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LES URSULINES D'HENNEBONT

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FONDATION

On eut, dès 1631, le dessein d'ériger un monastère d'Ursulines à Hennebont, mais il ne fut réalisé qu'en 1641. C'est alors que le R. P. Jean de la Cour, recteur du collège de Vannes, persuada aux Ursulines de Ploërmel d'entreprendre cette œuvre, et donna commission aux PP. Jean de la Motte et Vincent Huby de la poursuivre.

Ville d'Hennebont (Bretagne).

Voici d'abord la pétition adressée « à Mgr l’Illme et Revme Evesque de Vennes, ou M. son Vicaire général en son absence.

Supplient très humblement les humbles religieuses Ursulines de la congrégation de Paris, du monastère de Sainte-Ursule, ville de Ploermel, évesché de Saint-Malo,... et vous exposent que les nobles habitans et beourgeois de la ville de Hennebont en vostre diocèse, ayant recognu le bien et utilité qui provient de leur institut et religion, pour l'instruction et avancement des filles en la vertu, piété chrestienne, et exercices sortables a leur condition, leur auroient témoigné et faict scavoir, par personne de qualité et de créance, leur grand désir d'avoir une maison de nostre ordre et institut en leur ville, à la gloire de Dieu, l'honneur de la glorieuse Vierge Marie, pour l'augmentation de la dévotion et pour la bonne instruction des filles ; vos dictes suppliantes souhaiteroient coopérer et contribuer de tout leur zèle, soin et pouvoir, à leurs pieux desseins et sainctes, intentions : ce que toutesfois elles ne peuvent faire sans vostre auctorité, permission et consentement.

Ce considéré, vous plaise, Monseigneur, ayant égard à ce que dessus, leur vouloir, de vostre bonté paternelle et épiscopale, donner et octroyer vostre consentement à cet effect, vostre mandement et obédience, pour y recevoir tel nombre de religieuses de leur communauté qu'il vous plaira de juger raisonnable, pour y fonder, ériger et establir un monastère de leur institut, pour y vivre selon leurs règles et constitutions, et enseigner les jeunes filles, et y garder entièrement la même observance régulière que gardent et observent nos sœurs, vos filles religieuses de vostre maison de Sainte-Ursule de Pontivy, tousjours dépendantes de vous et de vos successeurs et seigneurs évesques, soubs vostre auctorité, juridiction et obéissance, à telles charges et conditions qu'il vous plaira, conformes et non contraires à leurs règles, institut et constitutions, subjectes à vos visites et de vos vicaires généraux et commissaires ayant pouvoir de vous ; et vous ferez un œuvre digne de vostre charité et piété, et obligerez vos d. suppliantes et toutes les religieuses qui y feront profession de prier éternellement la divine Bonté pour vostre conservation et prospérité.

Signé : Soeur Jeanne de Saint-Michel, supérieure,
Sœur Marie de la Nativité, assistante,
Sœur Jeanne de Tous-les-Saints, zélatrice,
Sœur Marie de Saint-Augustin, 1re portière,
Sœur Françoise de Saint-Ignace, maîtr. des novices,
Sœur Anne de Sainte-Croix, dépositaire,
Sœur Jeanne des Anges, m. gén. des classes »
. (Orig. parch.).

Le 9 juin 1641, M. Guillaume Le Galloys, vicaire général de Mgr Sébastien de Rosmadec, donna son consentement à ce projet de fondation.

Le 28 septembre suivant eut lieu l'assemblée générale des nobles bourgeois, manants et habitants de la ville et communauté d'Hennebont, devant M. de la Pibolière, commandant sous l'autorité de M. le maréchal de la Meilleraye, et devant le lieutenant de la cour du lieu.

