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LES COMPAGNONS FRANCAIS DE MAGELLAN

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Expédition de Fernand Magellan

Un érudit espagnol, M. Gumma y Marti nous donne des renseignements sur tous les marins français qui prirent part à l'expédition de Magellan.

Magellan qui était, comme on le sait, de nationalité portugaise mais qui, à la suite de difficultés et d'injustices de la part de son gouvernement, avait pris du service en Espagne, fit appel, pour l'expédition dont l'avait chargé Charles Quint, à des marins de diverses nations. Il y avait parmi son équipage — en outre des Espagnols — des Portugais, des Génois, des Vénitiens, des Grecs, des Anglais, des Allemands et des Français.

Ce fut le 20 septembre 1519 que sa flottille quitta le port de Séville.

Nous donnerons d’abord un court résumé de cette célèbre expédition — célèbre mais peu connue. Elle comprenait 5 navires de 90 à 140. C'étaient la Trinidad (navire-amiral), de 140 tonnes, commandé par Magellan en personne ; le San Antonio, du même tonnage, commandé par Jean de Carthagena ; la Concepcion, de 110 tonnes, commandée par Gaspard de Quesada ; la Victoria, de 100 tonnes, commandée par Luis de Mendoza ; le Santiago, de 90 tonnes, commandé par Jean de Serrano.

Les équipages formaient un total de 365 hommes.

Partie, comme nous l'avons dit, le 20 septembre 1519 de Séville, l'escadre de Magellan arriva le 13 décembre dans la baie de Rio de Janeiro déjà connue des Portugais et des Dieppois.

Le 10 janvier 1520 elle découvrit l'estuaire de la Plata. Continuant sa route vers le Sud, Magellan arriva au port de San Julian par 49°15 de latitude Sud. C’est là qu’il se décida de passer l'hiver austral.

Pendant ce séjour à San Julian, il eut à lutter contre trois de ses lieutenants, Quesada, Mendoza et Carthagena, qui refusèrent d'aller plus loin. Soutenu par le seul Serrano, il vint à bout de la révolte et fit mettre à mort les coupables. Au cours du même hiver, le Santiago se perdit dans le Rio de Santa-Cruz ; mais l'énergique Serrano put ramener l'équipage qui fut réparti sur les autres bateaux.

Fernand Magellan

On repartit le 18 octobre, et le 21 du même mois on reconnut l'entrée du détroit cherché. Mais là il fut encore lâché par un de ses bateaux, le San Antonio qui, sous la conduite de son pilote, regagna Séville. La petite escadre était ainsi réduite à trois unités la Trinitad, la Concepcion et la Victoria.

C’est avec ces trois navires que Magellan traversa le détroit qui porte son nom et déboucha le 28 novembre 1520 dans le Grand Océan Occidental, auquel il donna le nom d'Océan Pacifique.

La traversée du détroit de Magellan

Il mit le cap au Nord-Ouest et après une longue traversée où ses équipages eurent à souffrir cruellement du manque d'eau douce et de vivres, il arriva le 6 mars 1521 aux îles Marianne, puis le 16 mars aux îles Philippines.

Admirablement reçu par un grand chef de l'île Matan nommé Zébu, qu’il convertit au christianisme et qui se reconnut vassal du roi d'Espagne, il se crut obligé de le soutenir dans sa lutte contre un de ses adversaires. Il périt au cours d'un combat où, avec 55 hommes seulement, il eut à lutter contre un millier de Malais (27 avril 1521), Ses équipages invités, sous prétexte de réconciliation, à un grand festin, y furent en grande partie traitreusement assassinés.

Sébastien del Cano prit le commandement de l'expédition à la place de Magellan. Les équipages n’étant plus assez nombreux pour armer les trois bateaux, il en fit brûler un, la Conception. Un peu plus tard, la Trinidad le lâcha et fut prise aux Moluques par les Portugais.

