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VIE DE LA VENERABLE JEANNE D'ARC |
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MISSION DE JEANNE D’ARC - SON ENFANCE.
Dieu qui, selon la parole de l'Apôtre, appelle ce qui n’est pas comme ce qui est, de même que jadis il avait choisi, dans ses desseins, Débora et Judith pour confondre les puissants, suscita, au commencement du XVème siècle, Jeanne d'Arc pour relever les destinées de sa patrie presque abattue, et, en même temps, pour revendiquer la liberté et la gloire de la religion dont les intérêts étaient menacés. (Décret de la Congrégation des Rites).
« Que la France devînt anglaise, un siècle plus tard, elle cessait d’être catholique, ou bien, si elle résistait à ses dominateurs, elle se précipitait, comme l'Irlande, dans des luttes et des calamités sans fin. La cause de la France, au XVème siècle, était la cause de Dieu » (Cardinal Pie).
Jeanne naquit à Domrémy (diocèse de Saint-Dié), l’an 1412. Elle était la quatrième des cinq enfants de Jacques d'Arc, et d'Isabelle Romée, humbles laboureurs de bonne vie et de bon renom. Sa mère lui enseigna le Pater, l'Ave, le Credo, les mystères de la religion, elle lui apprit à filer et à coudre le linge. Mais Jeanne ne savait ni lire ni écrire.
Elle assistait tous les jours à la messe, se confessait souvent, ne manquait point de saluer la Vierge au son de l'Angelus, cueillait des fleurs pour les autels de Marie ; courageuse au travail, loyale, douce, obligeante, elle était aimée de tous et spécialement des pauvres à qui elle faisait de larges aumônes et cédait parfois son lit, couchant elle-même sur la terre nue.
LES VOIX DU CIEL — OBSTACLES — LE DÉPART.
Jeanne avait treize ans, et avait déjà communié. Un jour d’été, vers midi, elle entendit une voix du côté de l’église. C’était la voix de l’archange saint Michel. L’ange lui disait la grande pitié qui régnait au royaume de France, et il lui annonçait qu’elle délivrerait le dauphin de tous ses ennemis et le conduirait sacrer à Reims.
A quoi l’enfant répondait : « Comment cela se fera-t-il ?. Je ne sais ni monter à cheval, ni manier les armes. — Dieu t’aidera ».
Après saint Michel, sainte Catherine et sainte Marguerite apparurent à la jeune fille ; sous leur inspiration, Jeanne fit voeu de virginité, et, en retour, les saintes s’engagèrent à la conduire en paradis, ce dont elle les supplia beaucoup.
La douce enfant n’osait rien révéler à ses parents. Le ciel parla lui-même à son père, dans la nuit ; un matin, au sortir de son sommeil, troublé, il s’écriait tout à coup devant ses fils : « Si votre soeur devait jamais partir avec des gens de guerre (comme je l’ai vu en rêve), je vous ordonnerais de la jeter à l’eau, et je le ferais de mes propres mains si vous refusiez de m’obéir ».
Le père s’occupa aussitôt de la fiancer, de la marier, mais Jeanne refusa énergiquement et sa vocation fut sauvée.
A mesure que l’enfant grandit, les voix devinrent plus fréquentes. « Va ! Jeanne, disaient-elles. Va ! Que tardes-tu ? ».
Jeanne a seize ans. « Elle est moult belle, de grande force et puissance ». Elle s’échappe de la maison paternelle et se présente au capitaine du roi, de Baudricourt, à Vaucouleurs.
« Capitaine, sachez que mon Seigneur m’a commandé d’aller vers le dauphin. Je mènerai sacrer le dauphin en dépit de ses ennemis. Et quel est ton Seigneur ?. Le Roi du ciel ».
« C’est une folle dit Baudricourt, donnez-lui de bons soufflets et la ramenez à son père ».
