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Le clergé séculier et les Congrégations religieuses en Ille-et-Vilaine de 1790 à 1792. |
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Les érudits qui se sont occupés de la Constitution civile du clergé ont constaté dans l'Ouest de la France l'existence d'un groupe de départements où la majorité du clergé s'y montre nettement hostile. C'est le cas du Finistère, des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), du Morbihan, de la Loire-Inférieure, de la Vendée, du Maine-et-Loire, de la Mayenne, de la Sarthe, de la Manche, de l'Orne et du Calvados. Je viens y ajouter l'Ille-et-Vilaine. En effet, d'après les statistiques officielles, les prêtres assermentés y sont partout en minorité : 6 sur 89 dans le district de Montfort, 30 sur 100 dans celui de Fougères, 18 sur 70 dans celui de La Guerche, 11 sur 87 dans celui de Vitré, 7 sur 69 dans celui de Bain, 14 sur 84 dans celui de Saint-Malo, 16 sur 93 dans celui de Dol ; il n'y en a pas un seul sur les 57 curés ou vicaires du district de Redon. En ce qui concerne le district de Rennes, le tableau officiel ne donne pas d'indications absolument précises, mais si on étudie chacun des prêtres qui y figurent, on n'y trouve que 10 assermentés sur 128.
Les congrégations religieuses de femmes montrent en Ille-et-Vilaine la même fidélité qu'on rencontre presque partout en France. Pas une seule religieuse appartenant aux couvents situés dans le district de Rennes n'en est sortie avant la fermeture légale et l'expulsion de 1792. Parmi les Bretonnes d'origine, appartenant à des couvents situés en dehors de notre province, deux seulement ont fait au district de Rennes leur déclaration de rentrée dans la vie privée en venant y fixer leur résidence, l'une en 1790, Françoise-Thérèse Landry, née à Fougères, religieuse à l'abbaye des Clerays, diocèse de Chartres, l'autre en 1791, Angelique-Gabrielle Gautron, née à Plélan-le-Grand, ursuline à Saint-Cloud. Même en admettant que ces deux religieuses aient quitté de leur plein gré leur couvent et que leur départ ne s'explique pas par des causes locales ou personnelles, on voit que le chiffre des défections est absolument insignifiant.
Il n'en est pas de même des congrégations religieuses d'hommes. Mais ici la question est singulièrement complexe et difficile à élucider. Il semblerait à première vue qu'il suffise pour être renseigné de compulser les déclarations faites par les religieux des divers couvents aux commissaires municipaux venus pour les interroger en 1790, et de considérer comme bons religieux ceux qui déclarent vouloir continuer à mener la vie commune, comme religieux tièdes ceux qui annoncent leur intention de sortir du cloître. En réalité il n'en est rien. Une première difficulté, c'est que les inventaires contenant ces déclarations n'existent pas pour certains couvents. Malgré l'inlassable complaisance de M. Bourde de la Rogerie, qui a poursuivi à mon intention, de liasse en liasse, les dossiers récalcitrants, plusieurs ont échappé à ses recherches, ou bien parce qu'ils sont restés dans les archives des municipalités, ou parce qu'ils ont disparu pour une cause quelconque. En second lieu, quand nous possédons les déclarations, nous n'en sommes pas parfois plus avancés, certains religieux se bornant à dire qu'ils ne prendront un parti définitif que quand ils connaîtront les conditions que la loi fera aux religieux qui auront quitté leur couvent, chiffre de pension, etc…. Enfin il arrive souvent que les intentions manifestées en 1790 n'ont pas été suivies d'effet. Si l'Assemblée Constituante s'était bornée à ouvrir les portes des couvents à ceux qui voulaient en sortir, il y aurait eu, je crois, très peu de défections mais elle avait décrété en outre la fermeture de tous les couvents qui ne grouperaient pas au moins vingt religieux, autorisant les membres des couvents supprimés à se réunir à d'autres religieux pour compléter ce chiffre. Beaucoup qui seraient restés dans leur couvent si on les y avait laissés, ne se sont pas souciés de recommencer leur vie sur de nouvelles bases, et si l'on est en droit de blâmer ceux pour lesquels il n'y aurait eu qu'un changement de résidence, on ne peut émettre un pareil jugement sur le compte de ceux auxquels l'administration prétendait imposer une cohabitation incompatible avec la pratique exacte de leur règle, comme ce fut le cas par exemple dans le Morbihan pour les Chartreux, auxquels on voulut imposer la vie commune avec les Dominicains.
