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NOTICE HISTORIQUE SUR LANNION

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Ville de Lannion (Bretagne)

D'après le Nepvou de Carfort et Fréminville, Lannion doit son origine à la destruction de Lexobie par les Danois.

Les Lexobiens qui avaient échappés au carnage remontèrent le Guer, s'arrêtèrent au confluent de deux ruisseaux qui se jettent dans le Guer, en face de Brélévenez. C'est dans l'angle formé par cette rivière et le cours d'eau de Pen ar Stang, qu'ils s'établirent.

Ils se soumirent à la domination d'une famille Huon, qui, chassée de sa patrie, par l'envasion des Saxons, était venue, vers le VIème siècle s'établir dans le pays Trécorrois. Les Lexobiens, ayant besoin de protection, se soumirent au chef de la colonie qui leur céda la terre et ce dernier devint chef de leur établissement qui s'appela Lan Huon, territoire Ville d'Huon, mot qui se métamorphosa plus tard en Lan Huon comme le prononce encore la population bretonnante de Lannion.

Le fils aîné de ce chef, hérita de son pouvoir et de ses prérogatives et devint la tige de la plus illustre famille de Lannion.

Sur l'emplacement qu'ils avaient choisis, les nouveaux venus se retranchèrent derrière de simples remparts de terre.

Leur seigneur se retrancha derrière un donjon bâti au point de rencontre du Guer et du cours d'eau, qui provient du vallon de Brélévenez.

D'après Potier de Courcy, le nom de Lannion apparut pour la première fois au XIIème siècle dans la charte du prieuré de Kermaria, membre de l'abbaye de Saint-Jean. Or l'évêque de Tréguier, remet en 1178, le tiers de la pénitence imposée par les confesseurs, à ceux qui contribueront de leurs deniers à l'édifice de Notre-Dame de Lannion.

La Seigneurie de Lannion, après avoir fait partie des domaines de la maison de Penthièvre, était réunie au domaine ducal en 1199, année où la duchesse de Constance confirma la donation de Kermaria à l'abbaye de Saint-Jagu. La même charte atteste que le prieur avait, dès cette époque, tous les droits de haute justice dans les terres qui relevaient de lui ; il avait en outre le droit de Minihy ou de refuge dans le cimetière.

La construction d'un château à Lannion a-t-elle été précédée d'une église, c'est une question qui n'est pas élucidée.

Les derniers débris du château ont attesté seulement, que son enceinte carrée, appuyait ses quatre angles sur autant de tours et couvrait l'espace compris entre l'église actuelle et le quai.

La première enceinte de la ville longeait donc les bords des étangs de Pen ar Stang, suivait les courbes de la venelle aux boyaux, se dirigeait vers les portes de Gruav ou de Tréguier et vers les portes des Jongleurs ou de Guingamp, puis redescendait à la grève pour s'appuyer au château.

Une troisième porte, ouverte sur le port, permettait aux barques, à chaque marée, d'entrer, avec le flot, dans la ville et d'y déposer leurs cargaisons presque dans les magasins.

Le pont avait dès lors une certaine importance, car nous voyons par une charte de 1283 que le duc Jean Le Roux percevait une rente de 50 livres sur le havage de Lannion.

En 1346, Richard Toussaint, capitaine anglais, qui commandait la Roche Derrien, après avoir fait plusieurs tentatives inutiles pour surprendre Lannion, gagna enfin deux soldats de la garnison qui lui ouvrirent une poterne, un, dimanche à la pointe du jour. Les Anglais entrèrent dans la ville, où ils commencèrent à tuer et à piller.

Réveillé par le bruit, un chevalier, nommé Geoffroy du Pont Blanc, qui était encore au lit, se leva et, saisissant une lance et une épée, il descendit dans la rue, où il se défendit longtemps, contre tous ceux qui se présentèrent. « Sa lance se rompit ; adonc print son épée et commença à férir à dextre et à senestre, tellement que par sa vertu et la force de ses bras il les recula tous... et quand les dits Anglais le vouldrent environner, il apposa son dos contre la paroi d'une maison, tournant le visage vers eux où se défendit si fermement que tous ceux qu'il atteignoit venoient à terre. ». Enfin un archer lui décocha un trait qui entra dans le genou et le fit tomber. Les Anglais se précipitèrent sur lui, lui arrachèrent les dents dans leur fureur et finirent par l'achever.

Geoffroi de Kerimel, seigneur de Coatfrec, fut aussi tué avec plusieurs chevaliers de distinction.

Le sire de Coétuhan, Rolland Phélippen, seigneur de Coetgoureden, sénéchal de Bretagne pour Charles de Blois et Thibaut Merien, docteur en droit, furent fait prisonniers. On les fit marcher pieds nus, en cotte et sans chaperon jusqu'à la Roche Derrien, chargés du butin qu'emportaient leurs vainqueurs.

Le souvenir de la mort héroïque de Geoffroy du Pont Blanc est conservé par une croix que les Lannionnais érigèrent, à sa mémoire, lorsqu'ils rentrèrent dans leurs foyers.

