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BOMBARDES, BINIOUS ET CORNEMUSES

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I. — Historique

La bombarde et le biniou ont été usités dans d'autres pays que la Bretagne. La bombarde est une sorte de hautbois rustique. (On n'attend pas ici naturellement un historique du haut-bois, instrument suffisamment connu). Quant au biniou, il était connu dès l'Antiquité. Les Grecs le connaissait déjà et les Romains le nommaient : tibia utricularis. Cette tibia utricularis était un sac de cuir gonflé d'air. On y insufflait l'air par un tuyau et l'air ressortait par un autre tuyau percé de plusieurs trous. La tibia utricularis était employée dans l'armée romaine. Néron en joua, dit-on. Au Moyen-Age, cet instrument fut employé dans presque tous les pays d'Europe, sous le nom de « cornemuse » ou « musette » en France, de « bag-pipe », de « piob-mor » en Ecosse, de « zampogna » en Calabre, de « gaita » en Galice. Il est dessiné sur certains vieux manuscrits (psautier de Gorleslon — 1306 — psautier de Loutrell — 1330).

Il est représenté dans la « Minstrel's Gallery » de la cathédrale d'Exeter. Les rois d'Angleterre avaient à leur service des bag-pipers. Henri VIII, qui, émule de Néron en cela, comme, hélas ! en d'autres choses..., avait un goût marqué pour le bag-pipe, avait des bag-pipes à tuyaux d'ivoire.

Au XIVème siècle on ajouta au biniou un autre tuyau, le bourdon qui donnait un son grave continu. Plus tard, on augmenta le nombre des bourdons, qui fut porté à trois pour la cornemuse écossaise.

Au XIVème siècle, on imagina de gonfler le sac au moyen d'un soufflet que l'artiste plaçait sous son bras. C'est ainsi que furent construits la musette de France, le bag-pipe d'Irlande, du Northumberland et des Lowlands d'Ecosse, ainsi que la « gaita » de Galice, cependant que le bag-pipe des Highlands d'Ecosse, le biniou breton et la zampogna calabraise restaient fidèles à l'ancien système de soufflerie par un tuyau où l'air était introduit par la bouche de l'exécutant.

Au XVIIème siècle la musette aux cinq bourdons et aux deux chalumeaux, eut beaucoup de vogue en France. Lully l'employa dans l'orchestre de la cour de Louis XIV. On en trouve la description dans l'Harmonie Universelle du Père Mersenne, Des méthodes furent publiées (Traité de la Musette, par Borjon, Lyon 1672 ; Méthode pour la Musette, par L'Hoteterre, Paris 1737). Puis, brusquement l'instrument tomba en désuétude en France dans la seconde moitié du XVIIIème siècle.

C'est précisément à cette époque que le biniou se répandit en Bretagne. Sans doute, il était connu bien auparavant, ainsi qu'en témoigne un ancien panneau sculpté, appartenant à M. F. Guilly, notaire à Pleyben, représentant un joueur de biniou en costume du XVIème siècle. Mais c'est seulement au XVIIIème siècle qu'il devint d'un emploi courant.

De la fin du XVIIIème siècle à la fin du XIXème siècle, bombarde et biniou furent de toutes les fêtes bretonnes : noces et pardons. Quelques sonneurs eurent leur heure de célébrité. Mathurin l'Aveugle (Matilin an Dall) joua à Paris, devant le roi Louis-Philippe. Il mourut tragiquement en 1857, brûlé dans sa maison. C'est de lui que disait Brizeux : Vieux Matellin, aveugle, allons, prend ta bombarde ! Place-toi sur ta porte et pour moi joue un air, Quand je traverserai le pont du Gorré-Ker. (Marie, Le Retour).

