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FRAGMENTS D'HISTOIRE SUR MELLAC |
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Le 20 Octobre 1588, fut baptisé, à Mellac, Mathieu, fils de Jean Geffroy, maître docteur et conseiller royal ainsi que docteur en droit, et de Catherine Lohéac. Le parrain fut Mathieu Lohéac, procureur royal de la cité métropole de Cornouaille ; la marraine, Anne du Parc. En marge de l’acte de baptême, il est mention de « noble demoiselle Jeanne-Kerennevel dame douairière de Kerennevel ».
Un autre enfant fut baptisé le 17 Avril 1601, sous le nom de Charles-Geffroy. Parrain et marraine furent Charles de Guise et Marie du Menez, dame de Talhouet (Archives départementales, Registre de Mellac).
En 1668, le sénéchal de Quimperlé ayant su que Joseph Foucqué, prieur de l'abbaye de Sainte-Croix, voulait mettre ses armes sur les églises dépendantes de l’abbaye, porta défense à tous vicaires perpétuels de le souffrir, sous peine de 1.000 francs d’amende. Louis Verryer, recteur de Mellac, allait publier cette défense, lorsque le prieur l’en empêcha, à titre de recteur primitif ; le sénéchal et les juges portèrent plainte, mais le procureur mit à néant l’affaire.
Un ordre de la cour du 8 Décembre 1776 enjoignit de faire coucher les sacristains dans la sacristie. Les délibérateurs de Mellac jugèrent la chose impossible. Et voici leurs arguments : 1) la sacristie ayant 5 pieds de long et 5 pieds de large, on ne peut y placer un lit ; 2) les oblations et casuels sont si modiques qu’ils suffisent à peine à l'entretien de l’église ; 3) en faisant coucher le sacristain à la sacristie, on donnerait à penser qu’il s’y trouve plus de fonds qu’il n’y en a en réalité.
Au moment de la Révolution, le recteur de Mellac était Guillaume Guillou, né à Mellac même en 1728 [Note : F. Quiniou, Un Confesseur de la foi sous la Révolution, Guillaume Guillou, recteur de Mellac, 1919]. Nommé en 1760 vicaire de sa paroisse natale, il devint cinq ans plus tard recteur de Lothéa, et revint en 1783 à Mellac, comme chef de paroisse.
Appelé à la maison commune, le 14 Novembre 1791, par la municipalité, l'abbé Guillou promet d’être fidèle à la nation, au roi et aux lois et de maintenir, « sauf l'honneur de Dieu, sa foi, sa religion et sa conscience », la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le roi. Au-dessous de sa signature, nous lisons : « Rétracté tout aussitôt écrit, et si je l’avais proféré de bouche en public, j’en aurais fait amende honorable » (Archives municipales de Mellac).
Quand le serment à la Constitution civile du clergé devint obligatoire pour les fonctionnaires, M. Guillou le refusa nettement, ainsi que son vicaire, l'abbé Auffret (Peyron, Documents pour servir … tome I, p. 125). Sa dernière signature aux registres de la paroisse est du 28 Novembre 1791. Le 6 Décembre suivant, il était arrêté et conduit en prison au château de Brest. Quant à l'abbé Auffret, il continua son ministère dans la paroisse jusqu’au 16 Août 1792, puis émigra en Espagne le 29 Septembre suivant.
En Mai 1792, M. Guillou fit auprès du Département, en vue de son élargissement, une démarche qui n’eut aucun succès (Peyron, Documents pour servir … tome II, p. 110). Le 4 Août suivant, il optait pour la déportation en Espagne, mais il dut à ses infirmités de rester en France (Peyron, Documents pour servir … tome II, p. 110, 116). Conduit le 12 Août aux Capucins d'Audierne, il est transféré à la Retraite de Quimper le 15 Janvier 1793, puis avant la fin du mois, à l’ancienne abbaye de Kerlot (Peyron, Documents pour servir … tome II, p. 123-124). De Quimper, il passe, en Novembre 1793, aux Capucins de Landerneau, puis, le 3 Février 1795, il revient à Quimper, d’où il est élargi. vers le début d'Avril (Peyron, Documents pour servir … tome II, p. 156-157).
