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Chapelle et Prieuré des Carmes de Ploërmel

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Les guerres de la Ligue prirent fin en mars 1598, et les Carmes reçurent de suite après des Etats de Bretagne une somme de trente écus « en considération de la ruyne totale de leur couvent pendant les derniers troubles ». Puis, d’accord avec la Communauté de Ville, les religieux, s’appuyant sur la promesse faite au nom du roi par le prince de Dombes, en 1592, réclamèrent la reconstruction de leur église et de leur monastère. Une visite, faite en juillet 1600 par le provincial des Carmes, ranima encore leur zèle ; et, l’année suivante, les bourgeois de Ploërmel posèrent solennellement la première pierre de la nouvelle communauté, comme le relate la pièce ci-dessous :

« Les habitants de la ville de Plouarmel, grandement dolents de la ruyne du sy beau monastère des Carmes, où il ne restait que les seules arcades de l’église, y avant des boulevards et esperons jusques au milieu de la dicte église et au-dessous passaige commun pour les chevaulx et charrettes, se résolurent de la faire rebastir, et la conclusion en fut prinse dans l’auditoire de Plouarmel, le lundy quinzième jour de janvier de l’an 1601 ; et le lundy des Rogations, en suyvant, 28ème jour de may, vinst la procession de l’église Saint-Armel au couvent, et on posa les premières pierres sous la grande vitre. Escuyer Charles du Plessix, seneschal, mint la première pierre ; dom Armel Nicolas mint la segonde ; la troisième fut mint par François Tayart, sieur de la Touche, alloué ; la quatrième par noble-homme Jean Perret, sieur du Pas-aux-Bisches, lieutenant [Note : Jean Perret, sieur du Pas-aux-Bisches, époux depuis 1588 de Jacquemine Maubec, avait sauvé Ploërmel le 21 avril 1594 d’une attaque par surprise des Ligueurs, il fut par suite anobli en 1606, et mourut en 1623] ; la cinquième fut posée par le père Pierre Behourt, prieur ; la sixième par noble homme Alexandre Fabron [Note : Alexandre Fabron, ou Fabrony, sieur de la Garoulais, en Ploërmel, époux d'Anne de Bréhault], procureur du Roy ; et les autres par les habitants suivant leurs estais et mérites avec bien de la joye et allégresse. Est à noter que les dicts habitants donnaient leur portion de la somme de trois mille écus que eux et les réfugiés en la ville avoient avancée aux Etats pour la réception du roy Henry IV à sa bienvenue dans la province ; et, oultre ce qui leur compétait de la dicte somme, qui estait environ de cinq à six mille livres, plusieurs y ajoustaient encore sommes notables...

Quand on commença à travailler les habitants n’avaient d’argent en mains que quatorze florins, et comme, s’il eût fallu oster les terres qui estoient dans l’église et cloître, dont on avoit faict des ravelins, à journées d’hommes, il eust cousté plus de cinq-cents escus, le tout fut faict par les corvées des habitants et parouessiens qui y venoient par cinquantaine, et mesme messieurs les juges y venoient travailler avec leurs soutanes de taffetas, pour animer le peuple. Presque tout le boys de la charpente du choeur fut donné par la noblesse du pays et rendu sur le lieu par les laboureurs sans salaire, tellement qu’il ne coustoit qu’avec les charpentiers et massons ; et ainsy les murailles et la charpente du choeur estoient faictes qu’il n’avoit pas encore cousté plus de cinq cents livres, et n’avoit pas esté encore touché aux trois mille écus, le tout estant provenu des dons particuliers des habitants. Puis ces bons habitants, doubtant qu’il n’y avoit pas les moyens suffisants pour parachever l’ouvrage, consentirent une imposition de deux liards par pôt de vin se débitant en ville et forsbourgs ».

Il fut en outre décidé que les personnes qui avaient droit d’enfeu et de chapelle dans l’ancienne église des Carmes devraient les faire rebâtir, de suite et à leurs frais, dans leur lieu et état primitif, sous peine de perdre leurs privilèges.