Il faut donc établir des biographies individuelles indiquant l'attitude de chaque religieux pendant les années décisives de la période révolutionnaire. Deux catégories très nettes peuvent être distinguées. Il y a d'un côté ceux que j'appellerai les schismatiques, c'est-à-dire ceux qui sont entrés dans les rangs du clergé constitutionnel, auxquels j'assimile ceux qui ont remis leurs lettres de prêtrise en 1793 ou qui sont qualifiés « assermentés » dans l'enquête préfectorale de 1801, publiée par M. l'abbé Sevestre [Note : Annales de Bretagne, tome XXVII, p. 280 et suiv., tome XXVIII, p. 390 et suiv., tome XXIX, p. 117 et suiv., 263 et suiv., 503 et suiv.]. Il y a de l'autre côté ceux que j'appelle les orthodoxes, qui n'ont prêté aucun serment et qui ont été, quand on a pu les saisir, incarcérés ou déportés en août 1792. Mais entre ces deux catégories, il en est une troisième beaucoup plus difucile à caractériser : ce sont les religieux qui se sont bornés à prêter le serment de liberté et d'égalité en 1792, ou le serment de haine à la royauté en 1797, et qui figurent par conséquent sur la liste des pensionnés de l'Etat à côté des schismatiques. On ne peut cependant les assimiler, ces deux serments ayant été considérés comme purement politiques et par suite comme licites par des théologiens aussi orthodoxes que l'abbé Emery, et le pape Pie VI les ayant plutôt désapprouvés que formellement condamnés. Cette observation est encore plus vraie quand elle s'applique à de simples frères convers. Il est donc préférable de classer comme douteux les religieux de cette troisième catégorie, sauf à indiquer les circonstances particulières qui pour certains individus mieux connus donnent à penser qu'ils se rattachent plutôt à l'une des deux premières catégories.
Il ne faut pas oublier d'ailleurs que si ces biographies individuelles sont possibles pour les religieux domiciliés dans le département ou aux environs, elles sont impossibles pour ceux qui, originaires de diocèses fort éloignés, s'y sont retirés et ne pourront être identifiés que quand un travail analogue aura été fait pour toute la France.
Les Bénédictins avaient cinq couvents en Ille-et-Vilaine : l'abbaye Saint-Melaine de Rennes, l'abbaye Saint-Sauveur de Redon, l'abbaye du Tronchet, le prieuré de Notre-Dame de Vitré et le couvent dit des Bénédictins anglais à Saint-Malo. Si, au personnel de ces cinq établissements on joint les Bénédictins appartenant à d'autres couvents qui sont venus fixer leur domicile en Ille-et-Vilaine à partir de 1790, on obtient les chiffres suivants : treize ont quitté le département ; trois insermentés : Bazile, né à Vertou, moine à Redon, noyé à Nantes en 1793 Quinquet, moine à Rennes, mort à Paris en 1793 ; Rousseau, originaire de Nantes, prieur de Saint-Malo ; quatre assermentés : Dejuin, né à Siran (Hérault), moine à Saint-Malo ; Fougerolles, né à Mayenne, moine à Rennes ; Gandon, né à Rouessé-en-Champagne (Sarthe), moine à Rennes, et Billard, probablement d'origine nantaise, moine à Redon ; trois douteux, mais sans doute assermentés : Rabany, né à Brioude ; Vautrey, né en Franche-Comté, et Guimond, né à Mayenne, tous trois moines à Redon, ce dernier rentré au plus tard en 1799 au sein de l'orthodoxie ; enfin trois inconnus : Deroy, moine à Vitré, et deux religieux du Tronchet dont je n'ai pu retrouver le nom.
Vingt-six sont restés ou sont revenus dans le diocèse et appartiennent à la catégorie des assermentés : Delacroix et Bobe, nés à Rennes ; Devahez, né à Beaumont-en-Veron (Indre-et-Loire) ; Rio, né à Riantec (Morbihan) ; Dureau, né à Vimarcé (Sarthe), tous les cinq moines à Rennes ; Le Breton, né à Rostrenen (Côtes-du-Nord), moine à Redon ; Richard, né à Saint-Gilles (Ille-et-Vilaine), moine à Angers ; Gendrot, né à Couesmes (Ille-et-Vilaine), moine à Saint-Mathieu ; Jolivel, Jolys, Estin, Le Meur, Rageot, les deux frères Marie, Guichard et Couarde, tous nés à Rennes, venant de Landevenec, de Saint-Gildas-des-Bois, de Marmoutiers, du Mans, de Vitré, de Châteaugontier et de Bourgueil ; Pierre Guérin, né à Rannée (Ille-et-Vilaine), moine à Beaulieu ; Devy, né à Tour-de-France (Pyrénées-Orientales), moine à Saint-Malo ; Guéroult, Lesbaupin et Hamard, probablement originaires du district de Saint-Malo où ils se retirent, disant venir l'un du Mont-Saint-Michel, l'autre du Tronchet ou du Mont-Saint-Michel ; Blouet et Laceron, d'origine inconnue, venant probablement du Mans ou de Saint-Calais ; Moreau, moine à Vitré, enfin Baron, né à Rennes, prieur de Saint-Mathieu, qui en 1790, déclare vouloir mourir en vrai religieux, mais qui figure comme assermenté sur la liste préfectorale de 1801. Les dix-sept insermentés, tous incarcérés en août 1792, sont : trois moines de Rennes : Debroise et Gaultier, nés à Rennes : Lego, né à Ruillé-en-Cbampagne (Sarthe) ; un du Tronchet, Gouaillic : trois de Solesmes, Cotelle, Morel et un des deux frères Louason, nés tous trois à Rennes ; deux de Redon, Raguidel et Lemois ; un de Saint-Gildas-des-Bois, Lepoitevin ; un de Vertou ou plutôt de Saint-Florent, Piolaine ; un de Quimperlé. Malherbe, né à Rennes ; deux de Saint-Vincent du Mans, Jehors, et un des deux frères Louason, nés à Rennes ; un de La Couture du Mans ; Pitteu, né dans le diocèse de Rennes ; un d'Angers, Lecoursonnais, né à Saint-Aubin-du-Cormier ; un d'Evron, Lesouchu. Deux sont douteux, Lamandé, né à Dinan, moine au Mans, mort en août 1791, sans avoir eu par conséquent à prendre nettement parti dans la question des serments, et Durand, moine à Vitré, qui figure comme habitant cette ville sur l'état des pensionnés de 1792, mais dont, à partir de cette date, je ne trouve plus aucune trace.
