Il fait nuit !.. et l’orage et mugit et s’emporte !

O Moines espagnols, ouvrez-moi votre porte ! -

Je veux me reposer avec vous jusqu’au jour

Où le son de la cloche annoncera mon tour. -

Quand il faudra quitter cette terrestre vie,

Et que viendra la mort que j’attends, que j’envie ! -

Il faut me préparer une robe, un cercueil,

Seuls biens de tout mortel qui franchit votre seuil ! -

Moines, consacrez-moi ! - Donnez-moi pour demeure

Une cellule étroite, - où j’attendrai mon heure ! -

Naguère le soleil ne se couchait jamais

Dans mes vastes états, - partout je commandais ! -

La tête qu’aux ciseaux aujourd’hui j’abandonne,

Fut ornée autrefois de plus d’une couronne ! -

Et les mers gémissaient au loin sous mes vaisseaux

Qui m’apportaient de l’or de mes mondes nouveaux ! -

Ces épaules qu’écrase un froc, grossier et sale,

Hier encore portaient l’hermine impériale ! -

Et maintenant je suis, - en attendant la mort, -

Tout semblable à celui qui dans sa tombe dort ! -

Où donc est Charles-Quint ?.. Ah ! je vais vous le dire !

« Il descend dans la tombe avec le Vieil Empire ! »