Cette croix est scellée contre une maison de la rue de Tréguier, à l'endroit où ce vaillant défenseur de la ville reçut la mort.

Le château de Lannion fut démantelé à cette époque, et il ne paraît pas qu'il ait jamais, depuis, été remis en défense.

Dès la fin du XVème siècle il était complètement ruiné ainsi qu'il résulte d'une charte de 1489 par laquele la duchesse Anne, donne à Rolland Seliczon, l'un de ses maîtres d'hôtel, l'étang qui en dépendait, et « baille à Gilles Cresolles, l'un de ses secrétaires, partye de certaine motte où, autrefois fut situé et édifié le château du dit lieu de Lannion, de présent ruineux ».

Pen ar Stang, tout près de Brélévenez, était établi, comme la plupart des forteresses de ce temps, à l'extrémité d'une langue de terre formée par la réunion de deux vallons.

Ses derniers débris ont attesté que son enceinte carrée, appuyant ses quatre angles sur autant de tours principales et couvrant l'espace compris entre l'église et le quai.

Il existe actuellement à Pen ar Stang un souterrain qui rejoindrait l'église Saint-Jean du Baly et aboutirait sous un des piliers de l'église.

Ce souterrain est en grande partie obstrué par les fondations des maisons qui se sont construites sur son trajet vers l'église et par des éboulements qui rendent son accès impossible.

Au XVème siècle le bras de mer qui s'étendait jusque sous Brélévenez formait un étang alors appelé l'étang du château, il recouvrait le terrain qu'on nomme aujourd'hui Les Buttes depuis la rampe de Brélévenez jusqu'à la rivière du Guer.

Pont Blanc — Kerimel.

Après la mort de Pont Blanc et de Kerimel, les Anglais, après avoir fait main basse sur tout ce que Lannion renfermait de richesses, évacuèrent cette ville sans y laisser de garnison.

Pendant ce temps les habitants de la Roche-Derrien étaient allés avertir en toute hâte la garnison de Guingamp que les Anglais étaient occupés à piller Lannion. Tournemine qui commandait à Guingamp, se mit aussitôt en campagne pour prévenir leur retour. Mais les Anglais informés de ce qui se passait, traversèrent précipitamment la rivière le Jaudy et se portèrent, en embuscade, entre Tournemiue et La Roche-Derrien. Un vif combat s'engagea bientôt entre les deux garnisons qui perdirent chacune beaucoup de monde, mais le champ de bataille resta aux Anglais, qui traitèrent ensuite durement les habitants de La Roche-Derrien pour les punir de leur manque de fidélité envers le jeune comte de Montfort et ses alliés.

Geoffroy de Pontblanc (E. Rivière) était le fils de Pierre de Pontblanc, un des assidus de la cour des ducs de Bretagne, où sa charge de maitre d'hôtel l'appelait souvent. Il y conduisait de bonne heure son fils Geoffroy, qui fut reçu parmi les pages de la princesse Yolande de Dreux, épouse du prince héréditaire, Arthur de Bretagne. Il fut le compagnon de jeux des jeunes princes, Jean et Guy de Bretagne ; avec eux il fit ses premières armes et c'est en leur noble compagnie qu'il fut reçu chevalier après avoir subi toutes les épreuves exigées.

A la mort du duc Arthur, son fils aîné et successeur, Jean III, se l'attacha d'une manière particulière ; Geoffroy accompagna son souverain à cette glorieuse campagne des Flandres à laquelle le roi de France avait invité les plus illustres chevaliers du royaume.

D'Argentré nous apprend qu'il était, à cette époque, un chevalier vaillant et puissant de sa personne.

Dans la lutte entre Charles de Blois et le comte de Montfort pour le duché de Bretagne, Lannion s'était déclaré pour Charles de Blois.

La ville alors entourée de murs était défendue par un château-fort et par conséquent à l'abri d'un coup de main. Sa situation entre le Léon et Penthièvre, dont les populations étaient dévouées à Charles de Blois, en faisait une des meilleures positions de guerre pour ses partisans.

Le chevalier de Labaume commandait la place de Lannion au commencement de la guerre de succession. Geoffroy de Pontblanc bataillait aux côtés du duc Charles et se montrait partout vaillant.

Ces deux princes qui se disputaient la couronne de Bretagne, avaient eu le tort d'appuyer leurs prétentions des armes de l'étranger.

Après l'exécution de Clisson, arrêté au nom du roi après un tournoi, où il avait fait briller son adresse, ainsi que quatorze autres chevaliers, Clisson fut jeté en prison, conduit presque nu aux halles de Champeaux où on lui trancha la tête le 2 août 1343.

La veuve de Clisson, Jeanne de Belleville, jura de venger son mari, elle se mit à la tête d'une armée, au service de la comtesse de Montfort.

Tandis que Charles de Blois s'emparait de Quimper, la dame de Clisson, unie à Jeanne la Flamme, s'emparait de Carhaix, de Ploërmel et de Lannion.

Au siège de Lannion, pénétra dans la ville et après une lutte acharnée en chassa le gouverneur Labaume.

