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L'ATELIER MONETAIRE DU MONT-SAINT-MICHEL

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L'atelier monétaire du Mont-Saint-Michel.

Arrivée au Mont-Saint-Michel.

L'ouverture d'un atelier monétaire au Mont-Saint-Michel est un épisode de la guerre de Cent Ans et de l'histoire monétaire du royaume de France à cette époque.

La folie du roi Charles VI, l'invasion anglaise, la guerre civile plongent la France dans un désordre qui se reflète jusque dans les monnaies émises alors. Le roi d'Angleterre, Henri V, frappe monnaie en Normandie à son nom, au titre de roi de France puis, après le traité de Troyes, au titre de roi d'Angleterre et d'héritier de France. Partout ailleurs, l'on frappe monnaie au nom du roi Charles VI, mais les ateliers ne sont plus tous des ateliers royaux : certains, au nord de la Loire, restent au roi ; d'autres, comme ceux de Bourgogne, sont au duc et les ateliers du sud de la Loire sont au dauphin Charles, le futur Charles VII, proclamé régent du royaume, après sa fuite de Paris, le 29 mai 1418, au moment où les Bourguignons y entrèrent et s'y emparèrent du roi.

Le Régent a pour lui ses ateliers du Dauphiné qui lui appartiennent nommément. Lyon, les ateliers de la Loire, du Centre et du Languedoc reconnaissent son autorité. Mais les besoins de la guerre font éclore nombre d'ateliers nouveaux, sources de revenus fructueux. Certains de ces ateliers furent créés en territoire ennemi : Sens, en Bourgogne, Mouzon et Guise dans le Nord ; le Mont-Saint-Michel en Normandie, enfin, qui ne sera jamais pris.

Une telle floraison d'ateliers, partagés entre quatre pouvoirs différents, est révélateur du chaos dans lequel le royaume est tombé dans cette période de 1417 à 1422. On est loin des vingt ateliers qui, en 1389, furent différenciés chacun par un point secret — ou point d'atelier — apposé sous une lettre de la légende au droit et au revers.

L'atelier du Mont fut créé par lettres patentes données à Mehun-sur-Yèvre le 2 (ou 9) octobre 1420, suivies de l'exécutoire du 11 novembre de la même année [Note : Par lettres patentes données à Mehun-sur-Yèvre, en date du 09 octobre 1420, le Dauphin-régent Charles, fils du Roy de France [...] duc de Berry, de Touraine et conte de Poitou, considérant la grant loyaulté, bonne et vraye obeissance en quoy ont touzjours esté et seront au plaisir de nostre seigneur, envers mond. seigneur et nous, les manans et habitans de la ville du Mont-Saint-Michel [...] nous, par grant et meure deliberacion des gens du grant conseil de mond. seigneur et de nous, avons voulu et ordonné, et par ces presentes voulons et ordonnons une monnoye estre faicte et constituée, et icelle constituons en ladicte ville du Mont-Saint-Michel, pour y faire ouvrer et monnoyer tout ouvrage tant d'or comme d'argent, en faisant telles et semblables monnoyes que mond. seigneur fait faire à présent, en poix, cours et aloy [...] (Recueil de documents relatifs à l'histoire des monnaies frappées par les rois de France, par F. de Saulcy, tome II, page 271)]. Mais l'installation d'un atelier au Mont dut demander un certain temps et il n'ouvrit sans doute pas avant le mois de juin 1421, selon un passage du Compte de Jehan de Serre dit Vigneron (B. N. Mass. n. acq. fr. 21.203).

Atelier monétaire du Mont-Saint-Michel.  Atelier monétaire du Mont-Saint-Michel.

Pourquoi l'atelier fut-il créé seulement à cette date ? Henri V, à peine débarqué en Normandie en 1417, ouvrit un atelier à Caen, mais celui-ci n'eut pas grande activité. C'est surtout à partir de 1419 et de 1420 que le roi d'Angleterre frappa monnaie dans les ateliers de Rouen et de Saint-Lô . Ce dernier, ancien atelier français, n'avait pas été réouvert par le roi d'Angleterre après la prise de la ville en mars 1418. L'atelier fonctionne à nouveau à partir d'avril-mai 1420. Il dut drainer tout l'or et l'argent des environs, d'autant plus que le roi d'Angleterre est alors reconnu héritier de France et que, de ce fait, l'on se rallie sans doute plus aisément à sa cause. Si l'on veut avoir monnaie au coin du Régent, il faut aller jusqu'à Angers. L'atelier fut certainement vite concurrencé par Saint-Lô et le Régent dut ressentir un manque à gagner. Ce dut être la raison pour laquelle il créa l'atelier du Mont.

