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PLEUBIAN (anciennement PLEUBIHAN).

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La paroisse de Pleubihan (aujourd'hui Pleubian) fut fondée au VIème siècle par saint Maudet, au cours de ses pérégrinations à travers la presqu'île trécorroise. Suivant l'antique légende d'Orléans, écrite au XIIIème siècle sur les données des Trécorrois qui fréquentaient avec saint Yves la célèbre École de droit, saint Maudet, en quête d'une solitude, aborda tout d'abord au petit hâvre appelé depuis Port-Béni, le PORTUS BENEDICTUS mentionné dans l'enquête de canonisation de saint Yves. Toujours d'après la vie orléannaise, Maudet bâtit près de là un premier ermitage, et cet endroit est encore désigné par le peuple sous la dénomination transparente de KERMODA.

Procession de la Saint-Georges à Pleubian (Bretagne).

Après quelque temps de séjour à Kermoda, saint Maudet (ou saint Maudez) traverse le territoire actuel de Pleubihan pour se fixer à Lan-Modez, Lanna Maudeti, Iliz Maudet. L'ermite avait sans doute avec lui quelques disciples, Botmaël et Tudi, disent les Actes ; et, à cent mètres de la pauvre église de Lan-Modez, on trouve une croix voisine d'une ferme. Croix et village portent aujourd'hui le souvenir du patron fondateur et s'appellent Ker-Vénec'h, résidence des moines. Ce village est situé à deux kilomètres de Pleubihan, et cette faible distance ne dut empêcher Maudet d'étendre son zèle d'apôtre sur les deux territoires de Pleubihan-Lan-Modez, car les paroisses bretonnes furent délimitées bien plus tard [Note : En prenant la version du mss. 330 d'Orléans, favorable à ma thèse, je ne prétends en rien infirmer les savantes conclusions du commentaire historique de M. Arthur de la Borderie].

De Pleubihan-Lan-Modez, le bienheureux se retira plus avant sur la terre ferme, près la chapelle actuelle N.-D. de Bonne-Nouvelle, et tôt après dans une île appelée depuis ILE-MAUDET.

Cette île se peupla bientôt, dit le légendaire de Tréguer, de religieux pour lesquels il fallut construire des logettes ou cellules, et des oratoires. Nul doute que Maudet ne laissât sur la terre ferme ou ne détachât de son île, comme le faisaient Tudual, Pergat et Ruélin autour de Lan-Tréguer, des prêtres pour le service pastoral du canton aujourd'hui appelé « La Presqu'île ». Le territoire actuel comprenant Pleu-Bihan et Lan-Modez devaient de préférence attirer sa sollicitude en souvenir de son abordage à Port-Béni, de sa résidence à Lan-Modez. Ainsi faisaient après lui les Bénédictins de l'Ile-Maudet, les Franciscains de l'Ile-Verte. Après la bataille de Kermasac'h en Lan-Modez (1592) entre Ligueurs et Protestants, fut bâtie (1598) une chapelle dédiée à la sainte Vierge sur le lieu même où avait péri le jeune Derval. Une fondation fut faite par MM. Boisdauphin et Saint-Laurent, ses oncles. En vertu de cette fondation, un moine de l'Ile-Verte devait, chaque semaine, dire dans la chapelle une messe pour le sieur Derval et les catholiques morts à ses côtés. En l'année 1750, la chapelle de Kermasac’h (située près de Kervénec'h), tombant en ruines, fut achetée par M. Cillart de la Villeneuve qui s'obligea à la faire reconstruire, ce qu'il fit en 1753, et à maintenir les charges de la fondation. Par un nouvel acte, les moines de L'Ile-Verte s'obligèrent à la desservir ; et, moyennant 12 sous par semaine, à venir exactement chaque dimanche dire la messe du matin à Kermasac'h.

Les premiers pasteurs de Pleubihan furent troublés dans l'exercice de leur charge par les invasions normandes et les rivalités intestines des princes bretons aux IXème et Xème siècles. Le minihi de saint Maudet lui-même fut violé, profané, envahi, mis à sac. En 878, le corps du saint abbé fut transporté à Bourges pour le soustraire à la profanation des Barbares, et rendu à l'abbaye Saint-Rion, puis à Beauport, en 1202, par Alain, comte de Goëllo. Plouëzec conserve actuellement le chef vénéré de saint Maudet.