Le diocèse actuel de Rennes ne comptait qu'une seule abbaye cistercienne, la Vieuxville. Des six religieux qui s'y trouvaient, l'un, Destays, a quitté le pays de très bonne heure, les cinq autres, Asséré. Delfosse, Flour, Gilbert et Manigault ont prêté tous les serments qu'on leur a demandés [Note : DELARUE, Le clergé du district de Dol, tome III, p. 99-100]. Il faut ranger dans la même catégorie trois cisterciens de Savigny, Vallée, Verdier et Poullain, et trois autres qui viennent on ne sait d'où : La Geneste, Langlet, et Prévost ou Provost. Un seul cistercien, Brochardière, moine à Savigny, appartient à la catégorie des insermentés.
Montfort, Rillé et Paimpont étaient trois abbayes appartenant aux chanoines réguliers. Trois de leurs religieux ont quitté le pays sans laisser de traces, Rethoré, moine à Montfort, Beaulieu et Dufayel, moines à Rillé. Quatre ont prêté serment, Duboys, prieur de Paimpont ; Voillerault, originaire de Langres, prieur de Montfort ; Leroy et Pézeron, venus je ne sais d'où. Deux moines de Rillé, Delaunay, d'origine inconnue, et Marie, né à Rennes, ont été emprisonnés à Rennes en 1792 pour refus de serment. Je considère comme douteux Clouet, né à Rennes, prieur de Mohon, retiré à Rennes en 1791, et dont je ne sais rien depuis cette date.
Il n'y avait pas de couvent de Prémontrés dans le département d'Ille-et-Vilaine, mais nous y constatons la présence en 1792, de deux religieux de cet ordre, un insermenté, Fortin, sous-prieur de Beauport [Note : Et non de Beaupréan, comme a imprimé M. l’abbé Sevestre], et un assermenté, Anger, qui figure comme tel sur la liste des pensionnés du district de Fougères en l'an II.
Il y avait des Augustins à Rennes et à Vitré. Sur les sept religieux que comptaient ces deux couvents, deux s'empressent d'abandonner la vie commune, Vaucher, né à Reims, et Fontarive, né à Orléans : du moins Vaucher exprime « le regret qu'il éprouve à abandonner, attendu les circonstances, un état qu'il respecte et honore toujours ». Quatre autres prêtent serment, Desvignes, né à Paris ; Tribault, né à Louvigné-de-Bais (Ille-et-Vilaine) ; Darc, né à Paris, et Girard, né à Bar-le-Duc. Un seul, Veillart, né à Rennes, prieur de Vitré, est incarcéré en 1792 pour refus de serment. Le chiffre des assermentés se trouve grossi de deux autres recrues, Echelard, né à Clayes (Ille-et-Vilaine), venant de Lamballe, et Lamotte, de Barfleur, qui, après avoir été prêtre constitutionnel, s'engagea en 1793 comme cavalier dans l'armée républicaine.
