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Le siège de Douarnenez

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La Ligue ou Sainte Ligue ou Sainte Union est un mouvement religieux et politique qui regroupe les catholiques français de 1576 à 1594, lors des guerres de Religion.

La population entière de Bretagne va combattre pour sa foi et pour le Duc de Mercoeur contre le Roi. Des brigands tels le sieur de La Fontenelle, vont ravager le pays. En province les derniers chefs de la Ligue se soumettent en 1598.

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Bretagne : Histoire des guerres de la Ligue

Douarnenez assiégé de rechef.

Note : Le chanoine Moreau abandonne ici le héros de cette narration, sans raconter comment la justice humaine finit par l'atteindre et l'envoya devant Dieu chargé de tous ses crimes, en le faisant passer par le supplice de la roue. Le duc de Mercoeur ne voulut point qu'un tel brigand fût compris dans le traité qu'il passa avec Henri IV. Mais La Fontenelle n'ayant point rendu Douarnenez, devant qui trois expéditions avaient échoué, fit un traité particulier qui lui en conserva le commandement et d'autres honneurs et avantages. Henri IV voulait pacifier entièrement son royaume, et plusieurs historiens disent que tout cela était entièrement stipulé dans des articles secrets accordés au duc de Mercoeur : nous aimons à en douter. Les lettres d'abolition qui lui furent accordées auraient pu être demandées par ce prince, mais il lui importait peu que La Fontenelle fût continué dans le commandement de Douarnenez, ce qui eut lieu le 20 mars 1598, et créé capitaine de 50 hommes d'armes, le 26 avril suivant. Il parait qu'il était parvenu à se faire acheter cher. Mais ses crimes étaient trop nombreux pour qu'on n'eût pas oublié d'en relater quelques-uns dans ses lettres d'abolition. Aussi, ayant été soupçonné d'avoir trempé dans la conjuration du maréchal de Biron, et les preuves ne se trouvant pas assez fortes contre lui, il fut accusé du viol de la dame de la Villeruault en face du gibet où il faisait pendre son mari. Cette bagatelle avait été oubliée dans les lettres d'abolition, ainsi que l'enlèvement d'une riche héritière au pays de Léon, dont il avait fait sa femme. A moins qu'il n'eût enlevé plusieurs héritières pour en faire ses femmes, il serait ici question de la fille d'une seconde femme du sieur de Mézarnou (Parcevaux), dont le chanoine Moreau l'accuse d'avoir enlevé la fille. Il fut condamné, par arrêt du grand conseil, à être rompu vif après avoir été appliqué à la question ordinaire et extraordinaire. L'arrêt fut exécuté en place de Grève, en 1602 ; il resta six quarts d'heure sur la roue. 

La même année 1597, le pays ne pouvant plus supporter l'insolence, cruauté, barbarie de La Fontenelle, qui allaient de jour en jour en empirant, et que la perte et honte qu'il avait reçue aux faubourgs de Quimper le rendait comme enragé, on fut comme contraint de l'assiéger pour la seconde fois, où se trouvèrent les seigneurs de Sourdéac, le baron de Mollac de Kergournadeac'h (Note : Sébastien de Rosmadec, baron de Mollac, était sieur de Kergoumadec'h du chef de sa femme, Françoise de Kerhoënt, fille de Marie de Ploeuc, dame de Coatanfao, et petite-fille de Jeanne Coëtquelfen, dame de Kergoumadec'h. Cette dernière représentait cette famille, premier type de la chevalerie en Bretagne, dont, d'après la légende, un des seigneurs avait assisté Saint-Pol-de-Léon lorsqu'il combattait le dragon. On voit encore, depuis la presque démolition du château de Kergoumadec'h, un tableau, au château de Kermenguy, qui, sur trois plans différents, représente le chevalier de Kergournadec'h combattant le dragon pendant que Saint-Pol l'assiste de ses prières ; puis Saint-Pol promenant le dragon vaincu, accompagné du chevalier vainqueur ; enfin Saint-Pol précipitant le dragon dans la mer, à la pointe de Ille de Batz, toujours accompagné du seigneur de Kergoumadec'h), ayant appelé les garnisons des places de la Basse-Bretagne, qui tenaient leur parti, comme de Quimper, de Dinan, de Morlaix, de Tonquédec, de Guingamp, avec un régiment de Suisses sous la conduite du capitaine Erlac, aussi suisse ; de Corlay, de Quintin, de Concarneau, du Pont, et de toutes les autres places dans lesquelles il y avait garnisons. 

Ce beau siège, aussi témérairement entrepris que mal poursuivi, dura un mois ou six semaines, avec aussi peu d'avancement le dernier jour que le premier, étant l'ennemi dans une place avitaillée de toutes provisions. Or, quand il y eût eu devant trente mille hommes, qu'ils eussent été soutenus, ils n'y eussent rien fait, et n'y avaient à craindre que la famine ou trahison, chose à quoi on avait fort bien pourvu. 

Le sieur de Sourdéac voyant que c'était temps perdu que de prolonger le siège, honteux toutefois de le lever, s'absente, feignant aller quérir nouvelles forces en Léon, tant d'hommes que de munitions de guerre, et sous ce prétexte se retire du camp à Brest en sa garnison, laissant le baron de Mollac pour commander en son absence. On l'attendait de jour à autre audit siège, mais en vain ; on lui écrivait chaque jour ce qui se passait, à quoi il ne répondait. Finalement on l'avertit que secours venait à l'ennemi, comme il était vrai. Lors il écrivit qu'il était d'avis que le siège fût levé et que le canon qu'il avait fait rendre là de Brest fût rendu en sûreté à Quimper. 

