Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

AUGUSTINS DE MALESTROIT

  Retour page d'accueil       Retour Ville de Malestroit   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Les Ermites de Saint-Augustin prétendaient remonter jusqu'à l'évêque d'Hippone, qui aurait été leur fondateur. Ils avaient pour objet principal la vie retirée, l'oraison et la célébration de l'office divin. Divisés en plusieurs branches ou congrégations, ils furent réunis en un seul ordre, sous le nom d'Augustins, par le pape Alexandre IV en 1256. 

Leur costume comprenait une robe noire avec une ceinture de cuir et un camail avec capuchon de même couleur. Ces religieux eurent de bonne heure des établissements en Italie, en Espagne, en France, en Allemagne... S'ils ont compté dans leurs rangs le triste Martin Luther, ils ont produit en revanche saint Nicolas de Tolentino, saint Thomas de Villeneuve, saint Jean de Saint-Facond et d'autres bienheureux.

En France, la maison de Paris était considérée comme la principale de l'ordre et entretenait des rapports avec les autres établissements. Quand la réforme monastique de l'ordre vint fonder de nouvelles branches, sous les noms de Déchaussés, de Petits-Pères, etc. les anciens Augustins furent appelés les Grands-Augustins, pour les distinguer des nouveaux.  De nos jours, nous avons vu fonder à Nîmes, puis à Paris, une nouvelle congrégation d'Augustins ; ils portent le nom d'Augustins de l'Assomption ou d'Assomptionistes, et conservent le costume des anciens religieux. 

FONDATION

La rivière d'Oust, en passant à Malestroit, forme un îlot appelé tantôt la Saudraye, tantôt Notre-Dame.

C'est là qu'était bâti l'ancien château des seigneurs de Malestroit. Après l'abandon et la ruine du castel, une chapelle y avait été bâtie au XVème siècle et avait reçu le nom de Notre-Dame de Toute-Joie. Dès le 22 novembre 1602, on trouve le testament de Dom Guillaume Gorion, prêtre de la Madeleine, donnant à cette chapelle la moitié d'une maison, située sur le bord de la rivière.

Durant tout le XVIème siècle, ce petit sanctuaire fut très fréquenté du public ; on aimait à prier dans cet îlot solitaire, qui ressemblait à un esquif porté sur la surface des eaux.

Afin d'y assurer le service divin d'une façon quotidienne, les Augustins de la congrégation de Paris demandèrent, vers 1633, l'autorisation de s'établir près de la chapelle de Notre-Dame. La communauté de la ville de Malestroit y consentit ; le recteur de la paroisse et l'évêque de Vannes donnèrent aussi leur assentiment, et dès l'année suivante des religieux s'y fixèrent.

Les Augustins de Malestroit construisirent leur couvent au midi de la chapelle de Notre-Dame de Toute-Joie. C'était une maison à deux étages, avec grenier au-dessus, ayant sept ouvertures à chaque étage de la façade vers le sud. Au chevet de la chapelle il y avait une sacristie sans étage, flanquée, de deux pavillons plus élevés.

Malestroit (Bretagne) : couvent des Augustins.

Au commencement de leur séjour, les Augustins n'étant pas au courant des usages et des droits paroissiaux, voulurent se mêler un peu plus qu'ils ne devaient à quelques enterrements. Voici du moins trois notes extraites des registres de sépulture de la paroisse. En janvier 1636, aux obsèques d'un habitant du faubourg de Saint-Julien, « pour ce que les moines voulaient officier, le corps fut transporté de Saint-Julien à Saint-Gilles, église paroissiale ». — Le 21 décembre de la même année, « il y eut altercation avec les moines qui voulaient avoir un défunt, pour l'enterrement à Notre-Dame de Toute-Joie ». - Un an après, à savoir le 4 décembre 1637, « le corps de N. de Forges, sieur de la Guerche, fut amené de Sérent, pour être enterré dans la chapelle de Notre-Dame de Toute-Joie aux Augustins ; presque toute la ville sortit au devant, mais les prêtres de Malestroit, Missiriac et Caro furent mal reconnus ». - A part ces trois notes de mécontentement, on ne trouve plus la moindre plainte contre les religieux, ce qui prouve que l'harmonie régna désormais jusqu'à la fin.