Charles de Blois qui connaissait les sentiments des habitants à son égard, dépêcha une petite armée sous la conduite de Geoffroy du Pontblanc qui ne tarda pas à reprendre la place dont il reçut le commandement.

Grâce à son initiative la défense de Lannion fut réorganisée.

En 1345, le comte de Northampton, que le roi d'Angleterre Edouard III avait nommé son lieutenant général en Bretagne vint mettre le siège devant Guingamp qu'il ne put prendre.

Mais il s'empara de La Roche-Derrien et vint assiéger Lannion qu'il pensait enlever au premier assaut.

La ville était bien défendue et repoussa les attaques des Anglais. Geoffroy de Pontblanc, dans une sortie, les poursuivit par Buzulzo jusqu'au-delà du bourg de Ploubezre, au lieu dit des Cinq Croix, à l'intersection des routes de Tonquédec et de Plouaret, où il leur livra un combat dans lequel plusieurs Anglais trouvèrent la mort, 1344.

Cinq croix rangées en symétrie sur un stylobate rappellent cette victoire.

Northampton, humilié de cet échec, ramena ses troupes devant la ville, et changeant de tactique, il l'empêcha de se réapprovisionner. Mais les Lannionnais avaient le cœur viril, aussi dut-il bientôt renoncer à ses tentatives : « Ayant connu, nous dit la chronique, qu'il y avait forte garnison et qu'il ne pouvait la prendre, il se retira sur Morlaix, c'était environ la feste de saint Nicolas de l'an 1345 ».

Mais les Angais estimaient Lannion place trop importante et trop riche pour renoncer au projet de s'en emparer.

Geoffroy, le héros lannionnais, laissa deux fils : Geoffroy II de Pontblanc qui fut probablement tué à la bataille d'Auray.

Un autre fils qui s'appelait Guyon, qui naquit à Plouaret. C'est au célèbre combat des trente que Guyon de Pontblanc conquit ses titres à l'immortalité, dans cette lutte héroïque où la chevalerie bretonne brilla d'un si vif éclat.

C'est d'ailleurs l'une des pages glorieuses de l'histoire du pays de Lannion. En effet, à ce mémorable combat se trouvait pour ainsi dire l'élite de la noblesse lannionnaise représentée par les Yves de Charruel, les Huon de Saint-Yves, les Maurice et Geslin de Troguindy, les Olivier de Monte-ville, les Olivier Arel, les Alain et les Olivier de Keranrais, les Simon Richard. Par conséquent le tiers des combattants étaient nés dans le pays de Lannion.

Guyon de Pont Blanc ne dut pas vivre longtemps après ce mémorable événement, car ce brave écuyer ne parut pas à la montre de la noblesse que tint le chevalier de Beaumanoir le 30 août 1351, c'est-à-dire quelques mois après la fameuse journée de la mie-voie.

Depuis cette époque jusqu'en 1415 on ne trouve aucune trace des Pontblanc. Ce n'est qu'à cette date que l'on mentionne un Jehan de Pontblanc, écuyer, comme ayant paru à la montre de la noblesse tenue le 24 mars 1415, par Alaim Eschole, écuyer.

Le même ou un autre Jehan de Pontblanc est encore mentionné dans la montre que fit à Bourges, en 1418 Guillaume de la Motte. La famille de Pontblanc s'éteignit dans la personne d'une fille qui épousa un Trogoff et lui porta en dot la seigneurie du Pont Blanc.

Yves Charruel était probablement de Ploulec'h près de Lannion, où il possédait la terre de Lézénor, dont il était seigneur ; il se distingua au combat des trente par sa bravoure impétueuse. Froissart qui le vit quelques années plus tard à la cour de Charles V, nous dit qu'il avait le visage si détaillé et découpé, qu'il montrait bien que la besogne fut bien combattue. Ce seigneur portait : de gueules à la fasce d'argent, avec cette belle devise : Calonec a drec'h bep tra. Homme de cœur surmonte tout.

Huon de Saint-Yvon était de Brélévenez où se trouvait la terre dont il portait le nom et celle du Roudour qui lui appartenait aussi. Ses armes étaient : d'argent à la croix de sable, à la cotise de gueules brochant.

Maurice et Geslin de Troguindy appartenaient à la noble famille que tout le monde connaît à Lannion. C'est l'opinion de dom Lobineau et de dom Morice. Cependant plusieurs auteurs remarquables avancent que Maurice ne s'appelait par Troguindy mais Tresiguidy, ce qui n'est pas invraisemblable car à cette époque il existait à Pleyben (Finistère) une famille du nom de Tresiguidy.

Ollivier Arrel, le « hardy breton », était de Pleumeur-Gauthier, près de Lézardrieux. Sa famille alliée aux du Chastel et aux du Liscoet, aux Coetrieux, portait : écartelé d'argent et d'azur avec la devise : l'honneur y gist. Une des descendantes d'Ollivier Arrel, Péronelle Arrel, épousa Pierre, sieur de Troplong du Romain. (Pierre tumulaire dans sa ferme à Kerpavé, Plouzélambre).