Pleubihan eut pour patron primitif saint Pierre. Une charte de l'année 1034, faisant mention du cimetière de la paroisse, l'appelle « cimetière de Saint-Pierre », juxtà cimiterium sancti Petri.

Vers l'an 1032, Pleubihan fut donné par le duc Alain III et son frère Eudon à l'abbaye ducale Saint-Georges de Rennes, fondée en 1028 ou 1030, par Adèle, duchesse de Bretagne, sous la dotation de ses frères Alain et Eudon. Voici la charte latine de donation :

DE PLUBIHAN

In nomine Patris et Sancte et inclividue Trinitatis ego Alanus Dei gratia Britannorum dux, una cum fratre meo Eudone, volumus notum fieri omnibus sancte Dei Ecclesie fidelibus presentibus et futuris, quod, pro redemptione et salute animarum nostrarum et matris nostre Haduisse, damus Sancto Georgio et Addele abatisse sorori nostre cum ceteris famulabus ibi Deo servientibus vel servituris, parrochiam in Britannia que vocatur Plubihan cum omnibus consuetudinibus nobis inde pertinentibus, cum equitibus et villanis, cum terra culta et inculta, cum carrucis etiam et bobus, omnique dominio imperpetuum possidendum, ut per intercessionem Sancti Georgii et orationem sanctarum monacharum remissionem peccatorum nostrorum mereamur consequi in eternum. Cui donationi, si quis contradictor, quod absit, extiterit, per auctoritatem Domini nostri Jesu Christi separatus a communione fidelium nisi resipuerit, maneat in eternum ; et, ut hoc donum fortins et stabilius maneat, ego Alanus, presente fratre meo Eudone, et mecum confirmante, propriis manibus confirmavi, presentibus fidelibus et confirmantibus, quorum nomina hec sunt : S. Alani ducis, S. Eudonis comitis, S. Budici comitis, S. Alani Cornugallie comitis, S. Gingonei archiepiscopi, S. Gualterii episcopi, S. Guairini episcopi, S. Rivalloni vicarii, S. Rivaldi pincerne, S. Herve prepositi, S. Rivalloni prepositi, S. Aldronii capellani, S. Hidrochii, S. Aldroni [Note : Paul Labigne-Villeneuve, Cartulaire de Saint-Georges, p 112, 113. Morice, Preuves, I, 171. — Lobineau, Preuves, col. 110].

TRADUCTION

Pleubihan.

Au nom du Père et de la sainte et indivisible Trinité, moi, Alain, par la grâce de Dieu, duc des Bretons, avec l'assentiment de mon frère Eudon, nous voulons faire savoir à tous les fidèles de la sainte Église de Dieu présents et à venir, que, pour la rédemption et le salut de nos âmes et de l'âme de notre mère Havoise, nous donnons à Saint-Georges et à l'abbesse Adèle notre sœur, ainsi qu'aux autres servantes (du Christ) qui servent ou serviront Dieu [en ce monastère] la paroisse sise en Bretagne appelée Pleubihan avec toutes les coutumes qui nous reviennent de ce chef, avec chevaliers et vilains, avec terre cultivée et inculte, avec charriots et bœufs, le tout pour être possédé à perpétuité et en toute propriété. Et ce, pour que nous méritions à tout jamais, par l'intercession de saint Georges et les prières des saintes moniales, le pardon de nos péchés. Si quelqu'un s'oppose à cette donation, — ce qu'à Dieu ne plaise, — qu'il soit séparé pour toujours, par l'autorité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, de la communion des fidèles, à moins qu'il ne vienne à résipiscence. Et pour que la présente donation soit plus fortement et plus solidement établie, moi, Alain, en présence et de l'assentiment de mon frère, je l'ai ratifiée avec lui de mes propres mains et les fidèles présents, dont les noms suivent, l'ont aussi souscrite :

Sceau d'Alain, duc. Sceau d'Eudon, comte. Sceau de Budic, comte. Sceau d'Alain, comte de Cornouaille. Sceau de Gingone, archevêque [Note : Gingone, Junguène ou Junkène, arch. de Dol. (V. Catalogue hist. des évêques de Dol par Albert Le Grand, les Bénédictins et Tresvaux)]. Sceau de Gaultier, évêque [Note : Walter ou Gaultier, év. de Nantes (V. les précéd. et Kersauzon)]. Sceau de Guérin, évêque [Note : Warin ou Guérin, évêque de Rennes. (V. Bénédictins, et Albert Le Grand et Guillotin de Corson)]. Sceau de Rivallon, vicaire. Sceau de Rivoal, échanson. Sceau de Hervé, prévôt. Sceau d'Aldronius, chapelain. Sceau d'Hildrochius. Sceau d'Aldron.

