Retour page d'accueil       Retour page "Ville de Lannion"  

L'arrondissement de Lannion renferme un quart environ de l'ancien diocèse de Tréguier. Il se compose des sept cantons de Lannion, Lézardrieux, Perros-Guirec, Plestin, Plouaret, La Roche-Derrien et Tréguier. Dans cette circonscription s'élèvent de fort belles chapelles, telles que Kerfons, la Clarté et Confort ; on y retrouve d'intéressants souvenirs des saints personnages qui y vécurent, tels que les bienheureux Yves, Gonéri, Efflam et bien d'autres. Le culte rendu à ces saints a fait naître de nombreux pèlerinages, qui ont eux-mêmes amené l'établissement de grandes fêtes patronales appelées Pardons, à cause des indulgences qu'on y gagne. Les pardons du pays de Lannion et de Tréguier figurent parmi les plus beaux de la Basse-Bretagne : qui n'a entendu parler tout au moins — s'il ne l'a pas vu — du magnifique pardon de saint Yves à Tréguier ?

Le but de cette étude est de faire connaître dans le pittoresque pays de Lannion et de Tréguier les plus intéressantes chapelles, les lieux de pèlerinage les plus fréquentés ; de rappeler les plus anciens souvenirs hagiographiques qui s'y rattachent, de décrire enfin les plus renommés de ses pieux et curieux pardons.

xxxxx

La petite ville de Lannion, doucement assise sur les rives si fraîches et si gracieuses du Léguer, ne renferme point de monuments remarquables, mais, comme toute cité bretonne, elle a des fêtes religieuses qui lui sont propres.

A l'origine son église paroissiale, l'église du Baly — ainsi nommée parce qu'elle se trouvait dans le baile ou enceinte du château des sires de Lannion — était dédiée à Notre-Dame. Quoiqu'elle ait depuis changé ce vocable contre celui de Saint-Jean, le culte de la sainte Vierge n'en est pas moins resté fortement enraciné dans le cœur des Lannionnais. Nous en avons la preuve dans cette belle fête de nuit qui clôture si dignement chaque année les pieux exercices du mois de Marie, Ce soir-là une procession solennelle parcourt toute la ville et la statue de Notre-Dame est portée en triomphe au milieu d'une foule recueillie ; de nombreux étendards et des centaines dm cierges allumés entourent cette statue vénérée ; toutes les maisons s'illuminent sur son passage ; de toutes parts les chants mélodieux des cantiques et les accents entraînants d'une musique locale célèbrent à l'envi la gloire et les bontés de la Mère de Dieu.

Mais le vrai pardon de Lannion a lieu le 24 juin en l'honneur de saint Jean-Baptiste depuis longtemps déjà patron de l'église paroissiale. Sa grande procession sort également à la tombée de la nuit et fait, comme la précédente, le tour de la ville au milieu d'une illumination générale .0n y porte en grande pompe un petit Saint-Jean sorte de Bambino richement vêtu et pieusement honoré. Arrivé sur la place du Marc'halla, le clergé fait halte et met le feu à un bûcher préparé en l'honneur de saint Jean ; puis la procession reprend sa marche et rentre à l'église où se termine cette religieuse manifestation.

En même temps qu'on célèbre pieusement ainsi le pardon de Saint-Jean-du-Baly, la municipalité de Lannion profite de la fête patronale du lieu pour organiser des courses et des jeux publics.

Une troisième cérémonie religieuse met en mouvement tout Lannion le jour de Sainte-Anne, fête patronale de l'Hôtel-Dieu, tenu par les Hospitalières de Saint-Augustin. En cette circonstance on fait encore une procession aux flambeaux qui parcourt une partie de la ville, notamment les jolis quais du Léguer, voisins de la chapelle Sainte-Anne et qu'ombragent de si beaux arbres. Sur ces quais le clergé allume un feu de joie avant de rentrer au sanctuaire.

(Abbé Guillotin de Corson, 1902).

© Copyright - Tous droits réservés.