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KERLAZ SOUS LA REVOLUTION

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KERLAZ SOUS LA RÉVOLUTION. LES ORGIES DE KERDIOUZET.

C'était au fort de la Terreur. Des patrouilles de gendarmes et de soldats sillonnaient le pays, surveillant et enquêtant au sujet des prêtres réfractaires. C'était sous ce nom qu'on désignait les prêtres fidèles qui refusaient, de prêter serment à la Constitution civile du Clergé. J'ai entendu, dans mon jeune âge, les vieillards raconter qu'à la tombée de la nuit, les patrouilles de gendarmes et de soldats se dispersaient à la campagne, rôdant autour des maisons, à l'heure de la prière, écoutant aux portes et aux fenêtres pour surprendre la conversation et pour savoir si l'on priait. Prier, à cette triste époque, était un délit. Terrorisés par ces inquisitions nocturnes, les habitants n'osaient plus dire la prière en commun, du moins à haute voix, dans la crainte d'être dénoncés et traduits devant les tribunaux révolutionnaires, comme suspects d'incivisme. Sous prétexte de chasser les prêtres réfractaires, les soldats se livraient parfois aux pires excès.

Voici ce qui se passa un jour au village de Kerdiouzet. Ce village avait le malheur de se trouver sur le passage de ces bandes, puisque, à cette époque, la route départementale de Quimper à Douarnenez le traversait. C'était vers l'heure de midi. Une patrouille de soldats se dirigeant sur Douarnenez, fit, halte dans le village. Ils fouillèrent la maison, la grange et le cellier, faisant main-basse sur tout ce qu'ils trouvèrent à leur convenance. Des fûts de cidre qui se trouvaient dans le cellier furent mis en perce ou défoncés à coups de crosse, et l'on but copieusement à la santé de la Convention. Pendant ce temps un soldat, sabre au clair, tenait en respect deux pauvres vieilles femmes malades qui n'avaient pas eu le temps de se sauver. Après une ripaille en règle, arrosée de bon cidre, les soldats continuèrent leur chemin, non sans tituber, dans la direction de Douarnenez. Un d'eux manquait à l'appel, on le trouva étendu ivre-mort, dans un coin du cellier, à côté d'une barrique. Le malheureux paya pour les autres. Désarmé et mis dans l'impossibilité de nuire, on lui administra une de ces bonnes râclées, qui le dégrisa du coup. Il laissa entre les mains de ses agresseurs une bonne partie de ses vêtements et dut se sauver dans un costume plus que sommaire. Son sabre a été conservé pendant très longtemps à Kerdiouzet, où il servait à couper le pain noir. Le R. P. Le Floch se rappelle l'avoir vu dans sa jeunesse.

M. Garrec, curé de Kerlaz, refuse de prêter serment à la Constitution civile du Clergé.

Parmi les prêtres qui firent le plus d'honneur au clergé breton pendant la Révolution, M. Garrec, curé de Kerlaz, tient sans contredit une des premières places. Cet excellent prêtre était originaire de Kerlaz même. Deux villages se disputent l'honneur de lui avoir donné le jour : Kerolier et le Caouët. Me basant sur le témoignage d'un vénérable patriarche de la localité, qui passait pour bien connaître les choses de l'ancien temps, j'ai cru pendant longtemps avec beaucoup, d'autres, que M. Garrec était né à Kerolier ; mais le R. P. Le Floch, qui est mieux que personne en situation de connaître le lieu de sa naissance, puisque ce saint prêtre appartient à sa famille, m'a affirmé qu'il était né au Caouët. Devenu prêtre, il entra au service de la paroisse de Briec, à titre de chapelain de Saint-Vénec. A la Révolution il était curé de Kerlaz. D’après M. le chanoine Peyron, il fut nommé recteur de Ploéven au Concordat.

