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LA BARONNIE DE MALESTROIT

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On trouve les seigneurs de Malestroit dans l'histoire de Bretagne dès le commencement du XIIème siècle, ce qui prouve que la seigneurie de ce nom existait dès lors. Elle fut érigée en haute-baronnie par le duc Pierre II, l'an 1451. La chambre des comptes de Bretagne en a conservé six aveux généraux, des années 1471, 1507, 1532, 1550, 1566 et 1679 ; c'est de ces aveux, en particulier du premier et du cinquième, que sont extraits les détails suivants.

La baronnie de Malestroit comprenait en entier les paroisses de Malestroit, Saint-Marcel, Bohal, Tréal ; en grande partie celles de Sérent, Missiriac, Saint-Abraham, Caro, Reminiac, Ruffiac et Saint-Nicolas-du-Tertre, trêve de Ruffiac, Saint-Laurent-de-Greneuc, Saint-Congar et Pleucadeuc [Note : Les deux paroisses de Pleucadeuc et de Saint-Congar étaient partagées entre la seigneurie de Malestroit et celle de Rieux ; cependant la première paraît y avoir plus possédé que l'autre. — Le comté de Porhoet avait en Sérent une seule mouvance, la Chapelle à Sérent] ; enfin elle avait quelques pièces moins importantes en Carantoer, Augan et Ploermel. 

Le chef-lieu de la seigneurie a toujours été Malestroit, ou, comme dit l'aveu de 1679, « la ville et forteresse de Malestroit, circuite et fermée de murailles, tours, boullouars et autres fortifications, douves et fossés, ouverte de quatre portes à ponts-levis, auxquelles respondent les quatre forsbourgs de la Madelaine, Saint-Michel, Sainte-Anne et Saint-Julien ; en laquelle ville de Malestroit le seigneur (dudit lieu) a droit de pourvoir un gouverneur ».

Malestroit avait effectivement été clos de murs en 1462, une douzaine d'années après l'érection de la terre en baronnie. Cette première enceinte, détruite, ou au moins fort détériorée par les divers sièges que la ville soutint sous la Ligne, fut réparée, fort augmentée et peut-être entièrement rebâtie vers la fin du XVIème siècle ; il reste encore aujourd'hui sur le terrain des traces visibles de ces secondes fortifications.

Avant 1462, Malestroit n'avait jamais eu qu'un château, dont la situation n'a pas été exactement précisée. La tradition le place dans la prairie en amont du grand pont de Malestroit, entre le lit naturel de la rivière d'Oust et le canal moderne de Nantes à Brest. Ce qui tend à confirmer cette tradition, c'est que dans un aveu du XVIIème siècle, qui se trouve aux archives de la Chambre des Comptes, cette prairie, où l'on a depuis creusé le canal, est nommée « la Prée Saint-Gilles, autrement la Prée du Chasteau ».

Parmi les objets qui étaient dans le domaine immédiat du seigneur baron, je remarque (suivant l'aveu de 1471) « les moulins de la chaussée de Malestroit, tant à blez, à draps que à tan, o leurs maisons, chaussée, refoul, etc., avecques les pescheries d'icelle chaussée et ponts de Malestroit ». C'étaient les moulins seigneuriaux situés, comme aujourd'hui, sur les ponts de Malestroit, dans l'île qui se trouve entre la ville et le faubourg de la Madeleine. En 1471, ces moulins rapportaient au seigneur, année commune, 65 livres en argent, 32 mines 2 boisseaux de froment, et autant de seigle ; le revenu annuel des pêcheries était de « 22 soulz 6 deniers, 100 anguilles manualles et 200 anguilles menues ». On entend ici par anguilles manualles ou manuelles, celles qui sont assez grosses pour emplir la main.

Le baron de Malestroit avait juridiction haute, basse et moyenne, et justice patibulaire à quatre pôts ou piliers dressée aux portes de sa ville, dans une lande bordant la route de Rochefort, qui se nomme encore aujourd'hui la Lande de la Justice ou du Poteau. En cas d'exécution capitale, il avait aussi devoir de voyer, c'est-à-dire (suivant les aveux de 1566 et 1679) que « lorsqu'il y a quelque condamné à mort et à estre executé et exterminé à la justice patibulaire de ladite juridiction (de Malestroit), les sieurs du Couedic-au-Voyer (en Missiriac), du Cleyo (en Caro) et de Lieuzel (en Pleucadeuc), vassaulx et subjectz dudit seigneur (de Malestroit) sont tenuz, de leurs personnes ou par procureurs gens nobles, de l'assister à cheval, ayant chacun d'eux une verge blanche en la main, et depuis l'huys de la prinson, estans les plus proches dudit criminel au devant de luy, doivent conduire ledit criminel jusques au chesne appellé le Chesne au Voyer, pres la justice patibulaire ».

Le seigneur de Malestroit possédait encore plusieurs beaux droits, entre autres le devoir des poissonniers et le devoir de quintaine. Le seigneur baron avait droit de faire courir, tous les ans, trois quintaines sur sa terre, deux à Malestroit le lendemain de Noël, l'une en la rue de Baudet, près du faubourg Saint-Julien, l'autre à la Madeleine, et la troisième le lendemain de Pâques au bourg de Tréal.