Grâce à ces différentes ressources et à une somme de 1.600 livres, données en 1607 par les Etats de Bretagne, les constructions purent se continuer ; mais elles furent momentanément interrompues en 1615 à la suite d’un différend survenu entre les Carmes et la Communauté de Ville. En 1459, le pape Pie II avait adouci un peu la règle des Carmes, leur permettant l’usage d’aliments gras à certains jours et la promenade dans le cloître pendant les récréations. Mais toutes les communautés des Carmes n’avaient pas accepté cette réforme et celle de Ploërmel était du nombre. En 1615, les bourgeois de Ploërmel réclamèrent des religieux de la nouvelle réforme, dont un couvent venait de se fonder à Rennes avec le P. Philippe Thibault. Le Parlement et l’évêque de Saint-Malo, Mgr. Guillaume le Gouverneur, donnèrent raison aux habitants de Ploërmel ; et, en mars 1618, six Carmes de l'Observance du Couvent de Rennes vinrent prendre possession de la maison de Ploërmel, dont le P. Mathurin Aubron fut nommé prieur.

Les travaux de reconstruction reprirent alors avec une nouvelle activité. Les tombeaux des ducs, de Philippe de Montauban et des seigneurs du Crévy furent replacés dans la nouvelle église aux lieux qu’ils occupaient précédemment ; les chapelles privées et les enfeux furent rétablis presque tous et, en 1620, les Carmes quittèrent le prieuré de Saint-Nicolas et prirent solennellement possession de leur nouveau monastère dont l’église fut consacrée le 22 avril 1622 par Mgr. le Gouverneur, évêque de Saint-Malo.

Cette église, reconstruite sur le plan et l’emplacement de la précédente, se composait du choeur, de la nef et de chapelles latérales, disposées comme nous allons l’indiquer.

Dans le choeur, entre le grand autel et la balustrade, du côté de l’évangile, s’élevait le tombeau des ducs Jean II et Jean III, surmonté de leurs statues tumulaires. En mars 1646, les Carmes trouvant que ce tombeau gênait les cérémonies du culte, le reléguèrent dans le côté du choeur ; les bourgeois de Ploërmel protestèrent, et un arrêt du Parlement, en date du 15 janvier 1647, ordonna aux Carmes de « rétablir à leurs frais le dit tombeau dans le même état et au même endroit qu’auparavant ». Je crois que les Carmes ne se conformèrent pas à cet arrêt ; et le tombeau resta, jusqu’à la Révolution, à gauche du choeur.

Des deux côtés du choeur étaient : la chapelle de Notre-Dame-de-Recouvrance, du côté de l’évangile ; la chapelle de Sainte-Barbe, du côté de l’épître.