Ce fut donc avec la seule Victoria que Sébastien del Cano put regagner l'Espagne en contournant l'Afrique par le Cap de Bonne-Espérance. Et ce fut seulement le 15 octobre 1522 qu'il remonta le Guadalquivir et arriva à Séville après une absence d’un peu plus de trois ans.

Fernand de Magellan

Fernand de Magellan

Revenons maintenant aux quelques Français qui prirent part à ce pénible mais glorieux périple.

A bord du navire-amiral, la Trinidad, se trouvaient trois Français dénommés : Jean-Baptiste, Petit-Jean et Guillaume Tanguy.

Jean-Baptiste était de Montpellier. Il s'engagea dans l'expédition comme bombardier (nous dirions aujourd’hui canonnier) et périt dans le combat des Philippines.

Petit-Jean était originaire d'Angers. Il s’engagea comme arbalétrier et servit, en outre, d'ordonnance à Magellan. Il périt dans le guet-apens du 1er mai 1521.

Guillaume Tanguy était bombardier comme Jean-Baptiste et périt, lui aussi, dans le même guet-apens. Il était originaire de Lila de Groya, ce que l'écrivain espagnol traduit par Croix en Flandre, mais qui doit se traduire évidemment par l'île de Groix. Et c’est aussi l'avis du savant historien de la Marine Française, M. Charles de la Roncière [Note : Il y a bien, en effet, une petite ville du nom de Croix en Flandre. Mais la traduction donnée par Gumma y Marti paraît des plus fantaisistes. En outre, des arguments tirés du caractère breton des noms de Tanguy, Yvon, Guillemette, quelle vraisemblance y a-t-il qu'un habitant de l'intérieur des Flandres se fût engagé dans l'aventureuse expédition de Magellan ? tandis qu'il est bien naturel qu’elle ait tenté un de nos hardis marins de Groix, toujours prêts à répondre à l’appel du large. Nous verrons, du reste, plus loin, que probablement il ne fut pas le seul]. Outre la presque identité du mot Groya avec Groix, le nom même de ce marin trahit son origine. Son nom de Tanguy est essentiellement breton. Il existe encore bien des Tanguy sur nos côtes. Le père de ce Tanguy s'appelait Yvan ou Yvon, nom également bien breton et sa mère s’appelait Guillemette, prénom également assez répandu en Bretagne.

A bord du San-Antonio se trouvait un prêtre français, aumônier du bord, Bernard Calmette, de Libourne, Il un des rares survivants qui débarquèrent en 1522, à Séville.

Sur le même bateau était un nommé Jacques de Mesa, désigné comme connétable des bombardiers, qui lui aussi fit toute la campagne et revint en Espagne. Il était originaire de Tua Lorena, ce que M. Gumma y Marti traduit par Toul en Loraine. Cependant son nom patronymique de Mesa paraît bien espagnol ; la traduction susdite est donc assez discutable.

Si lion peut douter de la nationalité française de Jacques de Mesa, il n’en est pas de même de celle de deux autres marin  du San Antonio. L’un, Juan Frances (ou Jean le Français), était natif de Rouen et revint à Séville. L’autre, Colin Baco, fit le voyage comme mousse ; il était né à Bologna (Boulogne). Nous ne savons ce qu’il devint ni comment et quand il mourut — il n’est pas mentionné parmi ceux qui revinrent en Espagne.

Sur la Victoria, se trouvait un calfat, du nom de Simon, de La Rochelle ; ses parent étaient originaires de Saint-Martin-de-Ré. Il périt dans le massacre de Cebu. 

Un autre Français, embarqué sur ce même bateau où il exerçait les fonctions de bombardier, se nommait Philibert et était originaire de Torres en Tolaine ou de Vrienes en Turan, ce que M. Gumma y Marti traduit par Tours ou Brennes en Touraine. Quoi qu’il en soit, ce nom de Philibert est bien français et assez répandu dans l'Ouest de la France. Il mourut des suites de blessures reçues dans l'attaque qui coûta la vie à Magellan, en 1521.

