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LES CAPUCINS D'HENNEBONT |
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Les Capucins furent appelés à Hennebont en 1634. Leur principal bienfaiteur fut François de Cossé-Brissac, comme le constate le titre suivant :
« François de Cossé, duc de Brissac, pair et grand pannetier de France, lieutenant général pour le roy en Bretagne, et chevalier de ses ordres, à tous ceux qui les présentes verront, salut.
..... Les habitans de Hennebont nous ont souvent fait supplier par leurs députez de les ayder en l'establisserpent d'un couvent de Capucins, qui leur a été cy-devant consenty en notre faveur par le révérendissime prélat, Sébastien de Rosmadec, évesque de Vannes, et confirmé par lettres du roy et arrest de son conseil privé, et que nous avons aussy toujours eu une affection et dévotion très particulière pour le séraphique saint François, nostre patron, nous avons délibéré et arresté, et par les présentes délibérons et arrestons de fonder un convent de Capucins en la d. ville de Hennebont, à l'exemple de quelquel-uns de nos ayeuls, qui ont fondé, doté et basty plusieurs églises collégiales et prébendales, et plusieurs convents de différents ordres religieux :
Auquel convent de Capucins de Hennebont Dieu sera continuellemeut servy et honoré par les Pères Mineurs Capucins, qui là prieront pour la santé du roy et le bien de l'estat, pour la conservation de la maison royale et du très illustre sang de France, pour la prospérité de la maison de Brissac et pour les seigneurs de la d. maison derniers décedez... pour nous et nostre très chère femme, nos enfants et successeurs :
Pour laquelle fondation d'un convent de Capucins à Hennebont, nous nous obligeons de leur donner, huictaine après l'acceptation et ratification des présentes par leur provincial et chapitre, tout le fonds et emplacement requis pour la construction de leur église, cloître, dortoir, courtz, jardins et clostures nécessaires au d. convent, au lieu et endroit par eux choisy et désigné, proche le faubourg de la Rue-Neuve, sur la croupe de la montagne advis la porte de la ville, où ils doivent planter la croix :
Et pour tesmoigner aux RR. PP. Capucins du d. convent de Hennebont l'affection plus particulière que nous avons pour leur ordre et pour leur d. maison, nous nous réservons, en la qualité de fondateur, et à nos successeurs, le chœur de leur d. église, privativement à tous autres, avec tous autres droits honorifiques appartenans aux fondateurs, pour y estre enterré au devant de leur grand autel, avec telles marque et élévation de tombeau que le service divin pourra permettre :
Et voulons epressément qu'il y ait deux escussons de nos armes en pierre aux deux costés du d. grand autel, au dessus des fenestres qui se posent ordinairement entre le chœur des religieux et celuy des séculiers ; et un pareil écusson de nos armes au pignon de la d.. église, sur la principale porte d'icelle ; et que nos mesmes armes soient aussy mises au plus hault des trois principales vitres de la d. église, pour exciter en nostre faveur, par la veue de nos armes, la dévotion de tous ceux qui visiteront la d. église, et les obliger de se souvenir de nous en leurs prières :
Et ne pourra aucun autre avoir la d. qualité de fondateur, ny mettre aucunes marques en la d. église que par nostre permission, et au dessous des nostres ; les quelles marques honorifiques nous nous réservons et à nos successeurs, en signe de la d. fondation, laquelle nous supplions Dieu vouloir bénir et conduire à sa plus grande gloire.
Et à ce que les présentes vaillent et soient exécutées de nostre part, nous y avons obligé tous nos biens, à la charge qu'elles seront acceptées et ratifiées par le chapitre provincial ou général des d. Capucins, sans aucune restriction, modification ou exception, soubs prétexte de régie ou statuts à ce contraires ; au défaut de laquelle exécution et acceptation pure et simple de leur part, les présentes demeurent de nulle valeur.
Laquelle fondation, soubs les conditions cy-dessus, a esté acceptée, en présence de Mgr l'évesque de Vennes, par les RR. PP. Capucins soubssignez, qui ont requis de nous soubssignans, nottaires royaux à Hennebont, d'en rapporter acte. — Fait au d. Hennebont, ce 15ème octobre 1634, après midy.
