maître Antoine-Joseph Hérisson de L'Ourme, figure comme juge, en 1758, dans la liste des Echevins de Hédé.

Juge. — Pierre-Laurent-Félix Ruaulx de la Tribonière, Avôcat Subdélégué de l'Intendant, Sénéchal de plusieurs juridictions et ancien Maire, époux de dlle Marie-Julienne-Françoise de la Hubaudière, puis, en secondes noces, de dame Elisabeth-Marie-Josèphe Alleaume, fait aussi partie avec le titre de juge, en 1767, des membres de la Communauté de Ville.

Juge. — Enfin n. h. René-Antoine Binel, Sr de la Motte, Receveur du Domaine du Roi à Hédé, époux de dame Cécile Le Baron, est dit Bourgeois vivant de ses rentes et juge avec les précédents, en 1774.

Les Offices secondaires de la juridiction étaient nombreux ; nous les diviserons, pour plus de facilités, en trois catégories, comme l'a fait d'Hozier, quand il leur a donné des armoiries : 1° les Greffiers et les Arpenteurs royaux ; 2° les Avocats, Notaires et Procureurs, ensemble, parce que la plupart du temps ces Offices étaient réunis dans une même main ; enfin, les Huissiers et les Sergents ; encore les retrouverons-nous quelquefois mélangés dans ces catégories, les possesseurs en occupant plusieurs en même temps.

 

Greffiers et Arpenteurs.

Les Arpenteurs et Greffiers avaient les mêmes armoiries : « d'azur au compas d'or ouvert en chevron, accompagné en chef de deux plumes à écrire adossées d'argent et, en pointe, d'un cornet ou encrier de même ».

Greffiers.

1554 Maître Denis Boussemel, Greffier de la Juridiction (et Notaire Royal), d'une famille. qui resta dans le pays où nous les trouvons établis, entre autres à Gévezé, Saint-Brieuc-des-Iffs, etc., jusqu'au XVIIIème siècle, possédant des terres nobles, avec de nombreuses alliances dans la noblesse, y prétendant même, mais déboutée à la Réformation de 1668.

1598 Maître Jan Rébillard, Greffier criminel, signe en 1601 une copie du rentier du Domaine royal de 1558.

1604-1623 Maître Jan Bréchard, Sr de la Ville-Allée, époux de Perrine Bodin.

1626 Maître Jullien Foullain, Sr de Lessichère, noble Bourgeois de Rennes, acquiert du Roi, pour la somme de 1.018 livres tournois, les Greffes civil et criminel de la juridiction de Hédé [Note : Arch. de la Loire-Inférieure. B. n°s 1130 et 1147]. — Maître Laurent ou Rolland Foullain, son fils, Sr de Lessichère, Greffier, époux de Jeanne Robiou.

1627 Maître Michel Allix, époux de Mathurine Haslé.

1632-1662 Maître Julien Le Bihan, Greffier de la Communauté.

1647 + 1671 Maître René Rouget, Sr des Rochers, Greffier, Sénéchal de la juridiction de Bazouges, époux de dlle Ambroise Bastard.

1653 16 septembre, Maître Julien Le Géant, Notaire royal à Hédé, prête serment pour moitié du Greffe des Insinuations, acquis le 11 d'avec Ecuyer Mathurin Morel, Sr de Rumelin, et dlle Renée Hudelor, veuve d'Ec. Georges Henry, Sr de la Motte, ayant acquis l'autre moitié le 17 août 1643.

1655 + 1678 Maître Guillaume Colombel, Commis au Greffe. (Notaire royal).

1657 + avant. Maître Pierre Chotard, Commis au Greffe. (Notaire royal).

1657 Maître Pierre Chotart, son fils, Commis greffier.

1658 + 1670 Maître Thomas Rébillard, fils de Guillaume et Gilette Duval (Requête de), pour être Commis au greffe.

1662 Maître Amaury Dupont, époux d'Anne Courtin (Requête pour être Commis Greffier).

1664 Maître Jehan Le Géant, Greffier aux insinuations de la Cour et Siège royal. (Notaire et Procureur royal). — 8 juillet. Maître Gabriel Ginguené, Sr du Pont, admis par le Sénéchal à faire les fonctions de l'un des Commis du Greffe [Note : Reg. du Greffe de la Sénéchaussée de Hédé (Arch. Départementales d'Ille-et-Vilaine)].

1667 N. Hubert. — Jan Collet, premier Commis au Greffe d'office civil et criminel.

1673 Maître René Hervoches, Commis greffier de la Cour royale, Greffier en 1680.

1675 Jean Briot, Commis au Greffe, Clerc au Greffe. — Maître Jean Robiou, Greffier criminel et d'office.

1679 Maître Thomas Bourday, Greffier de Hédé, époux de Janne Piné.

1683 Maître Vincent Sevin, Sr de la Giquais, Commis au Greffe de la juridiction, époux de Tristanne Chotart.

1688 Joachim Coudrais, Commis au Greffe.

1690 Maître François Morel, Greffier, époux de Laurence Even.

1692 + Maître François Courtin, Greffier de la juridiction, époux de Marguerite Hervoches.

1696 Maître Toussaint Biard, Sr du Domaine, Greffier de la juridiction royale.

1698 Maître Sébastien Hervoches, Greffier de la Communauté, époux de Françoise Regnault.

1700 Maître Jean Robiou, Sr de Champbrunet, Greffier de Hédé.

1708 Maître Jan Harant, Sr de Launay, Greffier de la juridiction. — Maître Jean-Baptiste Huet, époux de dlle Renée Bodin.

1723 Maître Julien Pigeon, Greffier, époux de dlle Pélagie-Thérèse de Saint-Gilles. — Maître N... Hervoches, Contrôleur au Greffe.

1728 Maître Henry Faisant, Greffier de Hédé (Langouët).

1729 N. h. Alexis Meslier, Contrôleur des Actes en la Ville et Département de Hédé, époux de dlle Marie Faisant.

1733 Jean Saunier, Greffier ordinaire.

1734 Augustin Boursin, Commis au Greffe, + 1746. — Maître Pierre Betuel, Notaire, exerçant le Greffe de la juridiction.

1737 N... Clouet de Revol, Greffier de la juridiction de Hédé et Contrôleur des Actes aud. lieu.

1741 Maître Jan-Marc Robiou, demeurant rue des Forges.

1746 Maître Augustin Boursin, Contrôleur au Greffe. — Maître N... Godineau, Commis au Greffe.

1747 Maître Pierre Macaire, Greffier ordinaire.

1780 Maître Gilles Simon Barbedette, Régisseur du Greffe royal de Hédé.

Il est évident que cette liste de Greffiers et de Commis Greffiers, incomplète, ne comprend pas seulement les Greffiers de la juridiction, mais aussi quelques Greffiers de la Communauté de Ville, mais comme il n'est pas toujours facile de les distinguer, nous avons préféré les donner tous, tels que nous les avons trouvés.

 

Arpenteurs royaux.

Créés par Henri II, en 1554, puis par Henri III, en 1575 héréditaires, supprimés en 1690, mais rétablis au mois de juillet.

1644 Maître Pierre Simon, Arpenteur royal à Langouët et Avocat à la Cour royale de Hédé, époux de h. fille Perrine Mériays.

1654 + avant. Maître Jan Collet, Arpenteur royal.

1654 22 avril. Maître Jan Collet, son fils, Arpenteur royal, par résignation.

1655 + Maître Barthélemy Simon, de Langouët, Arpenteur royal (Procureur et Avocat à Hédé), époux, en 1635, de Charlotte Thouault.

1659 7 octobre. Jean Macé, Sr de Launay (requête par), tendant à être reçu Arpenteur royal, les Offices vacans par mort de ceux que les ont possédés ayant été supprimés à la requête des Etats.

1662 Maître Jan Sauvé, Arpenteur royal. (Requête de... pour être admis).

1666 + 1671 Maître Julien André, Sr des Préaux, Arpenteur royal, Avocat et Officier de plusieurs juridictions inférieures.

1671 Macé Laurent, un des anciens Avocats et Procureurs au Siège royal, acquiert pour 400 livres, du ci-dessus, son Office d'Arpenteur royal.

1679 Maître Julien Chauvin. — Maître Pierre Hellandais [Note : Arch. du Château de Couesbouc]. — Maître Jacques Plumier vend à — Maître Nicolas Briot sa charge d'Arpenteur royal.

1681-1697 Maître Ollivier Collet, Sr des Barres, Arpenteur royal. (Sénéchal de Saint-Georges et Procureur fiscal du Comté de Tinténiac).

1688 Maître Jan Nouricel, Sr de la Chaire, Arpenteur royal.

1758 avant, Pierre-François Guinot vend à — Maître Jan-François Thouault sa charge d'Arpenteur royal.

 

Avocats, Notaires et Procureurs.

Les armoiries affectées aux Notaires étaient : « d'azur à un cygne d'argent ailé d'or, s'essorant sur une onde aussi d'argent et accompagné en chef de deux plumes d'or passées en sautoir » ; et celle des Procureurs « d'azur à un saint Nicolas d'or ».

Nous ne nous occupons pas ici des Offices des petites juridictions seigneuriales, sinon lorsqu'il s'agira d'Officiers royaux, Notaires ou Procureurs qui les ajouteront aux leurs.

Nous ne tenterons pas de reconstituer les tabliers de quatre Notaires et des neuf Procureurs qui étaient attachés à la juridiction royale ; ce serait impossible ; nous nous contenterons de rapprocher, quand l'occasion se présentera, les noms de ceux dont nous aurons trouvé le liaison.

1459 Jehan Robert. — Guillaume Robert, Passes (arrêt de la Cour entre le Sire de Montauban et Tanguy de Bretagne).

1515-1547 Julien Le Breton, Passe de Hédé et de Bazouges.

1535 N... Mallier.

1545. N... André. — Julien des Fougerais, Notaire royal et de l’Etang.

1551 N... Beziel.

1553 Guillaume Ginguiené. — Louis Ginguené.

1554 Denis Boussemel, Notaire royal de Rennes, puis de Hédé.

1571 N. h. François Robert, Sr de la Ville-Allée, Notaire royal.

1572 Maître Jean Morel, Notaire royal.

1574 Maître Julien Judier, Notaire royal, époux de Raoulette
André. — N... Eon, Notaire royal.

1574 Guy Trotoux, époux de Olive Thébault. (Acte fait en la Halle ou Cohue de Hédé).

1577 Jehan Picot. — Macé Mouazon, Notaire royal et de Saint-Melaine. — Maître Jan. Rivault de la Tribonière, Procureur.

1598 Bertrand André. — N... Frain.

1601 Maître Jan Collichet, Notaire royal, époux d'Artuze Couriolles.

1613 Me Michel Judier Sr du Matz, Notaire royal époux de Renée Collichet, fille de Jean Collichet.

1652 Maître Julien Collichet, sieur du Portail, Notaire royal, époux de dlle Hélène Trémaudan.

1609 Fr. Eon, Notaire royal.

1609 Michel Venice, Notaire royal.

1687 Michel Venice, son fils, Avocat, faisant pour le Sénéchal épousa 1° Anne Le Géant, 2° Gilette Jourdan.

1693 Maître Julien Venice, Sr du Tertre, fils de Michel du 2ème lit, Avocat. Sénéchal de la Commanderie de la Guerche, époux de Clémence Rouget.

1619-1623. Maître Jan des Fougerais, Avocat, Procureur et Notaire royal (Sénéchal de Montbourcher et officier de plusieurs juridictions, époux de Bertranne Morel).

1622 Maître Jan Aubry, Sr de la Touche, Procureur.

1634 N. h. Antoine Haslé, Sr des Baux, Avocat en la Cour, époux de Anne Bodin. — Maître Michel Collin, Sr de Langager, Notaire royal, époux de Cyprienne Haslé.

1653 avant Maître Jan Collin, fils, Notaire royal héréditaire. — 23 janvier, Maître Jean Beziel. (Requête de... pour être admis à la charge de Maître Jan Collin).

1637 Maître Pièrre Le Moulùier, Notaire royal, époux de Michelle Duchesne.
1662 + 1677 Maître Julien Le Moulnier, Sr de la Haye, fils de Pierre, époux (1671) de Yvonne Harang, Avocat et Procureur (Requête pour faire les fonctions de).

1653 16 septembre. Maître Jan Le Géant, le jeune, Sr du Puis, Notaire royal et Avocat en la Cour et juge en icelle, époux de Catherine Collichet.

1664-1667 Maître Jan Le Géant, Sr du Puis, fils de Jan ci-dessus, Avocat et Notaire royal.

1641 + 1662 Maître Pierre Hardy, Sr du Chesne-Gaudin, Avocat et Notaire royal. (Notaire de la juridiction du Chesnay et époux de Françoise Ruault).

1675 + 1685 Maître Charles Hardy, Sr du Chesne-Gaudin, fils de Pierre, Avocat au Parlement, Sénéchal du Comté de Tinténiac.

1643 Maître Julien Lebrun, Notaire et Avocat.

1645 Maître Vincent Hervoches, Sr du Petitbourg, Notaire royal et Avocat, époux de Laurence Guérin.

1675 + 1683 Maître René Hervoches, Sr de la Paviais, fils de Vincent, Avocat gradué, époux de Michelle Harand.

1646 + 1675 Maître Julien Courtin, Sr des Ruisseaux, Avocat, Notaire et Procureur, époux de Mathurine Geffroy.

1671 4 décembre, François Courtin, fils du ci-dessus, admis Avocat au Siège, sur sa requête et en considération de sa capacité et de sa religion catholique, apostolique et romaine.

1647 8 octobre, Mathurin Guézille, Sr de la Morinaye, reçu Avocat et Procureur au Siège.

(1648 + 1671 Maître Julien André, Sr des Préaux, Avocat et Procureur (arpenteur royal, officier de plusieurs juridictions), époux 1° de Jeanne Bodin, 2° de Gilette Truet.

1671 Maître André Bouillart, Sr de la Rablée, Avocat et Procureur à Hédé, par acquêt pour la somme de 900 livres, de Gilette Truet, sa veuve, de l'office du ci-dessus.

1668 Maître Olivier Bineze, Avocat en la Cour, Sr de la Vignette, époux de dlle Philippe Le Camus.

1669 Gilles de Sarrabère, Sr des Cours de la Haye Forbel, Avocat au Siège, Sénéchal de Bâzouges.

1669 Guillaume Coulombel, Avocat et Procureur.

1649 Maître Raoul Beillet, Sr de la Costardais, Notaire, Avocat et Procureur royal, époux de Renée Le Géant, veuve de Maître Thomas Rebillart, Sr de Launay.

1669 Maître Jan Beillet, Notaire, époux de Tristanne Hardy.

1672 + Pierre Beillet, fils de Raoul, Sr de la Costardais, Procureur et Avocat, époux de Charlotte Le Géant, acquiert de Thomas Rebillart, 1671.

1678 + Thomas Beillet, autre fils de Raoul, acquiert, 5 avril 1671.

1657 Avril. Maître Pierre Chotart, Notaire, Avocat et Procureur (Greffier de plusieurs juridictions).

1671 Autre Pierre Chotart, époux de Guyonne Girot, Notaire et Procureur royal, acquis 10 mars 1671 après décès de Maître Jan Pottier.

1655 + Maître Barthélemy Symon, Avocat et Procureur (Arpenteur royal).

1657 20 janvier. Maître Jan Robiou, fils de feu Mathurin, Sr de Champrevault, Avocat et Procureur.

1657 23 janvier. Maître Jan Ruault, élève du Collège des Jésuites à Rennes, Avocat et Procureur.

1658 Maître Thomas Rebillart, Sr de Launay, fils de Guillaume et Gilette Duval, Avocat et Procureur (Commis au Greffe), vend sa charge d'Avocat et Procureur à Maître Pierrre Beillet.

1670 Maître Jan Pottier, Avocat, Procureur et Notaire royal après le décès de Thomas Rebillart.

1659 16 décembre + 1670 Maître Julien Brechart, Avocat et Procureur.

1662 Maître Bonabes Thébault, Avocat et Procureur.

1662 + 1681 Maître Jacques Le Pelletier, Avocat et Procureur, époux de Charlotte Baudron.

1694 N. h. Pierre Beaucé, Sr de la Chesnaye, Avocat et Procureur, successeur de Maître Jacques Le Pelletier, 1688, 15 mars (Substitut du Procureur général à Hédé).

1669 Vt Macé Laurent, ancien Avocat, Procureur et Notaire royal, Sénéchal de plusieurs juridictions.

1666 + Maître François Louvel, Notaire Royal.

1665 + Maître Michel Aoustin , Avocat au siège royal.

1669 François Le Bihan, Avocat (Officier de plusieurs juridictions inférieures).

1668 + Maître Jean Breillu, Notaire royal, sieur des Rues.

1669 + 1692 Maître Jan Breillu, Notaire royal, Sr du Chesne-Gaudin, époux de Tristane Hardy, fille de Pierre, Sr du Chesne-Gaudin, Greffier de la Commanderie de la Guerche.

1693 Maître Jean Breillu, fils et héritier de Jean, ci-dessus, Notaire royal (qui aumônera 30 sols pour la prairie des défunts en l'église de Hédé et 30 sols pour aider à avoir, une croix qui sera placée près le chemin des Carettes.

1672 + Maître Jacques Breillu, Procureur au siège, Sr du Chêne-Gaudin.

1673 + 1692 Maître Michel Bodin, Sr de la Villemorin, Notaire royal, époux de Charlotte Hervoches, habitant la maison prieurale.

1694 Maître Gilles Geffroy, sieur de la Rabine, ancien Notaire et Procureur de la juridiction de Romillé. Avocat et Procureur royal à Hédé, époux de dlle Laurence Bodin, à la place de Michel Bodin, son beau-père.

1651 Maître Guillaume Guillouais, Avocat.

1652 Maître Pierre Ruault, Tréhonais, Avocat, Notaire royal.

1664 Gabriel Ginguené, Sr du Pont, Avocat et Procureur.

1680 Maître Julien Texier, Avocat.

1680 N. h. Jean Fleury, Sr de la Courbière, Avocat.

1681 + Maître Julien Marot, Procureur et Avocat.

1681 26 novembre. Maître Julien Fauchon, Notaire et Procureur, successeur, acquist après le décès du ci-dessus. (Procureur d'office de la Châtellenie du Châtelier et de la Seigneurie de Bâzouges).

1684 Maître Amaury Dupont, Notaire royal.

1676 + 1697 Maître François Du Gué, Avocat, Notaire et Procureur, époux de Jeanne Mahé, et Amaurye Buan.

1692 9 décembre + 1734 Maître Louis Gaisnel, Sr des Mesnils, Avocat, Procureur et Notaire royal (Sénéchal du Chesnay-Piguellaye), époux de Marguerite Guimart, acquis de la succession de François Dugué.

1694 Maître Julien Fouillole, Avocat et Procureur.

1694 reçu Maître Charles Fouillole, Avocat et Procureur et Notaire, Sr de la Beaubouchère (son fils), fils de Maître Julien et Jeanne Gaultier, époux de dlle Julienne du Fouill, admis à faire office et fonctions de substitut des Avocats et Procureurs royaux à Hédé [Note : Minutes de Boursin, Notaire Royal].

1700 + Maître Thomas Denoual, Notaire et Procureur, époux de Anne Rouget.

1700 + 1719, 49 ans. Maître Julien Boursin, Sr de Grandmaison, Procureur et Notaire royal héréditaire, Sindic des Notaires (1709), (Receveur des Consignations et Correspondant de la Commission intermédiaire des Etats), époux de Jacquemine Guichard.

1730 + 1769 Maître Julien Boursin, Sr de Grandmaison, fils de Julien, ci-dessus (1703), Notaire et Procureur (Receveur des Consignations, Maître des Postes aux Lettres), époux de Laurence Faisant.

1769 + 1790. Maître Nicolas-François, Marie Boursin, Sr du Petitbourg, fils de Julien, ci-dessus (1745), Notaire, Procureur et Avocat (Receveur des Consignations, Greffier de la Municipalité), époux 1° de Jeanne Deslandes ; 2° (1780) de Louise-Perrine-Rose Avril.

1706 + Maître Jan Hubert Sr des Landelles, Avocat, Notaire et Procureur, époux de Laurence Faisant.

1708 Maitre Jan Robiou, Notaire et Procureur à la Cour, acquiert les charges de garde et dépositaire des Archives, Contrôleur alternatif et mitriennal des espèces et amendes, de Sindic des Notaires, de Contrôleur des Contrats et actes des Notaires, du petit scel des sentences et jugements du Siège, et prête serment.

1730 Maître Jan Le Tourneur, Sr des Portes, Procureur.

1719 N. h. Maître Jacques-Augustin, Bienvenue, Sr de Colombel, Avocat en la Cour, épousa Olive Gaisnel (Sénéchal des juridictions du Châtelier, la Crozille, etc., s'exerçant en l'auditoire de Hédé.

1720 Maître Charles Mouchoux, Sr de la Haute Cour, Procureur et Notaire de plusieurs juridictions, Procureur fiscal de la juridiction de la Guerche, époux de Françoise Boursin.

1723 Maître Henri-Louis Le Compte, Procureur au siège, époux de Anne-Marie Vasselin.

1729 + Maître Jean-Baptiste Huet, Sr de Launay, Avocat et Procureur (Sénéchal de Saint-Georges à Tinténiac, époux de Renée Bodin).

1729 + 1753 Maitre Jean-Baptiste Huet, Sr de la Simonière, fils du précédent (1715), Procureur au siège (Sénéchal de Saint-Georges à Tinténiac, Procureur fiscal du Bordage, etc.).

1750 + 1770 Maître Pierre-François Huet, Sr du Vivier, fils du précédent, Procureur, époux 1° de Marie Danizy ; 2° de Servanne Rimasson.

1722 Maître Urbain-François Macé, Avocat en la Cour (Sénéchal du Boisgeffroy, etc.).

1754 + 1775 Maître Pierre Guichard, Sr des Fontaines, Procureur et Notaire au siège, époux de dlle Vincente Rosnarho.

1754 + 1758 Maître Mathurin Boizard, Sr de la Villeneuve, Procureur (Capitaine de la Milice Bourgeoise).

1770 Maître Pierre Betuel, Notaire (exerçant le greffe).

1774 Maître Pierre-Jean-Marie Gaisnel, Sr de la Palefraire (natif en 1639 de Saint-Brieuc-des-Iffs), Procureur au Siège royal, Commissaire aux Saisies réelles (Procureur et Notaire de plusieurs juridictions), fils de n. h. Toussaint, Sr de la Palefraire, et de Françoise Huet, époux de Anne-Marie Parey.

1744 Maître François-Julien Thouault, Sr du Hautvillé, Notaire royal, époux de Julienne Moreau, acquiert en 1743 la charge de Commis et Receveur des Saisies réelles au département de Hédé.

1781 Maître François Du Clos, Sr de Montaillé, Bachelier en droit, Notaire royal, époux de Sébastienne Marie Cochery.

1782 + Maître Mathurin Cochery, Notaire et Procureur (Procureur fiscal du Chesnay, la Bretêche, Couasbouc, etc...).

1783, 23 octobre-9 vendémiaire an VII, N. Allix.

1787 + 1792 Maître Sébastien-Arcange Eon, Procureur et Notaire, époux de Laurence Faisant.

1592 + 1601 N. h. Gilles Piédelou, seigneur de Lessichère, présenté par Anne de la Ronce, Dame seigneur de Hédé.

1604 26 juillet. Maître Gilles Jugant, son successeur, transporta son Office d'Avocat et Notaire à Jan Béziel, Sr des Landelles.

1622 10 mai + 1648 Maître Julien Béziel, Sr de la Poterie, son fils et successeur, Notaire et Avocat, fait contrat le 10 septembre 1625 avec les Commissaires de sa Majesté députés pour la revente des Offices de Notaires, Tabellions et Garde - Notes héréditaires, pour acquérir l'hérédité de son Office ; époux de Mathurine Haslé.

1648 Maître Pierre Ruault ou Rouaux, Sr des Planches, né en 1618 et mort en 1658, fils de Maître René et dlle Michelle Béziel Sr et dame de la Tribonière [Note : Arch. Départementales d'Ille-et-Vilaine. Greffe de la Sénéchaussée de Hédé].

