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Le comte de Soissons en lutte contre le duc de Mercoeur

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La Ligue ou Sainte Ligue ou Sainte Union est un mouvement religieux et politique qui regroupe les catholiques français de 1576 à 1594, lors des guerres de Religion.

La population entière de Bretagne va combattre pour sa foi et pour le Duc de Mercoeur contre le Roi. Des brigands tels le sieur de La Fontenelle, vont ravager le pays. En province les derniers chefs de la Ligue se soumettent en 1598.

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Bretagne : Histoire des guerres de la Ligue

Le comte de Soissons envoyé en Bretagne par le roi pour résister à Mercoeur.

Après la mort des princes de Lorraine, à Blois, le roi envoya en Bretagne le sieur comte de Soissons (Note : Charles de Bourbon, comte de Soissons, grand maître de France, fils de Louis I. prince de Condé, et de Françoise de Longueville. Son fils étant mort sans enfants, le comté de Soissons passa, par sa fille Marie, à une branche de la maison de Savoie-Carignan), prince du sang, fils du feu prince de Condé, qui fut tué à Jarnac l'an 1569, avec de belles forces, pour y être lieutenant-général sous son autorité, et pour tenir en bride le sieur de Mercoeur, qui tenait presque toute la province, à la réserve de Rennes, Vitré et quelques autres places. Comme il s'acheminait vers Rennes pour y faire vérifier ses lettres de lieutenance, il vint loger à Châteaugiron ; ce fut environ la fête du sacre. Le duc de Mercoeur ayant eu avis de son chemin, se trouve avec une bonne troupe de cavalerie et arquebusiers à cheval, lesquels ayant mis pied à terre se ruèrent sur le bourg, et après quelque résistance, forcèrent les barricades et ceux qui les défendaient, desquels ils tuèrent un grand nombre. Les autres se rendirent, aussi bien que le sieur comte de Soissons, qui fut mené prisonnier au château de Nantes, où il fut plusieurs mois et fort humainement traité, d'où il se sauva subtilement, et voici comment. Il faisait faire sa cuisine en ville chez un pâtissier en la rue du château, et ses vivres lui étaient rendus deux fois le jour par ses gens, en un grand panier de clisse, autrement une manne longue de quatre pieds ou environ, portée par deux hommes, où l'on pouvait mettre ensemble toutes les sortes de mets, et quand il avait dîné ou soupé, les mêmes porteurs rapportaient le panier en ville. Les soldats qui le gardaient avaient toujours coutume d'ouvrir le panier allant et retournant, dont le sieur comte fit semblant de trouver mauvais, et présenta requête à mesdames de Mercoeur et de Martigues, sa mère, représentant qu'il avait des ennemis qui, sous prétexte de voir dans le panier, pourraient jeter quelque poison dans ses viandes, et suppliait lesdites dames, car le duc de Mercoeur était en campagne, de faire défense auxdits soldats de plus découvrir ledit panier. Les dames lui accordèrent sa requête et firent lesdites défenses. Quelques jours après, il feignit être malade, et une après-dîné, il mit un sieur page dans son lit et se mit dans le panier, se fait porter de même par ses serviteurs, passèrent les gardes et le rendirent chez le pâtissier, où il s'habille en paysan et sort par la porte Saint-Pierre, va trouver un cheval qui l'attendait à Richebourg, sur lequel il gagne Angers. Les gardes qui le croyaient au lit malade, ne surent de rien que le lendemain. Dieu sait si les Nantais furent étonnés lorsqu'ils surent son évasion, et les dames encore davantage, d'autant que le duc de Mercoeur leur en avait étroitement recommandé la garde, disant que si le malheur lui en voulait qu'il fût pris en guerre, il pourrait être rendu pour l'autre par échange. Les dames de Mercoeur et de Martigues usèrent de grande civilité à son égard, car, après s'être sauvé, elles lui firent rendre son buffet qui était beau et riche, et lui envoyèrent son page qui avait fait le malade, et tous ses autres domestiques.