Un autre sonneur célèbre fut Bornugat, de Vannes, mort en 1869. Des concours de biniou eurent lieu, notamment à Vannes (1891), à Brest (1895). On faisait venir des binious pour la fête des courses de Saint-Brieuc, et le pardon de Moncontour. Quellien transcrivit 27 airs de bombarde et biniou dans la 4ème partie de son livre « Chansons et Danses des Bretons ». Plus tard, furent publiés 148 airs de danse par Alfred Bourgeois. Le 48ème Régiment d'Infanterie de Guingamp eut, de 1900 à 1905, 6 bombardes et 6 binious dans sa musique.

Le domaine du biniou fut cependant toujours circonscrit à une partie seulement des campagnes bretonnes : Vannetais et Cornouailles, à l'exclusion du Léon et du Trégor. Cependant, le biniou avait débordé de la Haute-Cornouailles jusque dans quelques cantons de la Haute-Bretagne (Mur, Loudéac).

Puis, au XXème siècle, et surtout après la guerre, le biniou disparut progressivement pour faire place à l'accordéon et au phonographe. On ne trouve plus guère dans notre département de vieux sonneurs. Citons cependant les frères Mateo et Job Le Gall, de Gouarec, qui prêtent leur concours avec succès au Cercle Celtique de Saint-Nicolas-du-Pélem, dirigé par Mlle Rivoallan. Les Cercles celtiques travaillent d'ailleurs à remettre nos vieux instruments en honneur chez les jeunes gens. A Paris, MM. Le Men et Doric Le Voyer ont créé une fabrique de bombardes, de binious et de bag-pipes. Il est, d'ailleurs, à noter, que les jeunes gens qui s'essaient à jouer de nos vieux instruments préfèrent au biniou la cornemuse écossaise, d'une sonorité moins capricieuse et d'un doigté plus aisé.

 

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II. — La bombarde.

La bombarde est un instrument de buis ou d'ébène à anche double avec 6 trous que l'on peut boucher avec les 2ème, 3ème et 4ème doigts de chaque main. Quand tous les trous sont bouchés, on entend la fondamentale, qui varie, d'ailleurs d'un instrument à un autre (sol, d'après Bourgeois ; si, d'après Quellien ; j'ai entendu des bombardes en la bémol). En levant tout ou partie des doigts on obtient une étendue de sons d'une octave à partir de la fondamentale. La plupart des bombardes ont un septième trou ou une clef qui permet de donner en outre la sensible au-dessous de la fondamentale. En forçant le souffle, certains joueurs de bombarde arrivent à donner une octave au-dessus de la première octave. Mais il faut pour cela une grande puissance de souffle.

Il serait intéressant de donner ici le doigté de la bombarde. Mais ce doigté varie d'un instrument à l'autre, les sons étant plus ou moins hauts suivant l'écartement des trous, pour lesquels il n'existe pas de mesure adoptée uniformément par les constructeurs, au moins en ce qui concerne les vieux instruments. On peut corriger la fausseté de certaines notes en tirant un peu sur l'anche avec les lèvres, ce qui abaisse un peu le son.

La bombarde peut faire entendre à volonté des notes liées ou piquées.

Les avis recueillis par Bourgeois sont écrits en ton de ré, majeur ou mineur, comme si la fondamentale était ré. En réalité, l'air est transposé par l'instrument en sol, la, etc., suivant la hauteur de sa fondamentale. La bombarde est donc un instrument transpositeur comme la clarinette en si bémol ou le cor en fa.

D'ailleurs, les vieux sonneurs de bombarde ignorent le solfège. Ils arrivent à jouer, empiriquement, par tâtonnements, les airs qu'ils ont entendus.

Les anciennes bombardes étaient souvent de véritables objets d'art, incrustés d'étain, d'argent, d'os ou d'ivoire.

 

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III. — Le biniou.

Le biniou comprend 4 parties :

1) un sac de cuir (ar sac'h) ;

2) un petit tuyau (ar sutel) dans lequel on souffle pour gonfler le sac, dont l'air s'échappe ensuite par deux autres tuyaux ;

3) le chalumeau (al levriad), tuyau à anche double, percé de 6 trous permettant de jouer une octave de notes, suivant un doigté à peu près analogue à celui de la bombarde. Un petit trou supplémentaire permet de donner la sensible au-dessous de la fondamentale. Cette fondamentale est située une octave au-dessus de celle de la bombarde, et le biniou joue donc à l'octave de la bombarde. C'est sur cet instrument qu'on accorde le chalumeau, en allongeant ou raccourcissant le barillet qui l'unit au sac.