Cependant, un homme d’armes, Jean de Metz, dit à la jeune fille : « Je vous accompagnerai auprès du roi. Quand voulez-vous partir ? — Aujourd’hui plutôt que demain, demain plutôt qu’après. La fièvre me brûle. Dussé-je me tailler sur les genoux, j’irai trouver le roi. Certes, j’aimerais bien mieux filer auprès de ma pauvre mère, parce que ce n’est pas mon état ; mais il faut que j’aille et que je le fasse, parce que mon Seigneur le veut ».
« Dieu le commandait, dira-t-elle à ses juges, et quand j’aurais eu cent pères et cent mères, quand j’aurais été fille du roi, je n’en serais pas moins partie ».
Avec six compagnons seulement, Jeanne se mit en route : « Si les hommes d’armes sont sur mon chemin, j’ai avec moi le Seigneur, mon Dieu ».
Le peuple s’était cotisé pour le cheval et le costume militaire de Jeanne la Pucelle (la vierge).
JEANNE ET LE DAUPHIN — JEANNE EXAMINÉE A POITIERS.
Le roi, modestement vêtu, se tenait au milieu de 300 chevaliers ; Jeanne alla droit à lui.
« Dieu vous donne bonne vie, gentil prince. — Ce n’est pas moi qui suis le roi, et, lui désignant un seigneur richement costumé : voilà le roi. — En mon Dieu ! gentil prince, c’est vous qui l’êtes et non pas un autre. Et vous mande le Roi des cieux par moi que vous serez sacré et couronné à Reims, et que vous serez lieutenant du Roi des cieux, qui est Roi de France ».
Et elle lui révéla un secret connu de lui seul. Pendant trois semaines, à Poitiers, des évêques et des docteurs de l'Université interrogèrent la Pucelle sur sa mission.
« Je ne sais ni A, ni B, leur dit-elle, mais il y a ès-livres de Notre-Seigneur plus que aux vôtres. Je suis venue de la part du Roi des cieux pour lever le siège d'Orléans et pour conduire le roi à Reims, où il sera consacré et couronné. — Si Dieu veut délivrer le peuple de France, a-t-il donc besoin du secours des gens d’armes ? interrogent les juges. — Les gens d’armes batailleront et Dieu donnera la victoire ».
On réclamait un signe de sa mission. « Je ne suis venue à Poitiers pour faire signe ; conduisez-moi à Orléans, et je vous montrerai les signes pour quoi je suis envoyée. — Quelle langue parlent vos voix ? demandait un docteur limousin. — Meilleure que la vôtre ».
Le rapport des savants examinateurs fut favorable à la Pucelle : « Le roi devait l’envoyer sans crainte contre ses ennemis ».
DÉLIVRANCE D’ORLÉANS (8 MAI 1429) — SACRE DU ROI A REIMS (17 JUILLET 1429).
« Jeanne part, disait Mgr Pie, et Orléans (assiégé depuis huit mois) salue et porte en triomphe celle qui vient au nom du Seigneur. Ce que les plus expérimentés et les plus intrépides guerriers n’avaient pu faire en sept mois, sept jours, que dis-je ! trois jours de combat ont suffi à Jeanne pour l’accomplir. Héroïne inspirée, elle prophétise la victoire, et la victoire ne sait pas lui donner le démenti ».
« En nom Dieu, s’écrie-t-elle, il les faut combattre ; seraient-ils pendus aux nues, nous les aurons ». Jargeau n’est plus aux Anglais ; les champs de Patay sont jonchés de cadavres. L’armée anglaise a disparu ; ses chefs les plus renommés sont ou morts, ou captifs, ou en fuite.
« Jeanne ne combat plus. Elle vole de triomphes en triomphes. Place, place au dauphin, que conduit l’ange de la victoire ! Reims, ouvre tes portes, pontife du Seigneur, faites couler l’huile sainte et posez la couronne sur le front du lieutenant de Jésus-Christ.
Et toi, ma jeune héroïne, jouis de ce spectacle qui est ton ouvrage. Ah ! que j’aime à te voir, debout, près de ton roi, à côté de l’autel, ton saint étendard à la main ! Il avait été à la peine ; c’était raison qu’il fût à l’honneur ».
