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HISTOIRE DE PLOERMEL ET DE SON EGLISE 

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Comme on n’y trouve aucun vestige d'occupation antérieur, Ploërmel considère saint Armel comme son fondateur. Le pieux abbé, envoyé en mission auprès du roi Childebert par Withur et saint Paul-Aurélien, en revint gratifié de donations et autour de lui se constitua, non pas un « Lann », colonie monastique, mais une colonie civile, un « Plou » qui conserva son nom, Plou Arzmael, aujourd'hui Ploërmel. A la domination des machtyerns, que nous fait connaître le Cartulaire de Redon, se substitua probablement le pouvoir des rois, puis des ducs, car, dès le XIIème siècle, les termes d'une charte de Conan III à bourgeois prouvent, qu'elle était ville forte et ducale. Sa situation entre les grandes seigneuries de Malestroit, de Lohéac, et de Gaël-Montfort fait comprendre l’intérêt qu'avait pour les ducs ce domaine, grâce auquel ils surveillaient tout le Porhoët ; aussi, sauf pendant son éphémère passage (1206-1222) dans la maison des Craon, par une donation de Philippe Auguste, il ne sortit jamais de leurs mains. D'ailleurs, pour juger de son importance, il suffirait de rappeler le nombre des actes qui y furent promulgués par les ducs, telle la célèbre proclamation de 1240 chassant les Juifs de Bretagne, de rappeler les convocations d'armes, dont l'une a laissé le fameux « Livre d'Ost » de 1294, ou de compter les nombreuses tenues d'États qui s'y réunirent. C'était le siège d'une des principales juridictions du duché ; son ressort comprenait près de deux cents paroisses ou trêves ; tous les vassaux de Rohan, de Porhoët de Guéméné y portaient leurs appels.

Il ne lui manqua même pas le prestige d'une fondation princière : le célèbre couvent des Carmes. Le comte de Richemont ramena de l'Orient, en 1273, deux Carmes, venant, dit-on, du Mont-Carmel, et les établit sur la route de Josselin, au lieu appelé depuis « L'Hôpital-d’en-Bas ». La communauté s'étant accrue, et lui-même étant devenu (1286) le duc Jean II, il leur fit construire un somptueux monastère, qui n'était pas encore achevé en 1304, car son testament consacre des libéralités à cette œuvre. Ce fut là qu'il fut inhumé, après avoir trouvé la mort à Lyon, en 1305, dans l'accident qui vin attrister la réception solennelle du pape Clément V.

Rien n'aurait été plus précieux qu'un pareil monument, sépulture de ducs de Bretagne, enrichi de donations de seigneurs, tels que Isabeau de Bretagne, comtesse de Laval, Iolande d'Anjou, comtesse de Montfort, et auquel se rattachent des documents datés, des noms d'artistes ; malheureusement, il a disparu. Après avoir échappé aux guerres anglo-franco-bretonnes, qui avaient accumulé tant de ruines aux XIVème siècle et XIVème siècles, il ne devait pas survivre aux convulsions de la Ligue. En 1596, on obtint du prince de Dombes, lieutenant pour le roi en Bretagne, l'autorisation de procéder à la démolition de l'église et du monastère, sous le prétexte des nécessités de la défense. Les Carmes se retirèrent à Saint-Nicolas de Ploëemel, ancienne fondation de Marmoutiers du XIIème siècle, emportant quelques statues tumulaires : celles des ducs Jean II et Jean III, aujourd'hui à Saint-Armel, celles des dames de Derval et de Philippe de Montauban, actuellement dans le petit séminaire des Carmes, c'est tout, ce qui reste aujourd'hui de cette célèbre construction. Ajoutons-y les noms de Deryan Le Maçon, Hervé Le Compaignon et Nicholas Le Grant, maçons ; de Loranz le vitrier de Redon ; de Pierre Le Bordiec, de Vannes, qui fit la grille en fer de la tombe du duc, noms qui nous sont connus par des quittances de 1307, 1306 et 1318.

Le XVIIème siècle fut l'époque des reconstructions. Les Carmes se relevèrent, non sans traverses, et les tombes retrouvèrent leurs places (1647). Les Ursulines, en 1618, les Carmélites, en 1627, édifièrent des maisons ; un nouvel Hôpital général s'éleva en 1682, mais rien ne survécut à la fin du XVIIIème siècle. Enfin, une dernière fondation vit le jour au XIXème siècle : le célèbre Institut des Frères de Lamennais.