M. Garrec refusa énergiquement de prêter serment à la Constitution civile du clergé et continua, pendant la Révolution, mais en cachette seulement, à exercer le saint ministère, au milieu des plus grands dangers. Signalé au district, poursuivi et traqué par la maréchaussée de Locronan, il réussissait toujours à échapper grâce à la complicité de ses compatriotes, qui l'avaient en grande vénération et qui tenaient absolument à le conserver au milieu d'eux. Un jour, m'a raconté un vieillard, il resta pendant près de deux heures caché dans une cheminée dont on avait eu soin de boucher le haut pour empêcher la lumière d'y pénétrer. Un autre jour, poursuivi jusque dans la forêt de Névet, il dut passer la nuit dans une touffe de roseaux, au milieu du marais sauvage de Guern-Névet, qui était à peu près inabordable à l'époque. Cette chasse à l'homme n'empêcha pas M. Garrec de se dépenser et de se multiplier. Il avait plusieurs cachettes : au Caouët, chez sa belle-sœur, la veuve Garrec ; à Lézarscoët, où l'on montre encore aujourd'hui une vieille cloison avec une petite ouverture, qu'on dit être le guichet du confessionnal de M. Garrec ; à Kergreiz et jusque dans la forêt de Névet : il s'y retirait dans les moments où il ne se sentait pas en sûreté dans ses cachettes ordinaires. Il n'était pas sans savoir ce qui l'attendait si par malheur il tombait entre les mains des gendarmes ; mais jamais aucune considération de ce genre n'eut prise sur cet homme apostolique. Son zèle ne se bornait pas à Kerlaz ; il rayonnait dans les paroisses environnantes, à Locronan, Plogonnec, Guengat, et même Briec. La pièce suivante, publiée par le Bulletin de la Commission diocésaine, en fait foi : « On demandait à un personnage du canton de Briec combien de prêtres réfractaires circulaient dans le canton, et la réponse en signalait trois : Louboutin, Garrec, vicaire de Kerlaz, et Bescond, prêtre de Kerfeunteun ». Ils vont à Bonnescat, chez Rénier, à Kerivoal, chez la veuve Marie Philippe, à Kerourédan, chez la veuve Renée Le Berre, à Kerervan, chez veuve Renée L'Hénaff, à Kerjacob en Locronan, chez. Yves Le Grand, au Merdy en Guengat, chez Louboutin. Ils font des courses en Briec. On ignore s'ils disent la messe, mais ils confessent et baptisent (Bull. de la Comm. diocés., 4ème année, juillet août 1904, n° 4, p. 243).

Le recteur de Plonévez-Porzay prête serment à la Constitution civile du Clergé. — M. Garrec racole quelques prêtres fidèles et, avec leur concours, organise le service paroissial. — Comment il échappe aux gendarmes à Kergreiz.

Sur ces entrefaites, le Recteur de Plonévez-Porzay prêta serment à la Constitution civile du clergé. Cette nouvelle attrista profondément sa paroisse si chrétienne.

Elle cessa, dès ce moment, toute relation avec son recteur assermenté, pour se tourner du côté de M. Garrec et des prêtres demeurés fidèles. M. Garrec s'empressa de répondre à cet appel. Il réunit autour de lui quelques bons prêtres, et organisa avec leur concours le service paroissial de Kerlaz et de Plonévez-Porzay. Les compagnons de M. Garrec étaient au nombre de trois. Le plus célèbre d'entre eux est le Père Maximin L'Helgoualc'h, capucin. Quelques-uns le font naître à Keradenn en Plonévez-Porzay. D'autres disent qu'il est né à Kerdiouzet en Kerlaz. Quoiqu'il en soit, on le trouve fréquemment à Kerdiouzet pendant la Révolution. Ce religieux jouissait dans le pays d'une grande réputation de sainteté. On raconte que, prêchant le Carême à Plonévez-Porzay en 1786, il annonça d'avance tous les événements de la Révolution, et surtout un fait qui étonna tout le monde : l'extinction de la famille de Moëllien et le déboisement de sa propriété, choses qui se sont réalisées à la lettre.

Le P. Maximin L'Helgoualc'h avait une sœur à Kerdiouzet, mariée à Henri Le Joncour. Cet Henri Le Joncour était bisaïeul maternel du Supérieur du Séminaire Français.

