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La prise du Granec par La Fontenelle

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La Ligue ou Sainte Ligue ou Sainte Union est un mouvement religieux et politique qui regroupe les catholiques français de 1576 à 1594, lors des guerres de Religion.

La population entière de Bretagne va combattre pour sa foi et pour le Duc de Mercoeur contre le Roi. Des brigands tels le sieur de La Fontenelle, vont ravager le pays. En province les derniers chefs de la Ligue se soumettent en 1598.

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Bretagne : Histoire des guerres de la Ligue

Prise du Granec par La Fontenelle.

Ladite année 1593, environ le mois de juin, le manoir ou château du Granec (Note : Le château du Granec était situé au nord-ouest du bourg de Landeleau, dans la paroisse de ce nom. On y trouve encore les fortifications en terre, quoique dégradées ; tout ce qui était en maçonnerie a disparu) fut surpris par les gens du capitaine La Fontenelle. Cette maison appartenait au sieur de Pratmaria, qui se nommait en ce temps Vincent de Coatanezre, et y faisait sa continuelle résidence, à cause de quoi il chérissait ladite maison et l'avait fait fortifier de bons fossés et levées de terre par dedans, flanquée de quatre tourelles aux quatre coins de l'enclos, se tenant en cet endroit pendant la guerre, avec quinze ou vingt hommes pour sa garde particulière et à ses frais. Cette maison était enviée par les gens de guerre. Ils étaient venus avec grandes troupes, les sieurs du Liscoët, Kergourmarc'h et autres royaux, en intention de s'en emparer, sans la résistance qu'ils y trouvèrent. Aussi n'était-il pas aisé sans canon de l'emporter qu'avec bonne force et beaucoup de perte d'hommes. Quant au corps-de-logis, il était composé d'un grand corps de maisons ayant à chaque bout un pavillon rond, et en chacun d'eux trois chambres carrées. Le corps-de-logis entre les deux tours contenait deux belles salles, l'une basse et l'autre haute, et toutes les chambres et salles toutes tapissées de laine et cuir doré à mi-espace. Entre les deux pavillons, devers le midi sud-est joignant ladite salle, s'élevait une tour de pierre de dix étages, en laquelle on entrait des salles ; sur icelle il y avait cinq ou six pièces de canon de fonte verte. Bref, la maison était forte et bien flanquée pour tenir contre les coups de main. Mais le bruit était encore plus grand de la forteresse de cette maison. 

Le capitaine La Fontenelle cherchait en ses temps-là tous les moyens possibles d'avoir une retraite dans un pays qui n'eût encore été ruiné ; il désirait donc cette place, mais il n'avait pas d'assez grandes forces pour l'emporter. Il essaya de la surprendre par ruse, et voici comment. Les royaux, conduits par les sieurs de Kergourmarc'h et du Liscoët, devaient venir la surprendre avec des garnisons de Tréguier. La Fontenelle, qui savait bien que le seigneur de Rosampoul, qui était fils de Carné et gouverneur à Morlaix, était grand ami audit sieur du Granec, et se confiait fort en lui, et que sur le bruit de siège il demanderait secours audit sieur de Rosampoul, ou que sans lui demander ledit sieur de Rosampoul lui en enverrait. La Fontenelle, prenant cette occasion, envoie dix de ses soldats approcher du Granec, avec ordre de faire entendre audit seigneur que le sieur de Rosampoul, sur les avis qu'il avait eus de fort bonne part qu'il devait être assiégé en deux jours, lui envoyait cette petite troupe le renforcer, et qu'ils avaient ordre de vivre et mourir avec lui pour la défense de sa maison. S'étant donc présentés avec le faux ordre à la porte du château, le seigneur du lieu, trop crédule, fit incontinent abattre le pont, lui joyeux de leur venue et se réputant beaucoup obligé au sieur de Rosampoul qui l'assistait ainsi avant qu'il eût été requis ; les fit entrer tous ensemble, ayant tous l'arquebuse amorcée et la mèche allumée, et commanda qu'on leur baillât à dîner. Les soldats de la garnison, croyant qu'ils fussent amis, mirent tous leurs armes au corps-de-garde sur une table. Les nouveaux hôtes tenaient toujours les leurs sur leurs épaules, et lorsqu'ils virent qu'on se doutait le moins d'eux, partie se saisirent des armes du corps-de-garde et les jettent d'un côté et d'autre, cantonnent la maison l'arquebuse en joue, criant que si personne bougeait il était mort. Et ainsi prennent le seigneur de la maison et puis tous les autres qu'ils lièrent et mirent prisonniers dedans la grande tour, d'où il leur était impossible d'en sortir, et déclarent qu'ils tenaient la maison pour leur capitaine, le sieur de La Fontenelle, lequel, averti, arriva en trois ou quatre jours après ; et quoiqu'ils fussent d'un même parti, ils firent au sieur du Granec perdre tout ce qu'il avait en sa maison, meubles et munitions qui valaient beaucoup, et fut mis le seigneur du Granec hors de la maison, sans qu'il lui fut permis de rien emporter. 

