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Le prêtre François Berthou, en rupture de ban avec l'intrus Jean Le Béau.

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François BERTHOU de Pleubian, après sa courageuse rétractation [Note : Le onze fructidor an V, 4 août 1797, il se rétracta très religieusement : « Ce primidi onze fructidor an cinq de la République française une et indivisible, en la chambre commune de Pleubihan s’est présenté le citoyen François Berthou, prêtre de cette commune, lequel a fait en se bureau le dépot de sa déclaration de serment prêté et répété en vertu de la constitution civile du clergé, commencé par ces mots : Déclaration et rétractation de François Berthou, prêtre de Pleubihan. Depuis longtemps déchiré par les remords les plus cuisans, etc., et fini par ces mots : — Et je me soumets absolument a la pleine et entierre autorité de votre église sainte de lui signée en datte du 4 aoust 1797. De quel dépot ledit Berthou requiert de nous agent et adjoint municipaux de cette commune acte et extrait du présent et signe avec nous »] resta fidèle. Je regrette de ne pouvoir donner le texte de cette rétractation dont les termes, me dit-on, étaient admirables d'esprit de foi et d'élévation de pensée. Les anciens vicaires ont eu sous la yeux cette pièce au presbytère de Pleubihan où il est impossible de la découvrir aujourd'hui.

Missire François BERTHOU, en rupture de ban avec l'intrus Jean Le Béau, célébrait les saints mystères dans la chapelle SAINT-ANTOINE. Ce sanctuaire, distant à deux kilomètres du bourg, de « l'église-mère », est très à proximité du quartier le plus populeux de la paroisse, l'ARMOR. Aussi le prêtre converti y rendit, pendant la Révolution, les plus réels et les plus signalés services. Les fidèles assistaient en masse aux offices, y faisaient baptiser leurs enfants et enterrer leurs morts. Le pourpris, attenant à la chapelle, décèle encore des traces de sépulture, et les ossements humains qu'on y relève chaque jour attestent que ce terrain a servi de cimetière.

François BERTHOU, irrégulier par le fait même de son ordination sacerdole reçue des mains de JACOB, avait dû se mettre en règle avec l'autorité religieuse légitime représentée dans le pays par missire Pierre-Joseph-Marie GARAT DE SAINT-PRIEST, vicaire général révérend père en Dieu messire Augustin René-Louis Le Mintier de Saint-André, évêque de Tréguer.

Jusqu'au Concordat, missire F. BERTHOU est en butte à la persécution rageuse de Jean LE BÉAU. Cette brebis galeuse ne peut souffir dans sa paroisse usurpée les prêtres réfractaires ni ceux dont le désaveu public à la constitution civile du clergé est la condamnation de sa déplorable conduite. Le pseudo-pasteur met tout en œuvre pour empêcher les vrais ministres de Jésus-Christ d’accomplir leurs saintes fonctions dans les chapelles rurales. Les délibérations suivantes attestent la perversité de sa haine et de son obstination.

MAIRERIE DE PLEUBIHAN
Arrondissement communal de L’Annion,
Séance du 7 thermidor, an neuf [Note : 26 juillet 1801].
Culte.

« Nous, maire et adjoints, entré en notre burean de la mairerie de cette commune, aux quatre heures de rellevée et d'après avoir donné invitation au Citoyen F. Berthou, ministre de culte, à si trouver à ce jour, lieu et heure, pour conférer sur un prétendu culte différent à celui qui s’exerce en la mère-église, édifice destiné pour touts les cultes, à la surveillance des autorités constituées, et non en la chapelle de SAINT-ANTOINE, vendüe et aliénée par la nation et tenue en ferme par le Citoyen Guillaume Le Saux et Sœurs, sous le Citoyen Gourlay acquéreur. En conséquence nous maire et adjoints. Considérant qu'il y a deux prétendus cultes en cette commune, que sous ce prétexte la division d'opinion entre les citoyens pourroit être nuisible sous touts rapports à la tranquillité public, que ce dernier même nous invite absolument à faire cesser toutes cérémones de cultes, ailleurs que dans l’édiffice à ce destiné.

Considérant qu'aucun culte ne doit être troublé, et qu'il est nous notre surveillence qu’ils nous est dans l'impossibilité que nous puissions surveiller la mère-église avec la chapelle de St-Antoine, dont les offices s’exerce à la même heure, que cette chapelle vendue et alliennée, est de distance du chef lieu de cette commune, d'une demi-lieue.

D’après notre invitation permissive de ce jour audit citoyen François Berthou de ce trouver à ce jour lieu heure, s'est présenté et a dit avoir aussi présenté sa carte de sûreté et de liberté en datte du deux florial an huit de la République, qu’il lui a été délivrée par le général Brune, conseiller d'Etat, général en chef. Ce général bienfaisant savoit sans doute à cette époque, postérieure à l’arrêté du sept nivôse, l'intention du gouvernement et les pouvoirs dont il était muni. A l'égard de la demande qu'on lui faisoit il attendoit la réponse du Saint-Père le pape et il demande qu'en attendant il lui soit libre d’exercar le culte cath. apost. et rom. suivant la teneur de la carte susmentionnée dans le lieu désigné par notre sous-préfet par arrêté du cinq vendémiaire dernier. Et a ledit citoyen Berthou signé. F. BERTHOU, ptre de Pleubihan.