La donation de Pleubihan fut complète, irrévocable : chevaliers, et vilains, terre labourable et inculte, bœufs et charriots, église et clercs, tout passa sous la juridiction temporelle et spirituelle de Saint-Georges.

L'église paroissiale, anciennement dédiée à saint Pierre depuis que l'église voisine de Lan-Modez s'était placée sous le patronage de saint Maudet, fut désormais l'église de Saint-Georges. Saint Pierre resta le patron primitif, à titre de souvenir historique, de la paroisse, saint Georges devint le titulaire de l'église, et son patronage même sur la paroisse fut substitué à celui de saint Pierre. Avant la Révolution, la fête de saint Georges fut célébrée à Pleubihan de précepte, comme fête patronale, selon la rubrique de l'ancien bréviaire de Tréguer : In unaquaque Parochia servatur a populo festum patroni principalis. (V, dans dom Morice le statut synodal de l'évêque Jean de Plouëc, en 1459, statut qui maintient la fête de saint Georges de précepte à Peubihan et à Plougaznou, autre prieuré-cure de Saint-Georges au diocèse de Tréguer [Note : Morice, Preuves, II, 1253].

La dame prieure de Pleubihan percevait les droits féodaux au nom de l'abbaye-mère Saint-Georges de Rennes qui, elle, présentait à l'agrément du seigneur évêque comte de Tréguer les titulaires du prieuré-cure, les recteurs de l'époque (V. Aveu de l'abbaye Saint-Georges rendu au roi en 1665 par Magdelaine de la Fayette) [Note : V. Cartulaire de Saint-Georges, p. 356].

Quelques noms de prieures de Pleubihan sont parvenus jusqu'à nous, entre autres :

GERVAISE, qui recevait saint Yves à sa table et l'appelait au ministère de la prédiction dans la paroisse [Note : V. Mon. origin. Hist. de Saint-Yres, Témoin 18e, p. 53].

Marguerite de la FRESNAYE, prieure de Pleubihan [Note : Armes de la Fresnaye : d'argent à trois branches de fresne de sinople], puis grande prieure de l'abbaye l'espace de 17 ans, mourut à 74 ans « très regrettée de toute la communauté dont elle était la règle vivante par une régularité sans interruption et un dégagement universel de toute chose. Elle répara et orna très magnifiquement l'église » [Note : V. Cartulaire, p. 434].

Anne Gabrielle du HALEGOËT, morte à 91 ans prieure de Pleubiban [Note : Halegoët portait : d'azur au lion marné d'or. — Devise : Kén gwenn ha haleg. Blanc comme du saule]. L'obituaire s'exprime ainsi à son sujet : « Elle avoit employé la plupart des revenus de son prieuré au soulagement des pauvres et pour le bien-estre de notre abbaye. Elle avoit entre autres choses fait faire les armoires du dépôt et fait mettre en ordre les archives, fait faire la balustrade en fer du chœur extérieur de l'église de notre abbaye et donné mille livres pour l'entretien des ornements et linges de notre sacristie » [Note : V. Cartulaire, pp. 409, 440].

Les religieuses de Saint-Georges établies à Pleubihan appelaient souvent à prêcher des missionnaires de renom. Je citerai saint Yves et saint Vincent Ferrier.

