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LA FORET DE NEVET

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La paroisse de Kerlaz n'a pas que des côtes et des grèves superbes, elle a aussi une magnifique forêt qui s'étend dans la direction du Juch, Plogonnec et Locronan sur une superficie d'environ 400 hectares. Elle s'appelait autrefois la forêt de Némée, « Sylva Nemea » ou « Nemeensis », et quelquefois la forêt de Német aujourd'hui la forêt de Névet (Dom Lobineau, Vie de Saint Ronan, tome 1, p 156).

Le baron Jean de Névet, dans son Aveu à l'évêque de Cornouaille, nous apprend que cette forêt était anciennement plantée de hautes futaies ; mais qu'elle fut réduite plus tard en bois taillis. On ne conserva des grands arbres qu'un nombre suffisant pour abriter le château seigneurial.

La forêt de Névet est limitée, dans la paroisse de Kerlaz, par les villages de Talac'hoat, Lezarscoët, Koz-Maner, Koz-Kastel, Mescalet, Le Rohou, Kermark et le Moulin de Névet. Le village de Lost-Névet a marqué jadis la limite extrême du côté de Kerlaz ; aujourd'hui ce village est à un kilomètre de la forêt, ce qui prouve qu'on a déboisé de ce côté. Du côté de Plogonnec, la forêt de Névet est limitée par Rosoveil et Kergoat-Névet. Du côté de Plonévez-Porzay, par les garennes de Gorré-Ker et le Mez.

Elle est très riche en essences végétales. Le hêtre et le chêne semblent y dominer ; mais à côté de ces essences, on trouve aussi le coudrier, le bouleau, la bourdaine, le châtaignier, ce dernier très abondant dans les environs de Lezargant. Autour des ruines, de la chapelle de Saint-Even-des-Bois, on voit aussi plusieurs touffes de cerisiers sauvages.

Anciennement la forêt de Névet avait bien plus d'étendue qu'aujourd'hui. Ce que nous en voyons désormais n'est qu'un reste minuscule. En l'absence de tout document, il est difficile de déterminer d'une manière exacte ces anciennes limites. Un distingué botaniste de Quimper, le docteur Picquenard, a entrepris cette tâche ardue et l'a menée à bonne fin. Il a publié le résultat de ses recherches dans la Revue de Bretagne. Son travail est un travail de maître et nous ouvre des horizons nouveaux sur cette mystérieuse forêt.

M. Picquenard s'est appuyé principalement sur deux éléments : les noms de villages et la flore forestière, en particulier celle qui constitue le sous-bois. Le sous-bois est composé de plantes herbacées et d'arbustes qui présentent une résistance extraordinaire ; en des points nombreux, sur des espaces de 20 kilomètres de longueur, on retrouve abondamment le sous-bois de la forêt dont tous les grands arbres ont disparu, parfois depuis très longtemps. Enfin, parmi les végétaux qui habitent d'ordinaire les forêts, il est une classe, celle des lichens, dont l'étude fournit de précieux enseignements. Il y a des lichens qui vivent sur la terre des landes ; il y en a qui vivent sur les rochers ; d'autres se fixent à l'écorce des arbres isolés, arbres de promenades, arbres bordant les champs ; plusieurs enfin n'élisent domicile que sur le tronc et les branches des arbres forestiers. Il en est, en un mot, de ces espèces végétales, comme des races humaines et des espèces animales :

Dieu a assigné à chacune d'entre elles un milieu où elles se développent et se multiplient normalement ; chacune d'elles a son habitat spécial. Les lichens forestiers sont particulièrement exigeants sous ce rapport. Leur présence simultanée à Névet et dans les massifs boisés qui l'entourent, qui en divergent ; est d'une grande utilité pour l'établissement approximatif des anciennes limites de la forêt.

Ces principes posés, le savant botaniste, examine les divers massifs qui partent de la forêt de Névet.. Il commence par la bande boisée qui s'étend immédiatement à l'est de Locronan, c'est-à-dire à la forêt du Duc. Il constate qu'elle se termine aux villages de Penn-Névet-Goër et Penn-Névet-Laurent. D'après l'étymologie du mot, Penn-Névet signifie Tête de Névet. Donc à une époque reculée, quand furent créés ces deux villages, la forêt du Duc, située à l’est de Locronan, faisait partie intégrante de la forêt actuelle de Névet. Celle-ci devait couvrir alors une superficie d'au moins 1.000 hectares.

