Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

Le PLESSIS, à la fin du Moyen Age.

  Retour page d'accueil       Retour Ville de Plessix-Balisson   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

I. - Jean de la Villeblanche et la terre du Plessis au XVème siècle.

Nous voudrions dire comment finit Jehan du Perrier [Note : Jean du Perrier dut mourir en 1494 ou en 1495, car « le 25 mai 1495, la seigneurie du Plessis-Balisson était entre les mains de la cour de Lamballe pour cause de rachapt par le décès de messire Jean du Perrier, en son vivant sieur du dit lieu ». Jean du Perrier avait contracté un nouveau mariage au décès de Jeanne de Quélen sa première femme. Sa nouvelle épouse, damoiselle Jeanne Le Bouteiller ne mourut qu'en 1526. (Bibl. Nat. coll. Duchesne, vol. 70)], dont la personne jeta un si vif éclat sur le nom du Plessis. Mais l'histoire se tait sur ce point et nous apprend seulement qu'à sa mort, Jeanne du Perrier, sa fille unique, issue de son premier mariage avec Jeanne de Quelen, fit passer les vastes possessions paternelles dans la maison de la VILLEBLANCHE [Note : Les La Villeblanche portaient « de gueules à une fasce d'argent, accompagnée de 3 hures de brochet de même, deux en chef et une en pointe »]. Le 15 novembre 1496, nous trouvons en effet son mari, Jean de la Villeblanche, rendre pour la terre du Plessis le plus ancien aveu que nous connaissions. A cause de l'intérêt tout spécial que cette pièce présente pour nous, nous allons reproduire ici les principaux extraits de l'analyse qu'en ont faite au XVIIIème siècle les agents du duc de Penthièvre.

Dans cet aveu ou reconnaissance — suivant laquelle d'après le droit féodal, un seigneur faisait acte de soumission envers un autre seigneur, son successeur immédiat, — l'avouant, Jean de la Villeblanche [Note : Les La Villeblanche sont assez souvent désignés dans des actes du temps sous le seul titre de M. du Plessis-Balisson. En 1498, M. du Plessis-Baliczon reçoit une robe de laine et de soye, baillée sur l'ordonnance de la reine Anne, pour porter le béguin ou deuil du roi Charles VIII. (LOBINEAU, Preuves, 1586)], chevalier, se dit autorisé de son aïeul Pierre de la Villeblanche, l'un des membres de la conspiration contre le chancelier Landais, qui reçut, d'après quelques auteurs, le collier de Saint Michel en récompense des services qu'il rendit à la France aux dépens de la cause bretonne.

D'après cette pièce, la Chatellenie du Plessis-Balisson s'étendait dans les paroisses du Plessis, de Ploubalay et de Corseul. Elle consistait en la ville et clôture du Plessis-Balisson, un étang, remplacement du château, 78 journaux de terre de domaine et environ 266 fiefs, tant nobles que roturiers, dont on ne dit pas l'étendue, ainsi qu'un certain nombre de rentes et de juridictions. Ce dernier article est le seul qui soit en Corseul [Note : D'après l'aveu du 25 mars 1712, les rentes de Corseul consistaient dans les bailliages de la Bertrammatz et de la Daliberdais, et dans la dîme de Cran].

Des terres nobles tenues en juveigneurie relevaient aussi du Plessis. C'étaient les manoir, métairie et terre noble de la Guéraie, non mentionnés dans le présent titre, mais que l'on trouve expressément indiqués sur d'autres pièces, en particulier dans un minu du 31 mai 1431, dans lequel Jehan Robert nous dit que Guillaume, son père, tenait cette terre en juveigneurie d'aîné du Plessis-Balisson.

C'était encore :

1° en Lancieux :

a), le manoir et les prés de la Roche, contenant 30 journaux de terre ;

b), les taillages des Deniers de la Roche et des Froments de la Roche, lesquels bailliages appartenaient alors à Pierre de Plouer, seigneur du dit lieu.