Il y avait des Dominicains à Rennes et à Vitré. Dans cet Ordre, non seulement la majorité reste fidèle à l'orthodoxie, mais les religieux de Rennes reconstituent avec leurs confrères d'autres couvents un établissement prospère qui ne disparaît que devant de nouvelles mesures de proscription en 1792. Un seul, Klein, né à Faulquemont (Moselle). demande à retourner dans sa famille. Cinq prêtent serment, quatre dès le début, Lesage et Mainguy, nés à Rennes, et Joyau, né à Angers, appartenant tous trois au couvent de Rennes, et Morel, né à Vannes, prieur de Vitré : un quatrième, Arnoldy, né à Wisswiller (Moselle), après être resté fidèle jusqu'en 1792, non seulement à l'orthodoxie, mais à la vie religieuse, renonce à ce moment à l'une et à l'autre pour entrer dans le clergé constitutionnel. L'état préfectoral de 1801 nous fait connaître trois autres assermentés, Bain, né à Rennes, venu probablement de Vannes ; Chauvière, dont on ne sait rien, et Christofle, qui, après avoir quitté Rennes pour Metz dès 1789, est revenu à une date inconnue dans notre diocèse. Trois autres sont douteux, Daufin, né à Feins (Ille-et-Vilaine), dont la sortie du couvent peut fort bien s'expliquer par les graves infirmités dont il se dit atteint, car je n'ai trouvé aucune trace d'adhésion de sa part au schisme constitutionnel ; Levinec, né à Rennes, moine à Thouars, qui manifeste formellement l'intention de reprendre la vie commune, est incarcéré à Rennes en août 1792 et se borne à prêter le serment de liberté et d'égalité, enfin le frère Le Coquil, né à Plusquellec (Côtes-du-Nord), dont les fréquents changements de résidence pourraient bien dissimuler une fidélité réelle à son Ordre. Les autres membres du couvent de Rennes, dix sur dix-sept, restent complètement fidèles à leurs engagements. J'y compte sept Bretons, Caillebot, Coste et Marie, nés à Rennes ; Jamin, né à Bais (Ille-et-Vilaine) ; Pain, né à Dinan ; Marcel, né à Josselin ; Gicquel, né à La Trinité-Porhoët (Morbihan) ; deux de la Mayenne angevine, les deux Bordère, nés l'un à Renazé, l'autre à Congrier, et un Lorrain, le frère Marcus, né à Warris (?), au diocèse de Metz. Ils sont rejoints dans leur couvent de Rennes par quatorze de leurs confrères venant de Vitré, de Nantes, de Dinan, de Guingamp, de Vannes, de Quimperlé, de Thouars : Fissot, Panaget et Sébillot, nés à Rennes ; Goguelin, né à Dinan ; Barazer, né à Lannion ; Lagain, né à Servel (Côtes-du-Nord) ; Lemaitre, né à Trégon (Côtes-du-Nord) ; Loisel, né à Jugon (Côtes-du-Nord) ; Carvenec, né à Pommerit-Jaudy (Côtes-du-Nord) ; le frère Scaër, né à Prat (Côtes-du-Nord) ; Guyomar, né à Plouay (Morbihan) ; le frère Hamonic, né à Neuillac (Morbihan) ; Giraudet, né à Morlaix ; Pallix, né à Gathemo (Manche), qui tous restent fidèles à l'orthodoxie. D'autres avaient manifesté également l'intention de reprendre la vie commune au couvent de Rennes, mais ne l'ont pas réalisée. Delaunay, né à Rennes ; Feillet, Larbre de Lépine et Guihard : ils doivent être tenus provisoirement comme orthodoxes. Delaunay, le seul sur lequel nous ayons quelques renseignements postérieurs, s'est retiré dans le district de Dol où il est considéré par les autorités, en 1792, comme insermenté, mais comme inoffensif, vu la diminution de ses facultés intellectuelles [Note : DELARUE, Le District de Dol, tome II. p. 161].
Sur treize Cordeliers que compte le couvent de Rennes, un seul, Renault, né à La Boussac (Ille-et-Vilaine), demande à sortir des 1790 et devient curé constitutionnel de Cornuz ; un second, Graffard, né à Rennes, qui a déclaré ne pas vouloir sortir actuellement, quitte son couvent presqu'aussitôt, et figure sur la liste des pensionnés de l'an III ; un troisième, Chéreau, né à Beaumont-le-Vicomte (Sarthe), déclare en 1790 vouloir rester dans son couvent, accepte en 1791, après la fermeture, d'être élu vicaire constitutionnel de Châteaugiron. A la catégorie des schismatiques appartiennent encore Lemoine, né à Rennes, venant de Bressuire, curé constitutionnel de Brie ; Vannier, né à Château-du-Loir (Sarthe), d'abord venu de Saint-Brieuc à Rennes pour rejoindre les religieux restés fidèles à la vie commune, mais qui sort de son couvent le 12 juillet 1791 pour entrer dans le clergé constitutionnel et apostasier en 1793 ; Dubois, venant de Dinan, curé constitutionnel de Saint-Enogat, enfin Salmon, qui figure comme assermenté sur l'état préfectoral de 1801. On peut considérer comme douteuse l'orthodoxie de Riousse, né à Saint-Côme, près Mamers (Sarthe), qui après avoir déclaré en 1790 rester dans son couvent, mais réserver sa liberté pour l'avenir, part pour Le Mans le 13 avril 1791, quoique son confrère Courniols, né à Pré-en-Pail (Mayenne), qui lui aussi se retire au Mans, déclare ne le faire que parce que les Cordeliers de Rennes sont dans l'impossibilité de reconstituer la vie commune. De même, le fait que Haudressy, né à Rochefort-en-Terre, déclare rentrer dans la vie privée le 6 juillet 1791, ne peut constituer à lui seul une présomption d'hétérodoxie, puisque ce cordelier, chassé de son couvent de Bodelio en Malansac, est venu à Rennes pour essayer de reconstituer avec ses frères le maintien de la vie commune. A Courniols il faut ajouter comme certainement ou très probablement orthodoxes six autres religieux du couvent de Rennes : Puz, Tuollais, Chauvin, Gendrot, Levacher et Boulard, puis treize appartenant à d'autres couvents : les deux frères Aubert, nés à Rennes, venant l'un de Dinan, l'autre de Saint-Brieuc ; Ménager, né à Blois, venant de Vannes ; Lucas, né à Rannée (Ille-et-Vilaine), et de Trédern, né à Loguivy-lès-Lannion, venant tous deux de Guingamp ; de la Moussaye, né à Saint-Méen, venant d'Amboise ; Breton, né à Vendôme et en venant ; le frère convers Jégo, né à Vannes et en venant, sur l'orthodoxie duquel sa déclaration du 21 juillet 1791 de quitter la vie commune ne doit pas inspirer de soupçons, car il est déporté en 1792 comme insermenté ; Sabourin, venant du Mans ; Souvêtre, venant de Laval ; Gresseau et Hamard, dont l'état-civil reste inconnu, mais qui, absents du couvent de Rennes en 1790, paraissent en avoir fait partie et y avoir assez promptement rejoint leurs confrères ; enfin Duval, dont je ne sais qu'une chose, c'est qu'il a été incarcéré en 1792.