Le chalumeau ne peut faire entendre que des notes liées, et — à l'inverse de la bombarde — jamais de notes piquées. En effet, le chalumeau n'est pas en contact direct avec les lèvres de l'exécutant, et l'air provenant du sac y passe d'une façon continue. On ne peut pas non plus, pour la même raison, jouer des notes répétées. On pare à cet inconvénient en séparant les notes de même intonation par de petites notes d'agrément, obtenues en ouvrant et fermant très rapidement l'un des trous ;

4) le bourdon (ar c'horn-boud), long tuyau à anche simple, qui fait entendre un son grave continu et invariable (deux octaves au-dessous de la fondamentale du chalumeau). En l'allongeant ou le raccourcissant (il est à coulisse), on l'accorde avec la bombarde. C'est le sonneur de bombarde qui est le chef du couple de sonneurs ; n'oublions pas en effet que bombarde et biniou jouent toujours ensemble. Quellien prétend dans son ouvrage sur les Chansons et Danses des Bretons que la bombarde et le biniou ne sont pas accordés dans le même ton. Cela arrive quelquefois par suite de l'inhabileté des sonneurs, mais c'est loin d'être la règle.

Les anciens binious étaient souvent ciselés et incrustés comme les vieilles bombardes.

 

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IV. — La cornemuse écossaise.

La cornemuse écossaise (bag-pipe en anglais, piob-mor en gaélique), tend à supplanter le biniou dans les fêtes bretonnes organisées par les Cercles Celtiques. Il convient donc d'en dire un mot, et de souligner en quoi elle diffère du biniou.

Son chalumeau (« chanter » en anglais), a 8 trous. Il permet de donner les notes sol (2ème ligne en clef de sol), la, si, do, ré, mi, fa, sol, la. La est la note fondamentale. Des physiciens ont mesuré de façon précise la hauteur de ces notes et ont remarqué que le do et le fa sont plus hauts que le do et le fa de la gamme tempérée et sont des sons intermédiaires entre do et do dièse, entre fa et fa dièse.

Certains doigtés compliqués permettent de donner toute l'échelle chromatique, mais la musique classique du bag-pipe n'emploie que les notes mentionnées ci-dessus. On remarquera que le bag-pipe n'a pas dans son échelle normale la note sensible (sol dièse) au-dessous de la fondamentale (la). Cela défigure souvent les airs bretons de biniou, lorsqu'on les joue sur le bag-pipe. Cet instrument a 3 bourdons («  drones » en anglais). Le plus grand donne un la grave (2 octaves au-dessous du la fondamental du chalumeau) ; les deux autres sont accordés à l'octave du plus grand (dans certaines cornemuses, le second est accordé à la quinte et le troisième à l'octave).

Il existe de nombreux recueils d'airs de bag-pipe. Citons les plus anciens : Airs for Scotch bag-pipe, par Patrick Macdonald (1784) ; puis, le recueil du Capitaine Niel Macleod, dans lequel, suivant l'ancien usage, les notes n'étaient pas écrites sur la portée, mais indiquées par des noms gaéliques  hodroho », «  hanahin », « hiechin », «  hiachin », etc.) ; le recueil d'Ulleann Ross, bag-piper de la reine Victoria, le recueil de Gley, etc.

Parmi les méthodes de bag-pipe, on peut citer celle de Donald Macdonald, celle d'Angus Mackay, celle de Logan (Logan's Complete Tutor for the Highland Bag-Pipe, Logan and C° Ltd, Aberdeen), etc.

Est-il besoin de rappeler l'emploi du bag-pipe dans les régiments de Highlanders.