JEANNE AU MILIEU DES COMBATS - SA FOI.
Sous l’inspiration de ses voix, Jeanne la Pucelle, paysanne de dix-sept ans, se montre dès le premier jour, cavalier, combattant et général parfait. « Vous avez été à votre conseil et moi au mien, déclare-t-elle aux chefs de l’armée. En nom Dieu, le conseil de Notre-Seigneur est plus sûr et plus habile que le vôtre ».
« Vous, les prêtres et gens d’église, faites procession et prières à Dieu ». Et se tournant vers les soldats : « En avant ! en avant ! ». Et elle s’élançait la première. Le 7 mai, au milieu de la bataille, un trait la frappe au sein et la renverse. Un instant effrayée, elle pleure ; ses saintes, qui l’avaient avertie, la consolent ; elle arrache la flèche de sa propre main et se met en prière. Et comme Dunois, désespéré, sonnait la retraite : « En nom Dieu ! s’écrie-t-elle en se précipitant vers la bastille, tout est vôtre et y entrez ».
Un autre jour, à l’assaut, une pierre énorme la renverse dans le fossé. Un cri de triomphe a retenti sur le rempart ; l’épouvante a glacé les Français. Se relevant soudain plus fière et plus terrible : « Amis, sus ! sus ! notre Sire a condamné les Anglais ; ils sont tous nôtres ». Les Français se raniment, la place est emportée.
Mais elle n’a jamais frappé elle-même aucun ennemi. Elle tient ordinairement sa bannière où sont inscrits ces deux mots : Jesus, Maria.
Sur une autre bannière était peinte l’image de Jésus crucifié. Le matin et le soir, les prêtres s’assemblaient autour de cette bannière, et Jeanne entonnait avec eux des hymnes en l’honneur de la Sainte Vierge. Les soldats accouraient. La Pucelle les arrêtait : « Confessez-vous et vous serez admis dans notre confrérie ». Soldats, chefs, princes se confessaient et communiaient.
« Actuellement, disait-elle, je ne crains pas toute la puissance des Anglais ; chaque soldat est préparé, bien confessé, pénitent et de bonne volonté ».
L'HÉROÏNE CHRÉTIENNE.
Jeanne est l’héroïne chrétienne par excellence. Brave comme l’épée, elle est pudique comme les anges ; une parole d’outrage lancée à sa pudicité fait couler ses larmes, et il faut que ses frères du ciel viennent la consoler. En voyant Jeanne, disait un chevalier, nul ne songeait à forfaire ; et ce, à cause de la grande bonté qui était en elle.
Ardente comme un lion, elle est tendre et sensible comme un agneau. « Jamais, disait-elle, je n’ai vu sang de Français que les cheveux ne se dressassent sur ma tête ». Elle pleure en pansant les blessures même de ses ennemis ; elle pleure surtout sur leur perte éternelle. « Glacidas, Glacidas, rends-toi au Roy du ciel, tu m’as injuriée, mais j’ai grand'pitié de ton âme ».
Sur les champs de bataille, elle assiste les mourants, les consolant par de douces paroles, et leur procure des prêtres pour les confesser.
Au milieu des camps, elle est pieuse et recueillie comme une Carmélite, assiste tous les jours à la messe, se confesse deux fois par semaine, communie fréquemment, et souvent en versant des torrents de larmes, fait de longues prières, prolongées pendant la nuit. Tous les soldats la regardaient comme une sainte. Les populations se précipitaient au-devant d’elle au cri de : Noël ! Noël ! Bénie celle qui vient au nom du Seigneur ! On voulait toucher ses habits ou son cheval.
JEANNE DISPOSE DU ROYAUME DE FRANCE.
Un jour la Pucelle pria le roi de lui faire un présent. La prière fut agréée. Elle demanda alors comme don le royaume de France. Le roi, étonné, le lui donna après quelque hésitation. Elle voulut que l’acte en fût solennellement dressé et lu par les quatre secrétaires du roi.