La mort du roi courut en peu de temps par toute la France, et fut sue en cette ville de Nantes ale jour de la Saint-Laurent, dixième d'août, nonobstant les dangers des chemins, étant mort le second dudit mois. Le duc de Mercoeur envoya le sénéchal de Fougères à Rennes pour leur porter ces nouvelles, et aussi pour leur représenter de sa part qu'ils eussent à s'unir avec les autres villes et communautés et le plat pays de la province, avec plusieurs belles raisons sur ce sujet. Mais la cour du parlement le fit arrêter et le constitua prisonnier, ne voulant ajouter foi à ces nouvelles, et cependant véritables. On lui fit faire son procès et, comme perturbateur du repos public, il fut condamné à être pendu ; ce qui fut exécuté. Ils disaient que ces nouvelles étaient forgées à plaisir et débitées à plaisir pour faire soulever les habitants de Rennes pour rendre ladite ville au duc de Mercoeur ; car ils savaient bien qu'une bonne partie des habitants étaient ligueurs, et tout le clergé, naturellement ennemi des hérétiques, et il y en avait même dans le parlement qui favorisaient le parti de l'union, lesquels l'on a vus après quitter Rennes, comme nous le dirons ci-après. Le duc de Mercoeur fut très scandalisé que l'on avait ainsi traité le sénéchal de Fougères par lui envoyé, et pour un si léger sujet, ne portant que des nouvelles véritables. Il se proposa la vengeance sur personne de pareille étoffe et qui l'avait bien autrement mérité, c'était sur le sénéchal de Laval, qu'il tenait prisonnier à Nantes, au château, non comme prisonnier de guerre, qui peut être délivré en payant rançon, mais comme personne de justice, d'autant que cet homme, n'étant juge que d'une barre inférieure, avait été assez téméraire que de faire le procès, par sa cour de Laval, audit seigneur de Mercoeur, prince et pair de France, lieutenant, frère du roi et gouverneur en Bretagne, et l'avait atteint et convaincu du crime de lèse-majesté, où les cours du parlement de cette province, ni les privés conseils du roi, ni les quatre maréchaux de France, n'avaient osé toucher. Le sénéchal de Laval l'ayant donc bien mérité, paya l'écot en revanche du sénéchal de Fougères qui était innocent, et on lui fit son procès et il fut condamné à être pendu ; ce qui fut exécuté au Bouffay à Nantes, l'an 1588, au mois d'août. La mort du roi Henri de Valois, troisième du nom, et le dernier de ladite race de Valois, qui avait régné en France environ trois cents ans, découvrit les affections d'un chacun et sembla séparer le bon grain du mauvais, les catholiques d'avec les hérétiques, athéistes, politiques, et de tous côtés il s'en fit deux partis. Il n'y eut donc ville ni bourg où la division ne régnât ; mais presque partout les catholiques l'emportaient, sinon dans les places où il y avait des citadelles et châteaux, et où il y avait des capitaines établis par le feu roi, de gens propres à ses desseins, comme Angers, qui fut malgré la ville retenue en son obéissance par le fort château. Il en fut de même à Orléans, Rouen et plusieurs autres, si les citoyens n'y eussent pourvu, et en Bretagne Saint-Malo, par le moyen du sieur de Fontaines (Note :  Honorat du Bueil, comte de Fontaines, gouverneur de Saint-Malo et lieutenant-général pour le roi en Bretagne), qui commandait au château. Mais les habitants le prirent de nuit par escalades de cordes et par le plus fort endroit qui y fut, qui était la grosse tour le plus près de la porte de la ville par dehors ; le château de Brest, commandé par messire René de Rieux, seigneur de Sourdéac, seul demeuré en ce pays bas du parti du roi, et qui était l'une des plus fortes places du royaume, où il y avait une grosse garnison pourvue des commodités de la mer et de la terre. Le gouverneur qui y était ne craignait aucun ennemi, et non-seulement molestait l'évêché de Léon qui était du parti contraire, en prenant son temps si à propos qu'il les obligeait malgré eux à se ranger de son côté, quoique ce fût contre leur volonté, mais de plus en retirait de grosses contributions de