Les deux Keranrais étaient de Plouaret. Leurs armes étaient : vairé d'argent et de gueules, avec la devise bretonne : Raiz bepra (ras au comble). La seigneurie de Keranrais, érigée depuis en comté, a passé à la famille Hay des Nétumières, dont une branche, Hay de Bouteville, prirent le titre de comtes de Keranrais.

Simon Richard était de Plestin où il possédait la terre de Kerjean, dont il était le seigneur. Il fut capitaine de Lesneven. Un de ses ancêtres, Eudes Richard, s'était croisé en 1248 avec saint Louis. Ses armes étaient : sept annelets et une bordure.

Ollivier de Monteville était de Runan, près de Pommerit-Jaudy, petit-fils d'Alain de Monteville, bailli de Tréguier, et d'Alix du Liscoët.

Kerimel Geoffroy, maréchal de Bretagne, né à Kermaria-Sulard, était fils de ce Geoffroi de Kerimel qui fut tué à la défense de Lannion contre les Anglais commandés par Richard Toussaint.

En 1364, de concert avec son épouse, Adelice de Launay Nevez, il fonda les Augustins, près du pont de Lannion. Il créait un asile pour ceux qui voulaient faire le bien dans la paix, mais il le chercha dans la guerre. Il eut toujours l'épée à la main contre les ennemis de la patrie.

Il commandait l'avant-garde de l'armée de Duguesclin à la bataille de Cocherel, il était l'un des six capitaines qui, à la fin de 1370, obtinrent du connétable de poursuivre 1.200 hommes que Robert de Neufville menait en Angleterre : ils les surprirent à leur embarquement : aucun n'échappa.

En 1371, il était l'un des trois libérateurs de Geoffroy de Budes ; que ses blessures allaient livrer à la garnison d'Usson en Auvergne.

Il était au siège de Chisey, quand les Anglais, couverts de tuniques de toile et portant une croix rouge sur leurs armes, accoururent, jurant d'exterminer tous les assiègeants excepté le connétable, Maurice du Parc et Geoffroy de Kerimel : Ils envoyèrent défier les bretons. Nos braves ne se firent pas attendre, ils volèrent au combat. Geoffroy commanda l'aile droite de l'armée qui écrasa tellement l'ennemi, surpris dans l'ivresse, qu'il n'y eut que quelques seigneurs d'épargnés, pour payer chèrement leur vie. Les vainqueurs se couvrirent des tuniques des morts et se présentèrent devant Niort. On les prit pour les alliés. Les portes s’ouvrirent : la villes fut prise et la garnison immolée, excepté ceux qui voulurent se racheter.

En 1372, le roi de France admirant la valeur de Geoffroy l'attacha à son service.

En 1375, il était au siège de Brest et sa montre offrait quatre chevaliers et 26 ecuyers.

Il prit part à toutes les expéditions du connétable. Le 26 avril 1379, il fut un des quatre maréchaux de Bretagne nommés pour défendre l'indépendance du pays. Ils armèrent tous le duché, chassèrent l'ennemi, envahirent l'Anjou et y prirent deux places fortes.

Kerimel était aussi habile négociateur que bon général, il figura avec distinction au grand conseil que le duc de Bretagne tint à Dinan et le fortifia dans ses résolutions généreuses.

Il eut une correspondance avec le duc d'Anjou pour ménager une trève. Le duc de Bretagne, qui voulait épargner ses sujets, proposa des arbitres, et Geoffroy de Kerimel fut un des garants de sa parole ; il fut aussi un des cinq envoyés de son prince, auprès du duc de Buckingham pour préparer l'éloignement des Anglais.

Au mois de mai 1382, Geoffroy de Kerimel était un des six ambassadeurs qui, escortés de douze écuyers et de six jurisconsultes, allèrent demander au roi d'Angleterre le retour de la duchesse de Bretagne, la main-levée du comté de Richemont, et la restitution de Brest.

Il mourut peu de temps après.

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Lannion se trouve sur le Lek, le Leg, le Guer, le Leguer, on lui donne toutes ces dénominations. Il prend sa source dans la commune de Plougras et se jette dans la Manche à 7 kilomètres au-dessous de cette ville.

La rivière de Lannion et encaissée, à marée basse. Ses eaux cessent d'être salées, près le bourg de Loguivy à 2 kilomètres de Lannion.

En temps ordinaire Le Guer est navigable jusqu'au pont de Kermaria et dans les fortes marées jusqu'au moulin de Keriel.

En été l'eau est si basse que dans quelques endroits on peut la passer à pieds secs. On n'y rencontre cependant aucun gué en aval, suais en amont il s'en trouve un grand nombre qui tous deviennent impraticables dans les crues d'eau.

En dehors de ces villes, le Leguer sert à separer une infinité de communes et notamment celles de Pluzuset et de Plouaret. Quatre ponts le traversent dans une petite étendue et servent à passer de la commune de Trégrom dans les communes précédentes. Ce cours d'eau fait tourner de nombreux moulins ; en effet on en compte huit dans la commune de Trégrom et douze dans celle de Plouaret.