La chapelle de Notre-Dame de Recouvrance semble avoir appartenu primitivement aux Molac, propriétaires du terrain sur lequel furent bâtis l’église et le couvent des Carmes, et qui avaient passé un acte relatif à cette communauté avec le duc Jean II en 1289. Elle avait été fondée à nouveau par acte du 14 décembre 1456 de 100 livres de rentes par Guy de Molac, baron de Molac, de la Chapelle et de Sérent, qui y fut inhumé vers 1465. Ce fut dans cette chapelle qu’en 1512 Philippe de Montauban, vicomte du Bois de la Roche, baron de Gonneville, de Sens, de Saint-Brice, seigneur du Binio, du Roz, du Couédor, de Châteautro, etc., grand chancelier de Bretagne, fonda, moyennant cent écus et une rente de 25 livres, l’enfeu des seigneurs du Bois de la Roche, où il fut inhumé le 1er juillet 1514, et où fut inhumé sa femme, Anne du Châtelier, en 1516. Un tombeau fut élevé sur leur tombe par leur fille, Marguerite de Montauban. Rétabli en 1618 dans la nouvelle église des Carmes, il fut ruiné en partie lors de la Révolution et placé, vers 1820, au centre de la cour du cloître des Carmes, où il existe actuellement. Il a environ 2 mètres de long, 1 m. 20 de large et 1 m. 50 de haut ; le socle est entouré de jolies statuettes représentant des pleureurs et des pleureuses en costume monastique. Sur le dessus du mausolée, sculptées en granit et de grandeur naturelle, deux statues couchées : le chancelier de Montauban dort étendu à côté de sa femme ; il a la tête nue et est armé de toutes pièces ; son épée, retenue sous l’avant-bras gauche, est allongée le long du corps ; ses yeux sont ouverts ; sa tête est soutenue par deux anges, et ses pieds s’appuient sur deux lions, tenant chacun un écusson dont les armoiries ont été martelées. Anne du Chastellier porte une coiffure tombante, pareille à celle avec laquelle on représente la duchesse Anne ; sa robe à corsage très long, fermée au milieu de boutons de forme carrée, a des manches larges aux poignets et serrées aux épaules, comme celles des surplis des prêtres ; une chaîne suspend à son cou un « Agnus Dei » ; une autre chaîne, ou chapelet, terminée par une croix, entoure sa taille et tombe jusqu’aux pieds, lesquels reposent sur le lion de gauche des supports. La robe est attachée, à hauteur de la ceinture, par une mâcle quatre fois plus large que les autres boutons. La partie antérieure du socle du mausolée porte l’écu des Montauban, chargé de « sept mâcles », et un écusson portant « trois ou quatre alérions » [Note : Ces armes (trois ou quatre alérions) ne sont pas celles des du Chastellier, qui, d’après le P. du Paz et Courcy, portaient : d’or à neuf quintefeuilles de gueules, mais plutôt celles des Loyat, Boisjagu ou Bodart. Cependant les mêmes trois alérions existent au château du Bois-de-la-Roche, en alliance avec macles des Montauban et sur le manoir de la Ville-Daniel, en Monteneuf. — D’où deux suppositions : ou, lors des transferts et reconstructions des tombeaux, on aura placé sur le mausolée de Ph. de Montauban un écusson provenant d’un autre enfeu ? ou les armes susdites sont bien celles des du Chastellier, alliés à Ph. de Montauban ?].

Sur le chanfrein de la dalle tumulaire on lit en caractères gothiques : « Ci-gist. Ht et Pt Seigneur: Phis : de. Motaubà. baron de Grenonville, de Bazoges et de Sens, Vicomte du Bois de la Roche, Chancelier de Bretagne, Fondateur de Cette Chapelle, qui décéda à Vannes le 1er jour de juillet MDXIV. — Priez Dieu qu'Il lui fasse pardon ».

Ploërmel (Bretagne) : tombeau de Philippe de Montauban et Anne du Chastellier, son épouse

Dans la même chapelle du Bois-de-la-Roche, aux Carmes de Ploërmel, furent inhumés : Anne Daillon, en 1619, veuve de Philippe de Volvire ; Henry de Volvire, en 1645 ; Charles de Volvire, en 1692 ; Joseph de Volvire, en 1715, et Joseph de Volvire, en 1731.

Chapelle Sainte-Barbe et Sainte-Anne. Située dans le choeur, du côté de l’épître, elle contenait l’enfeu des seigneurs de Lézonnet, puis de ceux de Loyat. Elle avait été fondée le 7 avril 1474 par Guillaume de Coëtlogon, seigneur de Lézonnet, et Constance du Guémadeuc, son épouse. Elle appartenait lors de la réformation en 1682 à Louis de Coëtlogon, vicomte de Loyat, et est dite « située à gauche du choeur dans la chapelle Sainte-Anne avec banc et armoiries ».

Chapelle et crypte de Saint-Gildas. Elle était en sous-sol, sous la chapelle de Notre-Dame-de-Recouvrance, et joignant le cloître. Elle contenait l’enfeu des Pères Carmes.