Le second des compagnons de M. Garrec se nommait M. Le Gac, prêtre originaire de Lesvren, en Plonévez-Porzay, et réfugié à Kervel. Au Concordat, il devint chanoine de la cathédrale de Quimper. Il fit don à la chapelle de Sainte-Anne d'un reliquaire en bois doré, renfermant une relique de saint François de Sales et une autre de sainte Jeanne Frémiot de Chantal, avec quelques autres reliques de saints dont on ignore les noms. Il est auteur d'un livre de spiritualité, très estimé, qui a été traduit en allemand.

Le troisième compagnon de M. Garrec s'appelait Alain Le Floch, réfugié à Trévigodou en Plonévez-Porzay. Le carnet de Mgr de Saint-Luc consacrait à ce digne prêtre la note suivante : « A de la piété, annonce les plus heureuses espérances, santé chancelante, sujet admirable ».

C'est avec ces trois vaillants prêtres que M. Garrec évangélisa le pays pendant la Révolution. Il était le chef et le cerveau de la bande. On le savait au district et c'est ce qui explique la haine à laquelle il était en butte de la part de la maréchaussée de Locronan. Ayant appris que. M. Garrec visitait souvent le village de Kergreiz, les gendarmes résolurent de faire bonne garde autour de ce village. Un jour qu'il y faisait un baptême, on vint en toute hâte lui dire que les gendarmes se dirigeaient vers le village. M. Garrec eut tout juste le temps de se débarrasser de son surplis, et de son étole, et de sortir, sa faucille au bras. Vêtu d'un habit de toile et du bragou-braz selon la mode de l'époque, il se dirige, à pas lents, vers le puits et se met en devoir d'affûter sa faucille. Il avait à peine commencé sa besogne, que quatre gendarmes, à cheval, débouchent de la grande avenue qui conduit au village. D'un air menaçant, ils l'abordent et l'interrogent ; mais aux questions qu'on lui posait en français, M. Garrec, faisant semblant de ne pas comprendre, répondait, invariablement en breton. Croyant qu'ils avaient affaire à un homme sans instructions, à un simple garçon de ferme, les gendarmes passèrent outre et entrèrent dans la maison, où ils sommèrent le propriétaire de leur livrer M. Garrec ou de leur dire où il était. Ce brave leur répondit fièrement qu'il n'était pas payé pour surveiller M. Garrec. Après avoir fouillé la maison, les granges, voire même les armoires, sans aucun résultat, les gendarmes tournèrent bride du côté de la Clarté, non sans avoir menacé de faire fusiller, tous ceux de la maison, s'il était prouvé qu'on y donnait l'hospitalité au satané curé qui leur donnait tant de fil à retordre. Pendant ce temps M. Garrec se dirigeait par un autre chemin vers sa cachette de la forêt de Névet, où il se retirait dans les moments particulièrement critiques.

Fermeture de la Chapelle tréviale de Kerlaz. — M. Garrec et ses compagnons se retirent dans les environs de La Palue.

Sur ces entrefaites, les autorités républicaines du district ordonnèrent la fermeture de la chapelle tréviale de Kerlaz. Les autres chapelles de Plonévez-Porzay eurent le même sort. Seules l'église paroissiale et la chapelle de Sainte-Anne de la Palue furent épargnées, la première parce qu'elle était trop bien défendue par la population, et qu'on craignait des représailles. M. Garrec et ses compagnons se retirèrent alors dans les environs de la Palue. Le jour, dit M. l'abbé L'Helgoualc'h, ils demeuraient cachés tantôt dans une ferme et tantôt dans une autre, et le soir, à la tombée de la nuit, ils sortaient de leur retraite. A cette heure aussi, de tous les coins du pays, arrivaient les dévots pèlerins. Les prêtres entendaient les confessions, baptisaient les enfants et célébraient la messe vers minuit. Puis on se séparait heureux d'avoir prié ensemble, et au point du jour, la Palue reprenait son aspect ordinaire.