Il y avait des Capucins à Rennes et à Saint-Servan. Ceux de Rennes étaient au nombre de vingt et un. Un seul, Thierry, né à Amiens, part pour Paris le 31 août 1790, et ce départ hâtif rend son orthodoxie suspecte. Les autres appartiennent à la catégorie des bons religieux, qu'ils soient restés à Rennes, comme Cornu, Lemonnier, Servêtre, né probablement à Fougères, Talvard, Leffondré, Mercier, Renault, Bodiguel, Gaubert, Richard, qu'ils y soient revenus après une courte absence, comme Gallic, né à Lanvallay (Côtes-du-Nord), ou qu'ils se soient dirigés vers d'autres couvents de leur Ordre comme Quéré, né à Rennes, provincial et gardien du Couvent de Rennes, qui part pour Lisbonne ; Benoît, qui va à Saint-Servan ; Le Denmat, qui va à Morlaix ; Lebreton, né à Plaintel (Côtes-du-Nord) ; Pichard, né à Saint-Onen (Ille-et-Vilaine), et Marot, qui vont au Croisic ; Edy, Guégan et Bude (?), qui vont à Saint-Brieuc. Ceux de Rennes sont rejoints dans leur couvent par Jouan, né à Pordic (Côtes-du-Nord) de la Goublaye, né à Pommeret (Côtes-du-Nord), venant de Dinan ; Le Gaudu, né à Rennes, et Ollivier, né à La Boussac, venant de Guingamp ; Hubert, né à Vire, et le Frère Grandin, né à Chanteloup (Ille-et-Vilaine), venant de Brest ; Ruault, né à Rennes, venant de Baugé ; de Kerguélen, né à Lesneven, venant de Château-Gontier ; Guillard, né à Guignen, venant du Mans ; Dubois, né à Vitré, venant de Mayenne ; Garnier, né à Rennes, et Pesneau, né à Nantes, venant de Luçon ; Mortier, né à La Flèche et en venant ; Chevrier, né à Pipriac, venant d'Auray, inscrit sur le registre du district comme ayant opté pour la vie privée, mais qui en fait a continué à mener la vie commune. La plupart sont compris dans l'arrêté de déportation d'août 1792. Si Jean Cornu, Charles Dubois et Alexis Servêtre figurent sur la liste des pensionnés de l'an III, c'est probablement parce qu'ils ont prêté le serment de liberté et d'égalité ; mais ce seul fait ne suffit pas pour les classer dans la catégorie des schismatiques, étant mis en regard de leur fidélité à mener la vie commune. Il en est de même pour Leroy, né à Rennes, venu de Fontenay-le-Comte à Rennes pour continuer la vie religieuse, et qui n'opte pour la vie privée que le 11 octobre 1791. Il y avait à Saint-Servan quinze prêtres, cinq frères convers et un frère donné. La plupart quittent leur couvent, mais c'est pour aller rejoindre des religieux de leur ordre, soit à Rennes, comme Oleron, né à Corscul, et Le Segrétain, né à Laval, soit en Espagne ou en Portugal. Il n'en reste que trois en 1792 dans le district de Saint-Malo, Guyot, Bauche ou Boscher, et Hervé, tous trois insermentés. Enfin l'état des religieux nous fait connaître deux autres capucins insermentés, Lagadec, venant de Mayenne, dans le district de Saint-Malo, et Thouault, d'état-civil inconnu, dans le district de Montfort, tous deux insermentés.
En face de cet important contingent d'orthodoxes, le chiffre des Capucins ralliés au schisme est très peu considérable. Je n'en ai trouvé que cinq, Tardivel, né à Quintin, venant de Dinan, curé constitutionnel de Bourgbarré ; Bigarré, venant des Sables-d'Olonne, vicaire constitutionnel de Saint-Malo ; Bobon, né au Tremblay (Ille-et-Vilaine), venant de Nantes, dont M. Delarue a raconté la vie agitée, son ordination par l'évêque constitutionnel Le Coz, son mariage, son passage aux Chouans, enfin son retour dans les rangs républicains [Note : Le district de Dol, tome I, p. 76, tome II, p. 313] ; Vincent Richard, né probablement à Rennes, venant aussi de Nantes, enfin Bourgois, signalé comme assermenté par l'état préfectoral de 1801.