1659 + 1713 Maître Jan Robiou, Sr des Planches, adresse requête le 1er octobre pour acquérir l'office de Notaire héréditaire de Maître Pierre Ruault, époux de 1° (1659) Aune Hervoches, 2° (1679) de Yvonne Harang, veuve Le Moulnier de la Haye, Sénéchal de plusieurs juridictions, Sindic de Hédé en 1671, acquit en 1708 la charge de Garde et dépositaire des Archives, Contrôleur alternatif et mi-triennal des espèces et amendes, Sindic des notaires, des Contrôleurs des contrats et actes des Notaires, du petit scel des sentences et jugements du Siège et prête serment.

1720 + 1778 Maître François Robiou, Sr de la Tréhonais, son fils, né en 1648, Notaire et Procureur au Siège, époux de Françoise Texier.

1732 + 1778 Franois-Joseph-Marie Robiou, Sr du Pont, son fils, Notaire et Procureur, épousa 1° Anne-Henriette Le Compte ; 2° Anne Philaut, Procureur de plusieurs juridictions.

1779 Maître Louis-François Aubrée, Procureur, acquiert aux enchères, pour 300 livres, l'office de Notaire de Maître François-Marie-Joseph Robiou.

1757 + 1767 Maître Jacques Deslandes, Sr de la Ricardais, Procureur et Notaire, époux de Laurence Faisant.

1773 Maitre Michel Deslandes, Sr de la Noë, Notaire royal (Procureur fiscal du Bois-Geffroy et de la Commanderie de la Guerche), épousa Angélique-Janne-Louise Chevalier.

Les Procureurs disparurent avec le Tribunal auquel ils étaient attachés et les quatre études des Notaires se virent réduites à deux.

Une seule de ces études nous fournit une liste ininterrompue de titulaires depuis Gilles Pièdelou en 1592 jusqu'à Louis-François Aubrée de 1779 + 1818, qui se continue avec Pierre-Louis Aubrée, son fils, 1818 + 1842, MM. A. Grignon père et fils, de 1842 à 1901, et enfin M. Laroche, actuellement en possession de la charge et qui garde dans ses cartons, outre les minutes de plusieurs de ses prédécesseurs, celles de quelques autres notaires de Hédé : les Boursin, du 3 novembre 1693 au 1er février 1790 ; Gaisnel, du 6 décembre 1764 au 14 messidor an XIII ; Eon, du 23 janvier 1776 au 27 janvier 1791 ; Alix, du 23 octobre 1783 au 9 vendémiaire an VIII ; Thouault, du 12 mai 1770 au 13 messidor an VII ; Breillu, de 1723 à 1756 ; Deslandes, du 23 février 1757 au 15 août 1814, etc.. et même de certaines études étrangères : Tinténiac, La Mézière, Dingé.

 

Huissiers et Sergents.

Les Huissiers et les Sergents, comme leurs collègues des autres Offices, avaient aussi leurs armoiries ; armoiries parlantes aussi, où la plume dominait « d'azur à deux plumes d'or en sautoir accompagnées de quatre mouchetures d'hermines d'argent ».

Huissiers.

L'office d'un premier huissier audiencier créé en 1635 pour les audiences de la Cour, supprimé en 1693 par Louis XIV, avait été de nouveau érigé par lui le 31 décembre dé cette même année, à titre formé et héréditaire dans tontes les sénéchaussées royales.

La liste de ceux que nous connaissons est assez courte.

1630 Thébault.

1662 + Yves de Launay.

1662 + 1673 Maître Julien Du Clos (successeur) un des huissiers audienciers.

4 juin 1673 + 1706 Maître François Morel, Sr du Tertre, principal huissier audiencier, époux de Laurence Even, nommé après Julien Du Clos.

1681 Maître Mathurin Chesnot, huissier admis à exercer, le 7 octobre.

1686 Maître Etienne Houitte, huissier audiencier de la juridiction royale de Hédé (Langouët).

1688 Maître François de Limitin, huissier audiencier.

1693 Maître Charles Brugallé, Sr de la Vigne.

1701 Maître Jan Aoustin, premier huissier.

1700 Maître Jan Vallet, Sr de la Cour, Huissier audiencier, époux de Gilette Duverger.

1712 + 1759 75 ans Maître Julien Thouault, Sr du Hautvillée, huissier audiencier, époux de Françoise Verger.

1759 Maître Jean-François Thouault, fils de Julien ci-dessus (1730), Sr du Hautvillée, Huissier audiencier, époux de Thérèse Marchand (Procureur fiscal du Bordage).

1760 Maître Pierre-François Guinot, Sr des Chapelles, premier Huissier audiencier, époux de Marie-Julienne Chauvin.

1767-1770, Maître René-Armand Guinot, son fils, acquiert de sa mère la charge de premier Huissier pour la somme de 1.000 livres tournois, époux de Marguerite Jehor.

1770 N. h. Louis-François le Marchand, premier Huissier audiencier, acquis du ci-dessus pour 3.000 livres, époux de dlle Cécile Guinot.

1710 + 1750 Maître Pierre Dugué, Sr de la Motte, premier Huissier audiencier, époux de Janne Carot.

1773 Maître Boullay, Huissier audiencier, vend, pour 1.000 livres, sa charge à Maître Pierre-François-Ambroise Deslandes.

1786 + Maître Pierre Deslandes, huissier.

Sergents.

Le Sergent était le dernier degré dans les Offices de la juridiction. C'était lui qui était chargé de la police et de l'exécution des Ordonnances et des sentences du tribunal. Cependant, il y en avait autrefois qui semblent avoir eu des fonctions plus relevées et plus importantes, comme Sergents généraux choisis par le seigneur duc et chargés de maintenir l'ordre et de recueillir les revenus dans les différentes paroisses où ils étaient, ainsi que les nobles, exemptés de Fouages ou autres impôts roturiers à cause de leur office, tels :

Jamet Chouart en 1427 et Jan de Feruczon, Sergents du Duc en 1448, à Gévezé ; Pierre Geffroy, en 1442, à Langan ; Macé Gogier, en 1445, à Vignoc ; Jan Fouillole, en 1437 et 1445, à Bâzouges ; Jean Caillole, en 1444, et Amaury, son fils, anobli et sa maison anoblie par le Duc en 1478, à Saint-Brieuc-des-Iffs ; Jehan Mainguy, à Langouët ; Geffroy Morin, à Miniac-Bécherel ; Guillaume Langloys, créé Sergent général et d'armes par mandement du Duc, Sire souverain seigneur, de novembre 1468, etc... [Note : Réformation du domaine ducal aux XVème et XVIème siècles] [Note : Sergent Général et d'armes, Officier qui avait droit d'exercer son office dans toute la Province].

Sergents royaux au siège.

1577 Urvoy.
1600 François Béziel. — Jan André, Rochette.
1602 + 1655 Jan de la Croix, résidant à S.- Symphorien.
1613 + 1623 Jean Mahé.
1619 +1623 Charles Rouget.
1625 + Maître Jean Ruault Trehonnays, Sergent royal général et d'armes en Bretagne.
1627 Gilles Bastard, époux de Françoise Brouëssin.
1630 Maître Georges Meriays, établi à Gévezé.
1632 Pierre Halna.
1634 + 1663 Julien Marot.
1664 Julien Pellan.
1667 Maître Gilles Paris.
1670 François Le Corvaisier.
1675 Pierre Mounnier, Sergent haut justicier.
1675 + 1617 Thomas le Géant, Sergent royal héréditaire à Hédé, exploitant dans toute la province, époux de Sébastienne Laurent.
1675 Pierre Samson.
1675 + 1689 Maître Bonabes Thébault, Sr de la Croix.
1682 + 1717 Maître, Jean Huchet, Sr du Porche.
1688 Maître Gilles Courtin, demeurant rue de la Fonderie.
1688 Maître François de Limitin.
1688 + av. Julien Loret, Sergent royal, époux de Françoise Huet.
1688 Maître Julien Huchet, Sr des Forges, époux de Françoise Bidoche.
1689 + 1712 Maître Jan Guinot, Sr de la Maison neuve.
1719 + 1750 Charles Chevalier, époux de Françoise Ruaulx.
1741 11 avril Joseph-François Chauvin, Sergent général et d'armes en Bretagne, à la résidence de Hédé, pourvu par le roy le 24 mars.
1745 Maître Jacques Quien du Clos.
1758 Macé.

Sergents inférieurs.

1682 Gilles Boursin. — Pierre Robelot.
1686 Julien Portier.

La Cour royale n'était pas la seule qui existât à Hédé. Il y avait encore d'autres tribunaux appartenant à divers seigneurs, ayant leurs magistrats propres, mais d'un degré inférieur, puisqu'ils y venaient en appel. En effet, dans les treize paroisses qui composaient la châtellenie et seigneurie de Hédé et formaient le ressort de la juridiction royale, se trouvait compris un nombre assez considérable de terres nobles relevant du roi par son domaine de Hédé, les unes données par les Ducs, généralement à l'occasion et en récompense du service militaire et simplement exemptes, à ce titre, de tous impôts roturiers, qui ne restèrent pas, du reste, longtemps dans les mains de leurs possesseurs primitifs et passèrent assez vite, surtout lorsque les devoirs militaires qui y étaient attachés cessèrent d'être obligatoires, soit par alliances, soit par achat dans d'autres familles plus riches qui les réunirent à leurs possessions personnelles pour constituer des seigneuries plus considérables ; d'autres, au contraire, ayant des privilèges et prérogatives particuliers, tels que prééminences dans les églises et surtout le droit tant recherché de juridiction.

Il eut été, certes, désirable et intéressant d'étudier toutes ces petites seigneuries séparément et de les suivre dans les changements qui s'y sont produits avec les divers possesseurs qui s'y sont succédés pendant la longue suite des temps, mais cela n'est pas possible et nous entraînerait trop loin.

Nous serons obligés de nous contenter de constater, faute de pouvoir faire davantage, les quelques droits et devoirs qui, en dehors de ceux de Foi, Hommage, Rachat, etc..., envers le Roi, inhérents à toutes terres nobles, et des redevances qui en constituaient le revenu, étaient surtout des privilèges, tels que les juridictions, leur nature, leurs particularités et les droits honorifiques dans les églises [Note : Pour les personnes qui voudraient avoir des renseignements plus complets que ceux qu'ils pourraient trouver dans les courtes notices que nous leur offrons ici, nous ne pouvons mieux faire que de les renvoyer à l'étude très documentée sur les « Grandes Seigneuries de la Haute-Bretagne comprises dans le département d'Ille-et-Vilaine », qu'elles trouveront dans les Mémoires de la Société Archéologique, tomes XXII et suivants, et dans les « Terres et Maisons nobles dans la paroisse de Saint-Symphorien et dans celle de Saint-Gondran », publiés par nous-même dans ces Mémoires, t. XXI et suivants (ou chez l'auteur)].

Hédé

Le Bailliage du Temple, ou des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, Commanderie de la Guerche, occupant la partie Sud de Hédé.

Moyenne justice ayant son Auditoire dans le bailliage au faubourg des Forges, mais envoyant ses prisonniers aux prisons royales.

Le Bailliage du Prieuré, aux Bénédictins de l'Abbaye de Saint-Melaine.

D'abord Haute Justice, réduite phis tard à Moyenne, tenait ses plaids dans le fief en une maison auprès du cimetière.

Prééminences pour le Prieur dans l'église Notre-Dame de Hédé, avec banc et enfeu dans le Chanceau et même la Chapelle Saint-Sébastien prohibitive [Note : Voir pour ces deux bailliages : Hédé. Histoire d'une petite ville. Les Templiers et le Prieuré de Notre-Dame, par A. Anne Duportal, Société Archéologique d'Ille-et-Vilaine, t. XLIII, 2ème partie, pp. 349 et 369].

Le Bailliage des Guibarets, sur l'emplacement de l'ancien château de La Motte Jouhan.

Le Bailliage de Brénazé (aujourd'hui Bas-Manoir) dans la Ville, tenu du Duc, en 1458, noblement à foi, rachat et chambellenage par Jan Goupil, Sr de Grommelet.

Droits honorifiques en l'église de Hédé, savoir : banc à queue et deux pierres tombales placées et assises dans la chapelle de Saint-Sébastien, armoyées, l'une de deux croissants, l'antre de trois bêches en pal, armoiries des des Fougerais et des Beschard, anciens possesseurs, en 1653, et dans le Chanceau, du côté de l'Epitre, .....

En outre, la Ville ayant été affranchie de tous impôts roturiers, sans doute parce que les Bourgeois, qui étaient astreints au service militaire pour la garde du château ; étaient regardés comme Nobles et leurs maisons étaient considérées comme telles, ainsi la maison et Auberge de l'Ecu, aux Hervoches, en 1693, la maison dite de Saint-Juvat, à l'entrée de la rue du Baile, ou du Château, conduisant de la place à la cour du château, une maison au faubourg de l'Abbaye, partie de murs de pierres, couverte en ardoises, etc..., sont-elles dites tenues prochement et noblement.

 

Bazouges-sous-Hédé.

Bazouges.

Terre et maison nobles d'ancienneté, tenues partie prochement du Duc par son domaine à Hédé, partie par la Seigneurie de Tinténiac pour quelques fiefs en Dingé et Saint-Méloir-des-Bois.

Possédée tout d'abord, semble-t-il par une famille de chevaliers illustres du nom de Bazoges ou Bazouges, la seigneurie passe, au XIVème siècle, vraisemblablemene par le mariage de Regnaud de Bazouges avec Jeanne de Bintin, dans la famille de laquelle elle reste pendant trois siècles, jusqu'à René ou Renaud de Bintin, mort sans enfants légitimes, après lequel elle vient à sa nièce et héritière, dame Marie de Bintin, qui la porte à son mari, Christophe de la Môtte de Vauclair, dont les enfants la vendirent.

Elle appartint alors, successivement, à Messire François du Plessix, Seigneur de la Touche, et Françoise Mesleart, sa femme, qui vinrent habiter le Manoir, et, après eux, à Messire Mathurin Gédouin, Seigneur de la Dobiays, puis en 1671 à dame Françoise Le Mintier, veuve de Messires Jan de Rollée et de Jacques Le Gonidec, et, enfin, en 1707, pour la somme de 80.800. livres, à la famille des La Bourdonnaye de Blossac, dont Messire Paul-Esprit-Marie, dernier seigneur de Hédé, en jouit jusqu'à la Révolution.

La seigneurie de Bazouges avait primitivement droit de haute justice et avait, à ce titre, dans le bourg même, pour attester son droit, ceps, colliers et posts, ainsi que l'Auditoire pour la tenue des plaids généraux et prisons pour renfermer les condamnés.

Plus tard, sans doute après la disparition de la famille de Bintin, au milieu du XVIème siècle, la juridiction ne s'exerça plus qu'en moyenne et basse, et fut même, plus tard, paraît-il, réunie par Mme Le Mintier à la juridiction royale de Hédé (?).

Le Seigneur de Bazouges était Fondateur de la paroisse et avait en conséquence tous droits de supériorité et de prééminences dans l'église paroissiale : bancs, lisière avec armoiries tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, enfeu avec pierre tombale, etc...

L'enfeu, recouvert d'une pierre sur laquelle est étendu un chevalier portant une armure du XVIème siècle avec l’écusson des Bintin « d'argent à la croix engreslée de sable » et représentant, soit Jehan, soit, plutôt, comme le veut la tradition, René ou Renaud de Bintin, son fils, le dernier du nom, n'occupait pas la place où on le voit aujourd'hui. Placé au bas du Maître-Autel, du côté de l'Evangile, il était une grande cause de gêne pour l'officiant dans la célébration du service divin. Toutefois, malgré de fréquentes réclamations, ce ne fut qu'en 1673, à la suite d'une délibération du Général de la paroisse, du 13 août, et d'une démarche auprès de Mme Le Mintier, que les paroissiens obtinrent enfin de la nouvelle dame de Bazouges l'autorisation de déplacer « le tombeau joignant le marchepied, qui est de pierre de taille, contenant de long six pieds huit poulces, de hauteur quatre pieds et demy et, de laize, trois pieds, auquel c'est remarqué plusieurs figures et une croix engreslée (Armes des Bintin et non des Le Mintier, comme on a voulu le faire croire, contre toute vraisemblance, parce qu'elles se ressemblent), du costé de l'Evangile au-dessus, en bosse, garny de deux angelots des deux costés... de l'enlepver du lieu où il est placé et replasser au dessous du banc principal de la maison de Bâzouges et au joignant le derrière de l'autel de l’imaige de la Vierge... ». C'est-à-dire dans l'emplacement et le labbe actuels [Note : Registres de la paroisse de Bazouges (Minutes de Pierre Chotard et Maury Dupont, Notaires royaux)].

Le Bois-Maigné

Manoir, terre et seigneurie.

Au XVème siècle à Raoul de Québriac et successeurs. Moyenne et Basse justice pour le fief du Bois-Maigné. H. et P. seigneur Messire Paul-Esprit de la Bourdonnaye de Blossac.

Bon Espoir

Maison et terres.

Moyenne et basse justice à cause du fief de la Haplais, exercée à la Crozille d'abord, puis en l'Auditoire de Hédé lors de la réunion de ces deux terres, en 1643, à la juridiction royale.

Brignerault

Terres, Hôtel et Manoir.

Droits honorifiques en l'église Notre-Dame de Hédé avec enfeu marqué de pierres tombales armoyées, au chanceau de l'église, du côté de l'Evangile et celui du Rosaire.

La Haye ou Haye-Porcon

Tenue noblement du Roi à devoir de foi, hommage, rachat et Chambellenage.

Droits honorifiques en l'église de Bâzouges par la communauté du banc placé à vis l'autel Notre-Dame.

1758 Messire Julien-Augustin Borel, Sr de Boutemont, demeurant en son château de la Porte, en Nouvoitou, héritier principal et noble de feu Messire André Borel et dame Marguerite Pottier de Boutemont.

L'Etang

Hôtel, métairie et terre noble.

Juridiction Moyenne et Basse (ou Basse). Prééminences en l’église N. Dame de Hédé avec enfeu sous le banc dépendant de la seigneurie, dans la Chapelle S. Nicolas, du côté de l'Epître, avec prières nominales après le Roi et droit d'être envoyé quérir avec échelettes [Note : Petites clochettes qui servaient à la messe, aux processions et à accompagner le prêtre portant l'Extrême-Onction] aux jours de Ténèbres par la Fabrique de l’Eglise.

Messire Paul-Esprit-Marie de la Bourdonnaye.

La Gorière ou Gouarière

Terre, maison et métairie nobles.

En 1437 à Raoul Piédevache.
En 1474 à Guillaume Piédevache.
En 1513 à Thébault Piédevache, son fils et y a métayer.
En 1558 à Thomas Piédevache, Sr de la Gorière, enterré le 10 novembre 1598 en l'église de Bazouges, époux de demoiselle Gilette Massuel.
En 1601 à Ec. Pierre de la Haye et dlle Marguerite de S. Pern, etc.

Moyenne et Basse justice. Prisons royales à Hédé. Dame veuve et enfants du Seigneur de Guersans, 1736.

Les Guéhardières

Maison, terre et métairie nobles.

Relevant en partie du Roi en son domaine à Hédé pour les Fiefs de la Guéhardière, en Bazouges, et de la seigneurie de Tinténiac pour les fiefs de Saint-Méloir et de la Touche, en Saint-Méloir-des-Bois.

Moyenne et Basse justice, s'exerçant en l'Auditoire royal de Hédé.

Sur la réclamation du droit de Fondation en l'église de Saint-Méloir-des-Bois par le seigneur de Tinténiac et à la suite d'un arrangement en datte du 19 novembre 1662, le seigneur de la Guéhardière fut maintenu dans le droit de Supériorité, gardant ses armoiries dans les vitres telles qu'elles y existaient alors, et de les placer plus tard partout où il lui plairait au-dessous de celles du Seigneur Fondateur, avec droit aux prières nominales en second, banc à queue dans le Chanceau et autre dans la nef avis l'autel Notre-Dame, enfeu et pierres tombales, armoyées de ses armes [Note : Minutes de Boursin, Notaire royal].

Messire Josselin Chauchard, chevalier seigneur du Mottay d'Argantel, époux de dame Anne-Claire Rogon, par celle-ci.

La Ville-Allée ou Aleix

Terre et maison nobles relevant du Roi par la seigneurie de Saint-Georges en Tinténiac.

Moyenne et basse justices exercées en l'auditoire royal de Hédé. Prisons de Hédé.

Droits honorifiques avec banc à queue et accoudouer, trois pierres tombales au chanceau de l'église Notre Dame de Hédé, au côté de l'Epitre, accordés en 1524, par lettres patentes à écuyer Bonabes de Lespinay [Note : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine. Registres du Greffe de la Sénéchaussée de Hédé].

Missire M. Maître Jean-François-Judith de la Mare, Recteur de Bazouges, Procureur du Roi et Maire de Hédé.

 

Saint-Symphorien.

Les Bretèches

Manoir et terre nobles relevant du Roi à certains droits et devoirs.

Le Seigneur de la Bretêche était Voyer de Hédé et possédait à ce titre droit de police contre ceux qui troubleraient l'ordre public aux jours de foires avec droit de Havage et de surveillance sur les marchandises exposées aux marchés et sur les poids et mesures, etc..., ratelis des foins de la prairie au Duc après le fanage [Note : Ces droits de Havage et de Ratelis des foins étaient de valeur variable. Au XVIIIème siècle, nous les voyons affermés : le droit de Havage et de Bouteillage aux prix de 50 et 25 livres ; et le Ratelis des foins, 8 et 10 livres]. Par contre il était tenu de fournir le bourreau pour l'exécution des sentences criminelles prononcées par la Cour royale toutes les fois qu'il en serait besoin.

Juridiction moyenne et basse qui tenait ses plaids dans l'Auditoire royal et envoyait ses condamnés aux prisons de Hédé.

Droits honorifiques en l'église de Saint-Symphorien. Enfeu et deux pierres tombales prohibitives dans la nef au devant de l'autel où est l'imaige de la Vierge, armoiées des armes de la maison de Bazouges.

Messire François-Placide-Eléonor-Monique de Bréal, Capitaine aux Dragons de la Roche Foucault, Gouverneur de Hédé.

La Chatière

Hôtel, terre et maison nobles.

Moyenne et basse justice, envoie ses prisonniers à Hédé.

Droits honorifiques dans l'église Notre-Dame de Hédé, bancs et enfeux prohibitifs avec pierres tombales armoyées de trois bêches en pal [Note : Armes des Béchard. Cette pierre, enlevée de sa place, lors des réparations faites à l'église, a été transportée sous le tambour de la grande porte], du costé de l'épitre sous la voulte où est à présent l'imaige du Crucifix [Note : Aveu présenté au Roi par n. h. Jean Beschard, seigneur de la Chatière et de la Corvairie, en 1680].

M. Eugène Chaton, sieur des Morandais.

La Crozille

Terre et maison forte.

Haute justice dont les plaids généraux se tenaient au manoir même, auprès duquel se trouvaient aussi les Ceps et Colliers, insignes de son droit, qui se dressaient sur le bord du grand chemin de Rennes à Hédé.

Il en fut ainsi jusqu'au moment où la Crozille, ayant, à la suite d'agrandissements successifs et de l'acquisition de nouvelles terres et de nouveaux bailliages, été érigée en Chatellenie, en septembre 1645, par lettres patentes en faveur de Messire Jean de Rollée, le seigneur, renonçant à exercer sa juridiction directement, en demanda l'union et l'incorporation à la juridiction royale et, délaissant l'antique Auditoire de son Manoir alors en ruines, en transporta l'exercice dans celui de la Cour de Hédé et sous la présidence du Sénéchal royal [Note : « En l'Auditoire de la Cour royale, par devant Messire François de Bréal, écuyer, Sénéchal et seul juge ordinaire, a été, pour cause de l'union de la juridiction de la Crozille au domaine du roi, de la part de Maître Jan Beschard, Procureur du Roi, remontré... » (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. Registres du Greffe de la Sénéchaussée)].

Le Seigneur de la Crozille, outre les droits de Fondateur et de Prééminencier qu'il avait obtenus du roi, à titre gracieux, en 1636 dans l'église Notre-Dame de Hédé, et que nous avons constaté ailleurs [Note : Voir Prieuré et église de Notre-Dame de Hédé. Société Archéologique d’Ille-et-Vilaine, t. XLIII, p. 432], possédait encore dans l'église de Saint-Symphorien, comme seigneur de la paroisse, ces mêmes droits de Fondateur, Donateur et Prééminencier et même celui, tout particulier, de faire venir en procession avec la croix et la bannière, le jour de la fête de saint Jacques, le recteur de Saint-Symphorien célébrer la messe paroissiale dans la chapelle privée de son manoir pour ouvrir le Pardon et la foire qui se tenaient autour d'elle ce jour-là [Note : Nous n'avons point l'intention de donner ici la liste des nombreuses terres dépendant de la Crozille, qu'on peut trouver d'autre part aux sources précédemment indiquées, nous voulons signaler seulement, à titre de document utile et intéressant, pour le commerce et l'industrie locale, et être joints aux quelques exemples que nous avons donnés plus haut en parlant de messire François du Breil, seigneur de Hédé, au sujet de la culture de la Vigne aux environs de Hédé, à côté de la pièce située à Hédé même, au fief du Prieuré de Notre-Dame, cette autre pièce de terre de deux journaux à la Crozille, nommée aussi la Vigne et, en 1407, encore plantée de vignes].

