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LA FAMILLE DE LA MARCHE DE KERMINIHY

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Renée de la Marche et Auffray du Chastel. — L’aveu de 1619 établit que Renée de la Marche succéda vers 1608 à son grand-père comme propriétaire de la terre de Kerminihy. On ne connaît pas la date de sa naissance, mais elle était la fille aînée de Pierre du Plessis et de Barbe de Toulanlan ; et devait donc être née au plus tard vers 1580, puisque Jeanne Geffroy, deuxième femme de son père, a été enterrée à Saint-Corentin en 1585.

En 1610, elle épousa Auffray du Chastel, de l’illustre famille des Tanneguy du Chastel, fils de François du Chastel, marquis de Mesle, seigneur de Chateaugal et de Landeleau. Ce personnage, qui fut gouverneur de Concarneau, pour la Ligue, se laissa surprendre à Quimperlé par l’armée royale en 1592, et se retira ensuite dans son château de Chateaugal ; il mourut en 1595 et fut inhumé dans l’église de Landeleau. La très remarquable statue qui surmontait son tombeau a été transportée au musée de Quimper. Les armes de la famille du Chastel sont fascé de gueules et d’argent de six pièces. Il s’était marié trois fois.

De sa première femme, Marie de Keroulas [Note : Marie de Keroulas est l’héroïne d’une légende que M. de la Villemarqué a rendue populaire. Si elle fut mariée de force à François du Chastel, elle ne mourut pas de douleur, mais vécut assez longtemps pour avoir trois enfants], il eut deux fils et une fille : - Vincent, seigneur de Mesle, Chateaugal et Keroulas, Kergoat, marié à Jeanne de Guer, sans postérité ; - Tanneguy, tué en 1602 au siège d'Ostende, sans postérité ; - Mauricette, héritière de Keroulas, mariée successivement à Maurice du Rusquec et à Jacques Visdelou.

De sa seconde femme, Catherine de Quélen, François du Chastel eut deux fils et trois filles : - Auffray, dont il sera plus loin question ; - Jean, seigneur de Kergoat ; - Marie, qui épousa François de Penmarc'h, seigneur de Coatélès ; - Claude et Louise, non mariées.

De son troisième mariage avec Anne de Kerouzéré, il n’eut pas d’enfants. Ce mariage eut lieu en 1617, le même jour que celui de son fils aîné, Vincent, avec Jeanne de Guer, fille d’autre Catherine de Quélen.

Auffray du Chastel, né vers 1580, hérita de son père après la mort de son frère aîné, Vincent, et épousa en 1610 Renée de la Marche, héritière de Kerminihy. Ils eurent deux enfants : Thérèse, morte à 6 ans, et Claude, héritier de leur fortune qui était considérable.

Voici le préambule d’un aveu qu’ils rendirent au Roi, en 1619 : « Le 23 février 1619, Messire Auffray du Chastel, chevalier, et dame Renée de la Marche, seigneur et dame de Mesle, Chateaugall, la Marche, Kerminihy, font la déclaration des biens qu’ils possèdent dans la cour et juridiction de Concq, Fouesnant et Rosporden.... ».

Cet aveu reproduit, sans grandes modifications, les indications portées sur l’aveu de 1575, tant sur les terres dépendant de la seigneurie que sur les prééminences à l'église de Rosporden, à la chapelle de Saint Guénaël, en Elliant, et à l'église de Tourc'h.

L’ensemble des prétentions des seigneurs de Kerminihy était probablement discutable, car, sur une autre copie de l’aveu de 1619, qui existe aux archives du Finistère, j’ai trouvé en marge de la première page la note suivante : « Du quel cy aveu a été rendu par arrest de la chambre des comptes du 21 juin 1629, à la charge d’une rente de 20 s. 8 d. monnoye, recogneut et advoué par l'antien aveu de la dite terre (1565) estant deubt sur certains héritages cy mentionnés qui ne sont employés à présent ou baillés par le dit seigneur lavouant, le nom de ceux qui possèdent les dits héritages et (voir ?) approuver leurs prééminences et leurs prérogatives et intersignes prétendus par les avouants dans l’église paroissiale de Rosporden aussy non employés aux anciens aveux lesquels seront raiés et ostés et icelluy, rendu conformément à icelluy de l’an 1565 ».

La date de 1565 est pour moi le résultat d’une erreur. Il n’y a pas d’aveu de 1565. C’est à l’aveu de 1575 que s’applique l’arrêt mentionné ci-dessus.

