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LA VIE MONASTIQUE AU MONT-SAINT-MICHEL

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La vie monastique au Mont-Saint-Michel.

Dans le prologue de sa Règle des moines, en lui parlant au plus secret de son être, bien au-delà de la morale, saint Benoît place le novice immédiatement en pleine vie religieuse, en pleine théologie de la Rédemption ; après quoi seulement, le chapitre premier définira avec précision « les diverses espèces de moines » et entre autres « la plus forte, celle des cénobites », c'est-à-dire « ceux qui vivent en commun dans un monastère et combattent sous une Règle et un Abbé ». (Reg. ch. I.)

A ces trois conditions : un monastère, une Règle, un Abbé, correspond ce que le moine promettra publiquement au terme de son noviciat, à savoir : la Stabilité (dans un monastère), la conversion de ses mœurs (selon la Règle) et l'Obéissance (à un Abbé). [Reg. ch. LVIII.]

Le chapitre IV, « Des instruments des bonnes œuvres », qui, comme un « catéchisme de perfection », énumère de nombreuses formules de la pratique du bien, se termine ainsi : « Or, l'atelier où nous devons travailler diligemment à l'aide de ces instruments (spirituels), c'est le cloître avec la stabilité dans la communauté ». D'autre part, la vision idéale de l'organisation pratique d'un monastère telle qu'elle apparaîtra dans la complexité du Plan de Saint-Gall, dans la simplicité du plan cistercien, est décrite par saint Benoît : «... pour que l'on puisse exercer au-dedans les divers métiers, en sorte que les moines n'aient aucune nécessité de courir au-dehors, ce qui n'est aucunement avantageux à leurs âmes ». (Reg. ch. LXVI.)

Cette stabilité dans le cadre de vie et cette organisation matérielle assurée, le moine sera plus apte à la quête de Dieu ; et la Règle se présentera à lui comme « un précis du Christianisme, un docte et mystérieux abrégé de toute la doctrine de l'Evangile, de toutes les institutions des Saints-Pères, de tous les conseils de perfection ». (Bossuet).

Après l'introduction du prologue, les sept premiers chapitres de la Règle donnent les principes de la vie et de la spiritualité des moines ; puis l'organisation de la liturgie et de la prière occupe les chapitres VIII à XX. Suit la législation :
a) Les Doyens et le dortoir XXI-XXII ;
b) Le code pénitenciel XXIII-XXX ;
c) Les différents services et la vie journalière XXXI-LVII
d) Le recrutement LVIII-LXII ;
e) La hiérarchie LXIII-LXV ;
f) Les relations avec le dehors LXVI-LXVII ;
g) La vie de communauté LXVIII-LXXII.
L'ultime chapitre LXXIII conduit le regard jusqu'« aux plus hautes cimes de la doctrine et de la vertu ».

Et c'est cette Règle « remarquable de discrétion et riche d'enseignement » (saint Grégoire le Grand), qui a « réglé » depuis plus de quatorze siècles, et « règle » encore la vie et l'essai de conversion des moines, « car ce n'est pas là l'ouvrage d'un seul jour, et plut à Dieu que nous puissions même l'achever en toute notre vie ». (Saint Bernard, serm. 2.)

Conversion des moeurs qui sous-entend l'exercice ascétique des vertus de silence, de pauvreté, d'obéissance, de chasteté, d'humilité... porte étroite « de la voie du salut dont les débuts sont toujours difficiles », mais qui permet d'atteindre à l'aube de la résurrection : amour du silence conduisant au silence de l'amour, pauvreté, obéissance, chasteté qui libèrent l'homme ; humilité qui lui confère sa vérité, conversion des mœurs dont la vêture et la tonsure ne sont que symboles extérieurs.

Connaissant la faiblesse humaine, saint Benoît se rend compte que la solitude et l'isolement ne sont pas synonymes ; et s'il protège par tous les moyens cette solitude du moine au cœur de laquelle Dieu peut parler à l'âme et celle-ci écouter, il lui faut également tout mettre en œuvre pour faire du monastère une véritable famille. Tout simplement, il demandera, et Dieu demandera avec lui, à l'un des moines de représenter, au milieu des frères, le Seigneur, son amour et sa paternité, avec toutes ses dimensions et toutes ses exigences. Mystère qui devra être vécu autant par le Père que par les fils dans un don réciproque qui transfigure l'obéissance.