Il y avait des Récollets à Fougères, à Vitré, à Saint-Malo et à Saint-Servan. Ceux dont on peut suivre la trace sont onze insermentés : Nicole, né à Rennes, gardien à Vitré, et Gilbert, né à Rennes, sous-diacre à Bernon en Sarzeau, tous deux incarcérés à Rennes en août 1792 ; Duhault, récollet de Tours, réfugié à Saint-Servan ; Davy, Pichouron, de Saint-Servan ; Duval, gardien de Saint-Malo ; le Frère Poupin, de Saint-Malo ; Dunord et Garel, qualifiés récollets de Saint-Malo, où ils sont probablement venus d'ailleurs ; Forget, né à Clisson, moine à Fougères, retiré à Nantes où ils fut noyé en 1793 par ordre de Carrier ; Miot, signalé comme insermenté sur la liste des religieux habitant Rennes en 1792, et peut-être quatre autres, Apervé, Gaudineau. Raquet et le Frère Lecorgne, de Saint-Malo ou de Saint-Servan ; sept assermentés, Jamyot, venant de Montfort, et non récollet de Montfort, vicaire constitutionnel dans le district de Saint-Malo ; Menay, né à Vitré, et Quéré, tous deux religieux à Fougères, entrés dans les rangs du clergé constitutionnel ; Emery, venant d'Angers, curé constitutionnel de Liffré ; Guillonneau, et probablement Richard, moine à Vitré, « retiré au Mans où on le dit curé », et Personne, récollet à Saint-Malo qui, dès 1790, déclare que son intention est de sortir du cloître. Des deux autres récollets de Vitré, Nolais ne figure sur aucun état de pension, et Rabier est inscrit en 1792 comme « errant », Rennes étant son dernier domicile connu. Des trois autres récollets de Saint-Malo, Hardouin, après avoir d'abord demandé à rester, sort dès 1790 ; Barthélémy Anger et Clément Delanoë demandent à rester, mais on ne sait pas ce qu'ils sont devenus après la fermeture de leur couvent. On ignore également les autres récollets de Saint-Servan, sauf Eusèbe Leroux ou Héroux, mentionné en 1792 comme tombé en démence. J'ai déjà cité parmi les insermentés deux frères lais de Saint-Malo, Poupin et Lecorgne ; le troisième, Esscul, ayant manifesté son intention de rester dans le cloître, peut être classé provisoirement dans la même catégorie. Nulle trace à Fougères du Frère Chauvel après 1791, et à Vitré du Frère Deshaies après 1792. A Fougères, le Frère Sulpice Salmon figure sur la liste des pensionnés de l'an II ; à Vitré, le Frère Chambré est signalé en 1792 comme parti pour le Berry. Enfin il y a à Saint-Malo deux frères tertiaires, Coisseau et Penée, qui annoncent, dès 1790, leur intention de quitter le cloître, car étant uniquement chargés de faire la quête dans les campagnes, ils estiment « que leur mission est terminée ».
Les anciens Carmes ou Grands Carmes avaient une maison à Rennes et une à Dol. Si nous éliminons Menoust, né à Brion (Deux-Sèvres), qui abandonne de bonne heure le couvent de Rennes pour se retirer dans le district de Thouars, et si nous ajoutons les religieux venus d'ailleurs dans notre département, nous comptons dix schismatiques certains ou probables : Delanoë, né à Rennes, carme à Josselin, curé constitutionnel de Mordelles ; Nicol, né à Rennes, carme au Bondon, curé constitutionnel de Thorigné ; Filly, d'origine inconnue, vicaire constitutionnel à Rennes ; les trois carmes de Dol, Martin, né à Rennes, qui quitte son couvent dès le 5 mai 1790 et figure sur l'état de 1791 comme absent du district de Rennes, sans avoir fait de déclaration ; Le Goff, qui prête serment, mais refuse d'exercer aucune fonction à cause de son grand âge, et Berthe, qui, après avoir longtemps tergiversé, accepte en 1792 une place de vicaire constitutionnel à Dol [Note : DELARUE, Le district de Dol, tome II, p. 36, 140, etc.] ; Bourcin, né à Hédé, carme à Aulnay (Charente-Inférieure), fixé dès le 17 août 1790 à Hédé où il déclare vouloir mener la vie privée ; Glou, né à Rennes, carme à Nantes, qui, dès 1790, déclare quitter son couvent pour revenir dans sa ville natale ; Migeon, carme à Pont-l'Abbé, venu à Rennes en août 1792 et inscrit sur la liste des pensionnés de l'an III ; Bossard, inscrit comme assermenté sur la liste préfectorale de 1801, et seize insermentés, Servestre, né à Fougères ; Ruffelet, né à Saint-Brieuc ; Lorre, né à Dinan ; Raimbaud, né à Joué (Loire-Inférieure), tous carmes à Rennes ; Blesteau, né à Rennes, carme à Pont-l'Abbé ; Mainguy, né à Rennes, carme au couvent des Billettes, d'abord fixé à Saint-Malo, puis à Rennes ; L. Duval, né à Saint-Léry (Morbihan), carme à Angers ; Chauvin, Mouillet, Graffard, Bameulle, Pichon et le frère convers Cudennec, né à Garanhuel (Côtes-du-Nord), tous incarcérés à Rennes en août 1792 ; La Villegirouard, né à Rennes, inscrit avec la mention « paralytique » sur une liste de religieux insermentés habitant Rennes en 1792 ; P.