Chapelle Saint-Antoine-de-Padoue et de Saint-Avertin. Elle était située du côté de l’évangile, dans la nef, et au-dessous de la chapelle de Notre-Dame-de-Recouvrance. Elle avait, comme les autres chapelles latérales, 17 pieds de long sur 9 pieds de large. Elle contenait l’enfeu des seigneurs du Clos-Havart. Elle avait été fondée en 1552 par les Picaud, seigneurs du Clos-Havard. Elle est dite dans la déclaration faite en 1679 par Louis Vandange, époux d'Anne le Gouësbe, dame du Clos Havart : « Chapelle de Saint-Antoine de Pade et de Saint-Avertin, joignant, à l'Est, la chapelle et enfeu du Bois de la Roche ; à l’ouest la chapelle et enfeu du Boishélio, renfermant l’enfeu des seigneurs du Clos-Havart, et portant sur les vitres un écusson armoirié de sable à quatre fusées d’or ».

Chapelle et enfeu de Morfouace, puis du Boishélio. Elle était située au-dessous de la précédente et joignait à l’ouest la suivante. Elle avait été fondée en 1400 par Eon Picaud, seigneur de Morfouace, qui y fut inhumé en 1401. Elle appartenait encore en 1677 à Louis Picaud, seigneur de Morfouace, qui la vendit à François de la Fresnaye, seigneur du Boishélio, qui en fit déclaration en 1680.

Chapelle Sainte-Anne et Saint-Fiacre, des Parcheminier de Rohallaire. Elle était située au-dessous de la précédente, et joignait à l’ouest la porte d’entrée de l’église. Elle avait été fondée vers 1480 par Guillaume le Parcheminier, seigneur de Rohallaire, ainsi que le mentionne un acte du 18 mars 1506 : « Feu Guillaume le Parcheminier, seigneur de Rohallaire, avait fondé pour lui et ses successeurs une chapelle et enfeu, avec droit d’y poser tombes, armes et écussons, en l’église des Carmes de Ploërmel, moyennant 20 livres de rentes, au-dessus de la porte ouvrant sur la rue de l'Hôpital ; chapelle sous le vocable de Sainte-Anne et de Saint-Fiacre de 19 pieds de long sur 9 pieds 1/2 de large, où il fut inhumé. La dite chapelle appartenant alors (1506) aux héritiers de feu Guillaume le Parcheminier, " Guillaume Henry, à cause d'Yvonne sa femme, et Olivier Jouchet " ». Elle appartenait en 1680 à René de Madaillan, comte de Chauvigny, seigneur de Rohallaire, de la Villevoisin, qui déclare « posséder la chapelle dite " des Parcheminier " avec enfeu et tombes en l’église des Carmes de Ploërmel, joignant la chapelle de la seigneurie du Boishélio et la porte d’entrée ».

Chapelle Sainte-Catherine et Saint-Yves. Elle était située du côté de l’épître, au-dessous de la chapelle Sainte-Barbe. Là était l’enfeu des seigneurs du Crévy. Elle avait été fondée en 1309 par Guillaume de Beaumont seigneur de Beaumont, et en 1337 et 1338 par Jean de Derval, seigneur du Crévy, qui y fut inhumé en 1347, près de sa femme, Jeanne de Léon, vicomtesse de Léon et de Largouët, de sa mère, Aliénor de Châteaubriant, et de son frère Bonabes de Derval, mort en 1335. Sur les tombes étaient des statues tumulaires représentant Aliénor de Châteaubriant et Jeanne de Léon ; rétablies en 1616 dans la nouvelle église, elles furent enlevées à la Révolution et restèrent jusqu’en 1890 dans un coin de l’écurie du collège des Carmes ; elles sont maintenant dans le cloître. Ces sculptures sont de beaux spécimens de l’art en Bretagne au milieu du XIVème siècle. La statue qui représente Aliénor de Châteaubriant est en marbre noir ; la tête est couverte d’un voile ; les yeux sont fermés ; une robe droite et à gros plis tombe jusqu’aux pieds qui s’appuient sur un chien. La statue de Jeanne de Léon est en marbre blanc ; elle représente une femme encore jeune ; la tête est ceinte d’un cercle à fleurons petits et bas ; les cheveux sont nattés et couverts d’un voile attaché au beguin sous le menton ; un manteau léger retenu par une simple agraffe recouvre une robe sans taille et à plis tombants ; les pieds sont aussi appuyés sur un chien. Les mains de ces deux statues étaient jointes sur la poitrine.

