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Plabennec sous la Révolution

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Au moment où s’ouvrit la Révolution, M. Jestin avait comme collaborateurs, en son presbytère, Paul-Hervé Kerangeven (ou Keranguéven), vicaire, et Jean-François Guénéa (ou Quénéa), Pierre Colin et Jacques Abernot, confesseurs. Ce dernier, né à Plabennec en Février 1761, avait été promu au sacerdoce en Septembre 1785.

Le 30 Janvier 1791, à l’issue de la messe qu’il venait de chanter, l’abbé Jestin monta en chaire et refusa publiquement le serment à la Constitution civile du clergé. Après avoir exhorté son auditoire profondément ému à respecter l’autorité temporelle, à aimer le Roi, il motiva son refus de serment par les considérations suivantes :

1° Il est de foi qu’à l'Eglise seule, c’est-à-dire au Pape uni au corps des évêques, appartient le gouvernement de l'Eglise.

2° Il est de foi qu’à elle seule, et non pas à une assemblée politique, Jésus-Christ a dit : « Ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le Ciel ».

3° Il est de foi qu’aucun pasteur ne peut tenir sa juridiction que de l'Eglise.

4° Il est de foi que les évêques sont seuls juges en ce qui concerne la foi, les mœurs et la discipline, et que, par conséquent, les pasteurs du second ordre ne peuvent dicter des décrets sur cette matière.

« Ces principes, ajouta le recteur de Plabennec, sont méconnus ou attaqués dans les différents décrets de la Constitution civile du clergé. Je trahirais donc ma conscience, je deviendrais apostat de la foi en souscrivant au renversement de ces vérités catholiques. Non, ni la soif, ni la faim, ni le fer, ni la pauvreté, ni l’aspect de tous les dangers dont je suis environné ne m’arrachera jamais un serment que la religion catholique, apostolique et romaine, me défend de prononcer. Tout mon clergé pense comme moi ».

Les prêtres se levèrent à ce moment et refusèrent, à leur tour, le serment.

M. Jestin avait mis tant de conviction dans sa déclaration, qu’un des officiers municipaux et les autres à sa suite, s’y associèrent publiquement. Plusieurs centaines de voix s’élevèrent alors pour traduire le même sentiment. On ouvrit les portes de l’église et ceux qui étaient d’un avis différent furent priés de sortir. Nul ne quitta l'église, et cette uniformité de conduite fut réputée l’expression authentique de la volonté générale de la commune.

Le recteur, qui était resté en chaire, assura ses paroissiens qu’il ne cesserait pas et qu’il ne pouvait pas cesser d’être leur pasteur, et qu’ils le trouveraient, lui et son clergé, disposés à leur rendre le secours de leur ministère. Il termina son prône par une prière pour le Roi et l'Assemblée Nationale.

Dès qu’il fut entré à la sacristie, plusieurs paroissiens vinrent l’embrasser et le féliciter d’avoir préféré les intérêts de sa conscience aux intérêts temporels (Peyron, Documents pour servir..., I, pp. 74-76).

Ce jour même du 30 Janvier, M. Jestin fut dénoncé à Brest pour avoir attaqué en chaire la nouvelle Constitution du clergé. « A moins de sonner le tocsin de la guerre civile, notait le dénonciateur, on ne peut guère être plus criminel ». Quelques semaines plus tard, dans la nuit du 23 Février, le digne pasteur fut appréhendé, mené à Brest et consigné chez les Soeurs de l'Union chrétienne dans l’appartement réservé à l’évêque de Léon.

Le 13 Mars 1791, l’abbé Le Caill, constitutionnel, fut nommé à la cure de Plabennec par l’assemblée électorale du district de Brest. Il ne tarda pas à s’y rendre et dès le 4 Avril, nous trouvons sa signature aux registres de cette paroisse. La municipalité se refusa à l’installer (Peyron, Documents pour servir...., I, p. 151).

