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LES FRERES MINEURS DE L'OBSERVANCE DE LOCMIQUELIC

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SAINTE-CATHERINE.

La petite île de Sainte-Catherine est située dans la rade de Lorient, sur la côte de Riantec, au pied du village de Locmiquélic. Ce lieu solitaire attira l'attention des Franciscains de l'Observance, et ils le demandèrent à Pierre de Bretagne, qui en était propriétaire. Ils en reçurent la lettre suivante :

« Pierres, filz de (Jean V) duc de Bretaigne, seigneur de Guingamp, de Chasteaulin et conte de Bénon, désirant de tout nostre cuer l'augmentation et acroisance de sainte Église, et le divin office estre célébré en plusieurs lieux, l'ordre acroistre et multiplier du benoist Mgr saint Franczoys, en l'honeur de Dieu, de la benoiste Vierge Marie, et de touz les saincts et sainctes de paradis et de luy, et pour l’alègement et saulvement de nostre ame, prier Dieu pour nous, pour nostz prédécesseurs et successeurs ; — à la requeste et prière de auchuns notables frères de l'Observance du dit ordre, de bonne vie et honeste conversacion, qui nous ont requis édiffier un moustier et hostel, pour fonder un convent et collège de Mgr saint Franczoys en une ysle située en la rivière de Blavet, entre Hennebont et Lopéran, au dyocèse de Vennes, à nous apartenante ;

Nous, inclinant à la requeste et humble prière des d. Frères, et pour les causes dessus dictes, à yceulx en nom de Dieu et de saint Franczoys, et pour y fayre et édiffier un convent de Saint-Franczoys, ycelle ysle et tout le droit, rayson et action que nous y avions et pouvions avoir, pour nous et pour noz hoirs et successeurs, avons donné, baillé, livré et transporté, et par ces présentes donnons, livrons, baillons et transportons à l'ordre de l'Observance de saint Franczoys, et dès le temps de présent nous en dessaississons pour nous et pour noz hoirs et successeurs, et en baillons, livrons et transportons la possession et saisine corporelle et réelle aux dictz frères ou nom de la d. ordre, et pour y édiffier le d. convent et collège de saint Franczoys, comme dit est, et promettons sur l'obligation de touz notz biens et de nostz hoirs et en bonne foy, garentir et deffendre les d. frères et l'ordre sur les d. choses vers touz et contre touz quelxconques.

En tesmoing des quelles choses estre vroies et qu'elles sont fermes et durables à touz jours mès, nous avons signé ces présentes de nostre main, et fayt séeller de nostre séel, car ainsi nous plaist, non obstant quelxconques à ce contrayres.

Donné à Cliczon le XVIIème jour de mars l'an mil CCCC, quarante seix (N. S. 1447). Signé : Pierre.
Par Monseigneur Pierres, de son commandement : (Orig. parch.) G. Montauban. »
.

Il est probable que Françoise d'Amboise, femme du prince, ne fut pas étrangère à cette fondation, car elle avait une dévotion particulière pour saint François, son patron.

Pierre étant devenu duc de Bretagne en 1450, accorda aux religieux du Blavet l'exemption de tout droit d'entrée pour leur provision de vin et autres denrées. Cette franchise fut confirmée par le duc François II en 1486, et par les rois Charles IX en 1565, Henri IV en 1596, Louis XIII en 1614 et Louis XIV en 1643.

Ancien couvent de Locmiquélic (Bretagne).

En arrivant dans l'île qui leur avait été concédée, les Frères Mineurs de l'Observance commencèrent la construction de leur maison et de leur chapelle. Grâce à la générosité de leur fondateur et à celle des seigneurs du voisinage, ils vinrent à bout de leur entreprise. Édouard de Rohan, seigneur de Tréfaven, en Ploemeur, ne fut pas le dernier à leur venir en aide, et quand il mourut, vers 1447, il voulut être enterré dans le chœur de la nouvelle chapelle. Sa fille aînée Louise, mariée à Jean de Rostrenen, choisit aussi sa sépulture et celle de son mari dans le même lieu. Louis II de Rohan-Guémené, devenu seigneur de Tréfaven en 1456 par échange avec les précédents, fut toujours favorable aux religieux de Sainte-Catherine.

Ce puissant seigneur fit en 1473 un arrangement avec les Frères pour se réserver à lui et à sa famille le droit de sépulture dans leur chœur ; il n'admit d'exception que pour le duc de Bretagne et ses descendants ; il promit en retour de faire les réparations nécessaires à la chapelle et à la maison, et d'y mettre ses armes. Les religieux étaient alors : Guillaume Roland, gardien, Pierre Olivier, Augustin Salou, Guillaume Amiot, et autres.