« L'assemblée délibérant, a esté arresté d'une commune voix, sans contradiction, de consentir à l'establissement des dames religieuses Ursulines, principalement pour la considération de la prière quy leur a esté faicte par mon d. sieur de la Pibolière de la part de Madame la mareschalle de la Melleraye, sans approbation des clauses portées par leur procure présentement levées, et à la charge de leurs offres portées tant par la d. procure que par requeste :

Et qu'elles s'establiront et bastiront dans ceste ville cloze et non autrement, sans prétendre aucunes choses pour leur fondz, bastimant, nourriture ny entretien d'une ny d'aucuns autres, directement ny indirectement, tant a présent que à l'advenir, pour quelque considération que ce puisse estre ;

Et oultre à la charge qu'elles ne pouront bastir, faire bastir, ny avoir aulcun hospice pour la résidence actuelle des Jésuistes en ceste ville, ny demander les deniers appartenantz à la communaulté, et sont les d. procures demeurées au greffe. De tout quoy a esté rapporté acte.

Signé sur le registre : Antoine de la Porte-Pibolière. — Jan Hamon. — J. Darrassin. — Rondel, greffier ». (Copie papier).

Ainsi l'assemblée communale accepte l'établissement des Ursulines, parce que c'était un moyen de développer l'instruction des filles. Les religieuses de la Joie tenaient déjà des écoles, mais elles étaient à un kilomètre de la ville. En imposant l'obligation d'établir la nouvelle école dans la ville close, on voulait la rendre accessible à tout le monde.

En donnant son autorisation, la ville ne veut prendre aucune obligation financière pour le présent ni pour l'avenir ; elle ne fournissait aucun subside aux Cisterciennes, elle n'en veut fournir aucun aux Ursulines ; aux unes et aux autres elle laisse la liberté d'enseignement, mais à leurs risques et périls. Aujourd'hui les villes n'ont plus la liberté de s'abstenir, et elles doivent d'une façon ou d'une autre concourir aux frais de l'instruction des enfants.

Qant à la précaution prise contre les Jésuites, elle se comprend sans peine. La ville avait depuis longtemps des Carmes ; elle venait d'admettre des Capucins : elle trouvait que c'était suffisant pour la population : elle ne voulut pas que de nouveaux religieux prissent pied chez elle, à la suite des Ursulines, comme le fait s'était produit à Pontivy.

L'autorisation de la ville ainsi obtenue, les Ursulines de Ploërmel désignèrent la sœur Jeanne Trochet, dite de Tous-les-Saints, pour supérieure de l'établissement projeté et lui donnèrent trois compagnes. Elles quittèrent Ploërmel, avec la permission de l'évêque de Saint-Malo, et arrivèrent à Hennebont le 27 novembre 1641. Elles se logèrent dans une pauvre maison, où elles eurent à souffrir de la part de certaines personnes hostiles, qui prétendaient les obliger de s'en retourner d'où elles étaient venues. Mais elles tinrent bon, et voyant approcher la fête de saint André, qui avait embrassé la croix avec tant de joie, elles choisirent ce jour (30 novembre) pour faire célébrer la première messe dans leur pauvre maison, et y établir la clôture.

« Ensuite, par une inspiration céleste, elles se mirent sous la protection de Nostre-Dame, s'obligeant par vœu de la choisir et reconnoistre pour unique fondatrice de ce nouveau monastère, de sorte que le titre n'en seroit donné à personne, quelques avantages que l'on pourroit offrir. Et pour devoirs particuliers, elles promirent de dire en chœur l'office canonial, tous les jours des festes de la sainte Vierge, mesmes celles qui ne sont pas chomées, et que chaque jour, deux religieuses réciteroient le chapelet, pour lui rendre hommage de la part de la communauté, et que la chapelle luy seroit dédiée sous le titre de N.-D. de Bon-Secours. Ce vœu fut plus tard signé et ratifié par les religieuses receues en la maison » (Chron. X. I. 394).

En quel endroit précis était située cette première maison des Ursulines, et qu'est-elle devenue depuis ? A défaut des titres écrits, il serait peut-titre intéressant de consulter la tradition locale, et de savoir si elle en a gardé le souvenir.