Cette rivière se trouve barrée à son embouchure par un banc de sable et des roches ce qui est cause qu'on n'y peut entrer qu'à demi marée, avec des bâtiments de moyenne grandeur.

L'encombrement du Leguer, occasionné par le peu de rapidité de ses eaux, est prompt, progressif, et la rivière est en général obstruée par la vase, surtout depuis le quai de Lannion jusqu'à la Corderie.

On construisait beaucoup de navires à la Corderie. On y a fait un quai et c'est là où s'arrêtaient les bâtiments de 240 tonneaux, qui actuellement remontent jusqu'à Lannion, où l'on a construit des quais en maçonnerie et des cales de déchargement. Son gisement est ouest sud-ouest, et la hauteur de ses eaux est de quatre brasses et demi à mer haute. A mer basse il ne reste que l'eau de la rivière ; il est à 7 kilomètres de l'embouchure du Leguer. On en exporte du froment et autrefois du fil, du chanvre, de la graisse, du suif, du beurre et enfin du miel. Le quai est large et spacieux, d'un côté il est garni de maisons, de l'autre on remarque l'hôpital desservi par des Sœurs Hospitalières de Sainte-Anne.

Sur la place du Centre existait autrefois un édifice appelé Auditoire, qui a été démoli vers le milieu du XIXème siècle (vers 1869). Cet édifice masquait l'Hôtel de Ville, et les vieilles maisons du XVème et XVIème siècles dont l'une est connue sous le nom de maison du Chapelier.

Citons aussi la place du Marhalach où se tient, le jeudi, un marché important. Sur cette place se trouve érigé le monument aux morts de la grande guerre, dû aux ciseaux d'Hernot et de ses fils. Ce monument se trouve à l'emplacement d'une fontaine monumentale.

On y voit également une ancienne maison avec ballustres en pierres de taille et l'ancien hôtel Crech-Ugien.

On remarque encore à Lannion les chapelles de Sainte-Anne à l'entrée du pont sur la rive gauche du Leguer ; c'est un édifice qui date de 1650, dépendant du couvent des Dames de Saint Augustin.

Les bâtiments du monastère des Ursulines (1670) ont été convertis en collège et en prison. La chapelle offre une jolie façade sur la rue des Capucins.

L'Hôtel de Ville et le Palais de Justice sont modernes. Les quais furent construits en 1762 et la première pierre en fut posée en présence du duc d'Aiguillon.

 

Maisons en bois (XVème siècle).

Avec le XVème siècle, l'usage du bois devient fréquent. Les villes devenant plus populeuses il devient nécessaire d'élever des maisons de plusieurs étages. Ces étages en encorbellement empiètent sur la rue et se dépassent à mesure qu'elles s'élèvent. Les rues deviennent aussi très étroites et très sombres. Aussi agrandit-on les fenêtres à tel point qu'elles occupent dans les maisons de bois une grande partie de la façade.

Pour protéger le devant de l'habitation on construisit des toits en saillie et on élèva des pignons qui, au XIVème siècle, sont soutenus par des pièces de charpente en ogive. Les poutres apparentes forment la décoration. On les peint, on les recouvre d'ardoises ou de tuiles.

Au XVème siècle, on sculpte le bois délicatement et cette décoration est souvent d'une grande richesse. D'ailleurs, avec la prospérité générale, les villes se peuplent et se relèvent des ruines qu'y ont laissées les Angais.

Le tiers des maisons urbaines sont reconstruites dans les trente années qui suivent le règne de Louis XI. Leurs dispositions extérieures restent les mêmes. Les pignons augmentent au point de rencontrer par le haut la maison voisine. Les façades sont percées d'une quantité de fenêtres très petites qui fournissent beaucoup de jour à l'intérieur.

Dès cette époque on ne construit pas de maisons sans boutiques. Ces boutiques sont encore obscures et incommodes. Elles sont placées directement sur la chaussée. Le mur extérieur de la maison s'arrêtant à hauteur d'appui et servant à la fois de clôture et de soutien pour l'étalage. Les auvents s'ouvraient au dehors soutenus par une barre fixe et se rabattaient le soir.

Les maisons étaient souvent décorées de petites statues de saints placées dans des niches le long des pièces de bois s’élevant verticalement et formant la charpente de l'édifice, quelquefois dans les trumeaux des fenêtres. Les traverses destinées à maintenir le remplissage des plâtres étaient souvent ciselées.

 

Eglise Saint-Jean.

L'église Saint-Jean, la principale de la ville de Lannion, fut bâtie au XVème et XVIIème siècles, elle a remplacé la chapelle du château.

Sur un des murs se trouve le blason des comtes de Lannion, portant pour armoiries, d'argent à trois merlettes de sable posées deux et une, au chef de gueules, chargé de trois quintefeuilles d'argent, et pour devise ces mots : Trementen pungo.

Ce blason se trouve sur plusieurs édifices et monuments bretons.

Nous voyons aussi sur le mur d'enceinte de l'église, du côté de l'allée verte, une inscription rappelant la construction de ce mur. La plaque porte : fait par la communauté de Lannion, Le Bourva, Saint-Ugeon, maire, 1765.

