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La reddition du château de Morlaix

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La Ligue ou Sainte Ligue ou Sainte Union est un mouvement religieux et politique qui regroupe les catholiques français de 1576 à 1594, lors des guerres de Religion.

La population entière de Bretagne va combattre pour sa foi et pour le Duc de Mercoeur contre le Roi. Des brigands tels le sieur de La Fontenelle, vont ravager le pays. En province les derniers chefs de la Ligue se soumettent en 1598.

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Bretagne : Histoire des guerres de la Ligue

Reddition du château de Morlaix.

Reprenons maintenant nos premiers errements et revenons au siège de Morlaix, duquel nous nous sommes un peu écartés. 

Le duc de Mercoeur, bien instruit de la disette et nécessité des assiégés, et qui avait l'armée du maréchal sur les bras plus de cinq semaines y avait, faisait en diligence un appareil pour venir faire lever le siège. Ayant donc fait un gros de toutes ses forces, tant françaises qu'espagnoles, s'achemine vers Morlaix, et ayant passé La Feuillée et Huelgoat, tirant vers Le Rellec, ses chevau-légers entreprennent sur un quartier de l'ennemi, où il y avait deux à trois cents cavaliers des meilleurs qu'eût le sieur maréchal. Ils emportèrent le logement après quelques légères escarmouches et résistances, et tuèrent un bon nombre, prirent plusieurs prisonniers ; le surplus se sauva, tout leur bagage y demeura. Le seigneur de Lesmais, de Tréguier, y fut tué, sans perte de la part des assaillants, qui donna comme des arrhes d'une bonne issue du reste et leva beaucoup le courage des vainqueurs, et au contraire abattit celui des ennemis, de manière que plusieurs faisaient déjà marcher leurs bagages vers Guingamp, qui était leur plus proche retraite, tout étonnés d'une telle perte et de si braves hommes. Il en mourut en cette surprise plus de cinquante, et bien soixante prisonniers. 

Le maréchal fut conseillé de lever le siège et se retirer vers Guingamp pendant qu'il en avait le loisir, ce qu'il ne voulut faire, et se fortifia contre son ennemi, prenant avantage du lieu, délibéré de combattre. Cependant l'armée du duc s'approchait, et étant à deux lieues de Morlaix, il assembla ses capitaines, tant français qu'étrangers, et leur remontra ce qu'un bon chef a accoutumé de faire en ces occasions ; et trouvant les Français disposés à bien faire et près d'obéir à ses commandements, et puis s'adressant à Don Juan, chef des Espagnols, lui demanda s'il n'était pas d'avis de donner sur l'ennemi. Don Juan lui réplique : Non, monseigneur ; comment voudriez-vous donner ? Le duc lui répond : Je me mettrai à pied, à la tête de trois cents gentilshommes qui, tous la pique à la main, donneront tête baissée, et nous suivrez seulement avec les vôtres. Et Don Juan lui dit : Ma troupe ne donne pas tête baissée, mais piane-piane ; et, quelque raison que lui proposa son altesse, il ne put le résoudre à faire autre chose, comme s'il eût eu des défiances, craignant que les Français, le voyant engagé, ne les eussent abandonnés. Ce fut, à ce que j'ai appris depuis, une ruse du maréchal d'Aumont qui trouva moyen, par gens intéressés, de faire entendre à Don Juan qu'il ne se fiât pas trop aux Français ni en monsieur de Mercoeur, qui avait promis au roi de se défaire des Espagnols de Bretagne pour faire la paix avec sa majesté ; ce qui n'était pas sans apparence combien que faux, car la paix étant générale par toute la France, et ne restant seulement que la Bretagne, en laquelle le parti de son altesse diminuait tous les jours et en voie de diminuer de plus en plus, il y avait quelque occasion de penser que ledit sieur duc eût désiré se remettre en grâce avec le roi par quelque signalé service, qui ne pouvait être plus à propos pour lors que par exterminer ses ennemis qui étaient les Espagnols. Mais ce bon prince n'y songea jamais ; il était trop généreux et trop homme de bien pour penser à une telle trahison, qui eût été à jamais un reproche à sa réputation. Depuis il ne se fia jamais aux espagnols, ayant éprouvé en eux une si grande lâcheté en un si grand besoin, et qu'il ne pouvait rien faire sans eux qui faisaient les meilleures de ses forces. Il fut obligé de s'en retourner et abandonner les pauvres assiégés, bien affligés de la faim outre les autres fatigues, car il y avait déjà longtemps qu'ils ne vivaient que de chair de cheval, encore petitement, sans un morceau de pain. Le sieur duc ne pouvant faire autre chose par rapport à la lâcheté des Espagnols, tourna visage et tira vers Quimper-Corentin, et les Espagnols vers Quimperlé, en passant par le Granec, où ledit duc dîna, où commandait pour La Fontenelle le capitaine…… et en partit le même jour. Considérant combien de maux et de ruines il avait apportés au quartier, c'est-à-dire La Fontenelle, et qu'il pouvait apporter à l'avenir, il commanda y mettre le feu, ce qui fut fait à l'instant. Ainsi ce beau château fut anéanti environ quarante ans après qu'il fut rebâti tout de neuf par feu chevalier Guillaume de Coatanezre, sieur en son vivant dudit lieu et de Pratmaria, qui fut un grand dommage, mais un bien signalé pour le pays. 

