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LA MARTYRE APRES LE CONCORDAT

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RÉTABLISSEMENT DU CULTE A LA MARTYRE.

Après la Révolution, avant la signature du Concordat, La Martyre fut pourvue d'un prêtre. M. Henry. vicaire général du Léon, y bénit, le 20 Janvier 1801, cinq mariages. Quelques-uns des contractants pouvaient être de sa famille, car il y avait parmi eux des Herry. Il paraphe et numérote le cahier des baptêmes et des mariages de 1801-1802. Il dut, à cette occasion (Archives de l'Evêché), installer dans la paroisse un curé d'office, M. Pierre Colin, natif connue lui de Guipavas, prêtre de Plabennec avant la Révolution. Déporté à l'île de Ré, le 22 Juin 1798, à l'âge de 34 ans, il en sort en 1800.

En Octobre 1803, M. Colin est arrêté et envoyé à une destination inconnue. On ne connaissait pas la raison de cette mesure. Le 1er Brumaire an XII (24 Octobre 1803), les paroissiens de La Martyre adressent au Préfet une protestation contre l'arrestation et l'enlèvement de leur curé. Plus tard on sut qu'il avait été exilé à Rimini par Bonaparte, comme inquiétant la conscience des acquéreurs de biens nationaux. Il fut rapatrié sur les instances de Mgr. Dombideau, qui le nomma recteur de Tréméven, le 1er Février 1808. Il mourut recteur de Plouédern, en 1810. Son dénonciateur avait été M. Mocaër. Devenu recteur de Guipronvel, en 1805, l'ancien curé constitutionnel de Ploudiry fait, en ces termes, l'aveu de son crime à Mgr. Dombideau de Crouseilles : 

« Touché par la grâce de Dieu qui ne cesse de m'éclairer de ses lumières et de jeter sur son indigne créature des regards de sa divine miséricorde, je me vois obligé, pressé par les remords de ma conscience, d'informer mon digne et vénéré prélat, Monseigneur Dombideau de Crouseilles, que par humeur, orgueil et vivacité, j'ai commis injustement de la peine à M. Colin, desservant de La Martyre. J'avoue même que pour le perdre, tant était grande la haine que je lui portais et à tous les prêtres insermentés, j'ai employé des moyens qui n'auraient jamais dû être dans mon esprit et encore moins dans mon coeur, ceux de la malice la plus noire et de la calomnie la plus atroce, étant guidé par un esprit de parti. Cet aveu me coûte beaucoup à faire, mais je le dois à la Justice et je le crois nécessaire à mon salut, que je regarderais comme désespéré si je ne faisais cette démarche que m'impose impérieusement la religion de Jésus-Christ pour réparer, autant qu'il est en moi, mes torts envers l'innocence opprimée. Je le fais de grand cœur et je n'hésite pas à demander bien sincèrement pardon à Dieu, à mon évêque, à mes confrères, à toutes les âmes que j'ai scandalisées, surtout à M. Colin que je voudrais rappeler dans la place qu'il occupait, dussé-je même souffrir pour lui l'exil injuste auquel il a été condamné, parce que je me crois l'auteur principal de ses maux. A Guipronvel ce 8 Novembre 1805 ».

M. Thomas, vicaire à Porspoder, succéda à M. Colin le 5 Mars 1804. Il reste très peu de temps à La Martyre ; se jugeant incapable de remplir sa charge, il demande à retourner à Porspoder, sa santé réclamant l'air de la mer. Exilé en Espagne dans une communauté située à 7 lieues des côtes, il avait constamment la fièvre. A La Martyre, il éprouvait le même malaise. Vers la mi-Avril, il est remplacé par M. Roquinare'h, auxiliaire dans la paroisse depuis son retour d'Espagne, où il a passé environ 23 mois.

Plusieurs paroisses du canton de Ploudiry ne furent pas si favorisées que La Martyre et durent rester longtemps encore sans prêtre. En 1801, les baptêmes et mariages de La Roche, Pont-Christ, Loc­Eguiner et Pencran se faisaient à La Martyre. Il en fut de même en 1802 et 1803, excepté Pencran.

Bien plus, quelques enfants de Ploudiry étaient baptisés à La Martyre, et parfois c'étaient leurs vrais curés qui venaient leur y administrer ce sacrement, comme en 1801, M. Le Goff, curé d'office de Ploudiry, et en 1802, M. Le Bris, faisant suivre sa signature de son ancien titre : « Prieur-recteur ».