« On ne sait par quel dessein providentiel, dit M. l'abbé France, une partie importante des reliques de saint Vincent Ferrier ont été transportées à Pleubihan près Tréguer. Il n'y a pas d'authentique, il est vrai, mais la tradition et l'analyse des ossements conservés de temps immémorial dans cette église semblent une preuve péremptoire. Ces reliques sont conservées dans une base, en bois, recouverte de lames d'argent, d'une statue de saint Vincent qui a disparu. Le reliquaire est partagé en neuf parties par des cloisons, et chaque ossement porte imprimé le nom de saint Vincent Ferrier. L'analyse a démontré que ces ossements appartiennent à un homme d'une soixantaine d'années qui devait être boiteux. On se demande si Mgr Hamon, frère de l'abbesse de Saint-Georges, n'aurait pas donné ces reliques à cette abbaye qui les aurait fait parvenir à Pleubihan où existait un des plus célèbres prieurés de cette communauté, et cela pour les dérober aux Espagnols qui cherchaient à dérober ce trésor à la Bretagne » [Note : V. Saint-Yves, édit. de la Soc. Arch. des Côtes-du-Nord, p. 136. Saint Vincent Ferrier, né à Valence en 1357, mort à Vannes en 1419, avait 62 ans. Isabeau Hamon fut une abbesse de Saint-Georges de 1522 à 1523. Elle était sœur de deux évêques bretons : François Hamon, évêque de Nantes (1511-1532) et André Hamon, évêque de Vannes (1514-1527). C’est de ce prélat qu'il est ici question. — Armes : écartelé : aux 1 et 4 de gueules et trois haches d'armes d'argent, aux 2 et 3, trois hochets. Aliàs sur le tout : de Guibé].

Le succès des missionnaires appelés par les dames prieures au temps de saint Vincent Ferrier furent si grands que l'église paroissiale de Saint-Georges, étant devenue trop étroite pour contenir la foule des fidèles, il fallut construire au milieu du cimetière une chaire à prêcher. Ce monument a été récemment reproduit par la gravure en tête des deux volumes intitulés Histoire de la persécution religieuse en Bretagne par l'abbé Tresvaux. « C'est, dit M. Gaultier du Mottay [Note : V. Répertoire archéologique des Côtes-du-Nord, p. 292], un calvaire dont la base est entourée d'une balustrade en forme d'une chaire à prêcher, et qui sert en effet quelque fois à cet office ; elle est octogone, élevée de deux mètres trente centimètres au-dessus du sol, et ses faces extérieures représentent des scènes de la la passion (quinzième siècle). Ce calvaire, érigé au temps des missions de saint Vincent Ferrier en Bretagne, rappelle la Passion que dom Yves de Kermartin avait jadis prêchée dans cette paroisse. Un jour de Vendredi saint, comme il racontait la douloureuse Passion dans l'église de Pleubihan, ou disait dans la foule que c'était la septième église où il prêchait cette journée-là ; et par le fait, après ce dernier sermon, qu'il fit à Pleubihan, il était tellement brisé de fatigue qu'il ne pouvait se soutenir, et qu'il dut s'appuyer sur le bras d'Yves de Trégoëzel, son ancien condisciple à l École de droit d'Orléans, qui était venu habiter la paroisse de Pleubihan » [Note : V. Ropartz. Saint-Yves, pp. 89, 90. — Monum. origin. de l'Histoire de Saint-Yves, p. 114, témoin 46e].

Les registres paroissiaux de Pleubihan, classés en très bon ordre aux archives de la mairie, conservent au bas des actes les noms des anciens recteurs-prieurs.