Le 16 Mai, il écrit au district pour lui annoncer toutes les avanies dont il est l’objet de la part de plusieurs citoyens : « Si vous ne vous déterminez pas à nous prêter la main, ajoutait-il, nous nous voyons forcé de plier bagage ».

Le 17 Mai 400 hommes de troupe quittaient Brest pour Plabennec, avec deux pièces de canon et train d’artillerie. Ils y arrivèrent le lendemain matin. Dès huit heures, M. Quénéa était arrêté et conduit à Brest sous une escorte de 50 hommes. A deux heures, une conférence eut lieu à l'église où étaient réunis plus de 200 habitants et la majeure partie du détachement. Quelques commissaires ayant vanté les heureux effets de la Révolution, les paroissiens élevèrent une énergique protestation.

Une seconde conférence eut lieu le 20 Mai, et il fut arrêté que les hommes de troupe restés à Plabennec s’en iraient le 23.

L’abbé Le Caill eut, par la suite, quelques difficultés avec les prêtres insermentés, et il en fait part le 27 Août au district de Brest.

A l'amnistie, qui ouvrit les portes de la prison des Carmes, le 27 Septembre, les prêtres de Plabennec reparurent. Nouvelles plaintes, le 5 Octobre, du curé constitutionnel au district. Le 12 Juillet 1792, l'abbé Le Caill est toujours aussi impopulaire. Il se plaint ce jour-là au district que la municipalité lui refuse les objets indispensables au culte et demande deux gendarmes pour son Pardon qui a lieu le 15 Juillet.

Le 20 Messidor an II (8 Juillet 1794), la commune de Plabennec vota, en masse, par acclamation, le renvoi de son curé constitutionnel. Peu après, la Commission Centrale, siégeant à Landerneau, supprima le traitement de ce curé et décida qu’il viderait le presbytère (Peyron, op. cit., pp. 321-325. — Voir les chansons bretonnes contre l’abbé Le Caill, l'abbé Le Bris, vicaire constitutionnel de Plabennec, et contre le bedeau de cette paroisse, dans les Annales de Bretagne, 1935, pp. 118, 136, 394).

Sorti de prison, M. Jestin passa à Jersey, et de là en Espagne, en Décembre 1792. Débarqué à Cadix, le 3 Décembre, il eut comme résidence Marchena (Manuscrit Boissière, p. 208). Après la Révolution, il est recteur de Porspoder, mais son esprit et son coeur s’en vont constamment vers son ancienne paroisse toujours très aimée de Plabennec. Au nom de la population de cette bourgade, le maire écrit à Mgr. Dombideau, le 23 Novembre 1805, pour le demander comme recteur :