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DÉVELOPPEMENT

A peine installées à Hennebont, les Ursulines sollicitèrent l'autorisation royale, pour jouir de l'existence légale. Leur dossier fut envoyé a Louis XIII, mais ce prince étant mort le 14 mai 1643, c'est au nom de son fils Louis XIV, âgé de 5 ans, que la régente fit rédiger les lettres royales. En voici le texte :

« Louis, par la grace de Dieu, roy de France et de Navarre, à tous présens et advenir, salut.
Nos bien amées les filles de la reigle et ordre de saincte Ursulle, establies en nostre ville de Hennebond en l'évesché de Vennes, Nous ont très humblement faict exposer qu'elles sont en bon nombre qui désirent servir Dieu soubz la d. reigle, et après leur service ordinaire, selon leur institution, s'employer à instruire les petites filles ; qui leur seront commises, en la crainte de Dieu et aux exercices convenables à leur sexe, leur estant nécessaire pour cet effect d'ériger et bastir, comme elles désirent, soubz nostre bon plaisir, un monastère clos en nostre ville ou fauxbourgs de Hennebond, ayant obtenu sur ce les consentemens de nostre amé et féal conseiller l'évesque de Vennes, et des liabitans de la d. ville de Hennebond, cy attachez soubz le contrescel de nostre Chancellerie, requérant très humblement avoir leur establisblissement en nostre d. ville ou fauxbourgs de Hennebond pour agréable, et leur octroyer sur ce nos lettres de permission nécessaires ; en quoy désirant favoriser les bons, pieux et louables desseins des d… filles, et les maintenir et assister en l'exercice de leurs bonnes œuvres, tant qu’il nous sera possible.

A ces causes, de l'advis de la royne régente, nostre très honorée dame et mère, et de nostre grace spécialle, pleine puissance et auctorité royalle, Nous avons agréé, permis et accordé, agréons, permettons et auctorisons par ces présentes, signées de nostre main, l'establissement des d. religieuses de saincte Ursulle en nostre d. ville ou fauxbourgs de Hennebond, voullons et nous plaist qu'elles puissent et leur soit loisible de construire et bastir en icelle ville ou fauxbourgs ung monastère, églize, cloistre, dortoir, classes, logis et demeures convenables à leur profession, et à cette fin de prendre, accepter et achapter telles places qui leur seront nécessaires pour jardins, logement et accommodation de gré à gré, pour en jouir à l'advenir à perpétuité, pleinement, librement et franchement de toutes charges, redebvances et debvoirs, en ce qui nous en pourroit estre deub, les ayant à cette fin, dés à présent comme pour lors, admorties et admortissons de mesme pouvoir et auctorité que dessus.

Si donnons en mandement à nos amez et féaux conseillers les gens de nos comptes et trésoriers généraux de France en Bretagne, le séneschal du d. lieu de Hennebond, et autres nos officiers, chacun en droict soy, comme il appartiendra, que ces d. présentes ils fassent lire, publier et enregistrer, et du contenu en icelles jouir et user pleinement et paisiblement et perpétuellement les d. exposantes, cessant et faisant cesser tous troubles et empeschemens à ce contraires, car tel est nostre plaisir, sauf en autre chose nostre droict, et l'autruy en toutes. Et affin que ce soit chose ferme et stable à tousjours, nous avons faict mettre nostre scel à ces d. présentes.

Donné à Paris, au mois de juin, en l'an de grâce 1643, et de nostre règne le premier.
Louis, Par le roy, la rogne régente sa mère présente. Le Tellier. »
(Urs. Hennebont. Orig. parch.). Enregistré au parlement à Rennes, le 1er septembre 1643.

On voit qu'à cette époque les Ursulines n'avaient pas encore bâti leur couvent. Elles cherchaient un terrain convenable dans l'intérieur de la ville close et n'en trouvaient pas. Après avoir cherché longtemps, elles jetèrent les yeux sur un immeuble situé dans le faubourg de Saint-Caradec, au sud de la ville et au bord du Blavet.

Là se trouvait un prieuré, dépendant de l'abbaye de Saint-Melaine de Rennes, et appelé N.-D. de Kerguélen. Les moines n'y résidaient plus depuis des siècles, et un fermier payait une rente annuelle aux religieux. Voyant cet établissement inoccupé et sans profit pour le public, les Ursulines en demandèrent la concession à l'abbaye vers 1643. Le pape Alexandre VII, par une bulle du 10 février 1666, leur permit définitivement d'en jouir, à la charge de payer une rente annuelle de trente livres à l'abbaye de Saint Melaine.

