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Jacques SANTERRE, oncle, et Jacques Santerre, neveu, prêtres guillotinés à Lorient
en exécution de la loi des 29-30 vendémiaire an II.

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258. — Jacques Santerre, issu du mariage de Jacques et de Guillemette Guyot, naquit au village de Trémont, en Herbignac, le 9 mai 1716, et fut baptisé le même jour. On n’a pas trouvé de renseignements sur ce serviteur de Dieu, sinon qu’il fut ordonné prêtre dans le diocèse de Nantes en 1745. En 1763, il était vicaire à Assérac, même évêché. A une date que l’on ignore, il fut nommé chapelain ou vicaire de la Madeleine, chapelle aujourd’hui paroisse, située dans les faubourgs de Guérande. Le 3 septembre 1791, le directoire de la Loire-Inférieure, considérant le desservant de la Madeleine comme un fonctionnaire public, décida qu’il serait procédé au remplacement de M. Santerre « parce qu’il ne s’était pas présenté au moment de la prestation de serment à Guérande », exemple d’autant plus méritoire qu’il fut peu suivi en cette localité. Obligé de se chercher asile ailleurs, ce vieillard se retira à Férel, alors trêve d’Herbignac, où il avait quelques propriétés.

259. — M. Santerre possédait deux neveux qui devinrent prêtres tous les deux. Le plus jeune, Julien, mourut déporté à la Guyane en 1799, l’aîné et son filleul, appelé Jacques, comme son parrain, naquit à Herbignac, le 25 octobre 1739, du mariage de Jean et de Marie Bertho. Il fut baptisé le lendemain. Il reçut la prêtrise à Nantes, le 20 décembre 1766. Son oncle étant septuagénaire fit appel à ses forces à une date que l’on n’a pas retrouvée. C’est donc pourquoi, habitant Guérande en 1791, il imita la conduite de son parrain et, comme lui, fut obligé de quitter cette ville en qualité de réfractaire. Il se retira lui aussi dans son pays natal et ne tint aucun compte des lois d’exil qui l’atteignaient, préférant l’intérêt des âmes à sa propre sécurité.

260. — Jacques Santerre, oncle, d’après la tradition, vivait retiré au village du Drézel, où il donnait le meilleur exemple aux alentours. Aidé de son filleul et neveu, il fit tout le bien possible aux environs, écrivait dès 1821 le précieux chroniqueur qu’est l’abbé Guillon. Les lois féroces des 21-23 avril 1793, des 29-30 vendémiaire et du 22 floréal an II, qui menaçaient directement leurs existences, ne les firent point modifier leur façon d’agir. Enfin, le 29 avril 1794, une dénonciation de Jean Lévêque, curé intrus d’Herbignac, plus connu sous le nom de Jean des Bicqueteaux, vint mettre le comité de surveillance de cette localité en éveil. On fit venir un cultivateur appelé Michel Vallée, qui fit connaître avoir rencontré Jacques Santerre aîné, près du village de Kerboulard, revêtu d’habits civils. (Arch. Morbihan, L 276).

Les autorités jacobines, ainsi alertées, durent redoubler d’efforts pour s’emparer des prêtres Santerre, mais nul document que l’on connaisse ne raconte leur arrestation. On dit que Santerre oncle fut saisi au cours d’une immense chasse aux prêtres qui battit toute la région de La Boche-Bernard. Ecroué à la Tour de Vannes sur ordre de l’agent national du district, en date du 3 juin 1794, M. Santerre aîné fut élargi le 15 de ce même mois et transféré à la prison dite de la Retraite des Femmes, à cause de sa mauvaise santé. On l’en sortit le 1er juillet de cette année pour le conduire à Lorient, alors siège du tribunal criminel.

Quant à Santerre neveu, il fut écroué le 7 juin 1794 par la gendarmerie de Muzillac à la Tour de Vannes. On l’emmena à Lorient le même jour que son oncle. La tradition, confirmée par sa déposition, ainsi qu’on le verra plus loin, veut que Santerre cadet se livra spontanément pour obtenir la délivrance de son frère Jean arrêté à son lieu et place.