La cornemuse irlandaise (Union pipe) diffère beaucoup de celle d'Ecosse. Le sac en est gonflé au moyen d'un soufflet placé sous le bras. Le « chanter » a sept trous et sept clefs, ce qui permet de jouer deux octaves chromatiques. L'Union pipe a naturellement des bourdons, et, de plus, des «  regulators » maniés par le pouce et qui permettent de faire entendre quelques accords.

 

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V — Caractères de la musique des danses bretonnes.

C'est seulement au point de vue musical qu'il sera question ici des danses bretonnes ; le point de vue chorégraphique, si intéressant, dépasse ma compétence.

La musique des danses bretonnes diffère sensiblement de celle des chansons populaires.

1) On n'y retrouve pas les rythmes libres des chansons, car ici la musique doit accompagner les pas des danseurs, et le rythme doit, par suite, être très régulier et même « carré ». On n'emploie guère que des mesures à 2/4 (que l'on peut grouper en mesures à 4 temps si l'on veut) ou à 6/8, réparties en deux phrases de 8 mesures chacune. (Si l'on écrit à 4 temps, on aura deux phrases de 4 mesures).

2) La ligne mélodique est moins variée que celle des chansons. Son étendue est limitée par l'étendue des sons de la bombarde (une octave et la note sensible inférieure). La plupart des airs de danse sont en majeur, en mineur ou en 1er mode du plain chant. Parfois la bombarde et le biniou emploient un mode inusité dans les chansons populaires : (do dièse), ré, mi, fa, sol, la, si, do dièse, ré.

Quelquefois dans ce cas, le do inférieur est dièse, et le do supérieur est bécarre.

Bien que la bombarde puisse faire entendre des intervalles chromatiques, elle n'en fait pas usage dans les airs de danse. (Il en est de même d'ailleurs, dans les chansons, sauf une ou deux exceptions).

3) La bombarde et le biniou font souvent entendre des sons étrangers à la gamme tempérée (gamme obtenue en partageant l'octave en 12 intervalles égaux, de façon que do dièse soit identique à ré bémol, sol dièse à la bémol, etc.). C'est certainement l'une des raisons de leur charme étrange, analogue à celui que produit le fa, intermédiaire entre fa naturel et fa dièse, émis par le cor de chasse.

4) Le biniou double d'ordinaire à l'octave la bombarde. Cependant, cela devient impossible quand la bombarde s'élève au-dessus de sa 1ère octave (ce qui est, d'ailleurs, très rare). Le biniou la double alors à l'unisson, ce qui produit un effet peu agréable, ou bien le biniou fait entendre un contrepoint rudimentaire.

Le véritable accompagnement de la mélodie est fait par le bourdon qui fait entendre sa basse continue et invariable, qui constitue une authentique « pédale », telle que la définissent les traités d'harmonie. C'est évidemment un accompagnement des plus monotones et des plus incomplets. Parfois, pour marquer les temps forts, on emploie un petit tambour.

Quoi qu'il en soit, la musique de nos vieux instruments bretons a un charme indéniable. C'est toujours avec plaisir qu'on entend leurs accents rustiques qui conviennent si bien aux danses si variées et si pittoresques de la Bretagne.

P. S. - Une étude sur les instruments de musique celtique serait incomplète si l'on n'y faisait mention d'un instrument célèbre dans les fastes de l'histoire des anciens Bretons et Gaels : la harpe, la petite harpe à trois rangs de cordes dont les deux rangées extérieures donnaient les notes naturelles de la gamme, et la rangée intérieure les notes dièsées ou bémolisées, la vieille harpe galloise qui résonna encore au Congrès celtique international de Saint-Brieuc, en 1867, sous les doigts agiles du barde aveugle Griffith. Cette harpe a à peu près disparu même au Pays de Galles, remplacée par la moderne harpe à pédales, et, surtout par le piano, malgré les efforts de quelques musiciens pour la faire revivre de nos jours. (H.. CORBES - 1937).

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