« Voilà, dit-elle alors, le plus pauvre chevalier de son royaume ». Disposant en maîtresse du royaume de France, elle le remit entre les mains du Dieu tout-puissant. Puis, agissant au nom de Dieu, elle investit le roi Charles du royaume de France, et de tout cela, elle voulut qu’un acte solennel fût dressé par écrit.
« Je
ne durerai qu’un an et guère au delà, disait souvent la Pucelle ; il faut tâcher
de me bien employer cette année ». — Hélas ! ce beau mois de mai, qui
l’avait vue victorieuse à Orléans, ne reparut que pour la voir captive à
Compiègne (24 mai 1430) et vendue aux Anglais.
Elle fut conduite à Rouen et jetée dans une prison affreuse, les fers aux pieds et une chaîne autour du corps ; trois gardes, lie de la valetaille, étaient enfermés jour et nuit dans le cachot même, et deux autres à l’extérieur de la grille, fermée à triple serrure, tant les Anglais avaient peur de la laisser échapper !. « Le roi, déclarait le comte Warwick, l’a chèrement achetée et payée, il ne veut pas qu’elle périsse autrement que par la sentence des juges et sur le bûcher ».
PROCÈS DE JEANNE - SES RÉPONSES.
Pour déshonorer la Pucelle, un tribunal ecclésiastique est érigé, sous la présidence d’un évêque indigne, Cauchon. Les interrogatoires durent trois mois. « 0 Dieu, soyez béni ! s’écriait Mgr Pie, ses ennemis et ses juges n’ont pu découvrir une seule faiblesse ; sa vie intime est aussi pure, aussi resplendissante que sa vie publique ; 118 témoins oculaires ont révélé tout ce qu’ils savaient sans pouvoir, révéler autre chose que des vertus ! Scribes de l'Angleterre, enregistrez ces dépositions : c’est de vos mains ennemies qu’est élevé le plus beau monument à la gloire de l’envoyée des cieux ».
Seule, sans avocat, sans procureur, Jeanne réclamait de Dieu secours et conseil, les voix venaient alors la consoler. Plusieurs fois elles lui dirent : Réponds hardiment, Dieu t’aidera.
Ecoutons-la : « Vous, évêque, vous prétendez être mon juge, prenez bien garde à ce vous faites ; car, en vérité, je suis envoyée de Dieu, et vous vous mettez en grand danger ».
(A ses juges) : « Vous ne ferez pas ce dont vous me menacez, sans qu’il vous en arrive mal et au corps et à l’âme ».
« Je sais bien que les Anglais me feront mourir parce qu’ils croient pouvoir s’emparer de la France après ma mort ; mais seraient-ils cent mille de plus, ils n’auront point le royaume ... Avant qu’il soit sept ans, les Anglais abandonneront un plus grand gage qu’ils n’ont fait devant Orléans (Paris, repris en 1436) .... ».
La sagesse de Jeanne confond ses accusateurs.
« Saint Michel vous apparaît-il vêtu ?. Eh ! Dieu n’a-t-il point de quoi le vêtir ! — Croyez-vous être en état de grâce ?. — Si je n’y suis pas, Dieu m’y mette ; si j’y suis, Dieu m’y garde ».
MENACES DE TORTURES - AFFIRMATION DE SA MISSION.
« Voyez, là, devant vous, lui dit le juge, les exécuteurs tout prêts à vous mettre à la torture. — Vraiment, répondit-elle, quand vous devriez me faire arracher les membres et me faire partir l’âme du corps, je ne vous dirai pas autre chose ; et si je vous disais autre chose, je vous dirais ensuite que vous me l’avez fait dire par force !