Les religieuses y commencèrent aussitôt la construction d'un monastère définitif, tel qu'il était autorisé par les lettres patentes du roi. Comme on peut le voir sur le plan cadastral.

Plan du couvent des Ursulines d'Hennebont (Bretagne).

Deux corps de logis et une chapelle formèrent les trois côtés d'un carré ; à l'est passait le Blavet ; au midi et à l'ouest on pouvait facilement faire un jardin et un verger.

C'est là que s'établirent les Ursulines d'Hennebont, aussitôt qu'elles le purent ; c'est là qu'elles transportèrent leurs écoles externes et leur pensionnat ; c'est là qu'elles reçurent désormais leurs novices et leurs professes. La perte des registres empêche de donner la liste des supérieures, ainsi que la liste des professions.

Un inventaire des titres de la maison, dressé le 25 mai 1791, par MM. Le Tobic et Cordon, en présence de la supérieure et de l'économe, mentionne divers contrats de dot de religieuses ; ils variaient de 2.000 à 6.000 livres. C'était un des principaux revenus du couvent.

Les capitaux qui en provenaient étaient placés en constituts, et la rente servait à payer la pension des religieuses. L'inventaire précité mentionne en tout trois constituts, montant à 18.000 livres, savoir : 1° un contrat de constitution de rente, du 24 avril 1776, sur les religieux du Relecq, au principal de 6.000 livres ; — 2° un contrat de constitution de rente, du 6 décembre 1782, sur les religieux de Saint-Melaine, au principal de 8.000 livres ; — 3° un contrat de constitution de rente, du 1er avril 1788, sur les États de Bretagne, au principal de 4.000 livres.

Dans le même inventaire, il est aussi question de deux lettres missives des princes de Rohan-Guémené, concernant une rente de quatre minots et demi de froment, due à la communauté sur la prévôté de Groix.

Le 6 décembre 1790, la communauté d'Hennebont comprenait :

20 sœurs de chœur.
Marie-Servanne-Julie Sanguinet, de Saint-Augustin, 53 ans, supérieure.
Marie-Joseph Le Guyader, de Saint-Joseph, 67 ans, prof. en 1741.
Anne-Françoise Le Bel du Passe, de Sainte-Rose, 51 ans, prof. 1764.
Jacquette-Scolastique Le Bel du Passe, Marie-Céleste, 49 ans, prof. 1766.
Marie-Louise Coetuhan, de Sainte-Rosalie, 54 ans, prof. en 1766.
Thérèse Very Saint-Romain, de Sainte-Thérèse, 50 ans, prof. en 1770.
Constance Mocar, dite Marie-des-Anges, 42 ans, prof. 1770.
Jeanne-Angèle Le Métayer de Coediquel, de Sainte-Reine, 39 ans, prof. 1771.
Jeanne Tanguy, dite de Sainte-Mélanie, 36 ans, prof. 1775.
Marie-Joseph Lafargue, de Sainte-Pélagie, 37 ans, prof. 1778.
Jeanne-Marie Marchurey, de Sainte-Emilie, 31 ans, prof. 1779.
Jeanne-Michelle Even, de Sainte-Adelaïde, 33 ans, pror. 1780.
Marie-Françoise Carour, Marie-Angèle, 29 ans, prof. 1782.
Perrine Plaudrain, de Sainte-Julie, 36 ans, prof. en 1783.
Fidèle-Joseph Bernard, Emmanuel, 35 ans, prof. en 1783.
Rose Jouzeau, de Saint-Charles, 34 ans, professe en 1783.
Anne Chefdautel, de Sainte-Catherine, 27 ans, prof. 1783.
Agathe-Hyac. Le Métayer de Coediquel, Sainte-Agathe, 32 ans, prof. 1784.
Marie-Julie Cougoulat, de Sainte-Claire, 29 ans. prof. en 1785.
Marie-Hélène Le Chevalier, de Sainte-Ursule, 24 ans, prof. 1789.