« MONSEIGNEUR, Permettez que nous vous exprimions dans cette lettre, que nous avons l’honneur de vous adresser, les désirs et les voeux des habitans de cette commune, qui nous invitent et nous sollicitent de vous exposer leur sentiment. Vous n’ignorez pas que le gouvernement nous a nommé pour curé de Plabennec Monsieur Mocaër, ancien recteur de Lambézellec, à la place de Monsieur Alain Jestin. Ce dernier, nommé pour la cure de Lannilis, se démet en faveur de Monsieur Le Duc, qu’il ne veut point déplacer, quoiqu’il se voye lui-même remplacé, il se contente d’être déporté, comme vicaire, à Porspoder. Votre prédécesseur, Monsieur André, lui avait promis la cure de Plabennec, cette place qui lui étoit si légitimement due. Mais les démarches des amis et des parens de M. Mocaër près le gouvernement, y ont réussi pour destituer Mr. Jestin. Quel contraste ! Ce n’est pas que nous veuillions décrediter M. Mocaër ; non : sa religion, sa piété, sa douceur, tout en lui devroit édifier et lui gagner les coeurs. Mais que peuvent les paroles et les exemples d’une personne, sur des esprits indisposés contr’elle ? Si la mort nous eût enlevé Mr Jestin, les pleurs et les regrets auroient eu un terme ; mais son absence le laisse toujours à désirer ; les habitans de Plabennec sont si enthousiastes, qu’ils ne veulent aimer d’autre que lui. Pendant l’espace de ving cinq ans, qu’il a régi cette commune, elle n’a jamais été troublée, il en a fait l’ornement et en a édifié les habitans par son exemple et ses éminentes vertus. Lui demandoit-on son avis sur quelques difficultés, il s’y adonnoit de bon coeur et sauvoit tout obstacle. De quel secours ne seroit-il pas aujourd’hui au trésorier de notre église, qui, quoique l’un des plus éclairés de la commune, ne laisse pas de trouver de grands embarras dans sa fonction ? M. Jestin se prêtoit à tout, et tout le monde trouvoit accés auprès de lui. Avec quel plaisir ne l’écoutoit-on pas ? On le vouloit toujours voir dans cette chaire de vérité, d’où il prêchoit avec tant de succés la sainte morale. Il se faisoit une étude de reprimer toutes sortes de délits, même les plus légers : une parole dite de sa part valoit une réprimande à la municipalité. Aujourd’hui, pour notre confusion, quelle tiédeur dans le service divin, quelle indifférence pour la religion ! Les uns ne regardent Mr Mocaër qu’avec mépris ; d’autres le prennent pour un usurpateur ; il n’est connu que d’un petit nombre pour leur curé. La jeunesse devient volage et indiscrète. Cette paroisse qui pouvoit naguères servir d’exemple et de modèle à toute autre, par la conduite régulière de ses habitans, ne pourra donc plus posséder celui qui seul peut la redresser.

Nous ne doutons point, Monsieur, qu’en acceptant d’être évêque, votre premier et principal but n’ait été de faire le bonheur de vos ouailles. Daignez donc accorder une partie de vos sollicitudes épiscopales à nos représentations. Vous ferez le bonheur de la commune de Plabennec, en y rappellant Monsieur Alain Jestin, son ancien recteur. Nous vous en prions au nom de ces pauvres mendians, qui nous le réclament sans cesse ; au nom de ces tristes vieillards, qui l’appellent pour leur fermer les yeux ; au nom de ces veuves, qui soupirent après son retour ; au nom de ces orphelins, qui ne connoissent d’autre père que lui ; au nom de ces jeunes gens, qui le requèrent pour les redresser. Quel surcroit de gloire pour vous, si vous devenez sensible au voeu général de la commune, c’est-à-dire de vos plus fidèles ouailles, qui vous seront toute la vie reconnoissantes d’un don si juste et si précieux. Nous l’espérons de votre paternelle bienfaisance.

Les porteurs de la présente désireroient l'honneur de votre audiance. Salut, Respect et Soumission, J. JEST1N, maire. A Plabennec le 23 novembre 1805. P. JESTIN, adjoint-maire ».

L'Evêque de Quimper ne put accéder à cette requête. Il nota que la rentrée de M. Jestin à Plabennec était chose peu convenable et impossible selon les règles ordinaires, sans la démission de M. Mocaër.

Paul Keranguéven, arrêté à Plabennec, au début d'Août 1799, fut conduit à Quimper et condamné à la déportation le 11 Août de la même année. L’arrêt ne fut pas exécuté, et nous trouvons l’ancien vicaire de Plabennec interné au Château de Brest en 1800. Il mourut à Plabennec le 29 Juillet 1801 (D. Bernard, Documents et notes …, pp. 193-196).

Pierre Colin fut arrêté à Plabennec et enfermé au Château de Brest, le 12 Mai 1798. Transféré à Quimper le 18 Mai, il ne tarda pas à être déporté à l'île de Ré, où il arriva le 22 Juin. Le 15 Avril 1800, il recouvra sa liberté. Sous le Concordat, c’est à la Martyre qu’il est recteur (D. Bernard, Documents et notes …, pp. 173-176).

Jacques Abernot, qui avait passé à Jersey, arriva à Cadix avec M. Jestin, le 3 Décembre 1792, et fut dirigé sur Carmova, où il résida jusqu’à son retour en France (informations tirées des archives de l'Evêché).

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