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L'église Saint Quémeau de Locquémeau |
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Locquémeau fut fondé vers le VIème siècle par Quémeau (Kemo, en langue bretonne), venu de l'île de Bretagne avec d'autres religieux et des chefs de clans qui peuplèrent et organisèrent l'Armorique. Le nom lui-même de Locquémeau remonte aux environs du Xème siècle. Il signifie " monastère de Quémeau " : loc vient du latin " locum " et désigne en Bretagne un lieu de culte, monastère ou chapelle. Près de l'église se trouve un lieu-dit appelé " Manac' hti " (monastère). |
La chapelle de Locquémeau relevait autrefois de l'abbaye cistercienne du Relec, en Léon. Appelée " treff " dès 1426, la paroisse était une succursale de celle de Trédrez. Des registres paroissiaux pour les baptêmes, mariages, sépultures, y ont été tenus jusqu'à la Révolution. Cette paroisse était bornée au nord et l'ouest par la Manche, à l'est par la paroisse de Ploumilliau, et au sud, ses dernières dépendances en bordure de Trédrez étaient le château de Coatrédrez, les fermes de Pors ar C'hoad, Tossenn al Lann, Kerguerwen, Convenant Baron (où une statuette de Saint Quémeau est nichée au pignon de la maison), et enfin Kersalic. Ce territoire représente à peu près la moitié de l'actuelle commune de Trédrez-Locquémeau.
Le placître
de l'enclos paroissial de Locquémeau est délimité par un mur de granit, classé
le 16 octobre 1922. A l'entrée principale, près de l'ancien presbytère daté
du XVIème siècle, s'élève un calvaire aujourd'hui mutilé, représentant,
face à l'église, la Crucifixion, à l'opposé, la Vierge à l'Enfant, et sur
les côtés, deux Saints.
Le cimetière
entoure toujours l'église, édifice classé le 20 mars 1922. Bâtie dans le
style gothique en granit de grand appareil, elle remonte au XVIème siècle. Des
fenestrages du XVème y ont été réemployés.
Le porche principal, surmonté d'une secrétairerie où se réunissait jadis le conseil de fabrique, est attribué à l'atelier de Philippe Beaumanoir qui a signé aussi l'église de Trédrez. La croisée d'ogives du porche est ornée, en clé de voûte, des armes des seigneurs de Coatrédrez : " d'or à un lion de gueules ". Au dessus de la porte à arc en accolade de style gothique flamboyant, est une Pietà de bois polychrome du XVIIème siècle.
La façade méridionale s'orne de gargouilles, parmi lesquelles on remarque une représentation d'un singe. La sacristie, située contre le transept, est datée, sur une pierre d'angle gravée, de 1702. Le linteau de la fenêtre porte le nom du recteur de l'époque, Jan Mével.
Entre le porche et le clocher se trouve un reliquaire d'attache, à quatre arcs en accolade, reliquaire destiné à recevoir les ossements des défunts.
A l'ouest s'élève un clocher-mur, bâti en 1703 selon une formule architecturale créée deux siècles plus tôt par Philippe Beaumanoir. Dit de type lannionnais, il se caractérise par ses contreforts, sa tourelle d'accès, sa plate-forme avec balustrade supportant le beffroi surmonté d'une petite flèche et de clochetons de style Renaissance.
L'église, en forme de tau, possède deux nefs à cinq travées à arcades en arc brisé, soutenues par des piliers octogonaux armoriés, sans chapiteaux. Le plafond lambrissé est en forme de carène de navire renversée. Entraits et sablières s'ornent de figures humaines, d'animaux fantastiques et de motifs végétaux. Cette charpente est attribuée à Jean Jouhaff qui a aussi signé celle de l'église de Trédrez.
Au fond de la nef, les fonts baptismaux en granit datent du XVIème siècle. Ils sont entourés d'une balustrade hexagonale en bois peint. Les colonnes torsadées ont dû supporter un dais, aujourd'hui disparu.
Suspendue à un entrait, une bannière du XVIIème siècle représente, au recto, la Trinité, et au verso, la Crucifixion.
Côté sud de la nef, près d'un petit autel de pierre, la statue de bois du Christ remonte au XVIème siècle. Elle est surmontée d'un dais. Elle se trouvait jadis au dessus d'un chancel ou d'un jubé séparant le choeur de la nef.
Des ex-votos, maquettes de bateaux suspendues ou posées sur les autels, ont été offertes par des pêcheurs de Locquémeau.
A la croisée du transept, les sablières s'achèvent par des blochets sculptés de personnages en costumes du XVIème siècle.
Le chevet plat et les deux ailes du transept renferment trois autels du XVIIIème siècle. Ornés à profusion de motifs floraux, de colonnes, d'angelots, ils se rattachent au style baroque.
Le maître-autel est constitué d'une table de granit monolithe portant d'un tabernacle décoré de panneaux peints, de statuettes, de motifs floraux, de colonnes torses, et couronné d'un Christ triomphant porté par des anges.
A gauche du maître-autel, la statue de Saint Quémeau, fondateur et patron de la paroisse, date du XVIème siècle. Selon la tradition, la poussière de la statue est un remède contre les boutons des enfants... A droite du maître-autel, la statue de Saint Yves est en honneur : il fut recteur de Trédrez de 1284 à 1292.
L'autel nord autrefois dédié à Saint Yves, est orné d'un grand tableau représentant la Cène. Sur l'autel est posée une belle maquette du début du XXème siècle ; elle est portée en procession lors du pardon (lundi de la Pentecôte). A gauche de l'autel se trouve une petite statue (XVIème siècle) de Saint Kirio qui eut jadis sa chapelle près de la plage qui porte son nom. La sablière située au dessus de l'autel représente une scène dé chasse, avec le chasseur et sa trompe et le lièvre poursuivi par trois chiens. Plus à gauche, entre l'entrait et le pignon, le décor de la petite sablière est original: il montre une sirène qui se peigne en se regardant dans un miroir. En face de l'autel, deux dalles funéraires de granit aux sculptures usées se distinguent du dallage de schiste de l'église : ce sont deux tombes d'abbés du monastère de Locquémeau.
L'autel sud est dédié à la Vierge dont la statue est au centre, avec l'Enfant Jésus. De part et d'autre, Sainte Anne et Saint Joachim, parents de Marie. Les armoiries sont celles des seigneurs du Parc, héritiers de Coatrédrez. Les panneaux situés sous chaque statue représenteraient les seigneurs donateurs du XVIllè siècle, Dans l'angle du transept, une petite statue (XVème siècle) du populaire Saint Fiacre, protecteur des travailleurs de la terre.
Les vitraux de l'église sont une création de Gérard Lardeur (1990). Au nord, éclairant les fonts baptismaux, la lumière est transmise par des vagues bleues rendues mobiles par le jeu des trames du vitrail et des grilles extérieures. Au transept nord, une sphère sort du néant obscur. Symbolisant l'Humanité, elle s'élève au dessus de la Terre dans la maîtresse-vitre du choeur, et s'en détache complètement pour s'accomplir dans la grande vitre méridionale. Les vitraux du choeur transmettent simplement la lumière du jour aux autels colorés. La petite fenêtre au sud de la nef rappelle les filets des pêcheurs de Locquémeau.
(texte
reproduit avec l'aimable autorisation de la mairie de Trédrez-Locquémeau)
Nota : les photos réalisées par Roger Frey sont la propriété du site infobretagne.com.
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