Bailliage et Maison du Bourg ou de Saint-Symphorien ou de Thelel.

Du nom de la famille noble Tehel, Seigneur du Bois, famille éteinte portant « d'argent à la Chasne de sable soutenant une fleur de lys de même », qui l'habitait au XVème siècle et qui lui avait donné son nom.

Ne garda pas longtemps son indépendance et, dès le commencement du XVIème siècle, est réuni à d'autres terres.

Moyenne et Basse justice.

Droits honorifiques en l'église de Saint-Symphorien avec enfeu dans le Chanceau et prières nominales à l'endroit du prosne des dimanches de l'année. Peut-être est-ce à ce bailliage de Saint- Symphorien qu'étaient attachés les droits de Fondateur de l'église paroissiale.

 

La Salle

Hôtel et maison nobles.

Moyenne et Basse justice à cause du Bailliage de la Salle, qui devait au roi, outre les redevances ordinaires, deux, gants blancs amendables, le dimanche des Rameaux lorsqu'on est à l'adoration « de la Croix bouesse » avec proclamation. Prisons à Hédé.

Droits honorifiques et d'enfeu prohibitifs en l'église de Saint-Symphorien dans la Chapelle Saint-Jean et Saint-Etienne ou des Agonisants, avec armoiries dans la Vitre de la frairie des Agonisants « parti d'hermines et parti écartelé au premier et deuxième fuselé d'argent et de sable ; au deuxième et quatrième d'or à trois croix pattées de gueules » [Note : Armes d'alliance de n. h. Guillaume Coupé, Sr de la Salle, et dame Guillemette Michel, sa femme].

Missire Jean-Anne de la Croix, prêtre licencié en Sorbonne, Chanoine de l'église Cathédrale de Rennes.

La Tuvelière

Maison, terres et héritages nobles, tenus prochement du Roy.

Ne semble avoir ni juridiction, ni prééminences d'église, mais aurait eu un enfeu dans l'église de Saint-Symphorien où furent enterrées plusieurs personnes de la famille seigneuriale [Note : Jeanneton Broc, fille d'écuyer Pierre et dame Isabeau de la Villéon, Sr et dame de la Tuvelière, fut inhumée dans l'enfeu de la Tuvelière, « a vis l'autel S. Jacques et S. Etienne, le 8 octobre 1657 ». (Registres de l'église de Saint-Symphorien)].

M. Aimé-Pierre-Marie de Broc de la Tuvelière, époux de dame Marie-Jeanne du Fournet et fils de M. Joseph-Pierre de Broc de la Tuvelière, Chevalier de Saint-Louis, et de dame Marie-Guillemette Guinement de Keralio, né à Hédé, y meurt le … avril 1837, âgé de 59 ans.

 

Saint-Gondran.

Saint-Gondran

Maison, terre et seigneurie.

A la famille de Saint-Gilles par Eon, aïeul et garde naturel de son fils Eon en 1413 et ses héritiers, Jean, Sr de Peronnay en 1454, puis à Pierre Robert en 1478, dont François Robert, Seigneur de Saint-Gondran, Procureur du Roi à Hédé en 1554, ensuite, en 1601, aux enfants de sa fille Guillemette, épouse d'écuyer Jean de Saint-Méen qui les vendent le 20 février 1650 pour 8.500 livres à écuyer Pierre du Bouays, avec fiefs, bailliages et tous droits honorifiques ou autres.

Moyenne et basse justice à cause du fief du Bourg, en laquélle fut maintenu en 1681 Guy du Bouays, Seigneur de Saint-Gondran, qui s'exerçait dans le bourg et envoyait ses prisonniers à Hédé.

Droit de fondation comme seigneur de la paroisse, avec toutes prééminences et droits honorifiques dans l'église, banc à queue dans la nef, vis-à-vis de l'autel Notre-Dame, du côté de l'Evangile, avec ceinture à l'intérieur chargée d'écussons de la maison de Saint-Gondran qui sont « de gueules à trois roquets d'or » [Note : Armoiries de la famille Robert et alliances] et à l'extérieur autre ceinture et lisière chargée de semblables écussons en relief sur pierres de taille ainsi que sur les fonts baptismaux et au-dessus de la grande porte.

Couesbouc

Terre el maison noble.

Dès le XIIIème siècle à une famille de Coiboc ou Choiboc qui l'habite et lui donne son nom, disparue au commencement du XVème ; en 1470 à écuyer François du Bouays, sieur du Puy-Manger, dont les descendants, seigneurs de Couesbouc, s'y sont succédés jusqu'à nos jours.

Moyenne et basse justice à cause du grand bailliage de Couesbouc, dont les audiences se tenaient au bourg et qui empruntait les prisons royales à Hédé.

Droit de fondation dans l'église paroissiale comme successeurs des seigneurs de Saint-Gondran, avec tous droits de prééminences et honorifiques, écussons placés dans la grande vitre « d'argent à la fasce de gueules chargée d'une fasce d'argent, alias, à la jumelle de gueules » qui est Du Bouays ; banc à queue du côté de l'Evangile, enfeu et prières nominales à cause de la maison de Couasbouc.

Benjamin-René-Joseph du Bouays de Couesbouc, Chef de Chouans, + à Couesbouc en 1848.

La Broce

Maison et bailliage en Saint-Symphorien et Saint-Gondran.

Passés vers 1592 de la famille de Lines, « de gueules à trois channes ou marmites d'or, à la bande d'argent chargée de trois lozanges d'azur brochant » sieurs de l'Etang, dans la famille du Bouays, par le mariage d'écuyer Julien du Bouays, Sr de la Vallée-Couasbouc, avec demoiselle Jeanne de Lines, fille et héritière de n. h. Vincent, y restent jusqu'à la fin.

Le Bailliage de la Broce avait une juridiction, puisque nous en connaissons des officiers, mais probablement Basse justice seulement.

 

Langouët

Langouët

Terre et maison nobles

Qui semblent avoir été assez importants, possédés dès le XVème siècle par les Piedevache, des seigneurs de La Piedevachaie, en Langouët, des Mesnils, des Jardreaux, en Gévezé, « d'azur à trois pieds de vache d'argent, accompagnés en chef à dextre d'une étoile de même » [Note : Sceau de Geoffeoy Piedevache en 1417], vivant à Gévezé, où l'on voit, dès les premières années du XIVème siècle, « Gaufredus Piedevache de Gervezeyo », en 1327, famille riche, qui possédait, en outre, de nombreuses terres dans les paroisses voisines de Bazouges, Saint-Symphorien, Guipel, etc...

En 1419 et 1427, nous trouvons Guillaume Piedevache, seigneur de Langouët, en 1455, Guillaume, dit Seigneur du Clocher, enfin, en 1478, un autre Guillaume, son fils, seigneur de Langouët et du Coudray, époux de demoiselle Jeanne de La Hingueraye, dont : N., Seigneur de Langouët. Nous ignorons le nom de celui-ci et s'il vécut.

Après, vient, en 1540, Messire Nicolas Perrault, Sénéchal de Hédé, Seigneur de la Piedevachais ou Langouët, par sa femme, fille de Guillaume Piedevache, auquel succède écuyer Julien du Bouays, Seigneur de Couesbouc, comme héritier de demoiselle Thomasse de la Hingueraye, dame du Coudray, fille d'écuyer Julien de la Hingueraye et de Thomasse Piedevache, épouse en secondes noces de écuyer Gilles du Bouays de Couasbouc, son père, morte en 1595 et inhumée en l'église de Langouët, dont les fils Pierre, puis Jacques du Bouays portèrent successivement le titre de seigneurs de Langouët jusque vers 1680 que Messire Guy du Bouays, seigneur de Couasbouc, Saint-Gondran, etc... les vendit à Messire Gilles de Lescu, seigneur de Beauvais.

La seigneurie de Langouët était attachée à la terre de la Piedevachaie, avec juridiction moyenne et base qui, plus tard, après l'acquisition par le seigneur de Beauvais, devint Haute justice, dont l'exercice se faisait dans le bourg, où elle avait son Auditoire, ses ceps et colliers près du cimetière, mais n'avait pas de prisons et confiait ses justiciables à celles de Hédé.

Le seigneur de la Piedevachais ou Langouët avait, dans l'église paroissiale, tous droits de fondation, prééminences, etc... avec ses armoiries dans les verrières des fenêtres « d'argent à trois pieds de vache onglés d'or » qui est Piedevache et parti de Piedevache et « d'argent à la jumelle de gueules », qui est du Bouays autres dans une litre intérieure, à la porte d'entrée, sur bancs à queue dans le chanceau près de l'autel Notre-Dame et sur deux pierres tombales, l'une devant le maître-autel, l'autre en dehors, dans le cimetière.

Elle avait Moyenne et Basse justice.

La Chaponière

Hôtel et terre noble.

Après avoir appartenus en 1415 à Guillaume du Breil, en 1455 à Pierre Le Mulot et Perrotte Guezille, sa femme, à cause d'elle, tenus de Bertrand Piedevache, Sr de Langouët, comme juveigneur d'aîné, reviennent aux Guézille, Guillaume et Robert en 1478 et 1480, pour appartenir ensuite à Jehan Beschard et rester dans cette famille jusqu'avec Pierre, seigneur de Coudray et de la Chaponière, qui rend aveu le 16 août 1588 et dont les héritiers vendent la maison, terre et fiefs, à dame Anne-Louise de Lescu, dame de la Botelière, qui la possède en 1752.

Juridiction moyenne.

Prééminences dans l'église de Langouët avec banc et enfeu devant l'autel Saint-Etienne.

Le Coudray

Terre et maison nobles tenues noblement du roi par la Cour et seigneurie de Langouët.

Démembrement comme la Chaponière de la seigneurie de Langouët. Comme dans celle-ci, on trouve possesseurs en 1427 Guillaume Piedevache, Sr de Langouët, Gilles en 1455, et en 1478, un autre Guillaume, Sr de Langouët et du Coudray, époux de Jeanne de la Hingueraie.

Le 19 janvier 1556, écuyer Julien de la Hingueraie, mari de demoiselle Françoise Piedevache, rend aveu au Roi par sa Barre royale de Hédé de la Maison du Coudray et des fiefs de Pouancé et de la Moigneraie qui en dépendent. Ce Julien de la Hingueraye n'eut qu'une fille, demoiselle Thomasse, dame du Coudray, mariée en premières noces à écuyer René de Champaigné, sieur du Fail, dont la fille, Françoise, vend à n. h. Jean Beschard, Sr de la Ville-Allée et de la Chaponière, et à Pierre Beschard, Sr du Bourgneuf, tous ses droits héritels et universels dans la succession de sa grand'mère, savoir la maison et métairie nobles du Couldray et terres en dépendant, provenant de l'héritage de sa mère, tenues prochement et noblement de la Cour et seigneurie de Langouët ; plus l'étang, tenu prochement et noblement du Roi à devoir de foi, hommage et chambellenage, plus les métairies de la Rouvraye et de Pennabat et le fief et bailliage du Coudray ou Fief Ponant. A partir de ce moment, les deux terres sont réunies dans les mêmes mains et suivent un sort commun.

Juridiction comme la Chaponière pour le Bailliage du Coudray, ou Ponant, mais en juin 1679 Messire Pierre Beschart, Sr du Coudray et de la Chaponière, Alloué au Présidial de Rennes, obtint des lettres patentes de la Grande Chancellerie de France portant incorporation des terres, seigneuries, fiefs et justices de la Chaponière et du Coudray, avec érection en moyenne justice [Note : Archives départementales de la Loire-Inférieure, B. 1556. (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine.)].

Les trois juridictions Langouët, la Chaponière et le Coudray tenaient leurs assises dans le bourg de Langouët, mais, toutes les trois envoyaient leurs condamnés en garde au geôlier de la Cour royale.

Le Seigneur du Coudray, comme Juveigneur de la Maison de la Piedevachais, avait les prééminences en l'église paroissiale, droits de prières nominales après le seigneur de Langouët, Fondateur et patron de lad. église, banc, enfeu, etc...

La Piedevachaie (Maison de).

En 1421, à la dame Piedevache, comme tutrice de sa fille ; en 1443-1466 à Guillaume Piedevache ; en 1540 à Messire Nicolas Perraud et sa femme ; en 1553 à écuyer Jean du Bouays, Sr de la Piedevachaie et de la Berechère, dont les descendants la gardent [Note : Voir, pour la juridiction et les prééminences d'église, la « ferre de Langouët » ci-dessus].

 

Gévezé.

Beauvais

Terre et maison nobles, Châtellenie d'ancienneté.

En 1429, l'Hôtel de Beauvais appartient Mathelin d'Acigné ; en 1448, à Jehan d'Acigné, Sr des Forges ; en 1513 à Julien du Bourgneuf « noble et exempt de tous temps » [Note : Réformations du Domaine du lac].

Le 9 avril 1594, Beauvais est vendu par dame Louise Marquer, mère de Messire Jean de Bourgneuf, Sr de Cucé, à n. h. Bonabes Biet, qui y meurt en 1619, et dont la fille Perrine les porte à son mari, Messire Gilles de Lescu, Sr du Colombier, qui mourut en 1642, et elle-même en 1647 ; inhumés dans l'église de Toussaints de Rennes.

Peu de temps avant sa mort, le 29 juin 1639, Messire Gilles de Lescu, ayant joint à sa terre de Beauvais la maison et terre de la Touche-Huet et quelques bailliages, obtint du roi des lettres patentes d'union et la fit ériger en 1680 en chatellenie avec le titre de Comtê et ses descendants continuèrent à jouir de la Seigneurie et du Comté de Beauvais jusqu'au décès de h. et p. Messire Gilles de Lescu, Sr Comte de Runefaut, mort à Rennes sans enfants et inhumé le 21 avril 1779 dans le cimetière de Gévezé, à la suite duquel la terre fut acquise par Messire Jean-Jacques Dacosta, Conseiller Secrétaire du Roi, Maison et Couronne de France, qui en prit possession le 26 février 1780, vint y mourir le 6 août 1784 et fut enterré dans le chœur de l'église sous une des pierres tombales des seigneurs.

Le dernier possesseur de la seigneurie de Beauvais fut Messire Jean-Baptiste Lakanal, ancien Procureur au Parlement de Paris, époux de dame Marie-Françoise de Meneville, dont une fille, Angélique-Louise-Marie- Antoinette, née le 20 août 1791 au château de Beauvais, y fut baptisée le lendemain.

Haute, moyenne et basse justice, qui s'exerçait sans doute à Gévezé, mais qui envoyait ses prisonniers au geôlier royal.

Droits de fondation et de supériorité dans l'église de Gévezé : bancs, enfeu et pierres tombales, proche la chapelle Sainte-Anne et dans le chœur, etc...

Champaigné

Terres et maison.

Partie en la paroisse de Gévezé, partie en celle de Pacé. Nous ne nous occuperons ici que du Manoir, situé en Gévezé, et de la terre qui relevait directement du roi par son domaine à Hédé.

Le manoir appartient dès le XIème siècle à la famille dont il portait le nom, jusqu'au moment où il passe aux Montbourcher vers 1392 par le mariage de Tiphaine de Champaigné, fille de Messire Bertrand de Champaigné et de Sibille de Chevaigné, héritière de la branche aînée, avec Simon de Montbourcher, seigneur du Bordage.

En 1427 et 1448, l'Hôtel de Champaigné appartient à Bertrand de Montbourcher [Note : Réformations de 1427 et 1448], leur fils, puis à René qui, avant 1601, le vend à Messire Jean Bonnier, époux de dame Catherine de Channé, dont la fille, Julienne, le porte à son mari, Sébastien de Rosmadec, seigneur du Plessix, qui en rend aveu en 1639.

En 1700, noble homme Pierre Beschart, Sr du Coudray, acquiert des héritiers la terre et seigneurie pour la somme de 28.000 livres.

En 1767, le dernier possesseur, par acquêt, fut un Normand, M. Le Painteur de Nomeny, dont le fils, Luc-Artur, fit hommage au Roi en 1788.

La seigneurie de Champagné était qualifiée de Chatellenie et possédait une haute justice qui s'exerçait au bourg de Pacé, où elle avait les ceps et colliers caractéristiques de ses droits de justicier, mais, pour la partie dépendant du ressort de Hédé, le seigneur, s'il ne tenait pas ses plaids à Hédé, y envoyait du moins ses délinquants dans les prisons royales.

Le seigneur de Chambellé, en la paroisse de Feins, ramage de Champaigné, en portait les armes « d'hermines plein », mais brisées, à cause de sa situation de cadet, d'une cotise de sable brochant [Note : Sceau de la cour de Chambellé].

Sévigné

Maison noble.

1415, aux héritiers de M. de Sévigné (Jean de Saint-Jean ?) ; 1427 Bertrand de Saint-Jan ; 1448 Aliette de Sévigné (de Saint-Jean) ; en 1460, Guillaume de Saint-Jan ; 1513, écuyer Jehan de Saint-Jean ; passe aux Pépin par le mariage de Jacques (?) et Anne de Saint-Jean, dame de Sévigné, et y reste avec Claude Pépin, Conseiller au Parlement, époux de Renée de Champagné, fille de René, Sr du Fretay, + 1645, époux de Françoise ou Jeanne Cybouault, et dont Claude Pépin, mineur en 1654, le 8 octobre, vit sous la tutelle de sa mère.

Juridiction moyenne (?) envoyait ses condamnés aux prisons de Hédé.

Banc et enfeu en l'église de Langan.

La Thébaudaie

Hôtel et domaine tenus nuement et prochement du Duc à foi et rachat, en sa Cour de Hédé, appartenant à la famille de Chasteigner : Robin en 1427, Pierre 1438-55, Jean 1481 + av. 1513, époux de Perrine Piedevache, 1526, Bonabes, époux de Perrine de Cucé, veuve tutrice de son fils en 1541, François, époux vers 1557 de Perrine du Bouays, François, leur fils, né en avril 1560, vivant 1601, René + en 1642, qui rebâtit le manoir, Pierre + 1643, marié en deuxièmes noces à Hélène du Matz, dont la fille et héritière, Françoise, porte la terre à son mari, Messire Joseph Gouyon, seigneur de Launay-Comatz, qui devint seigneur de la Thébaudaie.

A la mort de celui-ci qui avait laissé des dettes, Messire René de la Porte, seigneur d'Artois, fit saisir le 20 août 1675 sur sa veuve « la maison noble, seigneurie et dépendances, relevant du Roi à Hédé, consistant en une maison, pavillon, grange, pressouer, cour, close, chapelle, coulombier, jardin, verger, terres arables et non arables, bois, garennes, avec la métairie de la Porte, celle de la Motte-Marcillé, la Chasteigneraye et les fiefs et prééminences... pour remboursement d'une somme de 3.409 livres prêtée à ladite dame » [Note : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. Minutes du Greffe de la Sénéchaussée de Hédé].

Il y eut arrangement, semble-t-il, puisque la Thébaudaie appartient ensuite à Charles Gouyon, leur fils, marié à demoiselle Marguerite Hévin, fille du grand jurisconsulte rennais dans la famille duquel elle resta jusqu'en 1780 qu'elle fut vendue à Messire Louis-René de Robien.

La Thébaudaie avait moyenne justice et envoyait ses prisonniers au geôlier de Hédé.

Le seigneur jouissait de prééminences dans les églises de Gévezé et de la Mézière ; dans la première il avait banc à queue et pierre tombale dans le chanceau ; dans la seconde aussi un banc clos et deux autres pierres tombales, l'une près le maître-autel et l'autre dans la nef avis l'autel Notre-Dame.

La Rouaudière

Fief et bailliage dépendant de la Cotardière.

En 1455 à Pierre de la Touche, en 1524 à Guillaume de la Barre, 1540 au sieur de la Cotardière ou Cotardais, en 1547 à Jean Colin, en 1601 à Jehan Blondeau ou Blandin, puis à Gilles Ruellan, Sr du Rocher-Portal, qui le vend en 1610 à, Messire François de Lescu, seigneur de Beauvais.

Juridiction moyenne ou basse, nous ignorons laquelle, mais incontestable puisqu'elle figure parmi celles que le Délégué de l'Intendant déclare envoyer ses prisonniers aux prisons royales à Hédé.

La Bourdonnaye

Terre et manoir qui a donné son nom au Marquisat de la Bourdonnaye.

En 1407, à dame Le Porc, tutrice de Perrotte Piedevache ; en 1427 à Eon de la Bourdonnaye, époux de Jehanne du Breil ; 1448 à Eon de la Bourdonnaye, leur fils, Chevalier, seigneur de l'Hostel de la Bourdonnaye « noble et ancien ab omni œvo et décoré de toutes les espèces de noblesse » [Note : Réformation de 1448, Gévezé] ; en 1513 à Jehan de la Bourdonnaye dont les descendants se perpétuent dans le pays jusqu'à la fin, au moins, du XVIIIème siècle.

Droits honorifiques dans l'église de Gévezé, avec enfeu devant l'autel Notre-Dame.

Le Breil

Terre et maison nobles.

En 1407, à dame Le Porc, tutrice de Perrotte Piedevache ; 1427, à Jehan du Breil ; 1440, à Jehanne du Breil, 1448, à Messire André du Breil et sa femme ; 1455, à Bertrand ou Briand Piedevache et Jeanne du Breil ; en 1513, aux enfants de Jehan Brunet, Sr de la Plesse. En 1601, à Messire Claude du Boisbaudry, puis acquises, le 23 février 1698, pour la somme de 12.550 livres, avec droits honorifiques et prééminences dans l'église de Gévezé et dans le cimetière, par Messire François-Pierre de Lescu, Seigneur Comte de Runefaut. Banc et enfeu près l'autel Notre-Dame.

 

Les Mesnils

Terre et maison nobles aux Piedevache, seigneurs des Jardreaux, des Mesnils, de la petite Gonzée, de Launay-Geffroy, Launay-Mallier, etc.

1427 Geffroy Piedevache et Bertrand en 1448 qui y ont métayer ; 1470 Geffroy ; 1480 Briand ; 1513 écuyer Guillaume, époux de Ludovine Loret ; dont 1556 François, né en 1529, marié à demoiselle Françoise de Roumelin ; Gilles, né en 1557, leur fils, marié vers 1579 à demoiselle Marguerite Troussier, dont Jehan, époux, en 1648, de demoiselle Renée Lombart, qui y meurt en 1648, père de Luc, mort à Rennes en 1654 et apporté à Gévezé pour y être inhumé dans l'église.

Droits honorifiques dans l'église pour la maison des Mesnils, avec bancs, enfeus et plusieurs pierres tombales à la queue du banc clos, dans le chanceau, du côté midy d'icelle, près le grand autel du côté de l'Epître et derrière l'autel de Sainte-Agnès.

La Champronière

Maison et fief.

1427, l'Hôtel de la Champronière à Guillaume du Breil, en 1448, à autre Guillaume qui y demeurent ; en 1513, à n. gens Thébaud Piedevache et Jehanne du Breil, par lad. dame ; en 1601, à Messire Charles de Gouyon, sr de Launay-Comatz, époux de demoiselle Marguerite de Saint-Pern, qui les vend le 13 novembre 1610 à Messire François de Lescu, seigneur de Beauvais, avec tous ses droits dans l'église de Gévezé.

Banc à queue a vis l'autel.

 

Langan.

Langan, le Saubois

Terres et maisons nobles.

Langan appartenait à la famille de ce nom qui y est encore représentée en 1455 par Pierre de Langan et, en 1475, par Jehan, dit seigneur dudit lieu et de Lanrigan [Note : Réformation du domaine ducal de 1455 et 1475], et c'est sans doute à la suite du décès de celui-ci que Langan passa aux Saint-Gilles qui tenaient déjà, par héritage, le Saubois, où nous trouvons Bertrand en 1400, Jehan en 1439 + 1462, puis un autre Bertrand, son fils, vivant en 1478 et qui avait fait en 1462 aveu pour les deux terres.