Le baron de Mollac ayant communiqué ses lettres aux capitaines, ils furent de même avis, se souvenant néanmoins de ce que dit l'un d'eux, quand ledit de Sourdéac partit du camp, qu'il s'en allait, mais que ce n'était pas pour retourner. 

Pendant le siège il y avait escarmouche tous les jours ; ceux du fort sortaient bravement sur le sablon qui est entre le fort et la terre, quand la mer est basse, avec peu d'effet toutefois de part et d'autre. 

Une certaine nuit assez obscure, en pleine marée, et lorsque les assiégeants se doutaient le moins, les assiégés firent une sortie de quelque cent cinquante ou deux cents hommes, qui se vont ruer sur le quartier du capitaine Magence, du côté de Tréboul, qu'ils attaquèrent dedans leurs tranchées et en tuèrent quelque nombre au commencement, avant qu'ils aient pu être secourus, d'autant qu'ils avaient été surpris. Entre autres y mourut des premiers le capitaine Magence, en bien faisant, comme il avait toujours de coutume, et quelque douzaine des siens avec quelques-uns des assaillants. Ce capitaine fut fort regretté des siens, et à la vérité il était regrettable pour sa valeur, honnêteté, modestie ; aussi lui fit-on à Quimper obsèques fort honorables, mémorant de son assistance à cette ville contre La Fontenelle. 

Son corps y étant rendu, le clergé, où était l'évêque, alla en bel ordre le recevoir jusque à la porte Médard, et rendu à Saint-Corentin, après lui avoir fait un solennel service, fut inhumé en une vieille tombe d'évêque élevée sous la voûte, en la chapelle de la Trinité (appelée par la suite, la chapelle de la Victoire), au haut de l'église, vis-à-vis la tombe de Gracien de Monceaux, du côté de l'évangile. Ladite tombe est fort antique, portant date de l'an mil deux cents. Etant ouverte, elle était par-dedans comme toute neuve et fraîche, comme si elle eût été faite depuis huit jours, et n'y avait aucun ossement ni cendre par-dedans. Si l'on vient ci-après à ouvrir ladite tombe, et trouvant des ossements que l'on prît pour reliques d'évêque, on se trompera de beaucoup, car ils seront d'un capitaine gascon, et n'y en a point d'autres ; ce que je puis dire pour avoir vu ouvrir et fermer la tombe lors dudit enterrement ; et combien que l'on fut assez disposé à lui faire de grands honneurs à ses funérailles, néanmoins ne le devait-on pas mettre dans un tombeau d'évêque ; mais la grande amitié que lui portait notre évêque Charles de Liscoët, fut cause qu'il ordonna qu'il y eût été mis, ce que le chapitre et le peuple même trouva incongru, icelui n'étant que capitaine d'un régiment de gens de pied et qu'il y avait des places assez en un si grand temple où il eût pu être inhumé condignement à son mérite, encore qu'il fût bon gentilhomme, et tel que le sieur de Lestialla, gentilhomme bien moyenné, lui avait accordé sa sœur  en mariage, du consentement dudit évêque qui était oncle de Lestialla (Note : Nous avons vu dans le courant de ces mémoires que M du Liscoët, évêque de Quimper, était beau-frère de M. Le Prestre de Lézonnet, Charles Le Heuc. sieur de Lestialla, avait épousé Jeanne de Jégado, leur nièce). 

Les assiégeants donc, bien assurés qu'il venait du secours aux assiégés, dont le gros se faisait à Hennebond, des garnisons de Vannes, de Pontivy et autres du parti du duc de Mercoeur, et ayant eu ordre du seigneur de Sourdéac de lever le siège, se retirèrent à contre-coeur de devant Douarnenez et arrivèrent à Quimper avec le canon et le bagage. Le lendemain, de grand matin, ils partirent de Quimper secrètement, s'acheminèrent à grande traite vers Quimperlé où ils pensaient trouver à l'improviste le secours, qui était conduit entre autre par le sieur de la Grandville, cinquième fils d'Aradon de Quinipily en Vannes, dont l'aîné était gouverneur ; le second, nommé le sieur d'Aradon ; le troisième, évêque de Vannes, nommé le sieur Du Plessis ; le quatrième, nommé le sieur de Camors, qui tenait la campagne sans logements ; le cinquième était le sieur de la Grandville (Note : Un autre d'Aradon, sieur de la Grandville, gouverneur de Hennebond pour la Ligue, a laissé des mémoires imprimés à la suite du second volume de l'histoire de Bretagne de Dom Taillandier. C'était un des aînés des frères d'Aradon), fort jeune seigneur, et qui avait aussi belles qualités de valeur, d'étude, de modestie, de diligence ; bref,  c'était le plus jeune de tous, et qui possédait seul le profit de tous ses frères. 

Ce fut celui-là qui, au grand péril de lui et de toute sa troupe, se trouva au secours de Quimper assiégé par Lézonnet, comme a été dit ci-dessus. Il ne pouvait pas avoir plus de vingt-deux ans.

(M. le chanoine Moreau)  

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