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LES PARDONS DE PLESTIN-LES-GREVES

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La paroisse de Plestin (ou Plestin-les-Grèves) conserve fidèlement le souvenir de trois saints qui la sanctifièrent au VIème siècle ; peu de figures aussi poétiques, aussi attachantes, se présentent à nous ; laissez-nous donc vous raconter ce que furent saint Gestin, saint Efflam et sainte Enora.

« Un roi d'Irlande avait une fille à marier : c'était la plus belle des princesses ; elle se nommait Enora.

Beaucoup l'avaient demandée, et elle avait refusé tous les partis, à l'exception du grand seigneur Efflam, fils d'un roi étranger, et qui était jeune et beau » [Note : Hersart de la Villemarqué, Barzas-Breiz].

Ainsi commence le chant poètique que le peuple breton à consacré à l'un de ses saints vénérés. Mais si Enora aimait Efflam, ce jeune prince ne pouvait répondre à cet amour, car il avait pris la ferme résolution de conserver sa virginité. Toutefois on sait que les enfants des rois ne s'appartiennent pas ; les pères d'Efflam et d'Enora étaient en guerre depuis de longues années ; ils finirent par faire trêve à leurs différends et résolurent l'un et l'autre de cimenter une paix durable par le mariage de leurs enfants. Lorsqu'Efflam apprit cette décision, il n'osa repousser l'union proposée, crainte de voir le terrible fléau de la guerre apparaître de nouveau, il se résigna, donc au mariage ; mais « au milieu même de la nuit des noces, il sortit du palais sans éveiller personne, formant le projet d'aller faire pénitence en un ermitage au fond de quelque bois ».

Efflam quitta la Grande Bretagne en s'embarquant secrètement et vint aborder sur les côtes de Tréguier. La légende raconte qu'à son arrivée dans le pays il trouva le roi Arthur luttant contre un horrible dragon qui avait fait sa retraite dans une caverne du Roc'h-Hyrglaz. Le héros breton allait succomber à la peine, dévoré par une soif ardente, lorsque le saint fit jaillir du rocher une source qui désaltéra Arthur et lui rendit assez de force pour terrasser le monstre qu'il combattait. On voit encore cette fontaine, objet de vénération depuis des siècles, coulant doucement sur le roc.

Lorsque saint Efflam se trouva seul sur le rivage, il chercha un lieu propre à exécuter son dessein de vivre en ermite ; avisant une petite cabane abandonnée, il s'y établit pour servir Dieu.

Mais il n'y demeura pas longtemps seul ; d'abord arriva certain jour un dévot personnage appelé Gestin, auquel appartenait la cabane, puis vint à son tour sainte Enora elle-même.

Saint Gestin, solitaire breton, avait quitté son ermitage pour faire le voyage de Rome. A son retour il trouva saint Efflam occupant sa cellule ; ce fut alors une touchante scène de charité fraternelle : Efflam voulait rendre à Gestin la cabane qu'il avait construite, Gestin refusait d'accepter et voulait s'éloigner ; il fallut qu'un ange, dit la tradition, vint terminer cette pieuse dispute en obligeant saint Efflam à demeurer ; quant à saint Gestin, il se retira à peu de distance, et bâtit un nouvel ermitage là où s'élève aujourd'hui le bourg qui porte son nom [Note : Plou Gestin par contraction Plestin].

« Les vieillards ont dit comment les anges portèrent Enora endormie dans leurs bras, par de là la grande mer, et la déposèrent sur le seuil de l’ermitage de son mari.

Quand elle se réveilla au seuil de l'ermitage de son mari, elle frappa trois coups à sa porte : — je suis votre douce et votre femme que Dieu a amenée ici.

Et lui de la reconnaître à sa voix, et de se lever bien vite, et de sortir ; et, avec de belles paroles sur Dieu, il mit sa main dans sa main.

Puis il lui éleva une petite cabane près de la sienne, à gauche au bord de la fontaine, couverte de genêts verts, à l'abri, derrière la roche verte » [Note : Hersart de la Villemarqué, Barzas Breiz].