Outre le fief prieural de Saint-Georges, Pleubihan possédait plusieurs résidences seigneuriales dont les familles sont restées célèbres : Kerhoz, berceau du premier précepteur de saint Yves, littéralement traduit en latin Joannes Villœ Senis, et en breton Jean de Kerhoz, Kerc'hoz, Kergoz, Kerangoz, — Troëzel, Trogouëzel ou Trévouëzel, berceau d'Yves de Trogoëzel, compagnon de saint Yves aux écoles d'Orléans. C'est à tort que dans les discours et sermons de circonstance comme dans certaines Vies de saint Yves, on fait d'Yves de Trogoëzel un recteur de Pleubihan. Rien n'indique cette qualité dans les Actes. — Trézel, illustré par Mme de Trézel, née Thépaut du Rumelin, sœur du généreux chanoine de Tréguer et tous deux fondateurs, en 1654, du grand séminaire, sous l'épiscopat de Mgr Balthazar-Grangier. — Kermel, Kerroignant, Nouël de Keranguë, titres encore portés aujourd'hui, le dernier par les parents de celui qui écrit ces ligues Je cite au hasard les manoirs de Launay, Kervran, le Run, Pencrec'h, Kermoda, le Kosker, Meshuel, Ponthir, Kermarker, etc , jadis habités par les nobles familles : LE Du, sieur du Meshuel (de sable à la fasce d'argent, accomp. de 3 coquilles de mesme) ; — DU RÉCHOU, sieur de Pontanézen, ou Pontazen et de Keranroy ou Kerroué (d'argent à 3 fasces de gueules, accomp. de 10 merlettes de sable, 4 3, 2 et 1 ) ; — CILLART, sieur de Keriliz et de Kersaliou (de gueules au greslier d'argent, enguiché de mesme en sautoir. Devise : (Mon corps et mon sang) ; — DAVID, sieur de Kerandraon et de Coëthuon (d'argent au pin arraché de sinople, chargé de trois pommes d'or. — DERRIEN, sieur de Goasfilo, de la Villeneuve et de Ponthir (d'argent à deux lions affrontés de gueules. Devise : Nec sine sanguine fuso ; — JAGU, sieur de Kersalio et de Launay (de sable au lion d'argent, accomp. de 3 étoiles de mesme) ; — KERCABIN, sieur de Kermarquer, (de gueules à 3 croix pattées d'argent) ; — KERGADARAN ou KERGADAVAN, sieur dudit lieu et de Trévouézel (d'argent au pin de sinople fruité d'or, le fût chargé d'un cerf au naturel) ; — KERGADIOU, sieur dudit lieu, par. de Bourbriac, parut aux réformations de la noblesse, en 1463, par. de Pleubihan (d'argent à 2 fasces de gueules) ; — KERGUÉZEC, sieur de Trégoëzel (écartelé aux 1 et 4 d'argent au chesne arraché de sinople, aux 2 et 3 d'azur plein) ; – KERLEAU, sieur dudit lieu et de Meshue (d'azur au cerf d'or) ; — KERMARQUER (d'azur à la fasce d'or, chargée de 3 merlettes de sable) ; — KERMEL, sieur dudit, de Pencrec'h et de Kergadaran (de gueules à la fasce d'argent accomp. de 2 léopards d'or. Devise : Audacibus audax) ; — KEROUALLAN ou KERIVOALLAN (d'azur à 10 étoiles d'argent, 4, 3, 2, 1) ; — KERROIGNANT, Sieur dudit lieu et de Trézel (d'azur au gantelet de fauconnier d'argent en pal) ; — LAINÉ, ou LESNÉ sieur de Kerjacob et de Coëthuou (d'azur à 3 mollettes d'argent) ; — DE LAUNAY ou LE GUERN, sieur dudit lieu, de Kervran, de Pencrec'h, de Trévouézel et de Kervélar (de gueules à la croix d'argent, cantonnée de 10 coquilles de mesme, posées 2 et 1 dans chaque quartier du chef et 2 aux quartiers de la pointe) ; — DU MERDY, sieur dudit lieu et de Kermeury (écartelé d'argent et de gueules, à 3 fleurs de lis de l'un en l'autre) ; — NOËL ou NOUËL (en breton Nédellec) de Keranguë (d'argent au pin de sinople, soutenu de deux cerfs affrontés et rampants de sable. Devise : Tout bien ou rien) ; — LE PENNEC’H ou LE PENNEC, sieur de Coëthuon (de sable à 3 testes de lévrier d'argent, colletées de gueules, clouées et bouclées d'or); — DU ROSMAR DE KEROUALLAN ou KERIVOALLAN (d'azur au chevron d'argent, accomp. de 3 mollettes de mesme) ; — LE SPARLER DE ROC’HMORVAN (de gueules à l'épée d'argent en bande, garnie d'or, la pointe en bas. Devise : AEstus et frigoris expers, et aussi : (Tout au naturel) ; – DE BÉGAIGNON, sieur de Kerhoz (fretté d'argent et de gueules) ; — YVES DE TRÉGOËZEL, condisciple de saint Yves à l’'Ecole de droit d'Orléans en 1277-1279, entendu dans l'enquête de canonisation en 1330, portait : d'azur à trois trèfles de sable ; aliàs un léopard (Sceau de 1306). Maître JEAN KERHOZ n'était pas, plus que son condisciple Yves de Trogoëzel, prêtre ni recteur de Pleubihan. Les panégyristes et quelques historiens ont commis la même erreur à ce sujet.

