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La Ligue, dans l’ancien diocèse de Tréguier.

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Les détails tirés du journal "Le lannionnais" que nous allons publier, sur l’histoire de la Ligue dans nos contrées, révèlent nombre de faits d’armes, de pillages et d’incendies dont les théâtres se trouvent ou à Lannion ou dans les communes du voisinage. On y trouvera aussi de curieux renseignements sur les derniers débris de la puissance féodale dans nos contrées et notamment sur les places fortes possédées et armées pendant cette crise par les Ligueurs ou par les Royaux.

A nos yeux, tous ces documents méritent d’autant plus de confiance qu’ils ont été tous écrits par des auteurs contemporains et pour la plupart témoins oculaires des événements qu’ils racontent. Du rapprochement de ces diverses notices il résulte clairement que depuis 1590 jusqu’à 1597, tout le pays qui se trouve entre la rivière de Morlaix et celle de Lannion, n’a cessé d’être rançonné, pillé, brûlé et ensanglanté par les Royaux et les Ligueurs, déchirant et décimant à la fois toute la population de ce pays par la plus affreuse guerre civile. Les deux puissances rivales avaient chacune ses troupes, ses châteaux, ses villes : d’un côté, le roi avait pour lui Lannion, Tréguier et les châteaux de Coatfrec et de Tonquédec ; de l’autre, les villes de Guingamp, de Morlaix et le château de Primel, en Plougaznou, avaient épousé le parti du duc de Mercoeur ou de la Ligue. Quant au château du Plesseis-Eon ou du Quenquis, en Plufur, jadis l’une des plus redoutables places fortes de nos contrées, nous avons cherché en vain à savoir par quels corps de troupes il a été occupé pendant la Ligue ; nous savons seulement qu’un seigneur du Guezbriant était capitaine de la garnison en 1595 (NDLR : ce Guezbriant était frère de la dame douairière de Kerprigent et de Plesseis-Eon, dans les temps de la Ligue).

Comme on le voit par ces explications préliminaires, la Ligue avait pour elle les deux seules villes fortes de nos contrées (NDLR : en effet, on sait que Lannion avait son château et ses murs d’enceinte en ruine longtemps avant le commencement de la Ligue), mais en revanche, le roi avait aussi pour lui d’inexpugnables forteresses dans les châteaux. La partie était donc à peu près égale et c’est sans doute ce qui rendit la lutte si longue et si acharnée. Il va sans dire que dans ce travail, pour nous garder de toute allusion politique qui puisse nous être propre, aussi bien que pour laisser à l’historien primitif toute son autorité, nous copierons littéralement les monuments historiques que nous avons pu recueillir çà et là dans les cartulaires du temps, sans nous permettre, sans aucun prétexte, d’en altérer en rien ni la forme ni le fond. Delà il n’y aura souvent entre ces monuments ni liaison ni cohérence aucune, mais qu’importe après tout la forme, pourvu que l’exactitude historique soit sauvée ?

Deux combats à la lieue de grève, entre Saint-Michel et Plestin (1590)

Entre la lande de Trédrez et le bourg de Plestin furent tués et massacrés par les souldardz de Coatfrec et de Tonquédec, le mardy troisiesme jour de juillet l’an mil cinq cent quatre-vingt-dix, les dénommés cy-après, sçavoir :

1° Noble escuier Jan Adam, seigneur de Kermalvezen, Kerninec (NDLR : vers les mêmes temps, il y avait aussi au bourg de Plufur une dame Adam qui ajoutait à son nom le titre seigneurial suivant : Domina du Bourg et de domo dirac an groas) ;

Jean Ollivier Le Grand et ung de ses fils ;

Jan Koat-Karic et Marc son frère ;

Briant Kerninon ;

Le Joncquour ;

Henry Le Boubennec ;

Yvon Cabon ;

Yvon et Guillaume Gargan ;

Henry et autres les Boubennec ;

10° Nicolas et Guillaume Bras ;

11° Jan Bras et Françoise Guillou ;

12° Allain Manis fils ;

13° Yvon Kerbrisillic ;

14° Yvon Quemper (NDLR : ce Quemper était certainement de Lanascol) ;

15° François Morvan ;

16° Herno Bras fils ; Yvon Kervellaud, par corruption aujourd’hui Guerveno.