L'église Saint-Armel de Ploërmel en Bretagne (peintre Asselineau)

ÉGLISE SAINT-ARMEL.
Nous ne possédons pour l'église que des textes se rapportant, à la chapelle dite de Quéhéon, mais ils valent pour l'ensemble. Le premier, daté de 1435, est l'autorisation donnée par la fabrique à Pierre du Guiny, seigneur de Quéhéon, de construire au long du sanctuaire, du côté de l'Épitre, une chapelle avec enfeu. L'œuvre, commencée en juillet 1436 par Gilles Le Bloy, qui s'était engagé à la terminer en dix-huit, mois, fut continuée et achevée par Alain Bérard en 1457. A cette époque, Pierre du Guiny proteste contre le projet de sacristie, qui devait obscurcir les verrières de la chapelle et utiliser la petite porte qu'il s'était réservée.

En septembre 1511, Jehan du Guiny, seigneur de Quéhéon, fait, « remontrance qu'à l'occasion de la chute du clocher de l'église paroissiale, qui a esté depuis trois ans derrains, la plupart de la dite église est tombée et notamment la chapelle qu'il et ses prédécesseurs sont en possession d'avoir en ladite église... Ledit sr de Quéhéon sachant, qu'a présent on veut réedifier et construire tout de neuf ladite église et chanceau d'icelle réclame la  conservation de ses droit ».

Les textes établissent donc l'existence d'une église en 1435, sa ruine en 1508 par la chute du clocher et une reconstruction projetée, notions qui paraissent s'accorder fort exactement avec l'église actuelle, d'une réelle unité, à l'exception de quelques parties.

La nef est séparée des collatéraux par des arcades en cintre brisé, portant sur des piliers carrés à quatre colonnes à demi engagées ; leurs socles carrés, notablement élevés au-dessus du seuil, peuvent servir de bancs. Les bases des colonnes ont une gorge haute, peu profonde, entre deux tores de faible saillie ; une petite gorge sépare le tore inférieur de la plinthe. Il n'existe pas de chapiteaux ; les colonnes, sous l'arcade, se continuent par la voussure interne, profilée en méplat accosté de deux larges cavets ; les deux autres se perdent dans l'épaisseur du mur, se prolongeant latéralement par les voussures extérieures, qui viennent doubler la précédente en répétant le même profil.

En laissant de côté la travée sous clocher qui a étà refaite, et dont les piles massives sont circulaires, les supports sont tous semblables, régulièrement espacés, déterminant quatre travées pareilles. La travée du sanctuaire présente une singularité très marquée. L'arcade du côté de l'Évangile, au lieu de continuer l'alignement des supports, se rapproche de l'axe de l'église et vient retomber sur un massif d'une construction différente. Une demi-colonne engagée reçoit la voussure intérieure, deux colonnes engagées dans les angles portent les voussures extérieures. La retombée est placée plus bas que de l'autre côté de l'autel.

Une grande baie à trois meneaux et à remplage flamboyant ajoure presque complètement le mur de fond, élevant son cintre brisé dans le pignon, au-dessus du niveau des sablières portant les lambris. Ces lambris constituent un berceau brisé, courant tout le long de la nef sans aucune pénétration ; les entraits, dépourvus de poinçons, s'amortissent en gueules de crocodiles ; entre eux, des anges priant se détachent en relief sur les sablières richement sculptées et ornées d'écus. On peut y distinguer encore les armes de Bretagne, celles des Coetlogon, à trois écussons d'hermines, ou les trois épées en pal, surmontées chacune d'un besant des Brehant, et les deux épées en sautoir des Charpentier.

En résumé et abstraction faite du dernier massif nord-est, cette nef, d'une réelle unité, offre tous les caractères du XVIème siècle.

Le bas-côté sud y correspond trop exactement pour ne pas appartenir au même projet. C'est le même nombre de travées, dont la dernière, au long du sanctuaire, forme la chapelle de Quéhéon signalée par les textes. Toutes sont lambrissées en forme de voûtes d'ogives, avec liernes et tiercerons. Quelques anges avec des écussons font penser que le travail était aussi soigné qu'à la nef, mais il y a eu des restaurations évidentes. A la retombée d'un certain nombre de voûtes se voit encore, porté sur un culot, le poteau de bois sculpté qui servait aux retombées.

Avant la chapelle de Quéhéon, une chapelle se décroche sur le mur latéral, formant une saillie trop faible pour donner place à un autel orienté. Son court berceau brisé, en bois, perpendiculaire à l'axe de l'église, se raccorde aux lambris du collatéral ; il n'est toutefois, pas permis d'y voir un croisillon, car, les travées de la nef étant toutes pareilles, il ne peut exister de transept.