11 sœurs converses.
Julienne Le Bouar, Saint-Michel, 68 ans, prof. en 1743.
Marie-Angélique Le Gouron, Sainte-Madeleine, 56 ans, prof. 1757.
Brigitte Janno, Sainte-Gertrude, 53 ans, prof. 1760.
Perrine Georget, Sainte-Hélène, 56 ans,prof. 1760.
Marie Fromal, Sainte-Brigitte, 52 ans, prof. 1762.
M. Olive Le Tallec, Sainte-Barbe, 55 ans, prof. 1770.
Marie Courtet, Saint-Pierre, 58 ans, prof. 1770.
Françoise Keraudran, Sainte-Marie, 58 ans, prof. 1776.
Anne Le Serrec, Marie-Anne, 41 ans, prof. 1780.
Louise Le Serrec, Sainte-Monique, 46 ans, prof. 1784.
Anne Lestrohan, Sainte-Marthe, 27 ans, prof. 1788.

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RÉVOLUTION

Les Ursulines d'Hennebont, taquinées par les règlements révolutionnaires, ne furent sérieusement menacées qu'en 1792, à l'occasion de leurs écoles. Voici un extrait du registre des délibérations du Directoire du département du Morbihan, du 2 juillet 1792.

« Vu la délibération de la municipalité d'Hennebont du 22 juin dernier, portant nomination de deux commissaires à l'effet de requérir le serment des Ursulines de la d. ville, comme chargées de l'instruction publique, et rapporter acte de la prestation ou du refus de ce serment ;

Procès-verbal des d. commissaires du 23, justifiant que sur vingt religieuses (de chœur), trois seulement ont prêté le serment, savoir : Marie-Servanne-Julie Sanguinet, supérieure, Marie-Joseph Lafargue et Rose Jouseau, et que les 17 autres ont refusé de le prêter ;

L'avis du directoire du district d'Hennebont du 27 ;

Le Directoire (du département), considérant que les principes de la Constitution ne survivraient pas à la génération présente, s'ils n'étaient transmis par l'éducation publique à la génération future et à celles qui doivent lui succéder ; que le seul moyen de perpétuer la liberté et l'égalité, qui forment la base de la Constitution, consiste à ne confier l'éducation publique qu'à des personnes qui y sont attachées et imbues de ses principes ; que des religieuses qui méconnaissent la volonté générale et refusent de se soumettre à des lois qui en sont le résultat, sont dès lors suspectes d'entrer dans les vues des hommes pervers qui, les uns les armes à la main, les autres par des factions et une coalition coupable, s'efforcent de recourber la nation sous les fers, qu'elle a si heureusement rompus ;

Arrête, ouï le substitut du procureur général syndic,

1° Que les 17 religieuses Ursulines d'Hennebont qui ont refusé de prêter le serment civique, sont suspendues de toutes fonctions relatives à l'instruction publique ;

2° Que, pour éviter qu'elles communiquent leurs principes anticonstitutionnels aux trois religieuses patriotes qui se sont soumises à la loi, elles seront tenues d'évacuer le couvent qu'elles habitent, et de se rendre, dans le délai de quatre jours, à compter de la notification du présent, savoir : 2 aux Ursulines du Faouët, 3 à Pontivy, 2 à Josselin, 3 à Ploërmel, 2 à Malestroit, 2 à Muzillac et 3 à Vannes, si mieux n'aiment les d. religieuses quitter la vie commune ;

3° Que, sur les mandats du directoire d'Hennebont, il sera délivré à chacune d'elles, pour leurs frais de route, en diminution de leurs traitements respectifs, la somme de 20 sous par lieue ; et enjoint aux Ursulines du Faouet, de Pontivy, Josselin, Ploërmel, Malestroit, Muzillac et Vannes de recevoir les d. religieuses ... » (L. 788).

L'exécution ne se fit pas attendre.

« Votre arrêté, écrivent les administrateurs du district à ceux du département, a été communiqué et lu aux Ursulines d'Hennebont, et leur sortie fixée, d'après leurs représéntations, au lundi 9 juillet.
La municipalité, pour éviter tout rassemblement populaire, qui n'eut pas manqué de se former, comme elle en était avisée, nomma plusieurs de ses membres pour faire exécuter votre arrêté, et ses commissaires crurent devoir se rendre à la maison des Ursulines sur le minuit, afin d'être en état d'agir aussitôt que le jour le leur permettrait, et de déjouer par là les malveillants qui auraient pu troubler la tranquilite publique.