Huon de Saint-Ugeon étant maire de Lannion.

Ce Huon de Saint-Ugeon était le descendant d'un des héros du Combat des Trente.

Elle a reçu le nom du Baly (promenade). parce qu'elle longeait le mur qui servait et sert encore, sous la désignation d'allée verte, de promenade aux bourgeois. C'est un vaisseau à cinq nefs sans transepts, avec un chevet polygonal et une grosse tour carrée sans flêche, à la base de laquelle on lit en caractères gothiques : « Ceste tour fut commencée l'an mil V cent XX et tout pr Dieu ».

La nouvelle église paroissiale fut placée sous la protection de saint Jean, probablement parce que dans les armes du comte de Lannion figurait l'agneau de saint Jean-Baptiste, Un autel fut érigé à ce saint dans la nouvelle église paroisiale qui fut appelée du nom du saint, sous la protection duquel elle était mise.

Elle était située au somment du rempart.

Dès que la chapelle du château fut érigée en église, elle eut un recteur, recteur qui fut longtemps réduit à une bien faible portion congrue, le prieuré de Kermaria continuant à recevoir les grosses dîmes.

Il ne reste de cette église de Kermaria, située dans un faubourg de Lannion sur la rive gauche du Leguer, qu'une porte en plein cintre et quelques pierres éparses dans les constructions modernes. C'était le plus ancien monument de Lannion, fondé en 1178.

Le couvent des Augustins fut fondé par Geoffroy de Kerimel, fils du seigneur du même nom, et Adélice de Launay, dame du dit lieu, en 1364, au bord du pont du Leguer, ce pont franchissait la rivière à l'endroit où nous voyons le pont de Sainte-Anne. Le couvent des Augustins prit plus tard le nom de Porchou, il occupait le terrain compris entre la rue de ce nom, la rivière et l'emplacement du nouveau tribunal. On voit encore des vestiges assez importants et assez bien conservés dans la longue suite de bâtiments qui font face à l'un des côtés du Palais de Justice, qui s'étendait le long de la levée, remontent vers la ville, parallèlement à la rue qui s'appela du nom de la communauté, rue des Augustins.

Les Augustins se livraient en ces temps-là à la prédication et recevaient des honoraires quand ils allaient précher dans les paroisses voisines.

 

Les Capucins.

Les Capucins furent fondés en 1624 par Louis du Parc Locmaria, ainsi que l'atteste une inscription trouvée dans leur église occupée actuellement par le collège Saint-Joseph, depuis la spoliation du petit séminaire de Tréguier.

Les Dames hospitalières de Salie-Augustin sont établies depuis 1650, près de la chapelle de Sainte-Anne, chapelle qui, suivant la tradition, doit son origine à la piété d'un seigneur des Aubrays, de la maison de Lannion, protégé par sainte Anne dans un combat contre un magicien maure. Cette tradition s'appuie sur une ballade bretonne, très répandue dans le pays de Goëllo et insérée dans le recueil des chants populaires publié par M. de la Villemarqué. Il semble toutefois, d’après M. de Courson, que le savant éditeur ait attribué à cette ballade une date trop ancienne, en traduisant les Aubrays par (Les Breiz) hanche, et au figuré soutien de la Bretagne, surnom qu'il donne à Morvan, roi des Bretons, tué en 818 dans une rencontre avec les Francs de Louis le Débonnaire.

Les Aubrays est le nom d'une seigneurie du pays de Retz, apportée en mariage, en 1455, à Rolland de Lannion par Guyonne de Grézy, dame des Aubrays. La ballade ne peut donc être antérieure à cette époque et nous la croyons même plus moderne.

Le seigneur des Aubrays et son page combattent un chevalier, surnommé Lorgnez (Vilenie) dans la version de M. de la Villemarqué et Coatanster, dans la version qui se chante à Lannion. Coatanster est tué, ainsi que ses écuyers, lorsque le Maure du roi vint provoquer des Aubrays.

Sainte Anne lui recommande de faire le signe de croix quand le noir géant, qui double ses forces avec des charmes magiques, s'avancera à sa rencontre.

Des Aubrays lui fait voler la tête et elle rebondit sur le sol : « Dame sainte Anne, ma chère Mère, s'écrie alors le vainqueur, que vous faites de merveilles à mon intention ! Je vous bâtirai une maison de prière au passage entre le Léguer et le Guindy ».

Itron Santez Anna, va mamm guer
Chui a ra burzudou em c'hemver
Me a savo d'hoc'h enn ti-bedi.
War trec'h etre Leguer ha Guendi
(Barzas breiz).

Impossible d'indiquer plus clairement la position de la chapelle de Sainte-Anne de Larmor, au centre des possessions de la maison de Lannion, qui s'étendaient du Leguer au Guindy. Le poète populaire ajoute que le seigneur des Aubrays, fut, plus tard, décapité par les français et (recapité) par un ermite.

La tradition du pays de Goello, en conservant, de génération en génération, le souvenir de sa force et de sa bravoure extraordinaire, dit seulement qu'on lui scia la tête, et l'on montre dans le caveau délabré de la chapelle de Kermaria, en Plouha, un crâne dont la partie supérieure porte des traces évidentes de l'opération.