Le 29 novembre 1657, Jeanne de Lentillé, sous l'autorité de son mari Nicolas Gorel, donna aux Augustins une rente annuelle de 30 livres, pour avoir un enfeu dans la chapelle, quatre messes chantées par an et deux messes basses par semaine. Les religieux étaient alors les PP. Sébastien Palluis, prieur, Robert Collin, sous-prieur, Jean Guéret, sacristain, Pierre Parril, procureur, Guillaume de Préaubert et Fulgence de Préaubert, tous prêtres.

Le 7 mai 1686, M. Hyacinthe-Baptiste de Bohal et Marie-Perrine Ermar, sa compagne, donnèrent un constitut de 50 livres de rente, pour avoir à N.-D. de Toute-Joie deux tombes, avec bancs et armoiries, deux services par an, et deux messes basses par semaine.

Le 27 juin 1689, Jean Berthelot, marchand, et Yvonne Le Pélerin, sa femme, donnèrent une rente de 3 livres, hypothéquée sur un jardin, situé à la Madeleine, pour avoir huit messes par an, à jours déterminés.

D'autres fondations, dont les titres sont perdus, s'ajoutèrent aux précédentes, de manière qu'en 1790 les religieux avaient 373 messes basses à dire par an. C'est probablement pour acquitter ces messes qu'ils avaient reçu quelques pièces de terre mentionnées dans l'état suivant.

« Déclaration des meubles et des immeubles des RR. PP.  Augustins de Malestroit, conformément au décret de l'Assemblée nationale (du 13 novembre 1789), sanctionné par Sa Majesté.

« A la sacristie : deux calices, une petite croix, un encensoir et sa navette, deux burettes avec leur plat, un petit soleil, une custode, une ampoulle pour les saintes huiles, le tout en argent ; — un plat de cuivre, quatre burettes et un petit plat d'étain ; — divers ornements, chasubles, dalmatiques, chapes, aubes, amicts... plus ou moins usés.

« Au maître-autel : six chandeliers de bois doré, avec un Christ sur le tabernacle ; — à la chapelle de la Vierge, quatre chandeliers de bois doré et un Christ, deux petits coeurs d'argent et trois petits reliquaires ; — dix vases dorés et dix autres argentés pour les fleurs...

« A la lingerie : 17 nappes, 70 serviettes, 24 draps, 6 toiles d'oreiller, une armoire et un vieux coffre.

« A la cuisine : une vieille armoire, une vieille table, dix plats et douze assiettes d'étain, sept casseroles, un bassin, deux marmites, un tourne-broche, etc...

« A la bibliothèque : environ 250 vieux bouquins, tous dépareillés, et un vieux coffre contenant les archives de la maison.

« A la salle : un lit garni, deux tables et douze chaises. 

« Cinq chambres pour les quatre religieux et un domestique, contenant chacune un lit garni, une armoire, une table et quelques chaises.

« Derrière la maison, un jardin potager, planté d'arbres, contenant, environ un tiers d'arpent.

« Devant la maison, un autre à peu près semblable.

« Deux tenues dans la paroisse de Sérent rapportant 21 livres 10 sols.

Quelques pièces de terre à Malestroit, affermées... 40 livres.

Un grand pré et une petite isle, affermés… 56 livres.

Une partie du bois taillis de Vagasse (Saint-Michel) : 4 livres 10 sols.

Une rente due par Julien Breton : 4 livres.

Une rente due par mademoiselle Vellec : 19 livres.

Diverses petites rentes : 11 livres 2 sols.

Rente due par la maison de Girouette, en Lorraine : 15 livres.

Rente due par M. de la Villeder : 10 livres.

Rente due par M. du Prédy : 40 livres.

Rente due par l'hôpital de Malestroit : 55 livres.

Total  :  276 livres 2 sols.

 

« Les charges de la maison sont :

Rente au seigneur de Malestroit : O livre 2 sols.

Droit de tronc, dû au recteur de Malestroit : 30 livres.

Décimes imposés à la maison : 3 livres 4 sols.

Acquit de 373 messes, à 12 sols : 223 livres 16 sols.

Total : 257 livres 2 sols.