Laquelle de ces petites juridictions seigneuriales était la plus importante ? N'oublions pas que le prieuré de Saint-Georges avait depuis 1032, le haut domaine spirituel et civil sur tout Pleubihan. Cette ancienne paroisse était divisée en trêves, frairies ou sections territoriales pour la perception des impôts dus à Saint Georges. Parmi ces trêves je distingue les noms défigurés de Terucel, Tressel, Tresfelmel qui doivent correspondre à Troëzel, Trézel, Kermel. Mon opinion est que la juridiction féodale de Pleubihan appartenait au prieuré et se tenait dans la cour prieurale, près de l'église actuelle. Un document important publié par les Bénédictins, bretons [Note : Morice, Preuves, I, col. 409] et plus récemment par M. de la Bigne-Villeneuve au Cartulaire de Saint-Georges [Note : Rennes, 1876, p. 120, 121. — Le texte de dom Morice présente quelques variantes et lacunes avec la copie de M. de la Bigne-Villeneuve que je suis comme plus complète et plus soignée], institue vers l'an 1060 un prévôt ou bailli à Pleubihan et fixe d'une manière parfaite les droits et attributions de cette charge. L'institution prévôtale est renouvelée par la première abbesse Adèle de Bretagne en faveur de Gaultier qui fut le premier sergent ou sénéchal de la justice prieurale. On me permettra de transcrire ici cette charte latine :

De conventione que fuit inter abbatissam et Gaulterium prepositum

Notum sit quod Addela Sancti Georgii abbatissa quamdam convenientiam cum Gualterio ejus preposito perfecisse videturque uti firmior stabiliorque imperpetuum maneat, ne seculari unquam fallacia frangatur, libuit cartule scripto firmare. Ipsa autem talis est convenientia : Prefecturam de Plubihan quam pater ejus tenuit ei concedit tali modo ut, in fidelitate Sancti Georgii, ipse plebis ejus sit defensor et protector, latronum etiam malefactorum justissimusque persecutor, universorumque placitorum reorum hominum rectissimus judicator. Nec sit ei jus manducandi vel bibendi, aut ullam querelam faciendi nisi in suo dominio. Et ut iste labor dupliciter ei proficiat, ad salutem anime spiritualem filium in beneficium Sancti Georgii, omni conventu annuente, eum adoptavit. Ad corporis vero profectum, de bannis et de causis in judicio ante eum prius convictis, et de gualaeriis, octavam partem ei in renumeratione permisit. Modus autem et mensura misericordie supradictorum penes ipsum, per consilium sanctimonialis istius loc, obedientiam servantis consistant. Ad hec de dominiis ac majoribus, pastis atque querelis ejus nullo modo aliquam partem expectet. Ministrum autem sub illo hujus rei officium exercentem sanctimonialis constituat. Pactum istud, ut supradiximus, firmatum est, omissa ab eo decime calumpnia, omnibusque aliis calumpniis, Insuperque quator fidejussores se nunquam hoc pactum violaturum, id est, Eudo comes ; Mengui filius Meriani ; Judicael frater ejus Gualterii ; Dunguallon filius Herdunarhoc. Hi autem sunt testes : Eudo comes et uxor ejus ; Joscelinus vicecomes ; Eudo Monmari filius ; Judel ; Rodaldus grossus ; Alfredus frater Alani vicecomitis ; Costardus ; Even Rex ; Judicael grammaticus ; Guoranton filius Gurnerii ; Richaladrus ; Robertus ; Rogerius ; Recordellus cognomine Neminum ; Hodierna soror Hugonis vicecomitis.

M. P. de la Bigne-Villeneuve a, dans ses Prolégomènes au Cartulaire de Saint-Georges, parfaitement résumé la teneur de ce texte latin, et c'est la meilleure traduction qu'on puisse en faire. « Défendre et protéger les vassaux de Saint-Georges, juger tous les plaids ou procès devant son tribunal, punir les voleurs et malfaiteurs, telle est la mission du prévôt. Son salaire est de double nature : l'un spirituel, c'est l'adoption, comme fils et bénéficiaire de Saint-Georges, au nom du couvent tout entier ; l'autre temporel, c'est la huitième partie qui lui est allouée sur les bans, les causes pendantes devant lui ; les galoirs qui sont les biens meubles des aubains ou étrangers. La procédure et la mesure d'indulgence, pendant la tenue des plaids, sont laissés à sa discrétion, pourvu toutefois qu'il prenne conseil de la prieure du lieu ; il y a, de plus, droit de mangier et de past et le droit d'imposer des amendes, mais seulement dans son domaine. Pour gage de sa fidélité à remplir son office et à observer l'accord stipulé, Gautier (ou mieux Gaultier) fournit à l'abbesse quatre fidéjusseurs » [Note : V. Cartulaire de Saint-Georges, pp. 35, 37].

