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La prise de Kerouzéré

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La Ligue ou Sainte Ligue ou Sainte Union est un mouvement religieux et politique qui regroupe les catholiques français de 1576 à 1594, lors des guerres de Religion.

La population entière de Bretagne va combattre pour sa foi et pour le Duc de Mercoeur contre le Roi. Des brigands tels le sieur de La Fontenelle, vont ravager le pays. En province les derniers chefs de la Ligue se soumettent en 1598.

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Bretagne : Histoire des guerres de la Ligue

Prise de Kerouzéré.

En la même année, Kerouzéré (Note : Le château de Kerouzéré appartenait à Pierre de Boiséon, seigneur de Coëtnizan, baron de Kerouzéré ; Kerandraon était un cadet de la même maison. Par arrêt du conseil du roi du 25 mai 1602, le duc de Mercoeur fut condamné à payer au sieur de Coëtnizan 10,000 écus, et le roi y ajouta 35.000 écus de ses deniers, pour le dédommager des pertes qu'il avait souffertes pendant les guerres de la Ligue), château situé en bas Léon, en une lieue de Saint-Pol, appartenant au sieur de Coëtnizan, tenant le parti du roi, fut assiégé par ceux de l'union, savoir : les seigneurs de Goulaine, de Carné, de Rosampoul, son oncle ; du Faouët, frère dudit de Goulaine ; de Kerhir (Note : Le sieur de Kerhir se nommait Kerousy), de l'évêché de Tréguier ; de Coatredrès (Note : Le sieur de Coatredrès était chef d'une famille ancienne et considérable de l'évêché de Tréguier., de Kerven, du Rusquec, de Mesle, de Crémeur (Note : Le sieur de Crémeur était Carné en son nom), de Kerom (Note : Le sieur de Kerom, près Saint-Pol-de-Léon, se nommait Kerlouan), et de plusieurs autres, avec une grande multitude de populace de tout le pays de bas Léon ; et dedans le château était le seigneur de Coëtnisan, seigneur dudit lieu ; le sieur de Kerandraon, homme vaillant mais cruel, son parent proche, et pour cette raison était son lieutenant ; le sieur de Goëzbriant et plusieurs autres alliés, sujets ou serviteurs, suffisamment pour la garde du château qui était assez bon de murailles, joint qu'ils l'avaient fortifié de retranchements, se doutant bien d'y être assiégés, ayant tout le pays contre eux fort irrité, à cause des pilleries et ravages que faisait journellement ledit Kerandraon sur eux. Et par rapport à cela et des cruautés qu'il usait à l'endroit des prisonniers qu'il prenait, il était mortellement haï de tous. 

Les assiégeants ayant séjourné quelques jours devant le château sans rien avancer, jugèrent que le canon y était nécessaire et l'envoyèrent quérir du Brignou, maison forte appartenant au seigneur de Ploeuc (Note : Vincent de Ploeuc, sieur de Tymeur, fils aîné de Charles de Ploeuc, sieur du Tymeur, et de Marie de Saint-Gouesnou, dame du Brignou, avait épousé Mauricette de Goulaine. Vincent de Ploeuc fut père de Sébastien de Ploeuc, en faveur de qui la terre du Tymeur fut érigée en marquisat, en 1616. Ce fut Jean de Ploeuc, frère de Charles, qui épousa l'héritière de Kerharo et du Guilguiffin), beau-frère des susdits seigneurs de Goulaine et du Faouët, par avoir épousé Mauricette de Goulaine et du Faouët leur soeur. L'on députa donc le seigneur de Kerhir avec une escorte et bonnes troupes ; il était homme expérimenté aux armes et cavalier de valeur. La garnison de Brest qui tenait aussi le parti du roi, en ayant eu avis pour aller attaquer cette escorte, et ne se trouvant pas assez forte pour attaquer à découvert leurs ennemis, lui dresse une embuscade qui ne se fut pas plutôt découverte qu'un soldat dudit Brest, couturier de son métier, plus avancé que les autres derrière une haie, dans un chemin étroit, tira une arquebusade au sieur de Kerhir et le tua sur-le-champ, qui fut une grande perte au parti, aussi fut-il regretté par tous ceux qui le connaissaient pour les bonnes qualités qui étaient en lui. Aucun autre de la compagnie n'eut mal. 