L'ancien curé assermenté, M. Mocaër, continuait à faire du ministère à Ploudiry concuremment avec les prêtres que l'évêque y nommait, leur rendant la position tellement difficile qu'ils n'y restaient pas longtemps. En 1803, un certificat de proclamations de bans envoyé à La Martyre est signé : « Mocaër desservant provisoire de Ploudiry ». Malgré sa situation irrégulière, il avait dû à la longue se concilier la plupart des familles de cette paroisse, à preuve ce vœu émis par le conseil municipal dans sa séance du 30 Pluviose, an XII : « Le conseil municipal de Ploudiry désirant donner à M. Mocaër, curé de Ploudiry, un témoignage de satisfaction pour la bonne conduite qu'il a tenue, pendant qu'il y a résidé, lui vote des remerciements et arrête que M. Scouarnec, curé de fait, sera invité d'écrire à M. l'Evêque pour demander que M. Mocaër soit conservé à Ploudiry comme son premier vicaire, arrête en outre qu'il soit écrit à ce sujet en son nom tant à M. l'Evêque qu'au citoyen Préfet ».

Mocaër se soumit. En la date du 7 Février 1804, au bas d'un acte de baptême rédigé par lui, on lit ces mots : « Ici finit le chisme ».

A deux reprises, en 1806 et en 1807, Ploudiry, par suite de mort ou de départ de curés ; et La Roche pendant plusieurs mois en 1806-1807 durent rester sans prêtres, à en juger par les nombreux enfants de ces paroisses baptisés à La Martyre.

A son tour, La Martyre n'eut pas de recteur de 1809 à 1813, puis de Février 1819 à Juillet 1822. Pendant cette dernière vacance, M. Bouroullec, curé de Ploudiry, voulut même faire rattacher définitivement La Martyre à sa paroisse.

 

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BIENS DE L'ÉGLISE DE LA MARTYRE.

Les biens de l'église, devenus biens nationaux, furent en partie vendus pendant la Révolution. Ceux qui n'avaient pas été aliénés furent restitués en vertu de l'arrêté du 7 Thermidor, an XI. Quelques autres furent rachetés plus tard par l'Estang du Rusquec, de Tréflévénez, qui fut trésorier de la fabrique de La Martyre de 1834 à 1852.

Il racheta en particulier le champ de foire à la famille Pouliquen de Mescoat en Ploudiry, par un acte notarié du 30 Mai 1834, au prix de 9.300 francs.

A la Séparation de l'Eglise et de l'Etat, la fabrique de La Martyre avait encore 3.504 fr. 40 de rente en biens fonds, plus un titre de 57 francs de rente sur l'Etat. A ces revenus s'ajoutait le prix de location du champ de foire, qui était de 250 francs en 1904.

Une seule fondation avait ajouté un nouvel immeuble aux anciens pendant l'époque concordataire. Le 10 Décembre 1828, M. Bouroullec, curé de Ploudiry, léguait à la fabrique de La Martyre une petite ferme à Kergoffou, à charge de célébrer deux services et deux messes par an à son intention, le 29 Mars et le 29 Septembre.

 

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RESTAURATIONS DE L'ÉGLISE DE LA MARTYRE.

Pendant la Révolution, l'église, délaissée, s'était détériorée ; avec des ressources diminuées, il fallut y faire des réparations, au cours du XIXème siècle.

Une chapelle attenant au collatéral Sud se trouvait en trop mauvais état pour être restaurée ; on décida de l'abattre. Elle appartenait à la famille Parscau du Plexis (Plessis), qui donna l'autorisation de la démolir, le 22 Septembre 1801. [Note : Au presbytère est conservée en 1932 une pierre, ancienne clef de voûte, portant sur un écusson entouré d'une couronne d'épines les armes des Kerhoënt : Losangé d'argent et de sable. Cette pierre doit provenir de la chapelle démolie].

1828-1829. — Tout l'intérieur de l'église est repeint, excepté le lambris, la sacristie réparée.

1833. — Dans la nuit du 14 au 15 Février, une tempête occasionne au clocher et à la toiture de l'église des dégâts évalués à 1.100 ou 1.200 francs. Dix mille ardoises sont prises de la montagne, l'année suivante, pour réparer le toit de l'église, 4.215 fr. 50 sont consacrés à la restauration du lambris, ainsi qu'à des peintures et dorures.

1844. — Le pavé est refait en partie avec des dalles tirées des falaises du Conquet. Prix des pierres : 1.470 francs.

1858. — Les vitraux sont lavés et protégés par un grillage.