Il y est ajouté le paragraphe suivant : « Davantage, sont les dits seigneur et dame fondateur en la chapelle de Sainte-Vengu à Locunguff [Note : Ces noms ne sont en réalité que les noms primitifs, Guenguff et Locguenguff, transformés successivement par l’usage. Guenguff qui signifie blanche et douce, est la traduction de Candide, nom de la patronne de Scaër. Au commencement du XVIIIème siècle, une femme, originaire de cette paroisse, portait alternativement les noms de Candide et de Guencu sur les registres de la paroisse de Rosporden], en la paroisse de Tourc'h ».

Mais cette mention disparaît dans les aveux suivants, car elle n’était probablement pas fondée. Jusqu’alors, les hauts et puissants seigneurs appartenant aux familles de Poulmic, Pont-l’Abbé, Quélennec s’intéressaient probablement peu à leur petite seigneurie de Coateloret, en Tourc'h, bien qu’elle eut les droits de haute, basse et moyenne justice. C’est seulement au XVIIème siècle que les Canaber de Kerlouet en devinrent possesseurs et revendiquèrent les prééminences usurpées par leurs voisins [Note : Cf. l’assignation donnée en 1623 par Jean Canaber à François Déréat, seigneur du Ster (la rivière), en Tourc'h, pour usurpation de droits et prééminences en l'église paroissiale].

Renée de la Marche, dame du Chastel-Mesle. — Je n’ai trouvé aucune mention d'Auffray du Chastel qui permit de savoir s’il vécut longtemps après la naissance de son fils Claude (6 juin 1621). Il n’en est pas de même de sa femme, dont le nom figure plusieurs fois sur les registres de la ville de Quimper, à côté des personnages les plus considérables du pays.

Un épisode de la vie du vénérable P. Pierre Quintin [Note : Le vénérable P. Pierre Quintin, de l'ordre des Frères prêcheurs, mort en 1629 appartenait à une famille noble de Kerozar, en Tréguier. Il était né en 1569 et fut d’abord lieutenant d’une compagnie de gendarmes pendant les guerres de religion, puis il entra au noviciat des Jésuites à Toulouse ; mais, au bout de quelques mois, il fut forcé, pour raison de santé, de retourner en Bretagne. Comme les Jésuites n’y avaient pas de maison, il prit l’habit des Frères prêcheurs, en 1602, et s’adonna à la prédication dans la Cornouaille avec un zèle vraiment apostolique. Il mourut au mois de juin 1629. La vie du P. Quintin a été écrite par Guy Autret, cousin-germain de Renée de la Marche] nous apprend qu’à une date certainement antérieure à 1629, elle habitait le manoir de Chateaugal. Voici le passage ou elle est citée : « Estant un jour chez Madame de Mesle, en sa maison de Chateaugal, evesché de Quimper, cette vertueuse dame, qui l’honorait singulièrement comme un saint, l’ayant obligé par importunité de souffrir qu’elle luy ostat le poignet d’une des manches de sa robbe, sous couleur qu’il estoit trop usé et déchiré, pour y en mettre un autre plus honneste, elle garda chèrement ce morceau de vieux drap. Quelque temps après, un sien petit enfant tomba malade jusqu’au point qu’on en espérait plus de vie, ayant déjà perdu la veüe et souffert deux convulsions : la mère désolée se souvint tout à coup du P. Quintin, qui estoit encore vivant et du morceau qu’elle avoit de sa robbe ; elle court promptement à son cabinet pour le prendre et, retournant à son petit agonisant, elle l’applique sur ses yeux offusquez et sur d’autres parties de son corps, disant avec une grande confiance : Mon Dieu, manifestez maintenant la sainteté du P. Pierre Quintin, vostre bon serviteur, par les mérites duquel j’implore votre miséricorde et vous demande qu’il vous plaise rendre la vie et la santé à mon enfant. Au même instant qu’elle proféroit ces paroles, on apperceut en luy un changement extraordinaire ; ses yeux reprirent aussitôt leur aspect naturel, le sentiment luy revint, il prist à l’heure même de la nourriture et se trouva guéry. Ce cas merveilleux et plusieurs autres semblables avoient donné un si beau lustre à sa vertu et à ses mérites, que l’on s’estimait heureux dans une maison quand il y entrait..... ».