De la baronnie de Malestroit relevaient un grand nombre de vassaux nobles ; l'aveu de 1566 en compte 79, et peut-être y en a-t-il eu encore davantage. Quelques-uns avaient envers le seigneur baron des obligations assez curieuses ; on a vu plus haut celles des sieurs de Lieuzel, du Clio et du Couedic-au-Voyer. La terre de la Houssaie (en Pleucadeuc) en imposait à son possesseur une d'un autre genre ; ce possesseur était, en 1471, un certain sieur de Plumaugat, dont l'aveu de cette date décrit ainsi les obligations : « …. Savoir, toutes et quantes foiz que le seigneur de Malestroit couche une nuyt hors deladite ville et forbourgs et qu'il vient ensuite en ladite ville, celui sieur de Plumaugat (à cause de son manoir de la Houssaie) doit audit seigneur de Malestroit, paravant que ledit seigneur soit deschaussé de ses esprons, lui arrivé à ladite ville à son logis, deux potz de terre neuffs, l'un plein de sel et l'autre vuyde, chacun desquelz potz doit estre de telle grandeur qu'il y puisse cuyre ung chapon, ung jambon , o [Note : Peut-être faut-il lire « ou » au lieu de « o »] autres chairs appartenantes pour ung plat de bouet, et présenter iceulx deux potz audit seigneur, à sa personne ».

Remarquons en passant ce mot bouet, qui signifie ici un repas ou pitance substantielle, et qui est absolument le même que le bwyd ou boued (nourriture, viande) des Bretons et des Gallois.

Le sieur du Bezit (en Caro) devait un plus galant service que celui de la Houssaie, et qui était que « la premiere foiz que la damme de Malestroit fait son entrée en ladite ville, apres que elle est damme dudit lieu, les sieurs dudit lieu du Bezit et detenteurs d'iceulx heritages doivent comparoir au dehors de la porte de ladite ville par laquelle ladite damme fera son entrée, et prandre la hacquenée de ladite damme par la renne de la bride, et la conduyre en ladite ville jucques au lieu de la descente ».

Cette obligation et la précédente sont décrites dans l'aveu de 1471 ; on ne les trouve plus dans les aveux du XVIème siècle, et elles tombèrent, semble-t-il, en désuétude, puisqu'on ne voit point qu'elles aient été remplies en 1657, lors de l'entrée solennelle que fit en sa ville le baron de Malestroit, qui était alors Louis de Cossé-Brissac. J'ai retrouvé, dans un registre de la mairie de Malestroit, un petit récit de cette entrée écrit par quelque contemporain ; et comme il relate d'ailleurs plusieurs circonstances cugulier. Voici ce morceau :

« Très-haut très-puissant et très-illustre prince Louis de Cossé, duc de Brissac, pair de France, baron dudit Malestroit, successeur de François de Cossé son père, fit sa première entrée en qualité de propriétaire de sa baronnie de Malestroit (y aient esté comme enfant plusieurs fois auparavant) le 2me de juin 1657. Il avoit couché à Redon. De quoi ses habitans de Malestroit aient eu advis et qu'il venoit, allerent au devant de lui, cinquante à cheval et trois centz d'infanterie. La cavallerie le reçut vis-à-vis de la maison de Saint-Donat, en Saint-Nicolas-du-Tertre, avec harangue et aultre ceremonie ; et l'infanterie reçut ledit seigneur en fort bon ordre dans la lande au-dessus de la maison de la Ville-Robert.

Et de là s'en retournant tous ensemble et en ordre, passèrent par le bourg de Ruffiac, où l'escuyer Louis de la Bourdonnais, sieur de Couetion, qui avoit depuis peu de temps fait eriger sa terre de Couetion en vicomté, avoit fait bastir une halle. Apres que ledit seigneur duc de Brissac l'eût vue, il commanda à ses gardes de mettre pied à terre, et en mesme temps M. de Logivierre, l'un des gentilshommes dudit seigneur duc, se print à dire à haulte voit : L'eusses-tu cru ? L'eusses-tu crû ? L'eusses-tu cru ? Et au mesme instant les gardes, pages et laquais se mirent à frapper à coups de haches qu'ils avoient aportées et fait exprès ; dont ladite halle ne dura pas plus d'une heure subout (sic). Et furent tous les bois, maçonnerie et ardoises mis en pieces.

Ledit seigneur duc arriva dans le forbourg de la Magdelaine de Malestroit environ les six heures de l'après-midi dudit jour 2me de juin ; et avant qu'il eust entré sur le premier pont, il mit pied à terre : où se presantèrent Messieurs du clergé de ladite ville de Malestroit, avec toutes les solennités requises à un seigneur de son eminence ; vénérable et discret missire Gilles Guillemet, recteur dudit Malestroit, lui fit harangue. Et en après, ledit duc estant conduit sous un poile, comme il passoit à la porte de l'eglize des PP. Augustins, le P. prieur, assisté de religieux, se presanta, lequel lui fit aussi harangue. Et apres fut conduit dans l'eglize de Saint-Gilles paroisse du­dit Malestroit, où fut chanté le Te Deum laudamus et l'Exaudiat. Il y avoit si grand peuple de toutes les qualités que toute l'eglize, le Bouffai [Note : C'est la principale place de Malestroit, sur laquelle s'ouvre la porte méridionale de l'église] et toutes les rues estoient toutes pleines.

La communauté de ville lui fit presant (au duc de Brissac) de six baricques de vin cleret ».

La vicomté de Couetion, dont la halle eut une destinée si tragique, n'était point une seigneurie méprisable. Mais comme elle se composait en majeure partie de terres et rentes relevant originairement de la baronnie de Malestroit et que M. de la Bourdonnaye voulait mettre dans la mouvance immédiate du Roi, il s'ensuivit entre parties un long procès, une grosse querelle dont l'extermination de la halle de Ruffiac n'est pas l'épisode le moins curieux, et qui prit fin cependant par une transaction passée en 1660 (A. L. B.).

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