1859. — M. Delaunay, recteur, construit le presbytère actuel dans un nouvel emplacement. C'était la troisième fois que le clergé changeait de résidence depuis la Révolution.

1882. — M. l'abbé Abgrall, architecte diocésain, reconnaît le mauvais état du plancher supérieur et du plafond de la sacristie, et la nécessité de les réparer. Il donne le plan des nouveaux meubles à y placer.

1883. — L'intérieur de l'église laissant encore beaucoup à désirer, de nouvelles réparations et modifications y seront faites, sous la direction de M. Abgrall.

Au haut du bas-côté Nord, il y avait un rétable en mauvais état, on le fera disparaître. Au bas de l'église, il y avait, adossés aux grosses colonnes, deux petits autels en kersanton, d'un travail très distingué et cadrant parfaitement avec le style de l'édifice ; ils seront enlevés et placés au haut des deux nefs latérales.

Le maître-autel étant dans un état de dégradation très avancé, M. Toul-ar-C'hoat, sculpteur à Landerneau, est chargé de le restaurer, en le modifiant. Il sera, de plus, abaissé.

Le lambris du bas-côté Nord était à remplacer. Les pieds de fermes et l'une des sablières, sur lesquels reposait le plafond, étant pourris, il fallait les changer. Dans les nefs centrale et méridionale de pareilles réparations s'imposaient. Ces travaux furent décidés et confiés à M. Salaün, de Landerneau.

Les colonnes et les bas-reliefs provenant des retables démolis furent employés à décorer le choeur autour du maître-autel, boiserie complétée en 1903 par M. Duval.

On installe une nouvelle Table de communion et une clôture du choeur, en chêne sculpté, oeuvre de M. Cojean, successeur de M. Toul-ar-C'hoat.

En même temps, on reconstruit et on remet en état les maisons du bourg et autres bâtiments, propriété de la fabrique, en faisant disparaître les dernières masures qui avaient servi de boutiques, les jours de la grande foire. Déjà, en 1870, l'ancienne maison du guet (de nouveau en ruines), avait été rebâtie dans son ancien style.

Ces travaux exigèrent des ressources extraordinaires. On se les procura par des emprunts. Le dernier, d'un montant de 20.000 francs, fut fait au Crédit Foncier en 1895. On aliéna quelques immeubles, et on recourut, comme on le faisait de temps en temps sous l'ancien Régime, aux coupes de bois. En 1881, 495 arbres furent vendus au prix de 5.484 francs.

1903. — Une chambre est ménagée pour l'horloge à l'intérieur du clocher. L'ancienne installation datait de 1820 ; elle consistait en une tribune reposant sur des poutrelles, à laquelle on accédait par une échelle de meunier, au fond du collatéral Nord.

Dans la nuit du 4 au 5 Novembre 1916, pendant une tempête, la tour fut foudroyée. La pierre pinacle tomba sur l'angle Nord-Est de la galerie et en fit sauter quatre mètres environ. Une grande partie des pierres furent lancées sur le toit de l'église et le trouèrent en plusieurs endroits. La pointe du paratonnerre, trouvée par terre, était tordue en spirale.

1922. — Le clocher est réparé par les soins de la Commission des Beaux-Arts, et la dépense supportée par cette Commission, la commune et une compagnie d'assurances. Plusieurs assises de la flèche, qui étaient fortement déviées, furent descendues et remontées.

En même temps, un nouveau beffroi fut installé pour la grande cloche, de façon à atténuer les secousses que les cloches en branle impriment à une tour. Le clocher et l'église furent munis d'un nouveau paratonnerre, la toiture de l'église refaite avec des ardoises de la montagne.

1923. — Les vitraux sont descendus et envoyés à Paris, où ils sont remis en nouveaux plombs par la maison Labouret, d'après les instructions de l'architecte en chef du gouvernement. La maîtresse vitre avait déjà été réparée en 1892.

1928. — La commune fait exécuter un nouveau beffroi à la petite cloche, sous la surveillance de l'architecte de l'arrondissement.

 

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RECONSTITUTION DU MOBILIER DE L'ÉGLISE DE LA MARTYRE.