A partir de cette époque, Langan et le Sauboys restèrent réunies, et l'ancien Manoir de Langan tombant en ruines, ce fut celui du Sauboys qui devint la maison seigneuriale et le siège de la juridiction.

Bertrand de Saint-Gilles vendit Langan et le Sauboys à Guillaume Baud, seigneur de la Boulaye, qui rend aveu en 1480 et dont la nièce et héritière porta les deux seigneuries à écuyer Jehan Brunel, Sr de la Plesse, son mari, après lesquels elles passèrent par alliance aux Bois-Baudry, héritiers d'Olive Brunel, femme de Christophe du Boisbaudry, seigneur de Trans.

En 1674, Messire Gilles du Bois-Baudry, Avocat Général au Parlement, demanda au Roi la réunion de ces seigneuries à celle de Trans et leur érection en Chatellenie sous le nom de Trans.

Des lettres furent données en décembre 1680 par le Roi, que, dame Renée Le Pape, veuve de Messire François du Boisbaudry, Chevalier, seigneur de Trans, présentait, le 31 décembre 1682, pour vérification « portant union, à la terre et seigneurie de Trans, du grand fief et bailliage de Trans, le Saubois, Aulnette, la Franchetière, le Poirier, le bourg de Trans, le Quimate (?) dit l'Abbaye, la Haye, le Mottay, la Perelle, Trigour, la Roudaye, la Boullière, le grand Mesnil, le Morier, la Bertrie et même le fief franc la Valemberge (?), le petit Monniel, la Galiottaie, le fief noble au gros de la vieille Noë, la Croix de Montinouaie, du Tertre du Mesnil, de la Paumerie et du Coudray, situés aux paroisses de Trans, Vignoc, Cuguen, Sougeal à la terre de Trans, pour dorénavant ne composer qu'une seule et mesme seigneurie et estre le tout exercé en haute, moyenne et basse justice ».

Mais Gilles étant venu à mourir, ne laissant qu'un fils mineur, Joseph du Boisbaudry, dame Aune-Marie de Monthulé, sa veuve, agissant tant pour elle que pour celui-ci, vendit, le 29 mars 1699, pour la somme de 60.000 livres tournois, « la terre et seigneurie de Langan, la maison et terre du Sauboys avec la chapelle fondée... le moulin à eau... fiefs et bailliages en dépendant... greffe et juridiction... prééminences et droits honorifiques en la paroisse de Langan... etc..., tenus prochement du Roi en son domaine à Hédé à devoir de foi, hommage et rachat, etc..., à Messire Gilles de Lescu, chev. seigneur comte de Beauvais et de Runefaut » [Note : Minutes de Boursin, Notaire royal].

En 1783, la seigneurie de Langan changea de propriétaire et fut acquise par Messire Jean-Jacques Dacosta, qui en prit possession le 27 février.

Langan avait Haute, moyenne et basse justice qu'elle exerçait probablement dans le bourg, où elle avait ses « posts » ou potences, mais n'y avait pas de prison et envoyait ses condamnés au geôlier de Hédé.

Le Seigneur de Langon, outre ses droits dans l'église de Trans, en avait aussi dans celle de Langan, où Marie-Anne de Monthullé réclamait en 1681 ceux de Fondation, Supériorité et Prééminences, avec banc et enfeu du côté de l'épître, proche la chaire, autre enfeu dans le Chœur, à côté du grand autel vers Occident, litres avec armoiries, tant sur les murs que dans les fenêtres et verrières, etc...

Le Bois pary (paris ?)

Terre et métairie nobles.

En 1600, N. h. Gilles Boussemel, Sr du Boisbriand, fait hommage au roi de la Terre et seigneurie de Bois pary, qui, après Jean, son fils, passa, avec ses quatre fiefs de la Moigneraie, etc..., à écuyer Guillaume Busnel, qui en fait aveu le 7 juillet 1657, comme venus de l'héritage de dame Julienne Simon, sa mère. En 1681, n. h. Pierre Deshayes, Avocat en la Cour, héritier de Guillaume Busnel, vend le Bois Paris à dame Marie-Anne de Monthulé, dame de Langan, relevant du Roi par son domaine de Hédé, à devoir de foi, hommage et rachat, à cause du fief de la Moigneraie, avec tous ses droits de juridiction et autres, office de sergentise, cueillette de deniers, etc.

En 1687, le Bois Pary appartient à écuyer Pierre Beschard, Sieur du Coudray.

Basse justice qui confie ses condamnés à la garde du geôlier de Hédé.

 

La Chapelle-Chaussée.

La Chevalleraie

Maison noble.

Aux XVème et XVIème siècles à la famille Ginguené avec Geoffroy en 1440, Jehan en 1445 et Guillaume en 1468, 1478, demeurant à leur hôtel de la Chevalleroye, etc.. jusqu'au moment où elle passe, vers 1540, avec Jehan Le Bel, aux seigneurs de la Gavouyère, qui la possédèrent pendant de longues années, et ce n'est qu'en 1681, le 28 décembre, que sont vendues par Messire Gilles Le Bel à dame Anne-Marie de Monthulé, veuve de Messire Gilles du Boisbaudry, seigneur de Langan, les maison et métairie avec terres, fiefs et bailliages, juridictions, prééminences et droits honorifiques, tenus prochement du Roi par son domaine à Hédé pour la somme de 18.000 livres et 10 livres d'or d'épingles, conformément aux aveux qui en avaient été faits en 1556 [Note : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, Minutes du Greffe de Sénéchaussée de Dinan].

Droits de moyenne et basse justice, confirmés en 1673 audit Gilles Le Bel, par arrêt de la Chambre du Domaine, qui se servait des prisons de Hédé.

Prééminences et droits honorifiques dans l'église de la Chapelle-Chaussée.

Le Châtelier

Terre et maison noble, tenue en juveigneurie de la Châtellenie de Hédé.

Possédé au XIVème siècle par la Maison de Dinan, puis fut porté par Amette de Dinan à son mari, Philippe de Quelenec, et son fils Jean en rendait aveu en 1416.

Ce Jean de Quelenec, marié à Catherine La Vache, était mort en 1437, laissant sa femme tutrice d'autre Jean qui, en 1471, était tuteur à son tour d'autre Philippe, pour lequel il fut présenté aveu en 1479.

Mais, à cette époque, la terre était déjà démembrée depuis un certain temps, car la seigneurie appartenait, dès avant 1455, à Messire Christophe de Chateaubriant, seigneur de Beaufort, qui la donnait en dot à sa fille, Michelle, pour la porter par son mariage à Messire Michel Ferron, seigneur de la Mare, dont les héritiers la gardèrent jusqu'au milieu du XVIème siècle que dame Madeleine de Lespinay, seconde femme de Gilles Ferron, alors tutrice de son fils Gilles, pour lequel elle fait aveu en 1544, la vendit à Messire Guillaume Ginguené, Sénéchal de Hédé, qui la possède en 1601, mais, pour peu de temps, car, en 1654, elle est entre les mains de Messire Georges de Talhouët, seigneur de Keravéon, de qui elle passa à Nicolas de Rollée, seigneur de Rigné, frère de Messire Jean, seigneur du Bois Louet et de la Crozille, puis à sa fille Louise, à la mort de laquelle, en 1655, elle fut rachetée par dame Françoise Le Mintier, qui en prend possession en décembre 1656, mais, revendue par son héritier Messire Jacques Le Mintier, seigneur de Carmené, au commencement du XVIIIème siècle, elle revint entre les mains d'un autre membre de la famille de Talhouët, Messire Louis Germain, Sr de Bon Amour et Seigneur de Hédé, dont la veuve, dame Rose-Eléonore Freslon, la possédait encore en 1748, pour arriver enfin aux La Bourdonnaye de Blossac, qui en jouirent jusqu'à la Révolution.

La seigneurie du Châtelier était importante et qualifiée de chatellenie et tenue en juveigneurie du Roi. Sa juridiction s'étendait sur les sept paroisses, ses voisines.

Elle avait Haute, Moyenne et Basse justice qui s'exerçait primitivement à la Chapelle-Chaussée où ses ceps et colliers se dressaient dans le bourg, et ses Posts ou Fourches patibulaires en Saint-Brieuc-des-Iffs. Plus tard, lors de l'acquisition faite par Françoise Le Mintier, celle-ci ayant obtenu du roi la réunion de ses juridictions du Châtelier et de la Crozille à la juridiction de Hédé, les plaids généraux se tinrent alors à Hédé, dans l'Auditoire de la Cour et sous la présidence du Sénéchal du Roi.

Le Châtelier possédait des droits de supériorité et de prééminences dans les églises de la Chapelle-Chaussée, de Saint-Brieuc-des-Iffs et de Saint-Symphorien, dont Mme Le Mintier prenait officiellement possession en même temps que de la seigneurie. Dans l'église de la Chapelle-Chaussée, le seigneur déclarait lui appartenir droit d'avoir ses armoiries dans les vitres du Chanceau, banc, enfeu et, particulièrement, une « pierre tombale élevée de terre avec la figure d'un gendarme élevé en bosses et un écusson armorié de « trois posteaux » pareils à ceux qui se trouvent sur la maison de l'Alleu ».

La Chapelle-Chaussée

Maison et Métairie nobles tenues du roi par la Cour du Châtelier.

1555 N. h. Guillaume Garel et dame Sébastienne Blanchard, son épouse, seigneur et dame de Lerguay et de la Chapelle-Chaussée.

1577 Vente par écuyer Guillaume Garel, sieur de l'Erguay, et demoiselle Françoise de Fleurville, leur fils, à Guillaume Ginguené, écuyer, Sr de la Fontaine, et Joachim Ginguené, Sr du Bourg, son frère, enfants de Jehan Ginguené et Marguerite Garel, leur nièce, pour la somme de 7.000 livres tournois « de la maison, lieu, mazures, mestairyes, pourprins, boys de haute fustaye et de décoration, terres arables et non arables, prés, patures... et autres dépendances du lieu et maison de la Chapelle- Chaussée [Note : Entre autres, une pièce de terre appelée « la Vigne »].

Item, le Bailliage dépendant de laditte maison de la Chapelle… tant en rentes propres censives que sourcens avec droict de sceau, armes et armoyries, prééminences d'églises, bailliages, rentes et appartenances quelconques... tenus prochement et noblement de la Cour du Châtelier » [Note : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. B. 400].

La Chapelle-Chaussée était vendue avec « droit de sceau », c'est-à-dire de juridiction. C'était une basse justice, à cause du fief de la Chapelle ou de la Cointraie, qui s'exerçait, sans doute, dans le bourg, mais qui envoyait ses condamnés aux prisons de Hédé.

« Quant aux prééminences dans l'église de la Chapelle-Chaussée, elles consistaient en armes et armoiries, enfeu prohibitif avec pierre tombale au pied du Sacraire, banc et accoudouer... ».

La Burye.

Nous inscrivons ici la Burye quoiqu'elle fut assez éloignée de la Chapelle- Chaussée, puisque la Maison et le Manoir étaient situés auprès du bourg de Languedias, parce qu'elle se trouve au XVIIIème siècle en possession du Seigneur de la Chapelle, époux de dame Laurence Grimaudet qui en rendait aveu le 29 mai 1682 et que, d'autre part, elle figure dans le partage qui dût être fait de ces terres, en 1702, entre MM. De la Lande-Grimaudet et de Saint-Meloir et dans la liste des seigneuries mentionnées par le Subdélégué de l'Intendant en 1769.

La Burye possédait plusieurs fiefs et Bailliages pour lesquels elle avait droit de moyenne et basse justice et d'utiliser aussi les prisons de Hédé pour ses délinquants.

 

Saint-Brieuc-des-Iffs.

La Talmachère

Terre et Manoir nobles relevant du roi par la Cour du Châtelier.

Au XIIème siècle, vers 1190, à Hervé Talmache qui lui donne son nom ; en 1427, à Geoffroy de Langan, puis à la famille de Champaigné avec Geoffroy et sa femme en 1444, qui y ont métayer, en 1478, à autre Geoffroy, Sr de la Talmachère et de la Motte Ponterel, en 1585 à René, Sr du Tail et de la Talmachère, époux de demoiselle Thomase de la Hingueraye.

A la fin du XVIIIème siècle (1790), la Talmachère appartient à Messire Nicolas-Marie-Claude Henry, seigneur de Beauchamp, et à dame Louise-Gaëtane-Jeanne de la Corbinaye, sa femme.

Juridiction moyenne (ou basse) s'exerçant dans l'Auditoire royal de Hédé et envoyant les condamnés dans ses prisons. Droits honorifiques dans l'église de Saint-Brieuc avec banc et pierres tombales.

La Boscheraye

Terre et maison nobles.

A la famille Baucher ou Boscher dont elle avait pris le nom ; Geoffroy en 1428, autre en 1448 qui y a métayer, Jehan en 1478. Au milieu du XVIIème siècle, la Boscheraye appartient à Louis Le Lièvre, Sr du Meslay, Sénéchal de Hédé.

La Baucheraye avait une juridiction moyenne (ou basse), qui envoyait ses délinquants aux prisons de Hédé.

En 1636, écuyer Louis Le Lièvre avait obtenu de Messire Gaspard de Colligny, seigneur de Tinténiac et Montmuran, Fondateur dans l'église des Iffs, dans ladite église, les droits honorifiques de banc et d'un enfeu dans la chapelle du côte midi pour lui servir à entendre le service divin pour lui et ses successeurs, seigneurs de la Boscheraye, et à être inhumé sous ledit enfeu qui sera à raz de terre.

La Bougraie

Maison noble tenue du Roi par la juridiction du Châtelier.

Tout d'abord à la famille de Saint-Pern avec Messire Bertrand, vivant en 1444 à l'hôtel de la Bougueraie, Jehan en 1478, Pierre, dominus temporalis de la Bougueraie en 1532, Thomas et Anastasie Gueguen, en 1563 ; en 1601, à Marguerite de Saint-Pern, leur fille, mariée à écuyer Pierre de la Haye, qui devient seigneur de la Bougraie, à cause d'elle, dont Gabrielle de la Haye épouse écuyer Pierre Joubin, Sr du Plessix, puis à Gervais ou Vincent Joubin, écuyer, leur fils, époux de dame Julienne Godet, enfin à la fille de ceux-ci, Anne Joubin, qui porta la terre et le manoir à écuyer Jean-Charles Martin, Sr des Bruslais, à qui succède ensuite Messire René Martin, son fils, marié à dame Marie Rabasté, dame de Pontfily, fille de Messire Guy et dame Anne de Bregel, qui l'habita et y mourut le 3 septembre 1706.

A la suite de ce décès, la Bougraie entra alors dans la famille de Vaucouleurs de Lanjamet par le mariage de Pierre, écuyer, Sr de la Villeandré, avec demoiselle Geneviève Joubin, autre fille de Gervais et sœur de Anne, dont l’arrière-petite-fille, demoiselle Marie-Aune Félicité, la reçut en dot lors de son mariage, en 1762, avec Messire Jean-François de Quifistre, Sr de Bavalan.

Moyenne justice s'exerçant dans l'Auditoire de la Cour de Hédé et en empruntant les prisons.

Le Seigneur de la Bougraie se disait fondateur dans l'église de Saint-Brieuc et y possédait des droits honorifiques avec enfeu, sous un banc dans le chœur.

 

Tinténiac

Tinténiac et Montmuran.

Châtellenie d'ancienneté dont. tous les possesseurs figurent parmi les plus illustres familles bretonnes, qui passe des Tinténiac qui lui donnèrent leur nom, successivement par alliances aux Montfort-Kergorlay, aux Laval et, par eux, à Du Guesclin, aux Rieux, à Gaspard de Colligny, seigneur de Châtillon, Grand-Amiral de France, et son fils, jusqu'à ce que leur petite-fille et héritière, Henriette de Colligny, ou Couligny, comme signaient l'amiral et son fils, la vendît, en 1662, 273.000 livres à Messire Gilles Huchet, seigneur de la Bédolière. Mais, trois ans plus tard, Henri-Malo de Coëtquen, ayant réclamé, à titre de parent, le retrait lignager, Tinténiac lui fut adjugé.

Il vint alors habiter de Montmuran et, le 22 octobre 1668, Messire Henri Pelage de Couesquen, marquis de la Marzelière, Comte de Combour, son fils, épousait, dans la chapelle du Château, dame Guillemette Bélin.

Plus tard, les Coëtquen n'ayant eu que des filles, à la suite du décès de l'une d'elles, dame Françoise-Renée, épouse de Messire Charles, duc de Mornay, la seigneurie fut divisée pour partage et, le château de Montmuran avec une partie des fiefs, qui formait la 32ème partie de la succession, fut acquis le 17 juin 1752, pour la somme principale de 7.187 livres 10 sols et deux rentes viagères de 100 livres et de 300 livres, de l'héritier collatéral n. h. Jan Sanguinet, Capitaine des vaisseaux de la Compagnie des Indes, à savoir : « le Château, fuie, colombier, chapelle, jardins, bois taillis et de haute futaie, fiefs, moulins, étangs, prés, garennes, gallois, terres vagues et vaines, halles, prisons.... droits de ceps et colliers... et généralement tous les domaines, terres et seigneurie, justice et juridictions, patronage, prééminences d'église, droits utiles et honorifiques... y compris la portion des meubles et ornements de la chapelle... titres et archives, etc.., par Messire Marie-Joseph de la Motte, seigneur du Boisthomelin, dont les descendants, sous les noms de Comtes de Montmuran, après l'avoir possédé, pendant cinquante ans, virent leurs biens saisis comme biens d'émigrés et vendus nationalement » [Note : Aveu par le seigneur de Montmuran en 1763. (Minutes de Boursin, Notaire royal à Hédé)].

Le vieux château de Tinténiac était naturellement le siège de la seigneurie mais, après sa destruction au XIIème siècle, pendant les guerres de succession, le sire de Tinténiac, jugeant nécessaire de le reporter dans une position plus forte et plus facile à défendre et ayant trouvé en la paroisse des Iffs, dans un fief voisin dépendant de l'Abbaye de Saint-Georges, un emplacement convenable, obtint de l'Abbesse l'autorisation d'y construire une nouvelle forteresse qui fut le château de Montmuran et devint dès lors le château de la juridiction.

La seigneurie de Tinténiac s'étendait dans une quinzaine de paroisses. Elle relevait, pour un certain nombre de fiefs, de l'Abbaye de Saint-Georges, mais, directement du Roi par sa Cour de Rennes pour ses possessions dans les paroisses des Iffs, Saint-Brieuc, La Baussaine, la Chapelle-Chaussée, Cardroc, Saint-Domineuc, Trimer, Bazouges-sous-Hédé, Saint-Méloir- des-Bois.

Elle possédait Haute, moyenne et basse justice qui s'exerçaient dans le bourg où elle avait, auprès des Halles, un Auditoire où se tenaient ses audiences, le mercredi, jour des marchés, « alternativement avec la juridiction de Saint-Georges » [Note : Acte de vente de 1752. (Minutes de Boursin, Notaire royal à Hédé)]. A côté se trouvaient les prisons. Les ceps et colliers étaient élevés, tant sur la place même du Marché, au bout des halles, que dans une pièce de terre, dite « Le Clos de la justice ».

Le Seigneur avait droit de tenir à Tinténiac un marché tous les mercredis et trois foires par an.

Le Sénéchal tenait en outre une audience spéciale aux Iffs le jour du Pardon de Saint-Fiacre.

Montmuran avait droit de Fondation dans toutes les églises des paroisses où se trouvaient ses fiefs, avec bancs, enfeus, lisières d'armoiries tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, sauf dans celle de Tinténiac même, où l'Abbaye de Saint-Georges s'étant réservé les droits de superiorité, il n'avait droit pour son banc, ses enfeus et armoiries qu'à la condition qu'ils fussent placés au-dessous des bancs, enfeus et armoiries appartenant à l'Abbesse.

La Besnelaye

Maison et terre.

A la famille de Melesse, dont : Robert, vivant 1440, Alain, 1464-78, Marguerite, 1540, qui la porte à Francois Hattes, son mari, et celui-ci fait remplacer l'ancienne demeure en ruines par le Manoir actuel sur la cheminée duquel il fait sculpter ses armes en alliance (écartelé aux 1er et 4e au lion rampant qui est Hattes, et aux 2e et 3e, lozangé de cinq pièces en bande qui est Melesse), puis Noël Hattes et Rolande, leur fils, et petite-fille, cette dernière, mariée à n. h. Pierre Chouart, Sr de la Motte, morte en 1607 sans enfants et inhumée en l'église de Tinténiac.

Après celle-ci, nous trouvons la Besnelaye en 1637, entre les mains de Claude Rabasté, écuyer Sr des Longrais, + en 1662, époux de Jeanne Denoual, puis ses descendants qui la gardent jusqu'à demoiselle Renée-Marie-Charlotte Rabasté, épouse de Julien-François de la Corbinaye, écuyer seigneur de Bourgon, dont Louise-Gaëtanne-Jeanne, fille d'écuyer François-Julien, et dame Louise-Madeleine du Chemin, épouse, en 1770, de Messire Nicolas-Marie-Claude Henry, seigneur de Beauchamp.

La Besnelaye relevant du Roi par son domaine à Hédé, possédait moyenne et basse justice qui tenait ses plaids à Hédé dans l'Auditoire et empruntait les prisons royales.

Droits honorifiques en l'église de Tinténiac, avec enfeu et pierre tombale jouxte l'autel de la Vierge.

Campeneuc

Maison noble.

Avant 1478 à Messire Charles de Maulny, frère aîné de Messire Guillaume et époux de Jehanne Piedevache, dame de la Noë, en Trimer. En 1566, à dame Françoise Huchet, qui est marraine à Hédé ; en 1571, à dame Anastasie Gueguen épouse de Messire Thomas de Saint-Pern, dont : Marguerite de Saint-Pern, mariée d'abord à écuyer Pierre de la Haye et, en deuxièmes noces, à écuyer Charles Gouyon, Sr de la Mordelière, et + en 1625 qui laissa de son second mariage un fils, écuyer Amaury, qui lui succéda à Campeneuc, mais, en 1634, avant la mort de celui-ci en 1638, la terre appartenait déjà à n. h. Gervais Joubin, fils de Pierre et de Gabrielle de la Haye, sœur utérine de Amaury Gouyon, puis à dlle Anne Joubin, leur fille, qui la porte, avec la Bougraie, dont elle avait aussi hérité et dont elle suit le sort, à son fils, écuyer René Martin, sr de la Bruslaie, inhumé dans l'église dE Saint-Brieuc, le 3 septembre 1706, époux de dame Marie Rabasté, dame de Pontfily. En 1733, elle appartient à Messire René de Vaucouleurs, et enfin, en 1772, à Messire Louis de Derval, sr de la Ramée, en Saint-Domineuc, et dame Yvonne Dalérac.

Basse justice, se servait des prisons de Hédé. Droits honorifiques, avec banc et enfeu en l'église de Tinténiac, et avec enfeu dans l'église de Saint-Brieuc-des-Iffs.

La Couaplaie

Terre et maison noble relevant du roi par la juridiction du Chatelier.

Au XVème siècle se trouve entre les mains de la famille de Hirel qui y habite avec Geoffroy en 1444 et 1455, Guillaume en 1478 et 1480, Louis, + en 1559, époux de dame Marguerite de Vandel ; Jehan, + en 1575 ; François, marié, vers 1560, à dlle Françoise de Montmoron, fille de Laurent et dlle Jehanne Hattes, dame de la Crozille, jusqu'à Julien et Vincent, + en 1590, tous inhumés en l'église de Hédé et avec lesquels semble, s'éteindre la famille de Hirel.

Vers la fin du XVIème siècle, la Couespelaye appartient à n. h. Valentin Bregel, seigneur de la Boulaye, + en 1612, et dame Bienvenue Lezot, puis à leur fils, écuyer Roch de Bregel, époux de dlle Anne de Rollée, fille de Messire Christophe, seigneur de la Moinerie, et dlle Jeanne Rogier, dont l'héritier, Nicolas de Bregel, fait, en 1680, aveu pour sa terre et + en 1694, à Cesson, près de Rennes.

Moyenne et basse justice dans l'Auditoire de Hédé et laissant ses condamnés aux prisons royales.

Droits honorifiques dans l'église N.-D. de Hédé, de banc avec accoudoir et enfeu prohibitif sous la voûte où est le crucifix, au côté de l'Evangile.

Lesnouen

Terre et maison noble.