Mais avant l'époque du déboisement et du défrichement, la forêt de Névet s'étendait de ce coté bien au-delà de cette limite. En interrogeant les témoins végétaux, le docteur Picquenard en arrive à cette conclusion : elle se reliait, en suivant la chaîne des Montagnes Noires, à la forêt de Laz, au bois de Toul-Laëron, et à la forêt de Conveau. Vers le sud elle émettait de nombreux prolongements jusqu'aux bords du Stéir. Du côté de Plonevez-Porzay, Ploéven et Plomodiern, on peut suivre sa piste sur une largeur d'environ huit kilomètres. Et enfin vers la Pointe du Raz, la partie occidentale de la forêt formait une bande très longue, qui allait en se rétrécissant à mesure qu'elle se rapprochait de la mer. Telles sont les grandes lignes de l'étude de M. Picquenard. Il ne se contente pas, d'affirmer, il allègue des preuves à l'appui de ses affirmations, en établissant les liens botaniques qui existent entre la forêt de Névet et les diverses régions, dont nous avons parlé. M. Picquenard conclut ainsi : « Tels sont les renseignements que l'étude de la végétation et les noms de villages nous ont fournis relativement à l'ancienne, extension de la forêt de Névet. Le contour de cette forêt a été modifié de bonne heure. Si l’armoricain ayant vécu un certain temps avant la domination romaine pouvait revenir en Bretagne, il reconnaîtrait peut-être les lambeaux du centre de la forêt ainsi que ses prolongements au nord, à l'est et au sudest ; mais il chercherait en vain la longue bande forestière qui se dirigeait vers la Pointe du Raz. Si les bons saints qui ont évangélisé nos aïeux revenaient eux aussi dans notre chère Bretagne, ils ne reconnaîtraient guère l'emplacement de leurs oratoires dans la forêt de Névet. Saint Corentin trouverait sa fontaine claire et limpide, mais sa forêt n'est plus qu'un taillis accroché au Méne-Hom et, à la place de l'ancienne chapelle qui avait succédé à son oratoire, s'est élevé, ces dernières années, un beau sanctuaire dû au talent si personnel, si original de M. Abgrall. Saint Ronan trouverait une ville pittoresque, groupée autour de son église, véritable, cathédrale dédiée par la reconnaissance populaire au pieux thaumaturge irlandais » (Docteur Picquenard, p. 20 et 21).

Saint Ronan et saint Corentin, solitaires de la forêt de Névet.

La forêt de Névet fut en quelque sorte le berceau de la foi chrétienne dans notre Basse-Cornouaille. Elle doit nous être particulièrement chère à cause des grands souvenirs qui s'y rattachent, et nous ne devons pas prononcer le nom de Névet sans nous rappeler l'époque où de grands saints vécurent, édifiant le pays par la pratique des plus nobles vertus. Ces grands saints furent saint Ronan et saint Corentin.

Saint Ronan naquit en Irlande, de parents chrétiens, et non de parents païens comme l'ont prétendu plusieurs. Voici le résumé de sa vie d'après un vieux manuscrit de la Bibliothèque nationale, découvert par Dom Plaine. Ce manuscrit, remontant au Xème siècle, avait échappé aux recherches d'Albert le Grand, de Dom Lobineau et des Bollandistes. Il rectifie quelques inexactitudes et même quelques erreurs qui s'étaient glissées dans la vie de saint Ronan. C'est ainsi que la tradition faisait mourir saint Ronan à Locronan, tandis que d'après le manuscrit édité par Dom Plaine, il est mort à Hillion, non loin de Saint-Brieuc.

Saint Ronan naquit donc en Irlande, il montra dès son jeune âge une piété extraordinaire, fut ordonné prêtre et bientôt promu à l'épiscopat. (Ch. I, p. 14-15). — Sacré évêque, vers l'année 490 il est sollicité intérieurement à quitter sa patrie. Il traverse l'Océan et aborde sur les côtes du Léon. Il y fait des prodiges, guérit les malades, délivre les possédés et rend la vue aux aveugles. Pour pouvoir vaquer plus facilement à la prière, il se retire plus avant dans le désert, passe en Cornouaille, et se fixe dans la forêt appelée à l'époque Német, aujourd'hui Névet. Là, il fait la connaissance d'un homme de foi qui lui donne l'hospitalité. (Ch. II,, p. 15-17) . — Il s’entretient avec son hôte à qui il raconte son voyage, le lieu de son origine et le motif qui l'a déterminé à quitter sa patrie. De concert avec cet homme, il construit un petit oratoire. Grallon vient le voir. Saint Ronan l'exhorte à l'amour de la justice, et lui enseigne la voie du ciel. Grallon rentre chez lui meilleur qu'il n'en était sorti. (Ch. III, p. 17-20) . — Dans la forêt de Névet, saint Ronan fait des miracles. Il arrache des animaux de la gueule des loups. Colère du diable qui se sert d'une méchante femme, nommée Kéban, pour assouvir sa haine contre le saint. (Ch. IV, p. 20-23). — Kéban étouffe sa fille, âgée de cinq ans, dans un coffre, et accuse saint Ronan de l'avoir tuée. Elle insulte et outrage le saint, va trouver le roi Grallon pour demander justice (Ch. V, p. 23-26). — Saint Ronan connaît par une révélation intérieure l'accusation dont il est l'objet. Il est mandé à la cour de Grallon. Là, on délibère et on décide de lâcher sur lui des chiens furieux. Si les dogues l'épargnent, c'est qu'il est innocent. C'est ce qui arrive. Les dogues oubliant leur férocité viennent caresser le saint. (Ch. VI, p. 27-30). — Le roi reconnaît son innocence. Kéban continue ses vexations. Saint Ronan fait connaître le lieu où est caché l'enfant. (Ch. VII, p. 30-33). — La foule indignée veut lapider Kéban. Le saint intervient et la soustrait à sa fureur. Kéban simule le repentir et demande pardon. Le saint rend la vie à sa fille. (Ch. VIII, p. 34-39). — Kéban invente une autre calomnie et accuse le saint d'adultère. Fatigué de ces persécutions, le saint quitte la Cornouaille pour se retirer dans la Domnonée, vers l'an 530. Il meurt à Hillion, vers l'an 540.