deniers, premièrement de la noblesse et de toutes les paroisses du diocèse ; et quant à Quimper, elle ne fut pas exempte de ces divisions. Presque tous les habitants tenaient tous pour les catholiques, entre autres les ecclésiastiques et le corps du chapitre, à la réserve du seigneur évêque Charles du Liscoët, qui se montra fort douteux dans les commencements, et peut-être sollicité par son frère aîné, le sieur de Coëtnempren, président au présidial, qui était homme du temps. Mais enfin ledit sieur évêque se détermina tout à fait, et son frère fit bonne mine, à quoi servait bien le voisinage du château de Concarneau, dans lequel commandait le sieur de Lézonnet, beau-frère desdits évêque et de Coëtnempren, d'autant que Coëtnempren et lui étaient mariés aux deux filles de la Costardaye (Note : Suzanne le Prestre, fille du sieur de Lézonnet et de Jeanne Glé de la Costardaye, épousa Julien du Pou, sieur de Kermoguer, de la paroisse de Moëlan, près de Quimperlé. La ligue avait obligé Henri III de lui donner deux places de sûreté en Bretagne, et de fournir aux frais de leurs garnisons. Il accorda Dinan et Concarneau. Le duc de Mercoeur avait donné le gouvernement de Concarneau, pour la Ligue, à 0llivier le Prestre, sieur de Lézonnet ; lui et le sieur de Coëtnempren avaient épousé les deux soeurs du nom de Glé la Costardaye, de l'évêché de Rennes), et Lézonnet tenait lors pour le parti des catholiques, sous l'autorité du seigneur de Mercoeur, combien que quelques temps après ils tournassent casaque, comme nous le dirons ci-après. Quant à messieurs de la justice et du siège présidial, il n'y avait que trois qui fussent affectionnés pour le parti des catholiques ; savoir, maître René Dudresnay, avoué : Tanguy de Botmeur, sieur de Kerynaire, conseiller et Alain Le Guiriec, sieur de Bonescat, avocat du roi ; le surplus, qui était maître Jacques Laurent, sieur de La Motte, sénéchal ; Philippe de Trégain, dudit lieu, lieute­nant ; le sieur de Coëtnempren, président ; Olivier Berthault, Barnabé le Gallays, sieur de Mascosquer ; Noël de Cléhuenan, sieur dudit lieu ; Jean Pérault, sieur de Kerguern ; Jacques de Lézandevez, sieur du Rubien ; Mathieu Lohéac, procureur du roi et maître Simon Aubert, tous conseillers, favorisaient l'autre parti sans se beaucoup soucier du péril de la religion. Communément cette qualité de gens est plus politique que pieuse, mais surtout le sénéchal se montrait le plus passionné et faisait tout ce qu'il pouvait par beau et par menace, interposant son autorité. Les catholiques remontraient le danger que la religion ne fût altérée en France comme en Angleterre ; que le roi de Navarre, qui s'était fait déclarer roi de France, ne faisait profession que du calvinisme et en avait toujours été le protecteur, et que tous les pays de son obéissance étaient par son moyen de cette secte. Ce fut pour lors que le sénéchal répondit que quand le roi serait un diable incarné, qui aurait les cornes aussi longues que les bras, qu'il serait toujours son serviteur, parole qui ne tomba pas à terre et qui fut interprétée de plusieurs, et plutôt dite par l'affection qu'il portait non pas tant à la personne du roi qu'à la religion qu'il professait. Ces divisions durèrent depuis le commencement d'août jusque à la fin de septembre, le sénéchal et ses adhérents tâchant toujours d'altérer les affections des habitants pour les faire déclarer royalistes, comme on les appelait en ce temps-là, et à recevoir garnison dudit parti pour la sûreté de la ville et pour se prévaloir contre la garnison ... de Concq, qui tenait pour le parti des catholiques, où il y avait une compagnie de chevau-légers bien complète et équipée, et nombre de gens de pied qui étaient tous les jours aux portes de la ville. Le sénéchal, ne pouvant rien faire par beau, ni réussir à ses desseins, ayant reçu quelques lettres du roi ou de la cour du parlement de Rennes, voulut les faire publier en l'audience du siège, la veille de la Saint-Michel, en septembre, ce qu'il fit en grande assemblée du peuple, en enjoignant de