En 1428, Jehan de Maulny, seigneur de Lesnouen ; Pierre de la Haye, seigneur de Lesnouen, vivant en 1546-1558 ; Pierre de la Haye, Sénéchal de Tinténiac, vivant en 1603, curateur de dlle Marguerite de Saint-Pern, sa belle-fille, épouse d'autre Pierre, son fils cadet ; écuyer Laurent ou Rolland, Sénéchal de Tinténiac après son père, vivant 1621 ; Elie, fermier général des Devoirs en l'évêché de Saint-Malo, époux de dlle Gilette du Châtelier, d'abord seigneur de la Gontrais, puis de Lesnouen par Hélène Gouyon, sa seconde femme, fille d'un second mariage de Marguerite de Saint-Pern avec Charles Gouyon, sr de la Mordelière, et après lui, ses enfants, Olivier, puis Joseph, époux, en 1737, de Etiennette Doudart, fille d'écuyer Henri et Françoise Le Lièvre de Rosquadec. En 1756, Pierre de la Forest, devenu seigneur de Lesnouen, et dame Françoise-Guillemette Fluriot, sa femme, vendent, par contrat du 23 juin, à Messire Louis-Nicolas de Faverolles, directeur des Devoirs à Saint-Malo, et dame Marguerite Travers, sa femme, pour la somme de 8.000 livres tournois de principal et celle de 224 livres tournois pour vin de marché, « le lieu noble de Lesnouen, consistant en la maison principale... fuie, colombier, rabines... plus le fief et bailliage de la Racinaye, et, le tout tenu prochement et noblement du Roi par sa Barre et domaine de Hédé, à devoir de foy, hommage et chambellenage quand le cas y échet ».

Basse justice seulement, pour le fief de la Racinaye.

Droits honorifiques dans l'église de la Chapelle-Chaussée avec enfeu prohibitif du côté de l'Epitre et a vis les imaiges saint Jean et saint Nicolas, à l'autel placé en même ligne que l'autel Notre-Dame.

 

Guipel

Le Chesnay

Manoir et métairie nobles.

Appartenant à une famille illustre de chevaliers bretons, les Maillechat, habitant le manoir de ce nom, en Guipel, que nous trouvons dès le XIIème siècle et dont les représentants, nombreux pendant le XIVème siècle et jusqu'au commencement du XVème, qu'ils s'éteignirent, mirent au service des ducs et de la Bretagne tout leur dévouement et tous leurs talents. A l'un d'eux, même, Olivier de Maillechat, fut confié, le 28 octobre 1402, par la duchesse Jeanne de Navarre, tutrice de son fils, le jeune duc Jean V, la mission de confiance de la garde du château de Hédé. Olivier dut mourir jeune et sans héritier mâle, et c'est sa fille unique, vraisemblablement cette Philippote de Maillechat qui, en 1427, occupe avec Alain Le Provost, son mari, à titre de juveigneurs de Maillechat, le manoir du Chesnay, que leurs descendants garderont pendant trois générations, jusqu'à ce qu'il passe par alliance à écuyer Raoul Ferron, par suite de son mariage avec Jacqueline Le Provost, fille de Pierre et Bertranne de Pontbriand, qui y habitent en 1513.

Un sceau ancien de la juridiction, avec l'inscription « S. des contrat de la court du Chesnay » en caractères bien caractérisés du XVème siècle, porte, en effet, les armes des premiers possesseurs, les Maillechat, qui sont « d'argent à la bande de gueules chargée de trois channes ou marmites d'or ».

Raoul Ferron, qui possédait déjà beaucoup de terres aux environs, ne garda pas l'héritage de sa femme, qui fut acquis alors, en 1540, par Thomas de la Piguelaie, tuteur de son fils Jean, et duquel la terre prit le nom et devint le Chesnay-Piguelaie, que ses héritiers conservèrent pendant cent cinquante ans, avec Jean-François, époux de dame Catherine Langloys, et Guy, leur fils, né en 1585, le 4 avril, à Guipel, époux de dame Jeanne Bonnier, dont Louis, baptisé en 1619 et + en 1648, marié à dame Madeleine Gouyon.

De ce dernier mariage semble n'être sortie qu'une fille, Jeanne-Marie, née en 1645 et nommée en 1646, qui fut l'unique héritière du Chesnay et le porta successivement à ses deux maris, d'abord Messire Toussaint des Nos, écuyer, Sr de la Ville Thébaut en 1662 [Note : Décret de mariage de la juridiction de Hédé du 20 juin. (Minutes du Greffe de la Sénéchaussée de Hédé)], puis, après la mort de celui-ci en 1668, le 8 octobre 1673, à Messire François Brecheu, Conseiller au Parlement. Puis, ces deux mariages ayant été stériles ou, du moins, le second n'ayant produit que des filles qui se firent religieuses, le Chesnay fut vendu et passa, en premier lieu à Messire Louis-Jean, comte de Queraly ou Keraly, fils de Messire François, en son vivant Doyen à la Grand'Chambre du Parlement en 1748, puis à Messire François-Gilles-Rolland, chevalier du Roscoat, époux de dame Marguerite-Louise Bidon (ou Bidan) qui y demeuraient en 1762 et 1766.

Le Chesnay avait été érigé en vicomté en faveur de n. et p. Messire François de la Piguelaie, Capitaine de 50 hommes d'armes, Chevalier de l'Ordre du Roi, Conseiller en ses Conseils d'Etat et privé, qui mourut le 8 novembre 1722 et fut inhumé le 17, « en l'église de Guipel, au sépulcre de ses prédécesseurs ».

La terre du Chesnay relevait directement, au moins pour la moitié des terres qui en faisaient partie, du Roi en son domaine de Hédé et sa Haute justice, reconnue au seigneur vicomte du Chesnay, en 1681, s'exerçait, sans doute, au château, au bourg de Guipel, mais utilisait pour les délinquants de cette moitié les services du geôlier des prisons royales.

La seigneurie du Chesnay avait, dans l'église de Guipel, tous droits de fondations, supériorité et prééminences : lisière avec armoiries à l'intérieur et à l'extérieur, bancs, enfeus, « voultes et charniers », recouverts de pierres tombales armoyées, situées au proche du grand autel, du costé de l'Evangile, etc... [Note : Ces pierres, qui recouvraient les seigneurs du Chesnay et sur lesquelles étaient sculptées les armes des la Piguelaie et de leurs alliances, enlevées de l'église lors de sa reconstruction, gisent vers 1915, abandonnées, dans le cimetière, enfouies dans les mauvaises herbes]

 

Dingé

Note : Nous plaçons ici quelques terres nobles de Dingé, quoique cette paroisse ne fut point comprise dans le ressort de la juridiction de Hédé, parce que, depuis la Révolution, cette commune a été rattachée au canton

Couabrac. — Couet braz

Note : Traduction en patois gallo du breton : Couet ou Coët Braz (grand-lieu) ; Bourgouët ; Bourc'hoët. Village de la Forêt

Terre noble.

Relevant du domaine royal par la seigneurie de Combourg, proche la terre du Boulet, sur la lisière de la forêt de Bourgouët, que nous ne connaissons que par la mention du délégué de l'Intendant qui la place parmi celles des juridictions qui usaient des prisons de Hédé pour les délinquants, n'était vraisemblablement qu'une Basse-Justice.

La Ville-André.

La Maison de la Haute Ville-André, en 1444, à Guillaume du Bourgneuf, qui y a métayer ; en 1478, à Jehan de Québriac et sa femme, N. du Bourgneuf, à titre de douaire, qu'elle a de feu Alain du Bourgneuf, sr des Châteaux, son père ; en 1513, à Bertrand du Bourgneuf, qui l'a reçue à bienfait de François de Vaucouleurs et sa compagne, Gîlette du Bourgneuf ; en 1543, à Bertrand de Lescouët ; en 1553, à Jacquette de Vaucouleurs, dans la famille de laquelle elle reste jusqu'à la Révolution.

Ne semble pas avoir eu de juridiction.

Le seigneur de la Ville-André prétendait, comme celui du Plessix-au-Chat, aux prééminences dans l'église de Dingé et y possédait banc, enfeus et pierres tombales, tant dans une arcade ou labe qu'auprès du grand autel, du côté de l'Epitre.

Les Vaux et le Plessix-au-Chat.

Manoirs nobles, dont les seigneurs avaient aussi des droits honorifiques dans l'église : bancs et pierres tombales à côté de l'autel de la Vierge, proche des murailles.

 

Montreuil-le-Gast

Launay du Han

Terre, maison et métairie nobles.

Château entouré de douves, Colombier, Chapelle, Pois, etc.. [Note : Aveu de 1552].

En 1427 et 1445, Jehan de Launay tient l'Hôtel et métairie noble de Launay ; Pierre et Jehanne, ses enfants, + avant 1513 ; cette dernière mariée à N... de Vitré, dont : Jehanne de Vitré, qui épouse Jehan du Han et lui porte la terre et seigneurie de Launay, qui prit le nom de Launay du Han que ses héritiers lui conservèrent jusqu'à ce qu'elle fut vendue, à la fin du XVIIème siècle, à Messire Jan Picquet, seigneur de la Motte, Greffier civil en chef au Parlement, qui vint y habiter.

En 1655, la terre de Launay fut érigée en châtellenie et, en 1662, Messire Jean-François du Han prenait le titre de comte. Plus tard, en 1726, l'érection en châtellenie fut confirmée en faveur de Messire Guy Picquet, par lettres royales, mais cette fois avec le changement du nom en celui de Launay-Picquet. La famille Picquet de la Motte conserva Launay, ou tout au moins la seigneurie, jusqu'à la Révolution.

Launay du Han avait haute justice, dont les plaids généraux se tenaient à Montreuil-le-Gast, dans le bourg, où elle avait halle, ceps, colliers et prisons, le lundi de chaque semaine et ses pots et potences se dressaient sur la lande de Cruère.

Le seigneur de Launay était seigneur supérieur dans l'église de Melesse, comme juveigneur de la maison du Plessix-Melesse et fondateur et prééminencier dans celle de Montreuil-le-Gast ; il possédait, en conséquence, dans ces deux paroisses, lisière avec ses armoiries, bancs à queue et plusieurs pierres tombales, tant contre la muraille que contre la Sancta Sanctorum du côté de l'Epitre, et un autre à vis le grand autel.

 

Vignoc

La Villouyère ou Vinouyère

Terre et manoir nobles.

Relevant du Roi, partie par son Domaine à Rennes et à Hédé, partie par la seigneurie de Montbourcher.

Appartient en 1445 à Messire Pierre de Malestroit, vicomte de la Bellière et seigneur de Maure, qui les vend à n. h. Gilles Bouëdrier, dont une petite-fille, Marie Blanchet, vivant en 1513, fille du sr de la Rivière, porta par son mariage, à Jéhan de Serent, « la maison, métairie, étang, fuie, garennes, bois et juridiction, etc... » mais ce dernier ne laissant qu'un fils, Jehan, + en 1560, celui-ci légua le tout à son neveu, Jacques de la Belinaye, fils de Jehan et Marguerite de Serent.

Les la Belinaye gardèrent le Villouyère pendant un siècle, qu'elle fut vendue, en 1653, à n. h. Jean Le Marchand, Conseiller au Présidial de Rennes. En 1713, elle est aux mains de dame Marie-Madeleine de la Porte d'Artois, qui, avec l'assentiment d'écuyer Jean-François Bosnard, Sr. des Clos, son mari, la vend à son tour, le 15 avril 1713, « terre, maison principale, fuie, colombier... avec tous fiefs et juridictions... y attribués... sans réservation... » pour la somme de 20.000 livres tournois, à messire Guy Picquet, Chevalier sr de la Motte, et autres héritiers de messire Jean Picquet, Sr de la Motte, dont les descendants jouirent jusqu'à la mort en 1791 de messire Toussaint de la Motte-Picquet, le célèbre amiral.

La seigneurie de la Villouyère, peu importante au début, était devenue en 1728, par lettres patentes du roi du 7 février, une chatellenie en faveur de messire Guy Picquet, avec droit de haute justice.

Quoique cette haute juridiction eut deux sièges, pour y tenir ses séances chaque semaine, l'un, le lundi, au bourg de Montreuil-le-Gast, l'autre, le vendredi, à Vignoc, elle n'y avait point de prison, et était obligée d'envoyer la moitié de ses condamnés, sans doute ceux des fiefs et bailliages relevant directement du Roi, dans les prisons de Hédé.

Montbourcher

Hôtel et maison nobles.

Modeste berceau d'une des plus antiques et des plus illustres familles du pays dont les membres, pendant plus de huit siècles, ont donné des serviteurs distingués par leurs talents et leur dévouement pour le service de la Bretagne et de la France.

La seigneurie, restreinte tout d'abord au manoir primitif, s'étendait déjà en 1570, en quatre paroisses : Vignoc, Gévezé, La Mézière et Montreuil-le-Gast. Elle relevait directement du Roi par sa Cour de Rennes.

Sans aller chercher dans la longue généalogie des seigneurs de Montbourcher ceux qui dès le XIème siècle étaient en possession de la terre dont ils portaient le nom, nous nous en tiendrons à ceux que nous y trouvons dans les réformations du Domaine et dans nos notes personnelles, à partir du XVème siècle et à ce qui les concerne à Vignoc.

En 1427 « l’Hôtel de Montbourcher » est à Raoul Piedevache ; en 1445 au seigneur de la Roche-Montbourcher (Bertrand), puis à Guyon et enfin à n. h. autre Bertrand, son fils, qui « tient et possède le manoir » en 1513.

Avant 1427, Simon de Montbourcher avait réuni à sa terre, une autre, voisine, avec son manoir, celle de Champaigné, en Gévezé, par son mariage avec l'héritière de la branche aînée de la maison, demoiselle Tiphaine de Champaigné.

A Bertrand (troisième du nom) succède messire René qui, en janvier 1570, obtint du roi Charles IX des lettres patentes portant érection de Montbourcher en chatellenie. Plus tard, en 1656, Montbourcher ayant encore augmenté ses possessions et agrandi considérablement son domaine par l'adjonction de la seigneurie du Bordage et autres terres, un autre René de Montbourcher acquit de Louis XIV, pour la chatellenie, le titre de Marquisat.

En 1574, Montbourcher avait passé dans une autre branche de la famille, pal' le mariage de dame Françoise, fille de René et de Renée de Monteclerc, avec un parent, autre René de Montbourcher, seigneur du Bordage, et ses héritiers continuèrent à posséder la terre jusqu'à la Révolution.

En 1610, le, domaine proche de Montbourcher était déclaré se composer de deux corps de logis, le Manoir et les dépendances, la métairie, le bois dans lequel on reconnaît encore les vestiges de la motte sur laquelle était bâti le château primitif, et « la Vigne de Montbourcher, contenant trois journaux ».

Montbourcher était une Haute Justice. En outre de ses droits seigneuriaux à Vignoc, de bouteillage, levage, de faire les nouveaux mariés courir le quintaine, il avait ses halles, pour tenir marché le vendredi, et une foire le 1er août.

La Haute Justice avait, dans le bourg même de Vignoc, son auditoire pour tenir ses séances, ses prisons, ses ceps et colliers et, sur le bord du grand chemin de Rennes à Hédé comme avertissement aux coureurs de grandes routes et servir d'exemple, ses fourches patibulaires à quatre pots.

Le seigneur de Montbourcher possédait, à Vignoc, dans l'église, tous droits de fondations, supériorité et prééminences : Banc à queue armoyé devant le grand Autel, du côté de l'Evangile ; litre ou lisière à l'intérieur et à l'extérieur, avec les armes de la seigneurie « d'or à trois channes ou marmites de gueules » peintes ou sculptées, répétées dans les vitres et verrières des fenêtres, sur les habits même d'un chevalier en prière à côté du saint, son patron. Enfeu et pierres tombales au milieu de l'église, devant la balustrade du Maître-Autel et, même dans le cimetière, un autre tombeau élevé de terre sur lequel reposait la statue en relief d'un chevalier. De tout quoi, il ne reste plus rien.

Les Roncerais

Terre et manoir.

Relevant du Roi, partie par son domaine à Hédé, partie par les cours du Chatelier et de Montbourcher.

1410 et 1427, l'Hôtel des Roncerais appartient à Pierre Le Porc qui y demeure ; en 1445, à Michel de Parthenay, en 1455 à Pierre de la Touche, à Gilles du Bourgneuf par acquêt, puis en 1513, à Olive, sa fille.

A écuyer René de Beaurepaire, époux de dame Gilette Botherel, + avant 1601, leurs enfants : + en 1618, Thomas et Julienne, épouse d'écuyer Jan Busnel, sr de la Clarté, Sénéchal de Hédé, en 1650, à écuyer René Ferron Sr de la Villandon, et dame Madelaine Gouyon, sa femme, veuve de messire Louis de la Piguelaie, seigneur vicomte du Chesnay, qui la vendent à messire Charles Drouët, seigneur de la Rochette, qui la cède en 1681, à la fille de Jan Busnel et Pierre Mouchoux, son mari, dont le fils, Malo-Marguerite Mouchoux, rend aveu en 1704.

Vendus en 1713, avec maison, métairie, fiefs et juridiction, les Roncerais furent acquis par maître Louis Gaisnel, sr des Mesnils, avocat à Hédé, et en dernier lieu par écuyer Mathurin Quettier, Sr de la Rochette.

Les Roncerais avaient moyenné et basse justice, à cause des fiefs des Roncerais, de Neuvoi, du Bois Hamon, etc..., et réunis par lettres patentes du roi de mars 1682. Elle se servait des prisons de Hédé.

Droits honorifiques de banc et enfeu avec pierre tombale armoyée, obtenus du seigneur de Montbourcher, Fondateur de l'église et auquel on devait, pour cela, une paire d'éperons à chaque mutation du seigneur.

La Rochette

Terre et maison nobles.

Relevant prochement du Roi en partie, et, en partie de Montbourcher. On y trouve en 1513 n. h. Gilles de la Haye, de la maison du Plessis-au-Chat, en Dingé, en 1560, demoiselle Louise de Plesguen, dame de la Rochette, fille probablement de Bertrand, qui tient en 1513 le « lieu noble du Plessix », et y demeure avec son frère juveigneur, Jehan de Plesguen.

En 1601, Tristan de la Haye, parrain d'une cloche en l'église de Dingé, est dit, dans l'acte du baptême, seigneur de la Rochette.

En 1665, la Rochette appartient à la famille Quettier, avec écuyer Guillaume-Joseph, époux de dame Louise Gaësdon, + le 10 février 1676, dont le fils Mathurin, marié à dame Anne-Claude de Kererault, meurt à son tour en 1745, et le petit-fils, messire Gilles-Jan Quettier, décédé « au château de la Rochette » en 1790, né en 1700, est inhumé dans son enfeu, en l'église, le 15 mars, à l'âge de 89 ans.

La Rochette possédait une juridiction, peut-être moyenne, dont les condamnés étaient confiés aux prisons royales.

Droits honorifiques en l'église de Vignoc avec droit de banc, enfeu et pierre tombale, situés auprès et au-dessous de l'Autel de la Vierge.

Beauregard

Maison noble.

En 1578 et 1582, à Gilles Blondeau, écuyer, époux de dame Françoise Hattes ; en 1634, à écuyer Guy du Bouays, sr de Saint-Gondran, et sa compagne, dame Jacquette Bechard ; en 1645, à maître Jan des Fougérais, sénéchal de Hédé, époux de Marie ou Macée Crosnier ou Cormier, puis en 1683 à leurs héritiers.

Beauregard appartient ensuite à n. h. Pierre Cordonnier, Sr de la Bouexière, époux de dame Jeanne-Gabrielle Fouquet, qui y demeurent et, après eux, à leurs enfants qui y demeurent jusqu'en 1754.

Juridiction, nous ne savons laquelle, mais, vraisembiablement, simplement basse, confiant ses prisonniers aux prisons de Hédé.

 

L'Auditoire.

Sur cette petite place centrale, en triangle, de Hédé, formée par l'écartement de la route venant de Rennes et se divisant en deux branches peur se diriger, d'un côté, vers Saint-Malo, et, de l'autre, vers Dol et la Normandie, s'élevait, non pas un monument, la Ville n'en avait point, mais un ensemble de constructions plus importantes que les maisons des habitants, généralement très simples et très petites, et d'un aspect moins banal.

Cet ensemble, ou groupe, qui occupait la partie Nord, la plus large du triangle et dont il couvrait plus de la moitié, comprenait l'Auditoire, les Prisons et les Halles [Note : La place de Hédé n'avait point alors l'aspect que nous lui voyons aujourd'hui. Elle n'était point triangulaire et en pente, mais, au contraire, carrée et horizontale. Les routes de Rennes à Dol et à Saint-Malo qui en formaient les côtés ne se séparaient qu'à la hauteur d'un puits, dit « grand puits », auprès duquel, tandis que la première continuait tout droit, la seconde s'infléchissait vers l'Ouest, bornant un petit espace vide qu'on appelait « le Parquet » dans lequel se tenait le marché au blé, pour aller rejoindre en ligne brisée la rangée des maisons qui se succédaient, toutes contiguës, jusqu'au chemin des Quatre-Croix, ne laissant que l'ouverture de la petite rue du « Château ou du Bayle » qui venait y aboutir. Le côté Nord était, comme maintenant, formé par la petite rue qui joignait les deux routes. C'est sur cet emplacement, à peu près carré, que s'élevaient l'Auditoire, les Prisons et les Halles. Ce n'est qu'à la fin du XVIIIème siècle, à la suite du projet présenté en 1760 par le sieur Even, ingénieur, pour le relèvement et le remplacement de l'antique pavé, rompu et effondré, et de son unique ruisseau qui coulait au milieu, par un pavé neuf avec un caniveau de chaque côté, l'alignement, le nivellement et l'élargissement des rues de Hédé, que la route de Saint-Malo fut tracée en ligne droite, à partir du Grand Puits, et abaissée considérablement, tandis que celle de Dol était, au contraire, un peu surélevée, coupant la place en deux parties inégales, en l'écartant de la ligne des maisons et la réduisant au triangle actuel, qui, après avoir été dressé, nivellé et soutenu à l'Ouest, par un mur en pierres sèches, que nous avons pu voir encore, et qui ne fut démoli qu'au milieu du XIXème siècle dernier, pour le descendre au niveau de la rue, sans, toutefois, en changer la forme].

L'Auditoire, siège de la Juridiction, Chef-lieu, pour ainsi dire, de cette partie du Domaine qui constituait le Ressort de Hédé, centre auquel venaient se rattacher toutes les terres nobles et juridictions qui y étaient comprises, dans lequel le Sénéchal rendait la justice au nom du Roi et recevait pour celui-ci les actes d'Hommages, d'Aveux, d'Obéissance et de Soumission, à lui dûs par leurs possesseurs, et où, d'autre part, les Bourgeois de la Ville se réunissaient pour discuter les affaires et les intérêts de la Communauté ;

Les Prisons, nécessaires pour l'exécution. des arrêts du Tribunal et le maintien et la garantie du bort ordre ; les Halles, enfin, autour desquelles les autres marchés : marché au blé, au fil, marché à l'Avoir [Note : Marché aux bestiaux], venaient se joindre, tous ces services publics, judiciaires, communaux ou économiques réunis dans un lieu unique et bien cntral, étaient, par cela même, d'une grande utilité et d'une grande commodité pour la population.

A quelle époque remontent ces constructions qui durent être toutes élevées en même temps puisqu'elles se joignaient, engagées même les unes dans les autres, pour ne former qu'un tout ? Nous l'ignorons. Il est probable que ce fut au XIIIème siècle, à cette époque où la terre de Hédé devint possession ducale et eut une organisation semblable à celle des autres terres du Domaine.

Toutefois, c'est en 1454 seulement, dans une Réformation du Domaine, que nous en trouvons mention pour la première fois ; encore n'y est-il question que de la Cohue.

En 1554, pour la première fois, un acte officiel nous parle de « l'Auditoire et Tribunal dud. Hédé », à l'occasion de l'acquisition de la terre et seigneurie par Messire François du Breil et de la prise de possession réelle faite, en son nom, par son Procureur, Maître Vincent Gourdel ; mais cet acte ne nous fournit aucune description et la Réformation. de 1601 n'est pas plus explicite.

C'est donc seulement au moyen de quelques renseignements épars que nous avons pu récolter de côté et d'autre, et en, faisant appel à la mémoire de quelques Anciens du pays dont les pères avaient, encore pu voir à la fin du XVIIIème siècle, avant leur complète démolition, les restes des bâtiments de l'Auditoire, la place et les dispositions de l'édifice, que nous allons en essayer la reconstitution et une description succincte.