Et pour les âmes cy-dessus nommées supplye Notre Seigneur Dieu par sa sainte miséricorde qui lui playsse les recepvoir en son paradis et moy auxi suplye Notre Seigneur Dieu qu’il luy playsse donner pardon aux pères mères et enfants parants et amis et bienveillants des dicts décebdés à celle fin qu’ils puissent librement et dévotement prier Dieu pour lesdits décebdés et pardonner à ceulx qui ont fait la faulte pour qu’ils puissent vérifier la parole de Dieu estant ainsy : Mihi vindicta et ego retribuam. Et pour avoir mémoire de ce que dessus a esté la présente signé par moi soussignant recteur de Plestin les dicts jour et an que devant. Eufflam Pichic.

Le septiesme du dict moy que furent tués par les sus dicts nommés (NDLR : à savoir les seigneurs et soldats de Coatfrec et Tonquédec), sçavoir : Richard Tréman, Yvon Toudic, M. Person, Allain Laye, Pierre Le Maréchal et Yvon Le Droharz.

 

Les troupes du Roi brûlent environ soixante maisons en Plestin ou en Trémel et plusieurs manoirs et maisons dans les paroisses d’alentour.

Lorsque sur la fin du XVI siècle l’on traversait les rues de Lannion et ces riches campagnes qui bordent la Manche, depuis le Yaudet jusqu’au Château du Taureau, et que l’on y voyait encore toutes fumantes les traces qu’y avait partout laissées la guerre civile, une tristesse inexprimable devait saisir l’âme et, à coup sûr, à la vue de tant de décombres et de tant de ruines, l’on devait se demander si des hordes de barbares n’avaient pas passé et repassé par là. En effet, dans la ville, deux cents maisons réduites en cendre sont désertes ; les échanges du commerce sont dans une stagnation absolue et nul espoir de voir celui-ci recouvrer son ancienne prospérité. Et pourquoi désormais des commandes, puisque soudainement les charriots des châteaux ou des villes fortes arrivent pour dévaster les magasins ? Pourquoi encore restaurer les rues incendiées, puisque le lendemain de la restauration, celles-ci doivent subir le même sort ? Dans les campagnes, le laboureur fuyant devant le fer et le feu, arrivant à la fois et périodiquement, infester son village, s’était retiré dans les forteresses des villes et des châteaux, parce qu’il croyait par là mettre au moins sa vie en sûreté. Enfin, çà et là, au milieu des champs en friche apparaissaient, dans les airs, à travers les futaies qui couvraient alors nos côtes (NDLR : nous avons vu plusieurs comptes de fabriques du XVe et XVIe siècles, qui attestent que les côtes de Trédrez et de Plestin ont fourni des futaies pour la restauration ou la construction des charpentes des églises voisines), les hideux et horribles squelettes des manoirs et des villages noircis par la fumée des incendies et attestant que, si la providence ne suscitait un remède contre tant de maux, le pays allait tomber dans la barbarie. Mais pour justifier ce tableau, dont la teinte paraîtra peut-être tout d’abord un peu assombrie, hâtons-nous d’arriver aux citations.