Les assiégés qui pensaient être délivrés de toutes craintes, se voyant frustrés de leurs espérances, et qu'il leur manquait de tout pour soutenir davantage, demandèrent à capituler, qui leur fut accordé assez rigoureusement. Savoir, que les capitaines Rosampoul, gouverneur de la place, le comte de la Maignane et le capitaine Rostin, demeureraient prisonniers de guerre pour payer la rançon qui leur serait abuttée, ou être rendus pour d'autres ; les soldats et autres moindres capitaines sortiraient avec l'épée seule, sans aucun bagage ; ce qui fut proclamé aux assiégés à son de trompe avant qu'ils sortissent, qu'aucun n'eût à transporter aucune chose sous peine d'être dévalisé, et permis aux soldats du siège de fouiller toutes personnes de quelque qualité qu'elles fussent, même les dames et les demoiselles, par des femmes d'honneur.

Cette bannie fut cause qu'il demeura dans le château un grand butin, tant en or qu'en argent, joyaux, que autres richesses qui se pouvaient porter en cachette. Tout cela fut la proie du vainqueur, et disait-on que c'était un juste jugement de Dieu ; que le sieur de Rosampoul ayant eu la mal grâce des habitants par son avarice et manque d'avitailler la place des deux mille écus qui lui avaient été, peu de temps auparavant, délivrés par le commandement du sieur duc son maître, et qu'il avait mis en sa bourse, Dieu permit qu'il perdît et la place, et argent, et équipage, avec une grande rançon, qui fut sa totale ruine, depuis laquelle il n'a jamais pu se relever. La dame de Rosampoul, nonobstant toutes les défenses, ne laissa pas d'emporter les plus chers de ses joyaux et quelque or qu'elle portait secrètement sur soi et ses demoiselles qui ne furent pas fouillées, ni les chefs capitaines, qui fut une courtoisie de l'ennemi, car par ce moyen ils sauvèrent beaucoup de ce qu'ils avaient de plus précieux (Note : Il nous semble que l'auteur dit ici que le sieur de Rosampoul fut ruiné et qu'il ne fut pas ruiné. Ces fautes sont très rares chez notre chanoine Quimperois. On a dû remarquer combien en même temps que naïf son style est pur et facile. Le chanoine Moreau écrivait peu de temps après Montaigne, et bien avant que nos bons écrivains eussent fixé la langue française).

(M. le chanoine Moreau)  

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