Pendant la Révolution, l'église avait été dépouillée de ses meubles comme de ses immeubles. Outre les orgues et le retable de l'Enfant-Jésus, le curé constitutionnel de Ploudiry avait enlevé la plus grande et la meilleure partie du mobilier. Après son départ, une ordonnance de l'Evêque fit restituer à La Martyre quelques-uns des objets volés. Le récépissé de recouvrement est rédigé en ces termes :

« Nous desservant et fabriques de l'église succursale de La Martyre déclarons qu'en vertu de l'ordonnance de Monseigneur l'Evêque de Quimper, en date du premier de ce mois, M. le Curé et les fabriques intérieurs de l'église curiale de Ploudiry nous ont remis les objets ci-après dénommés, qui ont été déposés dans l'église de Ploudiry : Chasuble, tunique et dalmatique blanches, — chasuble rouge, — trois chapes rouges, — trois chapes blanches, — l'image de l'Enfant Jésus, — la boîte aux reliques. — Déclarons de plus par arrangement amiable accepter un calice d'argent avec sa patène et nous en contenter en compensation de l'autel de Jésus et des orgues auxquels nous renonçons pour toujours ainsi qu'à toute autre réclamation ultérieure.

A Ploudiry le trois Juillet mil huit cent huit. H. Roquinarc'h desservant de La Martyre. Pierre Masson, François Kerbrat ».

Les ressources de l'église étant restreintes, on ne remplaça que peu à peu les anciens meubles. Voici quelques achats relevés sur les cahiers des délibérations des fabriciens :

1807. Achat de six chandeliers : 300 fr.

1825. Achat d'une grande cloche : 3.891 fr.

1842. Achat d'un encensoir et d'une navette en argent : 460 fr.

1852. Achat de deux confessionnaux.

1854. Achat d'un ostensoir en vermeil : 1.100 fr.

1855. Achat d'un dais : 800 fr.

1875. Achat d'une petite cloche en remplacement d'une cloche fêlée : 1.270 fr. 50.

1901. Achat d'un catafalque, oeuvre de M. Cojean : 800 fr.

1903. Achat d'une nouvelle horloge, oeuvre de M. Barazer : 800 fr.

 

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PRINCIPAUX ÉVÉNEMENTS A LA MARTYRE.

1841. — Fondation d'un vicariat pour cette raison : le bourg, placé au Nord-Est de la paroisse, est éloigné de la plupart des villages. — Une décision ministérielle du 14 Août 1863 attribue au vicaire de La Martyre une indemnité annuelle.

1850. — On forme le projet d'ouvrir une école qui serait tenue par des frères ; ce projet ayant avorté, on fit venir, en 1854, des soeurs, filles du Saint-Esprit, pour voir les malades et tenir une école. En 1864, il fallut agrandir leur établissement : elles ne pouvaient recevoir que 40 filles et le nombre de leurs élèves dépassait 60. La fabrique se chargea des constructions nécessaires. Le nombre des élèves venant des paroisses environnantes augmentant encore, les religieuses bâtissent, à leurs frais, une autre classe en 1880. L'école est laïcisée en 1908. Les soeurs se retirent dans l'ancienne gendarmerie achetée et mise à leur disposition par la famille Le Forestier de Quillien. Elles y tiennent une pension de famille pour les petites filles. En 1920, des classes sont bâties et une école libre de filles ouverte.

En 1870, cent et un jeunes gens furent mobilisés de La Martyre.

La guerre de 1914-1918 fit 34 victimes. Leurs noms sont inscrits sur un monument élevé au cimetière en leur honneur.

En 1906, le 10 Novembre, les vitraux de l'église sont classés parmi les monuments historiques.

Le 4 Décembre 1914, sont l'objet du même classement :

Dans l'ossuaire :

1° inscription 1619. 

2° Cariatide représentant une femme, XVIIème siècle. 

Dans l'église :

1° deux bénitiers à figures, pierre XVIème siècle.

2° Notre-Dame de Bonne Rencontre, pierre, XVème siècle.

3° Bénitier à dôme et à lanternons, XVIIème siècle.

4° Les apôtres, statuettes, pierre, XVIème siècle, sous le porche.

5° Retable et panneaux de bois doré, XVIIème siècle.

6° Bénitier à figures, avec inscription, 1681.

7° Baldaquin des fonts baptismaux, bois, 1635.

8° Chancel à colonnettes, pierre, XVème siècle.

Par décret du 28 Février 1916, l'église de La Martyre, la chapelle y attenante (ossuaire), la porte du cimetière et le calvaire, ont été eux-mêmes classés.

Plus tard, les bâtiments situés des deux côtés de l'arc-de-triomphe ont été placés aussi sous la surveillance de la Commission des Beaux-Arts, comme nécessaires à l'ensemble du monument. 

(abbé Kerouanton)

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