s'y soumettre, avec des paroles d'aigreur hautes et fières, et d'y porter état sur des grosses peines, ce qui fit un tel trouble en l'esprit des habitants, assistés des religieux cordeliers, qu'ils prirent des arquebuses et se mirent aux portes qui flanquent l'auditoire. Ce fut au sénéchal avec les autres juges et habitants de son intelligence de se sauver, croyant que ce a leur dernière peur, encore qu'ils ne fussent suivis de personne. Cette épouvante fut si grande que le sénéchal ne se rassura pas qu'il ne fût hors de la ville ; et montant à cheval, accompagné de deux conseillers dudit siège, Philippe de Ringuiers et Simon Aubert, s'enfuirent à Brest, place de leur parti, ou ledit de Ringuiers, d'autant qu'il était homme capable, fut du conseil du sieur de Sourdéac, gouverneur de la place, jusque à la réduction de cette ville de Quimper en l'obéissance du roi, en octobre 1594, s'étant fait catholique. Le sénéchal se retira à Rennes, et Aubert alla courir le pays, la charge duquel je possède à présent. Quant aux autres officiers et habitants qui favorisaient les mêmes, ils ne s'absentèrent pas et prêtèrent le serment de fidélité au parti des princes catholiques, sous le gouvernement du sieur de Saint-Quérec et du Hilgui, nominé du Quellennec, et s'y soumirent en apparence jusque à trouver l'occasion de faire voir que leurs serments n'étaient pas sincères. La ville de Quimper se trouvant donc fermée par ces moyens au parti catholique, par la retraite des personnes ci-dessus mentionnées, ledit Jean du Quellennec était un gentilhomme sage, prudent, vieux soldat, qui se comporta en cette charge avec le contentement des habitants de l'un et de l'autre parti, quoique naturellement d'une humeur revêche. Presque toute la Basse-Bretagne obéissait donc au gouvernement du duc de Mercoeur, lorsqu'une jeune tête éventée, nommée Trogoff, sergent à Locrenan-du-Bois, près Douarnenez, homme assez courageux, ayant reçu une lettre de messire Toussaint de Beaumanoir, baron du Pont (Note : Le baron du Pont (Pont-l'Abbé) et de Rostrenen était alors Jacques de Beaumanoir, vicomte du Besso par son mariage avec Jeanne de Quellennec. Il avait hérité de ces deux fiefs à la mort de Charles de Quellennec, baron du Pont et de Rostrenen, qui avait pris le nom de Soubise, lorsqu'en 1563 il épousa Catherine Larchevêque, darne de Parthenay et de Soubise. Elle l'attaquait devant les tribunaux pour impuissance, lorsqu'il fut massacré le jour de la Saint-Barthélérny. Elle épousa depuis René II, vicomte de Rohan. Jacques de Beaumanoir, baron du Pont, mourut à Rennes des suites d'un coup d'arquebusade qu'il avait reçu au siège d'Ancenis, on il commandait la noblesse du parti du roi, en 1590. La description des obsèques qui lui furent faites remplit plusieurs pages du troisième volume des preuves de l'histoire de Bretagne), assemble quelque nombre d'hommes de son humeur et se va jeter dans le château du Pont, où étaient aussi d'autres huguenots : le sieur de Kerouant (Note : le sieur de Kerouant était de la paroisse de Plounéour), sa femme, son fils, aussi de même religion ; la dame de Lacoudrais, le sieur de Beaucours (Note : Le sieur de Beaucours, de la paroisse de Bothoa, avait épousé l'héritière de Kerbullic. en Beuzec­cap-Caval), demeurant à Kerbullic ; du Marhallach, de Kerfeunteunic et les officiers du Pont, avec plusieurs autres tant de la ville que des environs, noblesse et autre. Trogoff se porte comme capitaine de la place ; les autres lui obéissent comme celui qui avait mandat du seigneur. Cela fait, il commence à courir sur le plat pays et vient jusques aux portes de Quimper, où il n'y avait que les habitants non aguerris. Ledit Trogoff ne pouvait mettre les pieds hors du château qu'il ne fut sur les terres du parti contraire, ce qui était cause qu'il faisait bien ses affaires, car le pays était peuplé et riche. Enfin, ennuyé de tant de bravades de la part d'un pareil original, la délibération fut de l'assiéger. Le sieur de Lézonnet, gouverneur de Concarneau, y fit traîner le canon de