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Yves LE MANOUR, prêtre guillotiné à Vannes
en exécution de la loi des 29-30 vendémiaire an II.

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281. — Yves Le Manour naquit le 7 mai 1748 au village de Kermérian, en Moustoir-Remungol, de Mathurin et d’Yvonne Le Mer. Il fut baptisé le lendemain.

Tonsuré et minoré à Quimper en vertu de lettres dimissoriales en date du 18 mars 1776, sous-diacre à Vannes, sub titulu ecclesiæ, le 15 mars de l’année suivante, diacre six mois après, le 20 septembre, on constate l’ordination sacerdotale de M. Le Manour à Vannes le 4 avril 1778 dans l’église du Grand Séminaire, au Mené. Il devint alors, dès le 15 mai suivant, chapelain effectif de Saint-Yvy de Moréac, petit bénéfice qu’il avait obtenu au mois de mai 1776, quand il n’était encore qu’acolyte. Pendant plusieurs années, M. Le Manour vécut de sa chapellenie et ce ne fut qu’en 1787 qu’il l’abandonna pour venir, prêtre auxiliaire, se fixer à Languidic, où l’on constate sa première signature le 8 novembre 1787. Au mois d’avril 1789, il était chargé dans cette paroisse du quartier ou frairie de Kergonan.

Comme tous les habitants des campagnes, M. Le Manour ne se montra nullement hostile, au début, aux réformes économiques qu’apporta la Révolution. C’est ainsi que, le 5 juin 1790, on le voit désigné par sa municipalité commissaire pour la frairie de Lambézégan-Kergonan, avec mission de faire un relevé détaillé des biens possédés par les nobles, les ecclésiastiques, les Chapelles, les ordres religieux et l’ordre de Malte. Mais quand l’Assemblée Constituante s’attaqua à la constitution même de l’Eglise, M. Le Manour s’empressa de faire machine en arrière.

Le 20 avril 1791, le recteur de Languidic et son vicaire ayant été convoqués pour prêter serment, ils refusèrent et M. Le Manour, poussé par l’ambition, ne se présenta pas pour jurer à leur lieu et place, dans l’espoir de les remplacer dans leurs postes ; il était trop bon prêtre pour cela.

282. — D’après l’interrogatoire qui précéda sa condamnation capitale, l’abbé Le Manour, qui signa pour la dernière fois à Languidic le 2 décembre 1791, déclara n’avoir jamais consenti à une capitulation de conscience. Quoique exerçant tout le temps un périlleux ministère à travers les campagnes, il échappa heureusement aux années si terribles pour le clergé de 1793 et 1794. Le printemps de 1795 lui procura quelques mois de répit, mais dès le mois d’octobre de cette année, la persécution ayant repris tout comme au temps de la Terreur, M. Le Manour crut bon de quitter Languidic et de s’en aller porter à des populations plus abandonnées les secours de la religion. A la mi-novembre 1795, il parcourt la presqu’île de Rhuys ; confesse, baptise, marie, puis, à la fin du mois, il s’embarque pour l’Ile-aux-Moines, où, suivant toutes apparences, il avait déjà dû plusieurs fois faire du ministère.

283. — Huit jours durant, M Le Manour se tint à la disposition des catholiques de cette localité, caché le jour chez une fille Jouanguy, ancienne religieuse chassée de son couvent, qui lui donnait asile. Le prêtre proscrit sortait encore de cette humble demeure le 5 décembre, à 10 heures du soir, pour aller voir un malade, quand il fut arrêté et reconnu comme prêtre par un détachement de marins de la Révolution qui patrouillaient à l'Ile-aux-Moines. Ceux-ci, sous prétexte qu’il aurait voulu forcer les jeunes gens et autres de cette localité à embrasser la chouannerie, l'emmenèrent avec eux prisonnier. Cependant M. Le Manour se défendit toujours avec énergie de cette accusation, laquelle ne put jamais être prouvée et ne servit aucunement de base à sa condamnation capitale.

On saisit avec M. Le Manour et l’on emporta comme pièces à conviction : un petit ciboire en argent, une boîte aux saintes huiles en plomb, un petit rituel, un martyrologe romain,, un bréviaire, ainsi que des procès-verbaux de célébration de mariage, preuves de ses travaux apostoliques.

Le malheureux prisonnier et la sœur Jouanguy furent amenés aussitôt à Vannes et enfermés au Petit Couvent, où on les tint au secret. Ils subirent leur premier interrogatoire le lendemain de leur arrestation. La religieuse n’ajouta rien à ce que l’on a dit plus haut. Quant à M. Le Manour, le procès-verbal que l’on a conservé de ses réponses, ne porte point sa signature, ce qui permet de douter de son exactitude. Le prisonnier déclara lui-même, lors de sa seconde comparution devant les membres du tribunal de Vannes, « avoir perdu la tête la première fois qu’il avait été interrogé et n’avoir jamais passé en Espagne ainsi qu’il l’avait prétendu ». Il affirma par ailleurs avoir fait tout le ministère possible et fut ramené dans sa prison.

Il n’y devait pas languir bien longtemps. Lucas-Bourguerel, accusateur public, le fit citer le 31 décembre 1795 devant le tribunal criminel de Vannes chargé de le condamner à mort. Là, M. Le Manour affirma sans crainte n'avoir prêté aucun serment contraire à la Religion catholique ; il redit qu’il était demeuré en France pour y faire du ministère toutes les fois que l'occasion se présentait et qu’il s’était encore livré à ces saintes occupations les jours qui précédèrent son arrestation. Il prit bien garde par ailleurs de compromettre qui que ce fût par ses réponses imprudentes et, pour finir, il nia avec énergie toute participation à la chouannerie et n’avoir jamais enrôlé pour les chouans.

283 bis. — Jugé coupable d'être réfractaire à des lois schismatiques et de ne s’être pas déporté, c’est-à-dire d'avoir continué son ministère de prêtre catholique, M. Yves Le Manour fut condamné à la peine de mort, en vertu de la loi des 29 et 30 vendémiaire an II, remise en vigueur par la loi du 3 brumaire an IV, toutes mesures éminemment persécutrices.

Le 1er janvier 1796, à l’heure de midi, la tête du prêtre de Languidic tombait sur la place de la Liberté à Vannes.

Le souvenir de M. Le Manour, ravivé par les travaux de M. Guilloux, n’est pas oublié à Languidic.

BIBLIOGRAPHIE. — Tresvaux du Fraval, Histoire de la Persécution révolutionnaire en Bretagne, op. cit. (1845), II, p. 221. — Abbé Guilloux, Languidic pendant la Révolution, in Revue Morbihannaise, t. III, p. 20. — R. P. Le Falher, Les Prêtres du Morbihan victimes de la Révolution, op. cit. (1921), p. 142-151. Cet auteur a publié tous les actes de son procès.

(Sources : Arch. dép. du Morbihan, 282 bis et 285, Z 457, Z 413).

(Articles du Procès de l'Ordinaire des Martyrs Bretons).

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