Le canon rendu au siège de Kerouzéré, la batterie commença et dura jusque à la brèche. Ce que voyant, les assiégés ne voulurent expérimenter le hasard d'un assaut et demandèrent à capituler au chef du camp. La commune ne voulait y condescendre mais menaçait de tout tuer, même la noblesse de leur parti, s'ils faisaient aucune composition aux assiégés, et voulait que l'on eût tout exterminé. La noblesse le craignait, quoiqu'ils avaient grand désir de faire bonne guerre à l'ennemi suivant les lois de la guerre. Enfin la capitulation fut que les assiégés rendraient la place avec les munitions et vivres y étant sans fraude, et les soldats vies sauves. Les chefs, savoir, Coëtnisan, Goëzbriant, Kerandraon et quelques autres, seraient laissés libres, conduits en lieu de sûreté, sous le bon plaisir toutefois de monsieur le duc de Mercoeur qui était lors à Nantes, distant de soixante lieues. Cela fait, ils commencent à sortir, sous la faveur de la noblesse et gens de guerre, du camp, qui voulaient de point en point garder les conventions de la capitulation ; mais la populace, irritée contre ceux de leur parti qui avaient fait la capitulation, fit tous ses efforts pour leur ôter les assiégés pour les massacrer. On eut bien de la peine, et non sans un extrême danger de la vie de la noblesse catholique, de sauver Coëtnisan, Goëzbriant et un autre dont on ne sait pas le nom ; quant à Kerandraon, s'étant déguisé, sachant que s'il était reconnu, il n'y aurait moyen de le sauver de la commune pour la mortelle haine qu'elle lui portait, comme il passait ainsi déguisé avec les autres à la foule parmi l'armée, il fut aperçu par certains paysans qui le reconnurent et se mirent à crier sur Kerandraon, et en même temps toute cette paysantaille, d'une grande impétuosité, se jette dessus, nonobstant l'empêchement des gens de guerre, et le taillent en pièces. Et pendant qu'ils étaient acharnés sur celui-là, on fit couler sous garde sûre Coëtnisan et les autres hors de leurs pattes, avec grande peine et danger des seigneurs du siège, qui pensèrent être tous massacrés. Le sieur de Rosampoul y reçut d'un paysan un grand coup de fourche à la gorge, qui passa aux deux côtés et qui lui fit deux plaies de part en part, dont il pensa mourir ; le sieur du Faouët eut un coup de hache sur la tête, qui l'eût fendue jusqu'aux dents, sans qu'il fut soutenu par quelqu'un qui était près de lui, qui interposa ses armes et rabattit la force du coup. Les autres ne coururent pas moindre fortune et c'est merveille qu'ils ne demeurèrent tous sur la place, tant cette cruelle tête de paysan était enragée de ce que ceux qui les avaient tellement pillés et volés leur échappassent ainsi. Ils firent plusieurs indignités au corps de Kerandraon, et il n'y avait celui qui ne lui baillât son coup ou n'en apportât une pièce de son corps, même lui coupèrent les parties honteuses qu'ils mirent au bout d'une lance et furent par le camp en faire montre. Comme cette capitulation s'effectuait, les assiégeants eurent avis par leurs espions que les royaux, ayant fait un gros en Tréguier de mille chevaux et de deux mille hommes de pied, s'acheminaient en grande hâte pour lever le siège de Kerouzéré, ne sachant encore rien de la reddition, qui fut cause que la noblesse du pays, désirant se sauver, et leurs prisonniers avec eux, font toute diligence pour gagner Morlaix qui était la principale retraite qu'ils eussent en Léon, distant de cinq lieues de Kerouzéré, d'où ils venaient. Et d'autant plus faisaient-ils diligence qu'il leur convenait de passer par le même chemin que ledit secours venait, et ne pouvaient éviter qu'ils ne se rencontrassent si le secours eût passé Morlaix avant eux et, s'il y eût eu rencontre, il est sans doute que les assiégeants eussent été défaits et les prisonniers sauvés. Mais le bonheur les favorisa ce jour-là, d'autant que les royaux, désirant surprendre les assiégeants à l'improviste, ne voulant être découverts par ceux de Morlaix, encore que leur droit chemin fut de passer en vue de la ville, prirent un peu plus haut, devers le midi, pour retomber incontinent sur le chemin ordinaire de Morlaix à Saint-Pol. La noblesse du siège avec les prisonniers venaient avec le chemin plus bas qui est le chemin ordinaire, et sans s'entresavoir se trouvèrent vis-à-vis les uns des autres, à deux traits d'arquebuse, à côté de la ville de Morlaix ; et en ayant eu avis de l'un et de l'autre part, les catholiques se sauvèrent en diligence dans la ville, et les royaux les ayant suivis jusque aux portes, se retirèrent, bien fâchés d'avoir perdu une si belle occasion de défaire leurs ennemis qui n'étaient pas forts, et de recouvrer les prisonniers. Un quart d'heure plus tôt leur était assez pour parvenir à leurs desseins. Cela fait voir qu'en fait de guerre, un moment est précieux.

(M. le chanoine Moreau)  

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