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La paroisse de Loguivy-Plougras tire son nom de son ancienne église dédiée à saint Ivy et de son voisinage de Plougras. Actuellement le chef-lieu de la paroisse est le village de Saint-Emilion, dont la chapelle est devenue l'église paroissiale de Loguivy.

Agrandie et restaurée avec goût de nos jours, l'église de Saint-Emilion est le monument le plus vaste, le plus complet et le plus intéressant de l'architecture du XVIème siècle dans cette partie de la Bretagne.

Ses trois nefs se terminent par un magnifique chevet droit de style flamboyant, occupé par une maîtresse vitre fort remarquable ; mais ce chevet est moderne tandis que sur la façade occidentale de la tour on lit cette inscription : Ceste chapelle fust commencée en 1516 et la tour en 1566. Cette tour a trois étages et autant de galeries permettant d'en faire plusieurs fois le tour. La flèche en pierre ajourée présente quatre grandes lucarnes et autant de grands clochetons.

C'est le véritable type du clocher breton ; « ses découpures multipliées, qui par toutes les faces permettent au jour de pénétrer dans l'intérieur des flèches, n'ont pas seulement pour effet d'en augmenter la légèreté. Le soleil, à chaque instant de sa course, y produit des jeux de lumière extrêmement variés et toujours harmonieux ».

A l'intérieur de l'église remarquons deux anciennes statues de saint Emilion et de saint Ivy. La première est en pierre et semble du XVIème siècle ; elle représente le saint la tête rasée, revêtu d'un froc monacal et tenant un livre ouvert.

D'après la légende, saint Emilion naquit dans le pays de Vannes et fut employé d'abord dans la maison du comte du Browerec'h ; mais il quitta bientôt cette cour et même la Bretagne, se fit religieux et fonda un monastère en Guyenne où il mourut en 767 ; son abbaye donna naissance à la ville qui porte son nom, rendu célèbre par les vins qu'on récolte aux alentours.

Le pardon de Saint-Emilion se célèbre le dernier dimanche d'août ; il est très fréquenté par les Kernevotes qui appellent saint Emilion Tad ar bara le père du pain. La tradition raconte, en effet, que accusé injustement de gaspiller le bien du comte de Vannes, saint Emilion se justifia en changeant en pain des copeaux de bois. Aussi les pèlerins chantent-ils à l'envi son cantique le jour du pardon :

Eunn devez, dre nerz ho peden,
Koat enn bara 'nem chanche ;
D'ann dud dal roec'h sklerijen,
D'ar re varo ar vue.

[Note : Un jour par ses prières il changeait du bois en pain ; il rendait la vue aux aveugles et la vie aux morts].

Les dévots serviteurs de saint Emilion viennent l'invoquer pour la conservation de leurs récoltes ; ils apportent en offrande du grain et reçoivent en échange quelques épis de blé que les trésoriers leur offrent et qu'ils emportent comme de précieux talismans et comme un doux souvenir du pardon. Enfin ils ont bien soin, avant de quitter Saint-Emilion, d'aller pieusement boire à la fontaine du Bienheureux.

(Abbé Guillotin de Corson, 1902).

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