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Le siège de Blain

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La Ligue ou Sainte Ligue ou Sainte Union est un mouvement religieux et politique qui regroupe les catholiques français de 1576 à 1594, lors des guerres de Religion.

La population entière de Bretagne va combattre pour sa foi et pour le Duc de Mercoeur contre le Roi. Des brigands tels le sieur de La Fontenelle, vont ravager le pays. En province les derniers chefs de la Ligue se soumettent en 1598.

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Bretagne : Histoire des guerres de la Ligue

Siège de Blain, près de Nantes.

Nota : Le château de Blain fut commencé en 1104, par Alain IV, surnommé Fergent, duc de Bretagne. Le 1er février 1340, Philippe de Valois, roi de France, était au château de Blain. En 1366, Ollivier de Clisson, connétable de Franc ; qui, par son mariage avec Marguerite de Rohan, était seigneur de Blain, se plaignit que le duc Jean IV ayant donné le château du Gavre à un Anglais, pour le récompenser des services qu'il lui avait rendus, venait de lui donner un ennemi naturel pour voisin. Sa plainte n'ayant pas été admise, il fut lui-même mettre le feu au château du Gavre, dont les débris servirent à augmenter les fortifications de Blain. Les ligueurs avaient pris le château de Blain en novembre 1585. Voici comment le capitaine du Goust reprit cette forteresse, au nom du duc de Rohan, et comment il parvint à s'y maintenir jusqu'à ce que le duc de Mercoeur ne s'en rendit maître de nouveau, comme le raconte ici le chanoine Moreau. Le duc de Mercoeur, forcé de rassembler la plus grande partie de ses troupes sous les murs de Vitré, n'avait laissé dans Blain qu'un gouverneur et 25 hommes. Du Goust, comptant sur l'appui des habitants de la petite ville de Blain, s'embusqua, lui huitième, un matin, dans le grand jeu de paume qui touchait à l'entrée du château. Vers midi on abattit le grand pont pour recevoir plusieurs charrettes. S'étant précipité lui et les siens dans le corps-de-garde, il poursuivit les hommes de garde, qui s'enfuirent jusque dans le petit château, qui est séparé par un profond fossé de la première enceinte, le gouverneur n'eut que le temps de se réfugier lui-même dans la tour de l'horloge. Bientôt les amis de Du Goust et les habitants de Blain étant venus le renforcer, ils se trouvèrent dans la place 45 hommes de garnison. Mais dans le même moment passait à Blain deux compagnies de cavalerie, qui, apprenant la prise du château par les royaux, en commencèrent le siège. Le sieur de Guébriant vint le lendemain le renforcer de plusieurs compagnies. Une fille de 18 ans, mademoiselle de la Salmonnaye, dont le frère était le lieutenant de Du Goust, s'avance sur la contrescarpe en face du château de Blain, et demande à parler à son frère ; elle lui dit, les yeux en pleurs, qu'à son occasion son père, leur maison et eux-mêmes étaient absolument perdus, qu'elle avait été menée prisonnière à Nantes, d'où s'étant échappée elle était résolue de venir mourir avec lui. Pendant ce discours, ayant insensiblement gagné le bord du fossé, elle se jette dedans au pied du ravelin, vers le parc, où s'étant fait jeter une corde avec un bâton à travers, elle se fit hisser à 45 pieds de haut dans la cour du château. Du Goust prit ombrage de l'arrivée de la demoiselle ; il la fit arrêter ainsi que son frère, puis, tant par menaces que par les insinuations du ministre protestant, elle avoua qu'entre plusieurs avantages que lui avait promis la duchesse de Mercoeur, si son frère livrait le château aux assiégeants, elle l'eût mariée en lui donnant une dot de 10,000 livres. Lors Du Goust lui dit qu'elle avait bien le moyen de se venger de ceux qui avaient voulu prostituer tout à la fois son honneur et son âme. Elle consent à tout ce qu'il demande, et s'étant fait descendre du château par le même bâton qui l'y avait portée, se rend au camp des assiégeants, auxquels elle persuade que s'ils veulent la suivre, elle les introduira de nuit dans le château, par l'instrument de locomotion qu'elle avait employé pour y entrer et en sortir. Le 2 juin suivant, mademoiselle de la Salmonnaye remonte au château sur la même monture, qu'on redescend dans le fossé et qui rapporte dans le château le capitaine Guillarderie. On le mène immédiatement voir la chambre qui leur est destinée quand ils seront en assez rand nombre ; il la trouve bien ordonnée. Plein de confiance, il donne le mot d'ordre pour monter à ceux qui étaient dans le fossé. A cet instant l'on se dispute les tours, et cependant 67 des assiégeants se font enlever en peu de temps. A mesure qu ils arrivaient dans le château, on les menait de suite dans la chambre qu'on leur avait préparée, où on les mettait aux fers. Le sieur de Guébriant se méfiant de quelque trahison, fit monter un jeune homme de confiance, après être convenu d'un signal avec lui. Arrivé dans la cour, les assiégés voyant qu'il ne se présentait plus personne pour monter, se doutèrent de ce qui s'était passé, et voulurent, le poignard sur la gorge, forcer le dernier venu à engager le sieur de Guébriant à monter. Mais ce jeune homme s'y refusa, et attendit la mort : Du Goust trouva son action trop belle pour le faire périr. Les armes de ces 67 prisonniers servirent aux assiégés, qui en avaient fort peu, et les prisonniers furent un moyen de se faire fournir des vivres par les assiégeants. 