Les dettes de la maison, à l'égard du boucher, du boulanger et de diverses personnes, montent à 2.783 livres 19 sols.

« Nous certifions le présent état conforme à la vérité. A Malestroit, le 4 mai 1790. Signé : F. Cl. Collignon, prieur. F. Ignace Maupas, F. Pierre Blain » (F. Nic. Grafetau).

Archives départementales, L. 783.

A cette pièce, il faut en ajouter une autre.

« A Messieurs les administrateurs du département du Morbihan, supplient et remontrent humblement Claude-Augustin Collignon, Ignace Maupas, Pierre Blain et Nicolas Grafetau, prieur et religieux de la communauté des Augustins de Malestroit, disant qu'après avoir fourni, conformément aux décrets nationaux, une déclaration et un inventaire exact des revenus de la maison et de ses charges ordinaires, il ne leur reste de revenu net qu'une somme de 19 livres (alias 11 l. 10), qui est absolument insuffisante pour faire face à la nourriture et à l'entretien de quatre religieux.

« Les suppliants, Messieurs, sont par l'institution de leur ordre obligés de faire la quête ; son produit avait jusqu'à présent, avec les honoraires de messes, frayé à un entretien et à une dépense honnête des religieux et aux réparations des bâtiments de leur maison.

« La communauté des Augustins de Malestroit a essuyé depuis trois ans des malheurs et des pertes considérables. Dans un très grand débordement de la rivière d'Oust, le choeur de leur église et une partie des bâtiments s'écroulèrent et encombrèrent les moulins de Malestroit : il fallut faire à grands frais enlever ces décombres, pour éviter les dommages et intérêts qu'auroit pu prétendre M. de Sérent, propriétaire de ces moulins, ou son fermier.

« L'année suivante, tous les religieux de la maison furent attaqués en même temps d'un poison lent et subtil : un seul succomba, mais les autres furent très longtemps à se rétablir et dans cette maladie fâcheuse la maison fut même abandonnée par les domestiques, et elle resta ouverte à tous les étrangers.

« C'est après ces pertes et ces malheurs, que les supplians n'ont pu réparer, qu'ils ont été forcés de discontinuer les quêtes, et que l'Assemblée nationale a décrété et fait publier que les quêtes n'auroient plus lieu, et que tous les religieux seroient pensionnés dorénavant.

« Qu'il vous plaise, Messieurs, ayant égard au juste exposé ci-dessus, ordonner que, sur les deniers communs de la ville de Malestroit, ou autres deniers publics, il sera compté aux supplians, le plus tôt possible, une somme de douze cents livres, pour les besoins les plus indispensables de leur maison ; ils redoubleront leurs voeux, Messieurs, pour votre conservation et pour la justice de votre administration.

Signé : Fr. Collignon, prieur, F. Ignace Maupas, F. Blain, prêtre. Malestroit, le 3 septembre 1790 » (L. 783).

Trois jours après, le Fr. Nicolas Grafetau mourait. Le 7 octobre suivant, l'administration départementale accordait à la maison un secours de 900 livres.

Malestroit (Bretagne) : couvent des Augustins.

Le 21 mars 1791, le directoire du département du Morbihan ordonna la fermeture du couvent des Augustins et la réunion des religieux aux Capucins de Vannes. Les Augustins n'ayant pas la même règle que les Capucins, préférèrent se disperser. C'est pour ce motif qu'on trouve en 1791 le F. Blain à Molac et les autres ailleurs.

La vente nationale de leurs biens ne se fit pas attendre.

Le 9 mai 1791, le jardin du nord fut adjugé à M. Noël, curé constitutionnel de Malestroit, ex-chartreux, pour 1.110 livres. Le même jour, le pré des moines fut vendu à P. Marmagnan, pour la somme de 2.400 livres.

Le même jour encore, les terres situées à la Madeleine furent délaissées à L. Pihart, pour 1.725 livres.

Le 25 juin 1791, l'église, le couvent et le jardin du midi furent adjugés à Perret du Val, pour 3.625 livres.

Le même jour, la petite île en pré fut vendue à Y. Olichon, pour le prix de 181 livres.

Malestroit (Bretagne) : couvent des Augustins.

J.M. Le Mené

 © Copyright - Tous droits réservés.