Je me damnerais si je disais que Dieu ne m’a pas envoyée ; j’aime mieux mourir que de renier ma mission ! Qu’on fasse examiner mes réponses par des clercs, et s’il y a quelque chose contre la foi, je ne persisterai point à le soutenir ; car je suis bonne chrétienne ! Je crois en l'Eglise ; l'Eglise et Notre-Seigneur, c’est tout un ! ».
La torture ne lui fut pas appliquée.
En passant devant la porte close de la chapelle, elle s’agenouillait et priait : Cy est le Corps de Jésus-Christ. Sa plus grande peine était d’être privée de la communion et de la messe.
ABJURATION - RELAPSE.
Cependant, ses voix l’avertissaient : « Jeanne, sois sur tes gardes, on va chercher à te tromper, et l’on y parviendra ». La Pucelle se laissa tromper, le jeudi, 24 mai, dans le cimetière Saint-Ouen. Elle consentit à abjurer, traça un rond au bas d’une cédule d’abjuration et s’entendit condamner à la prison perpétuelle.
« Or çà, gens d'Eglise, dit joyeusement la condamnée, menez-moi à vos prisons, que je ne sois plus en la main des Anglais. — Menez-la où vous l’avez prise », dit le juge. On la remit aux fers et on lui laissa ses gardiens.
Elle accepta néanmoins l’habit de femme, sur la promesse qu’on lui fit de la transférer à la prison d'Eglise. Trois jours après, Jeanne avait repris l’habit d’homme. Comment avec ses fers et ses gardes, obligée pour se lever de se faire déferrer, avait-elle pu reprendre cet habit ?.
Les juges accoururent à la prison pour constater le fait et déclarer Jeanne relapse.
Jeanne, avertie par ses voix, rétracta son abjuration : « Ce qui était dans la cédule d’abjuration je ne le comprenais pas ... ce que j’ai dit jeudi, je l’ai fait par crainte du feu ». Et elle reprocha à ses juges de l’avoir trompée.
Le mercredi, 30 mai, Jeanne est avertie qu’elle serait brûlée ce jour-là même. Elle éclate en sanglots : « Hélas ! s’écrie-t-elle, si j’eusse été dans la prison ecclésiastique, à laquelle je m’étais soumise, gardée par les gens de l'Eglise et non par les Anglais, mes ennemis, je n’aurais pas fait cette misérable fin ! Ah ! j’en appelle à Dieu, le grand Juge, des grands torts et des ingravances qu’on me fait ».
DERNIÈRE COMMUNION - LA MORT.
Elle se confessa au Dominicain Martin Ladvenu, puis elle demanda la Communion. On la lui apporta avec les cérémonies habituelles, au chant des litanies, et la foule, très nombreuse, répondait : Priez pour elle. Fr. Martin, montrant la Sainte Hostie, dit à Jeanne : « Croyez-vous que c’est le Corps de Jésus ?. — Oui, et je demande qu’il me soit donné ». Le religieux la communia.
Neuf heures du matin allaient sonner ; Jeanne monta, vêtue d’une longue tunique, sur un lourd chariot ; 800 soldats escortaient. Et ses prières étaient si dévotes qu’elle arrachait des pleurs à tous les assistants. Le sinistre cortège s’arrêta.
« Rouen, Rouen, s’écrie la victime, est-ce ici que je dois mourir ? ». Jeanne se jette à genoux et prie à voix haute : « Sainte Trinité, ayez pitié de moi, car je crois en vous ! Jésus, ayez pitié de moi ! 0 Marie, priez pour moi ! Saint Michel, saint Gabriel, sainte Catherine, sainte Marguerite, venez à mon aide ! Vous tous qui êtes ici, pardonnez-moi, comme je vous pardonne ! Vous, prêtres, dites chacun une messe pour le repos de mon âme ! Encore une fois, qu’on n’accuse pas mon roi ! Benoîts saints et saintes du Paradis, protégez-moi ! secourez-moi ! ».
Pendant qu’elle faisait ces dévotions et lamentations, l’émotion gagnait la foule. De tous côtés, l’on n’entendait que de longs sanglots. Le misérable juge pleurait lui-même. Seuls, quelques soldats murmuraient de tant de lenteurs.