Pour le bas-côté nord, la question est moins simple, car les premières travées, tout en rappelant de très près celles de l'autre collatéral, sont beaucoup plus larges ; de plus, après le grand portail nord, elles sont barrées, dans la plus grande partie de leur largeur, par le mur d'une chapelle en saillie, beaucoup plus profonde que la chapelle correspondante du côté sud. Ce qui reste du collatéral, devenu plus étroit même qu'au sud, aboutit enfin à la chapelle dite du Crévy, symétrique de la chapelle de Quéhéon et cependant complètement dissemblable.

Tout d'abord, son plan est irrégulier, conséquence forcée de l'obliquité signalée de la dernière arcade de la nef, et sa largeur, au fond, dépasse celle du sanctuaire principal. Il est bien évident qu'une pareille anomalie n'a qu'une raison possible : l'utilisation du massif extrême ; ce dernier devait donc exister avant la reconstruction entreprise au XVIème siècle. D'ailleurs, on y distingue des écussons sculptés qui remontent au XVème siècle : le lion chappé des Hattes, un écartelé de Coëtlogon et Le Bart, alliance qui est du milieu du XVème siècle ; cette époque serait donc la limite la plus rapprochée.

De plus, cette chapelle paraît avoir été voûtée à l’origine car ses lambris, dans les trois angles formés avec les murs, prolongent les amorces très distinctes de voûtes d'ogives à trois branches avec formerets. La seule amorce manquant est celle du support isolé. On ne peut croare à un repentir, car les angelots à mi-corps aux ailes éployées, qui servent de départ, sont un niveau beaucoup trop bas pour qu'un quatrième ait pu se loger au pilier actuel. Il faut donc admettre que la dernière amorce a disparu avec le support primitif. Si le nom de chapelle du Crévy est dû à une fondation de la fin du XVIème siècle, la construction est bien antérieure même à celle de l'église actuelle.

C'est le même berceau brisé, à sablières, entraits et poinçons simplement moulurés, qui couvre à la fois la chapelle saillante, dite de Saint-Armel, et l'étroite travée collatéral. Perpendiculaire à la nef et se prolongeant jusqu'aux grandes arcades, il a nécessité, pour les murs qui le portent, deux doubleaux traversant le bas-côté ; ce sont les seuls de l'église, si l'on excepte une amorce à l'entrée de la chapelle du Crévy. Cette particularité suggère l'impression que ce sont encore des fragments de l'ancienne église ; et, si on était tenté de considérer la présence de verrières du XVème siècle comme une preuve insuffisante, parce qu'elles auraient pu y être replacées, il faudrait remarquer que, sur les piliers, on retrouve, sculptées, les armes mêmes qui décorent un vitrail représentant le donateur, Jean l'Épervier, évêque de Saint-Malo de 1405 à 1486, mort en 1493. La partie inférieure de la chapelle, divisée en deux étages, sert de sacristie aujourd'hui.

Les autres travées ont des lambris analogues à ceux du collatéral sud. Un des vantaux du portail, daté de 1533, indiquerait son achèvement à cette époque. Sur le trumeau de la dernière baie nord se lit la date de 1556 ; la construction aurait donc progressé de l'est à l'ouest.

Le clocher primitif n'existe plus et on possède à son sujet quelques détails, grâce au journal de Pierre Josse, notaire, royal à Ploërmel. « Le clocher était couvert en plomb. C'étoit la plus belle pièce qu'on eût peu voir, de la hauteur qu'il avoit. En 1717 ou 1718 on en avoit déjà descendu la lanterne, de la hauteur de bien quarante pieds. Pour descendre le corps du clocher et le refaire en taille, il y avoit marché pour la somme de 7.550 livres. Ils ont commencé à le démolir le jeudi 21 aoust 1732 ; ils ont, esté à le démolir trois mois. On a commencé à le rebâtir en 1733 et a été en 1741 ». Ce travail fut probablement nécessaire à la suite des dégâts causés par la foudre en juillet 1727, que relatent également, le même journal. En 1860, il fallut encore procéder à une restauration. Aujourd'hui, c'est une voûte d'ogives à œil central qui recouvre la travée sous le clocher.

Les deux étages carrés de cette lourde tour, à tourelle d'escalier, contrastent singulièrement avec la silhouette découpée de l'église. Des pignons aigus, fleuronnés, surmontent chacune des travées ajourées de baies en tieirs-point à meneaux et remplages flamboyants. Notons toutefois que la toiture de la chapelle du Crévy est parallèle à la nef, au lieu d'être perpendiculaire à ses travées comme toutes les autres.