Signé : Sébastien de Rosmadec, Év. de Vannes.
François de Cossé.
Fr. Mélite,
capucin et supérieur indigne du dit lieu.
Fr. Yves de Morlaix, gardien d'Auray.
Fr. Bonaventure de Morlaix, gardien de Guingamp.
Fr. François de Tréguier, gardien de Saint-Brieuc.
Fr. François-Ange de Châteaugontier, capucin.
Fr. Benjamin de Roscoff, prédicateur, missionnaire.
Gouault, archidiacre à Vannes.
Le Gallons, official.
Louis du Pérenno, séneschal d'Hennebont.
P. Le Gouvello,
procureur du roy.
D. Guillaume Roussel, vicaire.
Bouesseau, not. roy. ? J.
Hardas, not. roy. » (Insinuations. XIV. p. 221).
Le P. Séverin de Morlaix, provincial, donna au fondateur des lettres d'affiliation à l'Ordre, le droit d'avoir une chambre spéciale dans le monastère, et d'avoir a son décès les messes de tous les religieux de la province.
M. de Cossé-Brissac avait promis de donner le fonds nécessaire pour le couvent et l'enclos ; il versa à cet effet la somme de 320 écus. C'était insuffisant ; M. Louis Eudo, sieur du Pou, choisi pour père temporel et syndic, acquit une colline près de l'étang et une parcelle de terre pour 75 livres, Mme Kermadio, Mme Longar et les enfants de M. Kernau donnèrent quelques terrains pour agrandir l'enclos. Le tiers des octrois de la ville fut aussi assigné, en 1635, pour contribuir à la construction du couvent.
Le bâtiment fut commencé le 2 avril 1636, et dès le 17 septembre suivant, fête des Stigmates de saint François, on put dire la messe dans la pièce destinée au réfectoire ; au-dessus s'éleva le dortoir, qui fut provisoirement couvert de paille, en sorte que, pour Noël 1636, les religieux quittèrent la maison qui leur avait été prêtée par l'abbesse de la Joie, et prirent possession de leur couvent.
Les années suivantes on travailla vigoureusement à la construction de l'église et de la sacristie et à la confection de leur mobilier. Plusieurs bienfaiteurs fournirent des sommes considérables. En même temps on aplanit le jardin de la sacristie et le grand jardin, et les habitants des paroisses de deux et trois lieues à la ronde y vinrent travailler par frairies, se contentant de la nourriture qu'on leur donnait.
Quand tout fut prêt, le Père supérieur fut chargé par le P. provincial Raphaël de Nantes de bénir l'église. La cérémonie eut lieu le 3 octobre 1640, la veille de la fête de saint François ; le Saint-Sacrement y fut solennellement transporté de la chapelle provisoire, et les vêpres y furent chantées en musique. Le lendemain, 4, fête du glorieux patriarche d'Assise, la messe et les vêpres furent également chantées en musique, et attirèrent un grand nombre de fidèles.
En 1640, le supérieur était le P. Étienne de Saint-Malo ; il avait pour compagnons le P. Guillaume de Dinan, fabrique ou directeur des travaux ; les PP. Léon de Morlaix, Celse de Nantes, Guy de Morlaix, Paulin de Quimper et Florent de Laval, avec les FF. Joseph de Châteaulin, clerc ; Émilien de Mayenne, laïc, et Théodore du Mans, laïc.
A Noël 1643, les Capucins inaugurèrent la clôture de leur couvent, en y comprenant le jardin.
Le 16 mars 1644, les religieux obtinrent encore de la communauté de la ville d'Hennebont un demi-tiers du revenu de l'octroi, pour achever des travaux accessoires. Jusque-là ils avaient reçu un tiers de l'octroi, durant neuf ans, et avaient ainsi touché de 12.000 à 14.000 livres.