Le château de Blain, distant de cinq lieues de Nantes, vers l'ouest, était tenu, pour le seigneur de Rohan, huguenot, par le sieur du Goust, gentilhomme voisin, de même religion, homme cruel, barbare, et insolent plus que vaillant, comme il arrive ordinairement, car un homme généreux n'est jamais cruel, au contraire, il n'est de cruauté que de poltron. 

Ce gentilhomme se voyant en cette bonne place, qui était à la vérité des fortes, ne redoutant aucun ennemi, dépistait la puissance du seigneur de Mercoeur et vomissait des injures et opprobres contre sa personne ; courait à toute heure jusque aux portes de Nantes, tant de jour que de nuit, et toujours avec des prises des habitants nantais qu'il tenait en grand nombre, et dont il traitait la plupart bien rudement, que plusieurs mouraient dans la peine, et des autres il extorquait promesse de rançon impossible, lesquels ne les pouvant payer souffraient de grands tourments jusque à la mort. Bref, il tenait tout le pays en subjection, si bien que personne ne pouvait aller ni venir à Nantes par le côté de la rivière, et même ils avaient des bateaux pour aller sur la rivière, et ils prenaient des barques et bateaux qu'ils pillaient. 

Les Nantais, fort incommodés de ces galants qui étaient en nombre de trois ou quatre cents, et délibérant à quelque prix que ce fût d'ôter ces épines de leurs pieds, font instance au seigneur de Mercoeur de les assiéger, offrant faire tous les frais du siège, ce qui leur fut accordé, quoiqu'il eût d'autres occupations, mais il voulut en cette occasion gratifier la place principale de son parti, et quoique la saison fût fâcheuse pour le siège. 

Néanmoins, au mois de novembre 1591, assisté des troupes espagnoles et autres de son parti, tant de pied que de cheval, investit le château, et la nuit en suivant pointe son canon, au nombre de douze doubles pièces en batterie, entre la grosse tour qui était très forte, et telle que les assiégés se moquaient de leurs entreprises, disant qu'ils blessaient leurs murailles avec leurs canons, et avançaient des mouchoirs ou linges au bout des perches et frottaient l'endroit où le canon battait. Cette musique de canonnade dura depuis le point du jour jusque au lendemain, nuit et jour sans discontinuation, avec telle furie que les assiégés commencèrent à s'en étonner. Le deuxième jour, ladite tour ayant été tant battue par le milieu, vint à tomber, et de sa chute comble les fossés, et par cet endroit fait une assez grande ouverture par où on pouvait facilement aller à l'assaut. Les assiégés, étonnés de cette ruine, et voyant qu'ils ne pouvaient soutenir, députent un de leurs capitaines pour capituler, lequel ayant un grand panache blanc au chapeau et un javelot à la main, s'achemine superbement vers son altesse, qui le voyant venir avec cet air bravache, lui envoya un capitaine, disant : Dites à ce maître sot qu'il se retire au plus tôt, ou je le ferai tout présentement pendre. A quel ordre il ne fut pas rétif, et se retire dedans le château. 

Quelque temps après, un Espagnol montant sur la ruine de la brèche, s'avance jusque au haut, et regardant dedans le château, ne vit personne aux environs de la brèche ni en la grande cour, qui fut cause qu'il appela ses compagnons espagnols qui étaient là pour s'avancer, ce qu'ils firent, et, le tout en confusion, entrèrent sans résistance dedans, les assiégés s'étant retirés, le courage leur ayant manqué, et laissèrent lâchement prendre le château sans rendre aucun combat. 

Les gens du duc investirent incontinent le donjon du château, où s'était retirée la garnison, ce qui les étonna fort, et demandèrent composition, qui leur fut accordée comme à des lâches qu'ils étaient, et non comme à gens de guerre. Les soldats avec l'arquebuse, et les capitaines, demeurent prisonniers. S'il y eût gens de résolution en cette place, ils eussent bien donné des affaires au duc de Mercoeur, même après la brèche faite, et quand bien la brèche eût été forcée, le donjon était pour résister longtemps. Mais leurs cruautés passées les avaient tous efféminés, et ils ne firent paraître aucun semblant de se défendre, ce qui leur fut souvent reproché par les assiégeants. Le sieur du Goust, capitaine et chef de la place, avec quelques autres, furent rendus prisonniers au château de Nantes, où il demeura quelques années, puis en sortit payant rançon. 

Le siège porta de la ruine à Blain de plus de cent mille écus. C'était la demeure seule en Bretagne des seigneurs de Rohan qui était logeable et qu'ils chérissaient de tout temps, et l'avait beaucoup embellie la dame douairière, car les enfants étaient encore bien petits et jeunes. Elle fut très mécontente du seigneur du Goust, de ce qu'il s'était opiniâtré jusque à brèche, disant qu'il savait bien sa volonté, qui était de plutôt rendre la place entre les mains de l'ennemi que s'opiniâtrer de résister pour la ruine du château. On y trouva dedans un grand butin de tous les brigandages, rapines de la garnison, qui étaient de plusieurs années, et aussi les riches meubles des seigneurs de Rohan, qui tenaient cette maison ameublée pour recevoir un roi. Les Espagnols emportèrent presque le tout, y étant entrés des premiers, et ils étaient plus forts en nombre que les Français, étant cinq mille Espagnols. Le siège ne dura que six ou sept jours, contre l'opinion de tout le monde, qui jugeait, par rapport à la forte garnison qui y était et la place qui était forte d'elle‑même, que le siège eût duré plus de six semaines ; car si les assiégés eussent eu le courage de se défendre en se retranchant et défendant leur brèche, il y eût bien des têtes cassées, étant en la meilleure place du pays.

(M. le chanoine Moreau)  

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