Le bailli, juge séculier, devait prononcer la sentence définitive ; il hésite, se trouble ; aucun jugement n’a lieu, aucun acte dressé. « Menez, menez », dit-il aux gardes, et au bourreau : « Fais ton office ». Le bourreau saisit l’innocente, la pousse sur le bûcher et l’attache au poteau. Elle est coiffée d’une mitre de papier, où sont écrits ces mots : Hérétique, relapse, apostait, idolastre.
Jeanne demande une croix. Un Anglais joint deux morceaux de bois du bûcher, « et dévotement la reçut et la baisa, et mist icelle croix en son sein, entre sa chair et son vêtement ».
Puis elle réclama le crucifix des processions. On alla le chercher à la paroisse. « Ayez soin, dit-elle, que je l’aie continuellement devant les yeux jusqu’à ma mort ».
Soudain, elle pousse un cri : « Maître Martin, descendez....; le feu ! ». Le confesseur descend ; du pied du bûcher, il encourage la victime, et lui présente le crucifix. Jeanne, au milieu des flammes, réconfortée par ses visions, parle encore : « Saint Michel ! saint Michel ! Non, mes voix ne m’ont pas trompée, ma mission était de Dieu. Jésus ! Jésus ! ».
Ce fut le dernier cri d’amour de Jeanne. Elle était âgée de dix-neuf ans.
Le bourreau jeta dans la Seine les cendres et le coeur intact de la victime. La foule s’écoulait terrifiée ; plusieurs attestaient avoir vu l’âme de la pucelle s’envoler au ciel sous la forme d’une colombe, ou le nom de Jésus écrit au milieu des flammes. Une malédiction secrète plana sur les meurtriers et les juges.
JEANNE N’A PAS ÉTÉ CONDAMNÉE PAR L'ÉGLISE.
Jeanne, dit le cardinal Langénieux, a été jugée et condamnée par la politique seule, politique de vengeance, et non par l'Eglise.
Et qui donc le sait mieux que la victime elle-même ?. Eh bien ! elle le sait, elle le dit. En dépit de tous les sophismes, elle en appelle de ses juges à l'Eglise, qu’elle ne reconnaît point dans le tribunal qui est devant elle .... « Menez-moi au Pape, et je lui répondrai, car je tiens et je crois que nous devons obéir à notre Saint-Père le Pape qui est à Rome ».
Et comme le président, sentant toute la portée de cet appel et craignant de voir sa proie lui échapper, défend au greffier d’écrire ses paroles : « Ah ! reprend l’innocente victime, vous écrivez bien ce qui est contre moi, mais ce qui est pour moi vous ne l’écrivez pas ! ». Jusqu’à sa mort, elle proteste qu’elle a été soustraite à la justice de l'Eglise, qu’elle aurait mieux aimé mourir avant de tomber aux mains des Anglais.
LE VRAI JUGEMENT DE L'ÉGLISE SUR JEANNE D'ARC.
A la date du 11 juin 1455, le pape Calixte III ordonna la révision du procès. Les juges délégués par le Pape prononçaient leur sentence le 7 juillet 1456, à l’archevêché de Rouen.
« Nous, disaient les juges, parlant cette fois au nom de l'Eglise, siégeant en notre tribunal, ayant Dieu seul devant les yeux, nous disons, prononçons, décrétons et déclarons que lesdits procès et sentences (ceux de l’évêque de Beauvais), entachés de dol, de calomnies, d’iniquités, de contradictions, d’erreurs manifestes, de fait et de droit, ainsi que l’abjuration susdite, les exécutions et tout ce qui s’en est suivi, ont été, sont et demeureront nuls, non avenus, sans valeur, sans autorité ... ».
Le 21 janvier 1894, Sa Sainteté le Pape Léon XIII signait de sa propre main la Commission d’introduction de la cause de la vénérable servante de Dieu, Jeanne d'Arc, vierge.
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