-M. Duval, qui figure sur la même liste ; Joseph Morin, né à Elven (Morbihan), carme à Tours, qui, après s'être retiré d'abord à Vannes, vient à Rennes pour essayer de reprendre la vie commune jusqu'à ce qu'il soit chassé de la maison où il était pensionnaire, et qui meurt en 1792 ; Michel, né à Saint-Abraham (Morbihan), et le Frère Gouyon, né à Pleurtuit (Ille-et-Vilaine), qui déclarent ne se retirer l'un à Ploërmel, l'autre à Saint-Malo, que parce que leur couvent est supprimé ; le Frère Hardy, né à Melen (diocèse de Liége), qui invoque la même raison pour se retirer à Rennes dans sa famille, et deux douteux, Desperrois, né à Rennes, carme à La Rochelle, sorti de son couvent à la date tardive du 21 février 1791, et mort avant l'époque décisive d'août 1792, et Biard, né à Rennes, prieur du Bondon de Vannes, inscrit sur la liste des pensionnés de l'an III, mais qnalifié insoumis sur la liste préfectorale de 1801, ce qui indique qu'il n'a prêté que le serment de liberté et d'égalité et qu'il l'a rétracté de façon officielle. L'état des pensionnés de l'an III mentionne encore le Frère Roblot, né à Rennes, mais sa position est douteuse, car il dit à la fois appartenir aux Grands Carmes et venir de Brest, ce qui est contradictoire, puisque le couvent de Brest relevait des Carmes déchaussés.
Cette dernière congrégation avait une maison à Rennes, et c'est la seule où j'ai rencontré des religieux s'exprimant avec amertume sur l'état qu'ils avaient embrassé. Ainsi Perruchot, né à Concoret (Morbihan), dit « qu'il a connu dans le cloître vingt-deux ans de captivité, dont quinze de cachot » ; il se retire à Fougères, puis à Montfort où il figure sur la liste des pensionnés de l'an III. Caradec de Kerdrein se plaint « des mauvais traitements et du despotisme des supérieurs » ; il se retire à Quimper et est élu curé constitutionnel de Plougastel-Daoulas. Courcoux se dit « enchaîné de la manière la plus révoltante » et se retire à Saint-Julien-de-la-Côte, près de Saint-Brieuc. Telle est l'attitude de trois des six religieux prêtre du couvent. En regard, Danet, né à Buléon (Morbihan), et Rio, né à Neuillac (Morbihan) restent en théorie et en pratique fidèles à leurs engagements et figurent parmi les insermentés incarcérés en août 1792. Petit, né à Arras, se retire dans sa ville natale, mais c'est pour y rentrer dans un couvent de son ordre. La maison compte de plus un frère convers, Le Breton, né à Rennes ; il ne s'en va que lors de la fermeture et se retire à Talensac, où il prête le serment de 1792.
Le couvent des Minimes de Rennes comptait six prêtres et un frère. Il se trouve parmi eux deux schismatiques : Pèlerin, né à Orléans, commence par dire « qu'il respecte les décrets de l'Assemblée, mais qu'il ne peut se déterminer présentement, que si la situation et l'air de la communauté qu'on lui indiquera lui conviennent, il se fera un plaisir de s'y rendre, que dans le cas contraire il quittera son ordre sans en abandonner l'esprit pour vivre avec une sœur qu'il aime », mais il ne conserve pas longtemps ses bonnes dispositions, car nous le trouvons en 1791 curé constitutionnel de Chantepie (Ille-et-Vilaine), poste qu'il abandonna en 1792 pour entrer successivement dans le clergé constitutionnel du Loiret et dans celui de la Loire-Inférieure. Chevalier, né à Rennes, « admet sans restriction les décrets de l'Assemblée, mais ne peut prendre une décision, ignorant le sort qui sera fait aux religieux demeurants ou sortants » : il se décide en 1791 et se fait élire curé constitutionnel de Bâzouges-sous-Hédé. Les quatre autres se prononcent avec énergie dans le sens de l'orthodoxie. Devaux dit « qu'ayant fait ses vœux librement et sans contrainte, il est dans l'intention de les observer jusqu'au dernier soupir et de rester dans son ordre » ; Hubert, né à Laval, dit « qu'il désire sincèrement finir ses jours dans l'état qu'il a embrassé » ; Gilles dit « qu'il a l'intention de rester dans son ordre, d'y vivre et d'y mourir » ; Guerry dit « que ses sentiments, bien loin de s'être affaiblis, se sont au contraire de plus en plus affermis, et qu'il vent mourir dans l'état qu'il a embrassé ». Le Frère Compain, né à Angers, dit « qu'il a l'intention de rester dans le cloître ». Les actes ne démentent pas les paroles. Le Frère Compain ne part pour sa ville natale qu'après la fermeture du couvent, le 17 mars 1791, sur l'ordre du district de Rennes. Devaux, Gilles et Guerry sont incarcérés en août 1792, et Hubert n'évite probablement la déportation qu'à cause de son âge (68 ans).