D'après l'Aveu de Jean de Névet, confirmée par la tradition, l'ermitage de saint Ronan se trouvait à l'endroit occupé aujourd'hui par la chapelle du Pénity, qu'on a appelée pendant longtemps l'ermitage de saint Ronan.

La forêt de Névet a été sanctifiée par un autre pieux solitaire, saint Corentin, originaire de Cornouaille et premier évêque de Quimper. Il choisit pour solitude le Méné-Hom, dans la paroisse de Plomodiern. Il y bâtit un petit ermitage auprès d'une fontaine. Dieu l'y nourrit miraculeusement. Voici comment Albert le Grand raconte le fait : « Il envoya un petit poisson en sa fontaine, lequel tous les matins, se présentait au saint qui le prenait et en coupait une tranche pour sa pitance. Ensuite, il le rejetait dans l'eau, et tout à coup, il se retrouvait tout entier, sans lésion ni blessure » (Albert le Grand, p. 799).

La tradition nous a conservé le souvenir de la visite que le roi Grallon fit au saint dans sa solitude de Plomodiern, au cours d'une partie de chasse. Le roi et ses gens avaient bon appétit, et comme ils étaient à court de provisions, ils supplièrent le saint de leur donner à manger. Celui-ci alla à sa fontaine, prit le poisson, en détacha une tranche, et cette tranche se multiplia de telle sorte que le roi et sa suite en furent rassasiés.

Le T. R. P. Le Floch a voulu consigner cette visite que le roi Grallon fit à saint Corentin, dans un des tympans du vitrail du P. Maunoir.

Bataille de Gueth-Ronan, dans la forêt de Névet.

La forêt de Névet a été illustrée autrefois par une bataille célèbre. C'était vers l'an 1000. La Providence venait de placer à la tête de la Cornouaille un prince qui, par sa valeur guerrière, sa piété, sa générosité en vers les églises et les monastères, devait se montrer le fidèle imitateur de Grallon. Le nouveau roi se nommait Alain, et il reçut le surnom de Cainart. c'est-à-dire de vainqueur, ou mieux de batteur. Cependant ses débuts dans la carrière des armes ne furent pas heureux. Il fut attaqué par Alain, duc de Bretagne. Forcé de se réfugier en France, il y resta plusieurs années, probablement jusqu'à ce qu'il fût en état de reprendre les hostilités. Aussitôt en Cornouaille, « il ramassa, dit Dom Placide le Duc, tont ce qu'il put de troupes pour repousser l'ennemi. Mais se trouvant trop faible, il usa d'adresse ; il se cacha avec ses gens dans la forêt de Német (Névet), invoquant la force de la Sainte Croix du Seigneur et le secours du saint pontife Ronan. Les ennemis ne trouvant personne qui leur résistât, se répandirent de tous côtés pour piller ; mais Cainart revêtu de la force de la Croix, fondit sur eux, les défit et les mit en fuite. Les habitants de la Cornouaille ont depuis nommé cette bataille « Gueth Ronan ». Le comte, heureux de cette victoire, en voulut marquer sa reconnaissance à Dieu et, de l'avis et consentement de son frère l'évêque Orscand, de sa femme la comtesse Judith, et des seigneurs du comté, il donna au monastère de Quimperlé l'église de saint Ronan et toutes les terres qui sont contenues dans la franchise du même saint » [Note : Dom Placide le Duc, Histoire de l'Abbaye de Sainte-Croix, ch. p. 66. — D'Argentré, Histoire de Bretagne, liv. 4, c. 23].

(Abbé Horellou).

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