L'Auditoire était aspecté à l'Est, sur le bord de la rue ou route conduisant à Saint-Malo, faisant face à la maison, dite de Saint-Juvat [Note : Maison faisant le coin de la route de Saint-Malo et de la ruelle actuelle du château, aujourd'hui démolie et remplacée par une maison neuve avec un haut perron] et au chemin qui conduisait au baile du Château [Note : Dite rue du Baile, actuellement rue du Château]. Placé un peu en arrière d'un petit mur en pierres sèches faisant bordure, le bâtiment comportait un rez-de-chaussée et un étage.

Le rez-de-chaussée était divisé en quatre petites pièces aménagées à usage de boutiques s'ouvrant sur la façade et louées à de petits marchands. A l'extrémité Nord s'ajoutaient deux autres pièces faisant partie de la Prison, Cachot et Basse Fosse.

L'étage auquel on accédait par un double escalier extérieur, contenait seulement deux pièces, à l'intérieur modestement blanchi à la chaux et dallées de carreaux de briques, l'une, très grande, au-dessus des boutiques, la Salle des Plaids Généraux pour les affaires civiles de la juridiction royale et même de quelques juridictions seigneuriales telles que, les Bretêches, la Bougraie, la Talmachère, la Couaspelaie, la Guéhardière, et plus tard, la Crozille et le Chatelier, par union et reversion à celles du domaine du roi [Note : Réponse de M. Ruault de la Tribonière, Subdélégué, à M. l'Intendant de Bretagne. (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, C. 110)] ; et la seconde la Chambre Criminelle, de moindre dimension, qui, recouvrait le Cachot et la Basse Fosse, communiquant, d'une part, avec la première par une porte intérieure, et, d'autre part, avec les prisons par une autre porte donnant sur une galerie extérieure et un escalier aboutissant à la cour de la geôle.

Cette chambre avait encore une autre destination et, lorsque les affaires criminelles chômaient, ce qui, heureusement, devait être assez fréquent, était utilisée comme leur Hôtel de Ville, par les nobles Bourgeois, pour la tenue de leurs assemblées.

La couleur rouge des tuiles du toit qui recouvrait les « galetails » ou greniers, s'harmonisant avec le gris bleu des ardoises, tranchait sur le ciel et laissait tomber une note gaie sur les pierres grises et sombres de l'édifice.

La façade montrait un certain nombre d'ouvertures : au rez-de-chaussée, celles des quatre petites boutiques et du Cachot et de la Basse Fosse, celles-ci étroites et grillées, et, au-dessus, les deux grandes fenêtres qui, avec une large porte, éclairaient la grande salle des Plaids ; deux autres, enfin, s'ouvrant clans la Chambre criminelle et l'appartement du geôlier qui y faisaient suite.

Sur le tout se dressait une tour ou clocher pour une horloge. Cette tour, bâtie en bois, comprenait un petit cabinet ou cage où tombaient les poids, une petite chambre au-dessus, aussi fermée, pour contenir les rouages de la machine, et, enfin, comme couronnement, se terminait par un « dôme » à jour, ouvert de tous côtés, soutenu par quatre poteaux, dans lequel étaient placés le cadran et la cloche qui sonnait les heures.

Sur la partie de l'Auditoire opposée à la façade, mur nu et sans ouvertures, venait s'appuyer un des côtés des Halles.

Une horloge était une chose trop utile pour que la Communauté ne se fût pas préoccupée de s'en procurer une. Nous ignorons la date de l'inauguration de la premiere, mais nous savons, du moins, par les registres de l'église, qu'au commencement du XVIIème siècle elle en possédait une.

« Le dixhuictyesme jour du moys de janvier mil six centz trante et troys, en l'église de Notre-Dame de Hédé, la cloche dédiée pour servir d'orloge aux habitants a été nommé par noble homme Francois Le Lièpvre, Sr du Meslay, Conseiller du Roy et son Sénéchal audit Hédé, assisté de Dlle Suzanne Busnel, femme et compagne de noble homme François de Bien, Sieur de Lavau, Conseiller du Roi et son Procureur au Siège ; ont été présents : Louis Bréal, Sieur des Provostais, Maître Jan, des Fougerais, Sr desdits lieux, et autres, et ont soussignés » [Note : Registres des baptêmes de l'église Notre-Dame de Hédé].

En 1681, un Arrêt du Conseil du Roi concernant la Communauté de la Ville met à sa charge et inscrit à son budget une somme de 27 livres pour l'horloge, que nous laisserons pour le moment, afin de suivre maintenant l'Auditoire dans les péripéties de son existence, jusqu'à sa chute définitive.

Lorsqu'en 1554, le nouveau seigneur de Hédé, après toutes les formalités de la mise en possession réelle, acceptait les Halles et les bâtiments de l'Auditoire, c'est que ceux-ci étaient en bon état, comme ils devaient l’être encore quelques années plus tard, en 1565, lors de leur retour au Domaine, puisqu'il n'est fait alors aucune observation par les agents du roi, comme il en sera fait cinquante ans plus tard, en 1617, quand la dame de Hédé, dame Catherine de Reillac, veuve de Messire Antoine de Bréhant, rendant la terre, voulut se faire rembourser du prix de son acquisition.

Cette dame, peu soucieuse de remplir ses engagements au sujet de l'entretien qu'elle devait des bâtiments de la seigneurie qu'elle achetait, n'en avait pris aucun soin et les avait laissé tomber en ruines.

Les Trésoriers des Etats, avant d'effectuer le remboursement, exigèrent qu'il fut fait une vérification, et, un procès-verbal rédigé à cette occasion, le 30 octobre, colistata que « à l'Auditoire il manque toute la couverture, ce qui contraint les Officiers à tenir leurs audiences au-dessus des Prisons et que les réparations pourraient s'élever à la somme de 800 livres ou environ » [Note : Archives départementales des Côtes-du-Nord. Procès-verbaux des Etats siégeant à Rennes en 1617].

Certes, les réparations furent faites, mais peut-être pas aussi complètes et avec tout le soin qui eût été nécessaire, car c'est à partir de ce moment que la décadence va commencer d'une façon sérieuse.

Les Etats qui géraient alors le Domaine royal en confiaient le soin à des fermiers chargés de son administration et qui devaient veiller à son bon entretien.

Le 11 janvier 1649, Maître Pierre Hardy, Sr du Chesne-Gaudin, Avocat et Notaire royal à Hédé, procureur du fermier du domaine, fait dresser par le Sénéchal, avec l'aide de Patrice Lambert, « l'un des architectes de la Ville », un état de lieu de l'Auditoire et des Prisons, qui conclut, en ce qui concerne particulièrementl'Auditoireque « le haut de la grande porte d'entrée est prêt à tomber, faisant ventre advis la rue et aussi estre besoing de relever et aranger jusqu'à cinq pieds du bas, et, pour la couverture, estre nécessaire de la réparer de neuf en plusieurs endroicts ; d'une douzaine de chevrons, six cens de lattes, cinq milliers de clous et trois milliers d'ardoises ».

Vingt-cinq ans plus tard, un nouveau procès-verbal, rédigé à la requête de Maître Jacques Desforges, sous-fermier du Domaine, par Maître Charles Hardy, fils de Pierre, ci-dessus, aussi et comme lui Avocat et Notaire royal, nous montre l'Auditoire, et particulièrement la Chambre qui servait d'Hôtel de Ville, dans un piteux état.

« Le plancher de la Chambre criminelle est à refaire, nous dit l'expert, la galerie qui conduit de la Haulte Chambre criminelle à, l'Auditoire, aussi bien que celle sur l'Auditoire sont à réparer ; la chapeleure de la porte d'entrée est cassée du costé de la prison et a baissé tellement que, pour éviter la chute d'icelle et de la muraille qui est au-dessus, il est nécessaire de refaire ledit pignon et muraille... ; aux deux panneaux de la fenestre dud. Auditoire, vers le Nord, il n'y a aucune fenestre ny vitrages et que les vitres des trois autres fenêtres sont cassés en divers endroicts aussy bien que les carrées de boys auxquelles elles sont attachées, à réparer ».

A la suite de ces constatations, quelques réparations, du moins les plus urgentes et les plus indispensables, furent entreprises par les Trésoriers généraux de France et du Domaine, et, pendant un certain temps, jusqu'à la fin du siècle, l'Auditoire ne semble plus vouloir faire parler de lui.

Pendant ce temps, l'Horloge continue à marcher et la Ville vote, chaque année, 27 livres pour l'horloger qui s'en occupe. Cependant, il semble qu'elle ait souffert un peu, car, dans leur compte de 1703-1705, les Miseurs de la Communauté de Ville inscrivent à leur budget une seconde somme supplémentaire de 12 livres payable à un horloger pour visiter l'Horloge [Note : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, C. 393. — Comptes des Miseurs de Hédé].

Le résultat de l'examen ne fut pas favorable. Le dôme qui devait abriter l'horloge, étant en mauvais état, l'avait mal garantie et, dans les budgets de 1706 à 1708, on dut voter une somme importante pour le reconstruire à neuf.

Malheureusement, il était trop tard, le mal était fait. La pluie et les intempéries auxquelles elle avait été exposées pendant trop longtemps et dont elle avait été mal défendue par son dôme ruiné avaient laissé la rouille s'infiltrer dans les rouages et la machine ne pouvait plus fonctionner. Il devint nécessaire de la remplacer par une neuve.

Cela cependant ne pouvait se faire tout de suite, car c'était une grosse dépense, et, ce ne fut que le 22 février 1739, que les Bourgeois, dans leur délibération, s'occupent, en effet, « de la conduite et de l'entretien de l'horloge nouvellement construite ». C'était bien, mais les Bourgeois, en faisant cette acquisition et en l'installant à la place de l'ancienne parce qu'elle était bien centrale et qu'on avait l'habitude de l'y voir, n'avaient pas réfléchi à l'état du bâtiment qui allait la supporter. Ils ne pensaient pas que l'édifice était vieux, que le mauvais état d'entretien que nous avons constaté à diverses reprises, n'avait pu que l'affaiblir encore, que les nombreuses réparations ou plutôt les raccommodages qu'il avait dû subir continuellement, s'ils suffisaient à boucher des trous et à retarder momentanément sa chute, ne pouvaient prétendre à lui conserver une solidité efficace.

En effet, si, en 1769, M. Ruaulx de la Tribonière, délégué de l'Intendant, peut encore lui écrire que « l'Auditoire pourrait encore subsister avec quelques réparations si on faisait construire une nouvelle Chambre du Conseil », c'est que, même avec la restriction qu'il ajoute, il veut se faire illusion et voit les choses d'un œil trop optimiste. Il aurait dû dire l'Auditoire, en partie, puisqu'il ne restait plus, en réalité, que la grande salle qui devait suffire à tout, cette Chambre criminelle dont il demandait le rétablissement, qui servait d'Hôtel de Ville aux Bourgeois, étant « écroulée depuis tantôt quinze ans avec les prisons au-dessus desquelles elle était placée ».

Ces réparations que le Subdélégué jugeait nécessaires, il n'était pas facile d'arriver à les obtenir. Le roi qui n'avait pas d'argent pour l'entretien des Auditoires et prisons de son domaine et allait le mettre, par l'arrêt de son Conseil d'Etat du 29 mais 1773, à la charge « des Villes dans lesquelles les Cours et juridictions sont établies », sous le prétexte que « s'il doit en résulter une charge pour elles, elles en sont indemnisées par les avantages que leur procure l'établissement desdites juridictions, soit par la plus grande proximité des tribunaux, et une police plus exacte, soit par le loyer plus avantageux des maisons, la plus grande consommation et le plus haut prix des denrées occasionnées par l'affluence des étrangers, d'où résulte l'augmentation des Octrois dont jouissent la plupart des villes où lesdites juridictions sont établies » [Note : Archives départementales des Côtes-du-Nord. — Arrêts et Règlements T. XXII, p. 497], était peu disposé à faire des dépenses pour le rétablissement de l'Auditoire de Hédé.

Quant à la Ville, elle comprenait très bien que ce n'était pas des réparations qu'il fallait à l'Auditoire, mais une réfection. complète. Elle y pensait depuis longtemps, et, dans une séance tenue le 20 février 1752, elle suppliait l'Intendant de faire faire un devis pour la reconstruction de l'Auditoire, des Prisons et des Halles ; mais avec un budget aussi restreint qu'était le sien et malgré les soi-disantes compensations qu'offrait l'Arrêt du Conseil d'Etat de 1773, elle ne pouvait penser à entreprendre un tel travail.

En outre, l'Horloge était, nous dit une délibération de la Communauté de Ville du 10 juillet 1770, « dans un pitoyable état ». Les supports du Dôme « sont depuis huit à neuf ans pourris, il n'y en a plus qu'un qui résiste depuis trois ou quatre ans ».

MM. Hérisson de Lourme et Cochery, Echevins, chargés par la Communauté de Ville de la visiter, firent venir le Sieur Morice, horloger, qui déclara, après l'avoir examinée, que le « défaut de réparation a fait rouiller les ressorts tellement qu'ils demandent actuellement de très grandes réparations, et que, pour les faire, il en coûterait au moins 90 livres ».

Il y avait urgence. La Communauté décida donc de s'en occuper sans retard. Il fallut, tout d'abord, étayer le clocher, prêt à s’écrouler pour permettre la descente de la machine, fournir les bois et matériaux nécessaires, payer l'ouvrier chargé du nettoyage, ce qui fit plus que doubler la Somme prévue qui s'éleva à plus de 200 livres, payées le 12 avril 1772.

Ces grands travaux permirent de laisser encore quelque temps l'horloge sur les murs branlants de ce qui restait de l'Auditoire, mais enfin, à la suite d'une nouvelle visite faite de la machine par le Sr Saint-Jean, horloger à Rennes, la situation était devenue intolérable et les habitants, peu rassurés, toujours en crainte d'un accident et en défiance, décidèrent, dans leur séance du 31 juillet 1781, « l'ancien Auditoire étant sur le point de s'écrouler », de demander aux Religieuses Ursulines, chez lesquelles ils venaient déjà de trouver une chambre pour tenir leurs assises ; de vouloir bien prendre aussi leur horloge dans le clocher de leur chapelle où il n'y en avait pas.

Après avoir obtenu de l'Intendance l'autorisation nécessaire et à la suite d'un arrangement avec les Religieuses, aux termes duquel celles-ci, qui étaient cloîtrées et dont l'entrée du couvent était interdite à tout étranger, seraient seules chargées de la conduite de la machine au prix de 27 à 28 livres par an, se réservant le droit de la rendre en cas de difficultés, et, si des réparations devenaient nécessaires, que la Ville ne put introduire chez elles des ouvriers qu'avec leur consentement, ces conditions ayant été acceptées, le transport eut lieu et le 13 novembre on remboursait à M. de Lourme, Maire, la somme de 707 livres qu'il avait coûté.

Ce fut sa dernière étape et elle ne fut pas longue, car, au commencement de 1793, les soldats du général Cefer étant, venus se réfugier jusqu’à Hédé, après la déroute de Pontorson, et ayant mis, en partant, le feu dans le Couvent où ils étaient logés, elle finit dans l'incendie.

Après le refus, en 1752, par l'Intendant de faire faire un devis pour la construction des Auditoire, Prisons et Halles, les habitants, malgré leur peu de ressources, continuèrent à payer, bien à contre-cœur, sans doute, parce qu'ils les regardaient comme inutiles et argent perdu en raison de leur insuffisance, pour des édifices en aussi mauvais état, des sommes de 187 livres et encore 150 livres en 1772 et 1775, qui auraient pu être mieux employées et d'une façon plus efficace pour leur intérêt et celui de la Ville.

En effet, ils ne savaient plus où se loger, « l'édifice où ils tenaient leurs assemblées (ce qui restait de l'Auditoire) menaçant de s'assoler au premier moment ». Ils avaient fini par trouver un local pour le remplacer, la maison du Bas-Manoir, appartenant à la dame Broc de la Tuvelière, et demandèrent, le 2 novembre 1783, l'autorisation de l'acquérir.

Cette maison du Bas-Manoir, ancien manoir noble de Brénazé, pas jeune, sans doute, puisqu'elle datait de 1682, après l'incendie qui l'avait en partie détruite l'année précédente, leur convenait parfaitement, d'autant que, à Hédé, où les maisons un peu importantes étaient rares, elle avait cet avantage d'être aussi centrale que l'Auditoire, dont elle n'était éloignée que de quelques pas et séparée seulement par une petite rue.

L'affaire, nous ne savons pour quelle raison, ne put se faire et les Bourgeois, désappointés, en revinrent à leur premier projet de bâtisse et, quelques jours après leur échec, le 23 décembre, firent une démarche auprès de l'Intendant pour qu'il « ordonnât au Sieur Piou, ingénieur, de dresser un plan d'une construction d'un Hôtel de Ville neuf, dans lequel se trouveraient une salle d'assemblée pour la Communauté, un petit cabinet d'Archives, un corps de garde et un dôme pour l'horloge ».

Il ne semble pas que les Bourgeois de Hédé aient été alors en grande faveur à l'Intendance. La réponse ne se fit pas attendre, mais la requête avait eu peu de succès.

Il ne croit pas, dit l'Intendant, nécessaire la construction à neuf d'un Hôtel de Ville ; il permet seulement à la Communauté d'affermer une ou deux chambres pour établir son Greffe et tenir ses Assemblées (9 mars 1784).

La Communauté fut obligée de se résigner et de chercher, tout en déclarant ne point abandonner ses projets futurs, un logement provisoire. Elle le trouva dans les bâtiments extérieurs, dits Maisons neuves, du couvent des Ursulines, où elle sous-loua d'abord, du Sieur Aubrée, pour trois ans, au prix de 46 livres par an, puis ensuite directement aux Religieuses, un appartement et un cabinet.

Cet appartement, il fallut le meubler. MM. Hérisson de Lourme et Binel de la Motte, deux des échevins, furent chargés de faire l'acquisition du mobilier qui, du reste, devait être des plus simples. Il devait se composer « d'une tapisserie sur papier ou toile ou autre tapisserie, une table, un tapis, dix-huit chaises et spécialement un Christ ». On y joignit des flambeaux, avec deux paires de mouchettes, deux flambeaux appliques, pelle et pince à feu et quelques autres menus objets.

Si modeste qu'il fût, ce mobilier n'en coûta pas moins à la Ville la somme importante de 600 livres.

N'ayant pu obtenir un Hôtel de Ville tel qu'ils croyaient y avoir droit, les Bourgeois voulurent au moins, par leur délibération du 13 avril 1787, donner au local où ils avaient dû se réfugier un cachet spécial en apposant au-dessus de sa porte, pour le faire distinguer des autres maisons, ainsi que sur celle du Maire, deux écussons aux armes de la Ville.

Ces écussons devaient d'abord être peints à l'huile sur de la toile, mais comme cette toile ne pouvait avoir longue durée, il fut convenu qu'ils seraient faits «sur tôle appliquée sur du bois, avec un cintre en moulure ». (20 juillet 1788).

Les travaux nécessités pour l'enlèvement de l'Horloge avaient causé dans la toiture et la charpente vermoulues des dégâts irréparables, en sorte qu'aussitôt le transport effectué au Couvent, la Communauté de Ville déclare, le 31 juillet 1789, qu'il serait prudent d'ordonner la démolition, aux frais du Domaine, de cet « Auditoire étant sur le point d'achever de s'écrouler ».

Il avait tenu bon jusqu'au dernier moment et sa chute définitive n'eut lieu qu'en même temps que celle de la juridiction elle-même [Note : La disparition de leur horloge avec le couvent des Ursulines dans l'incendie de 1793 était, pour les habitants de Hédé, qui y étaient habitués et n'en avaient pas d'autre, une privation désagréable et incommode. Ils s'inquiétèrent de lui trouver une remplaçante, et, dans ce but, firent plusieurs démarches auprès des citoyens Administrateurs du District pour obtenir une de celles des ci-devant Communautés dissoutes ; sans résultat du reste. Ayant appris, alors, que le Sieur Tiengou, de Bécherel, avait acheté l'horloge de l'émigré Montmuran, les citoyens Courtin et Nobilet, membres de la Municipalité, délégués de la Ville, se rendirent à Bécherel, le 1er messidor an II, vers le Sieur Tiengou, et firent l'acquisition de ladite horloge au prix modique de 300 livres. Elle arriva à Hédé, le 7, pour être placée dans le clocher du Temple de l'Etre Suprême aussitôt que les réparations nécessaires, notamment un Chapiteau à quatre colonnes au dessus du Clocher, auront été faites (Registres de la Municipalité de Hédé, an II de la République). C'est, croyons-nous, toujours l'Horloge de l'émigré Montmuran qui sonne l'heure aux habitants (vers 1915)].

 

Les Prisons.

Les Prisons, conséquence du Tribunal, en formaient une annexe qui le reliait à la Cohue.

Aspectées au Nord, le long de la rue formant le petit côté du triangle de la place, entre la rue du Four ou de l'Eglise et la route de, Saint-Malo, elles présentaient, d'abord, en bordure de rue, en mur nu et plein, sans ouvertures, enclosant une petite cour pour la promenade des prisonniers et les bâtiments qui se trouvaient ainsi en retrait de la voie publique et en dehors de la vue des passants et constituaient, comme l'Auditoire lui-même, un des côtés des Halles.

Au rez-de-chaussée, immédiatement au-dessous de la Chambre criminelle de l'Auditoire ou Hôtel de Ville, étaient situés le Cachot et la Basse Fosse, pour renfermer les prisonniers les plus coupables, puis les latrines, et, à la suite, deux autres prisons pour des cas moins graves, simples délits ou contraventions de police, ou destinées plus particulièrement aux femmes pour les isoler et éviter toute promiscuité avec les hommes.

A l'étage, desservi par un escalier partant de la cour pour aboutir à une galerie en bois et les reliant à la Chambre criminelle, s'ouvraient trois autres pièces : à savoir, le logement du geôlier, contigu à cette Chambre ; puis, deux autres, plus petites, au-dessus des prisons du rez-de-chaussée, utilisées soit par lui-même pour son service personnel, soit comme local supplémentaire pour des femmes, soit, enfin, pour des prisonniers plus favorisés et admis à la pistole ; toutes ces pièces, sauf la Chambre criminelle par sa fenêtre intérieure et celle occupée par le geôlier, seule éclairée sur la rue, recevaient l'air et la lumière uniquement de la cour intérieure à travers les grilles et les barreaux d'étroites ouvertures.

Le geôlier était seul et n'avait point de guichetier pour l'aider dans son service ; il suffisait à la besogne. « Il n'était point en titre d'office, les juges nommaient qui bon leur semblait » [Note : Rapport de M. de la Tribonière à l'Intendant de Bretagne en 1769. Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, C. 110].

Cette affirmation du Subdélégué pouvait être exacte à la fin du XVIIIème siècle, mais autrefois il n'en était pas, peut-être, tout à fait ainsi.

Les prisons royaulx, comme l'on disait, faisaient partie du domaine royal qui, dans l'intérêt général, devait veiller à leur conservation, mais, celui.-ci, afin de se procurer les ressources nécessaires à leur entretien, commençait, non par donner, mais par affermer cette charge de gardien à beaux deniers comptants.

Lorsque l'acquéreur avait fait affaire avec le Receveur du Domaine et payé la caution à laquelle il était imposé, il se retournait vers le Sénéchal pour demander à celui-ci de l'accepter et l'admettre à prêter serment, ainsi qu'il résulte de la « requeste présentée le 12 décembre 1668 par Maistre Bonabes Thébault, l'un des sergents royaux, par laquelle il remontroit que, par acte passé le jour d'hier entre luy et Maistre Jan Robiou, Sieur des Planches, Procureur et faisant pour le fermier de ce domaine, il auroit affermé les prisons de ce siège dépendantes dudict Domaine, requérant en conséquence qu'il nous eust pleu le recevoir et admettre en la charge de Geoslier et Garde des dictes prisons, ladicte requeste portant de notre Ordonnance du douziesme décembre dernier entre montrée au Procureur du Roy, pour, luy ouy en ses conclusions vers Nous, estre ordonné ce que de raison... Conclusions dudict Procureur du Roy portant consentement que led. Thebault eust été resceu à faire la fonction de Geoslier et Garde des prisons royaux de cedict Siège, parce que, au préalable, il presteroit le serment de bien et fidèlement se porter au faict de lad. charge et auroit un papier et registre chiffré et millezimé pour mettre la charge et descharge des prisonniers qui y seroient constitués et de garder et observer les Ordonnances royaux et bailleroit cauption de la somme de cinq cents livres conformément aux Arrests et Règlements de la Cour et feroit les autres submissions au Greffe, en tel cas requis » [Note : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. — Minutes du Greffe de la Sénéchaussée de Hédé].