Tout en ayant, des portes au sud et à l'ouest, comme les remparts enserraient le chevet et l'une des façades, le portail principal s'ouvre au nord, du côté de la ville close. Sa composition est simple et occupe la travée entière. Deux portes jumelles en arc à plusieurs centres avec petite accolade, surmontées de deux baies en tiers-point, s'inscrivent sous un grand arc en plein cintre, naissant, comme ceux des fenêtres, au niveau du pignon. Deux gorges sculptées décorent ce cadre, deux autres ornent les portes ; chaque fenêtre n'en a qu’une. Le trumeau central prismatique monte s'amortir en niche couronnée d'un dais à plusieurs étages flamboyants dans le tympan. Coupé en deux par un bandeau, le pignon est chargé d'un écusson avec accolade, des chimères contournées ornent ses arêtes et un calvaire se détache au sommet. Les contreforts, de plan rectangulaire à retraites successives rachetées par des pyramides, se terminent en pinacles flamboyants, dont la base, munie de gargouilles, laisse passage aux eaux des noues. Trois niches superposées occupent l'angle qu'ils forment avec le portail.

La sculpture ne mérite guère d'être considérée que par son ensemble décoratif ; néanmoins, dans ces petits personnages de granit, si usés par le temps, on peut, non sans peine, reconnaître des scènes de la vie de Jésus, comme la Nativité, la Fuite en Égypte, dans le très faible espace qui sépare les portes de l'appui des baies. Dans l'une des gorges des portes s'étagent les Vertus et les Vices ; dans celle des fenêtres, des saints ; sur le trumeau, des ornements funèbres : clepsydre, ossements en sautoir ; enfin et, semble-t-il, principalement, au contrefort ouest, un certain nombre de sujets familiers ou bizarres, comme la truie jouant de la cornemuse ou des amours chevauchant des ânes ou des griffons.

Partout ailleurs, le décor floral se développe largement, Sur les portes, les apôtres se détachent en faible relief. Dans l'ensemble, l’art gothique domine encore.

En somme, l'église actuelle a été construite, sous les règnes de François Ier et d'Henri II, contre un monument du XVème siècle dont, les restes subsistent au nord-est ; le clocher, refait au XVIIIème siècle, a été restauré au XIXème.

A cette époque, les travaux de restauration paraissent avoir porté, en dehors de la tour, sur la toiture, les lambris, les baies et les dallages.

Les verrières ont été réparées par Lusson dans le troisième quart du XIXème siècle ; néanmoins, il convient de les signaler. Celles du XVème siècle sont dans la chapelle de saint Armel. La plus renommée représente, en deux régistres de quatre panneaux, sous des motifs d'architecture flamboyante, des épisodes de la vie du saint : sa visite au roi, ses miracles, la capture et la fin du dragon, sa mort. Du côté de l'est, on voit, la Vierge, à qui saint Pierre présente un prélat mitré, en chape, à genoux, et dont les armes désignent J. de L'Épervier, évêque de Saint-Malo. Vis-à-vis, la vitre n'est plus constituée que par des fragments en désordre de la fin du XVème siècle.

Au revers du grand portail se trouve la belle verrière de la Pentecôte, donnée par Yvon Audren en 1533 : saint Yves, en costume d'official, robe rouge fourrée d'hermines, présente le donateur agenouillé. Le vitrail voisin, orné de motifs d'architecture de la Renaissance, contient, au-dessous du Crucifiement et de saint Jean au pied de la croix, les autres évangélistes dans les panneaux inférieurs ; rien ne pErmet d'identifier le donateur, à genoux, près de saint, Mathieu, et de proposer une date.

A droite, la verrière de l'Assomption et de la Mort de la Vierge, avec plusieurs saints, et, saint Jean présentant le donateur, portait, avant la restauration, deux dates inscrites en lignes verticales : 1570, 1602.

Cette dernière date se retrouve sur la vitre orientale de la chapelle du Crévy, où se reconnaissent des scènes, de la Passion et des saints, comme sainte Madeleine, saint Christophe. D'après les écussons, les donateurs, accompagnés par saint Jean et sainte Hélène, seraient Jean Rogier, seigneur du Crévy, sénéchal de Ploërmel en 1560, et Hélène Josse, sa fémme.