Or, le testament de Jean de Lannion, châtelain des Aubrays et seigneur de Lizandré, en Plouha, date du 21 janvier 1651 et publié par M. de Keranflech, ordonne que « son corps soit mis dans le caveau qui est sous la grande tombe élevée au milieu du choeur de l'église de Kermaria ». L'identité du héros des chants Trégorois et Cornouaillais ne peut donc guère faire l'objet du doute ; la partie historique de ses exploits est moins facile à démêler, que la partie légendaire. Nous pensons d'ailleurs que le curieux poème, inséré dans Barzaz Breiz, est comme beaucoup de pièces de ce genre, une œuvre de rapsodes, dont les fragments appartiennent à des époques et des héros différents.

 

Les Ursulines.

Furent fondées vers 1670 sous l'épiscopat de Balthazar Grangier, par M. Hingant de Kerizac, seigneur de Kerduel, missionnaire apostolique, mort en 1678 et enterré dans leur église. Le corps du fondateur exhumé depuis la Révolution par les soins de sa famille repose aujourd'hui dans la chapelle de Kerduel. Les bâtiments de ce vaste monastère sont convertis en collège et en prison. L'église a une jolie façade sur la rue des Capucins.

 

Les Dames de la Retraite.

C'est en 1660 que les retraites fermées furent fondées à Vannes, pour les hommes, à l'instigation du Père Huby et M. de Kerlivio, par Mlle de Francheville qui a été la fondatrice de l'œuvre des Filles de la Sainte Vierge. L'œuvre fut fondée à Vannes, détruite pendant la révolution, restaurée par la Mère Jeanne de Kertanguy. Conseillée par M. de la Mennais, après une tentative de fondation à Nantes, la mère de Kertanguy décida la fondation de la maison de Lannion.

« Mlle de la Fruglaye, dont la mémoire est demeurée en vénération, possédait à Lannion une terre léguée par sa grand'mère, pour y fonder une maison d'éducation. D'elle-même, ou plus probablement sur l'avis de M. de la Mennais, elle l'offrit aux Dames de la Retraite à condition qu'elles y ouvrissent un pensionnat.

M. de la Mennais augurant bien de la fondation de Lannion, il pressa Mme de Kertanguy d'accepter. Celle-ci hésitait ; on lui offrait bien une propriété mais il fallait bâtir et la communauté n'avait guère d'argent ; d'autre part la majorité du conseil refusait toujours d'entrer dans des voies inexplorées. Informé de ces difficultés, M. de la Mennais prit à cœur le succès de l'affaire ; on envoya à Lannion quatre religieuses avec cinq élèves, sous la conduite de la Mère Penquer. Le pensionnat s'ouvrit le 28 septembre 1836 dans une humble maison de l'allée verte. En 1838 la maison se transporta dans la propriété de Crech Awel, située aux portes de Lannion que l'institut devait à la générosité de Mlle de la Fruglaye.

 

Plusieurs seigneurs du nom de Lannion se distinguèrent durant la guerre de succession. Brient de Lannion, capitaine d'une compagnie d'ordonnance française, sous les ordres de Duguesclin, se signale dans plusieurs combats, ayant pris parti pour Montfort il se distingua à la bataille d'Auray.

Au XVème siècle on voit un Lannion vice-amiral de Bretagne et maître d'hôtel du duc, un autre chambellan du prince et gouverneur de Guérande. Au XVIème et au XVIIIème les Lannion continuèrent de se signaler dans les armées. Pierre qui avait épousé Renée d'Aradon fut comblé de faveurs par Henri IV, et son fils Claude fut gouveneur de Vannes au milieu du XVIIIème siècle.

 

Duc d'Aiguillon.

Au milieu du XVIIIème siècle existait dans l'histoire de Lannion un nouveau personnage, grand à sa façon, niais non plus à la manière que le chevaleresque seigneur du Pont-blanc, que les pieux et généreux abbés de Kerizac et de Trémaria.

Emmanuel-Armand du Plessis de Richelieu, duc d'Aiguillon (c'est sous ce dernier nom qu'il était connu), pair de France, chevalier des ordres du roi, comte d'Agenois, de Cordomois et de Plélo, etc., etc.

Il descendait de famille ducale de Bretagne de Blois. C'était un courtisan licencieux qui ne devait ses faveurs qu'à l'amitié de Mme de Châtauroux et ses liaisons avec la trop fameuse du Barry.

Nommé lieutenant général du roi en Bretagne et commandant en chef de la dite province, il sut conquérir la faveur sinon l'estime de plusieurs villes bretonnes, entre autres de Lannion. En 1775 il y fit son entrée solennelle, il entre en ville par la rue des Augustins, que fermait encore une porte de bois à cette époque. La communauté de la ville autorisa, à cette occasion, une dépense de 14 livres dans laquelle figure une somme de 4 livres 4 sols pour sept douzaines de crêpe offertes à Monseigneur.