Chapelle et enfeu du Cambrigo et du Chesnoran. Elle était située au-dessous de la précédente, et avait été fondée vers 1480 par Pierre le Doüarain, seigneur du Cambrigo, en Plaudren, et du Chesnoran en Ploërmel. Des actes relatifs à cette chapelle existent aux archives du château de Lemo, datés des 18 mai 1506, 15 mars 1517, 1er février 1549, 18 avril 1567, 19 juin 1608 et 9 mai 1680 ; à cette dernière date, elle appartenait à Anne de Derval, veuve de François le Doüarain, chevalier, seigneur du Chesnoran, de la Tyeulais, et de Lemo, en Augan, et est dite « située du côté de l’épître joignant vers l'Est la chapelle du Crévy ». Dans la déclaration de la succession de René de Doüarain, chevalier, seigneur de Lemo, faite en 1531, elle est dite « chapelle et enfeu en l’église des Carmes de Ploërmel du côté de l’épître, joignant la chapelle du Crévy ; à la dite chapelle sont les écussons et armoiries des seigneurs de Lemo, à cause de la seigneurie du Chesnoran ».

Chapelle Saint-Sébastien et Saint-Martin. Elle fut fondée par le seigneur de Beaulieu, en Bignan, Olivier de Lanvaux, en 1514, et appartenait en 1620 aux Cahideuc, seigneurs de Beaulieu ; et en 1680 à Jean-François du Cahideuc, marquis du Bois-de-la-Motte et seigneur de Beaulieu. Elle ouvrait sur la cour par une petite porte.

Chapelle de Boyac. Elle fut fondée au XVème siècle par les Thébaud, seigneurs de Boyac, et appartenait avec Boyac aux Luxembourg en 1594 et aux le Goaësbe depuis 1647.

Chapelle et enfeu des Notables. Là furent inhumés : en 1723 Jean-Hyacinthe Desgrée du Loû, sénéchal de Ploërmel ; en 1748 Marie-Jeanne Touzé, dame de Propriando, épouse de Jean-Philippe-Anne de Paule, seigneur de la Houssaye et du Boismarquer ; en 1750, Louis-Joseph Houet, seigneur du Chesnevert, avocat à la Cour.

Dans le cloître, il existait encore une chapelle, Saint-André du Clos-Hazel, fondée au XVème siècle par les seigneurs du Clos-Hazel ; elle vint avec cette terre aux Rogier, seigneurs du Crévy, qui en firent déclaration en 1507, 1563, 1650 et 1677 ; et, lorsque le 2 juin 1650, François Rogier vendit le Clos-Hazel aux dames Ursulines de Ploërmel, il se réserva « le droit d’enfeu et de tombes dans la chapelle Saint-André, dans le cloître des Carmes, près de la Sacristie ».

Voici la déclaration qui fut faite par le P. Prieur des Carmes en 1677, lors de la réformation du domaine royal de Ploërmel :

« Déclaration et dénombrement des maisons et héritages que les humbles religieux Carmes de Ploërmel tiennent prochement du Roy sous son domaine de Ploërmel. Scavoir :

L’emplacement de leur église, pourpris, maisons, jardins, cours, vergers et dépendances d’iceux, environnés de murailles avec une place vague qui est au-devant de la dite église, contenant le tout par fond ensemble environ six journaux.

Une somme de 100 livres, monnaye payable chaque année le 8 septembre par les fermiers du domaine du Roy à Ploërmel.

Dans le dit enclos est compris un jardin situé près de la Croix Bécheton, au bas du Verger, et contenant environ dix cinquantes (30 ares), lequel les Religieux ont acheté en 1641 de noble homme Noël Labbé, sieur de Beaumont et de Kerboquelion, et enfermé dans leur enclos.