Considérant et vû la réponse ci-dessus du citoyen Berthou, vû aussi les lois du onze prairial an trois, celle du sept vendémiaire an quatre, l’arrêté des consul du sept nivôse an huit, et celle du trois ventôse an trois. Le tout vu et murement considéré.

Arrêtons que sur ce que le citoyen Berthou ne nous a présenté aucunes soumission ni déclaration que celle ci-dessus de lui signée, deffendons audit Berthou de faire ny exercer aucuns culte ailleurs que dans l'édiffice à ce destiné, et qu'en outre il ait à prêter la fidélité à la constitution de l’an huit, sous les peines portées par les lois ci-dessus refférées.

Arrêtons de plus que le présent arrêté aura son exécution à campter de ce jour, lequel a été tenu et délibéré séance tenante publiquement et en présence dudit François Barthou prêtre dont coppie sera délivrée à ce dernier.

Fait et arrêté au bureau de la mairerie dudit Pleubian le jour, mois et an susdit.
Claude QUÉMAREC, maire. L’OLLIVIER, 1er adjoint, Guillaume Jean LE QUELLEC, 2ème adjoint, DELAUNAY, secrétaire »
.

Constatons avec plaisir que missire François BERTHOU, regrettant ses serments antérieure, ne s’aventura plus à la légère d'en proférer d'autres.

« La dissidence d'opinions existait parmi les prêtres fidèles au sujet de la promesse de fidélité demandée par le gouvernement consulaire. Ceux d'entre eux qui la croyaient permise se prévalaient du silence du Saint-Siège sur cette matière, et de la décision formelle de plusieurs évêques de France qui avaient autorisé le clergé de leurs diocèses à la faire. Ceux qui la rejetaient s’appuyaient sur l'autorité du savant M. Asseline, évêque de Boulogne, sur M de la Marche, évêque de Léon et M. Le Mintier, évêque de Tréguier, qui poussait la chose à un tel point qu'il ne voulait pas même que les prêtres qui se trouvaient en Bretagne acceptassent des cartes de sûreté. Ces cartes étaient données par le général Brune. Elles étaient conçues en ces termes : « N. général en chef de l'armée de l'Ouest. Le citoyen N. prêtre catholique, peut exercer publiquement et paisiblement, tant dans les villes que dans les campagnes. Je l'exhorte à concourir, par la voie de son ministère, au maintien de la paix, de l’ordre et de la soumission aux lois ». On voit, dit le sévère M. Tresvaux, que cette formule n'avait rien qui pût alarmer raisonnablement la conscience la plus délicate » [Note : V. Tresvaux, Histoire de la persécution révolutionnaire en Bretagne, T. II, pp. 407, 408, 409].

Missire François BERTHOU est donc dans son droit, nous dirions aujourd'hui dans son devoir, en souscrivant une formule qui ne touchait en rien à la Constitution et à la discipline de l’Eglise. Avant de prêter le serment de fidélité à la Constitution de l’an VIII, ce prêtre, devenu circonspect, attend la direction de Rome et la réponse du Saint-Père aux catholiques français. Le silence du Souverain Pontife sur cette question alors discutée, bientôt résolue par le Concordat, l'exemple de plusieurs ecclésiastiques prudents et instruits, l'adhésion des confesseurs de la foi eux-mêmes décident missire F. Berthou à souscrire la déclaration d'être fidèle au gouvernement républicain.

EXTRAIT DU REGISTRE DE DÉCLARATION DE LA SOUS-PRÉFECTURE DE L’ANNION.

« Du treize thermidor, an neuf de la République. S’est présenté à la sous-préfecture du premier arrondissement des Côtes-du-Nord François BERTHOU, ministre du culte à la résidence du Pleubian, lequel a observé qu'éclairé par le journal officiel du 10 nivôse an 8, n° 100 sur le sens de la promesse de fidélité à la Constitution, il demande à la souscrire suivant cette explication, à laquelle demande déférant, ledit Berthou a fait la déclaration suivante :

Je promets d’être fidèle à la constitution.

De laquelle déclaration le sous-prêfet a rédigé le présent acte qui sera souscrit par le déclarant. Signé au registre. F. BERTHOU, ptre.

Pour expédition conforme, le sous-préfet du Ier arrondissement des Côtes-du-Nord. Signé : LE GRONTEC.

Pour copie conforme au présent extrait : F. BERTHOU, prêtre de Pleubihan. DELAUNAY, secrétaire ».

Cette soumission loyale et sincère aux lois du pays ne désarme pas Jean LE BÉAU et les autorités pleubihannaises à la dévotion de l’intrus. Ce n’est plus l'homme politique qu’ils poursuivent dans le chapelain de Saint-Antoine, mais le prêtre catholique, apostolique et romain, mais « le prétendu culte différent de celui qui s’exerce dans la mère-église ».

