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L'église Saint-Ivy, ancienne église tréviale (Loguivy était une trêve de Plougras jusqu’en 1790) puis paroissiale du XVIème siècle, reconstruite entre 1860 et 1864. Elle s'est substituée à un édifice du XVème siècle, propriété des seigneurs de Trogorre et fondée d'après la tradition par les Templiers. Cette ancienne église, tréviale puis paroissiale devient chapelle en 1856.

Dès le 2 octobre 1791, le Conseil Général assemblé en la maison commune (presbytère) constatait que l’église de Loguivy (c’est-à-dire Saint Ivy) « avait ses murs et ses boisages en dépérissement et qu’elle pourrait s’écrouler d’un jour à l’autre ». En 1810, devant l’état déplorable de l’église, Mgr. Cafarelli, évêque de Saint-Brieuc, suggérait un transfert du culte à Saint Emilion. En 1833, le clocher à son tour créait des soucis : « Il est sur le point de s’écrouler et le branle des cloches pourrait accélérer la catastrophe ». Le transfert du culte est réalisé en 1856 et le conseil municipal considérait alors que « sa démolition ne peut être retardés ». Il autorisait dans sa délibération du 3 décembre 1857 le recteur de Loguivy à démolir Saint Ivy.

La chapelle actuelle est une reconstruction, elle fut refaite entre 1861-1864 sur l’emplacement du premier édifice, selon les plans de l’architecte Léon de Pédernec et à la demande du curé de la paroisse François Galerne ainsi que du maire Yves-Marie Turquet de Beauregard. L’architecte allait réutiliser le maximum d’éléments de l’édifice précédent, conçu par l’atelier Beaumanoir de Morlaix, dont les artistes étaient renommés à travers tout le Tréguier pour leurs chefs d’œuvre.

Le vieux granit était sculpté de toute une forêt de symboles. Sur cette photo, on peut voir de véritables broderies de granit représentant des feuilles et du raisin, ces sculptures d’origine ornent la façade Sud de la chapelle.

La colonnade.

L’imposante colonnade a été édifiée avec les éléments provenant des ruines de l’ossuaire [Note : L’enclos primitif possédait un édifice composé d’un ossuaire et d’une petite chapelle avec autel. Ils avaient été construits en 1690 sous le rectorat de François Nicolas avec l’assentiment de Claude de Nevet, alors veuve de Vincent du Parc, marquis de Locmaria, seigneur de Coatfrec, Keradenet, Guerlesquin, Beffou, Trogorre, etc … Les armes de la maison de Locmaria ; d’argent à trois jumelles de gueules, peuvent toujours se voir en supériorité dans le vitrail midi du transept de Saint Emilion (L. Dudoret)]. Les piliers de l’entrée principale présentent des éléments intéressants : bénitiers en bosse, croix surmontées d’os en sautoir, idée de cadavre, de la mort matérielle, symboles qui apparaissent à la fin du XVème siècle puis du XVIIème siècle. A gauche de l’entrée, remarquons la date de 1690 ainsi que le nom de l’architecte : Messire Nicolas. Sur la droite une inscription est gravée : 1898 HODIE MIHI CRAS TIBI (Aujourd’hui c’est mon tour, demain ce sera le tien).

Le clocher.

Au-dessus de l’entrée principale, vous pouvez admirer le clocher-mur. Pour des raisons obscures, les travaux furent arrêtés au niveau de la plate-forme. A noter qu’en 1900, il fut encore question d’achever le clocher de Saint-Ivy, car un devis estimatif de Jules Morvan, architecte inspecteur des édifices diocésains, du 1er septembre 1900, est demeuré sans suite.

Cependant, en 1900, le clocher reçut la vieille « campane » de l’église Saint Emilion. Cette cloche, restaurée en 1981, a plus de 400 ans. Pendant la Révolution, elle avertissait le peuple de l’approche des Chouans. La cloche porte les armoiries de Marie du Dresnay, dame de Kéradenec (parti au 1 Coatredrez, au 2 Du Dresnay) [Note : Marie du Dresnay, fille de Jean du Dresnay et de Marguerite du Ferrier, héritière de Kéradenec, épousa Pierre de Coatredrez, qui commanda une compagnie de 50 cuirassiers dans l’armée de Mercoeur. En 1602, ils obtenaient la seigneurie de Trogorre par acquêt de Pierre de Kermarquer et Jeanne de Plougras. Or la chapelle de Saint-Emilion relevait de la dite seigneurie, ce qui explique la présence de cette marque de prééminence sur notre cloche (L. Dudoret)] et l’inscription  « L’an 1612 sancte Emilione ora pro nobis. Lors était gouverneur Alain le Coz ».

Sur chaque côté du clocher, des gables à crochets et fleurons festonnés de dentelle, reposent sur des chiens à l’aspect famélique. Ils surplombent des baies au remplage gothique flamboyant. Les contreforts à pinacles ciselés servent d’appui à des gargouilles hautement symboliques : buste d’un moine grimaçant, serpent symbole de lumière, cochon retenant de son pied fourchu soit une boule soit un anneau symbole d’éternité où l’alpha et l’oméga se rejoignent.

Le caveau des prêtres.

Sur la gauche, le caveau des prêtres est placé tout contre le mur du presbytère. Le 26 juin 1898, les ossements des prêtres enterrés dans le reposoir de 1690, ont été transposés dans ce caveau. Mgr. Dubourg, évêque de Moulins, présidant la cérémonie [Note : La dépouille de Mgr. Dubourg se trouve depuis 1921 dans la cathédrale de Rennes]. Dans les murs sont incrustés les fenestrages latéraux du chevet de l’église Saint Emilion devenus inutiles à la suite des travaux de 1888-1887. Ils servent ici de cadre à la liste des recteurs et des quelques prêtres nés ou ayant servi à Loguivy-Plougras depuis la Révolution. En tête se trouve Joseph Le Quellec dont les restes reposaient sous la pierre servant de marchepied à l’autel, lieu précis qu’il choisit dès 1827.  

Les calvaires.

Un calvaire du XVIIème siècle (restauré en 1898) se dresse sur la gauche de la colonnade. Différents personnages entourant le Christ y sont sculptés. On pense qu’il s’agit de la Vierge encapuchonnée à l’enfant et de Sainte Véronique. Le deuxième calvaire est une croix de mission de 1890, œuvre du célèbre sculpteur lannionais Hernot.

L'intérieur.

 Nota : les photos réalisées par Roger Frey sont la propriété du site infobretagne.com.