Cela dura près de deux ans. C'était trop beau ! les zélés gendarmes reçurent l'ordre d'aller de nuit à la chapelle, pour disperser les réunions et essayer de s'emparer de M. Garrec. A leur première visite, ils ne trouvèrent personne. Avertis de leur projet, plusieurs heures avant, les pèlerins s'étaient retirés. Furieux, les policiers se mirent à parcourir les fermes des environs et, vers midi, le lendemain, ils arrivèrent au manoir de Keryar. M. Garrec y était depuis la veille avec deux de ses compagnons. Ils n'eurent que le temps de se sauver par une fenêtre de derrière et de gagner une meule de foin creusée exprès pour leur servir de refuge en cas d'alerte. Les gendarmes ayant trouvé dans la maison l'autel sur lequel ces dignes prêtres avaient célébré la messe, ce jour même, déclarèrent qu'ils mettraient le feu au village si on ne leur livrait pas ceux qu'ils cherchaient. Une femme se trouvait seule à la maison et préparait la bouillie des moissonneurs. Elle répondit crânement aux gendarmes : « Vous pouvez mettre votre menace à exécution si cela vous agrée, c'est le meilleur moyen d'appeler du secours ». Cette réponse si simple et si héroïque fit réfléchir les pourchasseurs de prêtres. Ils se mirent à fouiller de nouveau la maison, et n'y trouvant, personne, ils s'en furent sonder les meules de foin avec leurs piques ; et dans ce cruel amusement blessèrent même les trois prêtres ; mais le foin essuyait le sang des piques quand on les retirait, et le silence gardé par les victimes ne permit pas aux gendarmes de constater leur présence. Après avoir ainsi échappé miraculeusement à la mort, ces vrais confesseurs de la foi continuèrent, leur ministère dans les environs ; mais ce n'était pas sans danger. D'un autre côté, se voyant menacés, les habitants du pays et les pèlerins arrivaient de nuit à Sainte-Anne, et bien armés.

Un grand défenseur de M. Garrec et de ses compagnons : Gannad, dit le Noir, ancien-veneur des seigneurs de Moëllien. — Le tambour Kerneï.

Nous empruntons presque tout ce qui va suivre à M. l'abbé L'Helgoualc'h. Dans sa brochure intiulée « Le pèlerinage de Sainte-Anne de la Palue ». M. L'Hélgoualc'h nous, parle assez longuement des prouesses d'un certain « Gannad », dit le noir, « ar Gannad du », ancien veneur des seigneurs de Moëllien, et habitant la maison qui leur servait de rendez-vous de chasse dans la Palue. Doué d'un grand esprit de décision, « Gannad du » organisa un plan de défense habilement conçu. Quand, la nuit venue, les gendarmes se présentaient, au coup de sifflet donné par Gannad, on voyait les touffes de landes s'agiter. A côté de chacune se dressait un homme qu'on entendait armer son fusil dans le silence de la nuit. Cela suffisait pour faire tourner bride aux agresseurs ; mais ceux-ci ne pouvant plus pénétrer danse la Palue, se portèrent le long du chemin pour attendre les pèlerins ; quand ils rencontraient un homme seul, ils le rouaient de coups. Ils s'attaquaient même aux femmes, qu'ils frappaient et outrageaient ; mais dès qu'ils voyaient des hommes par bandes de trois ou quatre, ils avaient soin de se défiler prudemment. Devant ce nouveau genre d'agression, Gannad organisa un autre plan de défense. Il laissait les gendarmes pénétrer librement dans la Palue, où, à un signal donné, ils étaient cernés par une bande d'hommes armés de fusils. On les gardait ainsi à vue jusqu'au matin, et quand les pèlerins étaient déjà loin, on les laissait partir, après leur, avoir fait jurer qu'ils n'attaqueraient séparément aucun de ceux qui les avaient tenus prisonniers, sous peine d'être eux-même fusillés sans miséricorde à la première récidive. On raconte à ce sujet le trait suivant. La première fois que les gendarmes se trouvèrent cernés de la sorte par la bande de Gannad, celui-ci, avant de les relâcher, voulut leur donner une preuve de son adresse, en abattant successivement quinze oiseaux au vol. Il manqua le seizième, et se tournant alors vers les gendarmes, il leur dit : « J'ai manqué celui-là, mais si, au lieu d'un oiseau, j'avais eu devant moi un gendarme, jamais je n'aurais manqué mon coup ». — Mécontents d'avoir été ainsi pris au piège, les gendarmes ne voulurent pas rentrer chez eux sans avoir au moins essayé de s'emparer de M. Garrec et de ses compagnons. En passant par le village de Bélar, ils apprirent qu'un homme suspect avait passé par là. Ayant trouvé un petit pâtre gardant ses troupeaux dans une garenne, ils l'interrogèrent et lui demandèrent s'il n'avait vu personne les devancer. Le petit, qui ne se rendait pas compte des conséquences que pouvaient avoir ses paroles, leur répondit que « Monsieur le vicaire qui n'était pas citoyen », on désignait ainsi M. Garrec, venait de passer, se dirigeant du côté du bois de Kerangal. Ils partirent immédiatement à sa recherche, et l'eussent probablement saisi, car la rosée abondante du matin permettait de suivre sur l'herbe la trace de ses pas. Ils arrivèrent ainsi jusqu'au milieu du bois ; mais là ils rencontrèrent une lande de bûcherons et de sabotiers. Dès qu'ils virent les gendarmes, ces braves gens qui avaient partagé, un instant auparavant, leur morceau de pain noir avec le prêtre, sautèrent sur leurs haches, cernèrent les gendarmes et leur firent comprendre qu'il était dangereux de chasser les prêtres sur ce terrain, Puis, après les avoir désarmés, ils leur attachèrent des pilons de hêtre, et les hissèrent sur leurs chevaux, qu'ils laissèrent en liberté (Abbé L'HELGOUALC’H, Pèlerinage de Ste-Anne de la Palue).