Renée de la Marche avait toujours à régler avec son cousin-germain Yves de la Marche les questions en litige depuis l’action engagée par ce dernier, deuxième tuteur de Renée contre Françoise, sa mère, première tutrice. Le compte de tutelle qu’il avait présenté fut contesté, et de nouvelles difficultés se produisirent au sujet des héritages du grand-père Guillaume de la Marche et d’une tante, Jeanne de la Marche, dame de Botperen, Grâce aux ressources de la procédure, règlement de juges, évocation au grand Conseil, etc., la question était encore pendante en 1637. C’est alors que les plaideurs se décidèrent à charger trois avocats de préparer une transaction impliquant règlement de compte définitif, et c’est dix ans plus tard que « Messire Yves de la Marche, seigneur de Kerfors, Lesquiffiou et Penquelec, conseiller du Roy, son lieutenant au siège présidial de Quimper, y demeurant, et dame Renée de la Marche, dame douairière de Mesle, demeurant ordinairement en son manoir de Chateaugal, en Landeleau, s’étant transportés tous deux à Rennes signèrent, le 22 janvier 1647, la transaction définitive, en présence de : Messire Louis-Joseph de la Marche, oncle, recteur d'Esquibien ; Le procureur de Messire Joseph Le Gouvello ; Yves-René de Trémic, cousine renoué de germain ; Alexandre Geslin, seigneur de Penanrun ; Dame Corentine de Trémic, cousine renouée de germain ; Joseph-Marie Le Livec de Toulgoat ; Ecuyer de Kersauson, seigneur de Goazmelguen ; Messire François de la Marche, oncle ; François de la Roche, mari de Madeleine de Botmeur, en Berrien ; Nicolas de Kermellec, seigneur de Kerret, en Loqueffret ; Messire Paul-Vincent de Coatanscour, chevalier, marquis dudit lieu et de Kerjan, demeurant en son château de Kerjan, paroisse de Saint-Vougay, évêché de Léon ; N. de Calan, le fils, mari de dame Anne-Suzanne Mahé de Kermorvan ; Jean-René Huon, chevalier, seigneur de Lesguern ; Alain du Parc, seigneur de Lesgouet ».

Voici, entre autres, trois actes qui font mention de Renée de la Marche et que j’ai pensé intéressant de reproduire : 

Le 13 juillet 1631. Les registres de la paroisse de Saint-Mathieu contiennent l’acte de baptême de Claude, fils de Jacques de Kerguen et de dame de Rosily, seigneur et dame de Kernisy, Silguy, etc. Le parrain est « noble et puissant Messire Claude Visdelou, seigneur de Buenassis, la Gouhelaye, Pratanrous, etc., conseiller du Roy et président au présidial de Quimper ; la marraine, noble et puissante dame Renée de la Marche, dame du Mesle, Kerangal et propriétaire de la Rospordenie (sic), Kerminihy, la Marche, etc. L’acte n’est signé que par Cl. de Visdelou et Renée de la Marche ».

Le 18 novembre 1658 sur les registres de la paroisse de Saint-Mathieu se trouve un acte de baptême fait par monseigneur François Visdelou. Il s’agissait de la fille de Messire François l'Honoré et de dame Pegasse, seigneur et dame de Keranbiquet. Les parrain et marraine, étaient Marc-Anthoine Le Pape, seigneur du Bois de la Haye et damoiselle Françoise Lecanau, dame du Plessis-Pegasse. Cet acte est signé : Marc-Anthoine Le Pape, Françoise Lecanau, Olivier Salou, François-Marie du Boisguehenneuc, Ursule l'Honoré, Renée de la Marche, N. l'Honoré, Jean Leflo, de Tremic, Jean Stangier, Hervé, Moreau, René Salou, François Visdelou, évêque de Madaure, coadjuteur de Cornouaille, Germain l'Honoré décédé, Jacques l'Honoré, prêtre.

Le 6 juillet 1659, dame Renée de la Marche, marquise douairière de Mesle figure sur le registre de Saint-Julien de Quimper comme marraine de Louis-René de la Marche, fils de Messire Yves de la Marche, chef de nom et d’armes, seigneur de Kerfors, de Lesquiffiou, conseiller du Roy, son lieutenant particulier civil et criminel au siège de Quimper (et de Jeanne Frollo). Le baptême fut administré dans l'église cathédrale de Cornouaille par Messire Eusèbe de Coniac, seigneur prieur de Gahard, grand archidiacre et chanoine de l'église cathédrale de Quimper, en présence du parrain, Louis Frollo, écuyer conseiller du Roy, son garde scel au présidial ; de Marie Billoart, de Marie Bougeaut, d'Hervé Moreau de Kergazen, de François de Kersulgar, de Guy Frollo, d'Yves-René de la Marche et L. Dareaut, recteur.

A cette dernière date, Renée de la Marche devait avoir près de 80 ans. Elle avait fait l’abandon de ses biens à son fils Claude du Chastel, et vivait à Quimper très considérée, sous le nom de marquise douairière de Mesle. La date de sa mort n’est pas connue (Villiers du Terrage).

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