Plus tard, elle autorisa une autre dépense de 16 livres, somme destinée à l'entretien des chevaux dont se servait le duc dans ses fréquentes courses à Perros, où l'attirait « la belle Fanchon », jeune et jolie meunière qui demeurait au bourg, mais qui recevait le duc, non dans son moulin, mais dans cette vieille gentilhommière crénelée, à grandes pierres sombres, au toit oblong, qui se trouve à l'entrée de Perros pour le voyageur qui y arrive de Lannion.

La chronique va même jusqu'à assurer que ce fut dans le seul but de visiter le plus souvent possible la belle meunière, que le duc fit percer cette route qui conduit de Lannion à Perros.

Pendant cette année et les deux qui suivirent il sut se faire aimer presque autant des Lannionnais que de la belle Perrosienne, en promettant à l'une, nous ne savons trop quoi, et aux autres des embellissements qu'en réalité il réalisa plus tard.

Aussi nos volontaires ne furent pas les derniers à se rendre à son appel, trois ans plus tard (1758) quand les Anglais menacèrent nos côtes. Réunis aux troupes de Mgr d'Aubigné, les volontaires lannionnais contribuèrent puissamment au gain de la bataille de Saint-Cast ; après laquelle le duc leur laissa comme trophées un certain nombre de fusils que notre garde nationale portait encore en 1815.

L'amoureux de Saint-Perros, le fut encore devant l'ennemi, et l'on prétend qu'à Saint-Cast, pendant le combat, le duc, entré dans un moulin du voisinage, mettait en pratique les leçons de la cour, contait fleurettes à une jeune et jolie meunière ; incident qui fit dire, au spirituel procureur général du Parlement de Bretagne, M. de la Chalotais, que le duc d'Aiguillon s'était couvert à Saint-Cast, « non de gloire mais de farine ». Plus tard le duc lui fit expier cruellement ce jeu de mots imprudents.

En 1760, le duc d'Aiguillon préside à Nantes les états de Bretagne, les deux gentilhommes nommés dans cette session pour faire l'examen de leur ordre dans l'évêché de Tréguier, furent M. de Kergariou et de Kergomar, tous deux lannionnais.

Après la session de cette année, le duc d'Aiguillon vint à Lannion revoir la belle Perrosienne ; son premier acte à Lannion fut de conseiller d'abattre le clocher du Baly qui menaçait ruine. On lui conseilla pour sa santé d'essayer les eaux minérales de Lannion, ce dont il se trouva bien (au grand étonnement de son médecin).

C'est pendant sa convalescence qu'il conçut le plan de réédifier les murs d'enceinte du Baly, de combler le pavé neuf, qui n'était autre chose qu'une immense douve, reste des fortifications de la ville et y plantait les arbres qui ont fait surnommer une partie de cette promenade allée verte.

Mais sa création la plus importante fut le quai de Lannion, appelé quai d'Aiguillon.

 

Pendant la Révolution.

Le 18 et 19 octobre 1789 une émeute se produisit à Lannion. La place et le port de Brest dépourvus de vivres, avaient envoyé des députés près des municipalités de Lannion, Morlaix, Tréguier, La Roche-Derrien, etc., à l'effet de prévenir par de prompts achats les disettes dont la ville et le port étaient menacés, des troubles graves s'élevèrent à Lannion et à Tréguier.

A l'arrivée d'un convoi de 13 voitures chargées de grains, parti de La Roche-Derrien, les habitants de Lannion réunis en foule, entourent les députés de Brest, les uns demandent qu'ils renoncent à faire embarquer ces grains, d'autres crient qu'ils faut les mettre à la lanterne, d'autres armés de couteaux, de haches et autres instruments tentent plusieurs reprises de s'en emparer et de les tuer sur place.

Dans ces scènes affreuses qui se passèrent principalement dans l'Auditoire, où ils virent en quelques heures, vingt fois leur mort imminente, ils refusèrent constamment de signer l'abandon des grains saisis sur les quais. On parvint avec la plus grande peine à les arracher à la fureur du peuple et la milice les escorta sur la route de Morlaix, où ils arrivèrent le soir et protestèrent, aussitôt, contre les violences dont ils avaient failli être victimes.

Tréguier devient aussi le théâtre d'une rebellion, le peuple s'opposa au chargement des grains, menaçant même de casser la tête aux fournisseurs. Les gardes nationaux de Brest, Landerneau, Morlaix séjournèrent dans cette ville le temps nécessaire pour l'embarquement de ces grains et dans la nuit qui précéda leur départ, ils se saisirent de 15 ou 20 des plus mutins qu'ils emmenèrent garottés. Traduits devant la justice, quelques-uns d'entre eux furent condamnés aux travaux forcés.

Lannion vit naître deux hommes distingués à des titres différents : Baudouin de la Maison Blanche, auteur d'ouvrages de droits très appréciés, entre autres les Institutions convenancières, premier ouvrage sur le domaine congéable ; et le comte Joseph de Kergariou, ancien chambellan de Napoléon Ier et pair de France sous la restauration. Retiré, après la révolution de 1830, il se fit le patron des études historiques et archéologiques des Côtes-du-Nord.

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