Dans les derniers temps, la situation de M.. Garrec et de ses compagnons devint particulièrement difficile. La chapelle de Sainte-Anne restait toujours ouverte, mais l'accès en était interdit. Des patrouilles de soldats et de gendarmes y séjournaient en permanence. Pour traverser ce cordon de troupes, il fallait être muni d'un billet de civisme. Les campagnes environnantes n'offraient guère plus de sécurité ; elles étaient infestées de soldats. N'ayant plus la liberté de leurs mouvements dans les environs de Sainte-Anne, M. Garrec et ses compagnons allèrent chercher un refuge dans les grottes de Lanévry. C'est là qu'ils disaient la messe, baptisaient et entendaient les confessions. Souvent même ils en étaient réduits à dire, la messe en bateau sur la baie de Douarnenez. Les promeneurs et les touristes que visitent, en si grand nombre, les grottes du Ris et de Lanévry, ne se doutent pas que ce sont autant de sanctuaires, où le Dieu chassé, de son tabernacle venait chercher asile pendant les jours sombres de la Révolution.

La grande difficulté pour les fidèles était d'aborder ces grottes sans éveiller l'attention des patrouilles de gendarmes et de soldats qui sillonnaient la région. Un nommé Kerneï, émule de Gannad du, inventa, un ingénieux stratagème qui réussit à dépister pendant longtemps les pourchasseurs de prêtres. Il prenait son tambour et parcourait le pays comme un inspiré, criant à qui voulait l'entendre, que les Anglais allaient, la nuit suivante, opérer une descente à tel ou tel point de la côte. Les gendarmes et les soldats le prenaient pour un fou et s'amusaient à ses dépens, mais les habitants du pays connaissaient le mot d'ordre et de ralliement. Le soir, ils arrivaient bien armés, à l'endroit désigné, comme pour s'opposer à un débarquement. Un fanal s'allumait sur la mer et faisait un signal convenu. Un autre fanal répondait de la côte, et à cet appel, les prêtres fidèles venaient accoster, au péril de leur vie, pour voir les malades, baptiser les enfants, entendre les confessions et bénir les mariages.

Cette ruse finit par être découverte, comme les autres. Le P. Maximin L'Helgoualc'h tomba entre les mains des gendarmes, au moment où il venait de voir un malade. M. Garrec et les deux autres compagnons qui lui restaient, ne tardèrent pas non plus à être capturés. Tous les quatre furent traduits devant le tribunal révolutionnaire, et condamnés à l'exil, suivi de la déportation. Pour perpétuer le souvenir de ces quatre braves et dignes prêtres qui font tant d'honneur à Kerlaz et à Plonévez-Porzay, le R. P.. Le Floch en a fait le sujet des deux verrières qui se trouvent dans la chapelle des fonts baptismaux.

(Abbé Horellou).

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