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VISITE DU PRIEURÉ DE LÉHON ET DE SON ÉGLISE (en 1932)

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Dans l'église, peut-être trop bien restaurée, aux voûtes en dômes successifs de style Plantagenet, nous admirons les tombeaux aux très beaux gisants. Puis, nous passons ensuite dans le cloître en ruine et la salle de réfectoire qui conserve encore les belles fenêtres aux multiples meneaux ainsi qu'une chaire de lecteur, unique en son genre. Malheureusement, tout cela n'est que ruines...

M. de la Rogerie nous dit que le prieuré de Saint-Magloire de Léhon fut fondé, au IXème siècle, par le roi Nominoë ; mais, dès le siècle suivant, les invasions normandes forcèrent les moines à l'abandonner.

Cloître de la ville de Léhon (Bretagne).

Les religieux de Saint-Magloire trouvèrent un asile à l'église Saint-Barthélemy à Paris, qui prit le nom du saint évêque de Dol. Lorsque les mauvais jours furent passés, le prieuré fut restauré et resta subordonné à Saint-Magloire de Paris, jusqu'à ce qu'il passa, vers 1181, sous l'obédience de l'abbaye de Marmoutier. Il eut des alternatives de prospérité et de décadence, de ferveur et de relâchement. Beaucoup mieux doté que la plupart des prieurés bretons, Lehon fut habité par des moines menant la vie couventuelle jusqu'à 1767, date de l'union des revenus de Léhon à la mense de Marmoutier.

La chapelle et les bâtiments couventuels furent vendus en 1791 et reçurent des affectations diverses et également déplorables. On y vit une salle de danse, une briquetterie, une brasserie. La beauté et la misère des ruines de l'église furent signalées par plusieurs voyageurs, notamment Mérimée et Maurice de Guérin. Elles furent enfin données en 1881 par le propriétaire à la commune. Grâce au zèle du recteur, M. Fouré-Macé, et à la générosité des paroissiens et des frères de Saint-Jean de Dieu, du couvent dit : des Bas-Foins, elles furent restaurées de 1883 à 1897 et devinrent l'église paroissiale.

Eglise de la ville de Léhon (Bretagne).

Aucune partie des édifices ne ressort du temps de la fondation ni même de la restauration du prieuré et de l'arrivée des moines de Marmoutier. Pour la construction de l'église, il ne faut pas l'attribuer à Geffroy de Corseul, prieur de la fin du XIIème siècle, mais il faut s'en tenir à l'opinion acceptée par La Borderie qui veut que ce monument soit de la première moitié du XIIIème siècle.

Il est possible que l'édifice ait été bâti en plusieurs campagnes, plus anciennes que les deux travées de la nef. La restauration effectuée de 1883 à 1896 a été une oeuvre très heureuse puisqu'elle a protégé ce qui restait d'une destruction certaine ; les travaux ont été menés avec une hardiesse extrême, les murs ont été repris presque depuis leurs bases, les vieux moëllons ont été remplacés par des neufs un peu partout, les chapiteaux et les nervures ont été rigoureusement repiquées, ce fut plutôt une reconstitution qu'une restauration aussi a-t-on quelque peine à y reconnaître un édifice qui, quant à son plan et à ses dispositions générales, est vieux de plusieurs siècles.

La façade comprend une jolie porte en plein-cintre flanquée d'arcades en tiers-points aveuglés, au-dessus, des modillons soutiennent un " terrasse " que surmonte une haute fenêtre géminée. On doit imputer au restaurateur les regrettables clochetons placée aux sommets des massifs de maçonnerie qui épaulent la façade au nord et au sud ; la lucarne rectangulaire qui éclaire le comble au-dessus de la grande fenêtre a été mal à propos élargie.

Au nord, des contreforts appuient les premières travées du mur latéral de la nef, des arcs-boutant hardis enjambent la galerie du cloître et vont reposer sur de solides piliers.

Au sud, de hautes arcades en plein cintre encadrent les fenêtres des deux premières travées et paraissent relier les contreforts, disposition très rare dans notre région. Le restaurateur a construit des contreforts qui ne ressemblent pas à ceux qui existaient jadis. (Plan du prieuré de 1654, archives de l'Indre-et-Loire).

La nef unique, terminée par un chevet droit, longue de 58 mètres, large de 10, ne comprend que quatre travées. Les voûtes, légèrement domicales ou surhaussées, ont été refaites, mais elles reproduisent les dispositions des voûtes écroulées et l'aspect général de l'édifice rappellent les églises de style Plantagenet ou angevin.

Un joli lambris de style flamboyant, encadrant des peintures médiocres du XVIIIème siècle entoure le choeur. Elles proviennent de l'ancienne église paroissiale ainsi qu'un curieux bénitier ; c'est une énorme vasque que l'on attribue au XIIIème siècle, mais qui conserve dans son ornement, des motifs de style roman. Les objets les plus célèbres du mobilier de l'église sont les neufs statues tumulaires, deux statues de femme en pierre calcaire n'ont jamais quitté Léhon ; on doit noter que l'une des statues a été fortement restaurée, la face et les mains sont modernes, les autres dalles furent retirées des ruines en 1843 par Odorici, conservateur du musée de Dinan. En 1897, le Conseil Municipal de Dinan consentit à ce que les statues fussent reportées dans l'Eglise restaurée. On doit regretter que les deux plus intéressantes aient été récemment reléguées au bas de l'église. Cinq de ces statues représentent des membres de l'illustre famille de Beaumanoir, mais on ne peut reconnaître celle qui recouvrait les restes du héros du combat des Trente. Une seule tombe, celle de Raoulin Pollo, de Redon, mort en 1316, porte une épitaphe ancienne. Une dalle avec effigie en faible relief est celle d'un moine, la tête est une restauration moderne.

La sacristie, contiguë au chœur vers le sud, est l'ancienne chapelle privative et le lieu de sépulture de la famille de Beaumanoir.

Les bâtiments conventuels furent en grande partie reconstruits au XVIIIème siècle, ils entourent le cloître. Les galeries en plein-cintre subsistent plus ou moins lézardées, mais les toitures ont disparu.

Les habitants de Léhon ont fait de lourds sacrifices pour la restauration de l'église, aussi est-il à souhaiter que l'Etat les aide à conserver et réparer ce cloître et la très belle salle de réfectoire classée comme monument historique.

(M. Bourde de la Rogerie, 1932).

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