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Le maréchal d'Aumont part de Quimper.

Voyant le maréchal, son armée, et principalement les Anglais qui en faisaient la meilleure partie, se consommer par la maladie, joint qu'il eut avis que le sieur duc de Mercoeur tenait la campagne et tournait la tête de ses troupes vers Moncontour et Lamballe, part de Quimper avec toutes ses forces et se met aux champs, y laissant une forte garnison de quinze ou seize compagnies, mal complètes toutefois, sous la conduite du capitaine Prez, gascon, et du sieur de Kermoguer, gouverneur de ladite ville, établi par le maréchal, qui s'achemine avec l'armée à Carhaix. Et voyant que le duc de Mercoeur n'entreprenait rien, il assiège Corlay en passant, où commandait un jeune folâtre du pays, nommé Guy Eder, de la maison de Beaumanoir en Bothoa, qui s'appelait en seigneurie le sieur de La Fontenelle, qui avait un peu auparavant commandé au Granec, comme nous avons dit ci-dessus, et en avait été délogé par ledit seigneur de Mercoeur, revenant de Morlaix à Quimper, qui y fit mettre le feu à cause de la ruine qu'il apportait au plat pays. 

Il s'était donc fortifié à Corlay, mais se voyant investi de si belles forces que celles du maréchal, il se rendit de bonne heure sans attendre à être forcé par le canon. 

La Fontenelle se voyant sans logement, se vint planter avec ses troupes au manoir de Créménec, près le Faouët, où il continua ses pilleries et ravages accoutumés. 

Le maréchal traversant toujours pays vers Rennes, s'en alla, en faveur de la darne de Laval, assiéger Comper qui est un château en la forêt de Montfort, où il y avait garnison pour la Ligue. Là, le maréchal fut blessé d'une arquebusade et vint mourir à Rennes, encore que de soi le coup ne fût mortel, s'il eût bien voulu se gouverner (Note : Le maréchal mourut des suites de sa blessure, le 19 août 1593, à l'âge de 73 ans. Il fut poursuivi avant sa mort de brocards placardés à sa porte. Le chanoine Moreau les cite textuellement, mais leur indécence nous force à les supprimer à l'impression, quoique nous nous soyons fait une loi générale de faire imprimer son manuscrit tel que nous le possédons). 

Telle fut la fin du maréchal d'Aumont, lieutenant-général du roi en Bretagne, où il acquit plus d'honneur qu'il n'avait fait toute sa vie, car il réduisit toute la Cornouaille, la plupart de Tréguier, de Saint-Brieuc, à son parti, non tant par sa valeur que par la disposition du peuple. Sans les défiances qui étaient parmi les Espagnols qui ne se fiaient plus aux Français, croyant que le sieur duc de Mercoeur fût d'accord avec le roi, moyennant qu'il abandonnât au besoin les étrangers à la boucherie, ce qui était très faux ; néanmoins, cette crainte s'imprima tellement chez les Espagnols, qu'ils ne voulurent depuis combattre parmi les Français, comme il a été dit ci-dessus, et c'est ce qui ruina le parti dudit duc de Mercoeur et avança celui du maréchal.

(M. le chanoine Moreau)