Le 19, toutes ces conditions ayant été remplies par Maître Bonabes Thebault, celui-ci prêta serment le lendemain devant le Sénéchal, Maître Julien Louys, Sieur du Vivier, en son logis.

Mais quelquefois, il est vrai, quand le fermier du Domaine, pour une raison quelconque, oubliait de s'occuper de ce personnage, le Sénéchal, ne voulant point laisser la place inoccupée, se chargeait d'y pourvoir en nommant lui- même et de sa propre autorité un gardien des prisons. Ainsi, le 25 août 1656, « faute par n. h. Guillaume Cohue, Sr de la Billardaye, fermier du Domaine, d'avoir présenté un Geôlier aux prisons du Siège... Avons nommé, nous dit le Sénéchal, Maître François Bréal, et commis à la garde desdites prinsons l'appelé Gilles Le Corvaisier, ordonné qu'il viendra prester le serment de s'y bien et fidèlement porter et se charger par inventaire du procès-verbal des fers et aultres choses qui sont aux dictes prinsons pour la garde et conservation des prisonniers. — Arresté à Hédé le 22 août 1656. — Françoys Bréal ».

Nous ne savons quels étaient ces fers et autres instruments pour la garde des prisonniers, dont Gilles Le Corvaisier assumait la charge et la responsabilité en 1656, mais nous nous souvenons d'avoir vu nous-même, utilisés encore jusqu'au milieu du XIXème siècle, des Ceps anciens, longues et fortes poutres de chêne, placées l'une sur l'autre, jointes à un bout par une charnière et fermées de l'autre par un cadenas, percées d'un certain nombre de trous, deux par deux, dans lesquels on introduisit les pieds des prisonniers pour les empêcher de s'évader.

Pour que le Geôlier affermât sa charge et fournit un cautionnement, il fallait bien qu'il lui fut accordé en échange quelques dédommagements et quelques avantages et qu'il pût en tirer quelque profit.

Ces avantages consistaient, d'abord, dans la gratuité du logement qui lui était attribué dans les prisons, puis dans l'exemption de l'impôt de la capitation et du logement des gens de guerre qui était fort lourd pour les habitants, tant à cause des continuels passages de troupes à Hédé, que du séjour de celles qui y venaient en quartiers. Il n'avait point d'appointements fixes et son salaire variait selon le nombre et la qualité des gens qu'il avait à garder. En tout cas, on peut dire qu'il devait être assez mince et assez peu rémunérateur.

Les clients du Geôlier lui étaient généralement fournis par la Cour royale et se divisaient en diverses catégories.

Il y avait, d'abord, les grands coupables, accusés ou convaincus de crimes, tels que vols, assassinats ou autres, qui venaient attendre dans le cachot l'exécution de la sentence et le châtiment, ou, tout au moins, leur transport dans la prison de Rennes lorsqu'ils en appelaient au Présidial.

Cette première catégorie devait être assez rare, parce que, d'une part, les magistrats, attendu le mauvais état des prisons, n'étaient pas tentés de les y garder, et que, d'un autre côté, les condamnés s'empressaient de faire appel.

Les crimes, croyons-nous, ne devaient, du reste, pas être fréquents à Hédé. Nous n'avons pas trouvé les registres de la justice criminelle de la Cour, mais, lorsque nous avons rencontré quelques coupables, ce sont toujours des étrangers. C'est tout d'abord un gentilhomme, écuyer François Grignart, Sr des Vairyes, né à Bazouges-sous-Hédé en 1645 et mort en 1675, « prévenu de crime capital », amené aux prisons royaux pour y être constitué prisonnier le 4 août 1671, aux fins des jugements rendus contre lui..., et refusé par le Geôlier, Maître Bonabes Thébault, jusqu'à ce que celles-ci aient été fortifiées et mises en estat de le recevoir et de le garder..., puis, un Julien Roger, emprisonné le 6 mars 1734, à la requête de Maître Jacques de la Mare, Procureur du Roi, condamné à mort le 20 avril, et gardé pendant cinq mois et vingt-deux jours, jusqu'au 28 août, où il a été conduit à son appel. En 1743, est arrêté à la Besnelaye et enfermé le 1er avril aux prisons de Hédé, à la requête de M. le Comte de Bourgon, seigneur dudit lieu de la Besnelaye, un mendiant vagabond, nommé Yves Le Duc, dit Chevalier, accusé d'attentats envers des enfants et condamné pour cela, le 29, aux galères.

Après les criminels venaient les prisonniers de police, les ivrognes, les vagabonds, les réfractaires aux règlements. C'étaient les plus nombreux et, à l'époque du tirage au sort, qui était alors, comme aujourd'hui encore, du reste, l'occasion habituelle de libations et de beuveries trop nombreuses et prolongées, de querelles et tapage, il y avait de fréquentes arrestations ; enfin, les détenus militaires qui comprenaient, non seulement les soldats indisciplinés ou déserteurs, mais les filles de joie qui accompagnaient les troupes, soit dans les étapes, soit dans les cantonnements, et causaient du scandale. Cette catégorie devait aussi fournir un fort contingent, à cause de la situation de Hédé, lieu d'étapes sur les routes très suivies de Saint-Malo et de la Normandie, et, en même temps, séjour fréquent de soldats en quartier.

Comme le Geôlier n'était que l'agent du Domaine royal, propriétaire des prisons, c'est à ce dernier qu'incombaient le logement, l'entretien et la nourriture des prisonniers.

Le Domaine ne se montrait pas large à leur égard ; il accordait seulement deux sous par jour au Geôlier et deux sous aux prisonniers. Pour ces deux sous, ceux-ci avaient droit à du pain, de l'eau et de la paille fraiche [Note : Il est certain que ces indemnités étaient loin de ce qu'elles auraient dû être si le Domaine avait observé le règlement si humain et si bienveillant de la Cour concernant les Geôliers et Concierges des prisons du ressort, du 26 octobre 1688, ordonnant « que lesdits Concierges et Geôliers fourniront alternativement de deux jours l'un à chacun des prisonniers chargés et retenus en leurs prisons tant pour dettes que pour crimes, trois pains de bon froment pesant chacun... dix onces pour ceux qui seront dans des chambres ou hors les basses fosses et quatre pains de pareil poids pour ceux qui seront dans les basses fosses, et l'autre jour aussi à chascun desd. prisonniers indifféramment trois sols pour employer ce que bon leur semblera..., sans pouvoir, lesdits Geôliers, se dispenser de fournir ledit nombre de pain et d'argent sous prétexte de composition..., fourniront en outre, tous les lundis du mois..., quinze livres de bonne paille de blé seigle aussi à chacun desdits prisonniers, qui seront., en outre, fournis journellement de bonne eau fraiche et potable autant qu'il leur en sera nécessaire, sans pouvoir prétendre aucun profit... ; enjoint lad. Cour.... laisser passer les vivres et aumones que l'on portera aux prisonniers aux heures des repas, sans néanmoins souffrir l'égard des breuvages qu'on porte par jour à chacun desdits prisonniers, scavoir plus d'un sol d'eau-de-vie, trois pintes de cidre ou trois chopines de vin, l'un excluant l'autre... Assisteront lesdits prisonniers avec dévotion à la messe qui se dira dans lesd. prisons et aux prières qui se diront les soirs et matins, mesmes aux exhortations qui s'y feront à laquelle fin se transporteront aux chapelles ou lieux destinés à dire la messe et faire la prière » (Archives départementales de Saint-Brieuc, B. 28. — Etats de Bretagne)].

C'était maigre certainement et moins que confortable, mais alors ce qu'on cherchait surtout, c'était de protéger les honnêtes gens par la juste punition des coupables en ne leur donnant que le strict nécessaire et on n'aurait point songé, alors qu'il y avait tant de misères et de malheureux honorables à soulager d'abord, à bâtir des palais pour les malfaiteurs et leur offrir, dans l'abondance et le luxe, d'agréables villégiatures.

Pour retirer quelques bénéfices de ces quatre sous par jour qui lui étaient accordés pour nourrir les prisonniers et vivre lui-même avec sa famille, cela devait être difficile, d'autant que les motifs des condamnations ne devaient être généralement pas graves et n'entraînaient qu'un court séjour dans la prison. Il touchait bien encore, il est vrai, une indemnité de vingt-quatre sous, comme droit d'entrée et de sortie pour les prisonniers de police qu'il ne gardait que quelques heures et dix sous pour chaque soldat qu'on enfermait aux prisons lors du passage des troupes, mais cela ne suffisait pas à l'enrichir. En outre, il fallait, pour arriver à se faire payer, toute une longue procédure, à savoir : présenter au Procureur du Roi un état des dépenses que celui-ci vérifiait, pour, ensuite, obtenir du Sénéchal un jugement exécutoire à fournir aux représentants du Domaine. Encore était-il même quelquefois besoin de recourir à comme le fit Jean Thébault, en 1673, pour être admis à toucher sur les deniers « provenant des jouissances du Domaire de sa Majesté destinez à la pention et nouriture des prisonniers detenuz à la requeste du Procureur du Roi... jusqu'à concurrence et parfait payement de la somme de 6 livres 18 sols, à quoi se trouve monter le pain par ledit Thébault fourny à Jacques Gabriel depuis le 6 novembre que led.. Gabriel y fut hostagé, jusqu'au 21 décembre qu'il en fust deschargé par les sergents royaux... pour le conduire à... à raison de 3 sols par chascun jour».

Ces prisonniers entretenus par le Domaine n'étaient pas, heureusement, les seuls que le Geôlier eut à garder : il y avait encore les prisonniers pour dettes.

Entretenus par les créanciers qui les faisaient incarcére, à un taux supérieur à celui que payait le Domaine, puisque ceux-ci devaient consigner tout d'abord 9 livres par mois, à raison de 6 sous par jour, partagés entre le Geôlier et le prisonnier, chiffre que nous verrons même augmenter un peu et porter jusqu’à 8 sous, pouvant, par conséquent, se procurer quelques aises et quelque bien-être relatifs, un lit, peut-être une chambre particulière pour éviter le contact des criminels, et, d'autre part, retenus pendant un temps plus ou moins long qui pouvait se prolonger jusqu'à la libération de leur dette ou la lassitude des créanciers, ils représentaient pour leur gardien des chances d'une précieuse ressource. Mais là, encore, tout n'allait pas toujours sans accroc. Il arrivait quelquefois que le créancier, peu content de perdre son argent et d'être obligé d'augmenter la perte en nourrissant son débiteur, l'oubliait et qu'il fallait pour le rappeler à son devoir s'adresser au tribunal.

Le 25 octobre 1650, le sieur Guillaume Bouchée,. Geôlier, réclame à, Maître Thomas Huby les frais et dépenses faits aud. prisons par Pierre Frangeul, qu'il a fait constituer prisonnier du 4 juillet précédent, pendant 104 jours et est condamné à payer, du 4 juillet au 15 août, à raison de 8 sous par jour, faisant, pour 43 jours, 17 livres 4 sols 10 deniers, et, du 15 août jusqu'à ce jour, qui font 61 jours, à raison de 6 sols par jour, se monte à 18 livres 6 sols, qui, joints aux 17 livres 4 sols 10 deniers, fait la somme de 35 livres 4 sols. (Il y a ici deux taux diiférents).

En 1681, par arrêt du 21 janvier, le Sénéchal condamne Maîtres Venice et Le Bihan, Notaires royaux, à payer à Jan Guinot, gardien des prisons de Hédé, la somme de 45 livres, à raison de 6 sols par jour, pour la dépense de Collet-Villegohier, qu'ils avaient cautionné.

Autre arrêt de 1682, condamnant N... à verser aud. Jan Guinot la somme de 45 livres restant de la dépense de Jan Clermont, qu'elle avait fait enfermer comme débiteur de 339 livres, et de continuer régulièrement le paiement à l'avenir, sous peine de voir Jan Clermont mis en liberté.

Restait encore une dernière série de prisonniers dont le Geôlier de Hédé avait aussi à s'occuper : celle des gens condamnés par des juridictions particulières. En effet, un certain nombre de seigneurs, ayant droit de justice, surtout parmi ceux qui n'avaient que les Moyenne et Basse, quoique, par l'Ordonnance criminelle de 1670, ils fussent tenus d'avoir des prisons pour leurs justiciables, ne tenant pas, pour le peu qu'il pouvait s'en trouver, à consacrer un local spécial pour les renfermer, à entretenir et à subventionner un gardien, trouvaient plus naturel de les envoyer aux prisons royaulx, souvent inoccupées, et de les confier au Geôlier officiel, et ces justiciers étaient nombreux, puisque nous en comptons, d'après l'enquête faite en 1769, trente-trois dans ce cas à Hédé, à savoir : ceux du comté de Beauvais, de la Thébaudais, de Sévigné, Champaigné, la Rouaudière, en Gévezé ; Langouët, le Coudray et la Chaponière, en Langouët ; la Chatellenie du Chatelier, la Bougraie, la Boscheraie, la Chevalleraie, en la Chapelle-Chaussée et Saint-Brieuc-des-Iffs ; la moitié de la vicomté du Chesnay, en Guipel ; la Talmachère, la Couaspelaie, la Besnelaie, en Tinténiac ; les Bretèches, la Chatière, la Salle, en Saint-Symphorien ; la Commanderie de la Guerche, à Hédé ; Saint-Gondran et Couesbouc, en Saint-Gondran ; les Roncerais, moitié de la Villouyère, Beauregard, en Vignoc ; la Guéhardière, la Ville-Allée, la Burye, en Bazouges-sous-Hédé, et même en dehors du ressort, Couabrac et le Boisparis, en Dingé et en Langan [Note : Réponse de M. de la Tribonière, Subdélégué, à l'intendant de Bretagne. (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, C. 110)], dont quelques-uns empruntaient déjà l'Auditoire.

Quel appoint ces détenus seigneuriaux apportaient-ils aux émoluments du Geôlier ? Sans doute peu de chose, car, d'une part, la quantité n'en devait pas être considérable et, d'un autre côté, les seigneurs ne se montraient pas, sans doute, pour leurs condamnés, plus généreux que les fermiers du Domaine.

Somme toute, le total de ces revenus et produits divers, de quelque côté qu'ils provinssent, et, même en tenant compte de la différence de la valeur de l'argent à cette époque, bien supérieure à celle de nos jours, ne constituait, semble-t-il, au moins dans les derniers temps, pour le gardien, qu'une bien insuffisante rémunération de son travail.

La situation du Geôlier des prisons royaulx à Hédé, quoiqu'il ne fut pas en titre d'Office et ne comptât pas parmi les représentants de la Magistrature, ne laissait pas d'y être bien vue comme celle d'un agent inférieur de la justice.

Il ne pouvait pas être le premier venu ; il devai non seulement posséder une certaine aisance, puisqu'il lui fallait affermer sa charge et fournir caution, mais encore présenter certaines garanties morales, avant d'être agréé par les magistrats et admis à prêter serment, et si, dans le nombre, il s'en est trouvé quelqu'un, comme Jan Guinot, en 1645, « ivrogne et digne d'y être enfermé, qui insulte et menace le Procureur du Roi », ce n'est qu'une exception. Et même, quand, par suite du mauvais état des prisons, le nombre des prisonniers vint à diminuer et que les recettes et bénéfices à en tirer devinrent insuffisants pour le faire vivre et qu'il lui fallut chercher, à côté, de nouvelles ressources, ainsi que le fit Julien Dagoret, qui joignait à son emploi celui de Tambour de Ville aux appointements de 20 livres par an, peut-être le plus clair de son revenu, le Geôlier n'en fut pas moins considéré et, en 1691, le Sénéchal, Maître H.. C. Hervagault, n'ayant point sous la main les parents qu'il attendait pour tenir sur les fonts son nouveau-né, ne dédaignait pas de faire appel, pour les remplacer, à deux petits pauvres, dont Jan Dagoret, fils ou frère de ce Julien.

En 1619, lors de la rentrée de la terre de Hédé au domaine royal, le procès-verbal qui fut dressé contradictoirement entre les Etats de la Province et la dame Catherine de Reillac, veuve de Messire Antoine de Bréhant, seigneur de la Roche Saint-Eloy, précédemment seigneur aussi de Hédé, constate que « les prisons dudit Hédé sont en bon état de réparation ». Mais cela ne dura pas longtemps et c'est la dernière fois que nous pourrons le dire.

De construction très ordinaire comme l'Auditoire, simple « maçonnaille » de pierres noyées dans la terre, dont la solidité tenait surtout à l'épaisseur des murs tels qu'on les faisait autrefois, les prisons, par suite de la négligence des fermiers du Domaine et de l'incurie des Geôliers eux-mêmes, n'avaient pas tardé à péricliter et, longtemps avant la fin du siècle, la décadence était déjà très accentuée.

Lorsqu'en 1668, Maître Bonabes Thébault acquiert la charge de Geôlier, il exigea, avant de prendre possession des prisons, qu'une expertise eut lieu pour constater le mauvais état dans lequel elles se trouvaient. « Le mur qui sépare la cour de la rue, nous dit cette expertise, a besoin d'être refait dans toute sa partie supérieure ; un autre qui sépare deux chambres menace ruine ; le plancher de la Basse-Fosse a trois ou quatre trous, soit par vétusté, soit par la malice des prisonniers qui ont retiré des carreaux ; dans la chambre basse, touchant la Basse-Fosse, se trouvent quantité de vidanges et de m... capable d'infecter les prisonniers et même les habitants... ; les latrines regorgent, faute d'évacuation ; ladite chambre basse, qui serait fort logeable et fort commode pour loger des prisonniers, n'a point de porte ; dans la muraille qui sépare ladite chambre d'avecq une autre, il y a cinq pieds de longueur de muraille sur troys de hauteur qui sont tombés ; il manque à la fenêtre quatre pieds de maçonnail à un pied de haut, ce qui pourrait causer la chute du coin de la muraille ; les fenêtres n'ont que l'ouverture et point de boiseries ; la garde des prisonniers doit être peu facile et l'évasion probable » [Note : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. Minutes du Greffe de la Cour de Hédé].

Trois ans plus tard, le 3 août 1671, les réparations sont encore à faire, aussi n'est-il pas étonnant que Maître Bonabes Thébault refuse, ainsi que nous venons de le voir ; de recevoir le Sieur des Vairyes, François Grignard, « les prisons étant en sy mauvais estat qu'il n'est pas possible d'y retenir auchunes personnes seurement avant qu'elles ne soient réparées ce qu'il a cy-devant dénoncé aux fermiers du Domaine », à moins « qu'il ne soit permis aud. Thébault de sequestrer ledit Grignart en la plus forte chambre des prisons, attendu les menaces que on faict de le faire sortir… et qu'il sera assisté à la garde et conservation dudit Grignart par des sergents royaux, aussi responsables ».

Maître Bonabes Thébault n'avait point tort de se défier de la sûreté de ses prisons et, grâce à l'incurie ou la mauvaise volonté des fermiers du Domaine, les réparations ne se faisant point, les évasions n'étaient pas rares.

Le 8 mars 1674, Maître Jan Thébault, fils et successeur de Bonabes, avertit le Procureur du Roi que le nommé Pierre Roulleaux, enfermé depuis dix jours à la requête de Messire… Le Mintier, Seigneur de Carmené et de la Crozille, profitant de ce qu'il était sorti vers les six heures du soir pour s'en aller « collationner en la demeurance ordinaire qu'il faict au proche de la rue de la Fonderie, jusqu'à sept heures du soir qu'il était rentré aux prisons pour y coucher [Note : Maître Jan Thébault, probablement célibataire, trouvait sans doute plus commode de prendre ses repas au dehors, jugeant suffisant, bien à tort, nous le voyons, de rentrer la nuit dans son logement aux prisons pour surveiller ses pensionnaires], s'était évadé ; qu'il avait faict au moyen d'une grosse trique de fagot, sous l'accoudouer de la fenêtre qui regarde la rue, en enlevant plusieurs pierres, un trou de deux pieds de longueur et un pied de haut par lequel il est passé et d'où il avait pu descendre par une corde de deux pieds et demi attachée à la grille ».

Cette évasion du sieur Roulleaux, effectuée presque en plein jour et au milieu de la ville, avait fait scandale et provoqué une grande émotion dans la population ; aussi les habitants se réunirent-ils avec Maître Jacques Desforges, sous-fermier du Domaine du roi à Hédé, pour adresser une requête aux Trésoriers de France et généraux du Domaine, et ceux-ci, « retenus à Rennes par leurs occupations », déléguèrent, le 6 mai 1674, pour procéder à la visite des « réparations nécessaires survenues par caducité aux édifices de la juridiction, les juges royaux de Hédé ».

L'enquête eut lieu le 18 et tel fut le triste résultat : « Sommes transportés aux prisons et avons vu, disent les experts, dans le cachot de... la porte qui est soubz l'Auditoire cassée et de nulle valeur et nécessaire de boucher de pierres maconnail, attendu qu'elle est inutile au service des prisons et remaçonner un jour dans la muraille de la cloture de la prison sur le puits qui y joint [Note : Le puits couvert d'une pompe, qui se trouve encore (vers 1915) au milieu de la place actuelle] ; dans la Chambre basse criminelle, qu'il y faut mettre et attacher une claveure à la porte, celle qui y estoit estant détachée et cassée ; qu'il faut une autre serrure à la porte de la Basse-Fosse et cachot, celle qui y est estant de nulle valeur. Ayant monté l'escalier à la première Chambre haulte qui est celle du Geôlier, avons vu l'effondrement et ouverture faicte cy-devant par le nommé Roulleaux... devant être bouchée et remplie de pierre maconnail à chaux et à sable. Dans la chambre est nécessaire d'attacher les planches qui en font le doublage, et la couverture et basse-fosse du cachot avec des chevilles de fer, ou, du moins, les attacher par le dedans de lad. chambre par les deux bouts avec une pièce de bois qui les traversera pour empescher que les prisonniers que l'on met dans lesd. cachots puissent lever led. doublage, comme a esté faict cy-devant ; que les murs de lad. chambre estant couleuvrés, il est besoin de les cotter de terre par dedans ; estant entré dans la chambre des latrines, avons veu la muraille de dessous de ladite fenestre sur la cour estre bouttée et qu'il reste refaire ou redresser ; qu'il faudroit mettre deux traverses à la grille de lad. fenestre pour la rendre parfaite, d'aultant que lesd. traverses sont trop éloignées ; que, n'y ayant point de serrure à la porte qui entre dans ladite chambre ni à autre porte qui entre dans la chambre haulte criminelle, il reste y en mettre deux neufves, celles qui y estoient ayant été cassées par le bris des prisonniers ; le plancher de la haulte chambre criminelle, il fault refaire en plusieurs lieux et le recharger en entier en terrace ; qu'il reste à apuyer la cheminée qui menace chute et rétablir le chevalet qui en est cassé ; que la fenestre qui est sur la cour n'estant point attachée, il y fault mettre huict fisches-pattes de fer pour l'afermir, et, à la grisle de ladite fenestre deux traverses; que les planchers des galetails estant cassés en plusieurs lieux, ils soient rétablis et estaier une plise qui est cassée et cavée ; qu'il est nécessaire de faire trois foiers (foyers) de pierre de grain aux cheminées des Chambres basse et haulte criminelles et à la chambre du Geôlier ; que la couverture de la galerie qui conduit de lad. Chambre haulte criminelle en l'Auditoire estant cassée, aussi bien que celle sur led. Auditoire, il est nécessaire de la réparer » [Note : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. Minutes du Greffe de la Sénéchaussée de Hédé, liasse 1671].

Tel est le triste tableau que nous fait connaître l'enquête des juges royaux. La situation n'est plus seulement grave, elle est devenue impossible et intolérable. L'absence de fermetures des portes, les serrures arrachées, les portes elles-mêmes pourries et disparues, les planchers percés, c'est l'impossibilité de garder des prisonniers et, en réalité, la suppression des prisons. Il était grand temps d'y apporter remède. Que fit-on ?

La première émotion causée par l'évasion du susdit Roulleaux étant calmée, le Domaine, toujours recalcitrant, trouvant trop forte la dépense qui eut été nécessaire, ne fit rien ou à peu près et, alors que la réfection complète des prisons s'imposait, on se contenta de remettre quelques serrures aux portes, on en refit une, on boucha quelques trous, on cloua quelques planches et on attendit.