2° en Ploubalay :

a), le bailliage de L'Argentaye, comprenant le manoir de ce nom alors existant : le dit bailliage s'étendant sur 200 journaux de terre sis aux environs de la Ville-Asselin et de la Ville-es-Vitels.

Pour la Ville-Asselin était due une rente féodale d'une paire de gants en peau de cerf, encore estimée 2 livres 10 sols le 29 novembre 1747.

Pour le Clos-es-Triards, l'on devait payer chaque année un gâteau de trois mailles au premier de l'an et quinze oeufs à Pâques.

Ces deux curieuses redevances devaient remonter loin comme origine, car le sire du Plessis en déclarait jouir depuis un temps immémorial, le 5 mars 1462.

b. Le manoir de Launay (plus tard appelé Launay-Comatz) appartenant alors à Jehan de Launay, ainsi que trois autres bailliages dont on ne dit pas les noms et la neuvième partie dans la dîme de la Roche et dans celle de Lanrodel.

Après ces détails vient l'énumération du droit de menée, le premier jour aux plaids de Lamballe, c'est-à-dire le droit de faire expédier dès le premier jour, lorsque siégeait le tribunal de Lamballe, les affaires qui concernaient les vassaux de la châtellenie du Plessis [Note : Archives des Côtes-d'Armor, E. 493 et E. 568. L'original de l'aveu de 1496 n'existe plus. Ce que nous connaissons a été résumé par les agents du duc de Penthièvre].

Ajoutons enfin que d'après un autre aveu du 15 avril 1555, rendu par Maître Pierre Marec, les deux cent cinquante-six fiefs dont se composait la terre du Plessis se divisaient ainsi : Domaine direct dont le seigneur gardait la pleine propriété et qu'il faisait cultiver pour son compte : 85 journaux. Fiefs (c'est-à-dire des terrains repartis par le seigneur à différentes conditions qui constituaient les redevances feodales) : 765 journaux. Arrière-fiefs [Note : Parmi les arrière-fiefs du Plessis se rangeaient la terre de Rays, celle de la Crochais et probablement la Mallerie (Archives des Côtes-d'Armor, E. 493) La Ravillaye, en Ploubalay, avait fait aussi partie du Plessis-Balisson, ainsi que les terres du Pont-Cornou et de la Coudraye. (Archives des Côtes-d'Armor, E. 1423)] : 870 journaux. Juveigneuries : 302 journaux ; au total : 2.022 journaux de terre, dans le dénombrement desquels les bois-taillis du Plessis comptaient pour 60 journaux (Archives des Côtes-d'Armor, E. 493).

II. - Claude de la Villeblanche, Seigneur du Plessis.

Le 15 novembre 1511, Claude, fils de Jean de la Villeblanche et de Jeanne, dame du Châtellier en Ereac, fournissait minu à la Cour de Lamballe pour la succession de son père. Nous trouvons énumérés sur les pièces du temps les nombreux titres et qualités de ce puissant seigneur, l'un des plus riches de la Bretagne, puisqu'il pouvait s'intituler châtelain du Plessis-Balisson, de Maumusson, de Broons, de Bagaz, du Mesnil, de Martigné-Ferchaud, de la Porte, de Callac, du Châtelier, seigneur de Branxian, de Plusquellec, de Tourgouff, du Pontblanc et autres lieux. Claude de la Villeblanche fit avec honneur les guerres du Hainaut, de Savoie et de Venise et devint chevalier des Ordres du Roi « à cause de sa valeur et dextérité aux armes » (DE CARNE, Les Chevaliers Bretons de Saint-Michel, p. 421). Il fut même grand pannetier de la Reine Claude de France, le 3 avril 1522, et assista en cette qualité à Rennes en 1532 au couronnement du dauphin Henri II, comme duc de Bretagne. Mais alors il n'était plus seigneur du Plessis. Autant par besoin d'argent — car il était grand dissipateur de sa nature — que pour soustraire de ses biens à son neveu Guy d'Espinay, qu'il n'aimait pas, il avait vendu, le 22 décembre 1520, la châtellenie du Plessis à Maître Alain Marec [Note : Les Marec s'armaient : « d'argent à un lion de gueules, arme, lampasse d'or et une fasce de sable chargées de trois molettes d'arpent ». Une note que nous avons trouvée dans le dossier E 568 des Archives des Côtes-d'Armor, nous indique que la terre du Plessix, lors de son acquisition par Alain Marec, valait 550 livres de revente, mais il faut tenir compte que la dame Le Bouteiller, veuve de Jean du Perrier, jouissait alors pour son douaire des revenus du tiers de la châtellenie].