Notre collègue M. Lapotaire et le secrétaire de notre administration se réunirent aux trois commissaires de la municipalité, et forts d'eux-mêmes, ils parvinrent en effet à engager ces religieuses à sortir sur les trois heures du matin, et à se rendre dans les différentes maisons bourgeoises qui étaient disposées à les recevoir jusqu'à leur départ pour leur nouvelle destination. Tout fut exécuté dans le plus grand ordre ; les procédés honnêtes furent employés, et sans inquiétudes quelconques la maison des Ursulines se trouva débarrassée de filles qui y causaient de grands maux pour la propagation de la nouvelle loi sur l'instruction de la jeunesse ; de sorte que les trois religieuses patriotes peuvent actuellement se livrer avec ferveur et courage à ce qui leur est recommandé ; elles attendront avec grande impatience les personnes qui comme elles se dévoueront à ce travail pénible.

Par suite de ce principe, l'un de nous, accompagné d'un membre de la municipalité, se transporta au monastère de la Joie, promettant un accueil gracieux et protection spéciale à celles qui se livreraient à l'instruction et voudraient se rendre dans la d. maison des Ursulines d'Hennebont.

Nous avons chargé notre trésorier de payer, d'après vos ordres, aux religieuses sorties du monastère des Ursulines leur conduite, et cette rétribution leur a été offerte avant leur sortie, mais aucune d'elles jusqu'à ce jour n'a accepté, et nous savons que plusieurs d'elles se sont mises en route pour leur destination.

Nous devons, Messieurs, vous parler en faveur de neuf sœurs converses, qui sont également sorties des Ursulines, pour se rendre dans leurs familles. Ces filles âgées réclament l'exécution de la loi en leur faveur, pour les faire jouir d'une pension : cela est de toute justice, elles ont sacrifié leurs jours et leurs gages à l'administration de cette maison, et si vous le trouvez bon, nous vous en remettrons l'état. Elles auraient préféré, par esprit de religion et d'attachement à leurs mères sorties de la maison, les suivre dans leurs nouvelles habitations, ce qui est impraticable ; nous attendrons sur cela vos nouvelles déterminations.

Hennebont, le 10 juillet 1792, l'an IV de la Liberté. Les administrateurs du directoire du district d'Hennebont Gourdin. — Le Tohic. — Lapotaire. — Laigneau » (L. 788).

Le 1er octobre suivant, la supérieure des Ursulines, ses deux compagnes, et deux sœurs converses furent expulsées à leur tour : leur faiblesse ne put les sauver.

Le 13 décembre 1792, le couvent des Ursulines et l'enclos, mis en vente, furent adjugés à L. Sauvager, pour 50.100 livres.

Deux parcelles de terre furent vendues le 4 juillet 1800 à M. Le Goff, pour 323 livres.

Pendant la Terreur, les sœurs Véry et Carour furent intentées à Vannes, la sœur Bernard à Auray, et peut-être d'autres ailleurs.

Après le Concordat, plusieurs anciennes Ursulines d'Hennebont se groupèrent dans cette ville sous l'habit laïque, et s'éccupèrent de l'instruction des jeunes filles. Un legs de dix mille, francs, qui leur fut fait par M. Kergus, n'ayant pu être légalement autorisé, puisqu'elles ne constituaient pas une communauté reconnue, elles profitèrent de l'occasion pour se reconstituer.

En 1819, M. Louis Videlo, curé d'Hennebont, racheta pour elles l'ancien couvent des Carmes, situé dans la ville close, et le leur céda plus tard, quand elles eurent été légalement reconnues.

Elles firent plusieurs changements dans la disposition des lieux. N'ayant pu rétablir l'ancienne chapelle, elles en bâtirent une nouvelle à l'ouest de leur établissement, et dirigée du sud au nord. Au reste, en comparant le plan de leur maison, N° 2, avec le plan de l'ancien couvent des Carmes, on peut facilement se rendre compte des modifications introduites par elles.

Jh. Le Mené.

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