Le même seigneur, dictant son testament en 1507, s'exprime ainsi : « Je veuill et ordonne mon corps estre livré à la sépulture de nostre mère sainte Église, à estre inhumé et enterré en l'église et convent de Sainte-Katherine de Blavoez ; en laquelle église je vueill et ordonne estre dict et célébré, les jours de mon enterrement et service et après au plus tort, le nombre de seix centz messes, dont il y aura une messe à note, avec vieilles de morts et recommandaéson une foiz : pour lesquelles dire et célébrer, je vieulx et ordonne estre poyé la somme de 55 livres monnaye une fois poyéz ».

Louis de Rohan-Guémené mourut le 25 mai 1508, et suivant sa volonté, il fut inhumé à Sainte-Catherine.

Plan du couvent des Frères Mineurs de l'Observance à Locmiquélic (Bretagne).

Pour vivre, les religieux avaient d'abord une petite rente ou aumône, servie par les ducs de Bretagne, puis par les rois de France ; ils avaient ensuite les honoraires de leurs messes et de leurs prédications, payés en argent ou en nature ; ils avaient enfin les quêtes faites par les frères convers.

Au sujet de ces quêtes il y eut parfois des difficultés. Le fondateur du couvent de Sainte-Catherine étant seigneur de l'île de Ré, avait permis à ses religieux d'aller quêter dans son île. Plus tard, les religieux de la Rochelle, trouvant que était plus rapprochée de leur couvent que de celui du Blavet, voulurent s'emparer du droit de quête. Mais le vicaire général de l'Observance, au chapitre de Séez 1459, maintint le droit exclusif de Sainte-Catherine : ce qui fut confirmé au chapitre général de Bruges en 1484, et par le ministre général de l'Observance en 1526.

Pour faciliter leurs quêtes à l’île de Ré, les religieux de Sainte-Catherine y avaient une maison, comme le prouve la lettre suivante du roi Charles IX, de 1567.

« Charles, par la grace de Dieu, roy de France, au gouverneur de la Rochelle, ou son lieutenant, salut.

Les religieux de l'ordre de Saint-Françoys du couvent de Blavet nous ont faict dire et remonstrer que ilz ont une maison en l’isle de Ré, en laquelle ils preschent ordinairement les adventz et caresmes, séjournent, une partie de l'année et serrent les aulmosnes qui leur sont faictes en la d. isle, de laquelle ilz ont et leurs prédécesseurs jouy de tout temps, sans empeschement jusques aux troubles derniers, que aucuns de la prétendue religion que l'on dit réformée se sont emparés d'icelle, et encore que par l'édict de pacification des d. troubles et déclaration sur iceluy soit expressément porté que noz subjectz d'une et d'aultre religion seront ueceus en leurs biens et possessions, toutefois les détempteurs de la d. maison sont refusans de se désister d'icelle et en laisser la possession vuide aus d. suppliantz, à leur grand dommage et contre la teneur du d. édict, les privant de l'elfect d'icelluy : à quoy ayant esgard, nous ont très humblement requis et supplié leur pourvoir ;

Nous, à ces causes, désirans le d. édict sortir son effect, et faire joyr les d. supplians d'icelluy, vous mandons, et pour ce que la d. isle où est la d. maison assise est en vostre ressort et jurisdiction, commettons, que si, appelés devant vous ceux qui pour ce seront à appeler, il vous appert de ce que dessus, mesmes que la d. maison, appartenant aus d. supplians soit encore détenue par les dits de la religion, en ce cas vous, en exécutant le d. édict et faisant joyr les d. supplians du contenu en icelluy, ayez à les restablir et réintégrer en la possession et joyssance d'icelle, ses appartenances et deppendances, et à ce faire, souffrir et y obéir tous ceulx qui pour ce seront à contraindre par toutes voyes deues et raisonnables, non obstant oppositions ou appellations quelconques, pour les quelles et sans préjudice d'icelles, ne voulons estre différé : car tel est nostre plaisir, non obstant comme dessus et quelconques lettres à ce contraires.

Donné à Paris, le 1er jour de juign, l'an de grace 1567, et de notre règne le septiesme.
Par le roy en son conseil : Le Roy. »
(Ste-Cath. — Copie de 1614).

Outre ces revendications extérieures, il y avait aussi parfois, des tiraillements intérieurs dans l'Ordre. L'observance régulière avait de nombreuses maisons en Bretagne et y formait une province particulière, gouvernée par un ministre provincial. Les maisons de la Basse-Bretagne étant plus nombreuses que celles de la Haute, auraient pu, au moment des élections triennales, imposer leurs choix et écraser la minorité. Pour éviter cet inconvénient, le chapitre provincial, réuni à Cuburien près de Morlaix, fit d'un commun accord le règlement suivant, le 31 août 1539.

1° Désormais le ministre provincial sera pris parmi les bas-bretons pendant deux triennaux consécutifs, puis parmi les hauts-bretons pendant un triennal, et l'on continuera toujours ainsi.

2° En cas de mort du provincial, il sera remplacé par un autre de même langue que lui, qui ne gouvernera que pendant le temps qui restera à courir.

3° Des quatre définiteurs, il y en aura toujours au moins un de langue française.