III. - Les Marec au Plessis.

La famille Marec ou Mar'hec, en français « chevalier », était originaire de Plouagat-Châtelaudren, où elle figure, écrit Courcy, à toutes les réformations et montres du XVème et XVIème siècle. Sa devise était « In te, Domine, speravi, non confundar in aeternum ».

Alain Marec, sénéchal de Rennes et conseiller aux Grands Jours de Bretagne en 1498, fonda la fortune de sa famille. Peu avant d'acheter le Plessis, il avait acquis les seigneuries de Montbarrot et de la Martinière, situées toutes deux aux portes de Rennes, dans la paroisse Saint-Aubin. Alain Marec jouissait de son temps d'une grande considération, car nous voyons qu'il fut présent au contrat de la Duchesse Anne et l'un des arbitres dans les démêlés de cette Duchesse avec le vicomte de Rohan [Note : VICOMTE DE PONTBRIAND, Un ancien Armorial breton, page 60].

Le 18 juillet 1527, PIERRE MAREC, Mestre des requêtes et conseiller au Parlement de Bretagne, fournit un minu (Archives des Côtes-d'Armor, E 106) pour le rachat d'Alain Marec, son père. Mais celui-ci devait être mort depuis quelque temps, car dès le 18 avril 1526 (Archives des Côtes-d'Armor, E 568), son héritier avait passé une transaction avec le receveur du comté de Penthièvre pour « les rachats d'Alain Marec et de demoiselle Le Bouteiller, l'un propriétaire de la maison du Plessis, l'autre douairière de la même terre ».

Pierre Marec semble s'être occupé activement de sa châtellenie du Plessis. C'est ainsi qu'il obtint en 1546 (Archives des Côtes-d'Armor, E 568) des lettres patentes du dauphin duc de Bretagne, l'autorisant à rétablir les fourches patibulaires à quatre pots, enseignes de la Haute Justice attachée à la terre du Plessis et qui étaient alors tombées en ruines. Une longue enquête [Note : Déjà l'an 1500, une enquête faite à la requête du prince d'Orange avait été favorable au Plessis. (Archives des Côtes-d'Armor, E. 493)] précéda cette permission. Plusieurs témoins furent entendus et tous attestèrent que « la seigneurie du Plessis-Balluczon était réputée de tout temps chastellenye, en laquelle y a grande et ample juridiction, hommes et sujets en grand nombre et réputée belle et ancienne pièce et décorée de plusieurs choses d'ancienneté ». Le roi de France ne pouvait moins faire que de concéder de quelque faveur à un lieu aussi considérable : aussi Henri II accorda-t-il en 1552, des lettres patentes à Pierre Marec, portant création d'un marché au Plessis. Ces lettres d'ailleurs durent se borner à confirmer une situation qui remontait assez loin ; car dès 1462, l'on trouve dans les comptes de la seigneurie, mention d'un fermier appelé Jean Le Juif chargé de percevoir les droits « sur les marchez du dit lieu ». (Archives des Côtes-d'Armor, E. 568).

Pierre Marec, lisons-nous dans les Grandes Seigneuries de Haute-Bretagne, du chanoine G. de Corson, mourut vers 1558, laissant de son union avec Béatrix d'Acigné un fils en bas âge nommé René, qui fut placé sous la tutelle d'Antoine de Créquy, évêque de Nantes, et deux filles, dont nous ne nous occuperons pas ici.