Il faut remarquer qu'un mois après que la maison fut prise, la commune des paroisses voisines vint l'assiéger, sachant bien le peu d'hommes qui était dedans, et y demeure nuit et jour à l'entour l'espace de huit à dix jours, pensant contraindre la garnison de se rendre faute de vivres et secours. Mais un certain jour, lorsque cette paysantaille non aguerrie se doutait le moins et qu'ils dormaient comme il leur semblait être en toute sûreté, voici que La Fontenelle, accompagné de cinquante ou soixante cavaliers venant du côté de Morlaix, du côté de Trefflec'h, fond sur eux à l'improviste, environ une demi-heure avant le jour, et forçant les retranchements que les paysans avaient faits sur les chemins qui étaient mal gardés, en firent un carnage de sept à huit cents et davantage, ne cessant de les poursuivre et tuant jusque à plus d'une heure de jour ; et sans que ce pays est fort couvert, il en fut demeuré beaucoup davantage. Or la cruauté de ce barbare fut si grande qu'il ne permit que les parents des décédés vinssent quérir leurs corps et qu'ils reconnussent leurs morts, et les faisait garder de nuit pour empêcher de leur rendre les derniers devoirs, et par ainsi demeurèrent corrompre sur la face de la terre, sans que personne osât ouvrir la bouche. Un certain jour, se promenant dans les allées de la maison, le sieur de La Fontenelle, le sieur de Pratmaria (Note : La Fontenelle avait probablement permis au sieur de Pratmaria de venir au Granec pour ses affaires) et d'autres, le sieur de Pratmaria lui dit : Comment pouvez-vous supporter la puanteur de ces corps morts tout pourris ? Il répondit que l'odeur des ennemis morts était suave et douce. C'était une grande compassion de voir ces pauvres rustiques ainsi massacrés qui pourrirent et furent mangés des chiens et la nuit des loups car si aucun des parents venait de nuit pour enlever un mort, il était tué sur-le-champ. 

La Fontenelle s'étant ainsi rendu maître de cette maison forte, la fortifia de plus belle, faisant creuser et élargir les douves, et fit des plates-formes de terre en y mettant des troncs d'arbres de long et de travers, et la rendit assez forte même contre le canon. Il y avait force bois de chêne de haute futaie qui donnait jusque auprès des douves, qui y fut tout employé, au grand dégât de la maison. Ce capitaine voleur ayant ainsi pris logement en ce bon nid, au milieu d'un quartier non encore ruiné, où il y avait en ce temps bien des gens riches, près de plusieurs villes champêtres et bons bourgs, comme Châteauneuf, Châteaulin, le Faou, Douarnenez, Locronan, Landerneau et autres, il prit résolution de s'y tenir pour un temps, pendant lequel il se fortifiait de plus en plus de plusieurs endroits, comme Carhaix, en l'église de Saint-Trémeur ; Créménec, près le Faouët, maison appartenant lors au sieur de Kerservant, et à Corlay, qu'il trouva moyen de surprendre sur les royaux, et tenait presque tout l'évêché sous sa subjection, allant et venant sans cesse, lui ou les siens, de l'une garnison à l'autre. Et comme il était au milieu du pays, faisait des courses presque jusque cette ville de Quimper, Quintin, Morlaix, même jusque à Vannes, Tréguier et Léon, et partout fit de grands ravages avec peu d'honneur, d'autant qu'il ne s'envisageait jamais avec des gens de guerre, mais aux paysans ou communautés, et par surprise ordinairement. Il demeura ainsi au Granec jusque à l'an 1694, comme nous le dirons ci-après. 

Pendant lequel temps il pilla plusieurs villes et gros bourgs, outre ceux que nous avons nommés. De Lannion en Tréguier même traversa tout Léon jusque à Roscoff, où il lui fallu néanmoins se retirer, après une grande boucherie de paysans qui s'étaient joints avec Anne de Sanzay, comte de la Maignane, et quelques autres seigneurs. Quant au plat pays, il y apporta telle ruine qu'il est impossible de l'exprimer, n'y demeurant ni hommes, ni bêtes, ni maisons où il n'eût facile accès, le restant du peuple étant obligé de se cacher parmi les landes, genêts, broussailles, où par la rigueur et nécessité du temps ils mourraient et demeuraient en proie aux loups qui en faisaient leur curée vifs ou morts. 

Après avoir tout ravagé en la haute Cornouaille, il avait grand désir de descendre plus bas et y avoir quelques logements ou retraites assurés et port de mer, pour courir sur la mer et sur la terre ; mais le pays, prévoyant cela, y mit quelques empêchements pour un temps, car la commune, sous la conduite d'un gentilhomme de la paroisse de Briec, nommé du Quellennec, sieur de La Villeneuve, de Langolen, rompirent les ponts dessus la rivière de Châteaulin, qui n'était guéable qu'en peu d'endroits, bien connus aussi des paysans, qui les gardaient si soigneusement que personne n'y passait jour ni nuit, et par ainsi les pays bas étaient aucunement garantis, et c'eût été à l'avenir, sans la trahison de ceux qui tenaient le gouvernail de la police lors à Quimper, comme nous le dirons en son lieu.

(M. le chanoine Moreau)  

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