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JEANNE D'ARC ET GUY et ANDRÉ DE LAVAL

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Voilà certes deux physionomies sympathiques de compagnons d’armes de la Pucelle : Guy, sire de Gavre, et André, sire de Lohéac.

Leur père, Jean de Kergorlay, seigneur de Montfort-la-Cane, avait épousé l’héritière de Laval. Il mourut prématurément, laissant ses enfants sous la tutelle et la direction de leur mère et de leur grand'mère, Jeanne, douairière de Laval et dame de Tinténiac, qui avait été la seconde femme du connétable du Guesclin.

Guy, à 15 ans, combat sous Chantoceaux en 1420, et le duc Jean V le fiance à l’une de ses filles. André prend part à la bataille de la Boussinière, y est fait chevalier en 1422.

Au retour de cette première expédition, sa grand'mère lui ceint l’épée du connétable du Guesclin, en lui disant avec toute la fierté du souvenir : « Dieu te fasse aussi brave que celui à qui fut cette épée ».

En 1429, lors de l’arrivée de Jeanne d'Arc à Chinon, Guy avait 24 ans, André 18. Leur grand'mère écrivit à l’héroïque jeune fille, en qui elle voyait l’héritière de la pensée et de la vaillance du connétable, pour lui recommander ses deux petits-fils qu’elle lui offrait comme compagnons d’armes. Jeanne d'Arc lui répondit, en lui envoyant, le 1er juin 1429, un messager porteur d’une lettre et d’un petit anneau d’or, très modeste, car Jeanne n’était point riche, mais signe touchant de sa vénération pour la mémoire de du Guesclin, son précurseur.

Les deux frères étaient déjà sur le chemin qui conduit à Loches où ils rencontrèrent Charles VII.

Le 3 juin, Jeanne était sortie de cette ville pour se rendre à Selles, en Berry. Le lendemain, Charles, qui avait également quitté Loches, lui manda de venir à sa rencontre, afin de ménager à nos deux jeunes chevaliers l’occasion de la voir et de nouer con­naissance avec elle.

Le 4 juin, ils la rencontrèrent donc pour la première fois, et le mercredi suivant ils écrivirent à leur mère et à leur grand'mère une lettre que nous trouvons dans les Preuves de Dom Morice. Ce fut Guy qui tint la plume. Cette lettre vaut d’être citée intégralement :

« Le lundi, dit-il, je quittai le roi pour venir à Selles, en Berry, à quatre lieues de Saint-Aignan. La Pucelle y était déjà arrivée et le roi la manda au devant de lui.

D’aucuns m’ont dit qu’il avait fait cela en ma faveur et afin que je la visse. La Pucelle fit très bon accueil à mon frère et à moi ; elle était armée de toutes pièces, sauf la tête ; elle tenait une lance en mains.

A notre arrivée à Selles, j’allai la voir à son logis. Elle fit venir du vin.

— Je vous en ferai bientôt boire à Paris, me dit-elle.

Son fait, ses actions, la voir, l’entendre, sont choses toutes divines. Cette merveilleuse jeune fille a quitté Selles ce lundi, à l’heure des vêpres, pour aller à Romorantin, avançant de trois lieues ses avant-postes. Je la vis monter à cheval sur un grand coursier noir qui se démenait très fort à la porte de son logis et ne la laissait pas se mettre en selle.

— Menez-le, dit-elle alors, à la croix qui se trouve devant l’église sur le chemin.

Aussitôt elle arriva à le monter et le cheval ne bougea pas plus que s’il avait été lié. Puis elle se tourna vers la porte de l’église toute proche et dit avec une douce et claire voix de femme :

— Vous, prêtres et gens d’église, faites des processions et des prières à Dieu.

Elle se remit ensuite sur son chemin en faisant à ses hommes ce commandement :

— Allez de l’avant ! Allez de l’avant !

Un gracieux page portait son étendard ployé ; elle-même tenait en main sa petite hache. Un de ses frères, arrivé depuis huit jours, partit avec elle ; il portait également une armure d’acier poli.

Aujourd’hui lundi, Mgr. d'Alençon est arrivé à Selles avec une grande troupe.

La Pucelle m’a dit en son logis, comme je la suis allé y voir, que trois jours avant mon arrivée elle avait envoyé à vous, mon aïeule, un bien petit anneau d’or, mais que c’était bien petite chose et qu’elle vous eût volontiers envoyé mieux, considéré votre recommandation ».

Guy et André de Laval combattirent dès lors à ses côtés, et le premier y gagna même le titre de comte, avant son mariage avec Isabeau de Bretagne, fille de Jean V, qui eut lieu à Redon, au milieu d’incomparables fêtes, le 1er octobre 1430.

Il avait bien raison, le jeune et brillant chevalier, d’appeler Jeanne d'Arc « une merveilleuse jeune fille », et le meilleur commentaire de ses actions d’éclat se trouve dans cette phrase de la lettre qu’il écrivit à sa mère : « Son fait, ses actions, la voir, l’entendre, sont choses toutes divines ».

Son inspiration, ses voix mirent son âme virginale en union avec le ciel qui considérait le royaume de France comme le soldat de Dieu. Elle ne fut pas seulement inspirée, elle monta haut dans la vertu, et sa pureté sans tache s’épandit autour d’elle comme un parfum de lys embaumant toutes les âmes et les purifiant des souillures du monde. L’armée française se transforma sous l’impulsion de Jeanne qui ne versa point le sang anglais, mais brisa sa providentielle épée, trouvée au pied de l’autel de sainte Catherine de Fierbois, sur le dos d’une ribaude qui courait le camp.

Les soldats retrouvèrent une pureté de moeurs qui engendra de chauds enthousiasmes ; ils purifièrent leur conscience dans le sacrement de pénitence, la fortifièrent dans la réception de la divine eucharistie. Leur âme vaillante et loyale devint semblable au vin clair de France qui a déposé sa lie et qui pétille dans les verres, limpide comme la pensée du pays qui est la patrie du rire franc, des conceptions vives et précises, des idées simples, des élans généreux.

Avec l’affaiblissement des moeurs, le génie de la France a perdu aujourd’hui une partie de sa clarté. Le ténébreux subjectivisme d’outre-Rhin a remplacé le lumineux objectivisme de l'Ecole, où nos pères avaient appris, sous la discipline de l'Evangile et de la théologie catholique, la précision des principes clairs et des conclusions pratiques. Jamais l’âme de nos pères ne s’égara dans un faux mysticisme, dans l’illuminisme des rêveurs qui combinent des recettes pour sanctifier les âmes sans grands efforts, ou pour réformer l’état social par des panacées universelles. Son indéfectible bon sens s’attacha à cette religion qui chante si bien nos Alleluias de bonheur, qui pleure si lugubrement nos deuils, à cette religion qui comprend l’homme et le saisit tout entier avec son âme qui réclame la vie intérieure, avec son corps qui a besoin de l’éclat des cérémonies saintes, de cette religion qui se défie de l’individualisme et des variations de la pensée humaine qu’elle domine et qu’elle simplifie par l’organisation divine d’une autorité dogmatique et disciplinaire.

(Du Bois de la Villerabel).

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