« En Bretagne, dit excellemment M. A. de la Borderie [Note : V. Géographie féodale, par M. A. de la Borderie, p. 5], qui a le fief à la justice ; en d'autres termes, tout vassal doit suivre la cour, c'est-à-dire le tribunal de son seigneur ». Nous avons vu qu'à Pleubihan, le prieuré avait le fief : Damus Sancto Georgio et Addele abbatisse sorori nostre… parochiam in Britannià que vocatur Plubihan.... cum equitibus et villanis etc., exerçait la justice par son prévôt, et que les habitants, chevaliers et vilains, étaient vassaux de Saint-Georges. « En Bretagne, continue M de la Borderie, les mots bailli, bailliage ont une signification plutôt domaniale que judiciaire. Dans l'ordre judiciaire, en Bretagne, le titre de bailli est à peu près inconnu… Mais de tout temps, avant la Révolution, on trouve en Bretagne le nom de bailliage appliqué dans toutes les seigneuries à des arrondissements plus ou moins étendus de fiefs et de tenues, dont les rentes et redevantes féodales devaient être cueillies et présentées au seigneur par un seul collecteur, dit sergent bailliage, charge qui dans l'origine constituait un office féodé » [Note : V. Géographie féodale, par M. A. de la Borderie, pp. 76, 77].

Dans cet ordre d'idées, le prieuré de Pleubihan tenait le bailliage, puisque, dès 1060, la paroisse était divisée en sept trèves pour la perception des impôts dus à Saint-Georges. Ces trèves sont appelées : Terucel, Tressel, Trenou, Treurinn, Tresfelmel, Tresconhar et Lisquinnic dans le Cartulaire [Note : V. Cartulaire de Saint-Georges, pp. 113, 114, 115].

La justice civile se rendait à Pleubihan par la prieure de Saint-Georges : « Ladicte dame prieure a officiers, sénéchal, alloué, procureur d'office, greffier, notaires et sergents » [Note : V. Cartulaire, p 382], selon l'aveu rendu au roi Louis XIV en 1665 par l'abbesse de Rennes, Magdelaine de la Fayette.

Le prieuré exerçait haute, moyenne et basse justice. Le champ où les posts de justice étaient dressés, situé sur une hauteur, près du bourg, non loin du couvent, possédait il y a dix ans un moulin à vent, aujourd'hui détruit, que le peuple appelle encore milin groug, le moulin de la pendaison, en souvenir des hautes œuvres que les successeurs de Gaultier accomplissaient sur ce terrain. Les criminels condamnés à la potence par la cour prieurale de Saint-Georges passaient sur un ponceau actuellement encore nommé pont Saint-Georges.

La prieure avait un collecteur ou décimateur pour la perception des rentes et coutumes : les droits de Saint-Georges s'étendaient sur les tenanciers nobles comme sur les roturiers, sur la terre en culture comme sur les friches, sur les charrettes et les bœufs, sur le droit de bris au rivage de la mer, sur la coupe et la récolte de goëmon, sur les places au marché. La coutume s'acquittait en froment, en orge, en avoine, en porcs, en miel et aussi en deniers.

Une foire très ancienne, établie par ]es prévôts du prieuré, se tient encore à Pleubihan le 20 avril de chaque année. C'est la foire Saint-Georges comme la principale foire de Paimpol est la foire aux moines. Le collecteur du couvent percevait les droits de places et s'approvisionnait avant tous autres. La déclaration des revenus et charges de l'abbaye, faite en 1790 par Mme de Girac, dernière abbesse de Saint-Georges, estime « les greffes de notre juridiction de Pleubihan, maisons, moulins, terres, dixmes, rentes, lods et ventes, rachapts et tous revenus nous appartenant en la paroisse de Pleubihan, 5750 livres ». Les charges consistaient en « acquits de fondations, messes fondées à nos chapelles de Pleubien, etc. ».

Le dernier sénéchal du prieuré était M. Paranthoën, mort depuis la Révolution, en 1807.

Donc, encore une fois, la juridiction seigneuriale, prévôtale, temporelle et féodale de Pleubihan appartenait à la dame prieure de Saint-Georges de Pleubihan. La prévôté fut établie dès l'origine en 1030, réorganisée en 1060, et les droits du prévôt maintenus, revendiqués, exercés depuis par des sergents bailliagers jusqu'à la Révolution de 1789.

(Yves-Marie Lucas).

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