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NOTICE SUR LE PRIEURÉ DE SAINT-MARTIN DE JOSSELIN, MEMBRE DE L'ABBAYE DE MARMOUTIER |
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Ce prieuré était un des principaux établissements de ce genre dans la partie de la Bretagne qui forme aujourd'hui le département du Morbihan, tant par l'antiquité de sa fondation que par les grands biens dont l'avaient doté les seigneurs de Rohan et les évêques de Saint-Malo et de Vannes. Il était situé dans la ville de Josselin, sur une éminence qui domine le château du côté du N.-0.
En 1105, Joscelin, vicomte de Porhoët, fils d'Endon, voulant assurer le salut de son âme et de celles de ses parents, donna à Dieu et au bienheureux saint Martin de Tours, pendant l'administration de l'abbé Guillaume, la chapelle (cellam) du château de Josselin. — Le mot cella signifie lieu consacré à des solitaires pour prier Dieu, et peut s'entendre aussi bien d'une chapelle que d'un oratoire ou d'une cellule (qui en dérive probablement).
Aussitôt après la fondation, les seigneurs du pays firent à l'envi une foule de donations et de legs au nouveau monastère. En 1108, Josthon, vicomte de Porhoët, que nous devons confondre avec Joscelin, le fondateur, donne aux moines de son château la quatrième partie de l'église de Notre-Dame, qui se trouvait dans l'enceinte des murailles, partie qui appartenait autrefois au clerc Eudon, et que, depuis la mort de celui-ci, le vicomte possédait exempte de tout impôt. Il leur promet de plus la totalité de cette église si elle lui tombe entre les mains.
En 1110, le même Joscelin, qui tout-à-l'heure portait le nom de Josthon, obtient des reliques de la vraie croix, de saint Samson, évêque, de saint Flavien, martyr, de saint Martin, abbé, et le vénérable abbé de Marmoutiers, Guillaume, vient lui-même porter à Josselin la châsse qui contient ces précieuses reliques.
Dans le cours de la même année, Benoit, évêque d'Aleth, de qui dépendait la nouvelle fondation, approuve par lettres, et à la sollicitation de Girard, légat du Pape, la donation qu'avait faite le vicomte de la quatrième partie de l'église de Josselin.
La renommée des religieux commençait à s'étendre, et le sire de Lohoiac leur donne le droit de passage et à tous leurs hommes liges par son château de Lohoiac.
En 1126, Alain, vicomte de Porhoët et de Rohan, donne aux religieux toute la bourgade qui était venue se grouper autour de son nouveau château, afin qu'ils y construisent une église et un cimetière ; il leur donne aussi un moulin et quelques propriétés. De plus, il leur concède la troisième partie de l'église de Crédin avec deux parties de la dîme. Mais Crédin dépendait de l'évêché de Vannes, et il fallait le consentement de l'évêque pour que les moines acceptassent le don qu'Alain venait de leur faire. Ce consentement ne se fait pas attendre ; l'évêque Morvan, qui mourut en 1128, suivant dom Taillandier, le leur accorde ; son successeur, Jacques, le confirme en 1129, ainsi que le don qu'Alain leur avait fait de la chapelle de Rohan. Voici quelque chose qui doit nous arrêter : Jacques confirme le don de la chapelle, et la charte d'Alain dit formellement qu'il donna le bourg de Rohan pour y construire une église. Cette église avait donc été construite dans l'espace de trois ans, car Alain n'aurait pas tenu à ce que les moines construisissent une chapelle s'il en avait déjà existé une autre. Il fallait donc que Jacques ignorât ce qui s'était passé sous son prédécesseur, ou confirmât par avance le don d'une chapelle qui n'existait pas encore tout entière.
En 1129, Jean, évêque de Saint-Brieuc, concède aux religieux de Saint-Martin les églises de La Ferrière, de Lantillac et de Jugon.
L'année suivante, Donoal, évêque de Saint-Malo, accorda à Saint-Martin tout ce que possédait dans la paroisse de Miniac ou Ménéac le clerc Aldroinus comme vicaire, ainsi que la moitié de la chapellenie de la même église et du cimetière, et ce que possédait le même Aldroinus en dîmes et en terres.
Vers 1145, la dîme avait peine à être perçue sur la terre de Rohan et de Crédin, et cet impôt pesait sur les populations peu aisées de ce canton. C'est alors que Rouaud, évêque de Vannes, ordonna à tous les prêtres des environs d'excommunier ceux qui mettraient obstacle à la perception de cette dîme, et approuva la pieuse action du vicomte Alain. Deux ans auparavant, Eudon, comte de Porhoët, prié par les moines de confirmer la concession de quelques coutumes faites par Geoffroy son père, comme le cens, le droit sur le mariage, la vente des terres, etc., le fait volontiers, et leur accorde de plus l'aumônerie de Lesvern, que Marie, fille d'Isaac, leur avait donnée.