Le droit de faire moudre avant tous autres les blés de la provision de la Communauté aux moulins du Roy, sans payer de droits de mouture, lequel droit fut octroyé aux dits religieux par le duc de Bretagne Jean IV, le 2 août 1389.

Deux maisons dans la rue de l'Hôpital, se joignant ; et une autre au milieu desquelles est le grand portail, qui fait une grande place conduisant à l’église.

Une petite maison située au faubourg Rouillaud avec jardin, d’une contenance d’environs deux journaux.

Le " Pré de la Chapelette ", donné aux Religieux Carmes par Mme Yolande, fille du roy de Sicile, première femme de François, premier du nom, duc de Bretagne, contenant six journaux et cinq cordes.

Le " Pré Bécheton " ou " Pré des Moines " situé près du précédent, et contenant un journal et seize cordes (65 ares environ).

Une terre en labour contenant un journal et douze cordes.

Autre terre en labour et lande, contenant trente deux cordes (20 ares).

Un pré, situé près du Clos Hazaye et contenant deux journaux et sept cordes.

Un pré, en Taupont, près du Pontneuf, contenant un journal et demi.

Droits de dixmes, dites " dixmes de Beaumont " à percevoir sur la paroisse de Taupont.

Toutes lesquelles choses, sauf les spécifiées ci-dessus, ont été données aux dits Religieux Carmes de Ploërmel par Jean, second du nom, duc de Bretagne et de Richemont, l’an 1303 ; confirmées par autres lettres de Jean, troisième du nom, duc de Bretagne et vicomte de Limoges, le vendredi après la Saint-Martin de l’an 1318 ; et par Jean, aussi duc de Bretagne (Jean IV), pour lettres données à Rennes le 2 novembre de l’an 1365 ; par Charles, huitième roy de France et duc de Bretagne, par lettres données également à Rennes, le 5 may de l’an 1492.

Le tout déclaré véritable et affirmé sous les signes des Religieux ci-après, faisant pour la communauté du dict couvent des Carmes de Ploërmel.

Signé : Frère Gabriel de Saint-Philippe, prieur ; Frère Alexis de l'Assomption, sous-prieur ; Frère Maur de Saint-Paul ; Frère Samson de Saint-Jean de la Vierge ».

Les Carmes conservèrent leur communauté de Ploërmel jusqu’à la Révolution. Ils furent expulsés en avril 1790, leurs biens furent volés, et ils durent prendre le chemin de l’exil. Leur église fut détruite par les nouveaux vandales ; les socles des tombeaux furent brisés, et les statues tumulaires des ducs de Bretagne, de Philippe de Montauban, d'Aliénor de Châteaubriant et de Jeanne de Léon jetées dans un coin de l’enclos. « Alors, à la porte close du monastère, les voyageurs, les malades et les pauvres frappèrent en vain ; au nom de la Fraternité on avait proscrit la charité ; au nom de la Liberté on avait transformé les communautés en prisons » (abbé J. Mathurin).

La vente nationale des biens des Carmes commença de suite après l’expulsion.

Le 29 décembre 1790, une maison, avec buanderie et jardin, fut adjugée à une veuve Méat moyennant 3.250 livres ; la maison et la terre du Thabor à un sieur Cartron, pour 1.430 livres ; la maison auprès du portail au sieur Voirdyc pour 2.425 livres ; et la métairie de l'Abbaye-aux-Oies, en Guillac, à un sieur Gayet, pour 12.000 livres.

Le 18 avril 1791, le pré de Planté fut adjugé moyennant 1.826 livres à M. Dubreton [Note : Paul-Julien Dubreton, lieutenant du maire de Ploërmel, époux de Marie-Jeanne Le Guen, et père du général-baron Dubreton, né à Ploërmel en 1773, mort à Versailles en 1855] ; le pré du Pontneuf au sieur Jean Péruchot, pour 1.530 livres.

Le 19 novembre 1792, le pré des Moines, à Guibourg, fut adjugé pour 1.100 livres au sieur le Breton.

Le 5 février 1794, le petit jardin muré fut adjugé à la veuve la Motte pour 2.000 livres.