L'héritier de Pierre Marec dut en 1583 soutenir une longue procédure (Archives des Côtes-d'Armor, E 493) contre son suzerain le duc de Mercœur, qui refusait de reconnaître les droits et prérogatives du Plessis-Balisson. La raison secrète de l'animosité [Note : Une note contenue au dossier 568 des Archives des Côtes-d'Armor dit même que les Archives du Plessis furent pillées et disparurent en partie à cette époque. Les ligueurs se saisirent aussi des revenus de la terre du Plessis pour les employer aux besoins de leur cause. C'est ainsi que le 29 mars 1607, la Chambre des Comptes de Nantes déchargea Messire François du Breil, héritier de feu Julien du Breil, de rendre le compte qui lui était demandé de deniers provenant de la saisie mise sur les terres du Plessis-Balisson et du Boisjouan, en l'année 1590, attendu que les dits deniers, si aucun ont été touchés par le sieur de Rays, ça a été en vertu de l'ordonnance faite par le dit feu sieur de Mercoeur et pour l'entretenement des gens d'armes qui estaient en la dite place du Guildo durant la dite année. (Archives de Nantes, Registres courants de la Chambre des Comptes, I, 49)] de Mercœur est facile à deviner quand on lit l'histoire de ce temps. Montbarrot, (car c'est sous cette appellation qu'on désigne le plus souvent René Marec), fut en effet le plus solide soutien du parti du Roi en Bretagne, et cela, contre les prétentions du duc de Mercœur qui cherchait, à la faveur des trouble de la Ligue, à se tailler une principauté dans cette province, sur laquelle il pouvait avoir des droits, du chef de sa femme Marie de Luxembourg.

C'est ainsi qu'en 1589, les Ligueurs ayant assiégé Rennes, dont Montbarrot avait le gouvernement, celui-ci fit l'énergique réponse que voici, à Mercœur qui lui proposait de capituler, avec permission de sortir de la ville pour lui et ses gens. « Marec, raconte Jehan Prichart dans ses Mémoires, refusa plusieurs fois, disant aimer mieux crêver, lui, sa femme, enfants et serviteurs, que de sortir de la place à lui baillée par le Roi, sans avoir forfait, ou que le Roi le lui eut commandé ».

Dans la suite, Montbarrot devint Lieutenant-Général du Roi en Bretagne et chevalier de son Ordre. Durant toutes les guerres de religion, il se montra toujours ennemi décidé des ligueurs. L'influence de sa femme, Esther du Boays, qui fut tout le temps zélée huguenote, ne demeura sans doute pas étrangère à la ligne de conduite du seigneur du Plessis.

Les auteurs des Anciens Evêchés de Bretagne prétendent, (tome II, page 12), que grâce au crédit dont il jouissait près du Roi, Marec rendit de son temps au Plessis-Balisson son ancienne splendeur. Nous nous contenterons de citer ici leur affirmation dont ils ne fournissent aucune preuve et de laquelle nous n'avons trouvé nulle trace par ailleurs.

La dernière partie de la vie du seigneur du Plessis fut remplie d'amertumes. Impliqué dans la conspiration de Biron, il fut quelque temps renfermé à la Bastille : on le mit cependant en liberté en 1602, à cause des services considérables qu'il avait rendus en Bretagne à la cause du Roi. Mais tous ces évènements durent affecter péniblement René Marec, qui donna dès 1605 sa démission de gouverneur de Rennes et de Lieutenant du Roi dans l'évêché du même nom. Un peu plus tard même, il se débarrassa de la terre du Plessis. dont la possession ne lui avait causé que des ennuis [Note : Voir sur René Marec : A. DE BARTHÉLÉMY : Mélanges d'Histoire et d'Archéologie, 1er et 2ème cahier. — DE CARNÉ : Les chevaliers bretons de St-Michel, p. 210. — B. POCQUET : Histoire de Bretagne, t. V du chap. VI, au chapitre XXI, Rennes 1913. — Archives d'Ille-et-Vilaine : C. 2644-5. — D. Morice, au tome III de ses Preuves, cite le nom de René Marec plus de 25 fois]. (A. Lemasson).

 © Copyright - Tous droits réservés.