De retour à Mellac, M. Guillou n’y resta pas longtemps tranquille. Pour plus de sécurité, il devait sans doute faire les fonctions du culte au château de Kernault. Le 29 Juin 1795, le district de Quimperlé « considérant que les prêtres insermentés refusent de faire les fonctions ecclésiastiques dans le temple indiqué pour chaque commune et préfèrent des chapelles et même des maisons particulières, arrête que M. Guillou ci-devant curé de Mellac, Rannou ci-devant curé de Tréméven, Boëzédan ci-devant curé de Baye, Forget ex-vicaire de Quimperlé, seront mis en état d’arrestation pour être conduits à Quimper » (Peyron, op. cit. II, 165). Devant cette menace, l’abbé Guillou quitte sa paroisse. Le 21 Septembre, il signe la « Lettre encyclique des prêtres assermentés de la ville de Quimper aux ministres du culte catholique, apostolique et romaine qui travaillent dans les campagnes » (Peyron, op. cit. II, 291). A cette époque, il se trouve en territoire de la commune d'Ergué-Gabéric (M. Quiniou). Pour avoir refusé le serment exigé par la loi du 7 Vendémiaire an IV (29 Septembre 1795), il fut arrêté et interné le 15 Novembre au ci-devant collège de Quimper. Au début de Novembre 1796 (Peyron, op. cit. II, 166), il fut autorisé, à se retirer dans son ancienne paroisse, sous la condition de prêter le serment de fidélité à la République et de ne causer aucun trouble ni par ses actions ni par ses discours. Ce serment, il le prêta en la maison commune de Mellac, le 16 Brumaire an IV (7 Novembre 1796) (M. Quiniou). Son église et son presbytère étant sous séquestre, il ne put exercer son ministère qu’en cachette. Vers la fin de 1797, il se retira dans sa propriété de Kergoaler, en Lothéa. C’est là qu’il apprit que le 17 Janvier 1798, avaient été vendus l'église et le presbytère de Mellac [Note : L’intention des acquéreurs était de céder plus tard ces biens à la paroisse]. Il mourut le 13 Avril 1798, et fut inhumé, deux jours plus tard, dans le cimetière de sa paroisse natale (M. Quiniou).
Le manoir de Kernault où l'abbé Guillou, au cours de ses épreuves, avait trouvé refuge, était la propriété, au moment de la Révolution, de Jean-Marie du Vergier de Kerhorlay, ancien officier des vaisseaux du roi, chevalier de Saint-Louis, qui y habitait avec son épouse et ses quatre enfants, deux fils et deux filles. Il avait également domicile en la ville de Quimperlé.
Le 10 Août 1789, M. du Vergier, devant la municipalité de la cité, prêta serment de fidélité au roi et à la nation. Sommé, le 12 Mars 1790, de prendre la garde de nuit en ville, il s’y refusa et fut amené au poste de police. Trois jours plus tard, il annonçait à la municipalité son intention de quitter Quimperlé pour aller se fixer définitivement à Mellac, en son manoir de Kernault [Note : Jean Savina, Comment les nobles de Quimperlé quittèrent la ville en Mars-Avril 1790 (1933)].
Les deux fils du Vergier durent bientôt émigrer, et le père se rendit à Paris. On le traita comme émigré, et ses meubles furent mis sous scellés. En Octobre 1792, Mme du Vergier, habitant Quimperlé, demande au district la levée de séquestre à Kernault et l’autorisation de pouvoir quitter la ville et habiter sa maison de campagne. Le 24 de ce mois, Guillou, procureur-syndic du district, dresse contre elle un vrai réquisitoire : « Elle a deux fils émigrés, écrit-il au Département, son mari est absent ou émigré ; au centre de la paroisse de Mellac, elle entretenait ses concitoyens dans l’erreur et les nourrissait de fanatisme, en donnant chez elle retraite à tous les fanatiques du pays : elle faisait une contrerévolution ; son mari lui marquait par une lettre d'Août dernier qu’il y avait probablement, plus à compter sur la contrerévolution de l’intérieur que sur celle de l’extérieur. Vous savez, concitoyens, qu’à notre honte cette petite paroisse de Mellac, à la porte de notre ville, est celle qui nous a montré le plus de résistance. On a été au point de m’assommer ainsi que les commissaires envoyés ici par le Département ; ces commissaires firent détenir 12 des paroissiens de Mellac en otage dans notre maison d’arrêt, afin de forcer cette paroisse à leur livrer Jacques Fichoux chef du soulèvement et distingué par son voisinage avec Kernot. — Mellac a été tranquille depuis le départ de l’épouse Du Vergier et de sa famille en ville ».