Le dict tierce jour et an que dessus (1590) firent les dicts seigneurs et souldars brusler plusieurs maissons en la paroisse de Plestin et ailleurs, que les gens de bien (c’est-à-dire les grands et petits seigneurs du temps) sont contraints d’aller quester l’aumosne et ne sçavent où y aller par la pauvretté d’icelles guerres dont supplye à Dieu qu’il lui playsse nous donner ungne paix généralle, sçavoir : la maisson de Rolland Le Bourmès et Anne Le Gentil, la maisson de Anne Le Coz, au bourg de Plestin, la maisson de Yvon Cabon Kerilis, item deux maissons appartenant à Rolland Le Botgazou estant au dict bourg, la maisson de Lazare et Perceval Brigant, les maissons de Jan Le Maoult, près de Kerbourdon, la maisson de Yvon Guennec, à Kergadou, la maisson de Ollive L’Aurégan, veuffe feu Yvon Moriou, la maisson de Allain Lentaff, à Kerscauft, la maisson de Laïjat, la maisson de Rolland Le Boubennec et consorts, la maisson de Corderie, la maisson de Françoise Keromar, veuffe feu Ollivier Hamon et la maisson de Rolland Perrot.

Le vendredy septiesme jour du dict mois de juillet et an que dessus furent bruslées par les dicts nommés, les maissons cy-après nommées, sçavoir : De Allain et Gilles Le Saux, de Guillaume Prat, de Yvon Le Boedou, le prespitoire et celle de Friegnaru, le tout au bourg de Trémel. Item la maisson de Jan Le Scruignec, la maisson de feu Le Lay, celles de Rolland Cillard (NDLR : ces maisons ce sont celles de Porspoden, qui étaient alors habitées par des Cillards. Plus tard ce manoir a appartenu aux Toulcoat, sieurs de Quillidien), Penanguer (NDLR : ce manoir était alors habité par Yves de Kermellec, sieur de Penanquer), celle de Françoise de La Haye, Toulanroch, celle de Richard Rivoallan, la maisson des héritiers feu Eufflam et Julianne Le Goaz, celle de Fiacre Merzer et consorts, celle de Jan Le Bourdiec, celle de Missire Richard Kermarec, prêtre, celles de Marc et Jan Cabon, L’Hospital, celles de Rolland Lespeugnoll, de Pierres Le Taldu, Françoise Kerengant, Yvon Pleigan, Kermabuezon (NDLR : écuyer Pierre Menguy, seigneur de Penvern, etc.. habitait alors ce manoir), Kervizio (NDLR : en 1598, Françoise de Hemery, dame dudit lieu, y mourut), la maisson de Allain Le Bras, Keranbrignou, la maisson de Jan Parler Kerallic (NDLR : Jean Parler ou Lesparler était seigneur de Kerallic, Roch-Morvan, etc. Il mourut à Plestin, le 10 février 1603. Sa famille habitait, pendant la Ligue, les manoirs de Kerjean, Kerallic et d’autres maisons en Plufur ou Plounérin. Cette dispersion de la famille était le résultat de diverses alliances), la maisson de Jean Laurégan, à Kerbrésillic, celles de Jean Morvan et d'Yvon Le Boubennec, celles de Guillaume et Catherine Rolland, les maissons de Faignou, la maisson de Allain Le Boubennec et consorts, du Launay, la maisson des héritiers de Yvon Menou, auxi du Launay, la maisson de la veuve Yvon…, à Kerguillerm (NDLR : c’ était le manoir de la famille de Trémel), la maisson de Rolland Cillard et consorts à Kerseau.

Et pour avoir mémoire de ce que contient ce feuillet de pappier tant de ce côtés que de l’aultre part a estè la présente signé par moy soussignant et recteur de Plestin. Eufflam Pichic".

Une note, en quelques mots, que nous avons trouvée dans des archives étrangères à celles de Plestin, vient encore confirmer admirablement tout ce que nous venons de dire du sac de cette paroisse par les troupes du roi.

Le 3e et le 7e jours de juillet 1590 (nous copions littéralement) fut bruslée et ravagée la paroisse de Plestin par ceulx du party du roy. Signé Lectori : Tu dominum obsecres pro Luca, candide lector et de profundis exeat de ore tuo".  

 

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