Ces travaux, trop insuffisants, laissaient aux prisonniers, malgré toutes les précautions prises par le gardien, trop de facilités pour s'enfuir, et leur faisait trop beau jeu pour qu'ils n'en profitassent pas. Aussi, le 18 juin 1680, Françoise André, femme du sieur Jan Guinot, geôlier, vient-elle raconter au Sénéchal que le sieur Lequin, prisonnier pour dettes, enfermé « dans la basse-fosse des prinsons pour plus grande seureté..., attendu que lesdites prinsons ne sont en estat,... dans la nuit du 14, auroict enfoncé et faict fracture au plancher estant au dessus de la Basse-fosse, habattu un des solliveaux estants sur la muraille pour soutenir le plancher, puis monté en la chambre haulte des prisons et, ensuite, rompu la porte du dégré conduisant au galletail desd. prisons où est logé du foing appartenant à Maître Jan Robiou, fermier du Domaine, faict ouverture à la couverture desdites prisons entre deux chevrons..., s'était évadé soit pour s'estre servy de cordes ou échelle interposée par personnes de son intelligence, lesquelles, mesme auraient pu favoriser sa fuite » [Note : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. Minutes du Greffe de la Sénéchaussée de Hédé].

Tous ces raccommodages que l'on tentait à chaque instant ne pouvaient être qu'un palliatif et retarder, peut-être pendant un certain temps, la chute de ces murailles trop vieilles et qui ne tenaient plus que par la force de l'habitude, mais ce n'était qu'un retard et, dès 1723, l'état des prisons était devenu si menaçant que le gouvernement comprit qu'il n'y avait plus à reculer et qu'il fallait, ou les abandonner complètement, ou faire quelques dépenses pour les empêcher de tomber. On se décida à prendre ce dernier parti.

Le 29 juillet, M. de Gaumont écrivait à l'Intendant, M. de Brou : « J'ai l'honneur de vous envoyer l'expédition du Conseil que vous avés demandé par votre lettre du 11 du présent mois pour vous autoriser à faire l'adjudication des réparations nécessaires aux prisons royales de Hédé ; je vous prie de tenir la main à leur exécution ».

Cette intervention de M. de Gaumont et de M. de Brou eut ce résultat qu'une adjudication eut lieu, en effet, et que des travaux furent commencés. Mais l'entrepreneur ne se pressa point ; les travaux durèrent longtemps, car ce ne fut que plus de deux ans après l'adjudication, le 6 septembre 1725, que fut donné l'ordre de parfait paiement [Note : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, C. 1912].

Ces travaux, du reste, qui semblent avoir été les derniers entrepris pour la consolidation des prisons, ne servirent guère ; le mal était trop grand et trop complet et, moins de trente ans plus tard, en 1755, le Cachot et la Basse-Fosse s'écroulaient, entraînant avec eux la Chambre criminelle bâtie au-dessus, et le Geôlier était obligé d'abandonner son logement.

Une enquête faite en 1769 par ordre de l'Intendant s'exprime ainsi : « Les prisons de Hédé ne subsistent plus depuis quatorze ans et, lorsqu'il se trouve des criminels, on est obligé de les faire conduire dans les prisons de Rennes, ce qui occasionne des frais considérables au Domaine et le défaut de ces prisons présente de facheuses conséquences ».

Dans la lettre qu'il adressait à M. de la Bove avec cette enquête, M. de la Tribonière, son Subdélégué et Sindic de la Communauté de Hédé, ajoutait avec découragement : « Quant aux prisons, il n'y en a plus. Ce défaut de prisons semble donner au peuple une certaine licence et l'authoriser à manquer aux juges même et à tous ceux qui tiennent un certain rang dans la ville qui, souvent, sont insultés impunément. Enfin, il se passe peu de tirages au sort où il- n'y ait quelques rebellions, et, si on avait des prisons sur les lieux, la seule menace serait un moyen de les contenir ».

Le Subdélégué aura beau écrire, il n'obtiendra rien. Le roi qui s'apprêtait à rejeter sur les villes les frais d'entretien des édifices dépendant de la juitice de son Domaine n'était point disposé à reconstruire les prisons de Hédé où tout était à refaire. « On ne peut donner d'appréciation, dit encore l'enquête, de la dépense nécessaire pour les relever, attendu qu'il n'y a que des pierres en monceaux et que les matériaux, tant de la charpente que des portes et fenêtres, les poutres et solivaux sont maintenant pourris et hors d'état de service ».

La Communauté de Ville était très préoccupée de ce malheureux état de choses qui lui créait de grands ennuis et avait pour elle de graves inconvénients.

En raison de ces mauvaises dispositions de l'Etat et voyant qu'elle n'en pouvait rien obtenir, elle résolut d'agir par elle-même et, puisqu'il y avait urgence, de faire un grand effort et, malgré son peu de ressources, d'essayer de remédier, dans la mesure du possible, à cette situation déplorable.

Le 3 février 1771, réunis dans leur salle d'assemblée, les Bourgeois prennent une délibération « par rapport à un corps de garde où l'on puisse mettre les perturbateurs du repos public, les mandians que les Cavalliers de la Maréchaussée amènent journellement à Hédé pour être transportée à Rennes ou ailleurs et les accusés de crime dont ils se trouvent chargés pour les conduire aux prisons de Rennes, attendu que les prisons de Hédé sont totalement assollées et supplient Monseigneur l'intendant de vouloir bien permettre à la Communauté de prendre sur ses deniers une somme de cinq cents livres, jusqu'à concurrence de laquelle, sous le bon plaisir de Monseigneur l'Intendant, elle ferait édifier, par économie, un petit bâtiment qui servirait de corps de garde ».

Cette requête n'eut point de résultat, nous ignorons pour quelle raison. Il en fut de même l'année suivante, après cet échec, au sujet d'un plan d'un Auditoire et d'une prison présenté par le Sieur Dorotte, Ingénieur, qui n'eut pas plus de succès.

Cependant, la Communauté ne désespéra pas.

Ayant appris que M. de Graves, Commandant de la Maréchaussée en l'absence de M. de Fitz-James, que cela intéressait particulièrement, passant par Hédé, avait dit à ses Cavaliers de la Maréchaussée qui se plaignaient du défaut de prisons..., de présenter une requête et qu'il pourrait obtenir d'en faire faire, la Communauté s'empressa de charger son Sindic et Subdélégué d'adresser aussi une demande à M. de Graves pour la joindre avec celle de la Maréchaussée, et, le 18 octobre, elle charge, en outre, ce même M. Ruaulx de la Tribonière, qu'elle vient de nommer son Député aux Etats, de solliciter de M. de Fitz-James le rétablissement de ses prisons.

Tout cela fut encore inutile et, malgré l'appui de M. de Fitz-James, le résultat ne fut pas plus heureux. La ville, alors, chercha un dernier moyen d'arriver au but désiré. Se souvenant qu'elle avait sous son Auditoire quatre petites boutiques qui, après quelques réparations, pourraient servir, au moins provisoirement, à renfermer, tant les criminels que les perturbateurs, « jusqu'à ce qu'il plaise à Sa Majesté accorder à la dite Communauté les fonds suffisants pour en construire de régulières », la Communauté, dans sa délibération du 15 novembre 1774, fut d'avis « de destiner deux des dites boutiques pour prisons et les autres pour le logement du geôlier et de prendre sur ses revenus une somme pour les réparations des dites boutiques et ce, d'après l'état que l'on joindra à une requête. En conséquence, elle prie M. le Maire en exercice (M. Ruaulx de la Tribonière) de la dresser et de faire faire l'état des réparations par le sr Duchesne, entrepreneur, ou autres ».

Cette requête adressée par le Maire et la Ville à l'Intendant pour obtenir son autorisation, spécifiant « le caractère provisoire jusqu'au moment où Sa Majesté pourrait faire construire une autre prison solide et régulière », semble avoir, enfin, réussi et la proposition de la ville été, cette fois, bien accueillie, car pendant dix années, jusqu'en 1782, on n'entend plus de doléances.

Mais ce ne fut pas pour longtemps, car un peu plus tard, il ne restait plus des prisons qu'un petit pan de mur, un pignon qui n'était pas encore tout à fait écroulé et, lorsqu'en 1776, il s'agit de la rectification et de l'élargissement de la route de Saint-Malo aux environs de la place, le sieur Le Roux, qui en avait l'entreprise, déclara aux habitants que ce travail « entraînera la destruction d'un pignon des prisons qui s'avance sur la route et dont l'écroulement prochain menace la vie des particuliers » et le 16 mai, la Communauté, reconnaissant le bien fondé de cette nécessité, se charge d'en opérer la démolition elle-même par économie et pour garder ses matériaux. Ainsi disparurent les derniers vestiges des anciennes prisons de Hédé.

Mais en 1782, la ville attendant toujours et toujours déçue dans ses espérances de voir l'Etat reconstruire ses prisons et craignant, à juste raison, que ces chambres qui les remplaçaient, sous l'Auditoire qui lui-même menaçait ruines, ne vinssent à tomber sur les prisonniers, jugea prudent d'aller chercher un autre logement, et, le 10 août, afferma pour trois ans à Julien Thébault, au prix de 45 livres par an, une maison pour servir de « corps de garde ».

Transporté ensuite, à la fin du bail, dans un appartement du Couvent des Ursulines, auprès de la Chambre louée par elle pour ses assemblées, le corps de garde, après l'incendie de 1793, fut installé d'une façon définitive dans les bâtiments de l'hôpital, devenu propriété nationale, où il resta pendant toute la Révolution.

 

Les Halles ou Cohue

Des trois édifices qui couvraient la place de Hédé, il en reste un dont nous n'avons point encore parlé, sinon le plus ancien, car ils devaient être, vraisemblablement tous, pour le moins, contemporains, mais le premier dont nous avons eu connaissance, puisqu'il est mentionné dès 1455 dans la réformation du domaine ducal, la Cohue ou les Halles.

Du reste cet acte, s'il nous en révèle l'existence, ne nous en apprend pas davantage.

C'est, en 1555 seulement, dans le procès-verbal de la prise de possession de la Seigneurie de Hédé par Messire François du Breil, seigneur des Hommeaux, et aussi, un peu plus tard, dans le rentier du domaine de 1601, que nous en trouvons une description succincte, suffisante, cependant, pour nous rendre compte de ce qu'elles étaient.

Nous n'avons point à y revenir, puisque nous avons déjà donné cette description dans la première partie de notre travail ; nous dirons seulement que les Halles de Hédé étaient semblables, et du même type que toutes les halles de cette époque dans les campagnes, telles que, parmi nos voisines, celles de Bécherel et de Combourg, détruites au siècle dernier, que nous avons pu connaître nous-même encore dans leurs dernières années, et celles de Tinténiac, toujours debout et solides, dernier spécimen de ce genre de constructions.

Surmontées d'une haute toiture partie de tuiles et partie d'ardoises, sur une puissante charpente supportée par de nombreux et forts « pilotis » ou piliers de bois et descendant très bas pour mieux abriter des intempéries les marchands et les marchandises, les halles étaient un peu sombres, peut-être, par ce fait qu'elles n'étaient ouvertes que de deux côtés, à l'Est vers la rue et au Sud, vers la place, les deux autres côtés étant formés, d'une part, par les murs de l'Auditoire, et, d'autre part, par ceux des prisons qui ajoutaient encore à leur commodité puisqu'ils les protégeaient des vents du Nord et de l'Ouest.

Elles étaient spacieuses et couvraient une superficie de vingt-deux cordes, soit d'environ 467 mètres carrés, ou plus de quatre ares et demi.

Tout autour étaient établis des étaux sur lesquels les marchands venaient déposer et présenter leurs denrées et leurs marchandises. A l'intérieur était un puits, creusé le long du mur des prisons qui, avec un autre, appelé « le grand puits », ouvert un peu plus loin, à l'autre extrémité de la place et autour duquel se tenait le marché au blé, fournissaient de l'eau pour la consommation des habitants.

En quel état de conservation se trouvaient les Halles aux XVème et XVIème siècles ? Jusqu'au XVIIème, il n'en est pas question. Il y a donc lieu de croire qu'on n'avait pas à s'en plaindre. Mais à partir de cette époque la situation s'était modifiée et était devenue moins bonne, puisque, en 1622, les habitants de Gévezé et des autres paroisses du ressort de la juridiction étaient convoqués pour apporter à Hédé des bois et des matériaux nécessaires à la réparation des halles de la Ville [Note : Registres de l'église de Gévezé]. Il ne faut pas oublier que les halles comptaient alors, ainsi que nous l'avons vu, plus de deux cents ans d'existence.

Ces travaux faits avec soin, les parties défectueuses consolidées, les pièces de bois détériorées remplacées par des neuves réparèrent le dommage et permirent d'attendre.

Le Domaine, du reste, se préoccupait peu de l'entretien des halles des Hédé. D'une part, ces halles ne lui rapportant rien, « ni proffit, ni revenu, à cause de la franchise du marché » prisées, pour cette raison, par le rentier de 1601 à la minime somme de un écu de rente, il n'avait aucun intérêt à y dépenser de l'argent ; en outre, sauf la toiture qui pouvait avoir besoin de surveillance, la puissance de ses matériaux, de ses piliers en cœur de chêne qui la supportaient, suffisaient à en maintenir et en garantir la solidité. Aussi, alors qu'à chaque instant on réclamait des réparations pour l'Auditoire et les prisons, on ne demandait rien pour elles.

Cela marcha ainsi, semble-t-il, jusqu'en 1725 où nous savons que furent ordonnées par les Etats quelques réparations, travaux de consolidation, d'extrême urgence, les « halles étant alors en si mauvais état que les piliers ne tenaient plus debout et que la vie des marchands et des acheteurs était en danger ».

Mais il était trop tard, ce n'était plus de réparation qu'il pouvait être question. Les halles étaient dans un tel état de décadence et de ruines et tellement menaçantes pour la sécurité publique que le dommage n'était pas réparable et qu'il n'y avait qu'une solution possible : la démolition et la réfection de halles neuves.

C'est à cela que dut se résoudre la ville, et vingt-cinq ans plus tard, le 29 septembre 1750, la Communauté de Ville, « constatant l'inutilité actuelle des halles dont une partie est déjà tombée, avertie par le Maire qu'il en tombe tous les jours quelques morceaux et que, en peu, elles seront totalement assolées, afin de prévenir les accidents qui en peuvent arriver par le danger qu'il y a que les passants soient ensevelis sous ses ruines, pour parer à ces accidents, nomme une Commission composée de M. le Recteur, de l'Etang Belletier, Maire en exercice, de Lourme-Hérisson, Sénéchal, et Ruaulx de la Tribonière, Sindic, chargés de présenter une requête à M. de Trudaine pour en obtenir la réédification, si faire se peut, ou, du moins que la démolition en soit ordonnée ».

Le 20 février 1752, elle supplie l'Intendant de nommer un Ingénieur ou architecte pour « faire un devis de ce qu'il coûtera pour la démolition des Halles et en même temps pour leur rétablissement parfait », et de faire publier « dans les endroits convenables », entre autres sous les halles même (c'était, en effet, à la porte de l'église, le dimanche à l'issue de la messe, mais aussi devant les halles, sur les piliers desquelles il affichait les Ordonnances de police du Sénéchal ou autres, que, les jours de marché, le Tambour de Ville faisait les publications officielles ou privées), ce devis afin de trouver quelqu'un qui voulut les arrenter, et en entreprendre la reconstruction sur le pied de ce devis.

La première partie de la requête fut acceptée et les halles furent démolies dans le courant de l'année, vers le mois de mai.

Quant à la reconstruction, ce fut une autre affaire. Les habitants tenaient à leurs halles dont ils avaient besoin. Le 21 août 1753, ils firent une nouvelle démarche. Ils s'adressent à M. de Courteilles, Intendant des Finances, lui représentant « le préjudice que souffre, non seulement cette Ville, mais tout le pays d'alentour, du deffaut des halles, les commerçants n'ayant point de lieu commode depuis la démolition qui en a été faite, pour étaler les marchandises et les mettre en vente…. et, d'autre part, l'impossibilité ou l'on se trouve maintenant, d'y loger les chevaux des troupes de cavalerie qu'on avait coutume d'y installer, ainsi que leur corps de garde... », et le présent, ayant égard aux réclamations précédenment faites à ce sujet, de les autoriser à faire publier le procès-verbal de devis rapporté par le sr Loizeleur, Ingénieur nommé par la Cour à cet effet, pour trouver quelqu'un qui se charge d'entreprendre de les reconstruire suivant les conditions dudit procès-verbal.

Toutes ces réclamations et ces démarches de la Communauté furent vaines : les halles étaient tombées, le terrain déblayé et aplani, et il fallut à la ville attendre jusqu'au milieu du XIXème siècle pour en avoir de nouvelles.

 

ADDENDA

Dans la, liste des seigneurs de Hédé que nous avons énumérès, il en est un qui s'est trouvé oublié, messire Louis-Germain de Talhouet de Bonamour que nous rencontrons au XVIIIème siècle portant le titre de Juveigneur de Hédé.

Haut et puissant Messire Louis-Germain de Talhouet, seigneur de Bonamour, d'une importante famille d'ancienne extraction, originaire de l'évêché de Vannes, « lozangé d'argent et de sable », qui fournit de nombreux et distingués magistrats au Parlement de Bretagne, était fils de Messire Germain de Talhouet, chevalier, seigneur comte de Bonamour, Président aux requêtes à la Cour, et de dame Françoise Le Cozic, dame de Kerloaguen, sa troisième femme. Il naquit le 7 octobre 1684 et fut baptisé, le 26 avril 1686, dans l'église Sainte-Croix de Vannes où il eut pour parrain, H et P. messire Louis Phelypeaux, Chevalier, seigneur de Pontchartrain, Conseiller du Roi en tous ses Conseils et son Premier Président au Parlement de Bretagne, et, pour marraine, dame Marie-Louise de Kersauson, dame de Kersco.

Vers 1700, il épousa Mlle Eléonore-Rose Freslon, demoiselle de la Freslonnière, fille de messire Claude, Conseiller à la Cour, seigneur de la Touche-Trebry, et de dame Anne de Regnouard de Drouges et petite-fille de messire Gabriel Freslon, seigneur de la Touche-Trebry, Saint-Aubin, Montgermont, etc..., Conseiller, puis Président à mortier au Parlement, et de dame Marie de Francheville, fille de messire Jean, écuyer ordinaire du Roi, et de dame Charlotte du Han, et sœur de messire César-Alexis Freslon, marquis d'Acigné, le Touche-Trebry, Québriac, la Chapelle-aux-Filtzmeen, etc..., qui lui donna huit enfants dont un fils et une fille nés au château de Lourmais en la paroisse de Nivillac et ondoyés les 7 mars 1701 et 17 avril 1710, et un autre, Jean Jacques, seigneur comte de Bon Amour, marié d'abord à dame Agathe de Derval, dame de la Haye-Eder, puis, en 1758, à demoiselle Esther-Gilette Tranchant, dame du Tret, qui continua la lignée.

Louis-Germain de Talhouet n'eut point la vie calme du magistrat et n'occupa point de charge au Parlement, comme son père et divers autres membres de sa famille.

Homme d'action, au contraire, et d'humeur militante, il fut mêlé à des affaires d'une gravité exceptionnelle qui pensèrent lui coûter la vie.

Profondément attaché à la Bretagne, il ne put voir de sang-froid les attentats que commettait journellement la royauté conta les libertés de la Province expressément réservées et insérées comme conditions essentielles dans le traité d'Union passé le 21 septembre 1532 entre les Etats siégeant à Vannes et le roi de France. François Ier, et, tout en se déclarant loyal et fidèle sujet du Roi, il se constitua résolument l'adversaire de ses agents et de sa politique en leur faisant une opposition acharnée.

Réunissant un certain nombre de gentilshommes ardents et enthousiastes, il organisa avec eux une ligue pour la défense des droits et des privilèges des Etats et du Parlement, contre tous ceux qui oseraient les attaquer.

C'était un acte parfaitement légitime et même un devoir qui ne lui en valurent pas moins cependant, en 1718, d'être envoyé en exil en Béarn.

Revenu au pays, mais non assagi, Talhouet continua la lutte. Pendant un certain temps il n'employa que des moyens pacifiques et se contenta, pour combattre les entreprises du Roi, de protestations et d'une résistance vigoureuse mais licite, puis voyant qu'il ne parviendrait pas à obtenir du Régent par les moyens légaux les résultats auxquels il prétendait dans l'intérêt du bien public et de la justice, il résolut d'employer des procédés plus efficaces. Malheureusement, ces procédés étaient de nature tout autre que ceux dont il s'était servis jusqu'alors et, de gens bien intentionnés, allaient faire des coupables.

Parmi ses adhérents figuraient un certain nombre de cœurs généreux, mais irréfléchis, qui n'apercevant comme lui que la grandeur du but à atteindre, inconscients de la gravité de l'acte qu'ils allaient commettre et des conséquences qui devaient en résulter, ne trouvèrent rien de mieux que de faire appel à l'intervention du roi d'Espagne.

Cet appel à un Souverain alors en guerre avec la France ne constituait rien moins qu'un crime d'Etat.

A la nouvelle de cette démarche des gentilshommes bretons et excité, en outre, par son ministre d'Argenson, leur ennemi personnel, le Régent, qui jusqu'alors s'était montré patient, parce qu'il était fort, se résolut à agir immédiatement et à frapper un grand coup, pour en finir avec ce qu'il considérait comme une conspiration.

Il envoya immédiatement des troupes en Bretagne pour rechercher les coupables et procéder à leur arrestation.

Un certain nombre furent arrêtés et passèrent en jugement. La répression fut sévère et cruelle et hors de proportion avec la faute. Sept furent condamnés à mort, dont quatre payèrent pour tous et eurent la tête tranchée le 25 mars 1720 sur la place du Bouffay à Nantes. La plupart avaient pu s'enfuir qui furent jugés par contumace.

Louis-Germain de Talhouet fut de ce nombre. Averti à temps, il avait pu s'embarquer à Locmariaker sur un petit chasse-marée et passer en Espagne. Là, il n'avait plus rien à craindre, mais la condamnation prononcée contre lui n'en fut pas moins appliquée : peine de mort, en effigie naturellement, la démolition des murailles et des fortifications de son château de Lourmais, et confiscation de ses biens. Quant à cette dernière peine qui ruinait des enfants innocents, elle fut annulée, un an plus tard, par le Régent en leur faveur.

Si Talhouet avait pu, par sa fuite, mettre sa personne à l'abri, il ne pouvait plus rentrer en Bretagne ; c'était un second exil et, cette fois, définitif. Il résolut alors de rester en Espagne, s'engagea dans l'armée, y servit avec distinction, devint Capitaine dans les Gardes Wallonnes et mourut en 1734, tué le 25 mai à la bataille de Bisonto, au royaume de Naples.

Comment et à quelle époque ce gentilhomme du pays de Vannes vint-il acquérir la seigneurie de Hédé, nous l'ignorons. Il est probable que ce fut immédiatement après messire Jacques Le Mintier de Carmené, alors que celui-ci, ayant vendu toutes les propriétés et terres qu'il possédait autour de Hédé et n'y ayant plus rien qui l'y rattachât, crut devoir abandonner aussi la seigneurie.

Louis-Germain de Talhouet ne semble pas s'être occupé beaucoup de sa seigneurie et s'être contenté de jouir du revenu qu'il en pouvait tirer. Après son décès, dame Rose-Eléonore Freslon qui lui survécut resta en possession de la terre encore plusieurs années, puisqu'en 1750 [Note : Minutes de Maître Boursin, Notaire Royal] elle continue à se dire juveigneur de Hédé, demeurant en son hôtel, rue Basse Saint-Etienne, à Rennes.

Mais, si la présence du seigneur de Bonamour à Hédé n'est marquée par aucun fait spécial (et nous en connaissons la principale raison), du moins la seule constatation de son existence nous permet-elle de rectifier une hypothèse que nous avions cru pouvoir émettre en supposant que le seigneurie de Hédé avait pu passer directement de messire Jacques Le Mintier de Carmené à messire Jacques Renaud de la Bourdonnaye de Blossac, acquéreur de ses terres dans le ressort. Nous voyons, en effet, qu'il n'en était rien, puisque la terre avait un autre propriétaire et que ce fut seulement son petit-fils, messire Paul-Esprit-Marie de la Bourdonnaye, comte de Blossac, marquis du Tymeur, seigneur de Bazouges, Bon-Espoir, la Crozille, le Chatelier, etc..., Intendant de la Généralité du Poitou, qui, vers cette date de 1750, soit après le décès de la dame de Talhouet, soit après qu'elle eut obtenu du Domaine le remboursement du prix de son acquisition, devint le dernier seigneur de Hédé.

(Anne du Portal).

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