Le troisième Français de la Victoria se nommait Etienne Villon ou Billon, dit aussi Etienne Breton. Il était inscrit comme né à Trosyc en Bretagne. Il n’existe pas de village de ce nom sur nos côtes, et il faut lire ici certainement Le Croisic. Il était simple matelot et mourut, le 14 juillet 1522 aux Iles du Cap Vert.

Un quatrième Français, embarqué sur le même bateau, était inscrit sous le nom de Mahuri ou Mauri. Il était originaire de Narbonne et mourut en mer le 18 mai 1522, par le travers du Cap de Bonne-Espérance. On ne dit pas quelles étaient ses fonctions à bord de la Victoria.

A bord du Santiago, se trouvait un nommé Barthélémy Prieur, de Saint-Malo, qu'on appelait plus simplement Malo Francis ou simplement Malo. Il était contremaître (ou officier-marinier).Après le naufrage du Santiago à San-Julian, il fut embarqué sur la Trinidad, et mourut à Malacca en novembre 1521.

Il y avait sur le même bateau un Richard, de Normandie, né à Biuz ou Ebuas, noms qui peuvent se traduire par Bayeux ou Evreux. Il était charpentier ; au naufrage du Santiago il fut embarqué sur la Victoria et revint avec Sébastien del Cano en Espagne, après avoir été retenu quelque temps par les Portugais comme prisonnier aux îles du Cap Vert.

Deux autres Français étaient embarqués sur le Santiago comme bombardiers, l'un, Maître Laurent Corrut ou Corrat, était de Falaise en Normandie. Transbordé sur la Victoria, après le naufrage du Santiago, il mourut en mer, probablement le 13 mai 1522. L’autre, Jean Massies, dont on n'indique ni le lieu de naissance — mais dont le nom paraît bien français — ni la spécialité, mourut à bord de la Trinidad.

Un quatrième Français était embarqué sur le Santiago. Il s’appelait Pierre Gaston ou Gascon. Il était de Bordeaux. Embarqué comme mousse, il devint matelot et mourut en mer à bord de la Victoria le 12 mai 1522.

Deux autres mousses français se trouvaient bord du Santiago et nous intéressent particulièrement. L'un nommé Jean Blas — probablement Bras (Le Grand) ou Jean Breton, était natif de Trosyc en Bretagne, c’est-à-dire du Croisic, comme nous l'avons déjà expliqué. Son père s'appelait Jean d'Yvardel ou d'Ybardel, et sa mère était une Jeanne Alga — qu’il faut lire probablement Jeanne Algan ou Halgan, nom de famille très répandu dans la région de la Basse-Loire [Note : Au XIXème siècle, un amiral Halgan prit part à la bataille de Navarin ; son nom fut donné à un groupe d'îles du Pacifique dont il avait fait la découverte ou l’exploration], ce qui confirme encore l'opinion que nous avons émise plus haut que Trosyc n’est autre que la corruption du mot Croisic.

 L’autre s’appelait Pierre Arnaot (Arnaud) et était de Horray (Auray) ou de Croix (Groix).

Transbordés tous les deux du Santiago sur la Trinidad, ils périrent probablement en 1522 après la prise de ce dernier bateau par les Portugais aux Moluques.

Fernand de Magellan

En résumé, on doit compter : 

- Sur la Trinidad, 3 Français dont Breton, Tanguy de Groix. 

- Sur le San Antonio, 4 Français, ou 3 si l’on élimine le Jacques de Mesa.

- Sur la Victoria, 4 Français dont un Breton, du Croisic.

- Sur le Santiago, 7 Français, dont 3 Bretons, de Saint-Malo, du Croisic et d'Auray (ou de Groix).

Soit, au total, 18 (ou 17) Français dont 5 Bretons.

Trois seulement de ces 18 compagnons Français de Magellan, Bernard Calmette (l'aumônier), Juan Frances et Richard de Normandie, revinrent de ce grand voyage de circumnavigation, le premier que l'histoire ait mentionné.

Aucun de nos cinq compatriotes Bretons n'en revint.

C'est une raison de plus pour que leurs noms restent attachés à l'histoire de ce glorieux périple (Florian la Porte).

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