C'est dans cette solitude que vécut sainte Enora, là même où se trouvent encore les derniers débris d'une chapelle élevée en son honneur sur le Roc'h-Hyrglaz.

« A certains jours, dit le P. Albert Le Grand, elle se rendoit à la cellule de son époux, lequel de dedans, sans ouvrir sa porte, l'entendoit, lui parloit et lui donnoit de salutaires instructions ; puis, avec sa bénédiction, elle se retiroit dans son petit domicile » [Note : Vies des Saints de la Bretagne-Armorique].

C'est ainsi que saint Efflam, saint Gestin et sainte Enora menaient une vie plus angélique qu'humaine ; leur fin fût digne d'une si pieuse existence. Un matin une pauvre femme vint à la cabane d'Enora qui n'ouvrit point sa porte ; alors elle regarda par une fente et elle vit « la dame étendue morte, aussi belle que le blond soleil, et toute la cabane éclairée, et près d'elle à genoux un ange vêtu de blanc ».

La mendiante, surprise d'un tel spectacle, courût avertir le bienheureux Efflam, mais elle trouva sa cellule ouverte : Efflam était mort en même temps que sa femme bien aimée.

De retour chez elle, la pauvresse apprit encore d'autres merveilles : la nuit précédente les hommes qui étaient sur mer avaient vu le ciel s'ouvrir et avaient entendu de ravissants concerts ; c'était les anges du Seigneur qui introduisaient en paradis les âmes si pures des deux saints époux Efflam et Enora.

Aujourd'hui dans l'église paroissiale de Plestin on voit à la place d'honneur, à l'entrée du chœur, les statues de saint Efflam et de saint Gestin ; on fait la fête du premier le dimanche de la Trinité et la fête du dernier le quatrième dimanche après Pâques.

De plus, dans la nef, s'élève de terre un beau tombeau de granit sculpté, décoré d'arcatures en accolade et d'autres ornementations du XVème siècle ; c'est la tombe de saint Efflam. Sa statue couchée sur le mausolée le représente en juste-au-corps couvert d'un manteau, la couronne en tête, un sceptre fleurdelysé à la main gauche et un livre fermé à la main droite ; un dragon vaincu se tord à ses pieds.

Sous le monumental porche de cette église de Plestin daté de 1575, — au milieu des statues des douze apôtres — apparaît aussi sainte Enora, appelée parfois sainte Honorée ; c'est une œuvre du XVème siècle, la figurant revêtue d'une longue robe et d'un riche manteau ; elle est tête nue, mais de la main droite elle tient un sceptre et de la gauche un livre de prières.

La chapelle de sainte Enora est malheureusement en ruines, comme nous l'avons dit ; celle de saint Efflam a été reconstruite en 1620 par Perceval Efflam, recteur de Plestin.

Non loin de ce dernier sanctuaire est la fontaine du Bienheureux, abritée par un édicule quadrangulaire que soutiennent des contreforts d'angle. Cette fontaine de saint Efflam est l'objet de la dévotion des fidèles et l'on attribue à son eau des vertus miraculeuses.

Ce qu'on nomme la Lieue de Grève est tout l'espace sablonneux s'étendant de la chapelle Saint-Efflam à l'église paroissiale de Saint-Michel en Grève. Au milieu de ces sables recouverts à chaque marée par les eaux de la mer se dresse une croix qui, d'après la tradition, fut élevée par saint Efflam lui-même pour guider les voyageurs traversant ce périlleux passage. Dans cette paroisse Saint-Michel se trouve la chapelle de Sainte-Geneviève dont le pardon est très suivi.

Note : De nos jours subsistent (en 2022) encore à Plestin-les-Grèves les pardons de la chapelle Saint-Sébastien, de la chapelle Sainte-Anne, de la chapelle Saint-Jagut, de la chapelle Sainte-Barbe, de la chapelle Saint-Haran, et de la chapelle Saint-Efflam (?).

(Abbé Guillotin de Corson, 1902).

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