Guillou demande au Département d’opposer une fin de non-recevoir à la pétition de Mme du Vergier. Celui-ci, le 9 Novembre, accède, eu contraire, à la demande en question, et fait valoir en particulier que la remontrance du procureur-syndic ne donne aucune preuve contre le citoyen et la citoyenne du Vergier et ne paraît avoir d’autre but que de jeter de l’odieux sur la demanderesse et son mari (Archives départementales, série Q, District de Quimperlé).
Le 10 Nivôse an II (30 Décembre 1793), le district de Quimperlé décide de faire apposer les scellés sur les meubles et immeubles de du Vergier. Il considère en effet que ce citoyen se trouve sous la disposition de plusieurs lois portant saisie et séquestre de ses biens : 1) Il est suspect d’émigration par la défectuosité d’un certificat écrit de la main et de la griffe de Tallien dont la proscription a été prononcée par un décret de la Convention ; 2) il a deux fils émigrés ; 3) il est considéré comme suspect de ne pas chérir la Révolution.
En Juin 1794, Mme du Vergier est dans la maison d’arrêt de Quimperlé. Le 19 de ce mois, par suite d’une autorisation du Comité de surveillance de cette ville, elle accompagne, à Kernault, les commissaires du district qui s’y rendent pour vérifier les scellés et contrôler l’inventaire déjà fait (Archives départementales, série Q, District de Quimperlé).
Au témoignage de M. du Vergier (Lettre du 22 Août 1818. Archives de l'Evêché), le château de Kernault servit de refuge, au cours de la Révolution, à plusieurs prêtres fidèles. De ce nombre, furent le jésuite René de Kerbérec, qui y mourut le 28 Novembre 1804, et les deux frères Videlo, dont l’un fut plus tard vicaire général de Vannes, et l’autre, recteur de Plouay, puis curé d'Hennebont. Quatre ecclésiastiques du Finistère y trouvèrent également asile : Pierre Hervian, recteur de Primelin, plus tard curé de Scaër, Le Clanche, secrétaire de l'évêché, Derrien, recteur de Saint-Thurien, et Martial Besnier, originaire de Moëlan. Ce dernier y mourut le 17 Mai 1810 [Note : Le 16 Mai 1792, le procureur-syndic du district de Quimperlé signale la présence de M. Hervian à Kernault depuis trois mois (Peyron)].
De 1804 à 1807, les prêtres de Mellac résidaient à Kernault, chez M. du Vergier [Note : Archives de Mellac. — Vers la fin de Septembre 1797, Geslin, chef de chouans, passa a Kernault (Peyron, La Chouannerie, p. 150)]. Celui-ci mourut le 10 Janvier 1810, et le manoir passa, dès lors, à son fils Jean-Marie, né à Quimperlé le 3 Mai 1781. Jean-Marie épousa, en 1817, Thérèse de la Vigne Dampierre. Il mourut à Kernault le 20 Septembre 1861, et son épouse à Quimperlé, le 4 Mai 1863. L’un de leurs fils, Paul, épousa, le 1er Mai 1855, Mlle Henriette Boscals de Réals. Une des filles de Paul, Jeanne, se maria, en 1897, avec Félicien de Poulpiquet de Brescanvel, et leur fils Jacques est en 1932 propriétaire de Kernault [Note : Plusieurs tombes de la famille du Vergier se trouvent au cimetière de Mellac, dans le voisinage de l’église].
(MM. Salaün et Pérennès).
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