En retour d'une parcelle de terre, cédée au couvent par un voisin, pour élargir le chemin d'accès, les religieux permirent à ce particulier de faire une porte dans le mur de clôture, auprès de l'escalier conduisant à leur chapelle ; mais ils se réservèrent le droit de la boucher si dans la suite elle les incommodait.
Or, en 1710, les Capucins voulurent fermer cette porte ; le propriétaire voisin s'y opposa ; de là naquit un procès. Les religieux de la maison, les PP. Joseph de Dinan, gardien ; Jérôme de la Roche-Bernard, prêtre ; Joseph de Quintin, prédicateur ; Norbert de Quimper, prêtre, interrogés par le P. Marie de Saint-Malo, provincial, et par le P. Jérôme de Laval, custode, répondirent unanimement qu'il fallait soutenir le procès devant le sénéchal d'Hennebont. Cette affaire, momentanément arrêtée par une transaction, se retrouvera en 1756.
En 1728, le P. Marc de Vannes était gardien à Hennebont.
En 1743, un siècle après la construction du monastère, une partie des édifices menaçait déjà ruine, comme le prouve la pièce suivante :
« Sur la requête présentée au roy en son conseil par les gardiens et religieux du couvent des Capucins de la ville d'Hennebont, contenant qu'il y a dans leur couvent une aile de bâtiment, où sont l'infirmerie, l'escalier du dortoir, l'appartement de leur provincial et de ses assistants, et quelques autres chambres de religieux particuliers, le tout menaçant ruine si absolue et si prochaine, que non seulement on n'ose plus y loger mais encore d'en approcher, crainte d'être ensevely sous les ruines… Ils espèrent que Sa Majesté aura la bonté de leur permettre de faire couper la quantité de 110 pieds d'arbres, essence d'ormes, avec quelques hêtres et fresnes, situés devant la porte de leur çouvent, et 60 chesnes et ormeaux étans dans leur enclos, pour les employer en nature, ou le prix qui en proviendra, aux réparations à faire à leur couvent.
Veu le procès verbal, dressé par le sieur de la Pierre, grand maître des eaux et forêts de Bretagne, le 6 aoust 1743, duquel il résulte que tous les d. arbres sont estimés 850 livres, et que les réparations à faire aud. couvent monteront à 3.410 livres ;
Ouy le rapport du sieur Orry, conseiller d'état, controlleur général des finances ;
Le Roy en son conseil, ayant égard à la requête, sans tirer à conséquence, a permis et permet aux supplians de faire abattre les d. arbres, et ce suivant la marque et délivrance qui leur en sera incessamment faite, ... à la charge d'employer les d. arbres en nature, ou le prix qui en proviendra, aux réparations les plus urgentes et nécessaires à faire aux bâtimens du d. couvent, de planter sur les dépendances d'iceluy au moins 170 pieds de jeunes arbres de bonne essence, ... et attendu la modicité de l'objet, Sa Majesté a dispensé et dispense les d. supplians de la formalité des lettres patentes, portée par l'ordonnance de 1669.
Fait au conseil d'état du roy,
tenu à Versailles le 31ème jour du mois de décembre 1743.
Signé : Eynard. »
(Exp. parch.).
Douze ans plus tard, en 1755, il était question de bâtir une maison accessoire.
« Entre Messire François de la Pierre, chevalier, baron de la Forest et autres lieux, grand maître des eaux et forêts de Bretagne, père syndic des Capucins du couvent d'Hennebont, faisant et stipulant pour les susd. Capucins, et Mlle Anne-Françoise Planchet-Gatinay ont convenu et arrêté les articles suivants :
« 1° Les Pères Capucins, ayant besoin d'une maison, pour loger quelques personnes charitables, qui aient soin de recevoir les aumônes pécuniaires qu'on peut leur faire et de les employer aux besoins de la communauté selon les pieuses intentions de leurs bienfaiteurs, fourniront à la construction de cette maison le terrain qui se trouve en descendant de leur couvent, à main droite, hors de l'enceinte de leurs murs, près leur porte chartière (V. le plan).