ladite place, avec sa garnison, habitants, plusieurs de la noblesse, comme les sieurs de Goulaine (Note : Le sieur de Goulaine, et son frère le sieur du Faouët, dont il est souvent fait mention dans ces mémoires, étaient fils de Claude de Goulaine et de Jeanne de Bouteville, dame du Faouët L'aîné, Gabriel, marquis de Goulaine, épousa Françoise de Bretagne, fille d'Odet de Bretagne, comte de Vertus ; le second, Jean de Goulaine, baron du Faouët, avait épousé Maurice de Ploeuc, héritière de la bannière de Poulmic, en Crozon), du Faouet son frère, de Rosampoul (Note : François de Camé, sieur de Rosarnpoul, était second fils de Jérôme de Camé, capitaine de Brest. Il fut maréchal de camp de l'armée de la Ligue en Bretagne, et mourut l'an 1628), de Kerservant (Note : Le sieur de Kerservant était seigneur de Créménec, dont Fontenelle s'empara plus tard, et dont il fit une de ses forteresses éparpillées dans la Cornouaille d'où il mettait tout le pays à contribution), de Laporte-Neuve (Note : Le sieur de Laporte-Neuve se nommait 0llivier de Guer, et était aussi seigneur de Pontcallec), de Kerdégace (Note : Le sieur de Kerdégace, dont le nom était celui de sa terre, était de la paroisse de Beuzec-cap-Caval), du Cosquer (Note : Le sieur du Cosquer se nommait Kerlazret. Il fut père de Jeanne de Kerlazret, dame du Cosquer, qui épousa, en 1625, Main Euzenou, sieur de Kersalaun), Trévanec (Note : Le sieur de Trévanec, des environs de Pont-l'Abbé, se nommait Jean de Comboust), Penguilly, de Trohannet (Note : Le sieur de Penguilly et le sieur de Trohannet en Briec, qui appartient depuis longtemps aux Tréouret de Kerstrat, étaient frères, Penguilly était leur nom) son frère, et plusieurs autres, avec les habitants de Quimper en grand nombre ; les communautés de Penmarc'h et Audierne, de Douarnenez et une multitude de populace : chacun y allait comme à des noces. Le siège étant posé devant, on fait jouer le canon, premièrement contre les défenses et parapets, et aussi contre la tour, où il ne faisait pas grand effet. On délibère d'aller à la sape mais ce ne fut pas exécuté ; enfin, après avoir demeuré quelques jours en bloquement, un certain jour, comme Trogoff regardait les assiégeants par une petite lucarne, un soldat lui tira une arquebusade qui lui porta dans le front, duquel il mourut soudainement. Les autres du dedans voyant leur capitaine mort demandèrent à capituler, ce qu'ils obtinrent aux conditions que quelques-uns, entre autres ceux qui étaient huguenots comme le sieur de Kerouant et son fils, demeureraient prisonniers du sieur de Lézonnet, et rendus à Concarneau, où puis après ils payèrent cinq mille écus outre les frais. Les assiégeants trouvèrent assez bon butin dans le château. Le sieur de Kerouant y perdit beaucoup car il avait retiré tout son meuble dans ledit château, qui était très beau et de grand prix. Il y avait force vaisselle d'argent pour servir trois à quatre plats ; des joyaux et autres meubles de prix et en grand nombre ; le tout fut perdu et en outre les maisons pillées. Lézonnet se retirant fit descendre l'horloge qui était au château du Pont, et la fit transporter à Concarneau où elle est tout depuis, qui est la meilleure de Bretagne. Depuis l'on dit : l'on ouït de Concarneau sonner l'horloge du Pont, encore qu'elle soit petite ; si elle n'y était, elle n'y serait pas ouïe. Le sieur du Marhallach (Note : Alain, sieur du Marhallach, dont il est question dans ces mémoires, ne laissa que des filles de son mariage avec Marguerite Le Prestre de Lézonnet. Son frère, Louis du Marhallach, sieur de Lesnarvor, qui épousa l'héritière de Kerraoul, est l'auteur de la famille de ce nom, qui existe aujourd'hui) fut cause de la reddition dudit château, de quoi il fut blâmé par les autres du dedans, l'accusant d'intelligence secrète et de trahison. Cette place du Pont rendue, l'armée se dissipa, chacun se retirant de son côté, et l'on ramena le canon à Concarneau, d'où il avait été pris. 

(M. le chanoine Moreau)  

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