En 1205, Alain IV, vicomte de Rohan, confirma à Saint-Martin le don que lui avait fait son prédécesseur, Joscius, de l'église de Crédin, avec toutes les dîmes et la moitié de la paroisse, ainsi que la forêt qui est entre cette terre et la rivière d'Oust ; il retient cependant une rente sur les biens, et promet de veiller aux intérêts et à la sûreté des moines. — Ce même vicomte leur donne aussi l'église de Kergrist ainsi que la bourgade, libres de tout impôt et de toute exaction, moyennant la rente de vingt sols, que les religieux devaient payer chaque année à la Saint-Michel ; il leur concède encore le passage du Blavet à Pontivy avec quelques autres droits, et la terre appelée terre des Prêtres. — En 1231, Eudon de Porhoët donne à Saint-Martin un moulin sur l'Oust, demande que son corps soit enterré dans le monastère, et fonde un anniversaire pour le repos de son âme.
Donoal, évêque de Saint-Malo, avait aussi donné aux moines de Josselin la chapelle de Saint-Nicolas de Josselin avec ses dépendances et appartenances. Nous retrouvons au XVIIème siècle cette chapelle, sous le titre de prieuré de Saint-Nicolas de Josselin, sous la dépendance de l'abbaye de Rhuys. Une note écrite en 1743 par un procureur ou un moine de Saint-Martin, donne l'explication de ce fait. Les religieux de Saint-Gildas, dit cette note, se sont emparés de la nomination à la chapelle Saint-Nicolas, et ce prieuré est à présent en commande.
Depuis le XIIIème siècle jusqu'au XVIème, on ne trouve pas ou presque pas de renseignements sur le prieuré de Saint-Martin. Il est probable qu'il soutint sa renommée pendant quelque temps, puis que les guerres de la succession le ruinèrent, comme beaucoup d'autres que la sainteté des lieux ne mettait pas à l'abri de la fureur des soldats, et surtout des soldats armés contre leurs compatriotes. Cependant, s'il ne recevait pas toutes ses rentes, il conservait ses terres, et quand les règnes de François II et d'Anne vinrent mettre un peu de paix au sein de la nation bretonne, les établissements religieux firent valoir leurs titres et rentrèrent en possession des dîmes et héritages que leur avait légués la piété des Croisés du XIIème siècle.
En 1479, les témoins qui déposent dans le mémoire pour la préséance aux Etats entre le vicomte de Rohan et le comte de Laval, nous apprennent que ce prieuré devait aveu aux vicomtes de Rohan, et avait un revenu de 500 fr. de rente.
En 1516, Antoine Fumée, prieur commandataire de Saint-Martin, met obstacle à ce que les religieuses carmélites bâtissent à Vannes un couvent qui devait porter le nom de Nazareth, sur un terrain appartenant au prieuré ; il le concède enfin, à condition que la nouvelle communauté paie chaque année 40 livres bonne et forte monnoye de Bretagne, et que dans l'église des carmélites on construise un autel et image de Monsieur saint Martin pour mémoire de la fondation dudit prieuré de Saint-Martin de Josselin.
Suivant Ogée, M. de Pommereul conjecture que vers 1580 les Rohan, chefs de la Réforme en Bretagne, chassèrent les bénédictins du prieuré de Saint-Martin, et firent pendant quelque intervalle de temps un temple de leur église. Le bâtiment qui en est voisin, et qu'on appelle la huguenoterie, semble indiquer cette révolution ; c'est vraisemblablement après les guerres civiles et religieuses que l'abbaye de Marmoutiers qui jouit toujours des revenus de cette maison où elle n'entretient ni couvent ni moines, y plaça un prêtre séculier à portion congrue.
Dans le XVIIIème siècle, le revenu du monastère de Saint-Martin était de 8.077 fr. 18 s.
En 1698, ce prieuré avait droit de haute, moyenne et basse justice dans partie des paroisses de Saint-Martin de Josselin, Lanouée, Guégon, la Croix-Helléan, Mohon, Credin et autres circonvoisines.
Le prieur avait droit de bouteillage sur tous les débitants vin ou cidre en détail dans la paroisse de Saint-Martin, fauxbourgs de Glastinnier et de Loyat, savoir : 2 pots de vin ou de cidre par pipe.
Il avait aussi le droit de poitrines sur le bétail tué à Saint-Martin, et à Glastinnier, — le droit de fumage, — le droit de croquetage ou droit sur les marchands qui se servent de crocs et poids, — le droit de colombier, — le droit de garenne et de chasse, — le droit de pêche dans la rivière d'Oust, — le droit de moulin à eau sur les moulins de Rouvray en Lanouée, — le droit de corvée sur tous ses vassaux et sujets, — le droit de coutume, — le droit d'homme, etc.
En 1777 fut supprimé le droit de co-recteur de l'église de Notre-Dame-du-Roncier, que possédait le prieur de Saint-Martin conjointement avec celui de Saint-Michel de Josselin ; il eut seulement le droit de place au choeur après le recteur maintenu, et celui d'étole aux processions.
Ce qui reste de la chapelle du prieuré indique que cette construction remonte à l'époque romane, et probablement à l'époque de la fondation de ce monastère. Il n'existe plus que le transept qui sert maintenant de nef. L'ancienne abside remplit actuellement le rôle de transept, vis-à-vis d'une construction plus moderne. (Louis Galles).
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