261. — Le 7 juillet 1794, les deux parents comparurent à Lorient devant le tribunal criminel du Morbihan pour s’y entendre condamner à mort. Leur jugement, prévu d’avance, n’était que le couronnement d’une parodie judiciaire voulue par la loi. On possède deux versions de l'interrogatoire subi par Santerre, l’octogénaire. — L’une, qu'il refusa de signer, prétend qu’il ne prêta pas le serment constitutionnel, « parce qu'il était malade ». C’est cette version qui figure dans le dossier de son procès que l'on conserve parmi les papiers du tribunal criminel. — L’autre version, au contraire, qu’on peut lire dans le texte imprimé de son jugement, prête à ce vieillard une toute autre attitude. Il y affirme nettement, sans y ajouter aucune explication, qu’il n’a point prêté le serment constitutionnel, et comme les juges insistaient pour connaître la raison pour laquelle il ne s’était pas retiré, vu son âge, dans la maison de réclusion départementale créée par la loi du 26 août 1792, l’octogénaire, fatigué sans doute de ces questions sans fin, répondit brusquement à ses interrogateurs : « Pour faire comme les autres », puis dans un sursaut d’énergie, il ajouta ces paroles qui figurent en italiques dans le texte imprimé de son jugement : « Qu’au surplus on pouvait le fusiller ou le guillotiner, qu'il s'en foutait ».

262. — Décontenancés ses juges passèrent à un autre inculpé, lequel fut Mathurin Le Breton (voir Pleucadeuc), vu par ailleurs, puis ensuite à Jacques Santerre neveu. Celui-ci fit remarquer nettement (ce qui cadre avec ce que l’on a dit à son sujet tout à l'heure) « qu’il n’a point été arrêté, mais qu’il s’est rendu de lui-même à la municipalité de Férel le 5 juin 1794 ». Il nia après cela, tout autant avoir prêté serment que d’avoir pris quelque moyen pour se déporter, ainsi que l’y obligeaient les lois de persécution. Enfin, il résuma en ces mots la vie atroce qu’il avait dû mener en sa qualité de proscrit demeuré en France pour y faire du ministère : « Je mendiais ma subsistance et je me retirais dans les bois, les granges et les genêts ».

L’accusateur public Brullé, dans sa plainte, avait désigné les ecclésiastiques sus-nommés comme prêtres réfractaires, arrêtés errants sur le territoire de la République. La loi n’exigeait rien autre pour condamner à mort. La sentence suivit de près l’interrogatoire. — On invoqua pour sa teneur les textes de lois si connus des 29-30 vendémiaire et des 22 floréal an II.

263. — L’attitude si énergique de Santerre octogénaire au cours de son interrogatoire, le courage de son filleul allant se livrer à la mort pour faire rendre la liberté à son frère, sont un sûr garant des sentiments avec lesquels ils acceptèrent et subirent leur condamnation. Celle-ci fut exécutée quelques heures seulement après leur jugement, à sept heures quarante du soir. Leurs actes de décès figurent sur les registres d’état civil de Lorient. Quelques personnes de leur famille existent toujours à Herbignac et à Férel. Les anciens de Férel se souviennent encore de leurs noms et croient à leurs martyres.

BIBLIOGRAPHIE. — Guillon, Les Martyrs de la Foi, etc., op. cit. (1821), t. IV, p. 575 et 579. — Tresvaux du Fraval, Histoire de la Persécution révolutionnaire en Bretagne, etc., op. cit. (1845), p. 31. — A. Lallié, Le Diocèse de Nantes pendant la Révolution, deux in-8°, Nantes, 1893, I, p. 421 ; II p. 355. — P.-M. Briand, Notices sur les Confesseurs de la Foi dans le diocèse de Nantes, deux in-8°, Nantes, II, p. 435. — R. P. Le Falher, Les Prêtres du Morbihan victimes de la Révolution, etc. (1821), op. cit., p. 92-99, publie une partie des pièces de leurs procès.

(Sources : Archives du Morbihan, L 276, A 14, anciennement Z 501. — Archives d'Ille-et-Vilaine, série L, non datée, texte imprimé de leur jugement).

(Articles du Procès de l'Ordinaire des Martyrs Bretons).

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