Tous les Eudistes que nous connaissons appartiennent à la catégorie des insermentés. C'est le cas des cinq prêtres qui dirigeaient le Séminaire de Dol : Delaunay, de Quédillac (Ille-et-Vilaine), et Levrel, de La Chapelle-Blanche (Côtes-du-Nord) ; Marie, de Sceaux (Seine) ; David, de Regnéville (Manche), et Colas, de Morsalines (Manche), ainsi que de Texier, qui figure comme insermenté sur l'état des pensions du district de Montfort en 1792, et de Hubert, incarcéré à Rennes en août 1792.
Le Lazariste Latay, incarcéré en août 1792, faisait partie probablement du personnel du Séminaire de Saint-Méen.
Les documents mentionnent encore un
certain nombre
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de religieux appartenant à des congrégations qui
n'avaient pas, ou n'avaient plus de maisons en Ille-et-Vilaine, les Jésuites
Chéreil, Chefdubois, Decombe, Guérin, Villeneuve, les deux Herpin et Siochan,
tous insermentés ; un Trappiste, Lepré, né à Rennes, insermenté, et six
Chartreux, deux assermentés, Julien-René Gendrot, né à Couësmes
(Ille-et-Vilaine), moine au Valdieu, près Mortagne (Orne), inscrit sur la liste
des pensionnés de 1791 dans le district de Rennes et sur celle de 1792 dans le
district de La Guerche ; Moro, mentionné comme assermenté par la liste
préfectorale de 1801 ; trois insermentés, Fromentoux, né à Lieuron
(Ille-et-Vilaine), moine à Bellary, près Châteauneuf (Nièvre), et Renault, du
diocèse de Vannes, incarcérés tous deux en août 1792 ; Gillot, né à Dol, moine à
Orléans, signalé comme insermenté dans l'ouvrage de M. Delarue, et un douteux,
Sébastien Bertho, au sujet duquel je n'ai relevé qu'un seul fait, sa présence
sur l'état des pensionnés du district de Rennes en 1792.
Telle est, aussi complète que possible, la statistique des membres du clergé régulier dans le département d'Ille-et-Vilaine à l'époque révolutionnaire. Elle est des plus honorable pour notre diocèse. Les religieux restés fidèles à l'orthodoxie y sont en majorité, tandis que dans le diocèse de Nantes ils sont nettement en minorité, alors que dans les deux diocèses le clergé séculier montre un égal dévouement à l'Eglise romaine. On ne saurait d'ailleurs en tirer aucune conclusion sur l'attitude générale de telle ou telle congrégation religieuse. Les Bénédictins, par exemple, qui à Rennes et à Nantes sont également en majorité schismatiques, sont en majorité orthodoxes dans la Charente-Inférieure. Les Capucins, qui sont en majorité orthodoxes dans l'Ille-et-Vilaine, sont en majorité schismatiques dans la Loire-Inférieure et la Charente-Inférieure. Enfin les Dominicains qui sont en majorité orthodoxes dans l'Ille-et-Vilaine et la Loire-Inférieure, sont tous assermentés dans la Vendée. Les religieux rennais ont encore un autre mérite, ils ont cherché à rallier autour d'eux leurs confrères dispersés, chassés des villes voisines de Bretagne et du Maine, les Dominicains, les Cordeliers et les Capucins dans les couvents dont on leur laissait la jouissance, les Carmes, en restant groupés dans des maisons particulières. Ils ont ainsi obligé la Révolution à méconnaître ses promesses libérales de 1789, et ils ont prouvé qu'il fallait employer la force pour anéantir en France la vie religieuse, que les philosophes du XVIIIème siècle se flattaient de voir disparaître dès qu'ils auraient donné aux moines la liberté de sortir de leurs couvents [Note : Sources : Les éléments de ce travail ont été puisés aux Archives départementales d'Ille-et-Vilaine : Série L, registre des déclarations de domicile pour le district de Rennes ; état des pensions du clergé pour les districts de Rennes, Fougères, Montfort, Saint-Malo et Vitré ; Série Q, 292, 293, 296 et 301. J'ai également consulté les ouvrages suivants : DELARUE, Le district de Dol ; JAUSIONS, Histoire de l’Abbaye de Redon ; BLAYET, Les dernies jours de l’abbaye de Saint-Melaine, Revue de Bretagne, année 1910 ; RIÉGER, Histoire du Monastère de Saint-Benoît à Saint-Malo, Bulletin de la Société Archéologique de Saint-Malo, annés 1908 et 1910. Le ouvrages qui m’ont fourni des points de comparaison sont les suivants : LALLIÉ, Le diocèse de Nantes, tome II ;; GAUGAIN, La Révolution dans la Mayenne, tome I ; GIRAUD, Histoire religieuse de la Sarthe ; LEMONNIER, Le Clergé de la Charente-Inférieure ; et l’article de BOURLOTON, Le Clergé de Fontenay-le-Comte, Revue du Bas-Poitou, année 1894].
(Charles de Calan).
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