L'atelier ne reçut pas pour différent un point secret mais marqua ses produits de l'initiale de son nom, comme beaucoup d'autres ateliers nouveaux d'ailleurs. En plus du Mont, Mazères, Mirabel, Montpellier, Mouzon usèrent de la lettre M. Le M. du Mont est une lettre gothique cursive ou onciale avec un annelet sous le jambage du milieu. L'atelier garda ce différent sous Charles VII.

Les Trésors de Pont-Valain (Sarthe) et de Puy-Sidoux (Puy-de-Dôme) révélèrent les produits de l'atelier, à la fin du siècle dernier et au début de celui-ci. Ce sont des florettes des 17ème et 18ème émissions (12 avril et 8 octobre 1421). C'étaient les seules pièces connues du dauphin pour le Mont jusqu'alors, mais il y a peu d'années un petit trésor d'écus d'or a révélé un écu du dauphin frappé au Mont. Il appartient à l'émission de janvier-juillet 1421.

Du règne de Charles VII, on connaît un blanc à l'écu couronné (émission du 12 septembre 1422) et un blanc à la couronnelle (émission du 21 janvier 1423). Ce sont les deux premières pièces d'argent du règne. Le Mont communiquait alors facilement avec l'extérieur et la garnison lançait des expéditions jusqu'à Caen. Jean d'Harcourt battait Suffolk près de Laval, mettait le siège devant Avranches et s'avançait jusqu'à Saint-Lô. Mais l'on ne connaît aucune pièce postérieure de Charles VII qui ait été frappée au Mont. Pourtant, après le siège qui dura du 12 septembre 1424 au 25 juin 1425, Charles VII, par lettres datées du 8 septembre 1425 et du 24 avril 1426, abandonnait pour un an et pour trois ans la moitié de son droit de seigneuriage aux chevaliers, écuyers et religieux défenseurs du Mont. L'atelier était tombé en chômage. Il ne figure même pas dans une déclaration royale du 28 mars 1431 abolissant des monnaies illégales et fermant six ateliers réguliers.

L'écu d'or est de bon aloi et pèse un peu plus de 3,56 g, correspondant ainsi à l'émission de janvier 1421.

Les florettes du dauphin connues pour le Mont sont des pièces pesant un peu plus de 2 g et d'un titre très faible. Elles ont cours pour 20 d.t. mais ne contiennent qu'un peu plus de 100/1 000 d'argent fin. La florette de Charles VI de mai 1420, la plus faible des ateliers royaux, était de 200/1 000 de fin et pesait environ 2,5 g. Le gros heaumé, d'une valeur de 20 d.t., au 19 décembre 1420, d'un poids de plus de 2,5 g, était d'un titre considérablement relevé, à plus de 900/1 000. Le gros au léopard ou léopard d'argent de Henri V, du 6 mai 1421, est au même titre que le gros heaumé. Sa lorette de juin 1420 avait aussi le même titre que celle du roi du mois de mai de la même année.

Atelier monétaire du Mont-Saint-Michel (les florettes).   Atelier monétaire du Mont-Saint-Michel (les florettes).

Le roi d'Angleterre et le duc de Bourgogne ont toujours suivi d'assez près les émissions de Charles VI, affaiblissant leur monnaie à la suite du roi ou la renforçant après lui. Le Régent fut obligé d'affaiblir sa monnaie à un point extrême afin de se procurer des ressources. Alors que les rois de France et d'Angleterre ainsi que le duc de Bourgogne renforcent leurs monnaies, on voit à quel point en est le Régent. En 1422, il finira même par battre des pièces qui seront presque de cuivre.

Devenu roi sous le nom de Charles VII, il reconstitue sa monnaie et les blancs à l'écu couronné et à la couronnelle, ayant cours pour 10 d.t., ont entre 350 et 400/1 000 d'argent fin. Il en est de même pour le blanc aux écus de Henri IV. Charles VII cependant devra reprendre ses mutations jusqu'en 1429, année à partir de laquelle il refrappe monnaie au même titre qu'au début. (J. Y.).

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