Enfin, le 23 août 1798, l’église, le couvent, et l’enclos furent achetés par le sieur R. Robert [Note : René-Mathurin-Charles Robert, procureur, maire de Ploërmel en 1792, administrateur du département, du Morbihan en 1799, juge à Ploërmel de 1800 à 1816, député de Ploërmel en 1817, né à Paimpont en 1762, il acheta Glevily en Campénéac, des Martel en 1821. Il eut une fille, qui épousa : 1° vers 1826 Jean-René Grivart, né à Douarnenez en 1788, mort à Rennes en 1846, dont postérité ; 2° M. Monchanin, ex-sous-préfet de Ploërmel], moyennant 210.529 livres, qu’il paya en assignats.

Le nouveau propriétaire fit démolir l’église et en vendit les matériaux. Il fit murer le caveau dans lequel était la châsse contenant les ossements des ducs Jean II et Jean III. Et ce ne fut qu’en 1812 que la population de Ploërmel s’occupa de faire restaurer leur tombeau.

Deux ans après, le 21 juillet 1814, M. de Curzay, sous-préfet de Ploërmel, écrivit à M. Robert. Il lui annonça que le préfet du Morbihan avait invité son prédécesseur à faire déposer dans un lieu saint les restes des ducs Jean II et III, et lui demanda de céder à la ville de Ploërmel leurs effigies pour qu’elles fussent restaurées, et placées dans un lieu convenable.

Le 23, M. Robert répondit au sous-préfet qu’il consentait à céder gratuitement à la ville les corps et effigies des ducs à condition qu’un acte inscrit sur les registres de la mairie constatât les dépenses qu’il avait faites pour la conservation des statues, les soins particuliers qu’il avait pris des ossements des anciens ducs, et enfin à condition que « ces ossements fussent transportés à l’église paroissiale en cérémonie religieuse ».

Ploërmel (Bretagne) : tombeaux de Jean II et Jean III, ducs de Bretagne

Le Conseil municipal, à la date du 31 août 1814, accepta « avec reconnaissance la cession faite par le dit sieur Robert aux conditions cy-dessus qui seront incessamment et religieusement exécutées » [Note : En attendant le transfert en cérémonie religieuse, le conseil rédigea, séance tenante, le procès-verbal de cession. On trouve cet acte au registre 22, folio 115 des délibérations du conseil municipal de Ploërmel. C’est là que nous avons puisé les renseignements qui nous ont permis de raconter la découverte des ossements des ducs]. Il attesta « au surplus la vérité des faits cy-dessus rapportés donna un témoignage honorable des soins particuliers délicats et religieux que le dit sieur Robert avait pris pendant seize ans des restes des anciens ducs de la Bretagne, de leur tombeau, de leurs statues, des pièces de leur mausolée ».

Le même jour, le conseil fit transporter provisoirement à la communauté des Carmélites :

1° — Une statue intacte de marbre blanc représentant Jean II, duc de Bretagne.

2° — Une autre statue aussi de marbre blanc, représentant Jean III, duc de Bretagne. Celle-ci ayant les jambes brisées, mais dont les pièces sont entières et peuvent facilement être restaurées, ne manquant à cette statue que les mains qu’on a pu retrouver.

3° — Une couronne ducale aussi en marbre blanc.

4° — Toutes les pièces restantes de l’ancien mausolée que le sieur Robert avait recueillies, et même plusieurs autres pièces de marbre noir étrangères à ce monument, mais pouvant favoriser sa « restauration ».

La translation des ossements eut lieu un peu plus tard, le 18 septembre 1814, comme en fait foi le procès-verbal suivant, inscrit sur les registres du Conseil municipal (Archives municipales de Ploërmel, registre 22, folio 118 et suivant) :

« Le 18ème jour du mois de septembre de l’an 1814, et du règne de sa Majesté Louis XVIII le dix-neuvième, la translation des dépouilles mortelles des ducs Jean II et Jean III, souverains de cette province de Bretagne, devant avoir lieu du sol de l'Eglise détruite des Carmes de cette ville en l'Eglise paroissiale dédiée à Saint-Armel, et M. le sous-préfet ayant, par des lettres circulaires et individuelles à chaque corps, invité toutes les autorités de la ville à assister à cette cérémonie tout à la fois religieuse et nationale, et à l’importance de laquelle ajoutait encore la présence de M. le Maréchal de camp, Comte de Floirac, préfet de ce département.