MAIRERIE DE PLEUBIHAN.
Premier arrondissement des Côtes-du-Nord à L’Annion.
Culte.
Séance du 15 thermidor, an 9.

« Nous maire et adjoints de la commune de Pleubian, entré au Bureau de la mairerie à l'effet de faire l'enregistrement de la déclaration de François BERTHOU, ministre du culte, dont l’extrait est ci-dessus.

Arrêtons que la dite déclaration, faite par ledit BERTHOU à la sous-préfecture de cette arrondissement, le treize thermidor présent mois, sera lû, publié et affiché conformément à la loi.

Vû les lois du trois ventôse, an trois, article quatre, onze prairial, an trois, article premier, du 7 vendémiaire an quatre, titre trois, articles 5, 6 et 7, section trois de la même loi, articles 16, 17 et 18.

Vû pareillement l’arrêté des consuls du sept nivôse an huit.

Arrêtons de plus que les dittes lois seront exécutées envers tous ministres du culte, et que deffense est laite au dit BERTHOU, actuellement soumissionnaire, de célébrer ny exercer aucuns culte ailleur que dans l’église mère, principal édiffice destiné aux culte, sous les peines portées par les lois ci-devant dattées : que le présent arrêté aura son plein et entier exécution, que copie d’iceluy sera notiffiée audit BERTHOU, pour qu'il n’en puisse prendre cause d'ignorance, par le secrétaire de cette mairerie, et une expédition envoyée à la sous préfecture, que de plus ledit BERTHOU souscrira l’enregistrement de sa soumission.

Fait et arrêté au Bureau de la mairerie à Pleubian les jour, mois et an susdits  C. QUÉMAREC, maire ; L’OLLIVIER, 1er adjoint ; Guillaume Jean LE QUELLEC, 2ème adjoint ; DELAUNAY, secrétaire ».

Missire François BERTHOU est désormais aussi tenace dans sa légitime obstination que Jean LE BÉAU dans la haineuse persécution d'un confrère dont les œuvres sont en contradiction directe avec les siennes. Comme saint Paul, après avoir trouvé le chemin de Damas, Berthou marche droit au but, dans la voie du devoir et de l'honneur.

ARRONDISSEMENT COMMUNAL DE L’ANNION
MAIRERIE DE PLEUBIHAN

Culte.

« Séance du 28 prairial an dix de la République française.

Nous maire et adjoints de le commune de Pleubian, assemblés en bureau ; d'après avoir vû et pris lecture de la loi organique du dix-huit germinal dernier du Concordat et Convention passée entre le gouvernement français et Sa Sainteté Pie Sept, y annexé, relatif au culte catholique, vû pareillement coppie de la lettre du ministre de la Police Générale du dix-huit prairial présent mois, écrit au Préfet de ce département, reçue officiellement et publiée ce jour.

Considérant que l'article quarante-quatre de la loi du dix-huit germinal dernier porte que les chapelles domestiques, les oratoires particuliers ne pourront être établis sans une permision expresse du Gouvernement, accordé sur la demande de l'évêque.

Considérant que l'article quarante-six de la même loi dit qu'il n'y aura qu'un seul et même temple pour le même culte, à moins qu’il ne soit approuvé.

Considérant que dans cette commune, il n'y a autre culte que celui de catholique.

Considérant enfin que la lettre du ministre de la police générale, écrit au préfet de département, prescrit qu'il est important de ne laisser à aucun prêtre la faculté d'exercer son culte en des endroit particuliers à moins qu'il ne soit autorisé par le Gouvernement, que dans les églises qui en ont obtenu la permission.

Arrêtons ce qui suit :

1° Toutes les chapelles domestiques, oratoires particuliers, autres que la mère église et la auccursale de Kerbors, sont interdits pour y célébrer aucuns cultes, jusqu’à ce qu'il n'en soit autrement ordonné par le Gouvernement.

2° Deffense est faite à tous ministres de culte d'exercer leurs fonctions dans les chapelles domestiques, oratoires particuliers, que dans les édiffices mentionnées ci-devant autorisés par le Gouvernement.

3° Tous ministres de culte qui contreviendroient au présent arrêté seront repréhensibles et comme tels refrataires au pouvoir de la loi.

4° Il sera envoyé expédition du présent arrêté à tous les ministres du culte catholique qui exerce leur fonctions dans l'étendue de cette commune, avec injonction de s'y conformer.

5° Pareille expéditions seront aussi adressées aux propriétaires ou locataires des chapelles domestiques et oratoires, pour que chacun endroit soi n’ayent authoriser aucun ministre de culte d'exercer leur fonction dans les dites chapelles ou oratoires, sous peine d'être poursuivis comme contre-venans aux lois et désobéissances au gouvernement et autorités supérieures.

6° Expédition du présent arrêté sera aussi envoyée aux citoyens préfet et sous-préfet de cette arrondissement.

Arrête de plus que le présent sera lû, publié et affiché pour avoir son entier excécution. Les jour mois et an susdits.
Claude QUÉMAREC, maire. L'OLLIVIER, 1er adjoint. Gme Jn LE QUELLEC, 2ème adjoint. DELAUNAY, secrétaire »
.

(Yves-Marie Lucas).

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