2° Ils y feront bâtir une maison commode et conforme à leur état, pour les sœurs ou personnes charitables susmentionnées, laquelle maison appartiendra en plein et à tous égards au couvent des Capucins de Hennebont, et en sera une partie indivisible.
3° La susdite Dlle donnera, par pure aumône et libéralité, de quoy construire la d. maison, sans pouvoir jamais rien prétendre à la propriété.
4° La même Dlle promet de se charger, en faveur des Capucins de Hennebont, des soins et des affaires qui compètent à leurs sœurs d'usage et de coutume, dans tout le temps qu'elle le jugera à propos, et que les d. Pères le désireront.
5° Le d. seigneur, père syndic des Capucins d'Hennebont, accorde l'habitation et l'usage de la d. maison à la d. Dlle et à elle seule, sa vie durante, soit qu'elle continue, soit qu'elle cesse d'avoir soin des affaires des PP. Capucins, et à sa mort les d. Capucins y placeront en toute liberté, pour y habiter, les personnes qui leur conviendront.
Fait double à Hennebont, ce 23 avril 1755.
Signé :
De la Pierre de la Forest. — La Planchet-Gatinay ».
Ce traité fut approuvé au chapitre provincial de Bretagne, tenu à Vannes le 22 juin de la même année.
Le 13 avril 1756, les Capucins d'Hennebont, réunis en chapitre, voulant bâtir une maison pour leur père syndic, et ayant besoin du terrain où se trouvait la porte réservée à leur voisin, lui proposèrent d'établir son passage et sa porte un peu plus bas : ce qui fut accepté, avec les réserves primitives. — Les religieux présents étaient les PP. Jean-François de Saint-Brieuc, gardien ; François-Marie de Guingamp, vicaire ; Bernardin de Quimper ; Paulin de Quimper ; Jérôme de Fontenay ; Emmanuel de Quimper ; Constance d'Hennebont ; et Rogatien de Vannes.
Ce nouveau projet de construction fut approuvé, comme le premier, par le chapitre provincial, et signé des PP. Jérôme de la Flèche, provincial ; Joseph d'Audierne, définiteur ; Anastase de Quimperlé, définiteur ; et Gabriel-Ange de Rennes, définiteur, réunis au Croisic, le 5 juillet 1757.
En 1779, les Capucins, pour remblayer la chaussée conduisant à leur couvent, obtinrent de la ville et de l'intendant la faculté de prendre de la terre à l'extrémité de la promenade de la Plaine.
Le 23 mai 1784 commencèrent chez eux de brillantes fêtes, à l'occasion de la béatification du B. Laurent de Brindes, capucin : le clergé et les paroissiens de Saint-Gilles-Hennebont vinrent processionnellement à la chapelle du couvent, pour y chanter les premières vêpres. Le lendemain, les deux paroisses de Saint-Gilles et de Saint-Caradec y chantèrent la messe, et M. de Talhoet, recteur, fit le panégryrique du Bienheureux. Le second jour, pèlerinage des Récollets du Port-Louis et des Carmes d'Hennebont, et sermon prêché par le P. Prieur. Le troisième jour, ce fut le tour de la paroisse du Kervignac, sur le territoire de laquelle était alors situé le couvent des Capucins. Ainsi finit le Triduum.
Au 10 décembre 1790, la communauté ne
comprenait plus que cinq religieux, à savoir :
Remy Callando, gardien, 55 ans,
mort le 19 avril 1791 ;
Charles Kermorvant, de Locrenan, 78 ans ;
Alexis
Barbedienne, de Lamballe, 40 ans ;
Casimir Garnier, de Quintin, 54 ans ;
Félix
Salmon, de Vitré, frère, 29 ans.
Interrogés sur leur choix, ils déclarèrent tous vouloir renoncer à la vie commune, et peu après ils se dispersèrent d'eux-mêmes.
Le 19 mai 1791, une maison et un jardin, situés près de l'entrée du couvent, furent adjugés à Joseph Denizot, pour 4.875 livres.
Le 27 octobre 1791, le couvent et l'enclos furent vendus au sieur Bigotat, pour 20.700 livres.
Jh.-M. Le Mené.
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