Saint Anselme écrivait à ses moines : « Vous et moi, nous sommes davantage à Dieu que moi à vous ou vous à moi : que nous vivions ou que nous mourions, nous sommes au Seigneur ».

Aussi l'Abbé sera-t-il tour à tour un administrateur avisé, un sage, sachant prendre conseil, un Père surtout imitant « l'exemple de tendresse du Bon Pasteur ». (Reg. ch. XXVII.) Prêchant et gouvernant « ses disciples par un double enseignement ; c'est-à-dire qu'il lui faut inculquer ce qui est bon et saint par des actes plus encore que par des paroles ». (Reg. ch. II.)

Le cadre de la vie monastique étant ainsi brièvement tracé, il importe de le remplir ! Deux maîtres-mots y suffiront : la prière et le travail, dont la devise de l'Ordre découlera : « ora et labora », « prié et travaillé ».

Avant tout la prière, et la prière publique. Solennel hommage de la créature à son créateur. En se rendant à heure fixe à l'église pour célébrer « l'œuvre de Dieu », à laquelle « rien ne sera préféré », le moine sacralise le temps et vit déjà d'une vie angélique, comme l'a dit le prophète : « Sept fois le jour j'ai chanté vos louanges ». Nous remplirons ce nombre sacré si nous nous acquittons des devoirs de notre état à Laudes, Prime, Tierce, Sexte, None, Vêpres et Complies... Tandis que, au sujet de l'office de la nuit, il s'exprime ainsi : « Je me levais au milieu de la nuit pour vous louer. » (Reg. ch. XVI.)

Mais pour que cette prière ait ses véritables dimensions, pour qu'elle soit l'expression de tout un être et de toute une vie, il faudra qu'elle se soit d'abord nourrie dans le silence de la cellule, de la bibliothèque ou du scriptorium, de l'étude et de la « lectio divina », lecture des Pères de l'Eglise méditée avec amour où le moine aura appliqué son cœur autant que son intelligence. Alors seulement l'oraison pourra se prolonger, si Dieu le permet, dans la lumière de la contemplation.

Autre source féconde : le travail, et le travail manuel, car « l'oisiveté est ennemie de l'âme, écrit saint Benoît. Les frères doivent donc, à certains moments, s'occuper au travail des mains et, à d'autres fixes, s'appliquer à la lecture des choses de Dieu ». (Reg. ch. XLVIII.)

Dans le silence de l'obéissance et de l'effort, dans le don à ses frères, le moine prouvera l'authenticité de son amour du Seigneur. Etant resté en présence de Dieu, la prière prolongera tout naturellement son travail, et lorsqu'il retournera à ce dernier, il saura le dépasser tout en l'accomplissant. Là est le secret du labeur des moines, de ce labeur prodigieux qui, ayant su garder et transmettre l'héritage de l'antiquité païenne, a été un élément constitutif de notre civilisation occidentale.

Ne s'étant refusé à aucun de « ces travaux inutiles et primordiaux qui justifient l'homme », en revêtant de beauté leurs demeures, en se faisant les initiateurs et les conservateurs des meilleures de nos traditions artistiques, intellectuelles et économiques, les moines ont prouvé que leur vie de sacrifice était marquée du sceau de l'Esprit.

Mais ce n'est pas l'essentiel, car il y a au-delà l'ordre de la charité, et c'est pour cela que les abbayes furent autant de Maison-Dieu, où le pauvre, le pèlerin et l'hôte furent accueillis ; qui ne voit alors comment le Mont-Saint-Michel sut merveilleusement répondre à sa vocation d'Abbaye ?

Au-delà d'une obéissance intelligente aux conditions particulières du lieu choisi par l'Archange, obéissance dont la liberté supérieure l'emporte de tellement sur la sujétion, les maîtres d'œuvre ont su construire et le temple digne de la grandeur de Dieu et l'aumônerie romane et les salles de la Merveille dignes de sa charité.

Ils ont su construire et la cité des livres et la cité des hommes, cette Abbaye-Forteresse qui a joué un tel rôle dans la guerre de Cent Ans.

Les Abbés se sont succédés, inégaux certes, au long des vicissitudes de l'histoire, mais il y eut un Robert de Torigni, seigneur de l'esprit, mais il y eut un Bernard du Bec, Abbé selon le cœur de saint Benoît.

Ils avaient compris qu'au-delà de tout ce que l'abbaye représentait, et si souverainement, il y avait un mystère de foi qu'ils devaient vivre. (Dom R. de S.).

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