4° Le custode député au chapitre général sera toujours de la langue opposée à celle du provincial.

Ce concordat, promulgué par le R. P. Vincent Lunelli, ministre général de l'Ordre, et approuvé encore en 1543 par sort successeur, le R. P. Jean Le Chauve, maintint longtemps la paix dans la province.

La France, elle, n'était pas en paix. L'hérésie calviniste levait l'étendard de la révolte contre le pape et contre le roi, et les catholiques étaient obligés de se défendre les armes à la main. Bientôt la perspective d'avoir pour roi un prince hérétique, comme l'était Henri IV, souleva l'opinion publique et donna naissance à la Ligue pour le maintien de la religion catholique. Le pays fut partagé en deux partis ennemis : les catholiques avant tout, et les royaux ou royalistes, partisans du roi malgré son hérésie.

Le pauvre couvent de Sainte-Catherine se trouva malgré lui mêlé à la lutte. Placé entre Locpéran (le futur Port-Louis), qui tenait pour le roi, et Hennebont, qui appartenait à la Ligue, il eut beaucoup à souffrir. Voici un extrait du journal de Jérôme d'Aradon, seigneur de Quinipily et gouverneur d’Hennebont.

« Le mardy X du mois d'octobre 1589, mon frère d'Aradon partit d'Hennebont, après souper, avec 45 cuirasses et 70 harquebuziers, et prit le couvent de Sainte-Catherine de Blavet, où il y avoit de ceux de Lopesdran. ll entra dedans incontinent, en tua quelques-uns et print huit prisonniers. Il revint environ le poinct du jour.

Le lendemain, mon dit frère d'Aradon retourna au couvent de Sainte-Catherine. Mon frère de Camors alla avec luy, avec nombres d'hommes, tant cuirassiers que barquebuziers. ll y avait laissé La Vigne avec 70 harquebuziers ; je luy envoyai une pièce de canon et quatre mousquets par le sergent Gilles.

Le jeudy XII du dit mois, mon frère d'Aradon et mon frère de Camors revindrent de Sainte-Catherine de Blavet, ayant fait démanteler les murs du jardin et fait tuer de ceux de Blavet par les nostres dix ou douze et d'autres blessez » (D. Taillandier. H. II, pr. 261).

La conversion de Henri IV et la soumission de Mercœur rendirent enfin la paix à notre pays. Les religieux de Sainte-Catherine en profitèrent pour reprendre leurs oeuvres.

Pendant ce temps de calme, la réforme des Récollets s'étendait en Bretagne et s'introduisait dans les couvents de l'Observance. Les religieux de Sainte-Catherine finirent par l'accepter vers 1642.

Les Récollets continuèrent à évangéliser le pays. Bientôt, se trouvant trop isolés et trop à l'étroit à Sainte-Catherine, ils songèrent à s'établir au Port-Louis, qui prenait alors de grands développements. Ils achetèrent un terrain entre la rue de la Citadelle et les murs de la ville et y décidèrent la construction d'un nouveau monastère, avec le consentement de la communauté de la ville.

Note : L'ordre de Saint-François d'Assise, fondé en 1209, a subi dans le cours des siècles plusieurs réformes partielles. La plus considérable et la plus célèbre de toutes les congrégations réformées fut celle qu'on nomma de l'Observance régulière. Fondée en Italie par Frère Paulet de Trinci en 1368, elle passa en France en 1388 et s'étendit graduellement sur tout le territoire. Elle obtint en 1444 d'être gouvernée par un vicaire général, qui fut tout d'abord saint Bernardin de Sienne ; il y eut même bientôt deux vicaires généraux l'un pour les provinces de l'Italie, l'autre pour les autres contrées. Ces vicaires généraux étaient simplement confirmés par le ministre général de l'Ordre ; mais dans leur administration ils ne relevaient que du Saint-Siège. En 1517, cette congrégation, devenue très nombreuse, fut érigée en famille distincte, et eut son propre ministre général. Les religieux portent une robe brune et un cordon blanc ; ils sont appelés tantôt Observantins, tantôt Cordeliers de l’Observance, et aussi Franciscains ; ce dernier nom est aujourd'hui le plus usité. Ils ont eu quatre couvents dans le diocèse de Vannes, savoir : l'île Sainte-Catherine dans le Blavet, Bernon en Sarzeau, Bodélio en Malansac, et enfin Pontivy. Une autre réforme, issue de la précédente, et dite de l’étroite observance, s'introduisit en France en 1584. Les religieux de cette congrégation, appelé Récollets, eurent des supérieurs provinciaux, mais ils restèrent soumis au ministre général de l'Observance ; celui-ci pouvait être pris, tantôt chez eux, tantôt chez les Observantins. Ils s'étendirent rapidement, soit en fondant de nouvelles maisons, soit en occupant celles des Observantins qui demandèrent à embrasser leur réforme. C'est par ce second moyen qu'ils s'introduisirent dans le diocèse de Vannes.

Jh.-M. Le Mené.

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