L'autre verrière de cette chapelle, oè se trouve figurée la Cène, date au plus tôt de l'extrême fin du XVIème siècle, le mariage des donateurs, François Rogier et Henriette de Kerveno, n'ayant eu lieu qu'en 1588.

A part l'Arbre de Jessé, très restauré, qui se trouve au-dessus de la porte sud, toutes les autres verrières sont modernes.

L'église abrite, en outre, un monument plus ancien que ses murs : ce sont les statues funéraires en marbre blanc, dont on a rappelé les vicissitudes, des ducs de Bretagne Jean II et Jean III, morts, l'un en 1305, l'autre en 1341. Jadis, chacune d'elles surmontait une tombe garnie, paraît-il, de pleurants, sous des arcades gothiques ; aujourd'hui, elles sont, étendues côte à côte sur le même socle moderne.

Jean II, tête nue, repose, les yeux ouverts, les mains jointes. Sa chemise de mailles, aux gantelets rabattus, est, recouverte d'une cotte flottante arrivant jusqu'aux genoux. Les grèves de plates s'arrêtent, aux pieds ; l'écu porte l'échiqueté de Dreux au quartier d'hermines.

Jean III, les cheveux longs, ceints du bandeau ducal, porte encore les mêmes mailles, mais la cotte qui les recouvre s'est notablement raccourcie, selon la mode en usage avant le milieu du XIVème siècle, de plus, elle est semée d'hermines ; aux grèves se sont ajoutées les genouillères de plates. L'écu porte les armes pleines de Bretagne ; Dreux a disparu, ainsi que le signale le Chronicon Briocense.

Le rapprochement des deux statues fait ressortir les modifications qu'une trentaine d'années a pu apporter aux costumes. Quant aux dates précises, aux noms d'artistes, rien ne nous en est parvenu.

 

Remparts. Ville close. — Si l'envahissement de l'enceinte par des maisons ajoute beaucoup au pittoresque, l'étude en devient par là pour ainsi dire impossible. Les nombreux faits de guerre qui sont advenus depuis le XIIème siècle, époque de la construction, n'ont pas dû manquer d'apporter des transformations aux remparts ; ces derniers leur ont survécu néanmoins, ainsi qu'à l'arrêt, demeuré sans doute inexécuté, de 1488, car les parties n'en tombèrent successivement qu'au XVIIIème siècle, en vertu de délibérations que nous conservent les archives. C'est à l'angle opposé de l'église qu’on en voit les restes les plus évidents, ornés de mâchicoulis. Élevés en pierres plates sur 2m 50 à 3 mètres d'épaisseur, profondément remanié, leur ligne monte à flanc de coteau, couverte de terrasses et de maisons.

Une tour subsiste encore, à l'angle nord-est ; non loin, une porte s'ouvre sur la rue des Herses, où les rainures sont très visibles à l'entrée ; de là, ils se dirigeaient vers le chevet de l'église, où se dressaient, vers la fin du XIXème siècle, les restes d'une tour ronde.

C'était dans cet espace assez restreint qu'était resserrée la ville close. Les maisons du XVIème siècle à poteaux sculptés, comme la maison « Caro » (1586), s'y mêlent à des hôtels du XVIIème et du XVIIIème siècle, aux porches et aux façades classiques. Mais les souvenirs historiques qu'on a voulu rattacher à un certain nombre ne paraissent pas toujours suffisamment fondés ; il en est ainsi, par exemple, de l'hôtel « Bigarré », où serait descendu le roi Jacques II d'Angleterre en 1690. L'intérêt réside beaucoup plus dans l'ensemble que dans le détail de ces contructions.

Lorsque le couvent des Carmes se releva, au XVIIème siècle, de ses ruines, on replaça les tombeaux de ses bienfaiteurs. Deux subsistent aujourd'hui dans le cloître de l’ancien monastère, devenu petit séminaire en 1870.

L'un est la tombe en granit de kersanton de Philippe de Montauban, mort à Vannes en 1514. A côté de l'effigie en armes du fidèle chancelier de la duchesse Anne repose celle de sa femme, Anne du Chastelier. Des pleurants entourent le soubassement.

De l'autre, il n'existe plus qu'une statue de marbre blanc figurant une femme encore jeune, la tête entourée d'un cercle à fleurons petits et bas, les cheveux nattés, la guimpe revenant sur le menton. Le manteau, retenu par une attache, recouvre une robe sans taille aux plis tombants. Ce beau spécimen de l'art de la premier moitié du XIVème siècle représenterait une darne de la maison de Derval, peut-être Aliénor de Chateaubriand.

(Par M. R. MICHEL-DANSAC).

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