Les membres des différentes autorités constituées en tête desquelles était M. le sous-préfet, et précédés de M. le Curé et de son clergé, sont sortis de l’église immédiatement après la Grand'Messe.

Le cortège, escorté par la gendarmerie royale, dans un profond recueillement, et dans le plus profond silence, s’est rendu au lieu où étaient déposés ces restes précieux par les soins et sous la surveillance de M. le Maire qui s’y est toujours trouvé de sa personne, avait présidé à l’excavation du terrain, et à la sortie du caveau de la châsse en plomb renfermant les objets de la vénération religieuse des Bretons.

L’identité et l’authenticité de ce monument ayant d’ailleurs été reconnues de nouveau par lui par une des pierres de grain qui couvrait le sépulchre, laquelle est armoiriée aux armes de Bretagne.

Cette châsse, qui en raison de sa grande vétusté avait été ficelée pour la conservation des cendres et des ossements qui y étaient renfermés, a été, en présence des autorités religieuses et civiles et d’un public nombreux, déposée dans une autre châsse en bois bien forte et bien conditionnée ; le couvercle sur lequel étaient peintes des deux côtés les armes de la province, ayant été placé et assujetti par de forts clous à vis, M. le Curé a entonné les prières d’usage, et le cortège dans le même ordre est rentré dans l’église Saint-Armel. Les restes des ducs ont été déposés provisoirement dans une des chapelles de la dite église dédiée à Sainte-Anne, jusqu’à ce que la ville ne puisse obtenir des fonds suffisants pour la restauration de leur mausolée détruit, et de leurs effigies marbre blanc mutilées par le vandalisme révolutionnaire ».

En 1820, le Conseil général du Morbihan fit restaurer les statues, et les coucha sur le mausolée de marbre noir qui existe encore aujourd’hui. Ce mausolée fut d’abord placé dans la chapelle Sainte-Anne, et y resta jusque vers 1875. A cette époque, M. le Curé de Ploërmel, voulant ériger un autel dans cette chapelle, transporta le mausolée au bas de l'Eglise, puis à l’endroit où il se trouve actuellement.

Et la châsse, qu’est-elle devenue ? Les documents écrits sont muets sur elle. Pour suppléer à ce silence nous nous sommes livrés à une enquête, et des témoignages recueillis il résulte que la châsse a suivi le mausolée dans ses pérégrinations. Plusieurs personnes nous ont affirmé l’avoir vue lorsqu’elle fut enlevée de la Chapelle Saint-Anne. Elle est en bois que le temps et l’humidité ont un peu noirci ; le couvercle est bombé et en pointe comme celui des châsses anciennes ; ce qui explique ces termes du compte-rendu : « les armes de la province étaient peintes des deux côtés du couvercle ». Les restes des ducs Jean II et Jean III reposent donc aujourd’hui encore sous leurs effigies dans la chapelle de la Vierge de l'Eglise paroissiale Saint-Armel de Ploërmel.

En 1870, Mademoiselle Robert, veuve Monchanin, vendit au diocèse de Vannes, moyennant 104.000 livres l’ancienne communauté des Carmes, et ce fut là que fut transféré le collège Saint-Stanislas, fondé à Ploërmel en 1852 par l’abbé de la Mennais. Puis en 1881, l'Evêque de Vannes transforma les anciens Carmes en petit séminaire diocésain sous le vocable de « Notre-Dame des Carmes de Ploërmel ». La chapelle fut construite en 1888.

La maison des Carmes, qui avait été pillée et détruite en partie par les Huguenots en 1593 et par la première République en 1793, a été volée et ruinée à nouveau par la République à la fin de décembre 1906 (M. de Bellevue).

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