Retour page d'accueil       Retour " Ville de Malestroit "   

Il semble d'après un titre de Marmoutier de 1202, rapporté par Dom Morice, que ce fut sous le pontificat de Jacques, évêque de Vannes, que fut fondé le prieuré de Malestroit. Ce prélat vivait l'an 1129, d'où il résulterait que cette fondation a eu lieu presque aussitôt que celle de Saint-Martin de Josselin. En 1131, Guillaume, prêtre du monastère de Gourhel, monastère dont nous ne connaissons que le nom conservé dans celui de la petite paroisse de Gourhel, près de Ploërmel ; en 1131, disons-nous, Guillaume donna aux moines demeurant à Malestroit tout ce que Donoal évêque de Saint-Malo, lui avait concédé dans l'église de Caro, c'est-à-dire la moitié de cette église et quelques autres biens et dîmes. L'évêque Jacques donna, pour compléter la fondation de Payen de Malestroit, l'église de la Magdelaine, située dans la paroisse de Miceriac (Missiriac). Cette église était sûrement la même que celle qui est maintenant dans les limites de la paroisse de Malestroit. Car il est très-probable que le château de Malestroit n'embrassait pas toute l'étendue de terrain que la ville occupe aujourd'hui, et comme la commune de Malestroit est enclavée dans celle de Missiriac, il est de toute évidence que la Magdelaine faisait alors partie de cette dernière.

Un titre de Marmoutier de 1116, antérieur par conséquent à la fondation du prieuré, rapporte que deux prêtres, bretons d'origine, donnèrent à cette célèbre abbaye l'église de Saint-Cyr et de Sainte-Julitte de la paroisse de Molac, et ensuite se firent moines. Cet acte se trouve mêlé à ceux qui regardent le prieuré dont nous nous occupons. Il me semble qu'on peut conclure de là, en y ajoutant la proximité géographique des deux endroits, que cette église fut donnée au prieuré de Malestroit.

Voici la relation de cette donation, assez curieuse pour être rapportée : L'an de l'incarnation 1116, deux prêtres, parents et de race bretonne, Guihomar et Jean, conduits certainement par l'Esprit-Saint, vinrent dans notre salle capitulaire de Marmoutier, et là demandèrent dévotement et reçurent la permission de participer à nos bonnes oeuvres. — Ils donnèrent ensuite, de pleine et libre volonté, à Dieu, à notre église de Saint-Martin, et aux moines qui y servaient Dieu, l'église de Saint-Cyr et de Sainte-Julitte, située dans le village (villa) appelée Mallach (Molac), dans l'évêché de Vannes, avec les dépendances, sans aucune exception, comme elle leur appartenait. Mais voulant rendre plus éclatant et plus constant le don sincère qu'ils faisaient, ils le représentèrent par un bâton qu'ils remirent dans la main de Mgr. Nicolas, alors évêque et présidant le Chapitre, bâton qu'ils déposèrent ensuite sur le grand autel.

En 1202, un autre Payen de Malestroit, à l'occasion du séjour que fit au prieuré Geoffroy, abbé de Marmoutier, confirma les donations qu'avaient faites aux moines ses ancêtres, et exempta d'impôts tous les habitants de Malestroit et les hommes liges des moines ; il leur fit en outre d'autres concessions, et l'abbé, pour le remercier de ses pieuses fondations, l'absout de l'accusation du meurtre d'un moine nommé Guillaume, qui pesait sur lui. En 1220, toutes les donations précédentes furent confirmées par le seigneur de Malestroit vivant alors.

Ici, comme pour le prieuré de Saint-Martin de Josselin, l'histoire manque jusqu'au XVIIème siècle ; encore à cette époque ne trouve-t-on que quelques titres, dont l'un du père procureur en 1681, nous apprend que ce prieuré et son annexe La Mongec, qui nous apparait pour la première fois, sont inquiétés par les fermiers du domaine du roi sur la justice qui a été donnée par les seigneurs de Malestroit en 1200. Il paraît que ce religieux ne possédait aucune pièce concernant l'établissement dont il faisait partie, depuis l'an 1471 jusqu'en 1612 ; il demande au procureur de Marmoutier s'il n'existerait pas dans le chartrier de l'abbaye quelque titre ou acte confirmant la­dite justice. Malheureusement, la lettre est restée sans réponse, ou au moins si les titres ont été fournis, ils ne sont plus aux archives de Vannes, qui contiennent tous les autres dont il a été fait mention.

L'église de la Magdelaine de Malestroit présente, sous le point de vue architectonique, toutes les conditions qui peuvent s'accorder avec l'histoire qu'on vient de lire ; son clocher offre une architecture plus ancienne que celle de l'époque de la donation, et peut être regardé comme le plus ancien du département. Le reste de l'église, si ou en excepte la restauration du XVème siècle, a dû être bâti quelque temps après l'installation des moines, et le cimetière que donna Guillaume de Gourhel est encore adjacent à ce monument ; il sert actuellement à ensevelir les morts de la paroisse de Malestroit. (Louis Galles).